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Hélène Grimaud, rock star


La pianiste Hélène Grimaud, connue dans le monde entier, ne passe jamais inaperçue. Quand elle entre dans un restaurant, tout le monde la regarde et s’extasie devant sa beauté. C’est une femme charismatique, comme il en existe peu. Tantôt blonde, tantôt brune, pour casser son image, ses yeux bleu-gris envoûtent. Elle est toujours dans un avion, dort dans des chambres d’hôtel, remplit les salles de concert du monde entier. Elle est une force qui va, difficile à saisir. Elle se ressource sur la côte Ouest des États-Unis, chez elle, recluse, pour échapper au bruit et à la fureur, et protéger les chevaux mustangs, massacrés par l’appât du gain. Ce n’était donc pas évident de la saisir de « l’intérieur ». C’est la prouesse qu’a réussie Stéphane Barsacq avec le livre Renaître.

Se remettre au monde

Dès les premières pages, on comprend qu’on ne lit pas un ouvrage de commande, rédigé en trois mois, relu sur un coin de nappe. Il s’agit d’un livre de longue haleine, patiemment mûri, travaillé et retravaillé. C’est un livre qui a su donner du temps au temps. Il n’en est que plus rare. Hélène Grimaud apparaît à la fois forte et fragile, intelligente, surdouée, audacieuse, exaltée, parfois « désaxée » par le tourbillon de l’existence, mystique, amoureuse de la nature, des loups, des chevaux, des grands espaces, de la musique, bien sûr, en un mot : oxymorique. Stéphane Barsacq pose les (bonnes) questions et Hélène Grimaud répond sans fard. Il faut reconnaître que ses confessions tombent à pic. L’actualité internationale fait désespérer de l’homme. La barbarie gagne du terrain comme jamais, la nuit nucléaire nous guette, et les mots d’Hélène Grimaud nous redonnent l’espoir, et nous rappellent que la grâce existe et qu’elle peut, et doit, sauver l’humanité. « C’est une petite fille, à la sortie d’un concert, écrit la pianiste virtuose, qui m’a donné l’élan qui me manquait. Elle m’a demandé simplement : La musique, ça sert à quoi ? » La réponse se trouve dans son livre, résumée par son titre : Renaître. « Ce n’est pas assez d’être né : il importe de se remettre au monde, et de l’aimer ».  

Le loup est l’avenir de l’homme

Hélène Grimaud est reçue première à l’unanimité, à l’âge de treize ans, au Conservatoire de Paris. Autant dire que le piano est plus qu’une passion, c’est une véritable vocation, au sens religieux du terme. Mais cette femme de cœur à l’incroyable énergie a d’autres préoccupations. Elle a fondé un centre de préservation des loups aux États-Unis. Dans le loup, elle retrouve l’enfant sauvage qu’elle a été, cette difficulté à se sociabiliser, cette inaptitude à trouver sa place dans un monde matérialiste. Le défendre, c’est également préserver l’équilibre de l’écosystème de la planète. Son combat n’est pas idéologique, il est dicté par l’observation et le bon sens. « Aujourd’hui, écrit Hélène Grimaud, sur cette terre où l’homme pratique le grand génocide de la vie – chaque jour des dizaines d’espèces animales et végétales disparaissent –, où 16 125 nouvelles espèces sont menacées d’extinction, au rang desquelles, nouvellement désigné après l’ours polaire, l’hippopotame, il faut affirmer haut et fort que le loup est l’avenir de l’homme. » La musique est longuement évoquée dans l’ouvrage – comment pourrait-il en être autrement. C’est elle, après sa mère, d’origine corse, qui l’a éduquée. Mieux même : elle l’a élevée. Elle cite ses amis, qui ne la quittent jamais : Bach, Mozart, Haydn, Rachmaninov, Brahms, Chopin, et beaucoup d’autres. Hélène Grimaud n’élude aucune question. Elle parle également de la littérature, du féminisme, du piano, de son approche charnelle et sensuelle de l’instrument, du besoin de solitude, de nature pour retrouver l’équilibre perdu, de la foi si peu éloignée de la musique, de sa beauté que voulait filmer Ingmar Bergman. Hélène Grimaud est particulièrement touchante quand elle évoque son corps, ce corps qu’il convient de « dérider ». Au milieu des loups, dans la forêt, en compagnie de ses deux chiens, elle danse. Oui, elle danse avec les loups. Et là, elle fait « l’expérience physique de la joie. » Elle danse, comme dansait Bardot, la femme qui a tout sacrifié pour sauver les animaux de la souffrance infligée par l’Homme. Grimaud se souvient : « J’ai dansé ainsi pour la première fois enfant, en Camargue, dans les roseaux, après l’envol des chevaux dans celui des flamants roses. J’ai eu le désir soudain et irrépressible de virevolter, les bras tendus au ciel, les jambes ailées de gouttelettes qui volaient au soleil de son éclat. » Lisez ce livre. Vous verrez comme il fait du bien.

Hélène Grimaud, avec Stéphane Barsacq, Renaître, Albin Michel

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Parking

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Pierre-Louis vieillissait. Mal, à l’en croire – si tant est qu’existât une façon de bien vieillir. De manière imperceptible parfois, mais toujours irréversible, chaque jour qui passait ajoutait au fardeau de sa décrépitude. Sa vue baissait. Son ouïe déclinait. Au matin, avant que la machine se soit remise en route, il avait peine à se mouvoir. Sa mémoire, elle aussi, s’engourdissait. Il avait de plus en plus de mal à retrouver les noms et, plus encore, les prénoms qui lui étaient naguère familiers. Ainsi avait-il cherché en vain, une journée durant, le nom du bassiste qui accompagnait Dave Brubeck dans Take Five. C’est dire l’état de délabrement de ses neurones. Il en était atterré. Une brusque illumination vint soudain percer l’opacité morose dans laquelle il se mouvait. En compagnie de son épouse, il parcourait les allées interminables d’un parking souterrain, en quête d’une place où garer leur voiture. Quête vaine. Le rendez-vous fixé par l’opthtalmologiste en était compromis. Chaque minute écoulée le rendait plus improbable. Soudain, une trouée : quatre ou cinq places vides se profilaient à l’horizon et Rosalie qui, depuis plus d’un an, avait remplacé son mari aux commandes de leur véhicule, accéléra.
« Tu vois, Pierre-Louis, il ne faut jamais désespérer de la Providence.
Avec un peu de chance, nous arriverons à l’heure. ».
Déception. Sur le sol du parking, le dessin d’un fauteuil roulant, sur fond bleu, assorti d’une inscription : « réservé aux personnes handicapées ».
« Qu’importe !, s’exclama Pierre-Louis. Garons-nous quand même. Après tout, ne suis-je pas, moi aussi, handicapé ? »
Le déclic. L’idée avait germé dans son inconscient. Il ne restait plus qu’à officialiser une situation subie en silence depuis de trop longs mois. Il s’en ouvrit à l’ophtalmologiste.
« Nous allons, lui dit le praticien, procéder à une évaluation de votre champ visuel. Le rétrécissement de celui-ci sera, si j’ose dire, un atout pour la reconnaissance de votre handicap. Il faudra toutefois que votre médecin généraliste procède à un examen approfondi de vos autres déficiences ».
L’affaire était enclenchée. Le docteur Bonnemaison, praticien de sa famille, connaissait bien Jean-Louis et ses handicaps. En outre, manifestement coutumier de ce genre de démarche, il extirpa sans hésiter, du tiroir de son bureau, un formulaire.

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« Je dois, prévint-il, me livrer à un interrogatoire minutieux pour juger, notamment, de votre état mental. Quel est votre nom ? »
Pierre-Louis retint avec peine le fou-rire qui le gagnait.
« Mais enfin, docteur, vous le connaissez ! De surcroît, il figure sur ma carte Vitale !
– Bien sûr, je le connais. Mais vous ? Pouvez-vous me donner la date d’aujourd’hui ?
– 25 septembre 2023.
– Parfait. Voyons voir… Donnez-moi le second prénom de votre grand’mère maternelle.
– Elise. Ma grand’mère s’appelait Marthe Elise.
– Bien. Votre mémoire a l’air en bon état. Je remplirai le reste du formulaire. Il concerne votre état physique et votre dossier sur mon ordinateur me fournira tous les éléments nécessaires. A priori, votre dossier devrait vous valoir une réponse favorable. »
Il brandissait une épaisse liasse.
– « Il ne vous restera plus qu’à envoyer ceci au service compétent du Conseil départemental ».
Exécution immédiate. La réponse arriva au bout d’une quinzaine. Elle émanait du service social du département : « Monsieur, nous accusons réception de votre demande Elle sera examinée quand le dossier ci-joint, dûment rempli, sera venu la compléter. »
Ledit dossier était impressionnant. Il comportait la liste de pièces officielles dont les photocopies certifiées conforme par l’autorité municipale: extrait de naissance, carte d’identité, carte Vitale, carte bleue, carte d’électeur, carte de fidélité au supermarché, relevés d’imposition des dix dernières années, certificat de domicile, dernières quittances d’eau et d’électricité, photographies diverses permettant d’authentifier le tout. Au total, un colis de deux kilos, renvoyé recommandé, par la poste, une semaine plus tard. L’attente commença. Pierre-Louis dépérissait, soutenu seulement par le suspense entretenu. Celui-ci fut interrompu au bout de six mois. Une lettre recommandée émanant du Conseil départemental lui signifiait qu’après un examen détaillé, son dossier faisait apparaître des inexactitudes :
« Ainsi, le second prénom de votre grand’mère était Elisabeth, et non Elise. Quant à votre chien Basile, dont la race, à vous en croire, est celle d’un patou des Pyrénées, la photo jointe laisse clairement apparaître qu’il s’agit d’un labrit, chien de berger. En outre, la couleur de votre voiture n’est pas blanche, mais plutôt grisâtre. En conséquence de quoi nous vous renvoyons votre dossier que vous voudrez bien relire attentivement et rectifier avant de nous le retourner. »
Stupéfaction. Découragement. Ecœurement. Cette fois, la coupe était pleine. Pierre-Louis se plia de mauvaise grâce à ces nouvelles exigences, mais sans la moindre illusion. Et il se laissa doucement glisser. Jusqu’au matin où Rosalie le trouva inerte dans son lit. Aux lèvres, un étrange rictus qui pouvait ressembler à un sourire.
Une heure après, le facteur sonnait à la porte. Il brandissait une lettre recommandée. Rosalie eut un pressentiment. Lorsqu’elle l’ouvrit, elle découvrit le précieux carton et se dirigea sans hésiter vers la chambre funéraire. Pierre-Louis gisait, les mains jointes sur sa poitrine. Son épouse glissa entre ses doigts le sésame tant attendu et murmura à son oreille :
« Tu en auras sans doute besoin. Là-haut, il doit y avoir de sacrés embouteillages ! ».

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Quel rôle pour l’Ouzbékistan?

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Il n’y aura pas de paix dans la région « Asie centrale » sans stabilité en Afghanistan. Son voisin, l’Ouzbékistan, qui depuis des années s’intègre de mieux en mieux dans l’espace financier, commercial et économique mondial, y œuvre.


Au milieu de tous les pays d’Asie centrale, l’Ouzbékistan tente de se démarquer et de faire de sa politique étrangère un outil d’influence qui pèse de plus en plus et permette d’intégrer l’ensemble de la région davantage au sein de la communauté internationale.

Il faut bien noter que l’Asie centrale est en train de devenir l’une des régions du monde au développement économique le plus spectaculaire et que son intégration sur la scène mondiale s’accélère chaque année davantage. Au cours des six dernières années, le PIB total des cinq pays concernés a doublé, pour atteindre 400 milliards de dollars. Dans le même temps, la part du commerce mutuel de marchandises dans le chiffre d’affaires total du commerce extérieur de l’Asie centrale a lui augmenté de 6 % en 2014 à 11% en 2022.

L’une des priorités de Tachkent est de renforcer les relations et les partenariats stratégiques avec tous les États d’Asie centrale, tout en élargissant la coopération sous toutes ces formes avec les pays en dehors de la région. Ces dernières années, le pays a lancé un nouveau programme régional en Asie centrale autour de la sécurité, la coopération commerciale, économique et culturelle. Depuis 2018, quatre réunions de chefs d’État de la région se sont tenues à Douchanbé.

Les efforts de tous les pays de la région a contribué à accroître son attractivité pour les partenaires extérieurs et à élargir son interaction avec les grands États de la planète ainsi que les grandes organisations internationales. Ainsi, les plateformes de dialogue au format « Asie centrale Plus » sont passées de 4 en 2017 à 11 en 2023. L’Ouzbékistan a quand lui lancé un certain nombre d’initiatives en particulier dans les domaines de la sécurité, du commerce, de l’énergie et des transports. Aujourd’hui, les Nations Unies soutiennent cette avancée régionale et ont voté un certain nombre de résolutions qui vont dans le sens d’une plus grande intégration de l’Asie centrale à la communauté internationale.

En septembre dernier, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev a participé à la 78è session de l’Assemblée Générale des Nations Unies et présenté l’état d’avancement et ce qu’il considère comme des réussites de la stratégie de développement du nouvel Ouzbékistan. À la mi-octobre, aura lieu à Samarcande la 25ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Pour la première fois dans l’histoire, l’Ouzbékistan accueillera cet important rassemblement biennal des États membres et membres affiliés de l’OMT.

La diplomatie économique est devenue la priorité de l’Ouzbékistan qui a fixé le cap d’une intégration plus active du pays dans l’espace financier, commercial et économique mondial, ainsi que dans les transports interrégionaux et les communications logistiques en Asie centrale. Tachkent a intensifié son processus de négociation d’adhésion à l’OMC, a obtenu le statut d’État observateur au sein de l’UEE et le statut de pays bénéficiaire dans le système de préférences SPG+ de l’Union européenne. La coopération du pays avec les institutions financières internationales et régionales, telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la BERD, la Banque islamique de développement et la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, a atteint un niveau inédit. En 2019, l’Ouzbékistan a rejoint le Conseil turcique et en 2020 a présidé la Communauté des États Indépendants. En septembre 2022, Tachkent a accueilli le sommet de l’Organisation de Coopération et de Sécurité. Ces dernières années, l’Ouzbékistan a présenté plus de 80 propositions sur les plateformes multilatérales visant à renforcer la sécurité régionale, la coopération économique et le développement global et durable de l’Asie centrale.

Cependant, il n’y aura pas de paix et de sécurité dans la région sans stabilité de l’Afghanistan, qui partage une frontière commune avec l’Ouzbékistan. Le pays a accru ses échanges dans les domaines du commerce, des transports, de l’énergie et de l’éducation afin d’impliquer ce pays pauvre et en grande difficulté depuis des décennies dans les échanges commerciaux régionaux. Tachkent a joué un rôle clé dans le renforcement de la participation des pays d’Asie centrale aux efforts internationaux visant à stabiliser l’Afghanistan. Il ne faut jamais oublier que ce pays est un maillon essentiel entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud.

Gabriel Attal, vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE

Notre collaborateur approuve les premières pistes ouvertes par le ministre de l’Éducation — fin du collège unique institué par la réforme Haby / Giscard d’Estaing, et réouverture d’Écoles Normales, dès la 1ère année du Supérieur, afin de former au mieux les nouveaux enseignants dont la France a besoin. Mais, souligne-t-il, les adversaires de ces changements salutaires préparent déjà leur contre-offensive…


Monsieur le Ministre,

Je doute que vous ayez eu le temps, au milieu des responsabilités qui sont les vôtres et des événements dramatiques de ces derniers jours, de jeter un œil sur mon dernier livre, L’Ecole à deux vitesses, paru fin août.

Je me contenterai donc de me féliciter de la contiguïté de nos pensées…

Dans le chapitre final où j’ai rassemblé diverses propositions sur les réformes à mettre en œuvre au plus vite, j’écris en effet :

« Les enseignants doivent être recrutés et orientés dès le niveau Bac + 1, et formés dans des centres — les anciennes Ecoles Normales par exemple pour les instituteurs — où on leur enseignera les savoirs indispensables pour faire face à leurs classes. Pas de la pédagogie ou de la didactique, qui viendront avec l’expérience du terrain. Et les terrains scolaires sont si variés qu’aucune recette ne s’applique uniformément, à moins de chercher le chahut immédiat et irrémédiable.

« La mixité sociale n’a de sens que si elle s’accompagne d’une ambition qualitative. Il est donc essentiel de révoquer le collège unique, source depuis quarante ans de confusion et d’impossibilité technique de faire des cours cohérents. J’ajoute qu’une répartition des élèves en fonction de leur niveau (et non des revenus de leurs parents) doit s’accompagner d’une discrimination selon le niveau : on peut faire cours à 15 élèves en difficulté ou à 40 élèves sans problèmes, mais certainement pas, sous prétexte d’égaliser les conditions de travail, à 30 élèves de niveaux trop hétérogènes.

« L’évolution du niveau des élèves doit être la clé des rémunérations supplémentaires des enseignants. Elle sera évaluée par des instances idoines — il est temps que l‘Inspection, au lieu de passer en coup de vent tous les cinq ou six ans, ausculte les maîtres deux fois par an — en amont et en aval. Et comme il ne se trouve pas assez d’Inspecteurs, des enseignants chevronnés — vraiment chevronnés, pas des pistonnés ou des lèche-bottes de pédagos ultimes — seront à même de prodiguer des conseils et d’apprécier le travail. »

Et voici que vous annoncez à la fois la nécessité de rouvrir les Écoles Normales, qui formaient si bien nos maîtres autrefois, et d’en finir avec le collège unique, qui sous prétexte d’égalitarisme aura été le plus grand vecteur d’inégalités dont jamais système corrompu ait rêvé. Quant à la rémunération au mérite, elle est en partie incluse dans le Pacte mis en place par votre prédécesseur, et fort combattu par des syndicats qui se soucient davantage de propagande que d’efficacité pédagogique.

Évidemment, ces timides avancées dans la bonne direction suscitent déjà des réactions outrées chez les artisans du désastre, qui sentent que leurs beaux jours sont derrière eux. Le ban et l’arrière-ban des pédagogistes les plus forcenés vous canardent comme un lapin depuis dix jours (vous ferai-je remarquer qu’ils soutiennent, les uns et les autres, des organisations parallèles financées par votre ministère ? Non, je ne le ferai pas…). Sylvain Connac « chercheur » en sciences de l’Éducation (ancien instituteur, il n’a jamais vu un élève du Secondaire), écrit par exemple dans Le Monde — l’ex-« journal de référence » qui ouvre libéralement ses colonnes à tout ce que l’idéologie la plus rance a produit de pseudo-spécialistes :

« Un système éducatif ne fonctionne pas pour l’unique promotion de quelques champions, au risque de voir se créer des masses de perdants et de résignés scolaires. La responsabilité est plutôt du côté de l’excellence scolaire, par la recherche du progrès de tous, sans exception. »

Cela nous ramène au temps — l’Eden perdu de Mr Connac — où l’on avait inventé un Ministère de la Réussite Scolaire : on met la barre au plus bas, pour que chacun soit sûr de la sauter. Cela procède d’un mépris des élèves qui au fond n’est guère étonnant, ces temps-ci, chez des gens de gauche. Permettre réellement à chacun d’aller au plus haut de ses capacités est plus compliqué que de truquer les notes, et la différenciation des cursus en fonction des goûts et des capacités est une voie évidente pour y parvenir.

Puis Claude Lelièvre, « historien » de l’Éducation, s’est indigné à son tour que vous appeliez à reformer des Ecoles normales dont la formation serait « axée sur les fondamentaux et les valeurs de la République ». Comme celle de Jules Ferry, instituée pour préparer les loupiots à la future guerre franco-prussienne ? Ma foi, Lelièvre ne s’est apparemment pas aperçu que nous sommes effectivement en guerre — contre des fondamentalistes qui égorgent u décapitent les enseignants.

Enfin Sa Suffisance Philippe Meirieu, l’artisan en chef du désastre, s’est exprimé du haut de sa tour d’ivoire, critiquant la façon dont l’institution a salué la mémoire de Dominique Bernard : « Aucune parole ne pouvait être à la hauteur de l’événement et il aurait mieux valu, sans doute, s’en tenir au silence. Un silence collectif et solidaire. Un silence assourdissant pour enjoindre nos concitoyens de mettre un terme aux lieux communs et aux invectives sur les réseaux sociaux… »

… afin de laisser libre cours aux messages de haine et aux appels au meurtre des fanatiques de la charia ?

Je n’irai pas jusqu’à vous suggérer de révoquer ceux qui, parmi les nuisibles infiltrés dans la structure profonde de votre ministère, travaillent à démanteler par avance vos propositions, comme ils l’ont fait quand François Fillon ou Gilles de Robien tentaient d’imposer en Primaire une méthode d’apprentissage cohérente du Lire / Ecrire — une méthode alpha-syllabique, préconisée d’ailleurs par Stanislas Dehaene et tous les vrais chercheurs : par exemple la méthode LEGO expérimentée depuis deux ans dans l’Académie de Paris, décidément en pointe. Mais le corps des Inspecteurs devrait être sérieusement nettoyé — ou peut-être mis en extinction.

La fin du collège unique est une nécessité urgente. Il faut permettre à chaque élève d’avancer à son rythme et en fonction de ses capacités, de ses goûts, de son histoire. En instituant, bien sûr, des passerelles entre les niveaux, de façon à ne condamner personne à séjourner trop longtemps dans un niveau qui ne serait plus le sien — dans un sens comme dans l’autre : il faut redonner aux élèves, tous amateurs de records sportifs, le goût de la compétition et de l’effort permanent.

Bouleverser la formation des maîtres, afin de rendre le métier plus attractif, en est une autre. Vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE, persuadés que l’enfant est naturellement bon et qu’il suffit de l’écouter et de solliciter ses capacités créatrices pour construire ses propres savoirs. Nous savons, vous et moi, que les chères têtes blondes ou brunes ont des instincts naturels cannibales, et que l’enseignement consiste justement à les dénaturer — ce pour quoi on leur fournissait autrefois un (insti)tuteur.

Enfin, pourquoi garder le Bac, coquille vide et onéreuse ? Autant construire des Certifications par matière, comme cela se fait pour les langues. Les professeurs qui officient sur Parcoursup y retrouveront plus aisément leurs futurs étudiants.

J’ai apprécié que vous proclamiez la tolérance zéro envers les apprentis islamistes. Les exclure, soit. Mais quand ils ont moins de 16 ans, on est forcé de les réintégrer ailleurs. Pourriez-vous donner des ordres pour que ce soit loin, très loin de leur collège ou lycée d’origine ? À charge à leurs parents, s’ils tiennent à conserver le bénéfice de la prime de rentrée, de veiller à ce qu’ils s’y rendent, chaque matin…

Mais je suis sûr que vous l’aviez déjà résolu, tant nos pensées au fond sont parallèles…

Très attentivement vôtre…

Jean-Paul Brighelli

PS. Vous suggèrerai-je une inflexion dans votre discours laïque ? L’ennemi aujourd’hui a un nom, il s’appelle l’islamisme. Autant le nommer — parce que c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, comme l’avait asséné Arturo Perez Reverte il y a déjà huit ans dans un article fondateur : « Es la guerra santa, idiotas ! » Que les pédagos bêlants répugnent à « stigmatiser », comme ils disent, des gens qui sont des ennemis de la France, ou à faire des cours d’Histoire réellement chronologiques, et non plus entachés de convictions anti-colonialistes, anti-esclavagistes et autres complaisances culpabilisantes et communautaristes, en dit long sur les complicités que les adeptes d’une gauche islamo-fasciste entretiennent avec ceux qui sapent nos institutions et parfois attentent à la vie des enseignants.

Sissi saphique

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L’impératrice comme vous ne l’avez jamais vue. Tu m’étonnes !


Dix ans après un premier film intitulé Finsterword, la réalisatrice allemande Frauke Finsterwalder, 47 ans, se risque à un second (très) long métrage. Sissi et moi. Un film « en costumes », comme on dit. « Moi », ce n’est pas elle, Frauke, mais Irma Sztàray, la dernière dame d’honneur d’Elisabeth d’Autriche, dite Sissi…  

Avouons-le, nous n’avions pas vu Finsterword à sa sortie en 2013. Ce qui aiguisait notre curiosité pour Sissi und Dich, c’est d’y retrouver la fabuleuse actrice Sandra Hüller, celle-là même qui tenait si magnifiquement le rôle principal dans Anatomie d’une chute, de Justine Triet –  Palme d’or cannoise 2023. Sandra Hüller jouait déjà dans Finsterword ; la voilà donc qui, cette fois, campe Irma, aux côtés de sa compatriote germanique Suzanne Wolff, laquelle endosse le rôle de Sissi. Casting alléchant : l’archiduc Ludwig-Viktor von Habsbourg-Lorraine a les traits de l’acteur Georg Friedrich, qu’on a vu récemment dans Sparta, d’Ulrich Seidl, mais qu’on connait surtout en France pour avoir été dirigé par Michael Haneke dès son premier film, Le Septième continent (1989), puis dans La Pianiste et Le temps du loup… On retrouve aussi, pour incarner le comte Berzeviczy, l’excellent acteur suisse-allemand Stefan Kurt.

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Bref, on n’y allait pas à reculons, à cette projection de presse. On était fondé à croire qu’avec une distribution 100% germanique, et quand bien même la réalisatrice a beaucoup vécu aux Etats-Unis, la reconstitution historique serait conduite avec exactitude. Mais c’est oublier que la doxa féministe prend définitivement ses aises avec la réalité. Sans vergogne, la réécriture de l’Histoire précède l’écriture : « Historiquement, nous affirme Frauke Finsterwalder dans le dossier de presse, l’impératrice Élisabeth a souvent été décrite comme une femme dépressive et psychologiquement instable. Mais cette vision témoigne d’un point de vue masculin et ennuyeux selon lequel une femme au caractère difficile ne peut qu’être malade » (sic ! – je souligne). Et d’ajouter : « Si j’ai choisi le nom d’Irma Sztáray, c’est parce qu’elle a existé à l’époque où se déroule le film (tout de même, on n’en attendait pas moins !). Mais elle n’a pas grand-chose en commun avec l’Irma de mon film. La vraie Irma était proche de ses parents, et en particulier de sa mère aimante. Elle rentrait chez elle pour les vacances et entretenait une relation étroite avec eux. Alors que dans Sissi & Moi, c’est tout le contraire ». De son propre aveu, « l’exactitude historique importait peu ».

Nous voilà donc prévenus : les personnages renvoient à une réalité historique dont le film a décidé de ne tenir aucun compte. Dès lors, il sera permis de leur faire dire n’importe quoi, de leur inventer des situations dépourvues de toute vraisemblance, de leur prêter des rapports improbables, de les habiller sans le moindre souci de véracité « archéologique ». Mais alors, pourquoi faire un film à prétention « historique », si tout y sonne délibérément faux, jusqu’à la bande sonore « pop », agrémentée d’un morceau du groupe Portishead, entre autres trouvailles ? « La seule chose qui était essentielle dans la sélection était que seules des voix de femmes soient entendues », explique benoîtement la cinéaste… En somme, Sissi ne serait qu’un label, celui de « la plus grande pop-star de son époque » (sic) dixit Frauke Finsterwalder. Un label, ça se prête à toutes les déclinaisons. Mêmes les plus anachroniques.

En vérité, l’impératrice d’Autriche, assassinée comme l’on sait à l’âge de 60 ans, n’était plus de toute première jeunesse lorsqu’à partir de 1894 elle prit à son service la jeune comtesse hongroise Irma Sztaray de Stara et Naguy-Mihaly, son ultime dame d’honneur. Peu importe à Frauke Finstervalder : Sissi a perdu 20 ans pour les besoins de la prétendue romance saphique avec Irma. Quant à l’époux, François-Joseph 1er, il est peint sous les espèces du mâle alpha libidineux légitimement éconduit sans ménagement par cette Femme-qui-sait-dire-non-à-l’Homme : « je suis ton mari, tout de même », geint-il piteusement. Burlesque.

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La pente féministe incline ainsi l’improbable scénario de Christian Kracht – conjoint de la réalisatrice, au civil.  Certes, l’impératrice d’Autriche s’est étourdie de voyages, de Corfou à l’île de Madère, du château hongrois de Gödöllö au Grand hôtel de Roquebrune-Cap-Martin, des rives de Naples aux eaux de Karlsbad, autant pour échapper à sa tribu que pour fuir l’étiquette de la cour de Vienne. Dans Sissi et moi, paradoxalement, les paysages et les sites architecturaux restituent de façon assez plausible les décors où se manifeste cette opulence princière, par une débauche de panoramas de carte postale, au reste filmés d’un bout à l’autre comme avec une pellicule 16mm : d’où cette image curieusement « crasseuse », dont la « mise au point » semble défectueuse. Tandis que le film réserve aux personnages, à leurs mises comme à leurs postures, et ce en toute connaissance de cause, la plus totale incongruité. Sofia Coppola, dans son Marie-Antoinette, avait donné l’exemple d’un tel travers qui, depuis, a fait des émules. A cent lieues de Visconti, cf. Ludwig ou Le Crépuscule des dieux, où Romy Schneider campait, dans quelques séquences immortelles, une Sissi authentiquement impériale. Dans Sissi et moi, les talentueuses comédiennes Sandra Hüller et Suzanne Wolff se tirent comme elles peuvent de ce script inepte et laborieux.   

Irma Sztaray, la vraie, née en 1864, ne s’éteindra qu’en 1940. En 1909, elle a publié ses mémoires : Aus den letzen Jahren der Kaiserin Elisabeth – titre original que l’édition française, parue chez Payot en 2007, traduit Mes années avec Sissi. Le livre est réédité en poche. La dame de compagnie n’y appelle jamais Sissi que « Sa Majesté » : c’était dans l’ordre des choses.     

Sissi et moi. Film  de Frauke Finsterwalder. Allemagne, Suisse, Autriche, couleur, 2023. Avec Suzanne Wolff, Sandra Hüller, Georg Friedrich, Stefan Kurt, Sophie Huller. Durée: 2h12.

En salles le 25 octobre.

A lire: Irma Sztaray. Mes années avec Sissi. Petite bibliothèque Payot.

Mes années avec Sissi: Par la dernière dame d'honneur d'Elisabeth d'Autriche

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Faire briller la France dans les yeux des enfants

Avec de fausses alertes à la bombe, des plaisantins font annuler les cours. Lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens, place de la République, à Paris, on entend scander « Allahu akbar » – le même cri prononcé par les tueurs de profs, de supporters suédois ou le Hamas ! Enfin, les minutes de silence ne sont pas toujours respectées. Il devient impératif d’agir pour que notre jeunesse se ressaisisse.


Une partie non négligeable de notre jeunesse n’est plus du tout en phase avec notre rapport au monde et notre pays. Au lendemain des hommages rendus en l’honneur des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard, sauvagement assassinés par des terroristes islamistes, nous devons tous nous questionner profondément et sincèrement sur le rôle de l’école.

Comment est-il possible que parmi notre jeunesse tant de haine de la France se dessine, s’exprime à demi-mots voire s’expose fièrement, y compris lors des minutes de silence ?

L’assimilation ne fonctionne plus

Bien sûr, la société entière est travaillée par ces sentiments de rejet d’un côté, de déni de la situation de l’autre, entérinant le refus de s’intégrer à la France et donc l’impossibilité de s’assimiler à notre peuple, d’une partie non négligeable de la population immigrée ou d’origine étrangère. Être Français doit refaire sens et cela dès le plus jeune âge ! Nous ne pouvons pas laisser se développer un ressentiment vis-à-vis de la population historique de la France et poursuivre notre chemin, faisant croire que tout ira pour le mieux, supposant (naïvement ?) que le temps jouera en faveur du pseudo vivre-ensemble. Les vingt dernières années nous montrent l’exact inverse et les récents événements nous prouvent que la tendance s’accélère. L’anti-France a le vent en poupe et nous feignons de l’ignorer !

Alors chantons la Marseillaise, tant citée dans les programmes, tant écoutée dans les stades (quand elle n’est pas sifflée, ayons un peu de mémoire…) et pourtant si peu apprise à l’école ! Notre hymne national doit de nouveau prendre sens dans l’esprit de tous nos élèves.

Nous avons trop longtemps moqué le sentiment patriotique

Ne serait-ce qu’en faisant réellement vivre le début… « Allons enfants de la Patrie » : où est donc cette belle idée de patrie, tant elle a été dévoyée, puis moquée et travestie ? Non, ce n’est pas un mot immonde aux relents sulfureux d’un trop lourd passé. C’est surtout une magnifique pensée envers notre pays et l’union de tout son peuple. Nous, Français, devons retrouver la fierté d’appartenir à notre belle nation.

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Faire vibrer les enfants au son de notre hymne, c’est d’abord leur expliquer notre histoire, notre culture et notre rapport au monde. C’est faire briller leurs yeux au contact de notre géographie, les faire s’émerveiller des richesses et de la diversité de nos paysages, chanter avec Roland notre histoire à Roncevaux, tonner avec la Garde impériale napoléonienne et trembler avec nos poilus ; appréhender la charge de l’histoire et en explorer les fiertés.

Oui, nous devons refaire l’école de la France et mettre des rituels républicains dans nos cours et dans le cœur de nos élèves. Avoir le drapeau Bleu-Blanc-Rouge sous les yeux pour faire fleurir le sentiment essentiel d’être ensemble pour les plus belles raisons. Être et non vivre ensemble car cela ne signifie plus rien et surtout n’implique aucune volonté. Être ensemble exige de chacun l’état d’esprit qui permet la concorde nationale, à la condition qu’elle repose sur l’amour de notre pays. Notre drapeau, sans celui de l’Europe dont les étoiles ne font plus rêver grand-monde, devrait chaque jour être célébré alors qu’il inspire du rejet, voire de la crainte quand on ose l’afficher.

Pour l’instauration d’une nouvelle matière: « connaissance de la France »

La fierté nationale est pourtant louée, le drapeau souvent honoré et les porte-étendards glorifiés un peu partout dans le monde. Sauf ici, en France. Pourquoi ? Cette question doit traverser notre pays, notre société et nous devons aussi y répondre à l’école ! Ajournons toutes les « éducations à bidule » et instaurons une matière « connaissance de la France » dès le début de l’école élémentaire, où nous étudierions spécifiquement chaque jour l’histoire, la géographie, la culture, la littérature et tout ce qui nous distingue des autres peuples, qui bien souvent nous envient pour les mêmes raisons dont nous pouvons être fiers. Stoppons ce dénigrement permanent, acceptons l’histoire tragique et honorons l’histoire glorieuse sans rougir. Apprenons à nos élèves les magnifiques textes et poésies dont notre littérature regorge, qui tombent en désuétude au milieu des oubliettes des programmes scolaires.

Illuminons la pensée de nos élèves par les esprits de nos grands auteurs, éclairons leurs yeux des sentiments de leurs héros, pleurons, chantons, aimons, rions avec eux, et faisons revivre notre langue dans sa richesse et sa variété. Pour combattre de l’intérieur le mal qui ronge notre société, commençons déjà par être fiers de ce que nous sommes et donnons envie aux autres de nous ressembler. Refaisons vibrer les élèves au son de notre hymne, refaisons briller la France dans les yeux de nos enfants pour que, de nouveau, le jour de gloire puisse arriver !

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La défaillance de la nation

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La nation française se divise et se morcelle sous nos yeux. Les professeurs qui sont en première ligne en sont les premières victimes. L’un d’eux sonne l’alarme.


L’attentat commis contre Dominique Bernard, professeur de lettres au collège-lycée Gambetta-Carnot d’Arras, nous a presque tous cruellement touchés.

Je dis « presque » tous, car la nation française est loin d’être unie dans la douleur. Le plus triste, c’est qu’il ne faudrait même pas en être surpris : la disparition de l’unité nationale est aussi, trop souvent, la cause première des attentats qui nous ébranlent.

Rancœurs silencieuses

M’accuserait-on de pessimisme ? Le réel plaide en ma faveur : plus de 350 incidents recensés lors de la minute de silence organisée dans les écoles en hommage au professeur. Mesure ô combien symbolique, rassembleuse, émouvante ! – qu’il est proprement insupportable de voir bafouée par les haïsseurs de la patrie. Et l’on ne compte plus les commentaires injurieux sur les réseaux sociaux contre une victime devenue héros dans son sacrifice, ni les rancœurs silencieuses que l’on préfère ignorer pudiquement, par effroi de la vérité.

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Ce n’est pas tout de s’indigner, il faudrait peut-être agir. Et pas seulement par « l’exclusion » de 68 élèves (!), comme l’a proposé le ministre de l’Éducation nationale, mais par des sanctions exemplaires. Ce traitement inconséquent des soutiens, même passifs, à des entreprises terroristes est indigne, et démontre bien à quel point le mot de « nation » est désormais descendu. On rappellera, à tout hasard, que le fait d’entretenir des intelligences avec une organisation étrangère « en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France » est puni de trente ans de détention et de 450 000 euros d’amende (art. 411-4 du code pénal). La suscitation d’une « intelligence », d’une « hostilité », d’une « agression » même, c’est pourtant bien, il me semble, à quoi ressemblent les « incidents » constatés dans les écoles : on parle pour certains lycéens de menaces de mort contre les enseignants ! – « T’es le prochain », disent-ils. Chahuter dans ces circonstances atroces une minute de silence, c’est grave. Hélas ! pour ce genre d’élève qui bouscule l’hommage à la victime d’un attentat fanatique, une exclusion, c’est certainement une bonne nouvelle. L’État est encore une fois défaillant.

Fracture culturelle

Donc, s’indignera-t-on chaque année inutilement ? En 2021, déjà, une centaine d’incidents avaient été dénombrés lors des hommages à Samuel Paty. Combien y en aura-t-il en 2024, en 2025, lors de nouveaux hommages à de nouveaux professeurs assassinés, à Reims, à Lille ou peut-être Toulouse ? De plus en plus, à n’en pas douter.

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Si l’exécutif voulait nous protéger efficacement, ce qui devrait être son premier vœu, puisque c’est son rôle premier, il prendrait des mesures nationalistes, par exemple une limitation drastique de l’immigration. L’importation du conflit israélo-palestinien sur notre territoire a révélé à quel point sont chez nous profondes, irréconciliables et nombreuses les fractures culturelles. Mais la nation, on aime mieux décidément la faire disparaître ; alors l’Intérieur, malgré tous ses beaux discours, préfère installer des portiques de sécurité aux entrées des écoles, quand c’est devant la France entière qu’il faudrait mettre des barrières, et poursuivre en justice tous ceux qui ne vont pas dans son sens. Quel est l’intérêt de saisir la justice contre Danièle Obono ? Le ministre la croit-il sincèrement délinquante ? Mais il devrait l’écouter, plutôt, et avec attention : car n’en déplaise, elle est la porte-parole d’une proportion de la population qui ne cesse d’augmenter, et qui deviendra majoritaire si rien n’est fait.

Gérald Darmanin peut bien taper des poings sur la table. En 2022 (chiffres du ministère de l’Intérieur), 320 330 premiers titres de séjour ont été délivrés, rien que ça. Et je ne reviendrai pas sur l’historique de l’assassin de Dominique Bernard, affligeant, comme toujours.

Prenez donc des mesures d’urgence, Monsieur le ministre ; faites des hommages, tenez des discours de fermeté. Et « en même temps » habituez-vous, comme nous tous, à entendre crier « Allah Akbar » sur la place de la République : ce sera votre bilan.

Fachos, mais pas trop

À Rennes, le groupe d’extrême droite l’Oriflamme a revendiqué avoir dégradé l’entrée du local du Parti communiste dimanche dernier, en réaction à la mort de Dominique Bernard. Le bourgeois breton, qui estime que rien n’est plus sacré que le droit des réfugiés tchétchènes à demeurer en France, est très choqué. Qui sont ces affreux du groupe l’Oriflamme, et quel est leur message ?


Lundi matin, c’est ce gros titre qu’ont découvert les Rennais sur le petit chevalet bleu et jaune Ouest-France qui s’expose devant les marchands de journaux et les supérettes : « PCF : les locaux vandalisés ». Il fallait s’aventurer dans les colonnes du quotidien, pour en savoir plus.

On apprenait alors qu’un groupuscule d’extrême droite dénommé l’Oriflamme avait vandalisé la veille le local du parti des 70 000 fusillés. L’action a été elle-même revendiquée par la formation sur son compte Twitter. « Traîtres à la France, communistes assassins », pouvait-on lire sur des imprimés collés sur le portail, sur lequel de la peinture rouge avait été également apposée. « L’entrée du local du PCF a été décorée en scène de crime car les politiques défendues par les gauchistes (et notamment les communistes) tuent des Français, nous explique un militant. Il convient donc de le montrer aux Français, plus que jamais. Leur cosmopolitisme les mène à défendre des islamistes qui finissent par tuer des Français. Ce sont des traîtres. »

Un communiqué du PC rennais embarrassant

L’Oriflamme a voulu réagir à sa façon à la brulante actualité nationale, et reproche au PCF local de s’être mobilisé ,en 2014, aux côtés du MRAP et de la Cimade, contre l’expulsion de la famille de Mohammed Mogouchkov, le terroriste islamiste d’Arras. La mobilisation avait alors permis le réexamen du dossier par le ministère de l’Intérieur, qui avait fini par annuler l’expulsion. Le jeune homme originaire d’Ingouchie s’est désormais fait connaitre de tous comme l’auteur de la terrible attaque au couteau qui a coûté la vie à Dominique Bernard, enterré hier. À l’époque, la famille était hébergée à la Guerche-de-Bretagne, dans l’Est de Ille-et-Vilaine, et venait d’être déboutée du droit d’asile. Michèle Fougeron, alors présidente du MRAP, s’était émue : « Comment oser reprocher à ces parents de n’avoir pas de ressources, quand la préfecture a refusé, voici deux ans, une autorisation au père qui avait une promesse d’embauche ? » Puis, le père, Kiadi Mougouchkov, a lui été expulsé vers la Russie, en 2018, en raison de problèmes administratifs et de soupçons de violences conjugales.

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À Rennes, la gauche, qui domine nettement le paysage politique et intellectuel, est scandalisée. Aurélien Guillot, secrétaire fédéral du PCF en Ille-et-Vilaine, a annoncé qu’il portait plainte. Une menace qui n’inquiète pas outre mesure notre militant : « Il n’y aucun risque judiciaire car la permanence n’a pas été dégradée et nous ne sommes pas rentrés dans les locaux par effraction ; nous n’y sommes pas du tout rentrés ». La maire de la ville, Nathalie Appéré (PS), a exprimé son soutien aux camarades. Et la section locale du PCF estime que puisque Mohammed Mougouchkov n’avait que onze ans au moment de la mobilisation contre son expulsion, rien ne pouvait présager qu’il pourrait un jour commettre un tel acte terroriste. Reste que le communiqué de presse de 2014 en soutien à la famille a depuis ce week-end disparu du site web de la section rennaise du PCF…

Terre hostile

Mais qu’est-ce donc que l’Oriflamme ? Dans une capitale bretonne où Marine Le Pen n’a fait que 15% des voix au deuxième tour de la présidentielle 2022, le groupuscule tente de diffuser des thèmes très droitiers en terrain très hostile.

On les voit, sur certaines photographies, avec des croix celtiques, symbole utilisé par divers mouvements d’ultra-droite européens. « En réalité, c’est le logo d’une marque de vêtements, European Brotherhood », assure notre contact, une marque connue dans tous les mouvements européens d’extrême droite. Notre militant rectifie : « Nous disposons d’un drapeau mi-fleur de lys mi-croix celtique. Il représente la nation et la civilisation, la France et l’Europe. Et puis, de toute façon, si nous voulions être ironiques, nous dirions que la croix celtique a toute sa place en Bretagne car elle rappelle ses racines celtes ». Il est vrai que l’on croise ce symbole dans de nombreux cimetières bretons. Au départ, les jeunes gens de l’Oriflamme constituaient la cellule locale de l’Action française avant de se séparer du vieux mouvement maurrassien. « Il s’agissait pour les militants de recouvrer une certaine liberté, aussi bien de mouvements que de pensée, sans subir le joug d’une bureaucratie parisienne déconnectée et, à l’usure, néfaste et décourageante ». Le groupuscule rennais dégage désormais un style moins royaliste que fascisant, dans le genre des supporters de la Lazio de Rome. Notre militant interrogé se défend et conteste fermement le terme : « Fascistes, nous ? Vous osez nous demander si l’on se définit par le terme le plus déformé du monde, qui recouvre désormais une centaine de fantasmes au moins ? Il n’est pas possible de vous répondre, du moins nous sommes dans l’obligation de dire : non ». Le militantisme dans des partis plus classiques, très peu pour eux : « Nous ne désirons pas défendre des partis qui ne sont que des structures pourries où le pire de l’homme (la perfidie, le mensonge, la trahison, la volonté de pouvoir) s’exprime constamment ».

Choquer le bourgeois

En mai 2023, l’Oriflamme s’est mobilisé à Saint-Brévin (Loire-Atlantique) contre l’installation d’un camp de migrants. Puis également à Saint-Senoux (Ille-et-Vilaine), contre un atelier donné à des enfants et animé par des drag-queens dans la médiathèque de la bourgade. Une quinzaine de militants, aux visages dissimulés et avec un mégaphone, avait sérieusement plombé l’ambiance ce jour-là. L’un des participants a été condamné à six mois de prison ferme et 1 500 euros d’amende pour « injure publique envers une personne dépositaire de l’autorité publique » (le maire de la ville) et « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ».

Avec leur action contre les cocos, les militants de l’Oriflamme auront donc réussi cette fois à choquer le bourgeois rennais. Une mobilisation que l’on pourrait toutefois rapprocher des actions d’agit-prop de Greenpeace, lorsque ses activistes s’introduisent dans des centrales nucléaires. Ça choque, ça a été conçu pour, ce n’est pas sympa pour celui qui doit enlever la peinture après, mais pas de quoi ouvrir une cellule psychologique non plus.

A Rennes, ce week-end, d’autres tags ont été observés, non loin du cimetière du Nord : « Mort aux Juifs ». Un message sans doute en lien avec l’actualité au Proche-Orient, et qu’aurait pu également rapporter Ouest-France sur son petit chevalet du lundi matin.

Quelque chose de réussi au Royaume du Danemark

Après avoir tenté l’accueil pour tous, les Danois ont compris que la défense de leur cohésion nationale passait par une immigration strictement encadrée. Le secret de la réussite de ce « modèle » : ne pas être inféodé aux diktats de Maastricht et ignorer les remontrances de l’ONU et des ONG.


Pour les gauches européennes, comme pour l’ONU, la crise démographique de notre continent n’appelle qu’une seule réponse : l’ouverture des frontières. L’immigration est à la fois une fatalité, une nécessité et une obligation. Hors son acceptation, point de salut. Ce n’est pourtant pas l’avis des premiers concernés : les peuples, de plus en plus inquiets face à l’arrivée massive de migrants comme à Lampedusa. Les citoyens européens ne voient pas la crise démographique comme un simple problème économique, soluble dans l’importation de main-d’œuvre et de ventres. Ils sont conscients qu’elle se pose aussi en termes anthropologiques et culturels. Ils craignent la submersion et ont le sentiment que leurs représentants politiques sont dans le déni.

Prix culturel

Alors est-il possible pour un État, de mettre en place une politique d’immigration sans en payer le prix culturel ? Est-il possible pour une nation de contrôler les flux et d’exiger l’assimilation ?« Non », répond Clément Beaune, ministre des Transports. Il prend à témoin la situation actuelle de l’Italie. Selon lui, Georgia Meloni est en train de prouver qu’une solution à l’échelle nationale est vouée à l’échec. Seule l’Europe aurait la réponse. Autant dire que nous sommes assignés à l’apathie.

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Or il existe un petit pays européen qui a réussi à mettre en place une politique consensuelle et efficace permettant de maîtriser l’immigration. Il s’agit du Danemark. Pourtant, les Danois n’ont pas eu de révélation. Ce n’est qu’au bout d’un long processus (de 2002 à 2016, la loi sur les étrangers a été modifiée 93 fois et 42 fois entre 2017 et 2019) qu’ils ont élaboré le désormais célèbre « modèle danois ».Leur recette ? D’abord un positionnement pragmatique et non idéologique vis-à-vis de l’Union européenne. Quand les Danois ont rejeté le traité de Maastricht, leurs représentants politiques n’ont pas décrété que le peuple avait mal voté. Ils ont entendu le message et ont négocié nombre de dérogations au droit européen. Le traité a fini par être ratifié, sans que le Danemark adhère aux obligations imposées par l’Europe en matière d’immigration. Il démontre aujourd’hui, par sa réussite, que l’Europe fait partie du problème.

Regroupement familial et acquisition de la nationalité: le parcours du combattant

La cohérence de la politique danoise et son caractère consensuel viennent de la clarté de leur diagnostic : pour les Danois, la protection de leur système social passe par la diminution de l’immigration et non par l’ouverture des frontières, supposée augmenter le nombre de cotisants. Ils pensent que« l’État providence dépend autant du niveau de confiance dans la société que des performances économiques du pays[1] ». Ainsi l’homogénéité et la cohésion de la société – plutôt qu’une certaine idée de la diversité –sont essentielles pour que les citoyens acceptent de payer les uns pour les autres. Voilà pourquoi la politique d’immigration danoise marche sur deux jambes : restriction (mais pas immigration zéro) et exigence d’assimilation.

Les Danois, par ailleurs, se moquent des protestations de l’ONU et des ONG, parce qu’ils ont pu constater que la fermeté paye. Entre 2014 et 2019 le nombre total des demandes d’asile a chuté de 82 % et celui des migrants (hors demandeurs d’asile) a baissé de 14 %.

En ce qui concerne le regroupement familial, par exemple, chaque immigré doit signer un contrat spécifique qui fixe ses obligations, les objectifs et les étapes du parcours d’intégration. Sans contrat signé et respecté, pas d’aides sociales. D’autres règles ont été mises en place pour éviter que les migrants aillent chercher des épouses « au pays ». Pour pouvoir faire venir une personne de sa famille, il faut atteindre un certain niveau de revenu, ne plus toucher de prestations sociales et avoir un logement adéquat (pas plus de deux personnes par pièce, surface de 20 m2 par personne…). Autre point, l’effort d’intégration étant au cœur de la politique d’accueil, toute peine de prison, même avec sursis, est un facteur rédhibitoire pour l’acquisition de la nationalité.

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Et ce n’est pas tout : la politique danoise d’expulsion est elle aussi efficace. D’abord la mesure est appliquée immédiatement une fois la demande refusée et une autre demande ne peut être déposée avant un délai conséquent. Pendant l’examen du dossier les candidats hébergés dans des centres pour migrants, doivent pointer à la police quotidiennement. Enfin, c’est le Danemark qui définit lui-même si un pays est sûr ou pas et donc s’il est possible de renvoyer les réfugiés dans leur pays d’origine. Par ailleurs ayant pu, pendant l’affaire des caricatures de Mahomet, mesurer la dangerosité du fondamentalisme musulman et surtout des militants religieux, le Danemark a durci les conditions requises pour que ceux-ci puissent bénéficier d’un titre de séjour.

Mais le Danemark va encore plus loin. La « Jewellery Law » (« loi des bijoux ») votée en 2016 – suscitant une énorme controverse – donne aux autorités le pouvoir de confisquer argent, bijoux ou objetsd’une valeur supérieure à 10 000 couronnes (1 340 euros). L’idée est de faire participer le réfugié à la charge qu’il génère dans le pays qui l’accueille.

Ce modèle danois est parfaitement reproductible ailleurs. Mais pour cela, la renégociation de certains traités européens est indispensable. Pour autant, tout n’est pas si facilement transposable : les mêmes causes n’ont pas toujours les mêmes effets. Au Danemark, par exemple, la suppression des aides sociales s’est rapidement traduite par une baisse du nombre de demandes d’accueil. En France, les candidats à l’immigration sont souvent francophones, ils bénéficient d’attaches et de points de chute, peuvent compter sur une diaspora importante, leur choix ne dépend pas forcément du montant des aides sociales. Il n’en reste pas moins que l’exemple du Danemark ne tient pas seulement aux mesures concrètes mises en place. Elle rappelle que la politique, c’est avant tout du courage et de l’action, et qu’un sujet délicat peut devenir consensuel quand les hommes politiques s’en emparent au nom de l’intérêt général et de la volonté des peuples.


[1] « La politique danoise d’immigration : une fermeture consensuelle », janvier 2023, fondapol.org.

À Gaza, Médecins Sans Frontières participe, hélas, à la manipulation du Hamas

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Si l’enquête et l’Histoire confirment bien que le tir retombé sur l’Hôpital Al-Ahli Arabi a été tiré depuis Gaza, MSF aura fait le jeu du Hamas en relayant sa propagande. L’organisation terroriste palestinienne ne peut que se réjouir des déclarations de la prestigieuse organisation humanitaire. 


Avec « l’attaque contre l’hôpital de Gaza », nous venons d’assister à l’une des plus « belles » manipulations de l’histoire récente. Reprenons. Immédiatement après l’impact, la presse du monde entier, qui ne dispose d’aucune information directe et d’aucun correspondant sur place reprend « l’info » de cette attaque. Les plus prudents, comme le New York Times, qui changera trois fois son titre par la suite, parlent d’une « une frappe israélienne tuant des centaines de personnes dans un hôpital selon les Palestiniens », sans préciser qu’ici il s’agit du Hamas. La plupart des médias ne mentionnent aucune source. Lorsqu’elle est citée pour évoquer le nombre de morts, il s’agit du « ministère de la santé de Gaza », sans jamais, à quelques exceptions près, mentionner le Hamas. 

Les fantasmes de la rue arabe

Aussitôt, « la rue arabe » s’enflamme. Il faut évidemment un peu de temps à l’armée israélienne pour analyser l’événement, d’autant plus qu’elle n’est pas à l’origine de la frappe mortelle. Au fil des heures, les preuves s’accumulent : une vidéo d’un tir du Hamas, l’absence de cratère au lieu de l’impact, une conversation enregistrée entre membres du Hamas, aucune image des « au moins 500 morts » dont on ne voit pas pourquoi le Hamas se serait privé de les montrer, des voitures calcinées mais un hôpital qui semble intact, ou du moins pas du tout effondré comme les immeubles touchés par les frappes israéliennes dont on voit quotidiennement les images à la télévision.

En visite en Israël, Joe Biden cautionne l’analyse du gouvernement israélien et le renseignement européen croit savoir qu’il n’y aurait « que » 10 à 50 morts, ce qui est beaucoup plus conforme aux images que chacun peut voir. Fin de l’histoire, mais pas plus qu’elle n’a été convaincue que le 11 septembre 2001 n’était pas un complot juif, la « rue arabe » ne croira jamais à la culpabilité du Hamas. Tous les journalistes et médias qui ont relayé cette fake news de la responsabilité israélienne ont fait le jeu du Hamas. Au passage, l’absurdité de la directive européenne sur les services digitaux chère au commissaire Thierry Breton se confirme. Dans le monde actuel, il est utopique de vouloir contrôler par la loi ce qu’il appelle la «  désinformation ». Dans ce cas, la presse du monde entier est tombée dans la fake news. A qui va-t-il infliger une amende ?

Syndrome de Stockholm ?

Le plus interpellant reste le fait que des organisations humanitaires relaient le discours du Hamas. Ainsi dans un tweet toujours visible, Médecins Sans Frontières déclare « Nous sommes horrifiés par le bombardement israélien (je souligne) de l’hôpital Ahli Arab dans la ville de Gaza ». « Des centaines de personnes ont été tuées selon les autorités locales », mais MSF ne précise pas qu’il s’agit du Hamas. Cette prise de position pose problème pour une organisation dont les principes de base sont la neutralité et l’impartialité, de même que la reprise du nombre de victimes selon le Hamas, mais sans mentionner ce dernier. Enfin, selon les déclarations de ses responsables, MSF aurait du personnel sur place dans l’hôpital, et devrait ainsi avoir une meilleure évaluation que le Hamas du nombre de morts, ce qui pourrait donner un sens au rôle de témoignage de l’organisation. Dans une interview la coordinatrice de MSF à Paris affirme que « le toit de l’hôpital s’est effondré sur un de ses chirurgiens pendant qu’il opérait ». Peut-être, mais on aimerait en savoir davantage puisque le toit de l’hôpital semble intact. À ce jour, aucun tweet ne vient corriger l’erreur (la faute?) initiale de MSF, attribuant la frappe à Israël. Et un journaliste un peu consciencieux aurait pu interroger l’organisation, encore présente dans l’émission Quotidien hier, à ce sujet.

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Depuis le début de cette guerre, MSF n’a fait aucun tweet pour dénoncer les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par le Hamas en Israël, pas plus que la prise d’otages de dizaines d’Israéliens qui viole le droit humanitaire auquel l’organisation fait si souvent appel. Longuement interrogée il y a quelques jours sur France 24, Sarah Chateau, la responsable du programme, se voit tendre une perche en fin d’interview par la journaliste qui l’interroge sur le sort des otages. Or, Madame Chateau se contente de répondre laconiquement qu’elle est « désolée » pour ces otages, sans prononcer la moindre condamnation. 

Le syndrome de Stockholm est assez fréquent dans le monde de l’humanitaire où, focalisé sur une situation particulière souvent dramatique, les acteurs ne sont pas conscients d’autres aspects pourtant tout aussi visibles d’une crise humanitaire. Souvent, inconsciemment, ils en viennent à se faire complice des bourreaux des victimes qu’ils cherchent à aider. On l’a vu en Ethiopie (1984-1985), lors du génocide des Tutsis au Rwanda (1994) et en Bosnie (1992-1995). À Gaza, sans aucunement jeter la pierre à ceux qui sont sur place et font ce qu’ils peuvent, MSF fait le jeu du Hamas, qui ne peut que se réjouir des déclarations de la prestigieuse organisation humanitaire. Afin de tenter de rendre leur discours plus « objectif » (ou plus neutre, ou simplement plus honnête), les médias ont besoin de témoins sur place qui ne soient pas palestiniens. Dans ce jeu de rôle, une organisation renommée comme Médecins sans Frontières est l’acteur idéal pour « crédibiliser » la description de la situation.

Avant l’attaque contre l’hôpital, j’ai expliqué dans le Figaro pourquoi l’aide humanitaire à Gaza faisait le jeu du Hamas et ne pouvait que le renforcer. Cela ne veut, évidemment, pas dire qu’il ne faut pas soigner, nourrir et aider les Gazaouis victimes des bombardements ou contraints de se déplacer. Ce rôle devrait être laissé aux pays arabes qui ne manquent ni de médecins, ni de volontaires, ni de moyens financiers. En voulant à tout prix être sur place (pourquoi ?), les organisations humanitaires occidentales, dont on voit à travers cet exemple qu’elles n’apportent aucune valeur ajoutée même en temps que « témoin sur place », deviennent involontairement les complices du Hamas.


Alain Destexhe est médecin, sénateur honoraire belge et ex-secrétaire général de Médecins Sans Frontières. Il est l’auteur de nombreux livres et articles sur l’humanitaire en situation de conflits dont L’humanitaire impossible ou deux siècles d’ambiguïtés (Armand Collin) et de Rwanda : essai sur le génocide (Complexe).

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Hélène Grimaud, rock star

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La pianiste française Hélène Grimaud © Daniel Stupar / Albin Michel

La pianiste Hélène Grimaud, connue dans le monde entier, ne passe jamais inaperçue. Quand elle entre dans un restaurant, tout le monde la regarde et s’extasie devant sa beauté. C’est une femme charismatique, comme il en existe peu. Tantôt blonde, tantôt brune, pour casser son image, ses yeux bleu-gris envoûtent. Elle est toujours dans un avion, dort dans des chambres d’hôtel, remplit les salles de concert du monde entier. Elle est une force qui va, difficile à saisir. Elle se ressource sur la côte Ouest des États-Unis, chez elle, recluse, pour échapper au bruit et à la fureur, et protéger les chevaux mustangs, massacrés par l’appât du gain. Ce n’était donc pas évident de la saisir de « l’intérieur ». C’est la prouesse qu’a réussie Stéphane Barsacq avec le livre Renaître.

Se remettre au monde

Dès les premières pages, on comprend qu’on ne lit pas un ouvrage de commande, rédigé en trois mois, relu sur un coin de nappe. Il s’agit d’un livre de longue haleine, patiemment mûri, travaillé et retravaillé. C’est un livre qui a su donner du temps au temps. Il n’en est que plus rare. Hélène Grimaud apparaît à la fois forte et fragile, intelligente, surdouée, audacieuse, exaltée, parfois « désaxée » par le tourbillon de l’existence, mystique, amoureuse de la nature, des loups, des chevaux, des grands espaces, de la musique, bien sûr, en un mot : oxymorique. Stéphane Barsacq pose les (bonnes) questions et Hélène Grimaud répond sans fard. Il faut reconnaître que ses confessions tombent à pic. L’actualité internationale fait désespérer de l’homme. La barbarie gagne du terrain comme jamais, la nuit nucléaire nous guette, et les mots d’Hélène Grimaud nous redonnent l’espoir, et nous rappellent que la grâce existe et qu’elle peut, et doit, sauver l’humanité. « C’est une petite fille, à la sortie d’un concert, écrit la pianiste virtuose, qui m’a donné l’élan qui me manquait. Elle m’a demandé simplement : La musique, ça sert à quoi ? » La réponse se trouve dans son livre, résumée par son titre : Renaître. « Ce n’est pas assez d’être né : il importe de se remettre au monde, et de l’aimer ».  

Le loup est l’avenir de l’homme

Hélène Grimaud est reçue première à l’unanimité, à l’âge de treize ans, au Conservatoire de Paris. Autant dire que le piano est plus qu’une passion, c’est une véritable vocation, au sens religieux du terme. Mais cette femme de cœur à l’incroyable énergie a d’autres préoccupations. Elle a fondé un centre de préservation des loups aux États-Unis. Dans le loup, elle retrouve l’enfant sauvage qu’elle a été, cette difficulté à se sociabiliser, cette inaptitude à trouver sa place dans un monde matérialiste. Le défendre, c’est également préserver l’équilibre de l’écosystème de la planète. Son combat n’est pas idéologique, il est dicté par l’observation et le bon sens. « Aujourd’hui, écrit Hélène Grimaud, sur cette terre où l’homme pratique le grand génocide de la vie – chaque jour des dizaines d’espèces animales et végétales disparaissent –, où 16 125 nouvelles espèces sont menacées d’extinction, au rang desquelles, nouvellement désigné après l’ours polaire, l’hippopotame, il faut affirmer haut et fort que le loup est l’avenir de l’homme. » La musique est longuement évoquée dans l’ouvrage – comment pourrait-il en être autrement. C’est elle, après sa mère, d’origine corse, qui l’a éduquée. Mieux même : elle l’a élevée. Elle cite ses amis, qui ne la quittent jamais : Bach, Mozart, Haydn, Rachmaninov, Brahms, Chopin, et beaucoup d’autres. Hélène Grimaud n’élude aucune question. Elle parle également de la littérature, du féminisme, du piano, de son approche charnelle et sensuelle de l’instrument, du besoin de solitude, de nature pour retrouver l’équilibre perdu, de la foi si peu éloignée de la musique, de sa beauté que voulait filmer Ingmar Bergman. Hélène Grimaud est particulièrement touchante quand elle évoque son corps, ce corps qu’il convient de « dérider ». Au milieu des loups, dans la forêt, en compagnie de ses deux chiens, elle danse. Oui, elle danse avec les loups. Et là, elle fait « l’expérience physique de la joie. » Elle danse, comme dansait Bardot, la femme qui a tout sacrifié pour sauver les animaux de la souffrance infligée par l’Homme. Grimaud se souvient : « J’ai dansé ainsi pour la première fois enfant, en Camargue, dans les roseaux, après l’envol des chevaux dans celui des flamants roses. J’ai eu le désir soudain et irrépressible de virevolter, les bras tendus au ciel, les jambes ailées de gouttelettes qui volaient au soleil de son éclat. » Lisez ce livre. Vous verrez comme il fait du bien.

Hélène Grimaud, avec Stéphane Barsacq, Renaître, Albin Michel

Renaître

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Parking

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D.R.

Pierre-Louis vieillissait. Mal, à l’en croire – si tant est qu’existât une façon de bien vieillir. De manière imperceptible parfois, mais toujours irréversible, chaque jour qui passait ajoutait au fardeau de sa décrépitude. Sa vue baissait. Son ouïe déclinait. Au matin, avant que la machine se soit remise en route, il avait peine à se mouvoir. Sa mémoire, elle aussi, s’engourdissait. Il avait de plus en plus de mal à retrouver les noms et, plus encore, les prénoms qui lui étaient naguère familiers. Ainsi avait-il cherché en vain, une journée durant, le nom du bassiste qui accompagnait Dave Brubeck dans Take Five. C’est dire l’état de délabrement de ses neurones. Il en était atterré. Une brusque illumination vint soudain percer l’opacité morose dans laquelle il se mouvait. En compagnie de son épouse, il parcourait les allées interminables d’un parking souterrain, en quête d’une place où garer leur voiture. Quête vaine. Le rendez-vous fixé par l’opthtalmologiste en était compromis. Chaque minute écoulée le rendait plus improbable. Soudain, une trouée : quatre ou cinq places vides se profilaient à l’horizon et Rosalie qui, depuis plus d’un an, avait remplacé son mari aux commandes de leur véhicule, accéléra.
« Tu vois, Pierre-Louis, il ne faut jamais désespérer de la Providence.
Avec un peu de chance, nous arriverons à l’heure. ».
Déception. Sur le sol du parking, le dessin d’un fauteuil roulant, sur fond bleu, assorti d’une inscription : « réservé aux personnes handicapées ».
« Qu’importe !, s’exclama Pierre-Louis. Garons-nous quand même. Après tout, ne suis-je pas, moi aussi, handicapé ? »
Le déclic. L’idée avait germé dans son inconscient. Il ne restait plus qu’à officialiser une situation subie en silence depuis de trop longs mois. Il s’en ouvrit à l’ophtalmologiste.
« Nous allons, lui dit le praticien, procéder à une évaluation de votre champ visuel. Le rétrécissement de celui-ci sera, si j’ose dire, un atout pour la reconnaissance de votre handicap. Il faudra toutefois que votre médecin généraliste procède à un examen approfondi de vos autres déficiences ».
L’affaire était enclenchée. Le docteur Bonnemaison, praticien de sa famille, connaissait bien Jean-Louis et ses handicaps. En outre, manifestement coutumier de ce genre de démarche, il extirpa sans hésiter, du tiroir de son bureau, un formulaire.

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« Je dois, prévint-il, me livrer à un interrogatoire minutieux pour juger, notamment, de votre état mental. Quel est votre nom ? »
Pierre-Louis retint avec peine le fou-rire qui le gagnait.
« Mais enfin, docteur, vous le connaissez ! De surcroît, il figure sur ma carte Vitale !
– Bien sûr, je le connais. Mais vous ? Pouvez-vous me donner la date d’aujourd’hui ?
– 25 septembre 2023.
– Parfait. Voyons voir… Donnez-moi le second prénom de votre grand’mère maternelle.
– Elise. Ma grand’mère s’appelait Marthe Elise.
– Bien. Votre mémoire a l’air en bon état. Je remplirai le reste du formulaire. Il concerne votre état physique et votre dossier sur mon ordinateur me fournira tous les éléments nécessaires. A priori, votre dossier devrait vous valoir une réponse favorable. »
Il brandissait une épaisse liasse.
– « Il ne vous restera plus qu’à envoyer ceci au service compétent du Conseil départemental ».
Exécution immédiate. La réponse arriva au bout d’une quinzaine. Elle émanait du service social du département : « Monsieur, nous accusons réception de votre demande Elle sera examinée quand le dossier ci-joint, dûment rempli, sera venu la compléter. »
Ledit dossier était impressionnant. Il comportait la liste de pièces officielles dont les photocopies certifiées conforme par l’autorité municipale: extrait de naissance, carte d’identité, carte Vitale, carte bleue, carte d’électeur, carte de fidélité au supermarché, relevés d’imposition des dix dernières années, certificat de domicile, dernières quittances d’eau et d’électricité, photographies diverses permettant d’authentifier le tout. Au total, un colis de deux kilos, renvoyé recommandé, par la poste, une semaine plus tard. L’attente commença. Pierre-Louis dépérissait, soutenu seulement par le suspense entretenu. Celui-ci fut interrompu au bout de six mois. Une lettre recommandée émanant du Conseil départemental lui signifiait qu’après un examen détaillé, son dossier faisait apparaître des inexactitudes :
« Ainsi, le second prénom de votre grand’mère était Elisabeth, et non Elise. Quant à votre chien Basile, dont la race, à vous en croire, est celle d’un patou des Pyrénées, la photo jointe laisse clairement apparaître qu’il s’agit d’un labrit, chien de berger. En outre, la couleur de votre voiture n’est pas blanche, mais plutôt grisâtre. En conséquence de quoi nous vous renvoyons votre dossier que vous voudrez bien relire attentivement et rectifier avant de nous le retourner. »
Stupéfaction. Découragement. Ecœurement. Cette fois, la coupe était pleine. Pierre-Louis se plia de mauvaise grâce à ces nouvelles exigences, mais sans la moindre illusion. Et il se laissa doucement glisser. Jusqu’au matin où Rosalie le trouva inerte dans son lit. Aux lèvres, un étrange rictus qui pouvait ressembler à un sourire.
Une heure après, le facteur sonnait à la porte. Il brandissait une lettre recommandée. Rosalie eut un pressentiment. Lorsqu’elle l’ouvrit, elle découvrit le précieux carton et se dirigea sans hésiter vers la chambre funéraire. Pierre-Louis gisait, les mains jointes sur sa poitrine. Son épouse glissa entre ses doigts le sésame tant attendu et murmura à son oreille :
« Tu en auras sans doute besoin. Là-haut, il doit y avoir de sacrés embouteillages ! ».

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Quel rôle pour l’Ouzbékistan?

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Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan D.R.

Il n’y aura pas de paix dans la région « Asie centrale » sans stabilité en Afghanistan. Son voisin, l’Ouzbékistan, qui depuis des années s’intègre de mieux en mieux dans l’espace financier, commercial et économique mondial, y œuvre.


Au milieu de tous les pays d’Asie centrale, l’Ouzbékistan tente de se démarquer et de faire de sa politique étrangère un outil d’influence qui pèse de plus en plus et permette d’intégrer l’ensemble de la région davantage au sein de la communauté internationale.

Il faut bien noter que l’Asie centrale est en train de devenir l’une des régions du monde au développement économique le plus spectaculaire et que son intégration sur la scène mondiale s’accélère chaque année davantage. Au cours des six dernières années, le PIB total des cinq pays concernés a doublé, pour atteindre 400 milliards de dollars. Dans le même temps, la part du commerce mutuel de marchandises dans le chiffre d’affaires total du commerce extérieur de l’Asie centrale a lui augmenté de 6 % en 2014 à 11% en 2022.

L’une des priorités de Tachkent est de renforcer les relations et les partenariats stratégiques avec tous les États d’Asie centrale, tout en élargissant la coopération sous toutes ces formes avec les pays en dehors de la région. Ces dernières années, le pays a lancé un nouveau programme régional en Asie centrale autour de la sécurité, la coopération commerciale, économique et culturelle. Depuis 2018, quatre réunions de chefs d’État de la région se sont tenues à Douchanbé.

Les efforts de tous les pays de la région a contribué à accroître son attractivité pour les partenaires extérieurs et à élargir son interaction avec les grands États de la planète ainsi que les grandes organisations internationales. Ainsi, les plateformes de dialogue au format « Asie centrale Plus » sont passées de 4 en 2017 à 11 en 2023. L’Ouzbékistan a quand lui lancé un certain nombre d’initiatives en particulier dans les domaines de la sécurité, du commerce, de l’énergie et des transports. Aujourd’hui, les Nations Unies soutiennent cette avancée régionale et ont voté un certain nombre de résolutions qui vont dans le sens d’une plus grande intégration de l’Asie centrale à la communauté internationale.

En septembre dernier, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev a participé à la 78è session de l’Assemblée Générale des Nations Unies et présenté l’état d’avancement et ce qu’il considère comme des réussites de la stratégie de développement du nouvel Ouzbékistan. À la mi-octobre, aura lieu à Samarcande la 25ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Pour la première fois dans l’histoire, l’Ouzbékistan accueillera cet important rassemblement biennal des États membres et membres affiliés de l’OMT.

La diplomatie économique est devenue la priorité de l’Ouzbékistan qui a fixé le cap d’une intégration plus active du pays dans l’espace financier, commercial et économique mondial, ainsi que dans les transports interrégionaux et les communications logistiques en Asie centrale. Tachkent a intensifié son processus de négociation d’adhésion à l’OMC, a obtenu le statut d’État observateur au sein de l’UEE et le statut de pays bénéficiaire dans le système de préférences SPG+ de l’Union européenne. La coopération du pays avec les institutions financières internationales et régionales, telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la BERD, la Banque islamique de développement et la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, a atteint un niveau inédit. En 2019, l’Ouzbékistan a rejoint le Conseil turcique et en 2020 a présidé la Communauté des États Indépendants. En septembre 2022, Tachkent a accueilli le sommet de l’Organisation de Coopération et de Sécurité. Ces dernières années, l’Ouzbékistan a présenté plus de 80 propositions sur les plateformes multilatérales visant à renforcer la sécurité régionale, la coopération économique et le développement global et durable de l’Asie centrale.

Cependant, il n’y aura pas de paix et de sécurité dans la région sans stabilité de l’Afghanistan, qui partage une frontière commune avec l’Ouzbékistan. Le pays a accru ses échanges dans les domaines du commerce, des transports, de l’énergie et de l’éducation afin d’impliquer ce pays pauvre et en grande difficulté depuis des décennies dans les échanges commerciaux régionaux. Tachkent a joué un rôle clé dans le renforcement de la participation des pays d’Asie centrale aux efforts internationaux visant à stabiliser l’Afghanistan. Il ne faut jamais oublier que ce pays est un maillon essentiel entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud.

Gabriel Attal, vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE

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Arras, 19 octobre 2023 © Michel Spingler/AP/SIPA

Notre collaborateur approuve les premières pistes ouvertes par le ministre de l’Éducation — fin du collège unique institué par la réforme Haby / Giscard d’Estaing, et réouverture d’Écoles Normales, dès la 1ère année du Supérieur, afin de former au mieux les nouveaux enseignants dont la France a besoin. Mais, souligne-t-il, les adversaires de ces changements salutaires préparent déjà leur contre-offensive…


Monsieur le Ministre,

Je doute que vous ayez eu le temps, au milieu des responsabilités qui sont les vôtres et des événements dramatiques de ces derniers jours, de jeter un œil sur mon dernier livre, L’Ecole à deux vitesses, paru fin août.

Je me contenterai donc de me féliciter de la contiguïté de nos pensées…

Dans le chapitre final où j’ai rassemblé diverses propositions sur les réformes à mettre en œuvre au plus vite, j’écris en effet :

« Les enseignants doivent être recrutés et orientés dès le niveau Bac + 1, et formés dans des centres — les anciennes Ecoles Normales par exemple pour les instituteurs — où on leur enseignera les savoirs indispensables pour faire face à leurs classes. Pas de la pédagogie ou de la didactique, qui viendront avec l’expérience du terrain. Et les terrains scolaires sont si variés qu’aucune recette ne s’applique uniformément, à moins de chercher le chahut immédiat et irrémédiable.

« La mixité sociale n’a de sens que si elle s’accompagne d’une ambition qualitative. Il est donc essentiel de révoquer le collège unique, source depuis quarante ans de confusion et d’impossibilité technique de faire des cours cohérents. J’ajoute qu’une répartition des élèves en fonction de leur niveau (et non des revenus de leurs parents) doit s’accompagner d’une discrimination selon le niveau : on peut faire cours à 15 élèves en difficulté ou à 40 élèves sans problèmes, mais certainement pas, sous prétexte d’égaliser les conditions de travail, à 30 élèves de niveaux trop hétérogènes.

« L’évolution du niveau des élèves doit être la clé des rémunérations supplémentaires des enseignants. Elle sera évaluée par des instances idoines — il est temps que l‘Inspection, au lieu de passer en coup de vent tous les cinq ou six ans, ausculte les maîtres deux fois par an — en amont et en aval. Et comme il ne se trouve pas assez d’Inspecteurs, des enseignants chevronnés — vraiment chevronnés, pas des pistonnés ou des lèche-bottes de pédagos ultimes — seront à même de prodiguer des conseils et d’apprécier le travail. »

Et voici que vous annoncez à la fois la nécessité de rouvrir les Écoles Normales, qui formaient si bien nos maîtres autrefois, et d’en finir avec le collège unique, qui sous prétexte d’égalitarisme aura été le plus grand vecteur d’inégalités dont jamais système corrompu ait rêvé. Quant à la rémunération au mérite, elle est en partie incluse dans le Pacte mis en place par votre prédécesseur, et fort combattu par des syndicats qui se soucient davantage de propagande que d’efficacité pédagogique.

Évidemment, ces timides avancées dans la bonne direction suscitent déjà des réactions outrées chez les artisans du désastre, qui sentent que leurs beaux jours sont derrière eux. Le ban et l’arrière-ban des pédagogistes les plus forcenés vous canardent comme un lapin depuis dix jours (vous ferai-je remarquer qu’ils soutiennent, les uns et les autres, des organisations parallèles financées par votre ministère ? Non, je ne le ferai pas…). Sylvain Connac « chercheur » en sciences de l’Éducation (ancien instituteur, il n’a jamais vu un élève du Secondaire), écrit par exemple dans Le Monde — l’ex-« journal de référence » qui ouvre libéralement ses colonnes à tout ce que l’idéologie la plus rance a produit de pseudo-spécialistes :

« Un système éducatif ne fonctionne pas pour l’unique promotion de quelques champions, au risque de voir se créer des masses de perdants et de résignés scolaires. La responsabilité est plutôt du côté de l’excellence scolaire, par la recherche du progrès de tous, sans exception. »

Cela nous ramène au temps — l’Eden perdu de Mr Connac — où l’on avait inventé un Ministère de la Réussite Scolaire : on met la barre au plus bas, pour que chacun soit sûr de la sauter. Cela procède d’un mépris des élèves qui au fond n’est guère étonnant, ces temps-ci, chez des gens de gauche. Permettre réellement à chacun d’aller au plus haut de ses capacités est plus compliqué que de truquer les notes, et la différenciation des cursus en fonction des goûts et des capacités est une voie évidente pour y parvenir.

Puis Claude Lelièvre, « historien » de l’Éducation, s’est indigné à son tour que vous appeliez à reformer des Ecoles normales dont la formation serait « axée sur les fondamentaux et les valeurs de la République ». Comme celle de Jules Ferry, instituée pour préparer les loupiots à la future guerre franco-prussienne ? Ma foi, Lelièvre ne s’est apparemment pas aperçu que nous sommes effectivement en guerre — contre des fondamentalistes qui égorgent u décapitent les enseignants.

Enfin Sa Suffisance Philippe Meirieu, l’artisan en chef du désastre, s’est exprimé du haut de sa tour d’ivoire, critiquant la façon dont l’institution a salué la mémoire de Dominique Bernard : « Aucune parole ne pouvait être à la hauteur de l’événement et il aurait mieux valu, sans doute, s’en tenir au silence. Un silence collectif et solidaire. Un silence assourdissant pour enjoindre nos concitoyens de mettre un terme aux lieux communs et aux invectives sur les réseaux sociaux… »

… afin de laisser libre cours aux messages de haine et aux appels au meurtre des fanatiques de la charia ?

Je n’irai pas jusqu’à vous suggérer de révoquer ceux qui, parmi les nuisibles infiltrés dans la structure profonde de votre ministère, travaillent à démanteler par avance vos propositions, comme ils l’ont fait quand François Fillon ou Gilles de Robien tentaient d’imposer en Primaire une méthode d’apprentissage cohérente du Lire / Ecrire — une méthode alpha-syllabique, préconisée d’ailleurs par Stanislas Dehaene et tous les vrais chercheurs : par exemple la méthode LEGO expérimentée depuis deux ans dans l’Académie de Paris, décidément en pointe. Mais le corps des Inspecteurs devrait être sérieusement nettoyé — ou peut-être mis en extinction.

La fin du collège unique est une nécessité urgente. Il faut permettre à chaque élève d’avancer à son rythme et en fonction de ses capacités, de ses goûts, de son histoire. En instituant, bien sûr, des passerelles entre les niveaux, de façon à ne condamner personne à séjourner trop longtemps dans un niveau qui ne serait plus le sien — dans un sens comme dans l’autre : il faut redonner aux élèves, tous amateurs de records sportifs, le goût de la compétition et de l’effort permanent.

Bouleverser la formation des maîtres, afin de rendre le métier plus attractif, en est une autre. Vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE, persuadés que l’enfant est naturellement bon et qu’il suffit de l’écouter et de solliciter ses capacités créatrices pour construire ses propres savoirs. Nous savons, vous et moi, que les chères têtes blondes ou brunes ont des instincts naturels cannibales, et que l’enseignement consiste justement à les dénaturer — ce pour quoi on leur fournissait autrefois un (insti)tuteur.

Enfin, pourquoi garder le Bac, coquille vide et onéreuse ? Autant construire des Certifications par matière, comme cela se fait pour les langues. Les professeurs qui officient sur Parcoursup y retrouveront plus aisément leurs futurs étudiants.

J’ai apprécié que vous proclamiez la tolérance zéro envers les apprentis islamistes. Les exclure, soit. Mais quand ils ont moins de 16 ans, on est forcé de les réintégrer ailleurs. Pourriez-vous donner des ordres pour que ce soit loin, très loin de leur collège ou lycée d’origine ? À charge à leurs parents, s’ils tiennent à conserver le bénéfice de la prime de rentrée, de veiller à ce qu’ils s’y rendent, chaque matin…

Mais je suis sûr que vous l’aviez déjà résolu, tant nos pensées au fond sont parallèles…

Très attentivement vôtre…

Jean-Paul Brighelli

PS. Vous suggèrerai-je une inflexion dans votre discours laïque ? L’ennemi aujourd’hui a un nom, il s’appelle l’islamisme. Autant le nommer — parce que c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, comme l’avait asséné Arturo Perez Reverte il y a déjà huit ans dans un article fondateur : « Es la guerra santa, idiotas ! » Que les pédagos bêlants répugnent à « stigmatiser », comme ils disent, des gens qui sont des ennemis de la France, ou à faire des cours d’Histoire réellement chronologiques, et non plus entachés de convictions anti-colonialistes, anti-esclavagistes et autres complaisances culpabilisantes et communautaristes, en dit long sur les complicités que les adeptes d’une gauche islamo-fasciste entretiennent avec ceux qui sapent nos institutions et parfois attentent à la vie des enseignants.

Sissi saphique

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© DCM-Bernd Spauke / Kinovista

L’impératrice comme vous ne l’avez jamais vue. Tu m’étonnes !


Dix ans après un premier film intitulé Finsterword, la réalisatrice allemande Frauke Finsterwalder, 47 ans, se risque à un second (très) long métrage. Sissi et moi. Un film « en costumes », comme on dit. « Moi », ce n’est pas elle, Frauke, mais Irma Sztàray, la dernière dame d’honneur d’Elisabeth d’Autriche, dite Sissi…  

Avouons-le, nous n’avions pas vu Finsterword à sa sortie en 2013. Ce qui aiguisait notre curiosité pour Sissi und Dich, c’est d’y retrouver la fabuleuse actrice Sandra Hüller, celle-là même qui tenait si magnifiquement le rôle principal dans Anatomie d’une chute, de Justine Triet –  Palme d’or cannoise 2023. Sandra Hüller jouait déjà dans Finsterword ; la voilà donc qui, cette fois, campe Irma, aux côtés de sa compatriote germanique Suzanne Wolff, laquelle endosse le rôle de Sissi. Casting alléchant : l’archiduc Ludwig-Viktor von Habsbourg-Lorraine a les traits de l’acteur Georg Friedrich, qu’on a vu récemment dans Sparta, d’Ulrich Seidl, mais qu’on connait surtout en France pour avoir été dirigé par Michael Haneke dès son premier film, Le Septième continent (1989), puis dans La Pianiste et Le temps du loup… On retrouve aussi, pour incarner le comte Berzeviczy, l’excellent acteur suisse-allemand Stefan Kurt.

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Bref, on n’y allait pas à reculons, à cette projection de presse. On était fondé à croire qu’avec une distribution 100% germanique, et quand bien même la réalisatrice a beaucoup vécu aux Etats-Unis, la reconstitution historique serait conduite avec exactitude. Mais c’est oublier que la doxa féministe prend définitivement ses aises avec la réalité. Sans vergogne, la réécriture de l’Histoire précède l’écriture : « Historiquement, nous affirme Frauke Finsterwalder dans le dossier de presse, l’impératrice Élisabeth a souvent été décrite comme une femme dépressive et psychologiquement instable. Mais cette vision témoigne d’un point de vue masculin et ennuyeux selon lequel une femme au caractère difficile ne peut qu’être malade » (sic ! – je souligne). Et d’ajouter : « Si j’ai choisi le nom d’Irma Sztáray, c’est parce qu’elle a existé à l’époque où se déroule le film (tout de même, on n’en attendait pas moins !). Mais elle n’a pas grand-chose en commun avec l’Irma de mon film. La vraie Irma était proche de ses parents, et en particulier de sa mère aimante. Elle rentrait chez elle pour les vacances et entretenait une relation étroite avec eux. Alors que dans Sissi & Moi, c’est tout le contraire ». De son propre aveu, « l’exactitude historique importait peu ».

Nous voilà donc prévenus : les personnages renvoient à une réalité historique dont le film a décidé de ne tenir aucun compte. Dès lors, il sera permis de leur faire dire n’importe quoi, de leur inventer des situations dépourvues de toute vraisemblance, de leur prêter des rapports improbables, de les habiller sans le moindre souci de véracité « archéologique ». Mais alors, pourquoi faire un film à prétention « historique », si tout y sonne délibérément faux, jusqu’à la bande sonore « pop », agrémentée d’un morceau du groupe Portishead, entre autres trouvailles ? « La seule chose qui était essentielle dans la sélection était que seules des voix de femmes soient entendues », explique benoîtement la cinéaste… En somme, Sissi ne serait qu’un label, celui de « la plus grande pop-star de son époque » (sic) dixit Frauke Finsterwalder. Un label, ça se prête à toutes les déclinaisons. Mêmes les plus anachroniques.

En vérité, l’impératrice d’Autriche, assassinée comme l’on sait à l’âge de 60 ans, n’était plus de toute première jeunesse lorsqu’à partir de 1894 elle prit à son service la jeune comtesse hongroise Irma Sztaray de Stara et Naguy-Mihaly, son ultime dame d’honneur. Peu importe à Frauke Finstervalder : Sissi a perdu 20 ans pour les besoins de la prétendue romance saphique avec Irma. Quant à l’époux, François-Joseph 1er, il est peint sous les espèces du mâle alpha libidineux légitimement éconduit sans ménagement par cette Femme-qui-sait-dire-non-à-l’Homme : « je suis ton mari, tout de même », geint-il piteusement. Burlesque.

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La pente féministe incline ainsi l’improbable scénario de Christian Kracht – conjoint de la réalisatrice, au civil.  Certes, l’impératrice d’Autriche s’est étourdie de voyages, de Corfou à l’île de Madère, du château hongrois de Gödöllö au Grand hôtel de Roquebrune-Cap-Martin, des rives de Naples aux eaux de Karlsbad, autant pour échapper à sa tribu que pour fuir l’étiquette de la cour de Vienne. Dans Sissi et moi, paradoxalement, les paysages et les sites architecturaux restituent de façon assez plausible les décors où se manifeste cette opulence princière, par une débauche de panoramas de carte postale, au reste filmés d’un bout à l’autre comme avec une pellicule 16mm : d’où cette image curieusement « crasseuse », dont la « mise au point » semble défectueuse. Tandis que le film réserve aux personnages, à leurs mises comme à leurs postures, et ce en toute connaissance de cause, la plus totale incongruité. Sofia Coppola, dans son Marie-Antoinette, avait donné l’exemple d’un tel travers qui, depuis, a fait des émules. A cent lieues de Visconti, cf. Ludwig ou Le Crépuscule des dieux, où Romy Schneider campait, dans quelques séquences immortelles, une Sissi authentiquement impériale. Dans Sissi et moi, les talentueuses comédiennes Sandra Hüller et Suzanne Wolff se tirent comme elles peuvent de ce script inepte et laborieux.   

Irma Sztaray, la vraie, née en 1864, ne s’éteindra qu’en 1940. En 1909, elle a publié ses mémoires : Aus den letzen Jahren der Kaiserin Elisabeth – titre original que l’édition française, parue chez Payot en 2007, traduit Mes années avec Sissi. Le livre est réédité en poche. La dame de compagnie n’y appelle jamais Sissi que « Sa Majesté » : c’était dans l’ordre des choses.     

Sissi et moi. Film  de Frauke Finsterwalder. Allemagne, Suisse, Autriche, couleur, 2023. Avec Suzanne Wolff, Sandra Hüller, Georg Friedrich, Stefan Kurt, Sophie Huller. Durée: 2h12.

En salles le 25 octobre.

A lire: Irma Sztaray. Mes années avec Sissi. Petite bibliothèque Payot.

Mes années avec Sissi: Par la dernière dame d'honneur d'Elisabeth d'Autriche

Price: 8,70 €

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Faire briller la France dans les yeux des enfants

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Funérailles de Dominique Bernard, Arras, 19 octobre 2023 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

Avec de fausses alertes à la bombe, des plaisantins font annuler les cours. Lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens, place de la République, à Paris, on entend scander « Allahu akbar » – le même cri prononcé par les tueurs de profs, de supporters suédois ou le Hamas ! Enfin, les minutes de silence ne sont pas toujours respectées. Il devient impératif d’agir pour que notre jeunesse se ressaisisse.


Une partie non négligeable de notre jeunesse n’est plus du tout en phase avec notre rapport au monde et notre pays. Au lendemain des hommages rendus en l’honneur des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard, sauvagement assassinés par des terroristes islamistes, nous devons tous nous questionner profondément et sincèrement sur le rôle de l’école.

Comment est-il possible que parmi notre jeunesse tant de haine de la France se dessine, s’exprime à demi-mots voire s’expose fièrement, y compris lors des minutes de silence ?

L’assimilation ne fonctionne plus

Bien sûr, la société entière est travaillée par ces sentiments de rejet d’un côté, de déni de la situation de l’autre, entérinant le refus de s’intégrer à la France et donc l’impossibilité de s’assimiler à notre peuple, d’une partie non négligeable de la population immigrée ou d’origine étrangère. Être Français doit refaire sens et cela dès le plus jeune âge ! Nous ne pouvons pas laisser se développer un ressentiment vis-à-vis de la population historique de la France et poursuivre notre chemin, faisant croire que tout ira pour le mieux, supposant (naïvement ?) que le temps jouera en faveur du pseudo vivre-ensemble. Les vingt dernières années nous montrent l’exact inverse et les récents événements nous prouvent que la tendance s’accélère. L’anti-France a le vent en poupe et nous feignons de l’ignorer !

Alors chantons la Marseillaise, tant citée dans les programmes, tant écoutée dans les stades (quand elle n’est pas sifflée, ayons un peu de mémoire…) et pourtant si peu apprise à l’école ! Notre hymne national doit de nouveau prendre sens dans l’esprit de tous nos élèves.

Nous avons trop longtemps moqué le sentiment patriotique

Ne serait-ce qu’en faisant réellement vivre le début… « Allons enfants de la Patrie » : où est donc cette belle idée de patrie, tant elle a été dévoyée, puis moquée et travestie ? Non, ce n’est pas un mot immonde aux relents sulfureux d’un trop lourd passé. C’est surtout une magnifique pensée envers notre pays et l’union de tout son peuple. Nous, Français, devons retrouver la fierté d’appartenir à notre belle nation.

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Faire vibrer les enfants au son de notre hymne, c’est d’abord leur expliquer notre histoire, notre culture et notre rapport au monde. C’est faire briller leurs yeux au contact de notre géographie, les faire s’émerveiller des richesses et de la diversité de nos paysages, chanter avec Roland notre histoire à Roncevaux, tonner avec la Garde impériale napoléonienne et trembler avec nos poilus ; appréhender la charge de l’histoire et en explorer les fiertés.

Oui, nous devons refaire l’école de la France et mettre des rituels républicains dans nos cours et dans le cœur de nos élèves. Avoir le drapeau Bleu-Blanc-Rouge sous les yeux pour faire fleurir le sentiment essentiel d’être ensemble pour les plus belles raisons. Être et non vivre ensemble car cela ne signifie plus rien et surtout n’implique aucune volonté. Être ensemble exige de chacun l’état d’esprit qui permet la concorde nationale, à la condition qu’elle repose sur l’amour de notre pays. Notre drapeau, sans celui de l’Europe dont les étoiles ne font plus rêver grand-monde, devrait chaque jour être célébré alors qu’il inspire du rejet, voire de la crainte quand on ose l’afficher.

Pour l’instauration d’une nouvelle matière: « connaissance de la France »

La fierté nationale est pourtant louée, le drapeau souvent honoré et les porte-étendards glorifiés un peu partout dans le monde. Sauf ici, en France. Pourquoi ? Cette question doit traverser notre pays, notre société et nous devons aussi y répondre à l’école ! Ajournons toutes les « éducations à bidule » et instaurons une matière « connaissance de la France » dès le début de l’école élémentaire, où nous étudierions spécifiquement chaque jour l’histoire, la géographie, la culture, la littérature et tout ce qui nous distingue des autres peuples, qui bien souvent nous envient pour les mêmes raisons dont nous pouvons être fiers. Stoppons ce dénigrement permanent, acceptons l’histoire tragique et honorons l’histoire glorieuse sans rougir. Apprenons à nos élèves les magnifiques textes et poésies dont notre littérature regorge, qui tombent en désuétude au milieu des oubliettes des programmes scolaires.

Illuminons la pensée de nos élèves par les esprits de nos grands auteurs, éclairons leurs yeux des sentiments de leurs héros, pleurons, chantons, aimons, rions avec eux, et faisons revivre notre langue dans sa richesse et sa variété. Pour combattre de l’intérieur le mal qui ronge notre société, commençons déjà par être fiers de ce que nous sommes et donnons envie aux autres de nous ressembler. Refaisons vibrer les élèves au son de notre hymne, refaisons briller la France dans les yeux de nos enfants pour que, de nouveau, le jour de gloire puisse arriver !

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La défaillance de la nation

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Les députés Jean-Luc Mélenchon et Danièle Obono, sur les bancs de l'Assemblée nationale, Paris, 22 mars 2020 © LUDOVIC MARIN-POOL/SIPA

La nation française se divise et se morcelle sous nos yeux. Les professeurs qui sont en première ligne en sont les premières victimes. L’un d’eux sonne l’alarme.


L’attentat commis contre Dominique Bernard, professeur de lettres au collège-lycée Gambetta-Carnot d’Arras, nous a presque tous cruellement touchés.

Je dis « presque » tous, car la nation française est loin d’être unie dans la douleur. Le plus triste, c’est qu’il ne faudrait même pas en être surpris : la disparition de l’unité nationale est aussi, trop souvent, la cause première des attentats qui nous ébranlent.

Rancœurs silencieuses

M’accuserait-on de pessimisme ? Le réel plaide en ma faveur : plus de 350 incidents recensés lors de la minute de silence organisée dans les écoles en hommage au professeur. Mesure ô combien symbolique, rassembleuse, émouvante ! – qu’il est proprement insupportable de voir bafouée par les haïsseurs de la patrie. Et l’on ne compte plus les commentaires injurieux sur les réseaux sociaux contre une victime devenue héros dans son sacrifice, ni les rancœurs silencieuses que l’on préfère ignorer pudiquement, par effroi de la vérité.

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Ce n’est pas tout de s’indigner, il faudrait peut-être agir. Et pas seulement par « l’exclusion » de 68 élèves (!), comme l’a proposé le ministre de l’Éducation nationale, mais par des sanctions exemplaires. Ce traitement inconséquent des soutiens, même passifs, à des entreprises terroristes est indigne, et démontre bien à quel point le mot de « nation » est désormais descendu. On rappellera, à tout hasard, que le fait d’entretenir des intelligences avec une organisation étrangère « en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France » est puni de trente ans de détention et de 450 000 euros d’amende (art. 411-4 du code pénal). La suscitation d’une « intelligence », d’une « hostilité », d’une « agression » même, c’est pourtant bien, il me semble, à quoi ressemblent les « incidents » constatés dans les écoles : on parle pour certains lycéens de menaces de mort contre les enseignants ! – « T’es le prochain », disent-ils. Chahuter dans ces circonstances atroces une minute de silence, c’est grave. Hélas ! pour ce genre d’élève qui bouscule l’hommage à la victime d’un attentat fanatique, une exclusion, c’est certainement une bonne nouvelle. L’État est encore une fois défaillant.

Fracture culturelle

Donc, s’indignera-t-on chaque année inutilement ? En 2021, déjà, une centaine d’incidents avaient été dénombrés lors des hommages à Samuel Paty. Combien y en aura-t-il en 2024, en 2025, lors de nouveaux hommages à de nouveaux professeurs assassinés, à Reims, à Lille ou peut-être Toulouse ? De plus en plus, à n’en pas douter.

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Si l’exécutif voulait nous protéger efficacement, ce qui devrait être son premier vœu, puisque c’est son rôle premier, il prendrait des mesures nationalistes, par exemple une limitation drastique de l’immigration. L’importation du conflit israélo-palestinien sur notre territoire a révélé à quel point sont chez nous profondes, irréconciliables et nombreuses les fractures culturelles. Mais la nation, on aime mieux décidément la faire disparaître ; alors l’Intérieur, malgré tous ses beaux discours, préfère installer des portiques de sécurité aux entrées des écoles, quand c’est devant la France entière qu’il faudrait mettre des barrières, et poursuivre en justice tous ceux qui ne vont pas dans son sens. Quel est l’intérêt de saisir la justice contre Danièle Obono ? Le ministre la croit-il sincèrement délinquante ? Mais il devrait l’écouter, plutôt, et avec attention : car n’en déplaise, elle est la porte-parole d’une proportion de la population qui ne cesse d’augmenter, et qui deviendra majoritaire si rien n’est fait.

Gérald Darmanin peut bien taper des poings sur la table. En 2022 (chiffres du ministère de l’Intérieur), 320 330 premiers titres de séjour ont été délivrés, rien que ça. Et je ne reviendrai pas sur l’historique de l’assassin de Dominique Bernard, affligeant, comme toujours.

Prenez donc des mesures d’urgence, Monsieur le ministre ; faites des hommages, tenez des discours de fermeté. Et « en même temps » habituez-vous, comme nous tous, à entendre crier « Allah Akbar » sur la place de la République : ce sera votre bilan.

Fachos, mais pas trop

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D.R.

À Rennes, le groupe d’extrême droite l’Oriflamme a revendiqué avoir dégradé l’entrée du local du Parti communiste dimanche dernier, en réaction à la mort de Dominique Bernard. Le bourgeois breton, qui estime que rien n’est plus sacré que le droit des réfugiés tchétchènes à demeurer en France, est très choqué. Qui sont ces affreux du groupe l’Oriflamme, et quel est leur message ?


Lundi matin, c’est ce gros titre qu’ont découvert les Rennais sur le petit chevalet bleu et jaune Ouest-France qui s’expose devant les marchands de journaux et les supérettes : « PCF : les locaux vandalisés ». Il fallait s’aventurer dans les colonnes du quotidien, pour en savoir plus.

On apprenait alors qu’un groupuscule d’extrême droite dénommé l’Oriflamme avait vandalisé la veille le local du parti des 70 000 fusillés. L’action a été elle-même revendiquée par la formation sur son compte Twitter. « Traîtres à la France, communistes assassins », pouvait-on lire sur des imprimés collés sur le portail, sur lequel de la peinture rouge avait été également apposée. « L’entrée du local du PCF a été décorée en scène de crime car les politiques défendues par les gauchistes (et notamment les communistes) tuent des Français, nous explique un militant. Il convient donc de le montrer aux Français, plus que jamais. Leur cosmopolitisme les mène à défendre des islamistes qui finissent par tuer des Français. Ce sont des traîtres. »

Un communiqué du PC rennais embarrassant

L’Oriflamme a voulu réagir à sa façon à la brulante actualité nationale, et reproche au PCF local de s’être mobilisé ,en 2014, aux côtés du MRAP et de la Cimade, contre l’expulsion de la famille de Mohammed Mogouchkov, le terroriste islamiste d’Arras. La mobilisation avait alors permis le réexamen du dossier par le ministère de l’Intérieur, qui avait fini par annuler l’expulsion. Le jeune homme originaire d’Ingouchie s’est désormais fait connaitre de tous comme l’auteur de la terrible attaque au couteau qui a coûté la vie à Dominique Bernard, enterré hier. À l’époque, la famille était hébergée à la Guerche-de-Bretagne, dans l’Est de Ille-et-Vilaine, et venait d’être déboutée du droit d’asile. Michèle Fougeron, alors présidente du MRAP, s’était émue : « Comment oser reprocher à ces parents de n’avoir pas de ressources, quand la préfecture a refusé, voici deux ans, une autorisation au père qui avait une promesse d’embauche ? » Puis, le père, Kiadi Mougouchkov, a lui été expulsé vers la Russie, en 2018, en raison de problèmes administratifs et de soupçons de violences conjugales.

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À Rennes, la gauche, qui domine nettement le paysage politique et intellectuel, est scandalisée. Aurélien Guillot, secrétaire fédéral du PCF en Ille-et-Vilaine, a annoncé qu’il portait plainte. Une menace qui n’inquiète pas outre mesure notre militant : « Il n’y aucun risque judiciaire car la permanence n’a pas été dégradée et nous ne sommes pas rentrés dans les locaux par effraction ; nous n’y sommes pas du tout rentrés ». La maire de la ville, Nathalie Appéré (PS), a exprimé son soutien aux camarades. Et la section locale du PCF estime que puisque Mohammed Mougouchkov n’avait que onze ans au moment de la mobilisation contre son expulsion, rien ne pouvait présager qu’il pourrait un jour commettre un tel acte terroriste. Reste que le communiqué de presse de 2014 en soutien à la famille a depuis ce week-end disparu du site web de la section rennaise du PCF…

Terre hostile

Mais qu’est-ce donc que l’Oriflamme ? Dans une capitale bretonne où Marine Le Pen n’a fait que 15% des voix au deuxième tour de la présidentielle 2022, le groupuscule tente de diffuser des thèmes très droitiers en terrain très hostile.

On les voit, sur certaines photographies, avec des croix celtiques, symbole utilisé par divers mouvements d’ultra-droite européens. « En réalité, c’est le logo d’une marque de vêtements, European Brotherhood », assure notre contact, une marque connue dans tous les mouvements européens d’extrême droite. Notre militant rectifie : « Nous disposons d’un drapeau mi-fleur de lys mi-croix celtique. Il représente la nation et la civilisation, la France et l’Europe. Et puis, de toute façon, si nous voulions être ironiques, nous dirions que la croix celtique a toute sa place en Bretagne car elle rappelle ses racines celtes ». Il est vrai que l’on croise ce symbole dans de nombreux cimetières bretons. Au départ, les jeunes gens de l’Oriflamme constituaient la cellule locale de l’Action française avant de se séparer du vieux mouvement maurrassien. « Il s’agissait pour les militants de recouvrer une certaine liberté, aussi bien de mouvements que de pensée, sans subir le joug d’une bureaucratie parisienne déconnectée et, à l’usure, néfaste et décourageante ». Le groupuscule rennais dégage désormais un style moins royaliste que fascisant, dans le genre des supporters de la Lazio de Rome. Notre militant interrogé se défend et conteste fermement le terme : « Fascistes, nous ? Vous osez nous demander si l’on se définit par le terme le plus déformé du monde, qui recouvre désormais une centaine de fantasmes au moins ? Il n’est pas possible de vous répondre, du moins nous sommes dans l’obligation de dire : non ». Le militantisme dans des partis plus classiques, très peu pour eux : « Nous ne désirons pas défendre des partis qui ne sont que des structures pourries où le pire de l’homme (la perfidie, le mensonge, la trahison, la volonté de pouvoir) s’exprime constamment ».

Choquer le bourgeois

En mai 2023, l’Oriflamme s’est mobilisé à Saint-Brévin (Loire-Atlantique) contre l’installation d’un camp de migrants. Puis également à Saint-Senoux (Ille-et-Vilaine), contre un atelier donné à des enfants et animé par des drag-queens dans la médiathèque de la bourgade. Une quinzaine de militants, aux visages dissimulés et avec un mégaphone, avait sérieusement plombé l’ambiance ce jour-là. L’un des participants a été condamné à six mois de prison ferme et 1 500 euros d’amende pour « injure publique envers une personne dépositaire de l’autorité publique » (le maire de la ville) et « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ».

Avec leur action contre les cocos, les militants de l’Oriflamme auront donc réussi cette fois à choquer le bourgeois rennais. Une mobilisation que l’on pourrait toutefois rapprocher des actions d’agit-prop de Greenpeace, lorsque ses activistes s’introduisent dans des centrales nucléaires. Ça choque, ça a été conçu pour, ce n’est pas sympa pour celui qui doit enlever la peinture après, mais pas de quoi ouvrir une cellule psychologique non plus.

A Rennes, ce week-end, d’autres tags ont été observés, non loin du cimetière du Nord : « Mort aux Juifs ». Un message sans doute en lien avec l’actualité au Proche-Orient, et qu’aurait pu également rapporter Ouest-France sur son petit chevalet du lundi matin.

Quelque chose de réussi au Royaume du Danemark

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Mette Frederiksen, la Première ministre sociale-démocrate du Danemark, présente son nouveau gouvernement issu d’un accord avec le parti centriste et la formation libérale, 14 décembre 2022 © Mads Claus Rasmussen/Ritzau Scanpix/Sipa

Après avoir tenté l’accueil pour tous, les Danois ont compris que la défense de leur cohésion nationale passait par une immigration strictement encadrée. Le secret de la réussite de ce « modèle » : ne pas être inféodé aux diktats de Maastricht et ignorer les remontrances de l’ONU et des ONG.


Pour les gauches européennes, comme pour l’ONU, la crise démographique de notre continent n’appelle qu’une seule réponse : l’ouverture des frontières. L’immigration est à la fois une fatalité, une nécessité et une obligation. Hors son acceptation, point de salut. Ce n’est pourtant pas l’avis des premiers concernés : les peuples, de plus en plus inquiets face à l’arrivée massive de migrants comme à Lampedusa. Les citoyens européens ne voient pas la crise démographique comme un simple problème économique, soluble dans l’importation de main-d’œuvre et de ventres. Ils sont conscients qu’elle se pose aussi en termes anthropologiques et culturels. Ils craignent la submersion et ont le sentiment que leurs représentants politiques sont dans le déni.

Prix culturel

Alors est-il possible pour un État, de mettre en place une politique d’immigration sans en payer le prix culturel ? Est-il possible pour une nation de contrôler les flux et d’exiger l’assimilation ?« Non », répond Clément Beaune, ministre des Transports. Il prend à témoin la situation actuelle de l’Italie. Selon lui, Georgia Meloni est en train de prouver qu’une solution à l’échelle nationale est vouée à l’échec. Seule l’Europe aurait la réponse. Autant dire que nous sommes assignés à l’apathie.

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Or il existe un petit pays européen qui a réussi à mettre en place une politique consensuelle et efficace permettant de maîtriser l’immigration. Il s’agit du Danemark. Pourtant, les Danois n’ont pas eu de révélation. Ce n’est qu’au bout d’un long processus (de 2002 à 2016, la loi sur les étrangers a été modifiée 93 fois et 42 fois entre 2017 et 2019) qu’ils ont élaboré le désormais célèbre « modèle danois ».Leur recette ? D’abord un positionnement pragmatique et non idéologique vis-à-vis de l’Union européenne. Quand les Danois ont rejeté le traité de Maastricht, leurs représentants politiques n’ont pas décrété que le peuple avait mal voté. Ils ont entendu le message et ont négocié nombre de dérogations au droit européen. Le traité a fini par être ratifié, sans que le Danemark adhère aux obligations imposées par l’Europe en matière d’immigration. Il démontre aujourd’hui, par sa réussite, que l’Europe fait partie du problème.

Regroupement familial et acquisition de la nationalité: le parcours du combattant

La cohérence de la politique danoise et son caractère consensuel viennent de la clarté de leur diagnostic : pour les Danois, la protection de leur système social passe par la diminution de l’immigration et non par l’ouverture des frontières, supposée augmenter le nombre de cotisants. Ils pensent que« l’État providence dépend autant du niveau de confiance dans la société que des performances économiques du pays[1] ». Ainsi l’homogénéité et la cohésion de la société – plutôt qu’une certaine idée de la diversité –sont essentielles pour que les citoyens acceptent de payer les uns pour les autres. Voilà pourquoi la politique d’immigration danoise marche sur deux jambes : restriction (mais pas immigration zéro) et exigence d’assimilation.

Les Danois, par ailleurs, se moquent des protestations de l’ONU et des ONG, parce qu’ils ont pu constater que la fermeté paye. Entre 2014 et 2019 le nombre total des demandes d’asile a chuté de 82 % et celui des migrants (hors demandeurs d’asile) a baissé de 14 %.

En ce qui concerne le regroupement familial, par exemple, chaque immigré doit signer un contrat spécifique qui fixe ses obligations, les objectifs et les étapes du parcours d’intégration. Sans contrat signé et respecté, pas d’aides sociales. D’autres règles ont été mises en place pour éviter que les migrants aillent chercher des épouses « au pays ». Pour pouvoir faire venir une personne de sa famille, il faut atteindre un certain niveau de revenu, ne plus toucher de prestations sociales et avoir un logement adéquat (pas plus de deux personnes par pièce, surface de 20 m2 par personne…). Autre point, l’effort d’intégration étant au cœur de la politique d’accueil, toute peine de prison, même avec sursis, est un facteur rédhibitoire pour l’acquisition de la nationalité.

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Et ce n’est pas tout : la politique danoise d’expulsion est elle aussi efficace. D’abord la mesure est appliquée immédiatement une fois la demande refusée et une autre demande ne peut être déposée avant un délai conséquent. Pendant l’examen du dossier les candidats hébergés dans des centres pour migrants, doivent pointer à la police quotidiennement. Enfin, c’est le Danemark qui définit lui-même si un pays est sûr ou pas et donc s’il est possible de renvoyer les réfugiés dans leur pays d’origine. Par ailleurs ayant pu, pendant l’affaire des caricatures de Mahomet, mesurer la dangerosité du fondamentalisme musulman et surtout des militants religieux, le Danemark a durci les conditions requises pour que ceux-ci puissent bénéficier d’un titre de séjour.

Mais le Danemark va encore plus loin. La « Jewellery Law » (« loi des bijoux ») votée en 2016 – suscitant une énorme controverse – donne aux autorités le pouvoir de confisquer argent, bijoux ou objetsd’une valeur supérieure à 10 000 couronnes (1 340 euros). L’idée est de faire participer le réfugié à la charge qu’il génère dans le pays qui l’accueille.

Ce modèle danois est parfaitement reproductible ailleurs. Mais pour cela, la renégociation de certains traités européens est indispensable. Pour autant, tout n’est pas si facilement transposable : les mêmes causes n’ont pas toujours les mêmes effets. Au Danemark, par exemple, la suppression des aides sociales s’est rapidement traduite par une baisse du nombre de demandes d’accueil. En France, les candidats à l’immigration sont souvent francophones, ils bénéficient d’attaches et de points de chute, peuvent compter sur une diaspora importante, leur choix ne dépend pas forcément du montant des aides sociales. Il n’en reste pas moins que l’exemple du Danemark ne tient pas seulement aux mesures concrètes mises en place. Elle rappelle que la politique, c’est avant tout du courage et de l’action, et qu’un sujet délicat peut devenir consensuel quand les hommes politiques s’en emparent au nom de l’intérêt général et de la volonté des peuples.


[1] « La politique danoise d’immigration : une fermeture consensuelle », janvier 2023, fondapol.org.

À Gaza, Médecins Sans Frontières participe, hélas, à la manipulation du Hamas

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L'humanitaire Sarah Chateau, "Quotidien", 18 octobre 2023. Capture d'écran.

Si l’enquête et l’Histoire confirment bien que le tir retombé sur l’Hôpital Al-Ahli Arabi a été tiré depuis Gaza, MSF aura fait le jeu du Hamas en relayant sa propagande. L’organisation terroriste palestinienne ne peut que se réjouir des déclarations de la prestigieuse organisation humanitaire. 


Avec « l’attaque contre l’hôpital de Gaza », nous venons d’assister à l’une des plus « belles » manipulations de l’histoire récente. Reprenons. Immédiatement après l’impact, la presse du monde entier, qui ne dispose d’aucune information directe et d’aucun correspondant sur place reprend « l’info » de cette attaque. Les plus prudents, comme le New York Times, qui changera trois fois son titre par la suite, parlent d’une « une frappe israélienne tuant des centaines de personnes dans un hôpital selon les Palestiniens », sans préciser qu’ici il s’agit du Hamas. La plupart des médias ne mentionnent aucune source. Lorsqu’elle est citée pour évoquer le nombre de morts, il s’agit du « ministère de la santé de Gaza », sans jamais, à quelques exceptions près, mentionner le Hamas. 

Les fantasmes de la rue arabe

Aussitôt, « la rue arabe » s’enflamme. Il faut évidemment un peu de temps à l’armée israélienne pour analyser l’événement, d’autant plus qu’elle n’est pas à l’origine de la frappe mortelle. Au fil des heures, les preuves s’accumulent : une vidéo d’un tir du Hamas, l’absence de cratère au lieu de l’impact, une conversation enregistrée entre membres du Hamas, aucune image des « au moins 500 morts » dont on ne voit pas pourquoi le Hamas se serait privé de les montrer, des voitures calcinées mais un hôpital qui semble intact, ou du moins pas du tout effondré comme les immeubles touchés par les frappes israéliennes dont on voit quotidiennement les images à la télévision.

En visite en Israël, Joe Biden cautionne l’analyse du gouvernement israélien et le renseignement européen croit savoir qu’il n’y aurait « que » 10 à 50 morts, ce qui est beaucoup plus conforme aux images que chacun peut voir. Fin de l’histoire, mais pas plus qu’elle n’a été convaincue que le 11 septembre 2001 n’était pas un complot juif, la « rue arabe » ne croira jamais à la culpabilité du Hamas. Tous les journalistes et médias qui ont relayé cette fake news de la responsabilité israélienne ont fait le jeu du Hamas. Au passage, l’absurdité de la directive européenne sur les services digitaux chère au commissaire Thierry Breton se confirme. Dans le monde actuel, il est utopique de vouloir contrôler par la loi ce qu’il appelle la «  désinformation ». Dans ce cas, la presse du monde entier est tombée dans la fake news. A qui va-t-il infliger une amende ?

Syndrome de Stockholm ?

Le plus interpellant reste le fait que des organisations humanitaires relaient le discours du Hamas. Ainsi dans un tweet toujours visible, Médecins Sans Frontières déclare « Nous sommes horrifiés par le bombardement israélien (je souligne) de l’hôpital Ahli Arab dans la ville de Gaza ». « Des centaines de personnes ont été tuées selon les autorités locales », mais MSF ne précise pas qu’il s’agit du Hamas. Cette prise de position pose problème pour une organisation dont les principes de base sont la neutralité et l’impartialité, de même que la reprise du nombre de victimes selon le Hamas, mais sans mentionner ce dernier. Enfin, selon les déclarations de ses responsables, MSF aurait du personnel sur place dans l’hôpital, et devrait ainsi avoir une meilleure évaluation que le Hamas du nombre de morts, ce qui pourrait donner un sens au rôle de témoignage de l’organisation. Dans une interview la coordinatrice de MSF à Paris affirme que « le toit de l’hôpital s’est effondré sur un de ses chirurgiens pendant qu’il opérait ». Peut-être, mais on aimerait en savoir davantage puisque le toit de l’hôpital semble intact. À ce jour, aucun tweet ne vient corriger l’erreur (la faute?) initiale de MSF, attribuant la frappe à Israël. Et un journaliste un peu consciencieux aurait pu interroger l’organisation, encore présente dans l’émission Quotidien hier, à ce sujet.

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Depuis le début de cette guerre, MSF n’a fait aucun tweet pour dénoncer les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par le Hamas en Israël, pas plus que la prise d’otages de dizaines d’Israéliens qui viole le droit humanitaire auquel l’organisation fait si souvent appel. Longuement interrogée il y a quelques jours sur France 24, Sarah Chateau, la responsable du programme, se voit tendre une perche en fin d’interview par la journaliste qui l’interroge sur le sort des otages. Or, Madame Chateau se contente de répondre laconiquement qu’elle est « désolée » pour ces otages, sans prononcer la moindre condamnation. 

Le syndrome de Stockholm est assez fréquent dans le monde de l’humanitaire où, focalisé sur une situation particulière souvent dramatique, les acteurs ne sont pas conscients d’autres aspects pourtant tout aussi visibles d’une crise humanitaire. Souvent, inconsciemment, ils en viennent à se faire complice des bourreaux des victimes qu’ils cherchent à aider. On l’a vu en Ethiopie (1984-1985), lors du génocide des Tutsis au Rwanda (1994) et en Bosnie (1992-1995). À Gaza, sans aucunement jeter la pierre à ceux qui sont sur place et font ce qu’ils peuvent, MSF fait le jeu du Hamas, qui ne peut que se réjouir des déclarations de la prestigieuse organisation humanitaire. Afin de tenter de rendre leur discours plus « objectif » (ou plus neutre, ou simplement plus honnête), les médias ont besoin de témoins sur place qui ne soient pas palestiniens. Dans ce jeu de rôle, une organisation renommée comme Médecins sans Frontières est l’acteur idéal pour « crédibiliser » la description de la situation.

Avant l’attaque contre l’hôpital, j’ai expliqué dans le Figaro pourquoi l’aide humanitaire à Gaza faisait le jeu du Hamas et ne pouvait que le renforcer. Cela ne veut, évidemment, pas dire qu’il ne faut pas soigner, nourrir et aider les Gazaouis victimes des bombardements ou contraints de se déplacer. Ce rôle devrait être laissé aux pays arabes qui ne manquent ni de médecins, ni de volontaires, ni de moyens financiers. En voulant à tout prix être sur place (pourquoi ?), les organisations humanitaires occidentales, dont on voit à travers cet exemple qu’elles n’apportent aucune valeur ajoutée même en temps que « témoin sur place », deviennent involontairement les complices du Hamas.


Alain Destexhe est médecin, sénateur honoraire belge et ex-secrétaire général de Médecins Sans Frontières. Il est l’auteur de nombreux livres et articles sur l’humanitaire en situation de conflits dont L’humanitaire impossible ou deux siècles d’ambiguïtés (Armand Collin) et de Rwanda : essai sur le génocide (Complexe).

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