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Nahel: la valse à contretemps d’Emmanuel Macron

Une tribune libre de Laurence Trochu et Thibault Perrin


Nahel: la valse à contretemps d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron réunit les maires à l'Elysée, suite aux évènements insurrectionnels survenus dans les banlieues séparatistes après la mort d'un jeune à Nanterre, 4 juillet 2023 © Blondet Eliot /Pool/SIPA

Culture de l’excuse. « Je me constitue partie civile pour que justice soit rendue pour Nahel, et pour dire que je suis vivant », déclare à l’AFP Hicham Hammouti, 42 ans, ancien taulard et père absent de l’adolescent mort à Nanterre. Analysant les récents propos du président Macron, Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur, et Thibault Perrin, haut fonctionnaire, observent que les réseaux sociaux, les jeux vidéo ou la démission des parents n’expliquent évidemment pas à eux seuls de telles émeutes.


Nos quartiers brûlent, mais Emmanuel Macron regarde ailleurs : le voilà soudain préoccupé d’éducation parentale. Dans le contexte d’émeutes et d’attaques d’élus comme notre pays n’en avait pas connus depuis des générations, le président de la République a ponctué sa première prise de parole d’un appel à la responsabilité « des parents » avant d’incriminer les jeux vidéo et les réseaux sociaux.

Ce n’est pas le Mouvement Conservateur qui contestera l’immense faillite éducative que démontrent ces événements. Les Conservateurs défendent le droit, mais aussi le devoir, de tous les parents d’éduquer leur enfant de manière à ce qu’ils apportent à la société leur conscience et leur comportement d’adultes responsables, civilisés et respectueux des personnes, des lois et du bien commun.

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Nous avons sous les yeux le spectacle du déferlement de ces hordes barbares qui ne respectent rien : ni les biens, ni le travail d’autrui, ni les représentants de la loi, ni même les plus innocents citoyens – tel le Père Francis Palle, prêtre de 80 ans laissé par ces nouveaux brigands dans un état critique à Saint-Etienne. De toute évidence, c’est bien à une jeunesse déculturée, décivilisée, bien loin du minimum requis de l’éducation française, que nous avons affaire.

Psychologie des foules

Les jeux vidéo ? La passion revendiquée du jeune Nahel pour l’ultraviolent GTA a pu influencer sa conduite le matin du drame. Mais, trois jours après cette course-poursuite, l’heure n’était plus à s’interroger sur les jeux. Car ce n’est plus le drame individuel qui était en cause, mais un mouvement de foules qui a dépassé son fait générateur. La dénonciation des réseaux sociaux a aussi sa part de vérité. Y aurait-il eu de telles émeutes, une telle compétition dans les incendies sans Snapchat et sans TikTok ?

Marseille, 30 juin 2023 © SENER YILMAZ ASLAN/SIPA

Mais ces réseaux à eux-seuls n’expliquent pas les émeutes et les pillages. Le manque d’éducation est une calamité, mais lui non plus n’explique pas tout. A-t-on vu des déchaînements pareils dans les communes rurales, d’où l’Éducation nationale a pourtant fondu comme neige au soleil ? Pour en venir à un tel relâchement de violence, à la jouissance de brûler, de maltraiter et de voler, il faut d’autres motivations. Les casseurs n’ont pas péché par manque de morale : le sujet moral n’est manifestement pas à l’ordre du jour de leur agitation. De toute évidence, ils n’ont cure de se comporter en personnes bien éduquées, et leur parler ce langage, c’est avoir quelque chose du Monsieur Prudhomme d’Henry Monnier, s’adressant du haut de ses certitudes conformistes à une Histoire qui s’écrit sans lui.

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Même s’il y a de la « psychologie des foules » dans ces déchaînements, il existe, comme dans tout acte humain, un fond de rationnel. Lequel ? Pour le comprendre, il faut recourir à une notion que notre modernité a rejetée de toutes ses forces, pour lui préférer la paix, l’accueil et la diversité : les émeutiers sont tout simplement dans une logique de prise de possession. Il s’agit d’une conquête. « La terre n’appartient qu’aux hommes. L’oisif ira loger ailleurs » chante l’Internationale. Les agitateurs des cités ont bien retenu la leçon, mais ils ont remplacé « l’oisif » par l’autochtone et pratiquent la politique de la terre brûlée et celle de la terreur : touchez à un seul cheveu des nôtres, même par accident ou par bavure, et nous déchaînerons des hordes que vous ne pourrez ni arrêter, ni responsabiliser, ni moraliser ; au regard de vos propres principes, pacifiques et intégrateurs, vous devrez vous coucher.

Dire les mots

Au XXe siècle, la notion de conquête a été bannie de notre univers mental. Si nous y avons renoncé, ce n’est pas le cas de tous les peuples de la terre. La gauche, qui a fait sa spécialité d’instrumentaliser les damnés de la terre, n’a pas renoncé à voir dans les ressortissants des anciennes colonies, habitants des « quartiers populaires », d’éternels mineurs à aider. Le mot « jeune », employé pour parler des banlieues – même quand les deux tiers des émeutiers sont en fait des adultes légaux – trahit cette manipulation. Le « jeune de banlieue » est confiné dans une espèce de minorité perpétuelle. Tout se passe comme s’ils étaient les enfants dont la gauche a besoin pour légitimer son continuel besoin de s’exprimer – et de dépenser – pour les autres.

Non, pour l’essentiel, les émeutiers ne sont pas des « jeunes » mais des adultes. La question que les émeutes de 2023 posent à la société française n’est pas celle de l’autorité parentale, mais bien celle du sens que nous donnons à la communauté nationale. Devons-nous gober naïvement que les émeutiers qui brûlent des mairies, des bibliothèques et des écoles, ou qui piétinent le drapeau français, ont le sentiment d’en faire partie ? Ou qu’ils sentiront subitement un cœur de Français battre dans leur sein, parce qu’on leur aura promis de nouveaux fonds de politique de la ville, de nouvelles aides sociales ou une sécurité désarmée pour pratiquer les trafics en paix ? Comment le pourraient-ils ? Puisque nous parlons d’éducation, il faut « dire les mots ». Depuis des décennies, nous laissons prospérer dans les « quartiers » – qui maillent tout le territoire, par la magie de la loi SRU – les « nique la France », « nique ta race », « ta grand-mère la pute », « mange tes morts », « gros porc de blanc », « nique la police » et tous les mots d’ordre entendus dans les vidéos des exactions de cet été 2023. Tout au plus, les outrances les plus graves prononcées par un ou deux rappeurs médiatiques sont sanctionnées par les tribunaux, au prix de longues procédures. Mais pour l’essentiel, ces insultes quotidiennes à la France et au peuple français sont tolérées, et même passées dans les mœurs. Dans les écoles, les enfants qui s’identifient « blancs » ou « Français » sont publiquement tournés en dérision. Ils finissent par s’appeler eux-mêmes « Babtou », en verlan africain dans le texte.

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Ce que traduisent les émeutes de 2023, c’est qu’il n’y a plus une seule France en France, mais qu’il y a un front de communautés qui prétendent rabaisser et dominer la communauté française. C’est cela qu’il faut traiter en priorité, avant de mener une introspection morale sur la qualité de l’autorité parentale. De toute évidence, des communautés qui rejettent la France ne sont pas prêtes à accepter des leçons de sa part en matière d’éducation, et il y a de multiples raisons à cela. Emmanuel Macron est donc à contretemps. On aurait aimé qu’il nous parle de responsabilité éducative en temps de paix ; et qu’à l’heure des troubles, il se comporte en chef – et en père – intraitable de la nation française. Car dans la situation, il n’existe qu’une solution : regarder en face la question de l’excès d’immigration, stopper les flux ; ne plus tolérer le moindre manquement à la loi française ; renvoyer les délinquants étrangers et binationaux dans leur pays d’origine. Réduire la fracture par une assimilation d’autorité. L’autorité du père élu de la nation. Encore faut-il savoir ce qu’est l’autorité d’un père.



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Laurence Trochu est Présidente du Mouvement Conservateur et porte-parole de la campagne d’Eric Zemmour.

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