Accueil Politique Ils sont morts: une politique et moins de tweets et d’hommages…

Ils sont morts: une politique et moins de tweets et d’hommages…

Un conducteur sous l'emprise d'alcool et de stupéfiants avait percuté un véhicule de la police nationale, tuant trois policiers à Villeneuve-d'Ascq dimanche


Ils sont morts: une politique et moins de tweets et d’hommages…
Emmanuel Macron assiste à l'hommage de trois policiers décédés dans un accident de voiture, à l'École nationale de police de Roubaix, dans le nord de la France, le jeudi 25 mai 2023. © Yoan Valat/SIPA

Il y a bien un domaine où la France n’est pas en retard. Pour les tweets et les hommages, elle domine! Ce ne serait pas grave si l’expression de cette impuissance noble ne prenait pas assez généralement la place de politiques défaillantes.


Un tragique exemple en a été fourni récemment avec la mort de ces trois jeunes gardiens de la paix conduisant à l’hôpital une jeune fille de 16 ans et dont le véhicule a été heurté par une voiture circulant à contresens avec un chauffeur sous l’emprise de la drogue et de l’alcool. Celui-ci est décédé tandis que son passager est grièvement blessé. Le ministre de l’Intérieur a tweeté, le président aussi, qui a décidé un hommage national. Et on nous donne l’impression ainsi d’une action ! On se moque du citoyen. Il n’est plus possible d’accepter sans réagir la multitude des accidents mortels qui sont commis par des conducteurs ayant perdu leur vigilance à cause de l’alcool et/ou de la drogue. Sur 3000 par an environ, 700 sont concernés. Pour ne pas évoquer les blessures involontaires qui se rajoutent à ce déplorable bilan…


Paradoxalement, il y a une manière de fuir la fermeté à partir de la législation pourtant existante, et à mon sens suffisante. On propose des pistes apparemment de bon sens mais en réalité contraires à la réalité des comportements routiers transgressifs. Aussi odieux et dévastateurs qu’ils soient, on ne peut les considérer comme on le ferait d’un homicide volontaire qui implique la volonté de tuer le conducteur du véhicule.

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Cette propension à s’égarer par une répression ciblée, face à des tragédies qu’on ne parvient pas à dominer, est révélatrice d’une dérive française qui préfère s’évader dans le futur avec des dispositions absurdes plutôt que tout faire pour affronter les défis du présent. Je pourrais également faire référence aux modalités qu’on envisage pour s’attaquer aux violences conjugales: elles illustrent parfaitement la tendance que je viens de décrire et qui non seulement ne va pas rendre plus efficace la lutte contre ces horreurs du quotidien mais au contraire, en donnant bonne conscience avec un avenir programmé meilleur, la dissuadera ici et maintenant d’être plus ferme, sans relâche.

Déjà une évidence: le délit de mise en danger de la vie d’autrui doit être systématiquement visé dès lors que l’alcool et la drogue sont les adjuvants des homicides ou des blessures involontaires.

Ensuite, il ne peut y avoir de politique cohérente contre ce fléau de la conduite irresponsable si on ne multiplie pas les contrôles avec les interdictions et les confiscations qu’impose l’urgence. On ne peut pas espérer gagner ce combat si on n’oppose pas une radicalité répressive aux conduites durablement délictuelles de certains habitués poussant même la provocation jusqu’à continuer à conduire malgré les suspensions du permis de conduire.

Enfin il convient, si on veut véritablement changer la donne, de ne plus raisonner avec le seul principe de l’individualisation des peines, qui aboutira forcément, compte tenu de la multitude des transgressions, à des peines tellement adaptées à chacun qu’elles auront perdu tout impact. L’individualisation des peines, dans ce domaine comme dans d’autres, fait disparaître une sévérité de plus en plus nécessaire derrière une approche subjective qui dilue tout dans un singulier émollient.

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Dire qu’il faut moins d’hommages et de tweets et plus d’action est parfois critiqué parce que trop facile, on ne proposerait rien qui soit plus efficient que ce qu’accomplit le pouvoir… D’une part je répète que tout est en place, en ordre pour pallier un désordre et un laxisme coupables. D’autre part, on n’a pas à demander aux citoyens ce qu’ils feraient à la place des ministres. Je suis sûr qu’il y a des citoyens passionnés de politique, des personnalités ne se contentant pas d’effectuer des constats et de théoriser mais toute d’action et de pragmatisme, qui sauraient quoi accomplir si elles avaient la latitude nécessaire pour bousculer les paresses, les conformismes ou stimuler les découragements. Règle numéro un: abandon des tweets et des hommages à répétition !



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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