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C’est la belle nuit de Nahel…

Émeutes: la France en ruine


C’est la belle nuit de Nahel…
Nanterre, 29 juin 2023 © Aurelien Morissard/AP/SIPA

Lors de la troisième nuit d’émeutes suivant la mort de Nahel, et après une « marche blanche » qui n’appelait pas au calme, les violences des racailles de banlieue ont atteint un niveau inquiétant et inédit. 667 personnes ont été interpellées et les forces de l’ordre dénombrent 249 blessés dans leurs rangs. Cette jeunesse déculturée s’adonne au riotporn sur les réseaux sociaux et semble irraisonnable. Une note des Renseignements territoriaux, dévoilée par les journalistes de Mediapart, alerte sur l’influence délétère de l’ultra-gauche, des influenceurs islamistes, d’Omar Sy et de Killian Mbappé. Analyse et vidéos.


Nahel. Un prénom qui restera. Comme Théo, Zyed et Bouna, ou Adama. Un prénom qui rimera avec émeutes, banlieues, rap, grosses cylindrées, feux d’artifice, Nanterre. Mais l’histoire de Nahel, désormais disparu, le dépasse. De son vivant, Nahel fut un adolescent emblématique de la dégradation constante de ces quartiers qu’on désigne pudiquement comme « populaires ». Avant même d’atteindre sa majorité, le Nanterrien avait déjà accumulé douze interpellations pour des délits divers, son nom étant rattaché à pas moins de quatre refus d’obtempérer… Son dernier refus d’obtempérer avant de décéder remontait d’ailleurs au… 24 juin. Déjà client de la justice, Nahel n’était pas une graine de criminel mais une jeune pousse vigoureuse, éventuellement prête à entrer de plain-pied dans l’âge adulte par les cases trafic de drogue et prison. Il est aujourd’hui le prétexte idéal pour un déchainement de violence aveugle. Ceux qui répandent cette violence n’ont souvent pas de pères pour les éduquer et il n’y a pas d’État pour les punir.

Des voyous calibrés en voitures de sports

Les refus d’obtempérer « avec risque de mort et blessure » étaient au nombre de 5 247 en 2021, ce qui représentait une hausse de 88 % en dix ans. La mode des rodéos urbains l’explique notamment, ainsi que la violence de plus en plus incontrôlable des jeunes de banlieue, qui ne respectent plus aucune autorité supérieure autre que leur N+1 dans le business. Pourtant, peu d’entre ceux qui ont pris le risque inconsidéré d’échapper à la police en fuyant à bord d’une voiture surpuissante ont trouvé la mort. Ils n’étaient ainsi que 13 à avoir connu ce funeste destin en 2022. Moins politisée que ses devancières biberonnées à NTM et I Am, la nouvelle génération des quartiers aime la vitesse et la « moula » qu’elle gagne en vendant de la drogue via Telegram, véritable Amazon des business illégaux.

Y a-t-il eu bavure lors de l’interpellation de Nahel ? Peut-être. Le risque existe malheureusement, surtout quand la police sait qu’elle fait face constamment à des personnes qui ne reculent devant rien, parfois « calibrées » souvent « équipées ». La Justice réclamée par Omar Sy et Kylian M’Bappé, auteurs de tweets grandiloquents destinés à plaire à leurs publics respectifs, ne se rend toutefois pas dans la rue ou au pied d’une tour : elle se rend dans les tribunaux. Quand les « quartiers » s’enflamment en criant qu’ils veulent « justice » pour Nahel ou Adama, ils disent en réalité vouloir rendre eux-mêmes leur justice communautaire, allant dans certains cas jusqu’à contester les rapports d’enquêtes et les décisions des tribunaux quand elles ne vont pas dans leur sens.

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La société française n’est plus en train de se fracturer. Elle est déjà atomisée. Ce ne sont pas deux peuples qui s’affrontent, mais des dizaines mus par des intérêts sociologiques, ethniques ou économiques bien différents. Au milieu de ce marasme, les garçons des « banlieues » se regroupent en bandes, vivant dans la promiscuité des barres d’immeubles et partageant des référentiels communs. Ce sont des Mannerbund postmodernes chevauchant leurs scooters V-Max sur les périphériques des grandes métropoles et dans les rues des villes moyennes. Certains d’entre eux ne quittent jamais vraiment le quartier, le retrouvant même dans les maisons d’arrêt où ils finissent immanquablement enfermés.

Ils tyrannisent leurs voisins qui essayent de s’en sortir, parasitant leur sommeil en faisant vrombir leurs « cross volés » et leurs voitures de location payées en cash pour parader façon clip de rap marseillais. Quand ils ne détruisent pas des écoles, ils mettent un point d’honneur à afficher avec orgueil leurs origines, drapeaux algériens en tête. Le sort des filles qui voisinent ces garçons peut d’ailleurs être terrible, comme l’a encore récemment crûment démontré l’assassinat de la petite Shaïna. Aucune politique de la ville ne changera cet état de fait : depuis 2005, rien n’a changé. En achetant la paix sociale à coups de milliards de politiques publiques et en laissant s’organiser les « fours », la classe politique n’a aucunement amélioré la situation. Elle n’a fait que cacher la poussière sous le tapis.

Une classe politique composée de lâches et d’incendiaires

La représentation nationale a observé une minute de silence après le décès de Nahel. La majorité Renaissance a été trop lâche pour le refuser à l’extrême gauche qui ne cesse de souffler sur les braises. Sans effet, évidemment. Les déclarations irresponsables de la part des députés France Insoumise ne peuvent même pas être recensées de manière exhaustive, tant elles ont été nombreuses. Ainsi d’Alma Dufour qui, commentant, la litanie de bâtiments incendiés et de violences des deux dernières soirées a fait observer qu’ « il ne se passe jamais rien sans ce rapport de force. La fin justifie les moyens ». De fait, elle a raison. Seuls ceux qui font preuve de violence sont entendus dans un pays qui a oublié la force. Eric Coquerel a, de son côté, proposé sur Twitter que soit abrogé le « droit d’utiliser son arme en cas de refus d’obtempérer » entre deux photos prises à la marche blanche en la mémoire de Nahel.

Mieux, Jean-Luc Mélenchon himself y est allé de son petit couplet de révolutionnaire de salon habituel : « Les chiens de garde nous ordonnent d’appeler au calme. Nous appelons à la justice. Retirez l’action judiciaire contre le pauvre Nahel. Suspendez le policier meurtrier et son complice qui lui a ordonné de tirer. Foutez la paix à l’ambulancier. » Son lieutenant David Guiraud a d’ailleurs lui aussi déclaré qu’il n’appellerait pas « au calme », ce qui revient à encourager les émeutiers à poursuivre leurs actions ultraviolentes. Les destructions ont d’ailleurs principalement visé des équipements publics : écoles, hôpitaux, bus, tramways. Mais aussi des immeubles d’habitation et des véhicules individuels. D’autres institutions ont jeté de l’huile sur le feu. Le syndicat de la magistrature a publié un communiqué intitulé « Mort de Nahel: ce n’est pas à la Justice d’éteindre la révolte ». Le ministère algérien des Affaires étrangères nous a jetés à la figure son mépris pervers habituel, demandant à la France de protéger ses ressortissants des « violences policières »… Il n’y a aucun message politique direct dans ces émeutes. Elles sont le fruit de trois phénomènes convergents : l’envie d’adrénaline propre aux jeunes hommes, le phénomène d’émulation dans une bande et la compétition entre quartiers pour savoir lequel est le plus « chaud ». Nous avons toutefois franchi un cap cette fois-ci. Certains émeutiers brandissent des armes lourdes, d’autres font usage de mortiers. Ils détruisent tout sur leur passage, comme les bagaudes barbares de la fin de l’Empire romain. Ils pillent, cassent, vandalisent, rient et jouissent du spectacle.

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La mère de Nahel n’était pas en reste hier après-midi à Nanterre. Toutes dents dehors pour « honorer » la mémoire d’un fils tragiquement décédé qu’elle n’avait manifestement pas su éduquer pour devenir un homme digne de ce nom. On l’a vue à califourchon sur une moto de cross, tenant un fumigène ou entourée de jeunes qui donnaient l’impression de tourner un clip de rap de Fianso. Une mère intelligente et décente aurait eu honte que son fils ait pu se retrouver dans une voiture de luxe à 17 ans sur la bande d’arrêt d’urgence. Elle serait attristée par sa mort et demanderait une enquête, mais elle aurait d’abord présenté des excuses à la société. Elle était toutefois à l’image de la manifestation, dans son élément. Tentatives de brûler le drapeau français ou encore dégradation d’un mémorial de la choah ont ainsi égayé l’évènement.

Pas d’horizon commun

Quel projet de société envisager avec ces gens-là ? Aucun. La seule consolation a été de voir la récupération de l’extrême-gauche échouer. Le maire de Trappes Ali Rabeh ou encore Carlos Bilongo ont été « démarrés » à la manière des « tieks ». Du reste, ce sont les mairies rouges de la ceinture parisienne qui ont subi les plus gros assauts. C’est bien mérité. Le mouvement s’étend désormais à la France entière, encouragé à durer par le riotporn, les défis lancés sur Telegram, le beau temps et la fin de l’année scolaire. Est-ce un jeu ? Une guerre civile larvée ? C’est tout cela à la fois. C’est notre futur. Et il va bien falloir que le gouvernement de peureux qui nous représente fasse enfin preuve d’autorité. Oui, il risque d’y avoir encore de la casse. Mais l’ordre ne se négocie pas. Ils le doivent à toutes les victimes de cette sauvagerie qui n’ont jamais eu droit au moindre accès de colère.




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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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