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Darmanin: quel aveu d’échec!

Selon le ministre de l’Intérieur, les émeutiers ont une origine France garantie… Il jette même les noms des coupables en pâture devant les sénateurs: Matteo et Kevin!


Notre ministre de l’Intérieur voit loin. Son regard se tourne manifestement à présent vers les élections présidentielles de 2027. Il est vrai qu’il vient d’engranger une assez jolie moisson de satisfécits venus de la droite pour sa gestion du maintien de l’ordre durant les quelques jours de festivités ébouriffantes auxquels nous venons d’assister. Mais, fine mouche, ce politicien né se sera dit qu’il ne serait pas mal venu d’aller aussi à la pêche aux compliments de l’autre bord, la gauche. Cela bien évidemment dans la perspective de la conquête politique majeure. Son but à peine caché. Un coup à droite, un coup à gauche, balle au centre. Air connu. Depuis des décennies les postulants à la magistrature suprême nous jouent régulièrement cette partition. La fois prochaine, la stratégie du louvoiement se révèlera-t-elle payante ? Les citoyens-électeurs marcheront-ils encore en 2027 dans la combine du « en même temps » ? À l’évidence, l’ambitieux Gérald Darmanin, lui, en est convaincu. D’où le déroutant changement de pied auquel nous avons assisté lors de son audition devant la commission parlementaire du Sénat portant sur les émeutes récentes et leur gestion. L’auditionné, très à l’aise, s’est livré de bonne grâce à l’exercice, prenant  un plaisir visible à occuper le rang médiatico-politique qui lui est réservé depuis une huitaine, le tout premier. Le premier devant madame la Première ministre, devant aussi – c’est à peine croyable ! – le président de la République soi-même. On ne veut voir et entendre que lui, l’homme de l’Intérieur, le deus ex machina du maintien de l’ordre, le chef aux quarante-cinq mille hommes déployés sur un simple ordre tombé de sa bouche. Ivresse du pouvoir à la clef. De quoi se sentir grandi, c’est sûr.

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Maudits Français de souche !

Je vous le disais, à droite, on a apprécié et certains ne s’en cachent pas. Mais à gauche, ne risque-t-on pas de regarder tant d’autorité et surtout tant de louanges venues du camp de la réaction comme une compromission – forcément rédhibitoire – avec les forces les plus obscures de la République ? Donc, disais-je, le rusé ministre a mis à profit sa prestation devant la Haute Assemblée pour corriger le tir et caresser le camp du bien dans le sens du poil. Ainsi, pour plaire à la droite, la mobilisation sécuritaire. Pour amadouer la gauche, la contorsion idéologique. Les émeutes des deniers jours auraient-elles quelque chose à voir avec l’immigration ? Serait-on fondé à y déceler ne serait-ce qu’un soupçon de ressentiment identitaire ? Que nenni, certifie l’intéressé avec cette tranquille assurance dans le mensonge qui demeure, qu’on le veuille ou non, l’apanage et la marque des politiciens de race. L’argumentation suit la dénégation. En grande majorité, les fouteurs de merde, les pilleurs de boutiques, les incendiaires d’écoles, de bibliothèques, de mairies, les caillasseurs de flics, les agresseurs d’élus, n’auraient guère à voir avec l’immigration et ses conséquence, guère à voir non plus avec de quelconques revendications identitaires. Voilà la vérité lénifiante assénée par le déposant. Et voici à présent la preuve qu’il livre en appui : les Matteo et les Kevin, autrement dit des Français de France, seraient en nombre, voire largement majoritaires, parmi les émeutiers. Fort bien.

Et si c’était vrai ?

Faisons alors un effort – effort considérable, j’en suis conscient – et admettons que le ministre ait raison, supposons que son propos soit conforme à la réalité, que pour l’essentiel ce soit des gamins garantis d’origine France, des Matteo et Kevin donc, qui aient mené la danse ces interminables nuits de chaos. Alors, problème ! Gros problème. Car si tel est le cas, il faut bien convenir que Monsieur le ministre n’a fait, devant mesdames et messieurs des sénateurs, que se fendre d’un extraordinaire aveu d’échec. Échec politique de première grandeur et de première gravité. Si la jeunesse certifiée française elle-même se met à détester le pays au point d’envisager d’un cœur léger de le saccager, c’est que la situation est encore plus pourrie, plus désespérée, et le mal plus profond qu’on ne pouvait l’imaginer.

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Si la France voit effectivement ses propres enfants se retourner contre elle, la haïr, la mépriser, la rejeter,  alors l’avenir est sombre, très sombre. Pire, il n’y a plus d’avenir…

Aussi, parce que nous sommes, nous, lucides et raisonnables, nous préférerons considérer que le diagnostic de M. Darmanin n’est en fait qu’un artifice de tactique électoraliste, une manœuvre de basse politique. Rien de plus. Pour une fois, nous aurions donc tout lieu de nous réjouir qu’on nous balade. Quant à ce fin politicien, il ne lui resterait plus dès lors qu’à méditer la pique que le cardinal de Retz destinait à Mazarin : « Il sied encore plus mal à un ministre de dire des sottises que d’en faire. »

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Elisabeth Lévy : une déclaration aussi surprenante qu’exaspérante !

Qui sont les vrais rebelles?

Partant d’un constat de Régis Debray, notre chroniqueur nous livre une vision de la rébellion et de ses biais ostentatoires…


On me pardonnera de quitter, le temps d’un billet, les émeutes, la mort de Nahel, la police… J’ai d’autant moins de scrupule à le faire que le dernier livre de Régis Debray, Où de vivants piliers, à la fois un exercice d’admiration et de suprême intelligence, m’a inspiré cette analyse.


Évoquant Julien Gracq, ce grand écrivain ayant été professeur d’Histoire et de géographie et demeurant à Saint-Florent-le-Vieil, Régis Debray analyse sa profonde discrétion de la manière suivante : «…Une rébellion, moins elle est à l’affiche, mieux elle tient la route… Les vrais dissidents n’ont pas l’injure à la bouche… Quand l’époque est à l’hirsute, le rebelle est boutonné… Ce n’est d’ailleurs pas une mauvaise opération : troquer une intime extravagance contre un anonymat social… ». Cette analyse distinguant l’apparence et les tréfonds est fine et pertinente. J’ai été d’autant plus touché par ces fortes observations qu’elles rejoignent une conviction qui ne m’a jamais quitté. J’ai toujours perçu à quel point les singularités visibles, outrancières, ostentatoires n’étaient pas forcément le signe d’une authentique rébellion, mais représentaient au contraire une manière facile et confortable de laisser croire à son existence. Mon expérience – qu’elle résulte de l’introspection ou de l’observation des autres – m’a enseigné que les troubles, les désordres, la dissidence, la révolte, les pensées non conformes, la volonté de fuir les sentiers battus n’avaient pas besoin d’un affichage extravagant mais étaient d’autant plus intensément ancrés dans les êtres qu’ils étaient inscrits dans l’intimité. Ils étaient généralement invisibles si on ne se fiait qu’à la surface des personnalités et des comportements.

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C’est sans doute à cause de cette certitude que l’exhibitionnisme humain, social et intellectuel m’a souvent mis si mal à l’aise. Comme s’il était la preuve, précisément, d’un manque profond, comme si le dévoilement complaisant et narcissique de soi et de ses prétendues différences par rapport à la normalité, constituait la plus éclatante démonstration de la pauvreté de cette singularité. Ce qui est caché et n’éprouve pas l’envie d’avoir à faire constamment ses preuves, portes et fenêtres ouvertes, est le gage d’une irrigation authentique de la personnalité par la tentation de la rébellion, la fascination de l’opposition et la puissance de la surprise. Ce qui se montre à chaque instant en incitant quasiment autrui à être le voyeur de sa propre existence laisse passer à mon sens un message artificiel, comme une forme de simulacre. On affiche et on s’affiche pour dissimuler au fond qu’on n’a rien d’essentiel à préserver et à protéger, à mettre à l’abri. De la même manière que le profil des émeutiers souvent très jeunes les situe aux antipodes d’une rébellion consciente parce que « leurs actes ne sont ni réfléchis ni contextualisés » [1], ainsi, dans l’univers politique, notamment au sein du groupe parlementaire LFI, il y a des postures qui sont tellement caricaturales, offertes pour la façade, qu’elles peuvent légitimement faire douter de la sincérité de l’esprit collectif qui paraît les susciter. Quel parcours à partir de Julien Gracq, en passant modestement par moi, pour aller jusqu’à LFI ! L’apparence débraillée, pour faire peuple ou révolutionnaire, l’extériorisation vulgaire de conflits et de transgressions chroniques et la forme qui insulte sont des oripeaux qui ne démontrent rien d’autre qu’une rébellion à la recherche désespérée d’elle-même.


[1] https://www.la-croix.com/France/Violences-urbaines-tete-emeutiers-2023-07-04-1201274152

Auto-annulation

La romancière américaine à succès Elizabeth Gilbert renonce à publier son nouveau livre, à cause de la guerre en Ukraine. Voici pourquoi.


Les écrivains sont souvent victimes de la cancel culture, leur éditeur cédant à la pression des lecteurs ou de ses propres salariés pour annuler un contrat d’édition.
En 2020, Hachette a subi une telle pression pour ne pas publier l’autobiographie de Woody Allen, Soit dit en passant, et le conte pour enfants de J. K. Rowling, L’Ickabog. Dans le cas d’Allen, la maison a capitulé, mais dans celui de Rowling, elle a tenu bon.
Quand l’auteur lui-même prend l’initiative, c’est plus insolite. L’Américaine Elizabeth Gilbert vient d’annuler un roman qui devait sortir en février 2024. Elle est l’auteur de best-sellers internationaux, dont cinq romans, mais surtout de Mange, prie, aime (2006), un récit autobiographique qui raconte sa quête de paix intérieure après son divorce, lors d’un voyage à travers l’Italie, l’Inde et Bali. Ce titre a eu un beau succès auprès des femmes divorcées.

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Son prochain livre avait pour titre The Snow Forest (« La Forêt enneigée »). Il raconte l’histoire d’une famille d’intégristes religieux qui, dans les années 1930, se retire au fin fond de la Sibérie pour fuir à la fois le communisme soviétique et la vie moderne. Le récit aurait véhiculé un message sur l’écologie et la spiritualité apte à plaire au lectorat habituel de Gilbert. Mais, dans une vidéo postée le 11 juin, elle déclare : « Ce n’est pas le moment de publier ce livre. » Ce week-end-là, le titre avait subi un certain nombre d’attaques sur le site Goodread. Ses critiques, qui n’avaient pas lu l’ouvrage encore inédit, ont accusé Gilbert de promouvoir une vision romantique de la Russie tout à fait inacceptable en temps de guerre en Ukraine ! On se souvient de l’inanité de ceux qui voulaient annuler Dostoïevski ou Tchaïkovski. Pourquoi Gilbert s’est-elle inclinée, elle qui a publié Comme par magie, un livre de développement personnel pour créateurs où elle prêche l’individualisme ? Sûrement parce que, comme ses lectrices, elle ne veut pas avoir l’air d’une « Karen », ces femmes blanches d’un certain âge qui manquent d’empathie pour les minorités et les victimes…

Le sabre et le goupillon, version gauchiste

Jean-Luc Mélenchon n’a pas appelé au calme pendant les émeutes. Au micro de LCI, il délire et s’enfonce: « Les riches, les puissants, se sont ensauvagés ». Mais personne n’est dupe, et tous les citoyens ont bien fait le lien entre émeutes et immigration mal assimilée. Un billet d’Aurélien Marq.


Prenant prétexte de la mort d’un adolescent, les enclaves barbares organisent des razzias et envoient des adolescents en première ligne, sachant pouvoir compter sur la justice des mineurs pour s’en tirer à bon compte. Et une bonne partie de la gauche, enivrée de ses rêves de Grand Soir, ne prend même plus la peine de dissimuler sa jubilation, encourage l’explosion, et multiplie les invocations des théories sociologiques les plus alambiquées pour ne surtout pas voir l’évidence simple : nous assistons au pillage méthodique de la France par des bandes étrangères – qui se revendiquent étrangères à la France, que des pays étrangers revendiquent comme leurs (le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien est significatif), et dont les mœurs et les univers symboliques sont radicalement étrangers à la France et même à l’Europe. Seule référence, chez certains, à une nationalité réduite à sa dimension administrative : réclamer toujours plus d’aides sociales, de subventions clientélistes, de milliards pour la politique de la ville. En somme, profiter de cette démonstration de force pour exiger que la France verse aux barbares un tribut de plus en plus lourd dans l’espoir qu’ils attendent encore un peu avant d’achever de la mettre à sac.

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Mais l’extrême-gauche les invite à s’enfoncer toujours plus profondément dans le territoire français lors de leurs razzias, de manière à profiter des pillages pour terroriser et paralyser le bourgeois, et brûler tous les symboles de la France, perçue et présentée sur son propre sol comme une puissance coloniale. Si les barbares sont le sabre – et les Antifas y voient des renforts tombés du ciel – les ténors de LFI, d’EELV et consorts espèrent devenir le goupillon, clergé fanatique canalisant les appétits des pillards et s’appuyant sur leur violence pour parvenir au pouvoir. Entreprise vouée à l’échec. Les barbares qui embrasent la France ces derniers jours n’ont pas besoin des gauchistes pour structurer leur contre-société et justifier leurs razzias : ils disposent déjà d’un livre saint dont une sourate s’intitule « le butin » : tout un programme…

Fachos vs antifas à Angers: «Les médias de gauche sont tombés sur la seule occasion possible pour dire que la violence venait en fait des militants d’extrême droite !»

Le vendredi 30 juin, des militants de droite s’en seraient pris à des participants d’une manifestation contre les violences policières. La mairie a décidé depuis de sévir et de fermer administrativement le local où avaient lieu les rixes. Stanislas Rigault, natif de la ville et président de Génération Z, dénonce une manipulation. Entretien.


Causeur. Que s’est-il exactement passé, vendredi 30 juin, à Angers ? Et le lendemain ?

Stanislas Rigault. Sur les images qui circulent, on peut voir que ce n’est que de la défense de la part des militants du RED (Rassemblement des Étudiants de Droite) ! Mais, il y a une manipulation de l’extrême gauche pour faire passer un message tout autre auprès des médias… Et faire croire que ce sont des militants d’ « extrême droite » les fauteurs de troubles dans la préfecture de Maine-et-Loire. L’extrême gauche, en réalité, a attisé la haine dans les cités angevines, et s’est chargée de commenter via les réseaux sociaux, et par la suite via les médias, les « violences de l’extrême droite », alors que les militants étaient en réalité en position de défense.

Pourquoi un tel parti-pris médiatique pour les jeunes des banlieues ?

Pour aller taper ceux qu’ils appellent les « fachos », les militants antifas ont besoin qu’on leur prête main-forte. Aussi, ils ont fait circuler de faux-visuels expliquant que des militants de l’Alvarium (groupe de militants identitaires angevins dissous par Gérald Darmanin, NDLR) voulaient faire des ratonnades dans les quartiers. Évidemment que les jeunes des quartiers se sont chauffés ! Du point de vue des médias de gauche, je pense qu’ils sont tombés sur la seule occasion possible pour dire que la violence venait en fait des militants d’extrême droite, néo-nazis, pétainistes, mussoliniens… Choisissez le nom que vous voulez ! Et ces médias n’ont pas hésité à tomber dans le piège. D’ailleurs, le traitement médiatique fut assez affolant. On lit le plus souvent que ce sont des « militants d’extrême droite » face à des « individus ». Bref, on nie le caractère politique des seconds, qui ne feraient que se défendre face à des prétendus fascistes… 

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Qui a participé à cette désinformation ?

Les acteurs de cette désinformation sur les affrontements à Angers sont nombreux. AJ+ (Al-Jazeera), Ouest France ou des députés LFI, comme Thomas Portes, y sont allés de leur commentaire.


Reste que la rixe a eu lieu devant l’ancien QG de l’Alvarium, dissous en 2021. Qui sont ces « Étudiants de Droite », et que faisaient-ils dans ces anciens locaux ? On a du mal à les imaginer uniquement sur la défensive…

Ce qui est sûr et certain, c’est que la toute première attaque a eu lieu lorsque les émeutes traversaient le centre d’Angers. Il se trouve que les voyous sont passés à côté de la rue du Cornet, où se situe l’ancien local du groupe de l’Alvarium. Même s’ils étaient très courageux ou très énervés, je ne vois pas quel serait l’intérêt des militants du RED à aller à une douzaine affronter une centaine de jeunes… Quel aurait été le réel intérêt ? Finalement, on sait que ce n’est pas le cas, il n’y a eu aucune offensive. Car sinon, on en aurait fait une affaire d’Etat.

Comment analysez-vous les émeutes ayant suivi la mort de Nahel ?

C’est simple. Les émeutiers sont des anti-France et on assiste à un déferlement de haine. Ceux qui pensent encore que cette insurrection éclate en soutien à Nahel sont fort naïfs. Nous avons assisté à une claire démonstration d’une haine viscérale envers notre pays et ses institutions. Sur les 4000 personnes interpellées, Gérald Darmanin a annoncé 400 étrangers seulement, certes. Mais, quid du nombre d’enfants d’immigrés, dans le lot ? Et quid du nombre de drapeaux algériens observés par rapport au nombre de drapeaux français ? Les images des émeutes que les Français découvrent avec effroi depuis une semaine valent tous les discours des meilleurs militants de “Reconquête” !

Observant cette crise, Mélenchon évoque de son côté, sur LCI, l’ensauvagement des riches et des puissants…

Mélenchon se perd dans ses calculs électoralistes. Il a totalement perdu les pédales sur un tas de sujets depuis un moment d’ailleurs. Ce commentaire est selon moi le signe d’un cynisme politique absolu ; il tente toujours de conforter son électorat, il veut maintenir le cap et montrer à l’électorat musulman d’origine étrangère et maghrébine, que son parti sera toujours derrière eux. Les autres partis politiques, y compris au sein de la Nupes, et l’ensemble des Français, ont bien compris que ce qui se passe était extrêmement grave. Cela fait une semaine que d’une manière générale, une certaine gauche est assez dépassée par ces événements… Nous proposons une fermeté totale sur le sujet.

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Quelles sont les solutions d’Eric Zemmour pour lutter contre les émeutes ?  

Nous avons dressé deux plans. Un pour anticiper la faillite économique que tout cela va engendrer. Un second volet est consacré à la question de l’insécurité, qui vise à rétablir la paix dans le pays et notamment à travers une justice extrêmement ferme. Je pense au bouclier migratoire qu’on veut mettre en place. Il est désormais hors de question que les mineurs qui tirent aux mortiers sur nos policiers obtiennent la nationalité ! Nous avons aussi demandé le couvre-feu, et l’état d’urgence dès le départ, et formulé beaucoup de propositions qui auraient changé beaucoup de choses. Il faut redonner les moyens d’action nécessaires aux forces de l’ordre. Ensuite, sur le long terme, il faut proposer des alternatives politiques aux Français. Je vous parlais du bouclier migratoire : il consiste à protéger la nationalité en supprimant le regroupement familial, le droit du sol, mais aussi à limiter le droit d’asile. Il faut supprimer les aides sociales et les soins gratuits pour les étrangers… En fait, supprimer tout ce qui est trop attractif en France pour les étrangers. Enfin, les Français n’ont pas à « casquer » pour les dégâts des émeutiers. Il faut donc évidemment taper dans le portefeuille des familles des délinquants. L’argent des réparations devra venir de leurs poches, et pas de celles des Français. Il faudra sanctionner les délinquants, et leur faire faire des travaux d’intérêt général. 

Macky Sall renonce à se représenter: retour au calme à Dakar

Dans une Afrique de l’Ouest où la démocratie reste l’exception, le Sénégal peut faire la fierté des Africains. En annonçant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, Macky Sall a pris une décision honorable et permet à son pays de retrouver le calme. Début juin, la répression des émeutes ayant suivi l’emprisonnement d’Ousmane Sonko avait fait une vingtaine de morts.


Actuel président du Sénégal, Macky Sall a décidé de ne pas briguer un troisième mandat en février 2024. Une décision qui a surpris les observateurs mais qui confirme le sens des responsabilités des tenants des institutions à Dakar, démocratie stable sur un continent où ce modèle politique n’est pas le plus courant. Les principaux acteurs diplomatiques régionaux et mondiaux semblaient d’ailleurs contents de ce revirement. Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a salué l’allocution et le sens des responsabilités de Macky Sall sur Twitter, jugeant que le discours tenu constituait un « exemple très important pour son pays et pour le reste du monde ». Il a été suivi de près par Moussa Faki, président de la Commission de l’Union africaine, qui a de son côté reconnu une « décision sage et salutaire » avant d’exprimer son « admiration au grand homme d’Etat qu’il est d’avoir privilégié l’intérêt supérieur du Sénégal » et d’avoir préservé « le modèle démocratique sénégalais qui fait la fierté de l’Afrique ». À l’heure où l’ombre de Wagner plane plus encore sur l’Afrique, le vrai-faux coup d’Etat de son fondateur Prigojine laissant craindre à quelques spécialistes un redéploiement de la société militaire privée, et organisation terroriste selon Paris, le Sénégal continue d’offrir un visage rassurant. Les dernières semaines laissaient pourtant craindre le pire avec une multiplication d’émeutes urbaines intenses, lesquelles furent notamment alimentées par l’avocat et activiste Juan Branco. Un homme qui a tenté de reproduire la formule chez nous, accusant la France de pratiquer une politique raciste et colonialiste dans les quartiers d’émeutiers au micro de Channel 4.


Présenté désormais comme un « avocat des droits civiques » à l’américaine, le militant germanoprantin est désormais l’avocat d’Ousmane Sonko, opposant à Macky Sall. Il a à ce titre déposé une plainte à la Cour pénale internationale – notons que les exactions russes en Ukraine semblent moins l’émouvoir. Il suffit de voir ce dont Juan Branco accuse la police française pour émettre quelques réserves quant à la démarche. Est-ce bien la paix civile ou son autopromotion qui suscite son intérêt professionnel ? Reste que cette situation fortement perturbatrice n’est pas neutre pour la France, le Sénégal étant un pays allié au potentiel encore largement inexploité, notamment dans le domaine des hydrocarbures où de nombreux gisements ont été découverts et n’attendent que d’être exploités. Depuis son élection en 2012, Macky Sall a su préserver son pays du danger islamiste et des coups d’Etat alors que les pays frontaliers sombraient. Au Mali, au Burkina ou en Guinée Conakry, des gouvernements ont été renversés sans que la menace djihadiste ne soit endiguée. Des pays autrefois paisibles comme le Bénin ou le Togo assistent aussi à une progression du salafisme politique. Le Sénégal est-il toujours à l’abri ? En 2021, menés par l’opposant Sonko qui venait de voir son immunité parlementaire levée pour une affaire de droit commun, des manifestants avaient pillé et dévalisé 14 magasins Auchan censés représenter les intérêts français… Le fait que Macky Sall renonce à se représenter pourrait suffire à faire revenir la paix civile dans un pays tiraillé par les divisions sociales. Est-ce de nature à pérenniser la démocratie sénégalaise ? Il faut le croire et l’espérer. Pour eux comme pour nous. Car les vautours continuent de planer. Tariq Ramadan s’est ainsi déjà positionné dans un long tweet démontrant que les Frères Musulmans rodent autour du Sénégal : « Macky Sall vient d’annoncer qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat. Les partisans du respect de la Constitution et de la transparence démocratique peuvent se réjouir. Pourtant, rien n’est joué. Les dernières manœuvres politiciennes montrent que l’avenir du Sénégal se joue derrière la scène, et pas uniquement au Sénégal. La vigilance s’impose, car ce qui vient pourrait être pire que ce qui a été évité. Il appartient au peuple sénégalais de ne pas verser dans la naïveté en se souvenant de l’Histoire : combien de fois a-t-on trompé les peuples en leur faisant croire à un avenir radieux, puisqu’on les avait débarrassés d’un mal… pour leur préparer de sombres lendemains ? Les semaines et les mois prochains seront décisifs ». Décisifs, c’est bien le mot.

Nahel: la valse à contretemps d’Emmanuel Macron

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Culture de l’excuse. « Je me constitue partie civile pour que justice soit rendue pour Nahel, et pour dire que je suis vivant », déclare à l’AFP Hicham Hammouti, 42 ans, ancien taulard et père absent de l’adolescent mort à Nanterre. Analysant les récents propos du président Macron, Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, et Thibault Perrin, haut fonctionnaire, observent que les réseaux sociaux, les jeux vidéo ou la démission des parents n’expliquent évidemment pas à eux seuls de telles émeutes.


Nos quartiers brûlent, mais Emmanuel Macron regarde ailleurs : le voilà soudain préoccupé d’éducation parentale. Dans le contexte d’émeutes et d’attaques d’élus comme notre pays n’en avait pas connus depuis des générations, le président de la République a ponctué sa première prise de parole d’un appel à la responsabilité « des parents » avant d’incriminer les jeux vidéo et les réseaux sociaux.

Ce n’est pas le Mouvement Conservateur qui contestera l’immense faillite éducative que démontrent ces événements. Les Conservateurs défendent le droit, mais aussi le devoir, de tous les parents d’éduquer leur enfant de manière à ce qu’ils apportent à la société leur conscience et leur comportement d’adultes responsables, civilisés et respectueux des personnes, des lois et du bien commun.

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Nous avons sous les yeux le spectacle du déferlement de ces hordes barbares qui ne respectent rien : ni les biens, ni le travail d’autrui, ni les représentants de la loi, ni même les plus innocents citoyens – tel le Père Francis Palle, prêtre de 80 ans laissé par ces nouveaux brigands dans un état critique à Saint-Etienne. De toute évidence, c’est bien à une jeunesse déculturée, décivilisée, bien loin du minimum requis de l’éducation française, que nous avons affaire.

Psychologie des foules

Les jeux vidéo ? La passion revendiquée du jeune Nahel pour l’ultraviolent GTA a pu influencer sa conduite le matin du drame. Mais, trois jours après cette course-poursuite, l’heure n’était plus à s’interroger sur les jeux. Car ce n’est plus le drame individuel qui était en cause, mais un mouvement de foules qui a dépassé son fait générateur. La dénonciation des réseaux sociaux a aussi sa part de vérité. Y aurait-il eu de telles émeutes, une telle compétition dans les incendies sans Snapchat et sans TikTok ?

Marseille, 30 juin 2023 © SENER YILMAZ ASLAN/SIPA

Mais ces réseaux à eux-seuls n’expliquent pas les émeutes et les pillages. Le manque d’éducation est une calamité, mais lui non plus n’explique pas tout. A-t-on vu des déchaînements pareils dans les communes rurales, d’où l’Éducation nationale a pourtant fondu comme neige au soleil ? Pour en venir à un tel relâchement de violence, à la jouissance de brûler, de maltraiter et de voler, il faut d’autres motivations. Les casseurs n’ont pas péché par manque de morale : le sujet moral n’est manifestement pas à l’ordre du jour de leur agitation. De toute évidence, ils n’ont cure de se comporter en personnes bien éduquées, et leur parler ce langage, c’est avoir quelque chose du Monsieur Prudhomme d’Henry Monnier, s’adressant du haut de ses certitudes conformistes à une Histoire qui s’écrit sans lui.

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Même s’il y a de la « psychologie des foules » dans ces déchaînements, il existe, comme dans tout acte humain, un fond de rationnel. Lequel ? Pour le comprendre, il faut recourir à une notion que notre modernité a rejetée de toutes ses forces, pour lui préférer la paix, l’accueil et la diversité : les émeutiers sont tout simplement dans une logique de prise de possession. Il s’agit d’une conquête. « La terre n’appartient qu’aux hommes. L’oisif ira loger ailleurs » chante l’Internationale. Les agitateurs des cités ont bien retenu la leçon, mais ils ont remplacé « l’oisif » par l’autochtone et pratiquent la politique de la terre brûlée et celle de la terreur : touchez à un seul cheveu des nôtres, même par accident ou par bavure, et nous déchaînerons des hordes que vous ne pourrez ni arrêter, ni responsabiliser, ni moraliser ; au regard de vos propres principes, pacifiques et intégrateurs, vous devrez vous coucher.

Dire les mots

Au XXe siècle, la notion de conquête a été bannie de notre univers mental. Si nous y avons renoncé, ce n’est pas le cas de tous les peuples de la terre. La gauche, qui a fait sa spécialité d’instrumentaliser les damnés de la terre, n’a pas renoncé à voir dans les ressortissants des anciennes colonies, habitants des « quartiers populaires », d’éternels mineurs à aider. Le mot « jeune », employé pour parler des banlieues – même quand les deux tiers des émeutiers sont en fait des adultes légaux – trahit cette manipulation. Le « jeune de banlieue » est confiné dans une espèce de minorité perpétuelle. Tout se passe comme s’ils étaient les enfants dont la gauche a besoin pour légitimer son continuel besoin de s’exprimer – et de dépenser – pour les autres.

Non, pour l’essentiel, les émeutiers ne sont pas des « jeunes » mais des adultes. La question que les émeutes de 2023 posent à la société française n’est pas celle de l’autorité parentale, mais bien celle du sens que nous donnons à la communauté nationale. Devons-nous gober naïvement que les émeutiers qui brûlent des mairies, des bibliothèques et des écoles, ou qui piétinent le drapeau français, ont le sentiment d’en faire partie ? Ou qu’ils sentiront subitement un cœur de Français battre dans leur sein, parce qu’on leur aura promis de nouveaux fonds de politique de la ville, de nouvelles aides sociales ou une sécurité désarmée pour pratiquer les trafics en paix ? Comment le pourraient-ils ? Puisque nous parlons d’éducation, il faut « dire les mots ». Depuis des décennies, nous laissons prospérer dans les « quartiers » – qui maillent tout le territoire, par la magie de la loi SRU – les « nique la France », « nique ta race », « ta grand-mère la pute », « mange tes morts », « gros porc de blanc », « nique la police » et tous les mots d’ordre entendus dans les vidéos des exactions de cet été 2023. Tout au plus, les outrances les plus graves prononcées par un ou deux rappeurs médiatiques sont sanctionnées par les tribunaux, au prix de longues procédures. Mais pour l’essentiel, ces insultes quotidiennes à la France et au peuple français sont tolérées, et même passées dans les mœurs. Dans les écoles, les enfants qui s’identifient « blancs » ou « Français » sont publiquement tournés en dérision. Ils finissent par s’appeler eux-mêmes « Babtou », en verlan africain dans le texte.

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Ce que traduisent les émeutes de 2023, c’est qu’il n’y a plus une seule France en France, mais qu’il y a un front de communautés qui prétendent rabaisser et dominer la communauté française. C’est cela qu’il faut traiter en priorité, avant de mener une introspection morale sur la qualité de l’autorité parentale. De toute évidence, des communautés qui rejettent la France ne sont pas prêtes à accepter des leçons de sa part en matière d’éducation, et il y a de multiples raisons à cela. Emmanuel Macron est donc à contretemps. On aurait aimé qu’il nous parle de responsabilité éducative en temps de paix ; et qu’à l’heure des troubles, il se comporte en chef – et en père – intraitable de la nation française. Car dans la situation, il n’existe qu’une solution : regarder en face la question de l’excès d’immigration, stopper les flux ; ne plus tolérer le moindre manquement à la loi française ; renvoyer les délinquants étrangers et binationaux dans leur pays d’origine. Réduire la fracture par une assimilation d’autorité. L’autorité du père élu de la nation. Encore faut-il savoir ce qu’est l’autorité d’un père.

Et, soudain, cette honte d’être Français…

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Les émeutiers ont gagné la partie : ils ont réussi, aux yeux du monde, à humilier la France. 


La honte d’être Français est un sentiment qui m’atteint. Se laissent voir, en effet, un pays fragile et un pouvoir désarmé, sécuritairement et idéologiquement. Une minorité de barbares a pu tétaniser ce qui fut une puissance mondiale respectée et admirée : quelques milliers de pilleurs et de casseurs, dont un tiers de mineurs téléguidés par leurs aînés, ont eu raison, en une semaine, de 43 000 policiers et gendarmes aguerris. 

Si les émeutiers semblent avoir suspendu, ces deux derniers jours, razzias et intifadas, ce n’est pas par une soumission à la République et à ses discours de creuse fermeté. De l’aveu de policiers, les enragés ont d’abord obéi aux injonctions des mafias de la drogue et des cartels, qui ne peuvent commercer dans le tumulte. Ce sont les dealers qui ont interdit aux incendiaires d’user des armes de guerre qui emplissent des caves dans des cités « sensibles ». Les autorités religieuses musulmanes françaises ont également eu un rôle, qui reste à évaluer, dans les appels au calme. Reste que des pays étrangers se sont aussi permis de s’immiscer dans la déliquescence d’un pays ouvert : l’Algérie, l’Iran, la Turquie ont critiqué le sort que la France « institutionnellement raciste » (Erdogan) réserverait aux musulmans. Une accusation reprise par la presse américaine et soutenue, en France, par l’extrême gauche et la gauche perdue.

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Les émeutiers ont également gagné en enracinant, face aux belles âmes pusillanimes, la peur et la culpabilisation. Les accusations en racisme font le bonheur des islamo-gauchistes : Jean-Luc Mélenchon en tête, ils ont vendu leur âme à la contre-société islamisée qui les méprise. LFI a pris la relève des barbares en accusant la police républicaine de « racisme systémique ». Mardi, Libération a titré en une : « Que faire de la police ? » dans une inversion des rôles qui victimise a priori la « diversité » confrontée à une « impunité policière ». Mais, alors qu’Elisabeth Borne a enjoint mardi aux députés LFI de « regarder les réalités en face », le gouvernement persiste dans l’aveuglement sur les causes du désastre. Quand Gérald Darmanin déclare, mardi, que seuls 10% des 4000 interpellations sont des étrangers, il balaie le rôle joué par l’immigration de peuplement et ses échecs répercutés sur les autres générations. François Hollande est dans la même occultation quand il estime, le 2 juillet, parlant des émeutiers : « Ce n’est pas un problème d’immigration puisque ce sont des enfants de 3 ème, 4 ème, 5 ème générations ». L’endormissement n’épargne pas la droite. « On a eu tort de ne pas plus investir dans les banlieues », a estimé, mardi sur BFMTV, Vincent Jeanbrun, le maire (PR) de l’Haÿ-Les-Roses dont la famille a été victime d’une tentative d’assassinat par des insurgés. 

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Payer encore pour les cités en rupture avec la République ? Cette autre victoire octroyée aux ennemis de la France, en guise de contrition, serait impardonnable.


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Le mythe de la misère systémique dans laquelle un État supposé raciste maintiendrait volontairement une population d’origine immigrée doit cesser

Descendant du Maréchal Murat, le prince Joachim, 50 ans, est un bonapartiste assumé. Ancien conseiller au ministère du Commerce extérieur de la France, il analyse les récents événements qui ont secoué la France. Il faut selon lui un gouvernement dont la seule vraie préoccupation ne soit plus sa réputation auprès des grands inquisiteurs du progressisme et de la « justice sociale » aux États-Unis, en Europe et en France.


Causeur. La France a récemment vécu six jours d’émeutes intenses sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin à la suite de la mort du jeune Nahel. Pensez-vous que ces évènements sont le symbole de la révolte d’une jeunesse désœuvrée ou d’une guerre ouverte contre les institutions républicaines de la part de générations issues de l’immigration et qui refusent de s’assimiler ?

Prince Joachim Murat. Je tiens d’abord à rendre hommage au courage et à la mémoire du Caporal-Chef Damelincourt, sapeur-pompier mort dans l’exercice héroïque de sa mission le lundi 3 juillet.
Pour répondre à votre question, comme citoyen de ce pays auquel ma famille est profondément attachée, je ne peux absolument pas souscrire à l’image vendue d’une jeunesse désœuvrée, ni à celle de ces délinquants que certains dépeignent en figures romantiques et sympathiques, qui seraient les victimes d’une société blanche bourgeoise et raciste qui craindrait d’être remise en question par tous ces petits Mozart en devenir dont on briderait la créativité naturelle. Elle a été fabriquée de toutes pièces depuis des décennies par une gauche en quête d’un nouvel électorat. Soutenue par une grande partie des médias qui ont pu capitaliser de l’audience sur la promotion d’un rap agressif. La situation est incontestablement plus sordide : il s’agit de jeunes hommes majoritairement adultes, qui ne se reconnaissent pas dans les valeurs de la République, qui refusent toute intégration et qui se sont déscolarisés pour intégrer les réseaux de stupéfiants. Ces émeutes n’ont certainement pas été la manifestation héroïque d’une jeunesse à l’avant-garde du combat pour la juste émancipation du peuple contre une société accusée de xénophobie, qui serait ultra capitaliste, patriarcale, homophobe et « écocide ». C’est le déchaînement de violence de hordes de brutes qui débrident leurs pulsions les plus basiques. Ils le font d’autant plus librement qu’on les y encourage depuis des années à travers des discours biaisés de notre Histoire, parfois relayés par des élus quand ce n’est pas le plus haut sommet de l’État dans ses discours ou les médias, voire par des présentations manichéennes de notre roman national sans la moindre recontextualisation. 
Depuis les émeutes de 2005, cette minorité s’est tout de même largement accrue et s’est étendue à l’ensemble du territoire métropolitain et d’Outre-Mer. Il ne s’agit plus d’émeutes, il s’agit de guérillas urbaines à l’échelle nationale. Les vidéos que l’on a pu voir sur les réseaux sociaux parlent d’elles-mêmes. C’est une situation sans précédent que notre pays a vécue ces derniers jours.

Depuis des décennies, le gouvernement a déversé des millions d’euros dans les quartiers populaires et nous a vendu le « vivre-ensemble » comme symbole de paix sociale. Peut-on considérer que cela est un échec aujourd’hui et qu’il est urgent d’en tirer les conséquences ? Quelles sont les racines profondes de ces émeutes selon vous ?

C’est incontestablement un échec. C’est bien sûr le fruit de 40 ans de lâcheté et de démissions politiques de tous bords et à tous les échelons. La culture du « pas de vague » élevée au rang de valeur républicaine. Cet humanisme de préau d’école entretenu par une « intelligentsia » de gauche, du show business, d’une partie des médias et des politiques devenus carburant de la haine d’un mouvement insurrectionnel et sécessionniste. La mort de Samuel Paty comme le délitement actuel de notre tissu social dans une violence sans précédent devraient peser sur la conscience de ces belles âmes adeptes du « pas de vague ».
Il faut rappeler que ce sont près de 100 milliards d’euros qui ont été versés dans les banlieues depuis autant d’années, parfois uniquement pour acheter la paix sociale, laissant ainsi la voie libre à des bandes criminelles qui organisent leur racket et leurs deals de drogue en toute impunité, parfois en les octroyant à des associations plus que controversées dont les médias se sont fait les choux gras à de nombreuses reprises. Il est donc aberrant que certains osent encore affirmer que la République a abandonné ces territoires. Ils ont toujours bénéficié de services publics, écoles, hôpitaux, médecins, médiathèques, théâtres, salles de sport, bibliothèques, transports publiques, piscines, etc. Services dont nos populations vivant en milieu rural sont, elles, souvent privées à titre de comparaison. On oublie souvent de dire, pourtant, qu’il y a proportionnellement autant de diplômés d’universités dans les populations issus des quartiers dit « sensibles » qu’à l’échelle nationale. Le mythe de la misère systémique dans laquelle un État supposé raciste maintiendrait volontairement une population d’origine immigrée doit cesser. C’est entièrement faux. Tout comme ce serait une erreur de faire des généralités. Les actions déplorables de ces voyous ne sont pas non plus représentatives de l’essentielle de la population française d’origine immigrée dont une partie aspire aux mêmes ambitions de vie et de paix que tout citoyen de notre République. Faire de ces voyous une figure romantique amalgamée à l’ensemble des immigrés de France, c’est du stéroïde à préjugés injecté par la gauche depuis trop longtemps. 

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Pillages de magasins, destructions de biens publics, mairies incendiées, écoles et bibliothèques détruites, drapeaux tricolores brûlés en signe de défiance, élus menacés physiquement : c’est le cœur même de notre République qui est outrageusement attaqué par des groupes organisés, parfois armés. Le président Emmanuel Macron a évoqué l’influence des jeux vidéo, dénoncé l’influence des réseaux sociaux pour expliquer la violence et l’organisation des émeutiers, invité les parents à assumer leur responsabilité. Souscrivez-vous à ce discours ?

C’est d’une affligeante légèreté de penser que cette situation est due aux seuls jeux vidéo et aux démissions parentales. Le développement d’une économie parallèle alimentée par la consommation délirante de drogues dans notre pays (au premier rang desquelles la cocaïne avec les bénéfices astronomiques qu’elle génère) a favorisé le développement de milliers de bandes criminelles très bien équipées disposant de ressources financières suffisamment importantes pour recruter de véritables petites armées. Vous arrosez tout ça avec de la victimisation, du laxisme dans la réponse pénale et du clivage identitaire anti-France distillé sur les réseaux sociaux et vous avez la formule parfaite pour un incendie. Ce sont aussi les petits soldats de ces armées sans nom qui ont provoqué la mort du Caporal-Chef Damelincourt [1], qui lynchent nos concitoyens, attaquent femmes et enfants, qui tirent à balles réelles sur la police, en envoient des centaines à l’hôpital chaque année, détruisent nos bâtiments et nos services publics en ce moment même.

Plusieurs députés de la NUPES ont refusé d’appeler au calme, laissant suggérer qu’ils cautionnaient les émeutes. Considérez-vous que ce mouvement hétéroclite, composé de partis de la gauche et d’extrême-gauche, trahit l’esprit de la nation française et répond uniquement à un agenda politique prévoyant une prise du pouvoir par le chaos ?

Concernant les propos affligeants tenus et répétés par Jean-Luc Mélenchon et plusieurs élus de la France Insoumise mais également d’Europe Ecologie les Verts, on peut effectivement se demander s’ils ne constituent pas un appel à la violence, sur lequel la justice devrait alors se prononcer. Mais l’heure n’est pas encore aux leçons et conséquences de moyen terme. Pour le moment, l’urgence absolue est de rétablir et pérenniser l’ordre et la sûreté générale sur l’ensemble du territoire français. Le rôle premier de tout État est de garantir la sécurité de ses citoyens. Ce, par les moyens les plus énergiques possibles. L’argument du risque de l’escalade en cas de mort chez les émeutiers n’est plus audible. On nous le ressort à chaque fois et à chaque fois les agressions et les pillages continuent. L’impunité de la délinquance de voie publique, des casseurs et des petits dealers reposent sur cet argument. Il est l’instrument ultime de justification de la pusillanimité du pouvoir. 

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En dépit des appels d’une partie de la classe politique, majoritairement de droite et d’extrême droite, le gouvernement du Premier ministre Elisabeth Borne hésite à proclamer l’état d’urgence. Pensez-vous que celle-ci est nécessaire à ce stade de la situation ?

Il aurait été judicieux de faire activer l’article 16 de la constitution donnant les pleins pouvoirs au président afin qu’il utilise tous les moyens à sa disposition (et ils sont importants) pour permettre le rétablissement de l’ordre et l’application réelle de sanctions exemplaires contre les émeutiers dès le départ et l’ensemble de leurs complices (ceux qui les ont encouragés comme ceux qui ont diffusé les adresses de policiers, de pompiers, d’élus) pour que la paix soit durablement rétablie.

D’après vous, quels sont les remèdes politiques nécessaires à cette crise qui risque de se renouveler à court terme ?

Il faut une reprise en main complète et durable. Il faut permettre à la police et à la chaîne pénale de fonctionner efficacement. Un cadre clair de l’usage des armes pour les forces de l’ordre, des sanctions sans aménagement de peines, des moyens à la Justice (notamment pour renforcer les greffiers) et la construction de prisons. Cela me semble être l’élément le plus fondamental. Il faut mettre à bas la puissance des trafiquants de drogue dont on voit bien l’influence puisqu’ils semblent avoir rappelé « les troupes à rentrer dans les casernes ». Ou peut-être, est-ce une simple trêve pour écouler le butin avant de reprendre le pillage le soir du 14 juillet ? 
Il faut regarder la réalité en face et oser prendre les mesures qui s’imposent. Pour commencer, il faut mettre fin au règne de l’intimidation de ces idéologues et censeurs, arbitres autoproclamés distribuant les certificats de bonne conduite morale. Il faut mettre fin à la culture de l’excuse pour en finir avec le sentiment d’impunité de ces délinquants qui n’hésitent même plus à se filmer à visage découvert, hilares devant une personne lynchée à terre ou devant un incendie. Un délinquant est un délinquant, quelle que soit son origine. Cela s’appelle l’égalité devant la loi, c’est le fondement de notre nation.
Toutes ces solutions sont connues, efficaces et parfaitement légales. Il faut pouvoir les proposer sereinement sans allumer le bûcher médiatique, la course à l’anathème et l’hystérie inquisitoriale. Elles concernent le contrôle de l’immigration, l’attribution de la nationalité, l’attribution des aides sociales, la présomption de légitime défense, la majorité pénale. Il faut également s’attaquer fermement aux financements étrangers et aux ingérences étrangères alimentant l’entrisme islamiste dans toutes les instances éducatives et administratives. Pour cela, il faut un gouvernement dont la seule vraie préoccupation n’est pas sa réputation auprès des grands inquisiteurs du progressisme et de la « justice sociale » aux États-Unis, en Europe et en France. La possibilité d’une sortie de la CEDH et d’une option de sortie de l’UE sur les sujets d’immigration et de sécurité intérieure doivent être assumées.
Bien sûr, des accompagnements socio-éducatifs et des aides à l’insertion professionnelle de long terme sont nécessaires, ils sont déjà très nombreux. Ici, encourager la mobilisation des parents et inverser le discours politique et médiatique peut tout changer. 

Vous êtes le descendant du maréchal Murat, cavalier émérite et personnage indissociable de l’histoire du Premier Empire qui compte encore de nombreux nostalgiques et passionnés. D’après vous, comment votre ancêtre aurait-il géré cette situation s’il avait été au gouvernement ?

Murat, comme roi de Naples, avait éradiqué le banditisme en Calabre. Sa réussite tient à sa méthode : répression implacable de la criminalité accompagnée de l’ouverture d’écoles gratuites pour les enfants de bandits et la création d’emplois, par la relocalisation de manufactures, pour les femmes, les sœurs et les mères de ces mêmes bandits. Les emplois pour la famille ou même les subventions ainsi que les écoles gratuites existent déjà en France. Ne manque que le volet répressif efficace.
Je conclurai en rappelant la parole de l’Empereur Napoléon III : « Il est temps que les bons se rassurent et que les méchants tremblent ».


[1]L’homme est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Saint-Denis alors qu’il intervenait sur un feu de voitures dont on ignore encore les circonstances exactes NDLR.

Une société addictogène

L’État semble impuissant à enrayer le boom de la consommation de drogues en France. Selon Michel Gandilhon, face à l’implantation de cartels de plus en plus puissants à travers le pays, la légalisation du cannabis n’est pas la panacée.


* Michel Gandilhon est expert associé au département sécurité défense du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), membre du conseil d’orientation scientifique de l’ObsCI (Observatoire des criminalités internationales) et auteur d’un ouvrage consacré au trafic de drogue en France : Drugstore : drogues illicites et trafics en France (Le Cerf, 2023).


Causeur. Dans votre ouvrage, Drugstore, vous constatez une véritable explosion du marché des drogues en France. De quoi s’agit-il exactement ?

Michel Gandilhon. En effet, en une trentaine d’années, le marché français des drogues illicites s’est beaucoup développé. Avec près de 5 millions de consommateurs dans l’année de cannabis, le marché hexagonal est le premier en Europe ! Plus confidentiels, les usages de drogues comme l’ecstasy et la cocaïne ont crû également de manière spectaculaire depuis 2000 et concernent aujourd’hui des centaines de milliers de consommateurs tous les ans. Quant à l’héroïne, sa consommation persiste notamment dans la France périphérique.


Comment peut-on expliquer ce phénomène ?

Il s’agit essentiellement de facteurs anthropologiques liés aux évolutions d’une société qui exige de plus en plus des individus, et qui valorise la performance et la réactivité même dans la sphère des loisirs. D’où l’engouement pour la cocaïne, ce stimulant si parfaitement en phase avec notre époque. Certains évoquent une société addictogène…

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Le ministre de l’Intérieur se félicite de saisies records. On imagine qu’il s’agit d’une goutte dans l’océan. Le trafic de drogue est-il donc devenu incontrôlable ?

Le monde sans drogues promis par les Nations unies il y a plus de vingt ans s’éloigne. L’offre internationale a explosé ces dernières années, notamment celles d’opium et d’héroïne en Afghanistan et surtout de cocaïne en Colombie où la production n’a jamais été aussi élevée. L’Union européenne n’est pas en reste : les Pays-Bas et la Belgique sont parmi les plus gros producteurs d’ecstasy au monde, tandis que l’Espagne se met à la production de cocaïne. Dans ce contexte, même si en France, en 2022 les saisies de cannabis, de cocaïne et d’héroïne ont atteint le plus haut niveau jamais constaté, ces confiscations n’ont qu’un impact très réduit sur le dynamisme de l’offre. Les prix de détail sont en baisse et les teneurs en principe actifs en hausse, tandis que le développement des livraisons à domicile renforce l’accessibilité des drogues. Le crime organisé a parfaitement négocié le tournant de la globalisation et du libre-échangisme.

Dans certains pays, les gouvernements et les législateurs tentent de remplacer l’interdiction et la répression par la légalisation et le contrôle. Quelles leçons tirez-vous de ces initiatives ?

Effectivement, certains pensent que la légalisation des drogues, et notamment du cannabis, permettrait d’affaiblir le crime organisé et de protéger les consommateurs des produits frelatés. Aux États-Unis, par exemple, depuis 2012, près d’une vingtaine d’États l’ont légalisé à des fins récréatives. Or, au Colorado, un des premiers à l’avoir fait, les résultats ne sont pas probants. Le marché est pris en main par des entreprises dont la vocation naturelle est de faire un maximum de profits. Ainsi, elles mettent notamment en vente des produits très fortement concentrés en THC (le principe actif du cannabis), dont les effets sur la santé des adolescents commencent à inquiéter les autorités sanitaires. Par ailleurs, on a vu les méthodes de Big Pharma, qui ont été à l’origine de la crise des opioïdes, qui a tué depuis vingt ans plus de 650 000 Américains, il est à craindre que celles du « Big Canna » qui est en train de se constituer ne soient guère meilleures… Quant au crime organisé, il continue, selon les estimations de pourvoir aux besoins de 30 % du marché du cannabis, tout en développant le commerce d’autres substances comme le fentanyl ou la cocaïne.

Les règlements de comptes entre bandes de trafiquants marseillais sont devenus banals. Cependant, le trafic n’est pas l’apanage de Marseille. Quelles autres villes sont les plus concernées par le trafic de drogue en France ?

De Rennes à Marseille, de Chambéry à Cavaillon, de Valence à Avignon, des métropoles aux villes moyennes en passant par les campagnes, le trafic de drogue innerve une grande partie du territoire. Il y avait, selon le ministère de l’Intérieur, en 2021 près de 4 000 points de deal en France. La seule ville de Marseille en compterait actuellement 127, pilotés par des « bourgeois du trafic » installés en Espagne, au Maroc, à Dubaï. Sur place, l’espace public est occupé par des guetteurs, des revendeurs. En dix ans, les armes qui circulent ont tué près de 300 personnes.

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Nous vivons avec ces phénomènes depuis de décennies. En quoi les évolutions que vous décrivez changent-elles la donne ?

Les proportions prises par ce phénomène posent pour l’État des problèmes d’ordre stratégique : perte du monopole de la violence sur certains territoires, corruption des pouvoirs locaux par l’argent sale, « archipellisation » de la société, comme en témoigne par exemple la prolifération des résidences fermées (gated communities) à Marseille. Et ces problèmes s’aggravent d’année en année. Certains policiers évoquent une « mexicanisation » de la ville. Si cette qualification est sans doute exagérée, un rapport du Sénat s’est tout de même inquiété récemment du devenir « narco-État » de notre République une et indivisible. Une consolation ? Les Pays-Bas, la Belgique et même la Suède commencent, eux aussi, à s’alarmer du poids critique acquis par le crime organisé et des menaces qu’il représente pour nos démocraties fatiguées.

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Darmanin: quel aveu d’échec!

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Le ministre de l'Intérieur à Evry Courcouronnes (91), le 30 juin 2023 © STEFANO RELLANDINI-POOL/SIPA

Selon le ministre de l’Intérieur, les émeutiers ont une origine France garantie… Il jette même les noms des coupables en pâture devant les sénateurs: Matteo et Kevin!


Notre ministre de l’Intérieur voit loin. Son regard se tourne manifestement à présent vers les élections présidentielles de 2027. Il est vrai qu’il vient d’engranger une assez jolie moisson de satisfécits venus de la droite pour sa gestion du maintien de l’ordre durant les quelques jours de festivités ébouriffantes auxquels nous venons d’assister. Mais, fine mouche, ce politicien né se sera dit qu’il ne serait pas mal venu d’aller aussi à la pêche aux compliments de l’autre bord, la gauche. Cela bien évidemment dans la perspective de la conquête politique majeure. Son but à peine caché. Un coup à droite, un coup à gauche, balle au centre. Air connu. Depuis des décennies les postulants à la magistrature suprême nous jouent régulièrement cette partition. La fois prochaine, la stratégie du louvoiement se révèlera-t-elle payante ? Les citoyens-électeurs marcheront-ils encore en 2027 dans la combine du « en même temps » ? À l’évidence, l’ambitieux Gérald Darmanin, lui, en est convaincu. D’où le déroutant changement de pied auquel nous avons assisté lors de son audition devant la commission parlementaire du Sénat portant sur les émeutes récentes et leur gestion. L’auditionné, très à l’aise, s’est livré de bonne grâce à l’exercice, prenant  un plaisir visible à occuper le rang médiatico-politique qui lui est réservé depuis une huitaine, le tout premier. Le premier devant madame la Première ministre, devant aussi – c’est à peine croyable ! – le président de la République soi-même. On ne veut voir et entendre que lui, l’homme de l’Intérieur, le deus ex machina du maintien de l’ordre, le chef aux quarante-cinq mille hommes déployés sur un simple ordre tombé de sa bouche. Ivresse du pouvoir à la clef. De quoi se sentir grandi, c’est sûr.

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Maudits Français de souche !

Je vous le disais, à droite, on a apprécié et certains ne s’en cachent pas. Mais à gauche, ne risque-t-on pas de regarder tant d’autorité et surtout tant de louanges venues du camp de la réaction comme une compromission – forcément rédhibitoire – avec les forces les plus obscures de la République ? Donc, disais-je, le rusé ministre a mis à profit sa prestation devant la Haute Assemblée pour corriger le tir et caresser le camp du bien dans le sens du poil. Ainsi, pour plaire à la droite, la mobilisation sécuritaire. Pour amadouer la gauche, la contorsion idéologique. Les émeutes des deniers jours auraient-elles quelque chose à voir avec l’immigration ? Serait-on fondé à y déceler ne serait-ce qu’un soupçon de ressentiment identitaire ? Que nenni, certifie l’intéressé avec cette tranquille assurance dans le mensonge qui demeure, qu’on le veuille ou non, l’apanage et la marque des politiciens de race. L’argumentation suit la dénégation. En grande majorité, les fouteurs de merde, les pilleurs de boutiques, les incendiaires d’écoles, de bibliothèques, de mairies, les caillasseurs de flics, les agresseurs d’élus, n’auraient guère à voir avec l’immigration et ses conséquence, guère à voir non plus avec de quelconques revendications identitaires. Voilà la vérité lénifiante assénée par le déposant. Et voici à présent la preuve qu’il livre en appui : les Matteo et les Kevin, autrement dit des Français de France, seraient en nombre, voire largement majoritaires, parmi les émeutiers. Fort bien.

Et si c’était vrai ?

Faisons alors un effort – effort considérable, j’en suis conscient – et admettons que le ministre ait raison, supposons que son propos soit conforme à la réalité, que pour l’essentiel ce soit des gamins garantis d’origine France, des Matteo et Kevin donc, qui aient mené la danse ces interminables nuits de chaos. Alors, problème ! Gros problème. Car si tel est le cas, il faut bien convenir que Monsieur le ministre n’a fait, devant mesdames et messieurs des sénateurs, que se fendre d’un extraordinaire aveu d’échec. Échec politique de première grandeur et de première gravité. Si la jeunesse certifiée française elle-même se met à détester le pays au point d’envisager d’un cœur léger de le saccager, c’est que la situation est encore plus pourrie, plus désespérée, et le mal plus profond qu’on ne pouvait l’imaginer.

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Si la France voit effectivement ses propres enfants se retourner contre elle, la haïr, la mépriser, la rejeter,  alors l’avenir est sombre, très sombre. Pire, il n’y a plus d’avenir…

Aussi, parce que nous sommes, nous, lucides et raisonnables, nous préférerons considérer que le diagnostic de M. Darmanin n’est en fait qu’un artifice de tactique électoraliste, une manœuvre de basse politique. Rien de plus. Pour une fois, nous aurions donc tout lieu de nous réjouir qu’on nous balade. Quant à ce fin politicien, il ne lui resterait plus dès lors qu’à méditer la pique que le cardinal de Retz destinait à Mazarin : « Il sied encore plus mal à un ministre de dire des sottises que d’en faire. »

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Elisabeth Lévy : une déclaration aussi surprenante qu’exaspérante !

Qui sont les vrais rebelles?

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Clémentine Autain et ses consoeurs de la Nupes arrivent débraillées à l'Assemblée Nationale. Facebook

Partant d’un constat de Régis Debray, notre chroniqueur nous livre une vision de la rébellion et de ses biais ostentatoires…


On me pardonnera de quitter, le temps d’un billet, les émeutes, la mort de Nahel, la police… J’ai d’autant moins de scrupule à le faire que le dernier livre de Régis Debray, Où de vivants piliers, à la fois un exercice d’admiration et de suprême intelligence, m’a inspiré cette analyse.


Évoquant Julien Gracq, ce grand écrivain ayant été professeur d’Histoire et de géographie et demeurant à Saint-Florent-le-Vieil, Régis Debray analyse sa profonde discrétion de la manière suivante : «…Une rébellion, moins elle est à l’affiche, mieux elle tient la route… Les vrais dissidents n’ont pas l’injure à la bouche… Quand l’époque est à l’hirsute, le rebelle est boutonné… Ce n’est d’ailleurs pas une mauvaise opération : troquer une intime extravagance contre un anonymat social… ». Cette analyse distinguant l’apparence et les tréfonds est fine et pertinente. J’ai été d’autant plus touché par ces fortes observations qu’elles rejoignent une conviction qui ne m’a jamais quitté. J’ai toujours perçu à quel point les singularités visibles, outrancières, ostentatoires n’étaient pas forcément le signe d’une authentique rébellion, mais représentaient au contraire une manière facile et confortable de laisser croire à son existence. Mon expérience – qu’elle résulte de l’introspection ou de l’observation des autres – m’a enseigné que les troubles, les désordres, la dissidence, la révolte, les pensées non conformes, la volonté de fuir les sentiers battus n’avaient pas besoin d’un affichage extravagant mais étaient d’autant plus intensément ancrés dans les êtres qu’ils étaient inscrits dans l’intimité. Ils étaient généralement invisibles si on ne se fiait qu’à la surface des personnalités et des comportements.

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C’est sans doute à cause de cette certitude que l’exhibitionnisme humain, social et intellectuel m’a souvent mis si mal à l’aise. Comme s’il était la preuve, précisément, d’un manque profond, comme si le dévoilement complaisant et narcissique de soi et de ses prétendues différences par rapport à la normalité, constituait la plus éclatante démonstration de la pauvreté de cette singularité. Ce qui est caché et n’éprouve pas l’envie d’avoir à faire constamment ses preuves, portes et fenêtres ouvertes, est le gage d’une irrigation authentique de la personnalité par la tentation de la rébellion, la fascination de l’opposition et la puissance de la surprise. Ce qui se montre à chaque instant en incitant quasiment autrui à être le voyeur de sa propre existence laisse passer à mon sens un message artificiel, comme une forme de simulacre. On affiche et on s’affiche pour dissimuler au fond qu’on n’a rien d’essentiel à préserver et à protéger, à mettre à l’abri. De la même manière que le profil des émeutiers souvent très jeunes les situe aux antipodes d’une rébellion consciente parce que « leurs actes ne sont ni réfléchis ni contextualisés » [1], ainsi, dans l’univers politique, notamment au sein du groupe parlementaire LFI, il y a des postures qui sont tellement caricaturales, offertes pour la façade, qu’elles peuvent légitimement faire douter de la sincérité de l’esprit collectif qui paraît les susciter. Quel parcours à partir de Julien Gracq, en passant modestement par moi, pour aller jusqu’à LFI ! L’apparence débraillée, pour faire peuple ou révolutionnaire, l’extériorisation vulgaire de conflits et de transgressions chroniques et la forme qui insulte sont des oripeaux qui ne démontrent rien d’autre qu’une rébellion à la recherche désespérée d’elle-même.

Où de vivants piliers

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[1] https://www.la-croix.com/France/Violences-urbaines-tete-emeutiers-2023-07-04-1201274152

Auto-annulation

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La romancière Elizabeth Gilbert. Née en 1969, elle est l'auteur du best-seller "Mange, prie, aime". Photo: Wikimedia Commons

La romancière américaine à succès Elizabeth Gilbert renonce à publier son nouveau livre, à cause de la guerre en Ukraine. Voici pourquoi.


Les écrivains sont souvent victimes de la cancel culture, leur éditeur cédant à la pression des lecteurs ou de ses propres salariés pour annuler un contrat d’édition.
En 2020, Hachette a subi une telle pression pour ne pas publier l’autobiographie de Woody Allen, Soit dit en passant, et le conte pour enfants de J. K. Rowling, L’Ickabog. Dans le cas d’Allen, la maison a capitulé, mais dans celui de Rowling, elle a tenu bon.
Quand l’auteur lui-même prend l’initiative, c’est plus insolite. L’Américaine Elizabeth Gilbert vient d’annuler un roman qui devait sortir en février 2024. Elle est l’auteur de best-sellers internationaux, dont cinq romans, mais surtout de Mange, prie, aime (2006), un récit autobiographique qui raconte sa quête de paix intérieure après son divorce, lors d’un voyage à travers l’Italie, l’Inde et Bali. Ce titre a eu un beau succès auprès des femmes divorcées.

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Son prochain livre avait pour titre The Snow Forest (« La Forêt enneigée »). Il raconte l’histoire d’une famille d’intégristes religieux qui, dans les années 1930, se retire au fin fond de la Sibérie pour fuir à la fois le communisme soviétique et la vie moderne. Le récit aurait véhiculé un message sur l’écologie et la spiritualité apte à plaire au lectorat habituel de Gilbert. Mais, dans une vidéo postée le 11 juin, elle déclare : « Ce n’est pas le moment de publier ce livre. » Ce week-end-là, le titre avait subi un certain nombre d’attaques sur le site Goodread. Ses critiques, qui n’avaient pas lu l’ouvrage encore inédit, ont accusé Gilbert de promouvoir une vision romantique de la Russie tout à fait inacceptable en temps de guerre en Ukraine ! On se souvient de l’inanité de ceux qui voulaient annuler Dostoïevski ou Tchaïkovski. Pourquoi Gilbert s’est-elle inclinée, elle qui a publié Comme par magie, un livre de développement personnel pour créateurs où elle prêche l’individualisme ? Sûrement parce que, comme ses lectrices, elle ne veut pas avoir l’air d’une « Karen », ces femmes blanches d’un certain âge qui manquent d’empathie pour les minorités et les victimes…

Le sabre et le goupillon, version gauchiste

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Jean-Luc Mélenchon sur LCI, dimanche 2 juillet 2023 © D.R.

Jean-Luc Mélenchon n’a pas appelé au calme pendant les émeutes. Au micro de LCI, il délire et s’enfonce: « Les riches, les puissants, se sont ensauvagés ». Mais personne n’est dupe, et tous les citoyens ont bien fait le lien entre émeutes et immigration mal assimilée. Un billet d’Aurélien Marq.


Prenant prétexte de la mort d’un adolescent, les enclaves barbares organisent des razzias et envoient des adolescents en première ligne, sachant pouvoir compter sur la justice des mineurs pour s’en tirer à bon compte. Et une bonne partie de la gauche, enivrée de ses rêves de Grand Soir, ne prend même plus la peine de dissimuler sa jubilation, encourage l’explosion, et multiplie les invocations des théories sociologiques les plus alambiquées pour ne surtout pas voir l’évidence simple : nous assistons au pillage méthodique de la France par des bandes étrangères – qui se revendiquent étrangères à la France, que des pays étrangers revendiquent comme leurs (le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien est significatif), et dont les mœurs et les univers symboliques sont radicalement étrangers à la France et même à l’Europe. Seule référence, chez certains, à une nationalité réduite à sa dimension administrative : réclamer toujours plus d’aides sociales, de subventions clientélistes, de milliards pour la politique de la ville. En somme, profiter de cette démonstration de force pour exiger que la France verse aux barbares un tribut de plus en plus lourd dans l’espoir qu’ils attendent encore un peu avant d’achever de la mettre à sac.

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Mais l’extrême-gauche les invite à s’enfoncer toujours plus profondément dans le territoire français lors de leurs razzias, de manière à profiter des pillages pour terroriser et paralyser le bourgeois, et brûler tous les symboles de la France, perçue et présentée sur son propre sol comme une puissance coloniale. Si les barbares sont le sabre – et les Antifas y voient des renforts tombés du ciel – les ténors de LFI, d’EELV et consorts espèrent devenir le goupillon, clergé fanatique canalisant les appétits des pillards et s’appuyant sur leur violence pour parvenir au pouvoir. Entreprise vouée à l’échec. Les barbares qui embrasent la France ces derniers jours n’ont pas besoin des gauchistes pour structurer leur contre-société et justifier leurs razzias : ils disposent déjà d’un livre saint dont une sourate s’intitule « le butin » : tout un programme…

Fachos vs antifas à Angers: «Les médias de gauche sont tombés sur la seule occasion possible pour dire que la violence venait en fait des militants d’extrême droite !»

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Stanislas Rigault © LOUAI/SIPA

Le vendredi 30 juin, des militants de droite s’en seraient pris à des participants d’une manifestation contre les violences policières. La mairie a décidé depuis de sévir et de fermer administrativement le local où avaient lieu les rixes. Stanislas Rigault, natif de la ville et président de Génération Z, dénonce une manipulation. Entretien.


Causeur. Que s’est-il exactement passé, vendredi 30 juin, à Angers ? Et le lendemain ?

Stanislas Rigault. Sur les images qui circulent, on peut voir que ce n’est que de la défense de la part des militants du RED (Rassemblement des Étudiants de Droite) ! Mais, il y a une manipulation de l’extrême gauche pour faire passer un message tout autre auprès des médias… Et faire croire que ce sont des militants d’ « extrême droite » les fauteurs de troubles dans la préfecture de Maine-et-Loire. L’extrême gauche, en réalité, a attisé la haine dans les cités angevines, et s’est chargée de commenter via les réseaux sociaux, et par la suite via les médias, les « violences de l’extrême droite », alors que les militants étaient en réalité en position de défense.

Pourquoi un tel parti-pris médiatique pour les jeunes des banlieues ?

Pour aller taper ceux qu’ils appellent les « fachos », les militants antifas ont besoin qu’on leur prête main-forte. Aussi, ils ont fait circuler de faux-visuels expliquant que des militants de l’Alvarium (groupe de militants identitaires angevins dissous par Gérald Darmanin, NDLR) voulaient faire des ratonnades dans les quartiers. Évidemment que les jeunes des quartiers se sont chauffés ! Du point de vue des médias de gauche, je pense qu’ils sont tombés sur la seule occasion possible pour dire que la violence venait en fait des militants d’extrême droite, néo-nazis, pétainistes, mussoliniens… Choisissez le nom que vous voulez ! Et ces médias n’ont pas hésité à tomber dans le piège. D’ailleurs, le traitement médiatique fut assez affolant. On lit le plus souvent que ce sont des « militants d’extrême droite » face à des « individus ». Bref, on nie le caractère politique des seconds, qui ne feraient que se défendre face à des prétendus fascistes… 

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Qui a participé à cette désinformation ?

Les acteurs de cette désinformation sur les affrontements à Angers sont nombreux. AJ+ (Al-Jazeera), Ouest France ou des députés LFI, comme Thomas Portes, y sont allés de leur commentaire.


Reste que la rixe a eu lieu devant l’ancien QG de l’Alvarium, dissous en 2021. Qui sont ces « Étudiants de Droite », et que faisaient-ils dans ces anciens locaux ? On a du mal à les imaginer uniquement sur la défensive…

Ce qui est sûr et certain, c’est que la toute première attaque a eu lieu lorsque les émeutes traversaient le centre d’Angers. Il se trouve que les voyous sont passés à côté de la rue du Cornet, où se situe l’ancien local du groupe de l’Alvarium. Même s’ils étaient très courageux ou très énervés, je ne vois pas quel serait l’intérêt des militants du RED à aller à une douzaine affronter une centaine de jeunes… Quel aurait été le réel intérêt ? Finalement, on sait que ce n’est pas le cas, il n’y a eu aucune offensive. Car sinon, on en aurait fait une affaire d’Etat.

Comment analysez-vous les émeutes ayant suivi la mort de Nahel ?

C’est simple. Les émeutiers sont des anti-France et on assiste à un déferlement de haine. Ceux qui pensent encore que cette insurrection éclate en soutien à Nahel sont fort naïfs. Nous avons assisté à une claire démonstration d’une haine viscérale envers notre pays et ses institutions. Sur les 4000 personnes interpellées, Gérald Darmanin a annoncé 400 étrangers seulement, certes. Mais, quid du nombre d’enfants d’immigrés, dans le lot ? Et quid du nombre de drapeaux algériens observés par rapport au nombre de drapeaux français ? Les images des émeutes que les Français découvrent avec effroi depuis une semaine valent tous les discours des meilleurs militants de “Reconquête” !

Observant cette crise, Mélenchon évoque de son côté, sur LCI, l’ensauvagement des riches et des puissants…

Mélenchon se perd dans ses calculs électoralistes. Il a totalement perdu les pédales sur un tas de sujets depuis un moment d’ailleurs. Ce commentaire est selon moi le signe d’un cynisme politique absolu ; il tente toujours de conforter son électorat, il veut maintenir le cap et montrer à l’électorat musulman d’origine étrangère et maghrébine, que son parti sera toujours derrière eux. Les autres partis politiques, y compris au sein de la Nupes, et l’ensemble des Français, ont bien compris que ce qui se passe était extrêmement grave. Cela fait une semaine que d’une manière générale, une certaine gauche est assez dépassée par ces événements… Nous proposons une fermeté totale sur le sujet.

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Quelles sont les solutions d’Eric Zemmour pour lutter contre les émeutes ?  

Nous avons dressé deux plans. Un pour anticiper la faillite économique que tout cela va engendrer. Un second volet est consacré à la question de l’insécurité, qui vise à rétablir la paix dans le pays et notamment à travers une justice extrêmement ferme. Je pense au bouclier migratoire qu’on veut mettre en place. Il est désormais hors de question que les mineurs qui tirent aux mortiers sur nos policiers obtiennent la nationalité ! Nous avons aussi demandé le couvre-feu, et l’état d’urgence dès le départ, et formulé beaucoup de propositions qui auraient changé beaucoup de choses. Il faut redonner les moyens d’action nécessaires aux forces de l’ordre. Ensuite, sur le long terme, il faut proposer des alternatives politiques aux Français. Je vous parlais du bouclier migratoire : il consiste à protéger la nationalité en supprimant le regroupement familial, le droit du sol, mais aussi à limiter le droit d’asile. Il faut supprimer les aides sociales et les soins gratuits pour les étrangers… En fait, supprimer tout ce qui est trop attractif en France pour les étrangers. Enfin, les Français n’ont pas à « casquer » pour les dégâts des émeutiers. Il faut donc évidemment taper dans le portefeuille des familles des délinquants. L’argent des réparations devra venir de leurs poches, et pas de celles des Français. Il faudra sanctionner les délinquants, et leur faire faire des travaux d’intérêt général. 

Macky Sall renonce à se représenter: retour au calme à Dakar

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Macky Sall, président du Sénégal depuis 2012, photographié ici à Paris le 23 juin, ne briguera pas de nouveau mandat © Christophe Ena/AP/SIPA

Dans une Afrique de l’Ouest où la démocratie reste l’exception, le Sénégal peut faire la fierté des Africains. En annonçant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, Macky Sall a pris une décision honorable et permet à son pays de retrouver le calme. Début juin, la répression des émeutes ayant suivi l’emprisonnement d’Ousmane Sonko avait fait une vingtaine de morts.


Actuel président du Sénégal, Macky Sall a décidé de ne pas briguer un troisième mandat en février 2024. Une décision qui a surpris les observateurs mais qui confirme le sens des responsabilités des tenants des institutions à Dakar, démocratie stable sur un continent où ce modèle politique n’est pas le plus courant. Les principaux acteurs diplomatiques régionaux et mondiaux semblaient d’ailleurs contents de ce revirement. Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a salué l’allocution et le sens des responsabilités de Macky Sall sur Twitter, jugeant que le discours tenu constituait un « exemple très important pour son pays et pour le reste du monde ». Il a été suivi de près par Moussa Faki, président de la Commission de l’Union africaine, qui a de son côté reconnu une « décision sage et salutaire » avant d’exprimer son « admiration au grand homme d’Etat qu’il est d’avoir privilégié l’intérêt supérieur du Sénégal » et d’avoir préservé « le modèle démocratique sénégalais qui fait la fierté de l’Afrique ». À l’heure où l’ombre de Wagner plane plus encore sur l’Afrique, le vrai-faux coup d’Etat de son fondateur Prigojine laissant craindre à quelques spécialistes un redéploiement de la société militaire privée, et organisation terroriste selon Paris, le Sénégal continue d’offrir un visage rassurant. Les dernières semaines laissaient pourtant craindre le pire avec une multiplication d’émeutes urbaines intenses, lesquelles furent notamment alimentées par l’avocat et activiste Juan Branco. Un homme qui a tenté de reproduire la formule chez nous, accusant la France de pratiquer une politique raciste et colonialiste dans les quartiers d’émeutiers au micro de Channel 4.


Présenté désormais comme un « avocat des droits civiques » à l’américaine, le militant germanoprantin est désormais l’avocat d’Ousmane Sonko, opposant à Macky Sall. Il a à ce titre déposé une plainte à la Cour pénale internationale – notons que les exactions russes en Ukraine semblent moins l’émouvoir. Il suffit de voir ce dont Juan Branco accuse la police française pour émettre quelques réserves quant à la démarche. Est-ce bien la paix civile ou son autopromotion qui suscite son intérêt professionnel ? Reste que cette situation fortement perturbatrice n’est pas neutre pour la France, le Sénégal étant un pays allié au potentiel encore largement inexploité, notamment dans le domaine des hydrocarbures où de nombreux gisements ont été découverts et n’attendent que d’être exploités. Depuis son élection en 2012, Macky Sall a su préserver son pays du danger islamiste et des coups d’Etat alors que les pays frontaliers sombraient. Au Mali, au Burkina ou en Guinée Conakry, des gouvernements ont été renversés sans que la menace djihadiste ne soit endiguée. Des pays autrefois paisibles comme le Bénin ou le Togo assistent aussi à une progression du salafisme politique. Le Sénégal est-il toujours à l’abri ? En 2021, menés par l’opposant Sonko qui venait de voir son immunité parlementaire levée pour une affaire de droit commun, des manifestants avaient pillé et dévalisé 14 magasins Auchan censés représenter les intérêts français… Le fait que Macky Sall renonce à se représenter pourrait suffire à faire revenir la paix civile dans un pays tiraillé par les divisions sociales. Est-ce de nature à pérenniser la démocratie sénégalaise ? Il faut le croire et l’espérer. Pour eux comme pour nous. Car les vautours continuent de planer. Tariq Ramadan s’est ainsi déjà positionné dans un long tweet démontrant que les Frères Musulmans rodent autour du Sénégal : « Macky Sall vient d’annoncer qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat. Les partisans du respect de la Constitution et de la transparence démocratique peuvent se réjouir. Pourtant, rien n’est joué. Les dernières manœuvres politiciennes montrent que l’avenir du Sénégal se joue derrière la scène, et pas uniquement au Sénégal. La vigilance s’impose, car ce qui vient pourrait être pire que ce qui a été évité. Il appartient au peuple sénégalais de ne pas verser dans la naïveté en se souvenant de l’Histoire : combien de fois a-t-on trompé les peuples en leur faisant croire à un avenir radieux, puisqu’on les avait débarrassés d’un mal… pour leur préparer de sombres lendemains ? Les semaines et les mois prochains seront décisifs ». Décisifs, c’est bien le mot.

Nahel: la valse à contretemps d’Emmanuel Macron

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Emmanuel Macron réunit les maires à l'Elysée, suite aux évènements insurrectionnels survenus dans les banlieues séparatistes après la mort d'un jeune à Nanterre, 4 juillet 2023 © Blondet Eliot /Pool/SIPA

Culture de l’excuse. « Je me constitue partie civile pour que justice soit rendue pour Nahel, et pour dire que je suis vivant », déclare à l’AFP Hicham Hammouti, 42 ans, ancien taulard et père absent de l’adolescent mort à Nanterre. Analysant les récents propos du président Macron, Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, et Thibault Perrin, haut fonctionnaire, observent que les réseaux sociaux, les jeux vidéo ou la démission des parents n’expliquent évidemment pas à eux seuls de telles émeutes.


Nos quartiers brûlent, mais Emmanuel Macron regarde ailleurs : le voilà soudain préoccupé d’éducation parentale. Dans le contexte d’émeutes et d’attaques d’élus comme notre pays n’en avait pas connus depuis des générations, le président de la République a ponctué sa première prise de parole d’un appel à la responsabilité « des parents » avant d’incriminer les jeux vidéo et les réseaux sociaux.

Ce n’est pas le Mouvement Conservateur qui contestera l’immense faillite éducative que démontrent ces événements. Les Conservateurs défendent le droit, mais aussi le devoir, de tous les parents d’éduquer leur enfant de manière à ce qu’ils apportent à la société leur conscience et leur comportement d’adultes responsables, civilisés et respectueux des personnes, des lois et du bien commun.

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Nous avons sous les yeux le spectacle du déferlement de ces hordes barbares qui ne respectent rien : ni les biens, ni le travail d’autrui, ni les représentants de la loi, ni même les plus innocents citoyens – tel le Père Francis Palle, prêtre de 80 ans laissé par ces nouveaux brigands dans un état critique à Saint-Etienne. De toute évidence, c’est bien à une jeunesse déculturée, décivilisée, bien loin du minimum requis de l’éducation française, que nous avons affaire.

Psychologie des foules

Les jeux vidéo ? La passion revendiquée du jeune Nahel pour l’ultraviolent GTA a pu influencer sa conduite le matin du drame. Mais, trois jours après cette course-poursuite, l’heure n’était plus à s’interroger sur les jeux. Car ce n’est plus le drame individuel qui était en cause, mais un mouvement de foules qui a dépassé son fait générateur. La dénonciation des réseaux sociaux a aussi sa part de vérité. Y aurait-il eu de telles émeutes, une telle compétition dans les incendies sans Snapchat et sans TikTok ?

Marseille, 30 juin 2023 © SENER YILMAZ ASLAN/SIPA

Mais ces réseaux à eux-seuls n’expliquent pas les émeutes et les pillages. Le manque d’éducation est une calamité, mais lui non plus n’explique pas tout. A-t-on vu des déchaînements pareils dans les communes rurales, d’où l’Éducation nationale a pourtant fondu comme neige au soleil ? Pour en venir à un tel relâchement de violence, à la jouissance de brûler, de maltraiter et de voler, il faut d’autres motivations. Les casseurs n’ont pas péché par manque de morale : le sujet moral n’est manifestement pas à l’ordre du jour de leur agitation. De toute évidence, ils n’ont cure de se comporter en personnes bien éduquées, et leur parler ce langage, c’est avoir quelque chose du Monsieur Prudhomme d’Henry Monnier, s’adressant du haut de ses certitudes conformistes à une Histoire qui s’écrit sans lui.

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Même s’il y a de la « psychologie des foules » dans ces déchaînements, il existe, comme dans tout acte humain, un fond de rationnel. Lequel ? Pour le comprendre, il faut recourir à une notion que notre modernité a rejetée de toutes ses forces, pour lui préférer la paix, l’accueil et la diversité : les émeutiers sont tout simplement dans une logique de prise de possession. Il s’agit d’une conquête. « La terre n’appartient qu’aux hommes. L’oisif ira loger ailleurs » chante l’Internationale. Les agitateurs des cités ont bien retenu la leçon, mais ils ont remplacé « l’oisif » par l’autochtone et pratiquent la politique de la terre brûlée et celle de la terreur : touchez à un seul cheveu des nôtres, même par accident ou par bavure, et nous déchaînerons des hordes que vous ne pourrez ni arrêter, ni responsabiliser, ni moraliser ; au regard de vos propres principes, pacifiques et intégrateurs, vous devrez vous coucher.

Dire les mots

Au XXe siècle, la notion de conquête a été bannie de notre univers mental. Si nous y avons renoncé, ce n’est pas le cas de tous les peuples de la terre. La gauche, qui a fait sa spécialité d’instrumentaliser les damnés de la terre, n’a pas renoncé à voir dans les ressortissants des anciennes colonies, habitants des « quartiers populaires », d’éternels mineurs à aider. Le mot « jeune », employé pour parler des banlieues – même quand les deux tiers des émeutiers sont en fait des adultes légaux – trahit cette manipulation. Le « jeune de banlieue » est confiné dans une espèce de minorité perpétuelle. Tout se passe comme s’ils étaient les enfants dont la gauche a besoin pour légitimer son continuel besoin de s’exprimer – et de dépenser – pour les autres.

Non, pour l’essentiel, les émeutiers ne sont pas des « jeunes » mais des adultes. La question que les émeutes de 2023 posent à la société française n’est pas celle de l’autorité parentale, mais bien celle du sens que nous donnons à la communauté nationale. Devons-nous gober naïvement que les émeutiers qui brûlent des mairies, des bibliothèques et des écoles, ou qui piétinent le drapeau français, ont le sentiment d’en faire partie ? Ou qu’ils sentiront subitement un cœur de Français battre dans leur sein, parce qu’on leur aura promis de nouveaux fonds de politique de la ville, de nouvelles aides sociales ou une sécurité désarmée pour pratiquer les trafics en paix ? Comment le pourraient-ils ? Puisque nous parlons d’éducation, il faut « dire les mots ». Depuis des décennies, nous laissons prospérer dans les « quartiers » – qui maillent tout le territoire, par la magie de la loi SRU – les « nique la France », « nique ta race », « ta grand-mère la pute », « mange tes morts », « gros porc de blanc », « nique la police » et tous les mots d’ordre entendus dans les vidéos des exactions de cet été 2023. Tout au plus, les outrances les plus graves prononcées par un ou deux rappeurs médiatiques sont sanctionnées par les tribunaux, au prix de longues procédures. Mais pour l’essentiel, ces insultes quotidiennes à la France et au peuple français sont tolérées, et même passées dans les mœurs. Dans les écoles, les enfants qui s’identifient « blancs » ou « Français » sont publiquement tournés en dérision. Ils finissent par s’appeler eux-mêmes « Babtou », en verlan africain dans le texte.

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Ce que traduisent les émeutes de 2023, c’est qu’il n’y a plus une seule France en France, mais qu’il y a un front de communautés qui prétendent rabaisser et dominer la communauté française. C’est cela qu’il faut traiter en priorité, avant de mener une introspection morale sur la qualité de l’autorité parentale. De toute évidence, des communautés qui rejettent la France ne sont pas prêtes à accepter des leçons de sa part en matière d’éducation, et il y a de multiples raisons à cela. Emmanuel Macron est donc à contretemps. On aurait aimé qu’il nous parle de responsabilité éducative en temps de paix ; et qu’à l’heure des troubles, il se comporte en chef – et en père – intraitable de la nation française. Car dans la situation, il n’existe qu’une solution : regarder en face la question de l’excès d’immigration, stopper les flux ; ne plus tolérer le moindre manquement à la loi française ; renvoyer les délinquants étrangers et binationaux dans leur pays d’origine. Réduire la fracture par une assimilation d’autorité. L’autorité du père élu de la nation. Encore faut-il savoir ce qu’est l’autorité d’un père.

Et, soudain, cette honte d’être Français…

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Le journaliste Ivan Rioufol est à retrouver chaque mois dans le magazine "Causeur". Photo : Hannah Assouline.

Les émeutiers ont gagné la partie : ils ont réussi, aux yeux du monde, à humilier la France. 


La honte d’être Français est un sentiment qui m’atteint. Se laissent voir, en effet, un pays fragile et un pouvoir désarmé, sécuritairement et idéologiquement. Une minorité de barbares a pu tétaniser ce qui fut une puissance mondiale respectée et admirée : quelques milliers de pilleurs et de casseurs, dont un tiers de mineurs téléguidés par leurs aînés, ont eu raison, en une semaine, de 43 000 policiers et gendarmes aguerris. 

Si les émeutiers semblent avoir suspendu, ces deux derniers jours, razzias et intifadas, ce n’est pas par une soumission à la République et à ses discours de creuse fermeté. De l’aveu de policiers, les enragés ont d’abord obéi aux injonctions des mafias de la drogue et des cartels, qui ne peuvent commercer dans le tumulte. Ce sont les dealers qui ont interdit aux incendiaires d’user des armes de guerre qui emplissent des caves dans des cités « sensibles ». Les autorités religieuses musulmanes françaises ont également eu un rôle, qui reste à évaluer, dans les appels au calme. Reste que des pays étrangers se sont aussi permis de s’immiscer dans la déliquescence d’un pays ouvert : l’Algérie, l’Iran, la Turquie ont critiqué le sort que la France « institutionnellement raciste » (Erdogan) réserverait aux musulmans. Une accusation reprise par la presse américaine et soutenue, en France, par l’extrême gauche et la gauche perdue.

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Les émeutiers ont également gagné en enracinant, face aux belles âmes pusillanimes, la peur et la culpabilisation. Les accusations en racisme font le bonheur des islamo-gauchistes : Jean-Luc Mélenchon en tête, ils ont vendu leur âme à la contre-société islamisée qui les méprise. LFI a pris la relève des barbares en accusant la police républicaine de « racisme systémique ». Mardi, Libération a titré en une : « Que faire de la police ? » dans une inversion des rôles qui victimise a priori la « diversité » confrontée à une « impunité policière ». Mais, alors qu’Elisabeth Borne a enjoint mardi aux députés LFI de « regarder les réalités en face », le gouvernement persiste dans l’aveuglement sur les causes du désastre. Quand Gérald Darmanin déclare, mardi, que seuls 10% des 4000 interpellations sont des étrangers, il balaie le rôle joué par l’immigration de peuplement et ses échecs répercutés sur les autres générations. François Hollande est dans la même occultation quand il estime, le 2 juillet, parlant des émeutiers : « Ce n’est pas un problème d’immigration puisque ce sont des enfants de 3 ème, 4 ème, 5 ème générations ». L’endormissement n’épargne pas la droite. « On a eu tort de ne pas plus investir dans les banlieues », a estimé, mardi sur BFMTV, Vincent Jeanbrun, le maire (PR) de l’Haÿ-Les-Roses dont la famille a été victime d’une tentative d’assassinat par des insurgés. 

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Payer encore pour les cités en rupture avec la République ? Cette autre victoire octroyée aux ennemis de la France, en guise de contrition, serait impardonnable.


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Le mythe de la misère systémique dans laquelle un État supposé raciste maintiendrait volontairement une population d’origine immigrée doit cesser

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Saccage d'une boutique dans le centre-ville de Bordeaux, le 30 juin 2023. © UGO AMEZ/SIPA

Descendant du Maréchal Murat, le prince Joachim, 50 ans, est un bonapartiste assumé. Ancien conseiller au ministère du Commerce extérieur de la France, il analyse les récents événements qui ont secoué la France. Il faut selon lui un gouvernement dont la seule vraie préoccupation ne soit plus sa réputation auprès des grands inquisiteurs du progressisme et de la « justice sociale » aux États-Unis, en Europe et en France.


Causeur. La France a récemment vécu six jours d’émeutes intenses sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin à la suite de la mort du jeune Nahel. Pensez-vous que ces évènements sont le symbole de la révolte d’une jeunesse désœuvrée ou d’une guerre ouverte contre les institutions républicaines de la part de générations issues de l’immigration et qui refusent de s’assimiler ?

Prince Joachim Murat. Je tiens d’abord à rendre hommage au courage et à la mémoire du Caporal-Chef Damelincourt, sapeur-pompier mort dans l’exercice héroïque de sa mission le lundi 3 juillet.
Pour répondre à votre question, comme citoyen de ce pays auquel ma famille est profondément attachée, je ne peux absolument pas souscrire à l’image vendue d’une jeunesse désœuvrée, ni à celle de ces délinquants que certains dépeignent en figures romantiques et sympathiques, qui seraient les victimes d’une société blanche bourgeoise et raciste qui craindrait d’être remise en question par tous ces petits Mozart en devenir dont on briderait la créativité naturelle. Elle a été fabriquée de toutes pièces depuis des décennies par une gauche en quête d’un nouvel électorat. Soutenue par une grande partie des médias qui ont pu capitaliser de l’audience sur la promotion d’un rap agressif. La situation est incontestablement plus sordide : il s’agit de jeunes hommes majoritairement adultes, qui ne se reconnaissent pas dans les valeurs de la République, qui refusent toute intégration et qui se sont déscolarisés pour intégrer les réseaux de stupéfiants. Ces émeutes n’ont certainement pas été la manifestation héroïque d’une jeunesse à l’avant-garde du combat pour la juste émancipation du peuple contre une société accusée de xénophobie, qui serait ultra capitaliste, patriarcale, homophobe et « écocide ». C’est le déchaînement de violence de hordes de brutes qui débrident leurs pulsions les plus basiques. Ils le font d’autant plus librement qu’on les y encourage depuis des années à travers des discours biaisés de notre Histoire, parfois relayés par des élus quand ce n’est pas le plus haut sommet de l’État dans ses discours ou les médias, voire par des présentations manichéennes de notre roman national sans la moindre recontextualisation. 
Depuis les émeutes de 2005, cette minorité s’est tout de même largement accrue et s’est étendue à l’ensemble du territoire métropolitain et d’Outre-Mer. Il ne s’agit plus d’émeutes, il s’agit de guérillas urbaines à l’échelle nationale. Les vidéos que l’on a pu voir sur les réseaux sociaux parlent d’elles-mêmes. C’est une situation sans précédent que notre pays a vécue ces derniers jours.

Depuis des décennies, le gouvernement a déversé des millions d’euros dans les quartiers populaires et nous a vendu le « vivre-ensemble » comme symbole de paix sociale. Peut-on considérer que cela est un échec aujourd’hui et qu’il est urgent d’en tirer les conséquences ? Quelles sont les racines profondes de ces émeutes selon vous ?

C’est incontestablement un échec. C’est bien sûr le fruit de 40 ans de lâcheté et de démissions politiques de tous bords et à tous les échelons. La culture du « pas de vague » élevée au rang de valeur républicaine. Cet humanisme de préau d’école entretenu par une « intelligentsia » de gauche, du show business, d’une partie des médias et des politiques devenus carburant de la haine d’un mouvement insurrectionnel et sécessionniste. La mort de Samuel Paty comme le délitement actuel de notre tissu social dans une violence sans précédent devraient peser sur la conscience de ces belles âmes adeptes du « pas de vague ».
Il faut rappeler que ce sont près de 100 milliards d’euros qui ont été versés dans les banlieues depuis autant d’années, parfois uniquement pour acheter la paix sociale, laissant ainsi la voie libre à des bandes criminelles qui organisent leur racket et leurs deals de drogue en toute impunité, parfois en les octroyant à des associations plus que controversées dont les médias se sont fait les choux gras à de nombreuses reprises. Il est donc aberrant que certains osent encore affirmer que la République a abandonné ces territoires. Ils ont toujours bénéficié de services publics, écoles, hôpitaux, médecins, médiathèques, théâtres, salles de sport, bibliothèques, transports publiques, piscines, etc. Services dont nos populations vivant en milieu rural sont, elles, souvent privées à titre de comparaison. On oublie souvent de dire, pourtant, qu’il y a proportionnellement autant de diplômés d’universités dans les populations issus des quartiers dit « sensibles » qu’à l’échelle nationale. Le mythe de la misère systémique dans laquelle un État supposé raciste maintiendrait volontairement une population d’origine immigrée doit cesser. C’est entièrement faux. Tout comme ce serait une erreur de faire des généralités. Les actions déplorables de ces voyous ne sont pas non plus représentatives de l’essentielle de la population française d’origine immigrée dont une partie aspire aux mêmes ambitions de vie et de paix que tout citoyen de notre République. Faire de ces voyous une figure romantique amalgamée à l’ensemble des immigrés de France, c’est du stéroïde à préjugés injecté par la gauche depuis trop longtemps. 

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Pillages de magasins, destructions de biens publics, mairies incendiées, écoles et bibliothèques détruites, drapeaux tricolores brûlés en signe de défiance, élus menacés physiquement : c’est le cœur même de notre République qui est outrageusement attaqué par des groupes organisés, parfois armés. Le président Emmanuel Macron a évoqué l’influence des jeux vidéo, dénoncé l’influence des réseaux sociaux pour expliquer la violence et l’organisation des émeutiers, invité les parents à assumer leur responsabilité. Souscrivez-vous à ce discours ?

C’est d’une affligeante légèreté de penser que cette situation est due aux seuls jeux vidéo et aux démissions parentales. Le développement d’une économie parallèle alimentée par la consommation délirante de drogues dans notre pays (au premier rang desquelles la cocaïne avec les bénéfices astronomiques qu’elle génère) a favorisé le développement de milliers de bandes criminelles très bien équipées disposant de ressources financières suffisamment importantes pour recruter de véritables petites armées. Vous arrosez tout ça avec de la victimisation, du laxisme dans la réponse pénale et du clivage identitaire anti-France distillé sur les réseaux sociaux et vous avez la formule parfaite pour un incendie. Ce sont aussi les petits soldats de ces armées sans nom qui ont provoqué la mort du Caporal-Chef Damelincourt [1], qui lynchent nos concitoyens, attaquent femmes et enfants, qui tirent à balles réelles sur la police, en envoient des centaines à l’hôpital chaque année, détruisent nos bâtiments et nos services publics en ce moment même.

Plusieurs députés de la NUPES ont refusé d’appeler au calme, laissant suggérer qu’ils cautionnaient les émeutes. Considérez-vous que ce mouvement hétéroclite, composé de partis de la gauche et d’extrême-gauche, trahit l’esprit de la nation française et répond uniquement à un agenda politique prévoyant une prise du pouvoir par le chaos ?

Concernant les propos affligeants tenus et répétés par Jean-Luc Mélenchon et plusieurs élus de la France Insoumise mais également d’Europe Ecologie les Verts, on peut effectivement se demander s’ils ne constituent pas un appel à la violence, sur lequel la justice devrait alors se prononcer. Mais l’heure n’est pas encore aux leçons et conséquences de moyen terme. Pour le moment, l’urgence absolue est de rétablir et pérenniser l’ordre et la sûreté générale sur l’ensemble du territoire français. Le rôle premier de tout État est de garantir la sécurité de ses citoyens. Ce, par les moyens les plus énergiques possibles. L’argument du risque de l’escalade en cas de mort chez les émeutiers n’est plus audible. On nous le ressort à chaque fois et à chaque fois les agressions et les pillages continuent. L’impunité de la délinquance de voie publique, des casseurs et des petits dealers reposent sur cet argument. Il est l’instrument ultime de justification de la pusillanimité du pouvoir. 

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En dépit des appels d’une partie de la classe politique, majoritairement de droite et d’extrême droite, le gouvernement du Premier ministre Elisabeth Borne hésite à proclamer l’état d’urgence. Pensez-vous que celle-ci est nécessaire à ce stade de la situation ?

Il aurait été judicieux de faire activer l’article 16 de la constitution donnant les pleins pouvoirs au président afin qu’il utilise tous les moyens à sa disposition (et ils sont importants) pour permettre le rétablissement de l’ordre et l’application réelle de sanctions exemplaires contre les émeutiers dès le départ et l’ensemble de leurs complices (ceux qui les ont encouragés comme ceux qui ont diffusé les adresses de policiers, de pompiers, d’élus) pour que la paix soit durablement rétablie.

D’après vous, quels sont les remèdes politiques nécessaires à cette crise qui risque de se renouveler à court terme ?

Il faut une reprise en main complète et durable. Il faut permettre à la police et à la chaîne pénale de fonctionner efficacement. Un cadre clair de l’usage des armes pour les forces de l’ordre, des sanctions sans aménagement de peines, des moyens à la Justice (notamment pour renforcer les greffiers) et la construction de prisons. Cela me semble être l’élément le plus fondamental. Il faut mettre à bas la puissance des trafiquants de drogue dont on voit bien l’influence puisqu’ils semblent avoir rappelé « les troupes à rentrer dans les casernes ». Ou peut-être, est-ce une simple trêve pour écouler le butin avant de reprendre le pillage le soir du 14 juillet ? 
Il faut regarder la réalité en face et oser prendre les mesures qui s’imposent. Pour commencer, il faut mettre fin au règne de l’intimidation de ces idéologues et censeurs, arbitres autoproclamés distribuant les certificats de bonne conduite morale. Il faut mettre fin à la culture de l’excuse pour en finir avec le sentiment d’impunité de ces délinquants qui n’hésitent même plus à se filmer à visage découvert, hilares devant une personne lynchée à terre ou devant un incendie. Un délinquant est un délinquant, quelle que soit son origine. Cela s’appelle l’égalité devant la loi, c’est le fondement de notre nation.
Toutes ces solutions sont connues, efficaces et parfaitement légales. Il faut pouvoir les proposer sereinement sans allumer le bûcher médiatique, la course à l’anathème et l’hystérie inquisitoriale. Elles concernent le contrôle de l’immigration, l’attribution de la nationalité, l’attribution des aides sociales, la présomption de légitime défense, la majorité pénale. Il faut également s’attaquer fermement aux financements étrangers et aux ingérences étrangères alimentant l’entrisme islamiste dans toutes les instances éducatives et administratives. Pour cela, il faut un gouvernement dont la seule vraie préoccupation n’est pas sa réputation auprès des grands inquisiteurs du progressisme et de la « justice sociale » aux États-Unis, en Europe et en France. La possibilité d’une sortie de la CEDH et d’une option de sortie de l’UE sur les sujets d’immigration et de sécurité intérieure doivent être assumées.
Bien sûr, des accompagnements socio-éducatifs et des aides à l’insertion professionnelle de long terme sont nécessaires, ils sont déjà très nombreux. Ici, encourager la mobilisation des parents et inverser le discours politique et médiatique peut tout changer. 

Vous êtes le descendant du maréchal Murat, cavalier émérite et personnage indissociable de l’histoire du Premier Empire qui compte encore de nombreux nostalgiques et passionnés. D’après vous, comment votre ancêtre aurait-il géré cette situation s’il avait été au gouvernement ?

Murat, comme roi de Naples, avait éradiqué le banditisme en Calabre. Sa réussite tient à sa méthode : répression implacable de la criminalité accompagnée de l’ouverture d’écoles gratuites pour les enfants de bandits et la création d’emplois, par la relocalisation de manufactures, pour les femmes, les sœurs et les mères de ces mêmes bandits. Les emplois pour la famille ou même les subventions ainsi que les écoles gratuites existent déjà en France. Ne manque que le volet répressif efficace.
Je conclurai en rappelant la parole de l’Empereur Napoléon III : « Il est temps que les bons se rassurent et que les méchants tremblent ».


[1]L’homme est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Saint-Denis alors qu’il intervenait sur un feu de voitures dont on ignore encore les circonstances exactes NDLR.

Une société addictogène

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Michel Gandilhon. © Hannah Assouline

L’État semble impuissant à enrayer le boom de la consommation de drogues en France. Selon Michel Gandilhon, face à l’implantation de cartels de plus en plus puissants à travers le pays, la légalisation du cannabis n’est pas la panacée.


* Michel Gandilhon est expert associé au département sécurité défense du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), membre du conseil d’orientation scientifique de l’ObsCI (Observatoire des criminalités internationales) et auteur d’un ouvrage consacré au trafic de drogue en France : Drugstore : drogues illicites et trafics en France (Le Cerf, 2023).


Causeur. Dans votre ouvrage, Drugstore, vous constatez une véritable explosion du marché des drogues en France. De quoi s’agit-il exactement ?

Michel Gandilhon. En effet, en une trentaine d’années, le marché français des drogues illicites s’est beaucoup développé. Avec près de 5 millions de consommateurs dans l’année de cannabis, le marché hexagonal est le premier en Europe ! Plus confidentiels, les usages de drogues comme l’ecstasy et la cocaïne ont crû également de manière spectaculaire depuis 2000 et concernent aujourd’hui des centaines de milliers de consommateurs tous les ans. Quant à l’héroïne, sa consommation persiste notamment dans la France périphérique.


Comment peut-on expliquer ce phénomène ?

Il s’agit essentiellement de facteurs anthropologiques liés aux évolutions d’une société qui exige de plus en plus des individus, et qui valorise la performance et la réactivité même dans la sphère des loisirs. D’où l’engouement pour la cocaïne, ce stimulant si parfaitement en phase avec notre époque. Certains évoquent une société addictogène…

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Le ministre de l’Intérieur se félicite de saisies records. On imagine qu’il s’agit d’une goutte dans l’océan. Le trafic de drogue est-il donc devenu incontrôlable ?

Le monde sans drogues promis par les Nations unies il y a plus de vingt ans s’éloigne. L’offre internationale a explosé ces dernières années, notamment celles d’opium et d’héroïne en Afghanistan et surtout de cocaïne en Colombie où la production n’a jamais été aussi élevée. L’Union européenne n’est pas en reste : les Pays-Bas et la Belgique sont parmi les plus gros producteurs d’ecstasy au monde, tandis que l’Espagne se met à la production de cocaïne. Dans ce contexte, même si en France, en 2022 les saisies de cannabis, de cocaïne et d’héroïne ont atteint le plus haut niveau jamais constaté, ces confiscations n’ont qu’un impact très réduit sur le dynamisme de l’offre. Les prix de détail sont en baisse et les teneurs en principe actifs en hausse, tandis que le développement des livraisons à domicile renforce l’accessibilité des drogues. Le crime organisé a parfaitement négocié le tournant de la globalisation et du libre-échangisme.

Dans certains pays, les gouvernements et les législateurs tentent de remplacer l’interdiction et la répression par la légalisation et le contrôle. Quelles leçons tirez-vous de ces initiatives ?

Effectivement, certains pensent que la légalisation des drogues, et notamment du cannabis, permettrait d’affaiblir le crime organisé et de protéger les consommateurs des produits frelatés. Aux États-Unis, par exemple, depuis 2012, près d’une vingtaine d’États l’ont légalisé à des fins récréatives. Or, au Colorado, un des premiers à l’avoir fait, les résultats ne sont pas probants. Le marché est pris en main par des entreprises dont la vocation naturelle est de faire un maximum de profits. Ainsi, elles mettent notamment en vente des produits très fortement concentrés en THC (le principe actif du cannabis), dont les effets sur la santé des adolescents commencent à inquiéter les autorités sanitaires. Par ailleurs, on a vu les méthodes de Big Pharma, qui ont été à l’origine de la crise des opioïdes, qui a tué depuis vingt ans plus de 650 000 Américains, il est à craindre que celles du « Big Canna » qui est en train de se constituer ne soient guère meilleures… Quant au crime organisé, il continue, selon les estimations de pourvoir aux besoins de 30 % du marché du cannabis, tout en développant le commerce d’autres substances comme le fentanyl ou la cocaïne.

Les règlements de comptes entre bandes de trafiquants marseillais sont devenus banals. Cependant, le trafic n’est pas l’apanage de Marseille. Quelles autres villes sont les plus concernées par le trafic de drogue en France ?

De Rennes à Marseille, de Chambéry à Cavaillon, de Valence à Avignon, des métropoles aux villes moyennes en passant par les campagnes, le trafic de drogue innerve une grande partie du territoire. Il y avait, selon le ministère de l’Intérieur, en 2021 près de 4 000 points de deal en France. La seule ville de Marseille en compterait actuellement 127, pilotés par des « bourgeois du trafic » installés en Espagne, au Maroc, à Dubaï. Sur place, l’espace public est occupé par des guetteurs, des revendeurs. En dix ans, les armes qui circulent ont tué près de 300 personnes.

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Nous vivons avec ces phénomènes depuis de décennies. En quoi les évolutions que vous décrivez changent-elles la donne ?

Les proportions prises par ce phénomène posent pour l’État des problèmes d’ordre stratégique : perte du monopole de la violence sur certains territoires, corruption des pouvoirs locaux par l’argent sale, « archipellisation » de la société, comme en témoigne par exemple la prolifération des résidences fermées (gated communities) à Marseille. Et ces problèmes s’aggravent d’année en année. Certains policiers évoquent une « mexicanisation » de la ville. Si cette qualification est sans doute exagérée, un rapport du Sénat s’est tout de même inquiété récemment du devenir « narco-État » de notre République une et indivisible. Une consolation ? Les Pays-Bas, la Belgique et même la Suède commencent, eux aussi, à s’alarmer du poids critique acquis par le crime organisé et des menaces qu’il représente pour nos démocraties fatiguées.

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