Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. « J’aime qu’on me contredise ! » pourrait être sa devise.
C’est un dimanche de fin mai sous une lumière grise, dans les allées des Buttes-Chaumont (19e arrondissement). Un homme, au crépuscule de sa vie, habillé avec soin, portant la kippa, me salue et engage la discussion. À la fin de notre échange, nos deux mains se serrent. C’est un lien d’humanité, d’émotion partagée, dans une époque qui peut de nouveau faire la bascule et mener au pire.
Le vieux monsieur aux yeux si clairs voulait me remercier pour mes propos « équilibrés et raisonnables » sur le conflit israélo-palestinien. Il a aussi exprimé son désaccord « total » avec la stratégie militaire du gouvernement Nétanyahou. J’ai écouté et peu parlé. Puis, je nous ai simplement souhaité « le meilleur ». En empoignant mes deux mains, il a répondu : « J’ai espoir… j’ai espoir. »
Alors que le carnage et la dévastation se poursuivent à Gaza, et que les objectifs de guerre du gouvernement israélien ne sont plus la libération des otages, mais l’occupation de l’enclave et de la Cisjordanie, est-il possible de critiquer Israël sans être accusé d’antisémitisme ? De dire que jamais, par le passé, l’extrême droite israélienne, avec Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir aux affaires, n’avait eu une telle influence ? Et qu’avec eux et Benjamin Nétanyahou, le gouvernement israélien est devenu le principal adversaire d’Israël ?
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Est-il possible de faire la distinction entre les criminels du Hamas, responsables du pogrom du 7-Octobre, et la population civile de Gaza qui vit un véritable enfer depuis plus de vingt mois ? Pour certains, il n’y a pas de civils palestiniens innocents. Tous, y compris les enfants, seraient une seule et même menace, celle d’une Palestine de « la rivière à la mer ». Les terroristes du Hamas n’ont-ils pas beaucoup à gagner face à une telle rhétorique ? C’est ce que je reproche le plus à Nétanyahou : d’avoir fait le choix des islamistes du Hamas et non celui de l’Autorité palestinienne, de n’avoir jamais privilégié une solution à deux États, de poursuivre cette guerre pour se maintenir au pouvoir, d’isoler dramatiquement son pays sur la scène internationale, d’être le Premier ministre israélien d’une monstrueuse défaite politique et morale.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, il faut aussi dire la faillite et le déshonneur des Insoumis et de celles et ceux qui, à gauche, pour des raisons électoralistes, n’acteraient pas une rupture définitive avec LFI. La nazification d’Israël est une saloperie sans nom. Faire de tous les juifs les responsables de la politique du gouvernement Nétanyahou en est une autre. L’antisémitisme n’est en rien « résiduel ». Il est le poison de l’époque qui vient s’il continue à s’installer ici et ailleurs. Si la gauche se cherche quelques combats à mener, celui-ci est à prendre à bras-le-corps, car il dit le monde que nous voulons et celui dont nous ne voulons pas. Il dit ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas.
C’est déjà pas mal par les temps que nous traversons…