Accueil Édition Abonné Bonne perdante, Sandrine Rousseau se met au service de Yannick Jadot (sur Twitter)

Bonne perdante, Sandrine Rousseau se met au service de Yannick Jadot (sur Twitter)

Mon Dieu, protégez Sandrine Rousseau!


Bonne perdante, Sandrine Rousseau se met au service de Yannick Jadot (sur Twitter)
Sandrine Rousseau d'Europe Ecologie Les Verts. Capture d'écran YouTube.

Promue présidente du conseil politique de Yannick Jadot, l’écoféministe continue le combat sur les réseaux sociaux. Elle y prodigue mille-et-un conseils woke dont le candidat EELV pourra tirer profit pour convaincre une majorité de citoyens.


Nous avions été un peu déçus ; nous espérions tant. Yannick pas-un-mot-plus-haut-que-l’autre Jadot avait été élu à la primaire EELV et nous pensions, un peu tristes, que Sandrine Rousseau allait se faire toute petite dans un coin. Nous en étions fort marris ; l’automne s’annonçait maussade. Mais, ô miracle ! l’espoir renaît : non seulement Dame Rousseau a été bombardée Présidente du Conseil politique de la campagne de Yannick Jadot, mais, de plus, il semblerait bien qu’elle ait décidé de passer à la vitesse supérieure. Objectif : transcender les limites de la raison et de l’intelligence pour élargir sans cesse les contours du Royaume d’Absurdie. Résultat atteint en quelques jours, en quelques interventions télévisées, en quelques tweets. Prions pour que cela dure.

Fatiha Agag-Boudjahlat et Maïa Mazaurette: pas assez woke, mon fils!

4 novembre. Sur la chaîne parlementaire, face à Fatiha Agag-Boudjahlat – qui considère que la campagne de promotion du hijab du conseil de l’Europe reprend « les éléments de langage des islamistes » et normalise « une pratique patriarcale, rétrograde et sexiste » – Sandrine Rousseau a relativisé le port du voile islamique en évoquant le contrôle du corps des femmes par « les trois grandes religions ». Le voile, a-t-elle dit, est « pour certaines juste un embellissement, en fait ». « L’idée de cette campagne, c’est de dire qu’on peut porter ce qu’on veut en Europe. Moi je considère que c’est un beau message », a-t-elle ajouté. Sandrine Rousseau ayant récemment déclaré qu’elle ne faisait pas « confiance à des hommes et à des femmes qui n’ont pas fait le chemin de la déconstruction », la facétieuse Fatiha Agag-Boudjahlat lui a demandé de déconstruire ses privilèges de bourgeoise blanche. Dame Rousseau, abasourdie de voir ses propres arguments lui revenir dans la figure, a réfléchi toute la nuit à sa contre-attaque. Elle a envoyé le lendemain un premier tweet, féroce : « Je suis en effet bourgeoise et blanche. » 

A relire, Fatiha Agag-Boudjahlat: “Mon frère salafiste et mon frère témoin de Jéhovah considèrent l’homosexualité comme une abomination”

Gonflée à bloc, elle a envoyé un second tweet dans la foulée, implacable : « Et cela me permet d’avoir des privilèges. » Le surlendemain, elle a tweeté à nouveau : « « Depuis deux jours être en TT pour avoir défendu le droit des femmes à s’habiller comme elles le souhaitent. » Être en TT ? Je l’avoue, j’ai craint le pire : Tension Temporaire ? Trouble Tachychardique ? Traitement du Thalamus ? ThermoThérapie ? Tassement Taciturne ? Entre-temps un ami m’a appris que TT signifie, dans le sabir des réseaux dits sociaux, Trending Topics, et désigne les mots, expressions ou hashtags les plus tweetés sur une période donnée. L’hypersensible Sandrine Rousseau semble l’avoir très mal vécu. Assaillie par l’hydre laïcarde et/ou réactionnaire et/ou fasciste, va-t-elle jeter l’éponge ? Non ! la voilà qui se dresse à nouveau devant le monstre, c’est reparti comme en 40 : « Le racisme et le spectre du fascisme sont là et… je ne me tairai pas. » Ouf ! On l’a échappé belle.

La chroniqueuse Maïa Mazaurette Wikimedia Commons

7 novembre. Après avoir lu dans Le Monde une chronique de Maïa Mazaurette (celle-là même qui nous livre ses réflexions sur les fluctuations de la fesse sur France Inter) à propos de la « répression de la libido » des femmes, la vice-présidente de l’université de Lille, sans doute échauffée par le style “lancer de bâton” de Mazaurette, tweete : « Laissez les femmes jouir, l’humanité ne s’en portera que mieux. » On sent que ça va beaucoup, beaucoup mieux.

Twitter au service de la déconstruction

8 novembre. Sandrine Rousseau retweete un tweet de Raphael Grably (journaliste et chef de service de BFM Tech) critiquant l’article ironique de Stéphane Germain sur le site de Causeur (Pour une société vraiment inclusiv.e). Cet article très drôle propose clés en main un programme outrancièrement wokiste, presque idéalement rousseauiste, assez goguenard pour ne pas être pris au sérieux tout en laissant supposer que certaines suggestions pourraient être prises au pied de la lettre par des esprits simples. Grably dénonce le fait que des lecteurs ont balancé des passages de cet article sur la toile sans préciser ou comprendre qu’ils devaient être lus avec les lunettes du second degré. Sandrine Rousseau suffoque, cherche ses mots, reprend une tasse de café puis, nerveusement, tweete : « Merci pour le décryptage de cette fake news. Quant à Causeur… que dire à part que ça mériterait de se terminer au tribunal ? » « Oh ! oui, le tribunal, le tribunal ! », crient en chœur les magistrats, les juges et les avocats qui n’ont que trop peu d’occasions de se fendre la poire.

Le site Twog (qui, si j’ai bien compris, répertorie les “meilleurs” tweets) questionne sur le réseau social : « On vous cryogénise pendant 100 ans. À votre réveil, quelle est la première chose que vous demandez ? » Sandrine Rousseau répond immédiatement : « Combien d’hommes déconstruits ? » 

A lire aussi, Stéphane Germain: Pour une société vraiment inclusiv.e

9 novembre. Journée commémorative de la mort du Général De Gaulle. Sandrine Rousseau ne se rend pas à Colombey-les-Deux-Églises. Elle n’a pas besoin de cela. La nuit précédente, elle a, dit-on, entendu dans son sommeil une voix grave, profonde, venue du fond de la France d’avant, sombre comme l’apocalypse climatique mais pleine d’espoir aussi. La Voix lui aurait dit : « Je vous ai comprise. » Au petit matin, rayonnante, encouragée par cette révélation spectrale, elle s’est signée puis a tweeté : « Je pense que le Général De Gaulle était écoféministe (J’en suis presque sûre même…). » 

Mon Dieu, en ces tristes moments électoraux pleins de vaines colères et de ternes débats, protégez Sandrine Rousseau ! Faites que son compte Twitter ne soit jamais fermé, que les journalistes l’invitent régulièrement, que pas un jour ne passe sans un message, un selfie, un article, un mot d’elle. Mon Dieu, ne nous laissez pas tomber ! Les temps sont éprouvants. L’hiver approche et sera prolongé d’une campagne électorale qui promet d’être glaciale. Mon Dieu, laissez-nous un dernier bout de chandelle dans la nuit qui vient ! Mon Dieu, protégez Sandrine Rousseau !




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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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