La SNCF voulait faire payer au petit village de Couville (Manche) les travaux de sécurisation de sa propre voie ferrée, mais la justice a fini par freiner net ses ambitions…
Un personnel dont les grèves sont calquées sur le calendrier des fêtes et vacances, des tarifs extravagants… la SNCF ose tout, c’est même à ça qu’on la reconnaît. Sans gardes-barrières, elle s’accorde le permis de mal se conduire. Voici son dernier écart…
Dans la Manche, à dix bornes de Cherbourg, se trouve un petit village, Couville, qui n’a jamais rien demandé ni jamais rien eu. Mais pour son malheur, au bout d’un champ qui limite la commune, les vaches regardent passer les trains… sur une voie en remblai couvrant une canalisation où s’écoule le Trotte-Bœuf, un ruisseau qui au fil du temps et de l’eau menace l’édifice. Sécurité oblige, la SNCF (via sa filiale SNCF Réseau) a réalisé des travaux, mais elle compte alors faire payer l’addition aux villageois !
La douloureuse s’élève à 1,1 million d’euros : pour Couville, 1 250 habitants, dont le budget annuel est de 820 000 euros, céder à une telle injonction reviendrait à s’endetter sur vingt-cinq ans, mettant notamment en péril la rénovation de l’école ! Son maire, Sédrick Gourdin, un ancien gendarme, estime que la SNCF déraille complètement à propos de cette canalisation : « Elle ne sert pas à la commune, elle ne sert pas aux agriculteurs, elle ne sert pas aux habitants. Elle ne sert qu’à la SNCF pour faire passer ses trains et pourtant on nous demande de payer. » Le plus fort, c’est que Couville n’est pas desservi par le réseau, la SNCF n’y ayant jamais fait gare. Du coup, Gourdin a tiré la sonnette d’alarme et saisi la justice.
En novembre 2023, la justice lui avait donné raison et renvoyé la SNCF au terminus des prétentieux. Mais les gros bonnets de la SNCF ont la tête dure, et ajoutant au forfait grotesque un supplément bêtise, ils ont fait appel. Las ! Le 17 janvier, la cour de Nantes a définitivement débouté la SNCF.
Cette initiative malheureuse de la SNCF, pour récupérer un petit million, confirme qu’elle est toujours sur une mauvaise voie : sa filiale SNCF Réseau affiche une dette de… 19 milliards d’euros, alors que l’État a déjà versé 35 milliards pour renflouer les caisses (25 milliards en 2020 et 10 en 2022) !