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Des chiffres et des lettres

Notre gentil et empathique ministre de l’Éducation nous vient de l’École Alsacienne. Les enfants de son prédécesseur y sont scolarisés. La (un peu) moins gentille et (un peu) moins empathique ex-ministre de la Santé y a fait ses classes. Stanislas Guérini, Juan Branco, Thierry Breton, Guillaume Pepy, Benjamin Castaldi, Carlos, Thomas Dutronc, Joyce Jonathan, Izia Higelin, Nathalie Baye aussi. Notre chroniqueuse s’est penchée sur ce dossier scolaire.


Une école d’exception

Créé en 1874 par des « réfugiés » alsaciens protestants, ne trouvant pas sur leur terre d’accueil d’institutions éducatives à leur convenance, cet établissement privé laïque sous contrat d’association avec l’État propose aux mini-Germanopratins un cursus allant de la maternelle (jardin d’enfants dans le texte) à la terminale. Et, sans conteste, pour les enseignants, les parents et bien sûr les élèves, c’est une pépite, un modèle, une exception.  Pas de harcèlement, pas de phobie scolaires. Pas de notes chiffrées jusqu’à la fin du collège, pas de moyenne générale au lycée. Pas de rivalités à la noix. Du sport, de la musique, des beaux-arts. De l’épanouissement personnel. Du plaisir d’apprendre et d’aller à l’école. Des beaux locaux, bien clos. Des professeurs compétents, impliqués, jamais menacés. De l’ordre, de la discipline. De la bienveillance, beaucoup de bienveillance. Tous les parents en rêvent, l’École Alsacienne le fait.

Une sélection qui ne dit pas son nom

Forcément, un tel bonheur n’est pas donné à tout le monde. Tout d’abord, il faut « respecter la carte scolaire » et être du « quartier ». Quartier multiculturel où vivent ensemble et avec beaucoup de tolérance : avocats (de renom), acteurs (engagés), médecins (spécialisés), écrivains (à succès), patrons (plus des grands que des petits) et aussi producteurs, architectes, journalistes, éditeurs, élus du peuple, professeurs d’université. Mixité scolaire donc pour ce petit monde bigarré mais bien installé. Prix moyen du m2 : 15 145 € et jusqu’à 21 860 € selon l’adresse.

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Ensuite, priorité (de fait mais pas revendiquée) aux membres de « la famille ». Ainsi, 67% des 1.800 élèves ont au moins un frère ou une sœur dans la place ; et, pour nombre d’entre eux, les parents 1 et/ou 2 sont d’anciens élèves. Préférence gentiment donnée aux cousins germains plutôt qu’à ceux à la mode de Bretagne ou venant d’encore plus loin. Le plus « normal » est d’être « admis » en petite section de maternelle et de continuer pépère sur sa lancée. Donc, peu d’entrées en cours de route. Malgré tout, deux fenêtres de tirs, l’entrée en sixième et l’entrée en seconde. Mais, dur-dur d’être accepté. À la rentrée 2021, sur 664 candidats, 86 ont été admis au collège. Pour le lycée, 38 finalistes pour 267 dans les starting-blocks. Bien sûr, les impétrants ne sont pas adoubés que sur leurs résultats scolaires ; même si ces derniers sont examinés mais avec bienveillance. La situation des parents quant à elle n’est pas prise en compte. « L’école recrute des élèves, pas des parents ». Pour éviter toute discrimination, tests et entretiens évaluent la curiosité, la sociabilité, l’aisance bref la capacité à devenir Alsacien.

Des tarifs à l’avenant

Forcément, un tel bonheur a un prix. Pour la prestation de base, compter 1 105 € par trimestre. Un peu plus de 360 € par mois, 12€ par jour diraient les vendeurs de voitures. Nettement moins que l’École des Roches, à recrutement worldwide, (18 784 € la demi-pension annuelle, 47 320 € l’internat) fréquentée, elle, par des fils et filles de « vrais » riches (version nabab-e-s).

À rajouter, un voyage obligatoire par an, entre 550 € et 900 €.

La restauration est annoncée à 586 € par trimestre pour 5 repas par semaine et 514 € pour 4 repas, soit environ 10 € par déjeuner (à Paris, la grille tarifaire du public fixe le prix d’un repas entre 0,13 €  et 7 €) mais à l’École Alsacienne, les tarifs « prennent en compte la surveillance et la prise en charge des élèves ». Le halal n’a pas l’air d’être prévu.

Et puis, il y a les ateliers après l’école ; les bambin-e-s ont vraiment le choix : musique de chambre : 298 € le trimestre, initiation à la langue arabe : 142 €, théâtre 172 €, théâtre (encore) « mais autour d’un texte contemporain avec une approche physique et loufoque »  264 €. Pas de tango, on attendra Sciences-Po. Et, pas d’aviation à 4 452 € l’année, comme à l’École des Roches.

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Et, comme « la diversité des élèves constitue une richesse pour l’établissement », celle-ci est (un peu) favorisée. Ainsi, en 2021/2022,10,8 % des élèves de l’Ecole Alsacienne bénéficiaient d’une scolarité un peu ou beaucoup « aidée ». Ils étaient 22% à la rentrée 2023. Les bourses spécifiques peuvent se cumuler avec les bourses nationales. Elles prennent en charge tout ou partie de la scolarité et depuis la rentrée 2023 de la demi-pension.

Beau, bon, bien

Le site de l’école présente des montages réalisés par des élèves. Impeccables. Rien à voir avec les bricolages à la va comme je te pousse d’un prof de techno échevelé. Le lecteur un peu curieux visionnera un ou plusieurs épisodes des  « Adorables », podcast « exclusivement consacré à l’adolescence, préparé et animé par une équipe de lycéens ». Chic et de bon goût.

Des partenariats « favorisent l’ouverture et la mixité en créant, par exemple, des échanges pédagogiques et éducatifs avec des établissements scolaires aux profils différents » : deux écoles primaires du 14ème et trois collèges de banlieue. Ce programme s’appelle Charcot, du nom de l’explorateur Jean-Baptiste Charcot, ancien élève « qui baptisa ses bateaux d’un nom évocateur : les Pourquoi-Pas ? ». Grâce à cette belle initiative, tout baigne. Et, grâce au mécénat et aux dons, « certains » élèves de ces territoires échangeurs peuvent ensuite intégrer l’Ecole. Pour se convaincre de la générosité du projet, il suffit de visionner les témoignages émouvants de quelques « échappé(e)s ». Dans le sens cycliste du terme, bien entendu.

Effet de serre

La culture en serre présente d’immenses avantages. Elle améliore considérablement les rendements ; elle permet de commencer les semis plus tôt et de prolonger les cultures. Elle protège des intempéries, des maladies ravageuses. Mais, elle n’est pas sans inconvénients : son coût d’abord, ensuite la pollution qu’elle génère, et pour finir une pollinisation plus compliquée. Et, tous les bons jardiniers vous le diront : ils ne donnent pas cher d’une plante de serre brutalement transplantée.

Bernadette: La mode est aux biopics… plus ou moins inspirés

Faut-il aller voir Bernadette, de Léa Domenach, qui sort ce 4 octobre? Un film amusant, ou une fable idiote?


Un film de fiction, mais très nourri de la vie de Bernadette Chirac, après tout pourquoi pas ?

La mode est aux biopics plus ou moins inspirés (Simone Veil, Bardot, Tapie, l’abbé Pierre, Florence Arthaud et quelques autres). La réalisatrice ayant choisi la carte de la comédie, au bord de la caricature, on est prié de rire plutôt que de réfléchir. Et puis très vite apparaît le « projet » sous la légèreté revendiquée.

Il s’agit ni plus ni moins de réhabiliter une figure féminine que son statut d’épouse de… aurait forcément dévalorisée, amoindrie, voire ridiculisée. Derrière l’homme célèbre, cherchez la femme, le refrain devient connu. Du coup, tous les hommes présents à l’écran (Chirac, Villepin, Sarkozy et les autres) deviennent d’affreux machos méprisants à l’égard d’une femme seule contre tous. La « vraie » politique ce serait elle, au motif qu’elle aurait été la seule dans l’entourage présidentiel à s’élever contre la dissolution qui conduisit au désastre. Mais fallait-il vraiment beaucoup de flair ?! Reste une Deneuve en majesté qui a déjà tenu ce rôle en beaucoup plus drôle et acide dans Potiche de François Ozon. Dommage.

Causeur : Panique sur la démographie. Extinction ou submersion, faites votre choix!

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Découvrez le sommaire de notre numéro d’octobre


Nous nous trouvons devant un dilemme qu’Élisabeth Lévy définit dans l’introduction à notre dossier, à savoir le dilemme « entre extinction démographique et submersion culturelle ». D’un côté, un effondrement du taux de natalité en France qu’aucune politique nataliste n’arrivera à compenser. De l’autre côté, une immigration subie, non choisie, qui ne cesse d’augmenter et d’amener en France des gens ne partageant pas notre culture. Certains voudraient nous persuader que cette immigration nous sauvera à la fois du déclin démographique et de la faillite économique. Autrement dit, comme le résume Elisabeth Lévy : « pour que la France continue à exister (on n’ose plus dire rayonner), il faudrait accepter que la France disparaisse en France ». Préférons une alternative : « Créons des richesses et ne laissons entrer que ceux qui sont capables de le faire avec nous. Sans nous haïr de préférence ». Stéphane Germain nous rappelle la formule que Margaret Thatcher appliquait à sa politique économique : « There Is No Alternative ». Les thuriféraires du progressisme ambiant ont leur propre T-I-N-A au sujet de l’immigration. Selon eux, il n’y a pas d’alternative à l’accueil inconditionnel des étrangers. Ils nient toute incompatibilité culturelle et tout lien entre immigration et délinquance. Malheur à ceux qui prônent une autre politique. 

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« L’immigration est une question culturelle plus qu’économique ». Tel est l’avis de Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, qui se confie à Jean-Baptiste Roques. L’analyse de la croissance démographique française qu’il a conduite pour l’Institut Montaigne balaie plusieurs arguments des sans-frontiéristes. Parmi ces derniers, les experts de l’Institut national d’études démographiques. Michèle Tribalat, démographe elle-même, retrace les principales étapes d’un putsch idéologique qui a fait de l’INED le fer de lance de la ligne immigrationniste. Y a-t-il des solutions en vue ? Le projet de loi sur l’immigration concocté par le gouvernement ne permettra pas de mieux contrôler nos frontières, selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie. Les timides réformes administratives et judiciaires qu’il propose ne tiennent pas compte de l’évolution des flux d’arrivants et, surtout, n’ont rien de dissuasif pour quiconque les contournerait. Que peuvent nous apprendre les exemples d’autres pays ? Pour Loup Viallet, la Tunisie se distingue du Maroc et de l’Algérie dans la mesure où elle n’instrumentalise pas le chaos migratoire à des fins politiques. En Asie, le Japon, la Chine et la Corée du sud connaissent un déclin démographique majeur mais renâclent à intégrer des étrangers qui pourraient compenser ce déséquilibre. Jean-Noël Poirier affirme que les peuples de la région placent la préservation de leur culture et leur cohésion sociale au-dessus des calculs économiques. De leur côté, les Danois ont compris que la défense de leur solidarité nationale passait par une immigration strictement encadrée, selon Céline Pina. Tandis que, pour William Thay et Matthieu Hocque du think tank Le Millénaire, les États-Unis, le Canada et l’Australie subissent la même pression migratoire que l’Europe mais, parce qu’ils sont encore souverains, ils surveillent leurs frontières et choisissent ceux qui peuvent les franchir.

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Côté actu, Elisabeth Lévy revient sur le festival de bons sentiments déclenché par certains cas de harcèlement scolaire. Non que ces cas ne méritaient pas de retenir toute notre attention, comme celle des autorités, mais « à trop forte dose, l’émotion empêche de penser ». Plutôt que de préconiser des cours d’empathie à l’école, ou de sanctionner la moindre moquerie entre des camarades de classe, il faudrait s’interroger sur les causes de ces comportements : « On aimerait […] savoir si nous sommes en présence d’un phénomène vieux comme le monde, attisé et amplifié par les réseaux sociaux, ou d’une modalité de la décivilisation se traduisant par l’effondrement des barrières morales chez un nombre croissant d’individus ». Jean-Baptiste Roques voit dans la sanctification d’Assa Traoré – et de son récit – une bavure médiatique. Pure entreprise de désinformation, le Comité Vérité pour Adama a bénéficié d’une sidérante complaisance politique et médiatique qui lui a permis, sept ans durant, d’imposer ses contre-vérités dans le débat public. Rodolphe Bosselut est l’un des avocats des gendarmes mis en cause dans la mort d’Adama Traoré. Se confiant à Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, il se félicite du non-lieu prononcé pour ses clients mais dénonce les contrevérités assénées par le clan Traoré. La haine propagée par ce dernier et ses alliés continue d’alimenter la pression médiatico-insoumise contre la police. Lisa Kamen-Hirsig, dont l’essai La Grande Garderie vient de paraître, explique à Frédéric Magellan que, plus l’école est égalitariste, plus elle est inégalitaire. Anciens camarades d’études d’Emmanuel Macron, Véra Nikolski et Antoine Buéno font figure de dissidents à gauche en fustigeant le mythe de la décroissance et la doxa néoféministe. Causeur leur a donné l’occasion de se rencontrer pour la première fois dans un dialogue. Pour Ivan Rioufol, la démocrature « bienveillante » qu’est la Macronie catégorise comme d’extrême droite, et donc infréquentable, quiconque s’attache à décrire le réel au plus près des faits. Les parias sont légion. Et tout ce qui n’est pas avalisé par le récit officiel est exclu de « l’arc républicain ».

Aujourd’hui, même en France, on vit sous la tyrannie des idéologues transgenres. Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation, analyse le lynchage sur les réseaux sociaux d’un gynécologue qui a refusé d’examiner une femme « en transition de genre ». Cette affaire témoigne de la terreur que les militants transsexuels font régner dans notre société, ainsi que de la guerre plus ou moins sourde qu’ils livrent à la gent féminine. Des témoignages recueillis et présentés par Céline Pina montrent combien les parents sont bien seuls face au mal-être existentiel, voire aux troubles psychologiques de leur enfant en transition de genre. Le système qui privilégie l’accompagnement des adolescents dans leur démarche ne fait qu’encourager leur « radicalisation » et les isole davantage de leur famille. Et les confidences du professeur Claude Habib révèlent à quel point le transgenrisme peut donner lieu à des dérives sectaires où, avec l’incroyable complicité des pouvoirs publics, des associations enferment les jeunes souffrant de dysphorie de genre dans un militantisme de plus en plus radical.

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Côté culture, nous avons le grand plaisir, grâce à Yannis Ezziadi, de rencontrer Carlo Guido, ténor excellant dans les rôles requérant beaucoup de coffre et de puissance. Regrettant la désaffection du monde lyrique français pour les « grosses » voix, il nous livre ses souvenirs et ses coups de gueule contre un milieu qu’il considère en décadence. Georgia Ray nous fait visiter l’exposition des chefs-d’œuvre du musée de Capodimonte (Naples) parmi les collections de la Grande Galerie du Louvre. Ces toiles témoignent de l’amour du corps propre à l’art européen. Pourquoi les compositeurs vivants sont-ils les grands absents des programmations d’orchestres et d’opéras ? Laurent Couson, lui-même compositeur, pianiste et chef d’orchestre explique que ces créateurs sont abandonnés, la politique culturelle préférant les illustres morts pour remplir les salles. Patrick Mandon revisite l’histoire de la revue, Le Crapouillot, née dans les tranchées de 1915, qui tout au long du XXe siècle, a défendu, d’un ton bravache, ironique et impertinent, une diversité d’opinions presque inconcevable aujourd’hui. Julien San Frax redécouvre la vie rocambolesque et sinistre du dictateur roumain, Ceausescu, à travers la biographie que lui consacre Traian Sandu. C’est l’histoire d’une prise d’otage d’un pays et de son peuple. En reprenant les fourneaux du Taillevent, Giuliano Sperandio a redonné vie au temple de la gastronomie française. Emmanuel Tresmontant nous permet de mieux connaître ce chef qui se montre aussi inventif et audacieux que respectueux de nos traditions culinaires. Lesquels des derniers longs-métrages nous invitent à fréquenter les salles obscures cet automne ? Jean Chauvet nous demande ce que peuvent faire une « première dame de France » surestimée (Bernadette de Léa Domenach) et un cinéaste britannique pourfendeur de moulins à vent (Ken Loach) contre le superbe cinéma de Martin Scorsese ? Réponse : rien quand on les compare au nouvel opus, Killers of the Flower Moon, du maestro américain toujours en verve, lui.

Enfin, Marsault nous permet de comprendre toute la profondeur du proverbe « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».

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Brighelli, c’est pas pour les chochottes

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Même si certaines de ses pistes de réforme sont discutables, le nouvel essai de Jean-Paul Brighelli, en tête des ventes, nous permet de sortir de la torpeur et des propos convenus sur l’éducation.


Il faut lire Brighelli. Encore ? Oui. Encore. Pourquoi ? Parce que lire Brighelli, c’est refuser la cécité, même la plus extrême, celle que l’on a envers soi-même. Dans L’école à deux vitesses, l’auteur nous donne à voir des faits, abrupts, sur l’implacable machine à reproduction sociale qu’est ce système scolaire, qui, pourtant, se rêve émancipateur.

Euthanasie pour le baccalauréat !

Chaque responsabilité y est disséquée et je ne vous cache pas que, parfois, il y a dans sa prose un côté gommage au papier de verre mais, après un temps de cicatrisation, vous en sortirez le teint frais. Ainsi, si chacun de nous ose, comme l’auteur nous y invite, sortir des postures idéologiques et du confort de sa routine, il verra un chemin possible vers l’amélioration. Il faudra, cependant, avant d’analyser les solutions qu’il propose, se frotter au miroir qu’il nous tend.

A lire aussi: Henda du 9-3 et Gwen de Sarcelles: Éducation nationale, la fin du contrat social?

Si vous êtes un frileux de la dilution, soucieux de l’entre-soi social, qui s’illusionne sur le mérite scolaire de « mon chéri, mon cœur » élève à Louis-le-Grand ou Henri-IV, vous vous honorerez en lisant attentivement le factuel et dense chapitre sur la question de la discrimination positive. Si vous pensez avoir enfanté un génie depuis sa mention au bac, ça va un peu tanguer dans le passage qui prône l’euthanasie de ce diplôme devenu « fiction ».

Bête et obéissant

Si vous êtes un enseignant, il vous faudra avoir l’honnêteté de reconnaître que votre connaissance du système vous a permis de sortir votre progéniture de la nasse où s’embourbe la très grande majorité de vos élèves.  Vous devrez aussi oser regarder ce que la définition que nous donnons du « bon élève » a pu produire d’effets pervers. N’avez-vous pas souvent valorisé l’élève sage et « scolaire » plus que tendu la main à l’atypique au potentiel caché ? Et vous, ne serait-ce donc pas cette part docile et conforme de vous-même qui vous aurait permis de vous retrouver désormais sur l’estrade de la classe ? Pire encore, ce goût pour l’obéissance ne serait-il le terreau fertile sur lequel ont grandi sans résistance tous les renoncements qui ont mené l’école au bord du gouffre : programmes indigents, diabolisation de l’évaluation, appétence pour le ludique et l’événementiel plus que pour le Savoir et l’effort ? Enfin, votre goût du consensus et de la paix sociale ne vous ont-ils pas conduit à mollir de la posture sur le plan laïcité ?

A lire aussi, du même auteur: Et une fois les abayas remisées au placard, Monsieur Attal?

Gommage au papier de verre vous dis-je, car Brighelli, ce n’est pas pour les chochottes.  Il y a même un passage d’une très grande violence : peu de lecteurs se remettront de la lecture du sujet proposé récemment en français au concours de professeur des écoles. Constater qu’il ressemble aux dictées-questions de votre CM2  de 1965 est un vrai uppercut.  Mais au-delà de tout cela, il y a bien plus. Vous allez pouvoir lire ce dont des années de pilotage par effet d’annonce et courte vue vous ont privé : des propositions fortes. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’adhérer, je ne souscris pas à toutes moi-même, tout en partageant l’intégralité des constats de l’auteur. C’est précieux des pistes. C’est de l’espoir. Soyez pour ou soyez contre, mais lisez-les. Pour que vive la réflexion. Pour sortir de la torpeur intellectuelle et des propos convenus. Parce que la parole « d’un ancien voyou des quartiers Nord de Marseille », ça vous secoue les neurones.

Budget 2024: nos enfants victimes de l’irresponsabilité des pouvoirs publics

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Le budget 2024 a été présenté mercredi 27 septembre en Conseil des ministres. Encore une occasion ratée de reprendre le contrôle de notre destin et d’alléger la charge qui pèse sur les Français et leurs enfants, déplore Benoît Perrin de «Contribuables Associés».


Pour lutter contre le harcèlement à l’école, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a promis cette semaine d’inscrire dans le cursus scolaire des « cours d’empathie », dès la maternelle. À la lecture du projet de loi de finances 2024, son collègue du Budget Thomas Cazenave aurait intérêt à y ajouter un module de propagande intitulé « Accepter avec allégresse de payer les dettes de l’Etat » ! Sans quoi, il y a fort à parier que nos enfants nous demanderont à juste titre des comptes.

Moscovici inquiet

Alors que l’urgence d’une gestion rigoureuse de l’argent public (comprendre : l’argent des contribuables) est désormais dans tous les esprits, les actes tardent à venir. Le gouvernement prévoit dans son plan un déficit de près de 140 milliards d’euros, soit plus de 35% entre ses recettes et ses dépenses. La raison ? Comme tous ses prédécesseurs depuis 1974, l’actuel gouvernement a fait le choix de présenter un budget largement en déficit. Certes il y a un léger mieux, Bercy ambitionne de ramener ce dernier à 4,4 % de notre PIB (contre 4,9 % en 2023) mais en se basant sur un taux de croissance auquel ni l’INSEE, ni la Banque de France ne croient. Le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici évoquait hier « des prévisions optimistes ». Pire, « peu de mesure d’économies structurelles » sont au programme, selon lui. Tout est dit lorsque l’on connaît la prudence diplomatique de l’ancien ministre des Finances de François Hollande. Au total, seulement 16 milliards d’économies (dont la plus grande partie proviendra de l’extinction progressive du bouclier tarifaire pour l’électricité) pour plus de… 491 milliards de dépenses !

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C’est pourtant là que le gouvernement était attendu. La France dépense trop : en 2022, les dépenses publiques représentaient 58,3 % de la richesse nationale. Les plus jeunes d’entre nous espéraient, avec le lancement des « Assises des finances publiques », qu’un changement de paradigme interviendrait. La montagne d’espérances a de nouveau accouché d’une souris.

L’épée de Damoclès des taux d’intérêt

En avril, Elisabeth Borne souhaitait que les ministères trouvent 5% d’économies dans leur budget. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les sources d’économies efficaces sont connues : baisser le nombre de fonctionnaires (ici, 8 000 embauches sont prévues), redéfinir le périmètre de l’État et réduire son budget de fonctionnement, lutter avec acharnement contre les fraudes sociales et fiscales, traquer les gaspillages… Puisque nos gouvernants n’ont pas le courage de prendre ces mesures indispensables, l’État va devoir se tourner vers les marchés financiers pour trouver la bagatelle de 285 milliards d’euros. Un record ! Avec les taux d’intérêt qui ne cessent d’augmenter (3,6% pour les bons du Trésor et les obligations assimilables du Trésor), la charge de la dette va exploser pour atteindre probablement 52 milliards en 2024. Autant d’argent gaspillé pour rembourser nos créanciers. Voilà la traduction d’une gestion irresponsable de nos dirigeants. Autant d’argent qui vient se rajouter à notre dette de 3 013 milliards à la charge de… nos enfants.

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Sans baisse des dépenses publiques, pas de baisse d’impôts. À ce sujet, les Français ont pris l’habitude d’écouter d’une oreille distraite les baisses annoncées. Ils savent que nos responsables politiques jouent sur les mots et usent de stratagèmes pour que les augmentations ne se voient pas (trop). Pas plus d’impôts mais plus de taxes. Prenons l’exemple des concessions autoroutières et portuaires revues à la hausse. Elles auront nécessairement une incidence sur les prix payés par les consommateurs.

En mai dernier, Emmanuel Macron avait envisagé publiquement une baisse d’impôts de 2 milliards d’euros pour les ménages les plus modestes. Il faudra attendre pour sa concrétisation. Certes, le gouvernement a choisi d’indexer les barèmes d’imposition pour tenir compte de l’inflation, une opération de communication présentée comme une faveur mais qui devrait être automatique. Les chefs d’entreprise ont accueilli avec enthousiasme la suppression totale d’un impôt de production qui grève la compétitivité de nos entreprises, la CVAE. Patatras, elle sera étalée sur quatre ans. Avec une inflation qui dure, les ménages, comme les entreprises, avaient pourtant besoin d’un bon bol d’air. Baisser les taxes sur l’essence aurait été judicieux, notamment pour soutenir concrètement la France qui se lève tôt et qui a besoin de sa voiture pour aller travailler… Le gouvernement préfère consacrer 40 milliards d’euros à la « planification écologique ». Victimes de la crise, nombreux sont les Français qui se demandent, à voix basse, si ces efforts budgétaires pour l’environnement tombent au bon moment…

Pourtant, les pouvoirs publics avaient une occasion historique de retisser un lien de confiance avec les Français. Oser proposer un budget à l’équilibre, c’était gagner le respect des Français et alléger le cartable des écoliers assommés par leurs manuels mais aussi par la dette financière qui pèse sur eux.

Penser les plaies

L’éditorial d’octobre d’Elisabeth Lévy.


L’enfant est un loup pour l’enfant. La France entière a découvert avec effroi cette vérité vieille comme l’humanité. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il faille s’en contenter. L’institution scolaire et la collectivité doivent protection aux gamins et adolescents victimes de meutes cruelles. Les familles des jeunes qui ont mis fin à leurs jours après avoir été lâchés par l’Éducation nationale méritent justice.

Je pleure donc je suis

Gabriel Attal semble déterminé à secouer une administration qui, non contente d’être experte dans l’art de regarder ailleurs, comme les enfants qui se cachent les yeux pour faire disparaître ce qui leur déplaît, a cru bon de répondre par la menace et l’intimidation à des parents inquiets et impuissants. Tant mieux. On a le droit d’être plus dubitatif sur la batterie de mesures qu’il a présentée. Beaucoup semblent dictées par la conviction qu’on peut faire disparaître la méchanceté et les rapports de forces des cours de récré et, plus largement, éradiquer le Mal sur terre. Ainsi est-il question de dispenser à nos bambins des cours d’empathie, comme si on rendait les gens meilleurs en les sermonnant – jouer sur la peur de la sanction serait peut-être plus efficace. Notre ministre a été très impressionné par le Danemark où, le matin, chaque élève est invité à prodiguer un massage à un camarade : il paraît qu’on est moins porté à harceler quelqu’un qu’on a précédemment massé. En attendant la généralisation du massage scolaire, on pourrait interdire, pour de bon, le téléphone portable en classe au lieu de s’extasier sur les bienfaits du tout-numérique. Cela permettrait au moins de limiter le temps pendant lesquels ces petits anges peuvent écrire des horreurs.

A lire aussi : Henda du 9-3 et Gwen de Sarcelles: Éducation nationale, la fin du contrat social?

Comme toujours lorsque l’actualité passe un bon plat susceptible de devenir un « sujet fédérateur », on en mange matin, midi et soir. Résultat, l’extension du domaine du harcèlement est telle qu’on ne sait plus très bien de quoi on parle. Il s’agit désormais de le traquer derrière la moindre moquerie au risque de faire peser sur la sociabilité enfantine une chape de bienséance et de traiter la grande gueule comme le tortionnaire.

La question qui n’a pas été posée

Je pleure donc je suis. Nous nous sommes livrés à une orgie d’émotion, ce qui permet de se sentir meilleurs. J’aimerais savoir combien des indignés qui portent leur cœur en bandoulière ont déjà participé à un lynchage numérique. Passons. Devant une Assemblée tétanisée, le ministre a égrené les noms des élèves qui se sont suicidés après avoir été harcelés, comme s’il s’agissait de soldats morts pour la France. Même les Insoumis n’ont pas moufté. Une élue a ensuite fait vibrer l’Hémicycle en racontant son expérience d’élève harcelée. Au passage, elle a expliqué que, trente ans après, le traumatisme était toujours présent – ce qui est certainement un réconfort pour les enfants harcelés. On a unanimement célébré son courage et sa dignité. Qu’on ne s’y trompe pas, cette dame était sincère et sa souffrance, réelle. Mais l’Assemblée nationale est-elle le lieu idoine pour s’épancher ? Certes, l’émotion n’est pas un crime – qui ne serait ému par le récit de la descente aux enfers d’un enfant ? Elle s’accommode mal avec l’expression publique. Il n’est pas sûr que cette débauche d’excellents sentiments soit d’un grand secours pour les victimes.

Surtout, à trop forte dose, l’émotion empêche de penser. Dans ce flot compassionnel, toute velléité de réflexion s’apparente à de l’insensibilité. On aimerait pourtant savoir si nous sommes en présence d’un phénomène vieux comme le monde, attisé et amplifié par les réseaux sociaux, ou d’une manifestation d’une décivilisation se traduisant par l’effondrement des barrières morales chez un nombre croissant d’individus. À en juger par le nombre de décérébrés qui se filment ou se laissent filmer en train de commettre des atrocités – torturer un chat ou mettre à genou un gosse de 10 ans pour obliger son propre fils à le gifler[1] –, l’éducation (des familles et de l’école) ne remplit plus correctement sa mission de répression des instincts. La célébration incessante des droits individuels, le culte du c’est mon choix ont-ils engendré une génération de barbares et de psychopathes, dépourvus de surmoi, c’est-à-dire d’une instance intérieure capable de dominer l’imperium de leur moi ? Cette question, pourtant sacrément intéressante, n’a pas été posée. Sans doute parce que nous ne voulons pas connaître la réponse.


[1] Récemment une mère d’élève s’en est pris ainsi à un gosse avec lequel son fils s’était battu. Devant une forêt de téléphones portables.

« Le Procès Goldman », un film remarquable

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En 1975 débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, frère de Jean-Jacques, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes…


Ivan Jablonka serait-il devenu un spécialiste des frères Goldman, de Jean-Jacques et de Pierre ? Je continue à penser qu’on a été trop sévère avec cet historien dont le livre sur Jean-Jacques Goldman ne méritait pas l’opprobre dont on l’a accablé, à commencer par l’hostilité de son modèle lui-même qui a délégitimé l’ouvrage.

Quand sur Pierre Goldman, Ivan Jablonka s’interroge en se demandant si « les intellectuels qui croient au mythe Goldman admirent un rebelle ou sanctifient leur jeunesse », à l’évidence il pose une bonne question mais elle n’épuise pas le sujet. « Le Procès Goldman« , dont le réalisateur Cédric Kahn a écrit le scénario avec Nathalie Hertzberg, est remarquable et apporte une pierre décisive au débat sur Pierre Goldman. Et en particulier sur sa culpabilité ou non pour le double meurtre en 1969 dans la pharmacie du boulevard Richard Lenoir, qu’il contestait avoir commis. La première cour d’assises n’avait pas cru à ses dénégations. Le second procès à Amiens s’est déroulé en 1976, dans une ambiance intense, surchauffée, dans un climat politique et médiatique largement en faveur de l’acquittement. Il ne fait aucun doute, malgré les quelques libertés que les scénaristes ont prises avec la réalité judiciaire, que cette pression collective a joué au bénéfice de l’accusé. Le film est exceptionnel d’intelligence, de profondeur et aussi d’équité et d’impartialité.


Le rythme, la qualité des échanges, leur intensité, les fureurs ou la froide rationalité de Pierre Goldman, son ironie cinglante, la présidence de la cour parfois dépassée, l’avocat général très fin, mais par moments trop subtil, l’avocat partie civile pour la police, Me Garaud, l’avocat de Pierre Goldman, Me Georges Kiejman, aux débuts d’une carrière éblouissante, des acteurs, tous, sans exception, au sommet, font de ce film une œuvre emblématique, au sortir de laquelle j’ai continué à considérer que la culpabilité de Pierre Goldman était certaine. Son acquittement relève de cette justice-spectacle où une juridiction populaire est moins impressionnée par la force des éléments à charge que par la hantise de se tromper à cause de l’idéologie totalitaire et bruyante développée par les tenants de l’innocence. J’aurais tellement aimé être avocat général dans une affaire aussi tragique, si lourde de sens à tous points de vue. D’abord parce que pour un accusateur public rien n’est plus exaltant que de s’opposer à un accusé maîtrisant parfaitement le langage et doué pour une dialectique qui abandonnait vite le terrain judiciaire (dangereux) pour l’idéologie, par exemple anti-police et complotiste. Ensuite, sans sous-estimer la portée des témoignages à charge (fluctuants certes mais indiscutables sur la reconnaissance de Pierre Goldman comme étant le tueur), j’aurais beaucoup insisté sur le comportement de ce dernier lors des audiences. Attitude qui, derrière l’humanisme sec, le verbe révolutionnaire, les protestations d’innocence, l’indignation face au grief d’avoir porté atteinte à la vie d’autrui, faisait apparaître en toile de fond, la haine, le mépris envers ces gens ordinaires qui n’appartenaient pas à l’élite de ces romantiques politisés. Eux, prêts à tout et pour qui un double meurtre, accompli dans le cadre d’un braquage parce que l’argent manquait, était banalisé, ne prêtait pas à conséquence, était justifié par le pragmatisme criminel. Cette perception n’aurait pas rendu caduque la vraie souffrance d’un Pierre Goldman, fils d’un père juif polonais devenu un héros de la Résistance en France, mais fils désespéré de n’être pas mort pour une Histoire qui lui aurait donné moins de détestation de soi.

Quand j’ai regardé ce film admirable, j’avais déjà été influencé par la publication en 2005 du livre de Michaël Prazan, Pierre Goldman, le frère de l’ombre, une biographie étayée et très éclairante de Pierre Goldman où notamment les preuves de son implication dans le double meurtre paraissaient solides. Une fois le cinéma quitté, j’ai été interpellé aimablement par un couple qui m’a questionné sur le film. J’ai répondu en substance ce que j’ai écrit dans ce post. L’épouse m’a répondu que Pierre Goldman avait été assassiné par l’extrême-droite. Je ne voyais pas en quoi cette certitude pouvait avoir la moindre incidence rétrospective sur sa culpabilité pour les meurtres. Ce qui montre bien que si longtemps après, il fallait encore pour certains que l’autre Goldman fût innocent. Je ne reprocherai jamais au film de n’avoir rien cédé à la démagogie et à la complaisance.

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Punaises de lit et rats, pas le même combat

Dans l’hilarité générale, les rats avaient été renommés «surmulots» par une élue EELV il y a quelques années. Dans la période trouble que nous traversons actuellement, les punaises devraient elles aussi avoir le droit à un petit surnom, pour ne pas être stigmatisées.


Mais où est passé l’antispécisme? À la mairie de Paris, c’est le branle-bas de combat. L’heure est à la mobilisation générale pour éradiquer un envahisseur à six pattes et son armée pléthorique composée de fantassins de sept millimètres avides de sang qui colonisent les fauteuils de cinéma, squattent les appartements ou errent sur les barres métalliques du métro à la recherche d’un hôte charitable.

Au début discrètes et quasi invisibles, ces minuscules bestioles deviennent de plus en plus envahissantes à mesure que le temps passe, se reproduisant à une vitesse grand v et laissant les propriétaires assiégés, complètement désarmés. Couvertes de piqures et le visage cerné, les victimes de cette invasion massive finissent par se mettre sous Xanax tant la lutte contre ces nuisibles est difficile et angoissante.

Psychose : des Parisiens n’osent plus descendre dans le métro

Entre 2017 et 2022, plus d’un foyer français sur dix aurait été infesté par ces petits vampires sur pattes. Et aujourd’hui, la psychose a gagné toute la population: les cinémas ont vu leur fréquentation baisser – même si Barbie a été épargné -, les gens se regardent de travers, les Parisiens privilégient la trottinette et le vélo pour se déplacer…

Devant le fléau engendré par cette bête immonde, le premier adjoint à la mairie de Paris, en charge de l’urbanisme, Emmanuel Grégoire a demandé en urgence au gouvernement de mettre en place un plan d’action pendant que l’opposition de droite fustige l’inaction d’Anne Hidalgo devant l’ampleur du phénomène.

Paris n’est plus une ville refuge

Mais au regard de l’imprégnation de l’antispécisme dans les esprits des élus parisiens (PS et EELV), on ne peut que s’étonner de l’absence d’empathie et de fraternité pour ces punaises de lit qualifiées, sans aucun ménagement, de « nuisibles » qu’il faudrait impérativement éradiquer par tous les moyens. La cruauté dont fait preuve la mairie de Paris est, en effet, bien surprenante. Pourquoi les punaises de lit n’ont-elles pas le même traitement de faveur, le même accueil solidaire et humain qu’ont reçu jusqu’à ce jour les neuf millions de rats, pardon de « surmulots » ? Elles aussi, elles devraient avoir le droit à un petit surnom pour ne pas être stigmatisées. Elles aussi, elles devraient bénéficier d’une cohabitation fraternelle avec les humains qui, eux, devraient être sommés de faire preuve d’amour, de curiosité et de tolérance pour mieux comprendre leurs modes de vie, pour mieux s’adapter à leurs exigences et respecter leurs désirs quotidiens – du sang, principalement.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Punaises de lit: charivari contre Pascal Praud

Oui : nous sommes surpris de pas entendre la nouvelle adjointe à la Santé qui a remplacé Mme Anne Souyris, l’amoureuse des rats, enjoindre les Parisiens à se laisser coloniser et à accepter les petites morsures dans leurs chairs. Car après tout, non seulement les punaises ne transmettent pas de maladie[1], mais surtout il faut savoir souffrir pour être digne de Gaia.

Quant au redoutable défenseur du moustique et pourfendeur de viandards, Aymeric Caron, élu du 18e arrondissement, il semble atteint du mutisme de la carpe. Notre prêcheur en chef de l’antispécisme et du véganisme semble s’être muré dans le silence, au lieu de se dresser comme un seul animal pour défendre le droit inaliénable des puces à disposer d’elles-mêmes.

Aymeric Caron démissionne

« Lorsque l’homme méprise une forme de vivant qui lui est extérieure, il s’attaque donc en réalité à une partie de lui-même », affirmait le député philosophe dans son essai Antispéciste : réconcilier l’humain, l’animal, la nature (Don Quichotte, 2016), véritable petit livre vert pour faire avaler l’idée selon laquelle un animal est un homme qui s’ignore, que tout homme aurait pu naitre animal et qu’homme, animal et plante font chacun partie du Vivant et sont tous égaux en droit. Autrement dit, Aymeric Caron aurait pu naitre punaise de lit. Apparemment il a préféré rester poisson rouge et avoir la mémoire courte. Car face à l’invasion et au plan d’éradication, c’est la grande démission. Les grands protecteurs du Vivant auraient-ils oublié leurs combats ? À Lyon, on attend toujours la performance d’un militant adepte de l’éco sexualité qui viendrait se frotter sur un matelas couvert de punaises de lit !

Bref, il faut en conclure que tous ces révoltés de la terre oublient leurs convictions antispécistes quand il s’agit des punaises de lit. Ils les excluent sans vergogne du domaine du Vivant dont ils se targuent d’être les grands protecteurs. Par leur inaction et par leur silence, ils rétablissent une distinction entre l’homme et l’animal qu’ils étaient parvenus à réfuter. La discrimination bat donc son plein. Les rats, eux, peuvent continuer à se la couler douce, mordre les éboueurs et leur transmettent la leptospirose, maladie jugée par Mme Souyris comme quasi-bénigne…

Si Jean de La Fontaine existait toujours, il nous aurait écrit une fable aussi caustique que drolatique avec pour chute une morale érigée en principe de comportement. Mais, en 2023, les La Fontaine ne courent pas les rues. Contrairement aux rats parisiens.

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[1] Elles rendent simplement dingue, et dépressif !

Tant qu’il y aura des films: Martin Scorsese, à la perfection

Que peuvent une « première dame de France » surestimée (Bernadette, de Léa Domenach, notre critique à lire sur le site demain et déjà dans le magazine) et un cinéaste britannique pourfendeur de moulins à vent (Ken Loach, dont le film « The Old Oak » sera à l’affiche le 25 octobre) contre le superbe cinéma de Martin Scorsese ? Rien quand on les compare au nouvel opus du maestro américain toujours en verve, lui.


Sept mois de tournage et un budget de 200 millions de dollars. Débarrassons-nous d’abord des chiffres liés au nouveau film de l’auteur de Taxi Driver et Raging Bull. La démesure fait partie intégrante de la maison Scorsese, tout comme celle des voisins Coppola et Spielberg. Les anciens papes du « Nouvel Hollywood » n’ont jamais fait dans la dentelle et nul ne s’en plaint puisque les résultats sont en général à la hauteur. Scorsese se détache cependant du lot avec la volonté maintes fois avérée de faire de ses films autant de contributions à une Histoire de la Nation américaine. En adaptant le roman de David Grann, publié en 2017, il apporte une nouvelle pierre à cet ensemble absolument passionnant. Il s’agit ici du rapport des États-Unis aux Indiens Osage, enrichis par les terres pétrolifères sur lesquelles ils vivent. Le film se situe ainsi dans les années 1920, alors que plusieurs membres de la tribu amérindienne du comté d’Osage, en Oklahoma, sont assassinés après avoir trouvé du pétrole sur leurs terres. Le FBI mène alors l’enquête. Conscient de la gravité de son sujet, Scorsese multiplie les traitements pour en donner l’ampleur et la complexité : construction narrative très écrite, personnages et caractères finement dessinés, recourt à des documents d’époque vrais ou recréés pour l’occasion, utilisation du média d’alors, la radio, parmi d’autres trouvailles. Le tout porté par une distribution qui, comme toujours chez Scorsese, relève de la piste aux étoiles peuplée de cabots de génie : Robert De Niro et Leonardo DiCaprio en tête mais pas seulement, car chaque rôle secondaire est délectable. Soit dit en passant, DiCaprio devait initialement tenir le rôle du héros, un agent du FBI, avant de finalement vouloir incarner le neveu du personnage joué par De Niro. Un changement d’autant plus bénéfique que le neveu en question s’avère des plus ambigus. Et le tandem familial alors constitué par les deux stars masculines prend une ampleur tout à fait réjouissante et vénéneuse. Et c’est Jesse Plemons qui endosse in fine les habits de l’agent fédéral. À quoi il faut impérativement ajouter la musique de Robbie Robertson, les décors de Jack Fisk et les costumes de Jacqueline West. Et pour parachever l’ensemble, la touche finale du montage effectué par la complice de toujours en la matière : Thelma Schoonmaker.

La réalité que décrit ce Killers of the Flower Moon est simple : pour faire main basse en toute impunité sur l’incroyable richesse des Osages, les Blancs épousent sans vergogne les héritières et éliminent sans scrupule les obstacles à leurs projets. On rejoue ici aux cow-boys et aux Indiens, mais sans l’attirail anecdotique de la conquête de l’Ouest tendance westerns historiques. Mais c’esttout autant violent, âpre et rugueux. Les vaches et les chevaux ont disparu au profit des gisements de pétrole et des automobiles. Reste une lutte sans merci dont les gagnants historiques sont désormais connus.

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Avec cette histoire, Scorsese filme également l’émergence d’une autre Amérique, celle de la mafia. Il est ainsi en terrain connu, lui qui a si bien cerné, disséqué, comme Coppola, les mœurs de la « Pieuvre ».

Mais ce qui frappe vraiment avec ce nouveau film, c’est assurément l’extrême fluidité d’un style inimitable. Une fois encore, Scorsese raconte une histoire avec un incroyable souci de lisibilité. Son« il était une fois » (fictif ou non, peu importe) fait mouche et nous sommes comme happés par un conteur hors pair qui multiplie les ramifications de son récit sans jamais perdre de vue l’essentiel. Les trois heures et vingt-six minutes du film ne sont pas de trop pour rendre compte de cette intrigue au long cours. Scorsese prend ainsi le temps de poser le décor en montrant, par exemple, comment les Osages tentaient de faire vivre leurs traditions ancestrales tout en menant une existence quotidienne de magnats du pétrole, manoirs grandioses et domestiques blancs compris. Tant et si bien qu’au final, on dirait le film d’un jeune homme à la créativité débordante tourné par un délicieux vieux sage.

Henda du 9-3 et Gwen de Sarcelles: Éducation nationale, la fin du contrat social?

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Vous vous inquiétiez déjà de la baisse de niveau des enfants confiés à l’Éducation nationale ? Ce n’était rien à côté de l’activisme islamo-gauchiste de certains profs. Qui ne s’en cachent même plus !


Les Français font preuve d’une immense patience envers l’État et l’évolution désastreuse de ses « institutions généralement défaillantes dans leurs fonctions essentielles, celle de la représentation comme celles de l’action », ainsi que les qualifie François Sureau.

Pourquoi ?
Le refus légitime et de bon sens du chaos. Un reste de loyauté envers des services publics qui, jadis, servaient le bien commun, et dont certains fonctionnaires, heureusement, ont encore à cœur l’intérêt général. L’espoir, hélas de plus en plus fragile, qu’il soit encore possible de redresser la barre malgré des décennies de démantèlement méthodique de l’héritage du Conseil National de la Résistance.

Qui l’État place-t-il devant les enfants ?

Mais la patience des Français a des limites, et l’État joue avec le feu lorsqu’il oblige les citoyens à mettre leurs enfants en danger en les livrant à l’abrutissement et à l’endoctrinement.

Voici en effet deux exemples de ce à quoi l’État abandonne les enfants de France : « Henda du 9-3 » et « Gwen de Sarcelles », enseignantes liées au groupuscule d’extrême-gauche Révolution Permanente du sulfureux Anasse Kazib.

A lire aussi: Et une fois les abayas remisées au placard, Monsieur Attal?

Henda s’est fait connaître début juillet en apportant son soutien aux pillards qui ont brûlé des écoles et des bibliothèques, selon elle simples « modes d’action radicaux qu’on qualifie de violences », ainsi qu’au Comité Adama. Gwen s’est déplacée à Trappes pour défendre le port de l’abaya, qualifie l’interdiction de cette tenue d’« attaque sexiste, raciste, islamophobe et colonialiste », dénonce les « violences policières », veut l’accueil de « milliers de migrants » et fait l’éloge de ce qu’elle-même appelle « émeutes ». Et ce n’est pas tout : n’oublions pas la propagande d’associations douteuses lors de sorties scolaires, le prosélytisme transactiviste et, bien sûr, les nombreuses soumissions à l’islamisation, jusque dans la composition des programmes et des manuels qui ne se sont pas améliorés depuis que Souâd Ayada en dénonçait courageusement la malhonnêteté intellectuelle.

Effondrement

Désormais, dans l’école de la République, les enfants qui entrent en sixième ne savent pas combien il y a de quarts d’heure dans trois quarts d’heure, mais ont bien appris qu’il y a des femmes à pénis et des hommes enceints ! Ils connaissent par cœur les moindres subtilités du tri sélectif. Et passent donc leurs journées avec Henda et Gwen qui sont libres de leur raconter absolument tout ce qu’elles veulent ! Ce n’est pas là un simple effondrement du service public, c’est une trahison du contrat social. L’État ne se contente pas de ne plus remplir correctement sa mission et de transformer le système scolaire en garderie, il oblige les citoyens à livrer leurs enfants à des activistes qui les soumettent à un bourrage de crâne idéologique, et les conditionnent à la médiocrité.

Comment les Français pourraient-ils encore longtemps accepter cela ? Quousque tandem abutere, Éducation Nationale, patientia nostra ?

A lire aussi: Lutte (musclée) contre le harcèlement scolaire: faudrait savoir ce qu’on veut!

Contrairement à ses prédécesseurs, le nouveau ministre de l’Éduc’Nat, Gabriel Attal, semble décidé à agir, et plutôt dans le bon sens. On se gardera bien de faire trop confiance à un macroniste, mais reconnaissons que celui-ci fait d’excellents débuts à la tête d’un ministère difficile, dans lequel le « pas de vague » a depuis longtemps pris la place de toute déontologie.

Et il ne se contente pas de déclarations d’intention, il agit : c’est vrai de l’interdiction de l’abaya, c’est vrai de l’intervention bienvenue de la police pour interpeller un harceleur – les établissements scolaires doivent être des sanctuaires, pas des zones de non-droit. Il reste cependant énormément à faire, et Gabriel Attal va devoir se hâter s’il veut sauver ce qu’il reste de légitimité à l’État : le système scolaire était la fierté de la République, il est en train de devenir son tombeau.

Des chiffres et des lettres

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D.R.

Notre gentil et empathique ministre de l’Éducation nous vient de l’École Alsacienne. Les enfants de son prédécesseur y sont scolarisés. La (un peu) moins gentille et (un peu) moins empathique ex-ministre de la Santé y a fait ses classes. Stanislas Guérini, Juan Branco, Thierry Breton, Guillaume Pepy, Benjamin Castaldi, Carlos, Thomas Dutronc, Joyce Jonathan, Izia Higelin, Nathalie Baye aussi. Notre chroniqueuse s’est penchée sur ce dossier scolaire.


Une école d’exception

Créé en 1874 par des « réfugiés » alsaciens protestants, ne trouvant pas sur leur terre d’accueil d’institutions éducatives à leur convenance, cet établissement privé laïque sous contrat d’association avec l’État propose aux mini-Germanopratins un cursus allant de la maternelle (jardin d’enfants dans le texte) à la terminale. Et, sans conteste, pour les enseignants, les parents et bien sûr les élèves, c’est une pépite, un modèle, une exception.  Pas de harcèlement, pas de phobie scolaires. Pas de notes chiffrées jusqu’à la fin du collège, pas de moyenne générale au lycée. Pas de rivalités à la noix. Du sport, de la musique, des beaux-arts. De l’épanouissement personnel. Du plaisir d’apprendre et d’aller à l’école. Des beaux locaux, bien clos. Des professeurs compétents, impliqués, jamais menacés. De l’ordre, de la discipline. De la bienveillance, beaucoup de bienveillance. Tous les parents en rêvent, l’École Alsacienne le fait.

Une sélection qui ne dit pas son nom

Forcément, un tel bonheur n’est pas donné à tout le monde. Tout d’abord, il faut « respecter la carte scolaire » et être du « quartier ». Quartier multiculturel où vivent ensemble et avec beaucoup de tolérance : avocats (de renom), acteurs (engagés), médecins (spécialisés), écrivains (à succès), patrons (plus des grands que des petits) et aussi producteurs, architectes, journalistes, éditeurs, élus du peuple, professeurs d’université. Mixité scolaire donc pour ce petit monde bigarré mais bien installé. Prix moyen du m2 : 15 145 € et jusqu’à 21 860 € selon l’adresse.

A lire aussi, Laurence Simon: Brighelli, c’est pas pour les chochottes

Ensuite, priorité (de fait mais pas revendiquée) aux membres de « la famille ». Ainsi, 67% des 1.800 élèves ont au moins un frère ou une sœur dans la place ; et, pour nombre d’entre eux, les parents 1 et/ou 2 sont d’anciens élèves. Préférence gentiment donnée aux cousins germains plutôt qu’à ceux à la mode de Bretagne ou venant d’encore plus loin. Le plus « normal » est d’être « admis » en petite section de maternelle et de continuer pépère sur sa lancée. Donc, peu d’entrées en cours de route. Malgré tout, deux fenêtres de tirs, l’entrée en sixième et l’entrée en seconde. Mais, dur-dur d’être accepté. À la rentrée 2021, sur 664 candidats, 86 ont été admis au collège. Pour le lycée, 38 finalistes pour 267 dans les starting-blocks. Bien sûr, les impétrants ne sont pas adoubés que sur leurs résultats scolaires ; même si ces derniers sont examinés mais avec bienveillance. La situation des parents quant à elle n’est pas prise en compte. « L’école recrute des élèves, pas des parents ». Pour éviter toute discrimination, tests et entretiens évaluent la curiosité, la sociabilité, l’aisance bref la capacité à devenir Alsacien.

Des tarifs à l’avenant

Forcément, un tel bonheur a un prix. Pour la prestation de base, compter 1 105 € par trimestre. Un peu plus de 360 € par mois, 12€ par jour diraient les vendeurs de voitures. Nettement moins que l’École des Roches, à recrutement worldwide, (18 784 € la demi-pension annuelle, 47 320 € l’internat) fréquentée, elle, par des fils et filles de « vrais » riches (version nabab-e-s).

À rajouter, un voyage obligatoire par an, entre 550 € et 900 €.

La restauration est annoncée à 586 € par trimestre pour 5 repas par semaine et 514 € pour 4 repas, soit environ 10 € par déjeuner (à Paris, la grille tarifaire du public fixe le prix d’un repas entre 0,13 €  et 7 €) mais à l’École Alsacienne, les tarifs « prennent en compte la surveillance et la prise en charge des élèves ». Le halal n’a pas l’air d’être prévu.

Et puis, il y a les ateliers après l’école ; les bambin-e-s ont vraiment le choix : musique de chambre : 298 € le trimestre, initiation à la langue arabe : 142 €, théâtre 172 €, théâtre (encore) « mais autour d’un texte contemporain avec une approche physique et loufoque »  264 €. Pas de tango, on attendra Sciences-Po. Et, pas d’aviation à 4 452 € l’année, comme à l’École des Roches.

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Et, comme « la diversité des élèves constitue une richesse pour l’établissement », celle-ci est (un peu) favorisée. Ainsi, en 2021/2022,10,8 % des élèves de l’Ecole Alsacienne bénéficiaient d’une scolarité un peu ou beaucoup « aidée ». Ils étaient 22% à la rentrée 2023. Les bourses spécifiques peuvent se cumuler avec les bourses nationales. Elles prennent en charge tout ou partie de la scolarité et depuis la rentrée 2023 de la demi-pension.

Beau, bon, bien

Le site de l’école présente des montages réalisés par des élèves. Impeccables. Rien à voir avec les bricolages à la va comme je te pousse d’un prof de techno échevelé. Le lecteur un peu curieux visionnera un ou plusieurs épisodes des  « Adorables », podcast « exclusivement consacré à l’adolescence, préparé et animé par une équipe de lycéens ». Chic et de bon goût.

Des partenariats « favorisent l’ouverture et la mixité en créant, par exemple, des échanges pédagogiques et éducatifs avec des établissements scolaires aux profils différents » : deux écoles primaires du 14ème et trois collèges de banlieue. Ce programme s’appelle Charcot, du nom de l’explorateur Jean-Baptiste Charcot, ancien élève « qui baptisa ses bateaux d’un nom évocateur : les Pourquoi-Pas ? ». Grâce à cette belle initiative, tout baigne. Et, grâce au mécénat et aux dons, « certains » élèves de ces territoires échangeurs peuvent ensuite intégrer l’Ecole. Pour se convaincre de la générosité du projet, il suffit de visionner les témoignages émouvants de quelques « échappé(e)s ». Dans le sens cycliste du terme, bien entendu.

Effet de serre

La culture en serre présente d’immenses avantages. Elle améliore considérablement les rendements ; elle permet de commencer les semis plus tôt et de prolonger les cultures. Elle protège des intempéries, des maladies ravageuses. Mais, elle n’est pas sans inconvénients : son coût d’abord, ensuite la pollution qu’elle génère, et pour finir une pollinisation plus compliquée. Et, tous les bons jardiniers vous le diront : ils ne donnent pas cher d’une plante de serre brutalement transplantée.

Bernadette: La mode est aux biopics… plus ou moins inspirés

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© Warner Bros France

Faut-il aller voir Bernadette, de Léa Domenach, qui sort ce 4 octobre? Un film amusant, ou une fable idiote?


Un film de fiction, mais très nourri de la vie de Bernadette Chirac, après tout pourquoi pas ?

La mode est aux biopics plus ou moins inspirés (Simone Veil, Bardot, Tapie, l’abbé Pierre, Florence Arthaud et quelques autres). La réalisatrice ayant choisi la carte de la comédie, au bord de la caricature, on est prié de rire plutôt que de réfléchir. Et puis très vite apparaît le « projet » sous la légèreté revendiquée.

Il s’agit ni plus ni moins de réhabiliter une figure féminine que son statut d’épouse de… aurait forcément dévalorisée, amoindrie, voire ridiculisée. Derrière l’homme célèbre, cherchez la femme, le refrain devient connu. Du coup, tous les hommes présents à l’écran (Chirac, Villepin, Sarkozy et les autres) deviennent d’affreux machos méprisants à l’égard d’une femme seule contre tous. La « vraie » politique ce serait elle, au motif qu’elle aurait été la seule dans l’entourage présidentiel à s’élever contre la dissolution qui conduisit au désastre. Mais fallait-il vraiment beaucoup de flair ?! Reste une Deneuve en majesté qui a déjà tenu ce rôle en beaucoup plus drôle et acide dans Potiche de François Ozon. Dommage.

Causeur : Panique sur la démographie. Extinction ou submersion, faites votre choix!

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© Causeur

Découvrez le sommaire de notre numéro d’octobre


Nous nous trouvons devant un dilemme qu’Élisabeth Lévy définit dans l’introduction à notre dossier, à savoir le dilemme « entre extinction démographique et submersion culturelle ». D’un côté, un effondrement du taux de natalité en France qu’aucune politique nataliste n’arrivera à compenser. De l’autre côté, une immigration subie, non choisie, qui ne cesse d’augmenter et d’amener en France des gens ne partageant pas notre culture. Certains voudraient nous persuader que cette immigration nous sauvera à la fois du déclin démographique et de la faillite économique. Autrement dit, comme le résume Elisabeth Lévy : « pour que la France continue à exister (on n’ose plus dire rayonner), il faudrait accepter que la France disparaisse en France ». Préférons une alternative : « Créons des richesses et ne laissons entrer que ceux qui sont capables de le faire avec nous. Sans nous haïr de préférence ». Stéphane Germain nous rappelle la formule que Margaret Thatcher appliquait à sa politique économique : « There Is No Alternative ». Les thuriféraires du progressisme ambiant ont leur propre T-I-N-A au sujet de l’immigration. Selon eux, il n’y a pas d’alternative à l’accueil inconditionnel des étrangers. Ils nient toute incompatibilité culturelle et tout lien entre immigration et délinquance. Malheur à ceux qui prônent une autre politique. 

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« L’immigration est une question culturelle plus qu’économique ». Tel est l’avis de Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, qui se confie à Jean-Baptiste Roques. L’analyse de la croissance démographique française qu’il a conduite pour l’Institut Montaigne balaie plusieurs arguments des sans-frontiéristes. Parmi ces derniers, les experts de l’Institut national d’études démographiques. Michèle Tribalat, démographe elle-même, retrace les principales étapes d’un putsch idéologique qui a fait de l’INED le fer de lance de la ligne immigrationniste. Y a-t-il des solutions en vue ? Le projet de loi sur l’immigration concocté par le gouvernement ne permettra pas de mieux contrôler nos frontières, selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie. Les timides réformes administratives et judiciaires qu’il propose ne tiennent pas compte de l’évolution des flux d’arrivants et, surtout, n’ont rien de dissuasif pour quiconque les contournerait. Que peuvent nous apprendre les exemples d’autres pays ? Pour Loup Viallet, la Tunisie se distingue du Maroc et de l’Algérie dans la mesure où elle n’instrumentalise pas le chaos migratoire à des fins politiques. En Asie, le Japon, la Chine et la Corée du sud connaissent un déclin démographique majeur mais renâclent à intégrer des étrangers qui pourraient compenser ce déséquilibre. Jean-Noël Poirier affirme que les peuples de la région placent la préservation de leur culture et leur cohésion sociale au-dessus des calculs économiques. De leur côté, les Danois ont compris que la défense de leur solidarité nationale passait par une immigration strictement encadrée, selon Céline Pina. Tandis que, pour William Thay et Matthieu Hocque du think tank Le Millénaire, les États-Unis, le Canada et l’Australie subissent la même pression migratoire que l’Europe mais, parce qu’ils sont encore souverains, ils surveillent leurs frontières et choisissent ceux qui peuvent les franchir.

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Côté actu, Elisabeth Lévy revient sur le festival de bons sentiments déclenché par certains cas de harcèlement scolaire. Non que ces cas ne méritaient pas de retenir toute notre attention, comme celle des autorités, mais « à trop forte dose, l’émotion empêche de penser ». Plutôt que de préconiser des cours d’empathie à l’école, ou de sanctionner la moindre moquerie entre des camarades de classe, il faudrait s’interroger sur les causes de ces comportements : « On aimerait […] savoir si nous sommes en présence d’un phénomène vieux comme le monde, attisé et amplifié par les réseaux sociaux, ou d’une modalité de la décivilisation se traduisant par l’effondrement des barrières morales chez un nombre croissant d’individus ». Jean-Baptiste Roques voit dans la sanctification d’Assa Traoré – et de son récit – une bavure médiatique. Pure entreprise de désinformation, le Comité Vérité pour Adama a bénéficié d’une sidérante complaisance politique et médiatique qui lui a permis, sept ans durant, d’imposer ses contre-vérités dans le débat public. Rodolphe Bosselut est l’un des avocats des gendarmes mis en cause dans la mort d’Adama Traoré. Se confiant à Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, il se félicite du non-lieu prononcé pour ses clients mais dénonce les contrevérités assénées par le clan Traoré. La haine propagée par ce dernier et ses alliés continue d’alimenter la pression médiatico-insoumise contre la police. Lisa Kamen-Hirsig, dont l’essai La Grande Garderie vient de paraître, explique à Frédéric Magellan que, plus l’école est égalitariste, plus elle est inégalitaire. Anciens camarades d’études d’Emmanuel Macron, Véra Nikolski et Antoine Buéno font figure de dissidents à gauche en fustigeant le mythe de la décroissance et la doxa néoféministe. Causeur leur a donné l’occasion de se rencontrer pour la première fois dans un dialogue. Pour Ivan Rioufol, la démocrature « bienveillante » qu’est la Macronie catégorise comme d’extrême droite, et donc infréquentable, quiconque s’attache à décrire le réel au plus près des faits. Les parias sont légion. Et tout ce qui n’est pas avalisé par le récit officiel est exclu de « l’arc républicain ».

Aujourd’hui, même en France, on vit sous la tyrannie des idéologues transgenres. Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation, analyse le lynchage sur les réseaux sociaux d’un gynécologue qui a refusé d’examiner une femme « en transition de genre ». Cette affaire témoigne de la terreur que les militants transsexuels font régner dans notre société, ainsi que de la guerre plus ou moins sourde qu’ils livrent à la gent féminine. Des témoignages recueillis et présentés par Céline Pina montrent combien les parents sont bien seuls face au mal-être existentiel, voire aux troubles psychologiques de leur enfant en transition de genre. Le système qui privilégie l’accompagnement des adolescents dans leur démarche ne fait qu’encourager leur « radicalisation » et les isole davantage de leur famille. Et les confidences du professeur Claude Habib révèlent à quel point le transgenrisme peut donner lieu à des dérives sectaires où, avec l’incroyable complicité des pouvoirs publics, des associations enferment les jeunes souffrant de dysphorie de genre dans un militantisme de plus en plus radical.

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Côté culture, nous avons le grand plaisir, grâce à Yannis Ezziadi, de rencontrer Carlo Guido, ténor excellant dans les rôles requérant beaucoup de coffre et de puissance. Regrettant la désaffection du monde lyrique français pour les « grosses » voix, il nous livre ses souvenirs et ses coups de gueule contre un milieu qu’il considère en décadence. Georgia Ray nous fait visiter l’exposition des chefs-d’œuvre du musée de Capodimonte (Naples) parmi les collections de la Grande Galerie du Louvre. Ces toiles témoignent de l’amour du corps propre à l’art européen. Pourquoi les compositeurs vivants sont-ils les grands absents des programmations d’orchestres et d’opéras ? Laurent Couson, lui-même compositeur, pianiste et chef d’orchestre explique que ces créateurs sont abandonnés, la politique culturelle préférant les illustres morts pour remplir les salles. Patrick Mandon revisite l’histoire de la revue, Le Crapouillot, née dans les tranchées de 1915, qui tout au long du XXe siècle, a défendu, d’un ton bravache, ironique et impertinent, une diversité d’opinions presque inconcevable aujourd’hui. Julien San Frax redécouvre la vie rocambolesque et sinistre du dictateur roumain, Ceausescu, à travers la biographie que lui consacre Traian Sandu. C’est l’histoire d’une prise d’otage d’un pays et de son peuple. En reprenant les fourneaux du Taillevent, Giuliano Sperandio a redonné vie au temple de la gastronomie française. Emmanuel Tresmontant nous permet de mieux connaître ce chef qui se montre aussi inventif et audacieux que respectueux de nos traditions culinaires. Lesquels des derniers longs-métrages nous invitent à fréquenter les salles obscures cet automne ? Jean Chauvet nous demande ce que peuvent faire une « première dame de France » surestimée (Bernadette de Léa Domenach) et un cinéaste britannique pourfendeur de moulins à vent (Ken Loach) contre le superbe cinéma de Martin Scorsese ? Réponse : rien quand on les compare au nouvel opus, Killers of the Flower Moon, du maestro américain toujours en verve, lui.

Enfin, Marsault nous permet de comprendre toute la profondeur du proverbe « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».

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Brighelli, c’est pas pour les chochottes

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L'essayiste Jean-Paul Brighelli. Photo: Hannah Assouline.

Même si certaines de ses pistes de réforme sont discutables, le nouvel essai de Jean-Paul Brighelli, en tête des ventes, nous permet de sortir de la torpeur et des propos convenus sur l’éducation.


Il faut lire Brighelli. Encore ? Oui. Encore. Pourquoi ? Parce que lire Brighelli, c’est refuser la cécité, même la plus extrême, celle que l’on a envers soi-même. Dans L’école à deux vitesses, l’auteur nous donne à voir des faits, abrupts, sur l’implacable machine à reproduction sociale qu’est ce système scolaire, qui, pourtant, se rêve émancipateur.

Euthanasie pour le baccalauréat !

Chaque responsabilité y est disséquée et je ne vous cache pas que, parfois, il y a dans sa prose un côté gommage au papier de verre mais, après un temps de cicatrisation, vous en sortirez le teint frais. Ainsi, si chacun de nous ose, comme l’auteur nous y invite, sortir des postures idéologiques et du confort de sa routine, il verra un chemin possible vers l’amélioration. Il faudra, cependant, avant d’analyser les solutions qu’il propose, se frotter au miroir qu’il nous tend.

A lire aussi: Henda du 9-3 et Gwen de Sarcelles: Éducation nationale, la fin du contrat social?

Si vous êtes un frileux de la dilution, soucieux de l’entre-soi social, qui s’illusionne sur le mérite scolaire de « mon chéri, mon cœur » élève à Louis-le-Grand ou Henri-IV, vous vous honorerez en lisant attentivement le factuel et dense chapitre sur la question de la discrimination positive. Si vous pensez avoir enfanté un génie depuis sa mention au bac, ça va un peu tanguer dans le passage qui prône l’euthanasie de ce diplôme devenu « fiction ».

Bête et obéissant

Si vous êtes un enseignant, il vous faudra avoir l’honnêteté de reconnaître que votre connaissance du système vous a permis de sortir votre progéniture de la nasse où s’embourbe la très grande majorité de vos élèves.  Vous devrez aussi oser regarder ce que la définition que nous donnons du « bon élève » a pu produire d’effets pervers. N’avez-vous pas souvent valorisé l’élève sage et « scolaire » plus que tendu la main à l’atypique au potentiel caché ? Et vous, ne serait-ce donc pas cette part docile et conforme de vous-même qui vous aurait permis de vous retrouver désormais sur l’estrade de la classe ? Pire encore, ce goût pour l’obéissance ne serait-il le terreau fertile sur lequel ont grandi sans résistance tous les renoncements qui ont mené l’école au bord du gouffre : programmes indigents, diabolisation de l’évaluation, appétence pour le ludique et l’événementiel plus que pour le Savoir et l’effort ? Enfin, votre goût du consensus et de la paix sociale ne vous ont-ils pas conduit à mollir de la posture sur le plan laïcité ?

A lire aussi, du même auteur: Et une fois les abayas remisées au placard, Monsieur Attal?

Gommage au papier de verre vous dis-je, car Brighelli, ce n’est pas pour les chochottes.  Il y a même un passage d’une très grande violence : peu de lecteurs se remettront de la lecture du sujet proposé récemment en français au concours de professeur des écoles. Constater qu’il ressemble aux dictées-questions de votre CM2  de 1965 est un vrai uppercut.  Mais au-delà de tout cela, il y a bien plus. Vous allez pouvoir lire ce dont des années de pilotage par effet d’annonce et courte vue vous ont privé : des propositions fortes. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas d’adhérer, je ne souscris pas à toutes moi-même, tout en partageant l’intégralité des constats de l’auteur. C’est précieux des pistes. C’est de l’espoir. Soyez pour ou soyez contre, mais lisez-les. Pour que vive la réflexion. Pour sortir de la torpeur intellectuelle et des propos convenus. Parce que la parole « d’un ancien voyou des quartiers Nord de Marseille », ça vous secoue les neurones.

Budget 2024: nos enfants victimes de l’irresponsabilité des pouvoirs publics

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Le ministre délégué aux comptes publics Thomas Cazenave et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, Commission des Finances de l'Assemblée nationale, Paris, 27 septembre 2023 © Jacques Witt /SIPA

Le budget 2024 a été présenté mercredi 27 septembre en Conseil des ministres. Encore une occasion ratée de reprendre le contrôle de notre destin et d’alléger la charge qui pèse sur les Français et leurs enfants, déplore Benoît Perrin de «Contribuables Associés».


Pour lutter contre le harcèlement à l’école, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a promis cette semaine d’inscrire dans le cursus scolaire des « cours d’empathie », dès la maternelle. À la lecture du projet de loi de finances 2024, son collègue du Budget Thomas Cazenave aurait intérêt à y ajouter un module de propagande intitulé « Accepter avec allégresse de payer les dettes de l’Etat » ! Sans quoi, il y a fort à parier que nos enfants nous demanderont à juste titre des comptes.

Moscovici inquiet

Alors que l’urgence d’une gestion rigoureuse de l’argent public (comprendre : l’argent des contribuables) est désormais dans tous les esprits, les actes tardent à venir. Le gouvernement prévoit dans son plan un déficit de près de 140 milliards d’euros, soit plus de 35% entre ses recettes et ses dépenses. La raison ? Comme tous ses prédécesseurs depuis 1974, l’actuel gouvernement a fait le choix de présenter un budget largement en déficit. Certes il y a un léger mieux, Bercy ambitionne de ramener ce dernier à 4,4 % de notre PIB (contre 4,9 % en 2023) mais en se basant sur un taux de croissance auquel ni l’INSEE, ni la Banque de France ne croient. Le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici évoquait hier « des prévisions optimistes ». Pire, « peu de mesure d’économies structurelles » sont au programme, selon lui. Tout est dit lorsque l’on connaît la prudence diplomatique de l’ancien ministre des Finances de François Hollande. Au total, seulement 16 milliards d’économies (dont la plus grande partie proviendra de l’extinction progressive du bouclier tarifaire pour l’électricité) pour plus de… 491 milliards de dépenses !

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C’est pourtant là que le gouvernement était attendu. La France dépense trop : en 2022, les dépenses publiques représentaient 58,3 % de la richesse nationale. Les plus jeunes d’entre nous espéraient, avec le lancement des « Assises des finances publiques », qu’un changement de paradigme interviendrait. La montagne d’espérances a de nouveau accouché d’une souris.

L’épée de Damoclès des taux d’intérêt

En avril, Elisabeth Borne souhaitait que les ministères trouvent 5% d’économies dans leur budget. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les sources d’économies efficaces sont connues : baisser le nombre de fonctionnaires (ici, 8 000 embauches sont prévues), redéfinir le périmètre de l’État et réduire son budget de fonctionnement, lutter avec acharnement contre les fraudes sociales et fiscales, traquer les gaspillages… Puisque nos gouvernants n’ont pas le courage de prendre ces mesures indispensables, l’État va devoir se tourner vers les marchés financiers pour trouver la bagatelle de 285 milliards d’euros. Un record ! Avec les taux d’intérêt qui ne cessent d’augmenter (3,6% pour les bons du Trésor et les obligations assimilables du Trésor), la charge de la dette va exploser pour atteindre probablement 52 milliards en 2024. Autant d’argent gaspillé pour rembourser nos créanciers. Voilà la traduction d’une gestion irresponsable de nos dirigeants. Autant d’argent qui vient se rajouter à notre dette de 3 013 milliards à la charge de… nos enfants.

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Sans baisse des dépenses publiques, pas de baisse d’impôts. À ce sujet, les Français ont pris l’habitude d’écouter d’une oreille distraite les baisses annoncées. Ils savent que nos responsables politiques jouent sur les mots et usent de stratagèmes pour que les augmentations ne se voient pas (trop). Pas plus d’impôts mais plus de taxes. Prenons l’exemple des concessions autoroutières et portuaires revues à la hausse. Elles auront nécessairement une incidence sur les prix payés par les consommateurs.

En mai dernier, Emmanuel Macron avait envisagé publiquement une baisse d’impôts de 2 milliards d’euros pour les ménages les plus modestes. Il faudra attendre pour sa concrétisation. Certes, le gouvernement a choisi d’indexer les barèmes d’imposition pour tenir compte de l’inflation, une opération de communication présentée comme une faveur mais qui devrait être automatique. Les chefs d’entreprise ont accueilli avec enthousiasme la suppression totale d’un impôt de production qui grève la compétitivité de nos entreprises, la CVAE. Patatras, elle sera étalée sur quatre ans. Avec une inflation qui dure, les ménages, comme les entreprises, avaient pourtant besoin d’un bon bol d’air. Baisser les taxes sur l’essence aurait été judicieux, notamment pour soutenir concrètement la France qui se lève tôt et qui a besoin de sa voiture pour aller travailler… Le gouvernement préfère consacrer 40 milliards d’euros à la « planification écologique ». Victimes de la crise, nombreux sont les Français qui se demandent, à voix basse, si ces efforts budgétaires pour l’environnement tombent au bon moment…

Pourtant, les pouvoirs publics avaient une occasion historique de retisser un lien de confiance avec les Français. Oser proposer un budget à l’équilibre, c’était gagner le respect des Français et alléger le cartable des écoliers assommés par leurs manuels mais aussi par la dette financière qui pèse sur eux.

Penser les plaies

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Virginie Lanlo (Renaissance) a pris la parole dans l'hémicycle, mardi 26 septembre, pour lire une lettre récemment envoyée à son ancienne harceleuse © Jacques Witt/SIPA

L’éditorial d’octobre d’Elisabeth Lévy.


L’enfant est un loup pour l’enfant. La France entière a découvert avec effroi cette vérité vieille comme l’humanité. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il faille s’en contenter. L’institution scolaire et la collectivité doivent protection aux gamins et adolescents victimes de meutes cruelles. Les familles des jeunes qui ont mis fin à leurs jours après avoir été lâchés par l’Éducation nationale méritent justice.

Je pleure donc je suis

Gabriel Attal semble déterminé à secouer une administration qui, non contente d’être experte dans l’art de regarder ailleurs, comme les enfants qui se cachent les yeux pour faire disparaître ce qui leur déplaît, a cru bon de répondre par la menace et l’intimidation à des parents inquiets et impuissants. Tant mieux. On a le droit d’être plus dubitatif sur la batterie de mesures qu’il a présentée. Beaucoup semblent dictées par la conviction qu’on peut faire disparaître la méchanceté et les rapports de forces des cours de récré et, plus largement, éradiquer le Mal sur terre. Ainsi est-il question de dispenser à nos bambins des cours d’empathie, comme si on rendait les gens meilleurs en les sermonnant – jouer sur la peur de la sanction serait peut-être plus efficace. Notre ministre a été très impressionné par le Danemark où, le matin, chaque élève est invité à prodiguer un massage à un camarade : il paraît qu’on est moins porté à harceler quelqu’un qu’on a précédemment massé. En attendant la généralisation du massage scolaire, on pourrait interdire, pour de bon, le téléphone portable en classe au lieu de s’extasier sur les bienfaits du tout-numérique. Cela permettrait au moins de limiter le temps pendant lesquels ces petits anges peuvent écrire des horreurs.

A lire aussi : Henda du 9-3 et Gwen de Sarcelles: Éducation nationale, la fin du contrat social?

Comme toujours lorsque l’actualité passe un bon plat susceptible de devenir un « sujet fédérateur », on en mange matin, midi et soir. Résultat, l’extension du domaine du harcèlement est telle qu’on ne sait plus très bien de quoi on parle. Il s’agit désormais de le traquer derrière la moindre moquerie au risque de faire peser sur la sociabilité enfantine une chape de bienséance et de traiter la grande gueule comme le tortionnaire.

La question qui n’a pas été posée

Je pleure donc je suis. Nous nous sommes livrés à une orgie d’émotion, ce qui permet de se sentir meilleurs. J’aimerais savoir combien des indignés qui portent leur cœur en bandoulière ont déjà participé à un lynchage numérique. Passons. Devant une Assemblée tétanisée, le ministre a égrené les noms des élèves qui se sont suicidés après avoir été harcelés, comme s’il s’agissait de soldats morts pour la France. Même les Insoumis n’ont pas moufté. Une élue a ensuite fait vibrer l’Hémicycle en racontant son expérience d’élève harcelée. Au passage, elle a expliqué que, trente ans après, le traumatisme était toujours présent – ce qui est certainement un réconfort pour les enfants harcelés. On a unanimement célébré son courage et sa dignité. Qu’on ne s’y trompe pas, cette dame était sincère et sa souffrance, réelle. Mais l’Assemblée nationale est-elle le lieu idoine pour s’épancher ? Certes, l’émotion n’est pas un crime – qui ne serait ému par le récit de la descente aux enfers d’un enfant ? Elle s’accommode mal avec l’expression publique. Il n’est pas sûr que cette débauche d’excellents sentiments soit d’un grand secours pour les victimes.

Surtout, à trop forte dose, l’émotion empêche de penser. Dans ce flot compassionnel, toute velléité de réflexion s’apparente à de l’insensibilité. On aimerait pourtant savoir si nous sommes en présence d’un phénomène vieux comme le monde, attisé et amplifié par les réseaux sociaux, ou d’une manifestation d’une décivilisation se traduisant par l’effondrement des barrières morales chez un nombre croissant d’individus. À en juger par le nombre de décérébrés qui se filment ou se laissent filmer en train de commettre des atrocités – torturer un chat ou mettre à genou un gosse de 10 ans pour obliger son propre fils à le gifler[1] –, l’éducation (des familles et de l’école) ne remplit plus correctement sa mission de répression des instincts. La célébration incessante des droits individuels, le culte du c’est mon choix ont-ils engendré une génération de barbares et de psychopathes, dépourvus de surmoi, c’est-à-dire d’une instance intérieure capable de dominer l’imperium de leur moi ? Cette question, pourtant sacrément intéressante, n’a pas été posée. Sans doute parce que nous ne voulons pas connaître la réponse.


[1] Récemment une mère d’élève s’en est pris ainsi à un gosse avec lequel son fils s’était battu. Devant une forêt de téléphones portables.

« Le Procès Goldman », un film remarquable

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Arieh Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman, à l'affiche du film "Le procès Goldman", sorti le 27 septembre 2023. © Ad Vitam

En 1975 débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, frère de Jean-Jacques, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes…


Ivan Jablonka serait-il devenu un spécialiste des frères Goldman, de Jean-Jacques et de Pierre ? Je continue à penser qu’on a été trop sévère avec cet historien dont le livre sur Jean-Jacques Goldman ne méritait pas l’opprobre dont on l’a accablé, à commencer par l’hostilité de son modèle lui-même qui a délégitimé l’ouvrage.

Quand sur Pierre Goldman, Ivan Jablonka s’interroge en se demandant si « les intellectuels qui croient au mythe Goldman admirent un rebelle ou sanctifient leur jeunesse », à l’évidence il pose une bonne question mais elle n’épuise pas le sujet. « Le Procès Goldman« , dont le réalisateur Cédric Kahn a écrit le scénario avec Nathalie Hertzberg, est remarquable et apporte une pierre décisive au débat sur Pierre Goldman. Et en particulier sur sa culpabilité ou non pour le double meurtre en 1969 dans la pharmacie du boulevard Richard Lenoir, qu’il contestait avoir commis. La première cour d’assises n’avait pas cru à ses dénégations. Le second procès à Amiens s’est déroulé en 1976, dans une ambiance intense, surchauffée, dans un climat politique et médiatique largement en faveur de l’acquittement. Il ne fait aucun doute, malgré les quelques libertés que les scénaristes ont prises avec la réalité judiciaire, que cette pression collective a joué au bénéfice de l’accusé. Le film est exceptionnel d’intelligence, de profondeur et aussi d’équité et d’impartialité.


Le rythme, la qualité des échanges, leur intensité, les fureurs ou la froide rationalité de Pierre Goldman, son ironie cinglante, la présidence de la cour parfois dépassée, l’avocat général très fin, mais par moments trop subtil, l’avocat partie civile pour la police, Me Garaud, l’avocat de Pierre Goldman, Me Georges Kiejman, aux débuts d’une carrière éblouissante, des acteurs, tous, sans exception, au sommet, font de ce film une œuvre emblématique, au sortir de laquelle j’ai continué à considérer que la culpabilité de Pierre Goldman était certaine. Son acquittement relève de cette justice-spectacle où une juridiction populaire est moins impressionnée par la force des éléments à charge que par la hantise de se tromper à cause de l’idéologie totalitaire et bruyante développée par les tenants de l’innocence. J’aurais tellement aimé être avocat général dans une affaire aussi tragique, si lourde de sens à tous points de vue. D’abord parce que pour un accusateur public rien n’est plus exaltant que de s’opposer à un accusé maîtrisant parfaitement le langage et doué pour une dialectique qui abandonnait vite le terrain judiciaire (dangereux) pour l’idéologie, par exemple anti-police et complotiste. Ensuite, sans sous-estimer la portée des témoignages à charge (fluctuants certes mais indiscutables sur la reconnaissance de Pierre Goldman comme étant le tueur), j’aurais beaucoup insisté sur le comportement de ce dernier lors des audiences. Attitude qui, derrière l’humanisme sec, le verbe révolutionnaire, les protestations d’innocence, l’indignation face au grief d’avoir porté atteinte à la vie d’autrui, faisait apparaître en toile de fond, la haine, le mépris envers ces gens ordinaires qui n’appartenaient pas à l’élite de ces romantiques politisés. Eux, prêts à tout et pour qui un double meurtre, accompli dans le cadre d’un braquage parce que l’argent manquait, était banalisé, ne prêtait pas à conséquence, était justifié par le pragmatisme criminel. Cette perception n’aurait pas rendu caduque la vraie souffrance d’un Pierre Goldman, fils d’un père juif polonais devenu un héros de la Résistance en France, mais fils désespéré de n’être pas mort pour une Histoire qui lui aurait donné moins de détestation de soi.

Quand j’ai regardé ce film admirable, j’avais déjà été influencé par la publication en 2005 du livre de Michaël Prazan, Pierre Goldman, le frère de l’ombre, une biographie étayée et très éclairante de Pierre Goldman où notamment les preuves de son implication dans le double meurtre paraissaient solides. Une fois le cinéma quitté, j’ai été interpellé aimablement par un couple qui m’a questionné sur le film. J’ai répondu en substance ce que j’ai écrit dans ce post. L’épouse m’a répondu que Pierre Goldman avait été assassiné par l’extrême-droite. Je ne voyais pas en quoi cette certitude pouvait avoir la moindre incidence rétrospective sur sa culpabilité pour les meurtres. Ce qui montre bien que si longtemps après, il fallait encore pour certains que l’autre Goldman fût innocent. Je ne reprocherai jamais au film de n’avoir rien cédé à la démagogie et à la complaisance.

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Punaises de lit et rats, pas le même combat

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D.R.

Dans l’hilarité générale, les rats avaient été renommés «surmulots» par une élue EELV il y a quelques années. Dans la période trouble que nous traversons actuellement, les punaises devraient elles aussi avoir le droit à un petit surnom, pour ne pas être stigmatisées.


Mais où est passé l’antispécisme? À la mairie de Paris, c’est le branle-bas de combat. L’heure est à la mobilisation générale pour éradiquer un envahisseur à six pattes et son armée pléthorique composée de fantassins de sept millimètres avides de sang qui colonisent les fauteuils de cinéma, squattent les appartements ou errent sur les barres métalliques du métro à la recherche d’un hôte charitable.

Au début discrètes et quasi invisibles, ces minuscules bestioles deviennent de plus en plus envahissantes à mesure que le temps passe, se reproduisant à une vitesse grand v et laissant les propriétaires assiégés, complètement désarmés. Couvertes de piqures et le visage cerné, les victimes de cette invasion massive finissent par se mettre sous Xanax tant la lutte contre ces nuisibles est difficile et angoissante.

Psychose : des Parisiens n’osent plus descendre dans le métro

Entre 2017 et 2022, plus d’un foyer français sur dix aurait été infesté par ces petits vampires sur pattes. Et aujourd’hui, la psychose a gagné toute la population: les cinémas ont vu leur fréquentation baisser – même si Barbie a été épargné -, les gens se regardent de travers, les Parisiens privilégient la trottinette et le vélo pour se déplacer…

Devant le fléau engendré par cette bête immonde, le premier adjoint à la mairie de Paris, en charge de l’urbanisme, Emmanuel Grégoire a demandé en urgence au gouvernement de mettre en place un plan d’action pendant que l’opposition de droite fustige l’inaction d’Anne Hidalgo devant l’ampleur du phénomène.

Paris n’est plus une ville refuge

Mais au regard de l’imprégnation de l’antispécisme dans les esprits des élus parisiens (PS et EELV), on ne peut que s’étonner de l’absence d’empathie et de fraternité pour ces punaises de lit qualifiées, sans aucun ménagement, de « nuisibles » qu’il faudrait impérativement éradiquer par tous les moyens. La cruauté dont fait preuve la mairie de Paris est, en effet, bien surprenante. Pourquoi les punaises de lit n’ont-elles pas le même traitement de faveur, le même accueil solidaire et humain qu’ont reçu jusqu’à ce jour les neuf millions de rats, pardon de « surmulots » ? Elles aussi, elles devraient avoir le droit à un petit surnom pour ne pas être stigmatisées. Elles aussi, elles devraient bénéficier d’une cohabitation fraternelle avec les humains qui, eux, devraient être sommés de faire preuve d’amour, de curiosité et de tolérance pour mieux comprendre leurs modes de vie, pour mieux s’adapter à leurs exigences et respecter leurs désirs quotidiens – du sang, principalement.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Punaises de lit: charivari contre Pascal Praud

Oui : nous sommes surpris de pas entendre la nouvelle adjointe à la Santé qui a remplacé Mme Anne Souyris, l’amoureuse des rats, enjoindre les Parisiens à se laisser coloniser et à accepter les petites morsures dans leurs chairs. Car après tout, non seulement les punaises ne transmettent pas de maladie[1], mais surtout il faut savoir souffrir pour être digne de Gaia.

Quant au redoutable défenseur du moustique et pourfendeur de viandards, Aymeric Caron, élu du 18e arrondissement, il semble atteint du mutisme de la carpe. Notre prêcheur en chef de l’antispécisme et du véganisme semble s’être muré dans le silence, au lieu de se dresser comme un seul animal pour défendre le droit inaliénable des puces à disposer d’elles-mêmes.

Aymeric Caron démissionne

« Lorsque l’homme méprise une forme de vivant qui lui est extérieure, il s’attaque donc en réalité à une partie de lui-même », affirmait le député philosophe dans son essai Antispéciste : réconcilier l’humain, l’animal, la nature (Don Quichotte, 2016), véritable petit livre vert pour faire avaler l’idée selon laquelle un animal est un homme qui s’ignore, que tout homme aurait pu naitre animal et qu’homme, animal et plante font chacun partie du Vivant et sont tous égaux en droit. Autrement dit, Aymeric Caron aurait pu naitre punaise de lit. Apparemment il a préféré rester poisson rouge et avoir la mémoire courte. Car face à l’invasion et au plan d’éradication, c’est la grande démission. Les grands protecteurs du Vivant auraient-ils oublié leurs combats ? À Lyon, on attend toujours la performance d’un militant adepte de l’éco sexualité qui viendrait se frotter sur un matelas couvert de punaises de lit !

Bref, il faut en conclure que tous ces révoltés de la terre oublient leurs convictions antispécistes quand il s’agit des punaises de lit. Ils les excluent sans vergogne du domaine du Vivant dont ils se targuent d’être les grands protecteurs. Par leur inaction et par leur silence, ils rétablissent une distinction entre l’homme et l’animal qu’ils étaient parvenus à réfuter. La discrimination bat donc son plein. Les rats, eux, peuvent continuer à se la couler douce, mordre les éboueurs et leur transmettent la leptospirose, maladie jugée par Mme Souyris comme quasi-bénigne…

Si Jean de La Fontaine existait toujours, il nous aurait écrit une fable aussi caustique que drolatique avec pour chute une morale érigée en principe de comportement. Mais, en 2023, les La Fontaine ne courent pas les rues. Contrairement aux rats parisiens.

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[1] Elles rendent simplement dingue, et dépressif !

Tant qu’il y aura des films: Martin Scorsese, à la perfection

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© Apple TV +

Que peuvent une « première dame de France » surestimée (Bernadette, de Léa Domenach, notre critique à lire sur le site demain et déjà dans le magazine) et un cinéaste britannique pourfendeur de moulins à vent (Ken Loach, dont le film « The Old Oak » sera à l’affiche le 25 octobre) contre le superbe cinéma de Martin Scorsese ? Rien quand on les compare au nouvel opus du maestro américain toujours en verve, lui.


Sept mois de tournage et un budget de 200 millions de dollars. Débarrassons-nous d’abord des chiffres liés au nouveau film de l’auteur de Taxi Driver et Raging Bull. La démesure fait partie intégrante de la maison Scorsese, tout comme celle des voisins Coppola et Spielberg. Les anciens papes du « Nouvel Hollywood » n’ont jamais fait dans la dentelle et nul ne s’en plaint puisque les résultats sont en général à la hauteur. Scorsese se détache cependant du lot avec la volonté maintes fois avérée de faire de ses films autant de contributions à une Histoire de la Nation américaine. En adaptant le roman de David Grann, publié en 2017, il apporte une nouvelle pierre à cet ensemble absolument passionnant. Il s’agit ici du rapport des États-Unis aux Indiens Osage, enrichis par les terres pétrolifères sur lesquelles ils vivent. Le film se situe ainsi dans les années 1920, alors que plusieurs membres de la tribu amérindienne du comté d’Osage, en Oklahoma, sont assassinés après avoir trouvé du pétrole sur leurs terres. Le FBI mène alors l’enquête. Conscient de la gravité de son sujet, Scorsese multiplie les traitements pour en donner l’ampleur et la complexité : construction narrative très écrite, personnages et caractères finement dessinés, recourt à des documents d’époque vrais ou recréés pour l’occasion, utilisation du média d’alors, la radio, parmi d’autres trouvailles. Le tout porté par une distribution qui, comme toujours chez Scorsese, relève de la piste aux étoiles peuplée de cabots de génie : Robert De Niro et Leonardo DiCaprio en tête mais pas seulement, car chaque rôle secondaire est délectable. Soit dit en passant, DiCaprio devait initialement tenir le rôle du héros, un agent du FBI, avant de finalement vouloir incarner le neveu du personnage joué par De Niro. Un changement d’autant plus bénéfique que le neveu en question s’avère des plus ambigus. Et le tandem familial alors constitué par les deux stars masculines prend une ampleur tout à fait réjouissante et vénéneuse. Et c’est Jesse Plemons qui endosse in fine les habits de l’agent fédéral. À quoi il faut impérativement ajouter la musique de Robbie Robertson, les décors de Jack Fisk et les costumes de Jacqueline West. Et pour parachever l’ensemble, la touche finale du montage effectué par la complice de toujours en la matière : Thelma Schoonmaker.

La réalité que décrit ce Killers of the Flower Moon est simple : pour faire main basse en toute impunité sur l’incroyable richesse des Osages, les Blancs épousent sans vergogne les héritières et éliminent sans scrupule les obstacles à leurs projets. On rejoue ici aux cow-boys et aux Indiens, mais sans l’attirail anecdotique de la conquête de l’Ouest tendance westerns historiques. Mais c’esttout autant violent, âpre et rugueux. Les vaches et les chevaux ont disparu au profit des gisements de pétrole et des automobiles. Reste une lutte sans merci dont les gagnants historiques sont désormais connus.

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Avec cette histoire, Scorsese filme également l’émergence d’une autre Amérique, celle de la mafia. Il est ainsi en terrain connu, lui qui a si bien cerné, disséqué, comme Coppola, les mœurs de la « Pieuvre ».

Mais ce qui frappe vraiment avec ce nouveau film, c’est assurément l’extrême fluidité d’un style inimitable. Une fois encore, Scorsese raconte une histoire avec un incroyable souci de lisibilité. Son« il était une fois » (fictif ou non, peu importe) fait mouche et nous sommes comme happés par un conteur hors pair qui multiplie les ramifications de son récit sans jamais perdre de vue l’essentiel. Les trois heures et vingt-six minutes du film ne sont pas de trop pour rendre compte de cette intrigue au long cours. Scorsese prend ainsi le temps de poser le décor en montrant, par exemple, comment les Osages tentaient de faire vivre leurs traditions ancestrales tout en menant une existence quotidienne de magnats du pétrole, manoirs grandioses et domestiques blancs compris. Tant et si bien qu’au final, on dirait le film d’un jeune homme à la créativité débordante tourné par un délicieux vieux sage.

Henda du 9-3 et Gwen de Sarcelles: Éducation nationale, la fin du contrat social?

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D.R.

Vous vous inquiétiez déjà de la baisse de niveau des enfants confiés à l’Éducation nationale ? Ce n’était rien à côté de l’activisme islamo-gauchiste de certains profs. Qui ne s’en cachent même plus !


Les Français font preuve d’une immense patience envers l’État et l’évolution désastreuse de ses « institutions généralement défaillantes dans leurs fonctions essentielles, celle de la représentation comme celles de l’action », ainsi que les qualifie François Sureau.

Pourquoi ?
Le refus légitime et de bon sens du chaos. Un reste de loyauté envers des services publics qui, jadis, servaient le bien commun, et dont certains fonctionnaires, heureusement, ont encore à cœur l’intérêt général. L’espoir, hélas de plus en plus fragile, qu’il soit encore possible de redresser la barre malgré des décennies de démantèlement méthodique de l’héritage du Conseil National de la Résistance.

Qui l’État place-t-il devant les enfants ?

Mais la patience des Français a des limites, et l’État joue avec le feu lorsqu’il oblige les citoyens à mettre leurs enfants en danger en les livrant à l’abrutissement et à l’endoctrinement.

Voici en effet deux exemples de ce à quoi l’État abandonne les enfants de France : « Henda du 9-3 » et « Gwen de Sarcelles », enseignantes liées au groupuscule d’extrême-gauche Révolution Permanente du sulfureux Anasse Kazib.

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Henda s’est fait connaître début juillet en apportant son soutien aux pillards qui ont brûlé des écoles et des bibliothèques, selon elle simples « modes d’action radicaux qu’on qualifie de violences », ainsi qu’au Comité Adama. Gwen s’est déplacée à Trappes pour défendre le port de l’abaya, qualifie l’interdiction de cette tenue d’« attaque sexiste, raciste, islamophobe et colonialiste », dénonce les « violences policières », veut l’accueil de « milliers de migrants » et fait l’éloge de ce qu’elle-même appelle « émeutes ». Et ce n’est pas tout : n’oublions pas la propagande d’associations douteuses lors de sorties scolaires, le prosélytisme transactiviste et, bien sûr, les nombreuses soumissions à l’islamisation, jusque dans la composition des programmes et des manuels qui ne se sont pas améliorés depuis que Souâd Ayada en dénonçait courageusement la malhonnêteté intellectuelle.

Effondrement

Désormais, dans l’école de la République, les enfants qui entrent en sixième ne savent pas combien il y a de quarts d’heure dans trois quarts d’heure, mais ont bien appris qu’il y a des femmes à pénis et des hommes enceints ! Ils connaissent par cœur les moindres subtilités du tri sélectif. Et passent donc leurs journées avec Henda et Gwen qui sont libres de leur raconter absolument tout ce qu’elles veulent ! Ce n’est pas là un simple effondrement du service public, c’est une trahison du contrat social. L’État ne se contente pas de ne plus remplir correctement sa mission et de transformer le système scolaire en garderie, il oblige les citoyens à livrer leurs enfants à des activistes qui les soumettent à un bourrage de crâne idéologique, et les conditionnent à la médiocrité.

Comment les Français pourraient-ils encore longtemps accepter cela ? Quousque tandem abutere, Éducation Nationale, patientia nostra ?

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Contrairement à ses prédécesseurs, le nouveau ministre de l’Éduc’Nat, Gabriel Attal, semble décidé à agir, et plutôt dans le bon sens. On se gardera bien de faire trop confiance à un macroniste, mais reconnaissons que celui-ci fait d’excellents débuts à la tête d’un ministère difficile, dans lequel le « pas de vague » a depuis longtemps pris la place de toute déontologie.

Et il ne se contente pas de déclarations d’intention, il agit : c’est vrai de l’interdiction de l’abaya, c’est vrai de l’intervention bienvenue de la police pour interpeller un harceleur – les établissements scolaires doivent être des sanctuaires, pas des zones de non-droit. Il reste cependant énormément à faire, et Gabriel Attal va devoir se hâter s’il veut sauver ce qu’il reste de légitimité à l’État : le système scolaire était la fierté de la République, il est en train de devenir son tombeau.