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A chaque nouvelle attaque islamiste, je me rappelle ce que mon père m’a dit le lendemain du 11 Septembre

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Des jardins d’Isphahan aux rives de la Seine… Djahanguir Riahi, mon père, est né en 1914 à Natanz (Iran). Parti en France poursuivre des études d’ingénieur grâce à une bourse d’études, il se met au lendemain de la Seconde guerre mondiale au service des relations économiques Franco-iraniennes. Installé en Europe depuis la révolution islamique, son intuition artistique hors du commun lui a permis de réunir l’une des plus importantes collections d’œuvres d’art du XVIIIème siècle français. Il est mort dans sa centième année, le 28 avril 2014, après avoir été élevé au grade de Commandeur de La Légion d’Honneur ainsi que des Arts et des Lettres. Grand donateur des Musées Nationaux, une salle du Musée du Louvre porte son nom.

Il m’avait demandé d’écrire ce texte au lendemain des attentats du World Trade Center, le 11 septembre 2001, et de l’inclure dans ses mémoires, que je rédigeais alors pour lui.


« Nous n’avons pas le même rapport à la barbarie et à la mort. L’attraction publique la plus appréciée de la population, à Mashhad comme dans toutes les villes où s’est déroulée mon enfance, consistait à s’attrouper sur la grand’place pour y assister aux pendaisons. La cruauté des exécutions était inouïe.

J’avais été horrifié, un jour, d’apprendre la condamnation d’un homme et de ses six fils. Le bourreau avait reçu du tribunal islamique l’ordre monstrueux de ne pendre le père qu’après qu’il eut assisté à la mort de tous ses enfants. Agha Djoun[1] se disait convaincu de l’innocence de ce pauvre homme. Et moi, je me disais, du haut de mes douze ou treize ans, en voyant leurs vêtements souillés par l’urine et la merde : pourquoi font-ils ça, sinon pour anéantir par la terreur toute forme de dignité humaine, toute forme de respect de la mort et donc de la vie ?

La mort, on s’y familiarise comme on prend l’habitude de tout. Lorsqu’en suivant le chemin de l’école au petit jour on longe la place des pendus, quand on assiste à des exécutions sommaires et barbares, on finit par apprivoiser la mort. Mais cette insensibilisation, ou plus exactement cette désacralisation, vous semble inconcevable en occident. Parce que vous êtes élevés dans le respect de la vie sans penser que la mort en est l’inéluctable corollaire.

Comme si la vie pouvait « être » sans la mort. Cette naïveté, à laquelle s’ajoute la pédagogie de l’émotion, est le fondement de la culture occidentale contemporaine. L’émotion priorisée, l’émotion magnifiée. On vit sur ce registre depuis la seconde moité du XXème siècle, sans doute par imprégnation des tendances éducatives à la mode aux Etats-Unis au lendemain de la guerre. L’enfant est devenu le barycentre de la civilisation occidentale. Héritière de la philosophie de Jean-Jacques Rousseau, la pédagogie contemporaine pose le principe que l’Homme naît bon et que c’est la société qui le pervertit. De même, dans le souci maniaque de préserver la planète, les mouvements écologistes ont entamé une régression qui efface inexorablement les progrès de la civilisation. On n’élève plus les enfants pour en faire des adultes ; on fait des enfants pour retomber soi-même en enfance, pour retrouver la puérilité sublimée de l’enfance.

Les islamistes jouent de cette émotivité occidentale. Si la religion dont ils se servent est primitive, leur stratégie de conquête est extrêmement sophistiquée. Ils vous observent et vous analysent depuis la fin des années 1970. Ils ont fréquenté les mêmes écoles, les mêmes universités que les élites occidentales. Ils ont vu les mêmes spectacles, les mêmes films ; lu les mêmes articles dans les mêmes revues. Ils savent que votre sensibilité au respect de la vie, votre peur de la mort, votre fragilité mentale et votre compulsion à la culpabilité sur un terrain compassionnel constituent votre talon d’Achille. Vous êtes tombés dans un triple piège :

  • Le piège de l’anxiété collective « individualisée ». Certes, les guerres ont toujours fait des victimes civiles ; mais au World Trade Center ou dans les avions, il n’y avait « que » des victimes civiles. Chacun pouvait se dire : j’aurais pu me trouver parmi elles. Cette angoisse est le principe même du terrorisme, que les techniques de communication actuelles permettent d’individualiser simultanément à des milliards de témoins de la scène.
  • Le piège de la « victimisation » des assassins. Pendant une centaine d’années, l’Europe a plus ou moins colonisé le monde ; en particulier les terres d’Islam que sont le Moyen-Orient, le Maghreb et l’Afrique. L’Amérique a toujours été solidaire des puissances européennes, sans parler de son soutien constant à l’Etat d’Israël. Pendant toute la durée de ces conflits, les victimes se sont comptées par centaines de milliers du côté des indigènes, sans que cela n’émeuve grand monde. Aujourd’hui, les victimes sont dans l’autre camp et toute une partie de la planète n’éprouve nullement l’envie de pleurer sur leur sort, considérant que c’est un juste retour des choses.
  • Le piège enfin du « chahid », le martyr, celui qui meurt pour témoigner, alors que vous, pauvres larves invertébrées, vous pleurnichez de trouille en chiant dans votre froc, tant la mort vous effraie. Et cet exhibition du « héros » a le double avantage d’impressionner les musulmans, qui respectent le courage par principe, et de faire peur aux incroyants comme aux non pratiquants.

Les motivations fondamentales d’Al Qaida, celles des Islamistes en général, sont politiques et ne sont pas religieuses. Parce que la religion musulmane est intrinsèquement et historiquement politique. Il n’y a pas d’équivalent. Ni les juifs, ni les bouddhistes ou les hindouistes, ni les chrétiens n’ont eu pour vocation première de guerroyer et de conquérir. Bien sûr qu’ils ont tous été amenés à prendre les armes à divers moments de leur histoire. Mais ce n’était pas l’amorce ni la genèse de leur projet. Il faut en être conscient.

Mohammed – ou Mahomet comme vous l’appelez en France – n’a pas cherché à « spiritualiser » ses contemporains ni à leur apporter des réponses philosophiques. Son objectif était très prosaïque : il a voulu les rendre plus efficaces au travail et au combat !
Avant de « faire prophète » il était caravanier et commerçant. Issu de la tribu des Quraych et de tradition hanifiste, c’est-à-dire monothéiste, le jeune homme était intelligent, ambitieux et séduisant. Il sut se rendre indispensable à sa patronne, Khadija, une riche veuve de 15 ans son aînée, qu’il épousa et à laquelle il fit six enfants. Ses contacts sur la route avec des juifs et des chrétiens lui permirent de constater les avantages de la morale judéo-chrétienne et l’efficacité, par 45° à l’ombre, des prescritions hygiéniques et alimentaires de la kashrout.

On connaît la suite : Gibril dans le rôle de l’Ange Gabriel transforma ces préceptes en révélation divine et donna à l’accomplissement de ces pratiques un caractère religieux. Mais très objectivement, la plupart des Hadiths du Coran concernent l’organisation familiale et sociale, les pratiques et les règles juridiques à observer dans ces domaines, ce qui en fait un code civil plus qu’une somme théologique. L’islam a bénéficié de l’antériorité du Judaïsme et du Christianisme ; ses messages ont donc été parfaitement ajustés à leur objectif : discipliner et contrôler l’être humain. Le pouvoir politique l’a utilisé sans vergogne pour manipuler les peuples, tant il est vrai que la religion s’est toujours avérée l’arme la plus efficace pour anéantir toute aspiration à la démocratie et à la liberté.

Un simple constat: les monarchies héréditaires musulmanes se sont systématiquement trouvé une filiation directe avec le Prophète ou l’un de ses descendants ! Pour leurs chefs, pour les meneurs, la religion a toujours été un moyen, jamais une fin. Ben Laden, comme ceux qui l’ont précédé et ceux qui prendront sa suite, n’en a strictement rien à faire (et je suis poli…) du projet spirituel du Djihad et de l’accomplissement des hadiths du Coran. L’Islamisme sert juste un dessein politique. La religion n’est que l’instrument de la conquête, ou plutôt de la reconquête. Qu’importe le temps que cela mettra : dix ans, vingt ans, plus de trente ans peut-être…Ce que l’Islam a programmé, c’est la chute de l’Occident et de la civilisation judéo-chrétienne. Pas pour le takbîr, mais pour conquérir le monde et ses richesses, asservir ses populations. Allahou Akbar, proclamé et calligraphié sur les emblèmes et les drapeaux, n’est qu’un cri de guerre destiné à galvaniser les pauvres idiots crédules qui se prennent pour des soldats d’Allah et ne sont que la chair à canon de ceux qui rêvent de pouvoir absolu et universel depuis 1422 ans !

Le terrorisme est une tactique, que les islamistes utilisent ponctuellement ; pour entretenir la terreur, bien sûr, mais aussi parce qu’ils ont compris tout le bénéfice qu’il pouvaient tirer de la dichotomie que vous avez créée entre la religion musulmane et l’Islam « radical ». En triant vous-mêmes les « bons musulmans » des mauvais, vous vous êtes tiré une balle dans le pied et vous leur avez rendu un fieffé service ! En focalisant l’attention sur le terrorisme, vous réduisez la cible contre laquelle vous devriez combattre. Grâce à la très ancienne tactique du leurre, les Islamistes vous montrent du doigt les djihadistes et détournent votre attention du cheval de Troie qu’ils ont construit et mis en marche pour vous soumettre.

Et que l’on ne vienne pas me parler de «musulmans modérés»! Ils sont, évidemment, très largement majoritaires aujourd’hui. Mais où et comment les voit-on condamner les agissement des fondamentalistes? Combien sont-ils à être descendus dans la rue pour manifester massivement contre Al Qaïda au lendemain du 11 septembre 2001 ? Pour hurler à la face du monde, dans tous les médias et dans toutes les langues qu’ils se désolidarisent du salafisme, du wahhabisme, du frérisme et autres branches radicales de l’Islam ? Pour affirmer qu’ils vont faire le ménage dans leurs pratiques, actualiser drastiquement la charia et définir une ligne exclusivement métaphysique à leur religion ?
La religion musulmane n’est pas monolithique et exclusivement constituée de conquérants assoiffés de pouvoir et de vengeance, c’est clair. Mais la conquête est consubstantielle de la religion musulmane. L’Islam, sa culture politique, sa doctrine, son prosélytisme, son histoire et sa finalité sont intrinsèquement d’inspiration guerrière. De même que la vie ne peut se concevoir sans la mort, il n’y a pas de soumission sans victoire, ni de victoire sans combat. Or, la soumission à Allah est l’essence même du message de l’Islam.

C’est pourquoi les musulmans se soumettent implicitement aujourd’hui au fondamentalisme que leur impose l’Islam radical. Ils s’y soumettront explicitement demain et vous ne résisterez pas, un jour, à la tentation de vous y soumettre à votre tour. Parce que la peur est l’arme absolue, l’arme que l’Islam politique utilise avec talent pour anéantir toute forme de résistance à leur domination. Ils l’utiliseront jusqu’au bout, contre vous, mais aussi contre ceux que vous appelez « les musulmans modérés » pour anéantir votre civilisation.

Bien sûr qu’il existe des courants plus ou moins progressistes comme le malikisme, dont le logiciel est régulièrement mis à jour par le Roi du Maroc. Bien sûr que l’on peut interpréter le Coran de dizaines, de centaines de manières. Bien sûr que l’on peut intellectualiser le concept du Djihad et en faire un idéal moral (…) Néanmoins le syllogisme est évident et les faits sont têtus : tous les musulmans ne sont pas des fondamentalistes islamiques ni des djihadistes ; mais tous les fondamentalistes islamiques et tous les djihadistes sont musulmans. Trop facile d’établir une distinction morale et sémantique entre les prescriptions religieuses supposées acceptables, que vous qualifiez d’ « islamiques » et celles, intolérables, cataloguées « islamistes ». Quand on tue au nom de l’Islam, on n’accomplit pas un acte de dément, pas plus qu’un crime de sang ordinaire. Quand on tue au nom de l’Islam, c’est qu’on vous a mis dans la tête qu’il est de votre devoir de croyant d’exterminer les incroyants, lesquels auraient soit disant « déclaré la guerre » aux soldats de la vraie foi !

La motivation du donneur d’ordre est politique, pas religieuse. Ils arriveront à leurs fins, parce que la dialectique de l’Islam est redoutable. Les stratégies et les techniques de communication qu’ils mettent en œuvre sont très subtiles et pertinentes, car ils savent parfaitement comment vous fonctionnez. Ils achètent depuis des années les réseaux de communication qui influencent l’opinion publique, en Europe comme aux USA. Vous êtes des enfants dans leurs mains. Ils vous connaissent très bien, alors que vous ne les connaissez pas. Vous êtes manipulés et vous ne le savez pas.

Ils ont compris voila longtemps que votre talon d’Achille, c’est la mauvaise conscience et la compassion. Les Français en sont rongés depuis qu’on leur a mis dans la tête que la colonisation de l’Afrique et du Maghreb avait été un crime contre l’Humanité commis par leurs aïeux. Les uns après les autres, tous les gouvernants français ont baissé leur froc et fait acte de «repentance» vis-à-vis de ces peuples que leurs pères avaient «exploités» ; mais a-t-on songé à demander aux Arabes de se repentir, eux qui ont réduit en esclavage pendant des siècles, des générations d’Africains ?

Je suis athée, mais je ne pourrais pas le dire si j’étais resté dans mon pays. Pas plus hier qu’aujourd’hui. Ce n’est pas un problème de liberté d’expression, c’est juste un problème de liberté d’être. On n’a pas le droit d’être athée en Islam : juif, chrétien, oui. Athée, non. Mon appréhension, au vu de tout ce qui s’est produit depuis une dizaine d’années, c’est que je ne puisse pas le dire demain ; ici, dans ce beau pays libre qu’est la France. Je ne le crains pas pour moi, bien sûr, je suis vieux. Mais je crains que mes enfants et mes petits enfants se trouvent confrontés à la main-mise de l’Islam, à laquelle j’ai eu la chance de me soustraire voila près d’un siècle.

En 25 ans, j’ai vu évoluer la société française d’un modèle républicain et comme vous dites « laïc » vers un modèle communautaire à l’anglo-américaine. Il a fallu dix-neuf siècles de conflits et de guerres pour que la France, « Fille aînée de l’Eglise » sépare sa « mère » de son Etat, en 1905. Et encore, nous sommes très loin du compte aujourd’hui, pour les raisons économiques et électoralistes que tu connais mieux que moi. Il n’y a qu’à regarder tes hommes politiques se trémousser dans les églises, les mosquées et les synagogues pour en être convaincu.

La religion est un leurre contre la peur de la mort ; un leurre pour assujettir ceux qui ont vocation à être dominés. Depuis toujours, la religion est l’auxiliaire du pouvoir. Dans toutes les religions. Pourquoi l’être humain a-t-il tellement besoin de se raccrocher à un Dieu et à un au-delà pour tenter d’évacuer la peur de la mort ? Je ne sais pas. Moi, vois-tu, je n’ai jamais eu peur. Jamais eu peur de la mort, en tous cas. Sauf (rires) que j’ai toujours craint d’être enterré vivant. Je fais très souvent un affreux cauchemar. On ferme mon cercueil alors que je suis assoupi. Je me réveille et je frappe désespérément sur le couvercle en hurlant : bande d’idiots, espèces d’imbéciles… Vous ne voyez donc pas que je ne suis pas mort ? »


Mon père est mort le 28 avril 2014 dans sa centième année. Il a arrêté de se nourrir, estimant qu’il avait suffisamment vécu.

Il n’a pas connu les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, de la Promenade des Anglais à Nice, ni l’égorgement du Père Jacques Hamel à St. Etienne-du-Rouvray.

A chacune de ces attaques terroristes et plus encore aujourd’hui, après le carnage barbare du Hamas perpétré le samedi 7 octobre 2023, j’ai repensé à ce qu’il m’avait dit au lendemain du 11 septembre 2001.


[1] Agha Djoun est mon grand-père, le père de mon père. C’est l’appellation donnée dans les familles, qui peut s’interpréter : « Votre Éminence chérie » et qui traduit tout à la fois la déférence et l’affection. En l’occurrence, mon grand-père était haut fonctionnaire territorial, c’est à dire Trésorier général dans plusieurs provinces, d’où les déménagements successifs vécus par ma famille.

Lost in trans-nation

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Nous publions ici les bonnes feuilles du dernier livre de la journaliste Sylvie Perez, En finir avec le wokisme. Récit d’une contre-offensive anglo-saxonne, publié aux éditions du Cerf.


Retrouvez également Sylvie Perez en discussion avec Jeremy Stubbs dans le dernier épisode de notre podcast

Le monde à l’endroit

Le néo-progressisme anglo-saxon a un coup d’avance. Ses inventions arrivent chez nous avec un temps de retard. Ce qui se joue ici, le plus souvent, s’est joué là-bas un peu plus tôt. En sorte qu’observer l’évolution de cette mouvance dans l’anglosphère est un moyen de lire l’avenir. Or, là où il a été conçu et mis en œuvre, le wokisme est aujourd’hui la cible d’esprits critiques qui démasquent ses slogans et documentent ses impasses. Les avancées du laboratoire anti-woke sont ourdies par des esprits contrariants de tous horizons philosophiques, politiques, religieux ou ethniques. Ils se préoccupent de contenir cette idéologie brouillonne qui ébranle et fragilise jusqu’au socle des institutions ; ils n’ont en commun que le refus catégorique de la post-vérité et s’affairent à déjouer l’avènement d’un monde orwellien. La question transcende les familles politiques et mobilise une nouvelle catégorie de bretteurs, politiquement non-binaires. Le wokisme, instigateur de fluidité et de trans-identité, aura aussi engendré la trans-politique !

Depuis Londres, point d’étape du wokisme entre l’Amérique et la France, j’ai pu observer l’élaboration des stratégies de réponse et le sursaut en cours. Si le wokisme est un mouvement sismique initié dès les années 1980, ses effets les plus extravagants apparurent ces dix dernières années. Comme l’écrivait Simon Leys[1] : « L’histoire a déjà montré à plusieurs reprises qu’il ne faut pas grand-chose pour faire basculer des millions d’hommes dans l’enfer de 1984 : il suffit pour cela d’une poignée de voyous organisés et déterminés. Ceux-ci tirent l’essentiel de leur force du silence et de l’aveuglement des honnêtes gens. »

A lire aussi : My name is Woke… James Woke !

Optimistes et déterminés, les dissidents du wokisme ont élaboré les outils de la résistance. Parmi eux, quelques génies de la tech exaspérés par la bien-pensance de la Silicon Valley, quelques féministes qui aiment les hommes, quelques humoristes casse-cou qui se rient de tout, quelques juristes attachés aux principes fondamentaux du droit, quelques artistes qui se détournent du réalisme progressiste et s’occupent de créer plutôt que d’éduquer le peuple, quelques doctorants qui veulent sauver l’université, quelques acharnés qui décodent la novlangue politiquement correcte, quelques absolutistes de la liberté d’expression qui ne sont pas dupes des sermons contre les ‘discours de haine’, quelques représentants de la communauté noire peu disposés à servir de marionnettes aux associations antiracistes, quelques transgenres qui n’ont nul besoin de nier la biologie pour exister, tout un monde qui préfère rester vivant plutôt que gaspiller ses efforts à s’autocensurer et dénoncer le mal-pensant.

Déjà, d’excellents ouvrages sont parus en France, qui documentent les effets du wokisme. Celui-ci en chronique la riposte, mise au point par les promoteurs d’une société qui réhabilite l’ironie et le mauvais esprit, valorise le génie humain, la diversité d’opinions, l’invention, la recherche, le savoir, le mérite, une société où l’on respire à nouveau. Une société, quoi.

(…)

Le passé n’est plus ce qu’il était

L’association History Reclaimed (L’histoire réhabilitée), se constitue en août 2021 pour contrebalancer l’instrumentalisation woke de l’histoire, qui réduit le passé occidental à trois sacrilèges : le colonialisme, l’impérialisme, le racisme. Constatant que cette vision manichéenne se mue en doxa, les historiens s’impliquent dans les guerres culturelles. Le site History Reclaimed leur est ouvert pour rétablir les vérités complexes, instaurer de la nuance, apporter une perspective historique au débat… historique.

A lire aussi : Au pays des fous

Le wokisme s’est focalisé sur l’histoire du commerce triangulaire et de l’épisode effroyable de la traite des Noirs. On voudrait réparer le passé sous la forme de compensations financières pour les descendants d’esclaves. Robert Tombs, professeur d’histoire à Cambridge et fondateur d’History Reclaimed, doute du bien-fondé de cette démarche. Selon lui, le projet de recherche financé par l’université de Cambridge quant à ses liens avec l’esclavage et la nécessité d’envisager des réparations, est une opération de relations publiques plutôt qu’un projet académique : « Si la question est : « l’université a-t-elle bénéficié de l’esclavage ? », la réponse est évidemment oui. Toutes les institutions européennes ont bénéficié, directement ou indirectement, des revenus d’industries esclavagistes (sucre, coton, tabac), me dit-il. Ce qui caractérise Cambridge ce sont ses actions contre l’esclavage. En 1785, le vice-chancellier de l’université a lancé ce sujet d’étude : « Peut-on réduire des hommes en esclavage contre leur volonté ? » L’étudiant Thomas Clarkson (1760-1846) a reçu un prix pour son essai, après quoi il n’a cessé de militer pour l’abolition de l’esclavage. En 1789, un jeune député Tory, William Wilberforce, également diplômé de Cambridge, a mené aux Communes une campagne contre la traite négrière qui a conduit à l’abolition. Donc, si l’université a reçu de l’argent d’industriels ayant bâti leur fortune sur le commerce des esclaves, elle a aussi été très active pour bannir l’esclavage. Seulement, ce programme de recherche étant diligenté dans le cadre « d’initiatives sur l’égalité des races », l’objectif est de s’auto-flageller pour pouvoir clamer : « regardez comme nous sommes vertueux ». Ce serait une bonne idée de proposer des bourses pour les étudiants africains, non par souci de réparations, mais parce que nous n’avons plus d’étudiants africains. C’est dommage.»

Comprendre le présent à la lumière du passé plutôt que juger le passé à la lumière du présent. (…) L’association de Robert Tombs entreprend de désamorcer les mines woke sur le champ de bataille qu’est devenue l’histoire. Le site se présente comme un journal savant numérique, publie les contributions d’historiens, propose un podcast, l’accès à des sources historiques fiables, des listes de lectures, un prix du livre d’histoire et des débats sur les sujets qui font le buzz.

(…)

Scandale sanitaire

Qu’allaient pouvoir faire deux modestes psychothérapeutes face à un mouvement de société aussi puissant ? J’ai rencontré Marcus et Sue Evans le 3 février 2020 pour parler des affaires qui les ont propulsés à la une de la presse britannique. Le couple Evans se trouve alors embarqué dans une audacieuse tourmente juridique. Marcus Evans a démissionné l’an dernier du directoire du Tavistock & Portman NHS Trust, à Londres, qui abrite le GIDS (Gender Identity Development Service), la plus grande clinique du genre pour mineurs au monde. Sue Evans, quant à elle, intente une action en justice contre le même Tavistock auquel elle reproche d’infliger aux enfants des traitements hormonaux expérimentaux. (…)

Comme aux Usa, la dysphorie de genre s’est propagée au Royaume-Uni. Le nombre d’enfants consultant au GIDS est passé de 77 en 2009 à 5000 en 2021, soit une augmentation de 6400%. Et le chiffre a doublé en deux ans seulement, entre 2019 (2500) et 2021 (5000). « La contagion sociale est préoccupante, parmi les filles notamment, qui représentent aujourd’hui 76% des patients, me dit Marcus Evans. Cette situation est inédite. Or aucune recherche sérieuse n’est entreprise sur ce sujet. » (…)

Sue Evans a travaillé au GIDS entre 2003 et 2014. S’apercevant que les enfants sont orientés hâtivement vers des traitements hormonaux, elle s’en inquiète auprès de la direction. Malgré une enquête interne, rien ne change. « On voyait des jeunes à qui on prescrivait des hormones, après seulement trois ou quatre sessions de psychothérapie, me dit Sue Evans. Il m’était arrivé de suivre des patients pendant deux ans, pour des problèmes de désordres alimentaires. Jamais je n’aurais pu les guérir au bout de quatre consultations ! Le transgenrisme est comparable. Le patient est très déterminé dans son récit. Il a cerné le problème (je ne suis pas né dans le bon corps) et la solution (il faut que je change de sexe). Un patient souffrant d’anorexie est persuadé qu’il est trop gros. Abonder dans son sens ne l’aidera pas. L’approche affirmative préconisée par les associations transgenres consiste à souscrire d’emblée au récit du patient et l’envoyer chez l’endocrinologue. Ça n’a pas de sens. La psychothérapie aspire à adapter l’esprit au corps, et non à modifier le corps pour qu’il corresponde à l’idée que le patient s’en fait. Les militants transgenres veulent soustraire la dysphorie de genre du champ psychologique.»

A ne pas manquer, Débat entre Véra Nikolski et Antoine Buéno: Comment habiller les écolo-féministes pour l’hiver?

Pour soigner la dysphorie de genre, le couple Evans préconise une thérapie exploratoire, plutôt qu’affirmative. « On écoute le patient, on l’interroge sur son problème d’identification de genre, mais aussi sur son environnement familial, scolaire, on essaie de comprendre ensemble sa souffrance. Dans 90% des cas, sans traitement hormonal, le patient finit par se réconcilier avec son corps, m’explique Marcus Evans. La puberté est une étape complexe, anxiogène. Toute une palette de problèmes sont en jeu à l’adolescence, moment de métamorphose sociologique, psychologique, physiologique. Il faut laisser les jeunes traverser cette phase de la façon la plus naturelle possible au moins jusqu’à 25 ans, âge auquel ils deviennent plus apaisés, ils assument leur corps, leur sexualité. Les activistes disent que les bloqueurs de puberté sont « juste une pause ». Mais il n’y a pas de bouton « pause » dans le développement d’un enfant ! En interrompant son évolution, vous le soustrayez à son groupe d’âge. Pendant que ses camarades se transforment, l’enfant sous inhibiteurs d’hormones garde son allure enfantine. Vous le privez d’une vie sociale normale. Ça n’est en aucun cas un acte neutre. »

Les inhibiteurs de puberté ne sont pas homologués pour soigner la dysphorie de genre, ni aux États-Unis dans le classement de la Food and Drug Administration, ni au Royaume-Uni où le National Institute for Care and Health Excellence (NICE), en 2020, après examen des études parues sur le sujet, concluait qu’il n’existait pas de preuves suffisantes en faveur d’un traitement hormonal de la dysphorie de genre. On manque de recul pour juger des bénéfices/risques de cet usage détourné[2] des inhibiteurs de puberté sur des enfants transgenres. Et les effets secondaires observés jusqu’à présent sont alarmants : altération du développement cérébral et du quotient intellectuel, ostéoporose, chute de la libido, stérilité lorsque le traitement est initié très jeune.

(…)

Lost in trans-nation

Il n’est pas jusqu’aux médecins du genre, parmi les plus renommés, qui ne s’inquiètent de l’intégrisme trans-affirmatif. Parmi eux, le Dr Marci Bowers, elle-même transfemme, gynécologue obstétricienne spécialiste de la vaginoplastie (elle en a pratiqué plus de deux-mille) et mondialement réputée. C’est elle qui opéra la célèbre Jazz Jennings (le petit garçon américain qui se sentait fille et dont la transition a été feuilletonnée en temps réel à la télévision). Le docteur Bowers n’a pas caché les complications auxquelles elle s’est trouvée confrontée lors de la construction du vagin de Jazz Jennings, du fait que sa patiente, mise sous bloqueurs de puberté à un jeune âge, était équipée d’organes génitaux succints offrant peu de tissus. Le Dr Bowers recommande la prudence dans l’administration de bloqueurs de puberté du fait qu’ils hypothèquent plaisir sexuel et fertilité à l’âge adulte.

A lire aussi : Voltaire for ever

Erica Anderson, elle aussi transfemme, est une célèbre psychologue californienne pro-affirmation de genre, et Laura Edwards-Leeper est la co-fondatrice de la première clinique du genre américaine à Boston (USA). Fin novembre 2021, Anderson et Edwards-Leeper cosignaient un article dans le Washington Post. Elles exprimaient leur inquiétude devant le nombre exponentiel de jeunes filles orientées vers l’hormonothérapie avant même d’avoir eu accès à une prise en charge psychologique correcte. « L’afflux de patients auprès des psychologues et des cliniques du genre, combiné à un climat politique qui envisage les soins de chaque individu comme un test de la tolérance de la société, emmène les praticiens sur une pente glissante et dangereuse. (…) La pression des activistes au sein du personnel médical et des départements de psychologie qui, de conserve avec certaines organisations LGBT, réduisent au silence les détransitionneurs et sabotent toute discussion sur ce qui se joue dans ce domaine, est inadmissible. (…) cela sème le doute quant à l’honnêteté de notre profession et notre dévouement à aider les trans. »[3]

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[1] Orwell ou l’horreur de la politique, Simon Leys, p32

[2] Les bloqueurs de puberté sont indiqués dans les cas rares de puberté précoce, mais ne sont en aucun cas destinés aux jeunes dont le développement physiologique est normal. La prescription de bloqueurs de puberté aux enfants transgenres est un usage détourné et expérimental des hormones synthétiques.

[3] The Washington Post, « The mental health establishment is failing trans kids. Gender exploratory therapy is a key step. Why aren’t therapists providing it ?”, Laura Edwards-Leeper, Erica Anderson, 24 novembre 2021

Karim Benzema, meilleur buteur de l’équipe de (l’anti) France?

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Le grand benêt de Villeurbanne, expatrié en Arabie Saoudite, est accusé de répandre un frérisme d’atmosphère dans la jeunesse française… Gérald Darmanin affirme qu’il retirera ses accusations envers le joueur, s’il écrit un message pour notre professeur tué à Arras. L’avocat du footballeur dénonce un « odieux chantage », et explique qu’il lui aurait confié que « ce sont [ses] gamins qui souffrent parce qu’on accuse leur père d’être un terroriste »


Malgré son départ pour l’Arabie Saoudite l’été dernier, et sa retraite internationale prise l’hiver dernier au lendemain d’un Mondial qu’il n’a pas joué, Karim Benzema est revenu en force dans l’actualité nationale. Pas forcément par la bonne porte. Le « Ballon d’or du peuple » (c’est ainsi qu’il s’est présenté quand il s’est vu remettre le prestigieux trophée décerné par France Football à l’automne 2023), est suspecté, depuis le retour du tragique au Proche-Orient, à Arras et à Bruxelles, de faire preuve de beaucoup d’empathie pour les victimes gazaouies des bombardements israéliens, « qui n’épargnent ni femmes ni enfants », et pas du tout pour les victimes du terrorisme islamiste, que ce soit durant les années 2015-2016 ou plus récemment après le drame d’Arras.

Notre ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le suspecte d’être en lien « notoire avec les frères musulmans », fameuse organisation née en 1922 en Égypte dont les branches sont multiples et complexes à travers le monde, du Hamas jusqu’à l’ex-UOIF (Union des organisations islamiques en France) devenue « Musulmans de France »[1] en 2017.

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On peine à croire que le locataire de la place Beauvau sorte cela sans un minimum d’informations… Depuis, c’est un peu le concours entre le ministre de l’Intérieur, « Reconquête » et ce qu’il reste des Républicains pour taper le plus fort sur l’ancien attaquant du Real Madrid. Valérie Boyer, sénatrice LR de Marseille, a même demandé la déchéance de sa nationalité française… et le retrait de son Ballon d’Or.

Giroud-Benzema : la France tartiflette contre la France des kebabs

Entre Karim Benzema et le public français, ça a toujours été une longue histoire de « Je t’aime moi non plus ». Même lors de ses longs moments de disette devant le but avec l’équipe de France, personne n’a jamais contesté les qualités footballistiques du prodige formé à Lyon. L’attaquant, de son côté, n’a jamais fait tellement mystère que s’il avait revêtu le maillot bleu plutôt que celui des Fennecs algériens, c’était par pur opportunisme professionnel : il est plus facile de négocier un juteux contrat avec le Real Madrid, quand, à vingt-deux ans, on a déjà une vingtaine d’apparitions avec l’équipe de France. Il n’a que dix-neuf ans, quand il confie à RMC que les Bleus, « c’est plus pour le côté sportif, parce que l’Algérie c’est mon pays, voilà, mes parents ils viennent de là-bas. Après, la France… C’est plus sportif, voilà ». Quand retentit La Marseillaise, les lèvres de Benzema ne bougent jamais. En novembre 2015, lors d’un Real Madrid-FC Barcelone, quand le public espagnol fredonne l’hymne national français en hommage aux victimes des attentats, les caméras attrapent Benzema en train de cracher au sol. Nadine Morano, eurodéputée LR, y voit le signe de son dédain pour la France. « C’est nul d’inventer des histoires comme ça, de dire des choses graves. Pendant la Marseillaise, je suis concentré, je pense aux victimes, aux familles, à ma famille, aux gens qui m’aiment, au football. Je suis sincère et sérieux dans mon regard. Je crache à la fin, comme à tous les matchs, comme tous les joueurs », se défendait-il.

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A partir de son éviction des Bleus, en 2016, à la suite de l’affaire Valbuena, le public français va se couper en deux. Comme il y a eu les fans des Beatles d’un côté et ceux des Rolling Stones dans les années 60, les fans de Blur contre les fans d’Oasis dans les années 90, il y a dans la France des années 2010 deux camps : les pro-Giroud et les pro-Benzema. Avec un assez net clivage ethnique parmi les partisans. A regarder les réactions sur le net, se dessine une cassure entre la France tartiflette et la France des kebabs. Pourtant, au printemps 2021, c’est presque le grand rabibochage : Didier Deschamps rappelle l’enfant prodigue. L’union sacrée est en marche. Benzema et l’équipe de France, c’est l’histoire de l’ex que l’on croise un beau jour dans la rue. On se dit : « mais pourquoi on s’est séparés, au fait ? ». On se remet ensemble et après quelques minutes de vie commune, on se souvient pourquoi.

Un formidable exemple malgré tout

L’été dernier, Karim Benzema a fait partie de l’impressionnante transhumance de stars mondiales du football vers l’Arabie Saoudite. Pour les autres, les Neymar, les Cristiano Ronaldo, les salaires alléchants ont été l’unique motivation. Pour Benzema, il y avait un petit quelque chose en plus, un supplément d’âme. Il déclarait : « C’est un pays musulman et j’ai envie de vivre là-bas ». À l’instar de Diam’s, qui a arrêté le rap, a pris le voile et s’est réfugiée en Arabie après sa conversion… On l’a découvert le 23 septembre habillé à la Saoudienne pour la fête nationale : shemagh sur la tête, à damiers rouge et blanc? et bisht beige sur les épaules. Non loin, le drapeau saoudien repose. Il y a des nations d’adoption dont on adopte les codes plus rapidement que d’autres.

Karim est aujourd’hui au cœur de toutes les critiques de la droite nationale. Et pourtant, n’est-il pas un formidable exemple pour la jeunesse désœuvrée et déracinée d’ici, de retour aux sources spirituelles, au beau milieu du Dar al-Islam ? Gaspard Proust disait sur Europe 1, face à Philippe de Villiers : « Karim Benzema, moi je l’envie. Lui en Arabie Saoudite, contrairement aux Européens qui vivent sur le sol européen, s’il vit en harmonie avec les valeurs locales, il sait qu’il est parfaitement en sécurité dans la rue ».


[1] Le président des « Musulmans de France » à l’époque, Amar Lasfar, avait déclaré au moment où l’organisation changeait de nom : « Nous ne faisons pas partie des Frères musulmans. En revanche, nous nous inscrivons dans leur courant de pensée ».

Islamisme: des fichés S sur les bancs de l’école de votre enfant

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La liberté éducative des parents étant restreinte, depuis 2021, vous ne pouvez plus soustraire vos enfants à ces camarades de classe dangereux. Une tribune libre de Laurence Trochu, la présidente du Mouvement Conservateur.


Le sujet de l’éducation est décidément le fil rouge du présent quinquennat. Voici que désormais, après la terrible attaque d’Arras qui a mis fin aux jours de Dominique Bernard, professeur apprécié qui jamais n’aurait mérité un tel crime, les alertes se multiplient dans les écoles, au point de plonger, en de nombreux endroits, des enfants dans l’anxiété, au péril de leur équilibre psychologique et mental. C’est la révélation d’une nouvelle faille dans l’Éducation nationale, qui n’avait certes pas besoin de cet avatar de plus : nous découvrons qu’il y a au sein même des établissements publics, des adolescents islamistes en puissance qui peuvent, sur un coup de tête, se livrer aux pires exactions. Gérald Darmanin a évoqué, sur BFMTV, « plus de 1 000 mineurs avec des fiches actives pour islamisme ». Terrible découverte, qui met bien des parents dans l’angoisse. 

Responsabilités

Comment lutter contre la violence, et contre le terrorisme islamique ? Lors des émeutes de l’été dernier, Emmanuel Macron en appelait à la responsabilité éducative des parents. Ce n’est pas le Mouvement conservateur qui dira le contraire. Mais venant d’Emmanuel Macron, la belle affaire ! Il ne peut s’en prendre qu’à… lui-même. Car c’est bien le président de la République qui, en 2021, supprimait d’un trait de plume la liberté éducative des parents.

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Souvenons-nous : pour enrayer l’islamisation dès l’enfance, une loi contre le « séparatisme », renommée selon la novlangue orwellienne de rigueur « loi confortant la laïcité et les principes républicains », a marqué une étape de plus dans la longue marche d’uniformisation de l’éducation en France. Sous l’apparence d’un objectif louable, il s’agissait de mettre fin à l’instruction en famille (IEF) pour faire de l’enseignement un quasi-monopole étatique. Avec les insuffisances que l’on sait : classement PISA en chute libre, idéologie égalitaire et multiculturaliste, méthodes pédagogistes ringardes. 

Laurence Trochu © D.R.

La dramatique actualité de ces derniers jours ajoute un inacceptable parfum de rancœur, elle attise la colère légitime des parents qui se méfiaient des prétentions du léviathan éducatif. Si personne n’a encore prouvé l’existence d’islamistes dans les familles ayant recours à l’instruction en Famille, leur présence est en tout cas avérée au sein même de nos écoles publiques où sont pourtant dispensés des cours d’empathie et de vivre-ensemble. C’est bien le cas de Mohammed Mogouchkov, le terroriste de l’attentat islamiste d’Arras; c’était le cas de Mohammed Merah et d’Adel Kermiche, le meurtrier du Père Hamel. 

Impossible d’échapper à l’Éducation nationale désormais…

Jusqu’en 2021, et depuis plus d’un siècle, en France, c’est l’instruction qui était obligatoire. La liberté fondamentale de l’enseignement laissait aux parents le droit de choisir le mode d’instruction qu’ils souhaitaient donner à leurs enfants. L’instruction en famille était soumise à un régime simple de déclaration auprès des autorités compétentes avec contrôle annuel des enfants instruits à la maison. Dans son article 21, la loi de 2021 a restreint la possibilité d’y recourir en imposant un régime d’autorisation, soumis à l’éligibilité de seulement quatre motifs : l’état de santé de l’enfant ou un handicap, la pratique d’activités sportives ou artistiques intensives, l’itinérance ou l’éloignement géographique d’une école, et enfin la situation propre à l’enfant. 

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Dans ce contexte, le Mouvement Conservateur salue la pertinente proposition de loi déposée mardi 17 octobre 2023 par le député Xavier Breton. Elle s’appuie sur les témoignages, nombreux, que nous recevons de ceux qui sont et doivent rester les premiers éducateurs de leurs enfants, à savoir les parents ! Parce que Le Mouvement Conservateur soutient les familles dans leur volonté de s’adapter aux différentes situations de la vie quotidienne pour le bien de leurs enfants, il ne peut que soutenir la démarche de ces parlementaires.

Dans un premier temps, nous espérons que le travail législatif permettra d’obtenir enfin les chiffres sur les autorisations, refus, recours par académie, chiffres qui sont aujourd’hui d’une rare opacité. Car la mise en œuvre des nouveaux critères s’avère plus compliquée qu’il n’y paraît. Ainsi, recourir à l’IEF en raison d’une situation propre à l’enfant exige de déposer la demande entre le 1er mars et le 31 mai précédant la rentrée scolaire, alors même que le besoin peut se révéler plus tard. Et des académies entières refusent systématiquement toutes les demandes. Quand, à l’entrée en sixième, un élève sur deux n’a pas le niveau de fluidité requis en lecture, il est grand temps de mettre fin à cette hypocrisie qui, sous couvert de bonnes intentions, sert surtout à mettre les derniers clous sur le cercueil de la liberté de l’enseignement. Après l’instruction en famille, qui sera la prochaine victime de l’uniformisation de l’éducation ? Les cours par correspondance, les écoles libres, les écoles privées sous contrat ? Comme nos parents en 1984 – année ô combien symbolique – , nous continuerons de nous battre pour la pleine liberté de l’enseignement.

Hélène Grimaud, rock star


La pianiste Hélène Grimaud, connue dans le monde entier, ne passe jamais inaperçue. Quand elle entre dans un restaurant, tout le monde la regarde et s’extasie devant sa beauté. C’est une femme charismatique, comme il en existe peu. Tantôt blonde, tantôt brune, pour casser son image, ses yeux bleu-gris envoûtent. Elle est toujours dans un avion, dort dans des chambres d’hôtel, remplit les salles de concert du monde entier. Elle est une force qui va, difficile à saisir. Elle se ressource sur la côte Ouest des États-Unis, chez elle, recluse, pour échapper au bruit et à la fureur, et protéger les chevaux mustangs, massacrés par l’appât du gain. Ce n’était donc pas évident de la saisir de « l’intérieur ». C’est la prouesse qu’a réussie Stéphane Barsacq avec le livre Renaître.

Se remettre au monde

Dès les premières pages, on comprend qu’on ne lit pas un ouvrage de commande, rédigé en trois mois, relu sur un coin de nappe. Il s’agit d’un livre de longue haleine, patiemment mûri, travaillé et retravaillé. C’est un livre qui a su donner du temps au temps. Il n’en est que plus rare. Hélène Grimaud apparaît à la fois forte et fragile, intelligente, surdouée, audacieuse, exaltée, parfois « désaxée » par le tourbillon de l’existence, mystique, amoureuse de la nature, des loups, des chevaux, des grands espaces, de la musique, bien sûr, en un mot : oxymorique. Stéphane Barsacq pose les (bonnes) questions et Hélène Grimaud répond sans fard. Il faut reconnaître que ses confessions tombent à pic. L’actualité internationale fait désespérer de l’homme. La barbarie gagne du terrain comme jamais, la nuit nucléaire nous guette, et les mots d’Hélène Grimaud nous redonnent l’espoir, et nous rappellent que la grâce existe et qu’elle peut, et doit, sauver l’humanité. « C’est une petite fille, à la sortie d’un concert, écrit la pianiste virtuose, qui m’a donné l’élan qui me manquait. Elle m’a demandé simplement : La musique, ça sert à quoi ? » La réponse se trouve dans son livre, résumée par son titre : Renaître. « Ce n’est pas assez d’être né : il importe de se remettre au monde, et de l’aimer ».  

Le loup est l’avenir de l’homme

Hélène Grimaud est reçue première à l’unanimité, à l’âge de treize ans, au Conservatoire de Paris. Autant dire que le piano est plus qu’une passion, c’est une véritable vocation, au sens religieux du terme. Mais cette femme de cœur à l’incroyable énergie a d’autres préoccupations. Elle a fondé un centre de préservation des loups aux États-Unis. Dans le loup, elle retrouve l’enfant sauvage qu’elle a été, cette difficulté à se sociabiliser, cette inaptitude à trouver sa place dans un monde matérialiste. Le défendre, c’est également préserver l’équilibre de l’écosystème de la planète. Son combat n’est pas idéologique, il est dicté par l’observation et le bon sens. « Aujourd’hui, écrit Hélène Grimaud, sur cette terre où l’homme pratique le grand génocide de la vie – chaque jour des dizaines d’espèces animales et végétales disparaissent –, où 16 125 nouvelles espèces sont menacées d’extinction, au rang desquelles, nouvellement désigné après l’ours polaire, l’hippopotame, il faut affirmer haut et fort que le loup est l’avenir de l’homme. » La musique est longuement évoquée dans l’ouvrage – comment pourrait-il en être autrement. C’est elle, après sa mère, d’origine corse, qui l’a éduquée. Mieux même : elle l’a élevée. Elle cite ses amis, qui ne la quittent jamais : Bach, Mozart, Haydn, Rachmaninov, Brahms, Chopin, et beaucoup d’autres. Hélène Grimaud n’élude aucune question. Elle parle également de la littérature, du féminisme, du piano, de son approche charnelle et sensuelle de l’instrument, du besoin de solitude, de nature pour retrouver l’équilibre perdu, de la foi si peu éloignée de la musique, de sa beauté que voulait filmer Ingmar Bergman. Hélène Grimaud est particulièrement touchante quand elle évoque son corps, ce corps qu’il convient de « dérider ». Au milieu des loups, dans la forêt, en compagnie de ses deux chiens, elle danse. Oui, elle danse avec les loups. Et là, elle fait « l’expérience physique de la joie. » Elle danse, comme dansait Bardot, la femme qui a tout sacrifié pour sauver les animaux de la souffrance infligée par l’Homme. Grimaud se souvient : « J’ai dansé ainsi pour la première fois enfant, en Camargue, dans les roseaux, après l’envol des chevaux dans celui des flamants roses. J’ai eu le désir soudain et irrépressible de virevolter, les bras tendus au ciel, les jambes ailées de gouttelettes qui volaient au soleil de son éclat. » Lisez ce livre. Vous verrez comme il fait du bien.

Hélène Grimaud, avec Stéphane Barsacq, Renaître, Albin Michel

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Parking

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Pierre-Louis vieillissait. Mal, à l’en croire – si tant est qu’existât une façon de bien vieillir. De manière imperceptible parfois, mais toujours irréversible, chaque jour qui passait ajoutait au fardeau de sa décrépitude. Sa vue baissait. Son ouïe déclinait. Au matin, avant que la machine se soit remise en route, il avait peine à se mouvoir. Sa mémoire, elle aussi, s’engourdissait. Il avait de plus en plus de mal à retrouver les noms et, plus encore, les prénoms qui lui étaient naguère familiers. Ainsi avait-il cherché en vain, une journée durant, le nom du bassiste qui accompagnait Dave Brubeck dans Take Five. C’est dire l’état de délabrement de ses neurones. Il en était atterré. Une brusque illumination vint soudain percer l’opacité morose dans laquelle il se mouvait. En compagnie de son épouse, il parcourait les allées interminables d’un parking souterrain, en quête d’une place où garer leur voiture. Quête vaine. Le rendez-vous fixé par l’opthtalmologiste en était compromis. Chaque minute écoulée le rendait plus improbable. Soudain, une trouée : quatre ou cinq places vides se profilaient à l’horizon et Rosalie qui, depuis plus d’un an, avait remplacé son mari aux commandes de leur véhicule, accéléra.
« Tu vois, Pierre-Louis, il ne faut jamais désespérer de la Providence.
Avec un peu de chance, nous arriverons à l’heure. ».
Déception. Sur le sol du parking, le dessin d’un fauteuil roulant, sur fond bleu, assorti d’une inscription : « réservé aux personnes handicapées ».
« Qu’importe !, s’exclama Pierre-Louis. Garons-nous quand même. Après tout, ne suis-je pas, moi aussi, handicapé ? »
Le déclic. L’idée avait germé dans son inconscient. Il ne restait plus qu’à officialiser une situation subie en silence depuis de trop longs mois. Il s’en ouvrit à l’ophtalmologiste.
« Nous allons, lui dit le praticien, procéder à une évaluation de votre champ visuel. Le rétrécissement de celui-ci sera, si j’ose dire, un atout pour la reconnaissance de votre handicap. Il faudra toutefois que votre médecin généraliste procède à un examen approfondi de vos autres déficiences ».
L’affaire était enclenchée. Le docteur Bonnemaison, praticien de sa famille, connaissait bien Jean-Louis et ses handicaps. En outre, manifestement coutumier de ce genre de démarche, il extirpa sans hésiter, du tiroir de son bureau, un formulaire.

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« Je dois, prévint-il, me livrer à un interrogatoire minutieux pour juger, notamment, de votre état mental. Quel est votre nom ? »
Pierre-Louis retint avec peine le fou-rire qui le gagnait.
« Mais enfin, docteur, vous le connaissez ! De surcroît, il figure sur ma carte Vitale !
– Bien sûr, je le connais. Mais vous ? Pouvez-vous me donner la date d’aujourd’hui ?
– 25 septembre 2023.
– Parfait. Voyons voir… Donnez-moi le second prénom de votre grand’mère maternelle.
– Elise. Ma grand’mère s’appelait Marthe Elise.
– Bien. Votre mémoire a l’air en bon état. Je remplirai le reste du formulaire. Il concerne votre état physique et votre dossier sur mon ordinateur me fournira tous les éléments nécessaires. A priori, votre dossier devrait vous valoir une réponse favorable. »
Il brandissait une épaisse liasse.
– « Il ne vous restera plus qu’à envoyer ceci au service compétent du Conseil départemental ».
Exécution immédiate. La réponse arriva au bout d’une quinzaine. Elle émanait du service social du département : « Monsieur, nous accusons réception de votre demande Elle sera examinée quand le dossier ci-joint, dûment rempli, sera venu la compléter. »
Ledit dossier était impressionnant. Il comportait la liste de pièces officielles dont les photocopies certifiées conforme par l’autorité municipale: extrait de naissance, carte d’identité, carte Vitale, carte bleue, carte d’électeur, carte de fidélité au supermarché, relevés d’imposition des dix dernières années, certificat de domicile, dernières quittances d’eau et d’électricité, photographies diverses permettant d’authentifier le tout. Au total, un colis de deux kilos, renvoyé recommandé, par la poste, une semaine plus tard. L’attente commença. Pierre-Louis dépérissait, soutenu seulement par le suspense entretenu. Celui-ci fut interrompu au bout de six mois. Une lettre recommandée émanant du Conseil départemental lui signifiait qu’après un examen détaillé, son dossier faisait apparaître des inexactitudes :
« Ainsi, le second prénom de votre grand’mère était Elisabeth, et non Elise. Quant à votre chien Basile, dont la race, à vous en croire, est celle d’un patou des Pyrénées, la photo jointe laisse clairement apparaître qu’il s’agit d’un labrit, chien de berger. En outre, la couleur de votre voiture n’est pas blanche, mais plutôt grisâtre. En conséquence de quoi nous vous renvoyons votre dossier que vous voudrez bien relire attentivement et rectifier avant de nous le retourner. »
Stupéfaction. Découragement. Ecœurement. Cette fois, la coupe était pleine. Pierre-Louis se plia de mauvaise grâce à ces nouvelles exigences, mais sans la moindre illusion. Et il se laissa doucement glisser. Jusqu’au matin où Rosalie le trouva inerte dans son lit. Aux lèvres, un étrange rictus qui pouvait ressembler à un sourire.
Une heure après, le facteur sonnait à la porte. Il brandissait une lettre recommandée. Rosalie eut un pressentiment. Lorsqu’elle l’ouvrit, elle découvrit le précieux carton et se dirigea sans hésiter vers la chambre funéraire. Pierre-Louis gisait, les mains jointes sur sa poitrine. Son épouse glissa entre ses doigts le sésame tant attendu et murmura à son oreille :
« Tu en auras sans doute besoin. Là-haut, il doit y avoir de sacrés embouteillages ! ».

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Quel rôle pour l’Ouzbékistan?

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Il n’y aura pas de paix dans la région « Asie centrale » sans stabilité en Afghanistan. Son voisin, l’Ouzbékistan, qui depuis des années s’intègre de mieux en mieux dans l’espace financier, commercial et économique mondial, y œuvre.


Au milieu de tous les pays d’Asie centrale, l’Ouzbékistan tente de se démarquer et de faire de sa politique étrangère un outil d’influence qui pèse de plus en plus et permette d’intégrer l’ensemble de la région davantage au sein de la communauté internationale.

Il faut bien noter que l’Asie centrale est en train de devenir l’une des régions du monde au développement économique le plus spectaculaire et que son intégration sur la scène mondiale s’accélère chaque année davantage. Au cours des six dernières années, le PIB total des cinq pays concernés a doublé, pour atteindre 400 milliards de dollars. Dans le même temps, la part du commerce mutuel de marchandises dans le chiffre d’affaires total du commerce extérieur de l’Asie centrale a lui augmenté de 6 % en 2014 à 11% en 2022.

L’une des priorités de Tachkent est de renforcer les relations et les partenariats stratégiques avec tous les États d’Asie centrale, tout en élargissant la coopération sous toutes ces formes avec les pays en dehors de la région. Ces dernières années, le pays a lancé un nouveau programme régional en Asie centrale autour de la sécurité, la coopération commerciale, économique et culturelle. Depuis 2018, quatre réunions de chefs d’État de la région se sont tenues à Douchanbé.

Les efforts de tous les pays de la région a contribué à accroître son attractivité pour les partenaires extérieurs et à élargir son interaction avec les grands États de la planète ainsi que les grandes organisations internationales. Ainsi, les plateformes de dialogue au format « Asie centrale Plus » sont passées de 4 en 2017 à 11 en 2023. L’Ouzbékistan a quand lui lancé un certain nombre d’initiatives en particulier dans les domaines de la sécurité, du commerce, de l’énergie et des transports. Aujourd’hui, les Nations Unies soutiennent cette avancée régionale et ont voté un certain nombre de résolutions qui vont dans le sens d’une plus grande intégration de l’Asie centrale à la communauté internationale.

En septembre dernier, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev a participé à la 78è session de l’Assemblée Générale des Nations Unies et présenté l’état d’avancement et ce qu’il considère comme des réussites de la stratégie de développement du nouvel Ouzbékistan. À la mi-octobre, aura lieu à Samarcande la 25ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Pour la première fois dans l’histoire, l’Ouzbékistan accueillera cet important rassemblement biennal des États membres et membres affiliés de l’OMT.

La diplomatie économique est devenue la priorité de l’Ouzbékistan qui a fixé le cap d’une intégration plus active du pays dans l’espace financier, commercial et économique mondial, ainsi que dans les transports interrégionaux et les communications logistiques en Asie centrale. Tachkent a intensifié son processus de négociation d’adhésion à l’OMC, a obtenu le statut d’État observateur au sein de l’UEE et le statut de pays bénéficiaire dans le système de préférences SPG+ de l’Union européenne. La coopération du pays avec les institutions financières internationales et régionales, telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la BERD, la Banque islamique de développement et la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, a atteint un niveau inédit. En 2019, l’Ouzbékistan a rejoint le Conseil turcique et en 2020 a présidé la Communauté des États Indépendants. En septembre 2022, Tachkent a accueilli le sommet de l’Organisation de Coopération et de Sécurité. Ces dernières années, l’Ouzbékistan a présenté plus de 80 propositions sur les plateformes multilatérales visant à renforcer la sécurité régionale, la coopération économique et le développement global et durable de l’Asie centrale.

Cependant, il n’y aura pas de paix et de sécurité dans la région sans stabilité de l’Afghanistan, qui partage une frontière commune avec l’Ouzbékistan. Le pays a accru ses échanges dans les domaines du commerce, des transports, de l’énergie et de l’éducation afin d’impliquer ce pays pauvre et en grande difficulté depuis des décennies dans les échanges commerciaux régionaux. Tachkent a joué un rôle clé dans le renforcement de la participation des pays d’Asie centrale aux efforts internationaux visant à stabiliser l’Afghanistan. Il ne faut jamais oublier que ce pays est un maillon essentiel entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud.

Gabriel Attal, vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE

Notre collaborateur approuve les premières pistes ouvertes par le ministre de l’Éducation — fin du collège unique institué par la réforme Haby / Giscard d’Estaing, et réouverture d’Écoles Normales, dès la 1ère année du Supérieur, afin de former au mieux les nouveaux enseignants dont la France a besoin. Mais, souligne-t-il, les adversaires de ces changements salutaires préparent déjà leur contre-offensive…


Monsieur le Ministre,

Je doute que vous ayez eu le temps, au milieu des responsabilités qui sont les vôtres et des événements dramatiques de ces derniers jours, de jeter un œil sur mon dernier livre, L’Ecole à deux vitesses, paru fin août.

Je me contenterai donc de me féliciter de la contiguïté de nos pensées…

Dans le chapitre final où j’ai rassemblé diverses propositions sur les réformes à mettre en œuvre au plus vite, j’écris en effet :

« Les enseignants doivent être recrutés et orientés dès le niveau Bac + 1, et formés dans des centres — les anciennes Ecoles Normales par exemple pour les instituteurs — où on leur enseignera les savoirs indispensables pour faire face à leurs classes. Pas de la pédagogie ou de la didactique, qui viendront avec l’expérience du terrain. Et les terrains scolaires sont si variés qu’aucune recette ne s’applique uniformément, à moins de chercher le chahut immédiat et irrémédiable.

« La mixité sociale n’a de sens que si elle s’accompagne d’une ambition qualitative. Il est donc essentiel de révoquer le collège unique, source depuis quarante ans de confusion et d’impossibilité technique de faire des cours cohérents. J’ajoute qu’une répartition des élèves en fonction de leur niveau (et non des revenus de leurs parents) doit s’accompagner d’une discrimination selon le niveau : on peut faire cours à 15 élèves en difficulté ou à 40 élèves sans problèmes, mais certainement pas, sous prétexte d’égaliser les conditions de travail, à 30 élèves de niveaux trop hétérogènes.

« L’évolution du niveau des élèves doit être la clé des rémunérations supplémentaires des enseignants. Elle sera évaluée par des instances idoines — il est temps que l‘Inspection, au lieu de passer en coup de vent tous les cinq ou six ans, ausculte les maîtres deux fois par an — en amont et en aval. Et comme il ne se trouve pas assez d’Inspecteurs, des enseignants chevronnés — vraiment chevronnés, pas des pistonnés ou des lèche-bottes de pédagos ultimes — seront à même de prodiguer des conseils et d’apprécier le travail. »

Et voici que vous annoncez à la fois la nécessité de rouvrir les Écoles Normales, qui formaient si bien nos maîtres autrefois, et d’en finir avec le collège unique, qui sous prétexte d’égalitarisme aura été le plus grand vecteur d’inégalités dont jamais système corrompu ait rêvé. Quant à la rémunération au mérite, elle est en partie incluse dans le Pacte mis en place par votre prédécesseur, et fort combattu par des syndicats qui se soucient davantage de propagande que d’efficacité pédagogique.

Évidemment, ces timides avancées dans la bonne direction suscitent déjà des réactions outrées chez les artisans du désastre, qui sentent que leurs beaux jours sont derrière eux. Le ban et l’arrière-ban des pédagogistes les plus forcenés vous canardent comme un lapin depuis dix jours (vous ferai-je remarquer qu’ils soutiennent, les uns et les autres, des organisations parallèles financées par votre ministère ? Non, je ne le ferai pas…). Sylvain Connac « chercheur » en sciences de l’Éducation (ancien instituteur, il n’a jamais vu un élève du Secondaire), écrit par exemple dans Le Monde — l’ex-« journal de référence » qui ouvre libéralement ses colonnes à tout ce que l’idéologie la plus rance a produit de pseudo-spécialistes :

« Un système éducatif ne fonctionne pas pour l’unique promotion de quelques champions, au risque de voir se créer des masses de perdants et de résignés scolaires. La responsabilité est plutôt du côté de l’excellence scolaire, par la recherche du progrès de tous, sans exception. »

Cela nous ramène au temps — l’Eden perdu de Mr Connac — où l’on avait inventé un Ministère de la Réussite Scolaire : on met la barre au plus bas, pour que chacun soit sûr de la sauter. Cela procède d’un mépris des élèves qui au fond n’est guère étonnant, ces temps-ci, chez des gens de gauche. Permettre réellement à chacun d’aller au plus haut de ses capacités est plus compliqué que de truquer les notes, et la différenciation des cursus en fonction des goûts et des capacités est une voie évidente pour y parvenir.

Puis Claude Lelièvre, « historien » de l’Éducation, s’est indigné à son tour que vous appeliez à reformer des Ecoles normales dont la formation serait « axée sur les fondamentaux et les valeurs de la République ». Comme celle de Jules Ferry, instituée pour préparer les loupiots à la future guerre franco-prussienne ? Ma foi, Lelièvre ne s’est apparemment pas aperçu que nous sommes effectivement en guerre — contre des fondamentalistes qui égorgent u décapitent les enseignants.

Enfin Sa Suffisance Philippe Meirieu, l’artisan en chef du désastre, s’est exprimé du haut de sa tour d’ivoire, critiquant la façon dont l’institution a salué la mémoire de Dominique Bernard : « Aucune parole ne pouvait être à la hauteur de l’événement et il aurait mieux valu, sans doute, s’en tenir au silence. Un silence collectif et solidaire. Un silence assourdissant pour enjoindre nos concitoyens de mettre un terme aux lieux communs et aux invectives sur les réseaux sociaux… »

… afin de laisser libre cours aux messages de haine et aux appels au meurtre des fanatiques de la charia ?

Je n’irai pas jusqu’à vous suggérer de révoquer ceux qui, parmi les nuisibles infiltrés dans la structure profonde de votre ministère, travaillent à démanteler par avance vos propositions, comme ils l’ont fait quand François Fillon ou Gilles de Robien tentaient d’imposer en Primaire une méthode d’apprentissage cohérente du Lire / Ecrire — une méthode alpha-syllabique, préconisée d’ailleurs par Stanislas Dehaene et tous les vrais chercheurs : par exemple la méthode LEGO expérimentée depuis deux ans dans l’Académie de Paris, décidément en pointe. Mais le corps des Inspecteurs devrait être sérieusement nettoyé — ou peut-être mis en extinction.

La fin du collège unique est une nécessité urgente. Il faut permettre à chaque élève d’avancer à son rythme et en fonction de ses capacités, de ses goûts, de son histoire. En instituant, bien sûr, des passerelles entre les niveaux, de façon à ne condamner personne à séjourner trop longtemps dans un niveau qui ne serait plus le sien — dans un sens comme dans l’autre : il faut redonner aux élèves, tous amateurs de records sportifs, le goût de la compétition et de l’effort permanent.

Bouleverser la formation des maîtres, afin de rendre le métier plus attractif, en est une autre. Vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE, persuadés que l’enfant est naturellement bon et qu’il suffit de l’écouter et de solliciter ses capacités créatrices pour construire ses propres savoirs. Nous savons, vous et moi, que les chères têtes blondes ou brunes ont des instincts naturels cannibales, et que l’enseignement consiste justement à les dénaturer — ce pour quoi on leur fournissait autrefois un (insti)tuteur.

Enfin, pourquoi garder le Bac, coquille vide et onéreuse ? Autant construire des Certifications par matière, comme cela se fait pour les langues. Les professeurs qui officient sur Parcoursup y retrouveront plus aisément leurs futurs étudiants.

J’ai apprécié que vous proclamiez la tolérance zéro envers les apprentis islamistes. Les exclure, soit. Mais quand ils ont moins de 16 ans, on est forcé de les réintégrer ailleurs. Pourriez-vous donner des ordres pour que ce soit loin, très loin de leur collège ou lycée d’origine ? À charge à leurs parents, s’ils tiennent à conserver le bénéfice de la prime de rentrée, de veiller à ce qu’ils s’y rendent, chaque matin…

Mais je suis sûr que vous l’aviez déjà résolu, tant nos pensées au fond sont parallèles…

Très attentivement vôtre…

Jean-Paul Brighelli

PS. Vous suggèrerai-je une inflexion dans votre discours laïque ? L’ennemi aujourd’hui a un nom, il s’appelle l’islamisme. Autant le nommer — parce que c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, comme l’avait asséné Arturo Perez Reverte il y a déjà huit ans dans un article fondateur : « Es la guerra santa, idiotas ! » Que les pédagos bêlants répugnent à « stigmatiser », comme ils disent, des gens qui sont des ennemis de la France, ou à faire des cours d’Histoire réellement chronologiques, et non plus entachés de convictions anti-colonialistes, anti-esclavagistes et autres complaisances culpabilisantes et communautaristes, en dit long sur les complicités que les adeptes d’une gauche islamo-fasciste entretiennent avec ceux qui sapent nos institutions et parfois attentent à la vie des enseignants.

Sissi saphique

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L’impératrice comme vous ne l’avez jamais vue. Tu m’étonnes !


Dix ans après un premier film intitulé Finsterword, la réalisatrice allemande Frauke Finsterwalder, 47 ans, se risque à un second (très) long métrage. Sissi et moi. Un film « en costumes », comme on dit. « Moi », ce n’est pas elle, Frauke, mais Irma Sztàray, la dernière dame d’honneur d’Elisabeth d’Autriche, dite Sissi…  

Avouons-le, nous n’avions pas vu Finsterword à sa sortie en 2013. Ce qui aiguisait notre curiosité pour Sissi und Dich, c’est d’y retrouver la fabuleuse actrice Sandra Hüller, celle-là même qui tenait si magnifiquement le rôle principal dans Anatomie d’une chute, de Justine Triet –  Palme d’or cannoise 2023. Sandra Hüller jouait déjà dans Finsterword ; la voilà donc qui, cette fois, campe Irma, aux côtés de sa compatriote germanique Suzanne Wolff, laquelle endosse le rôle de Sissi. Casting alléchant : l’archiduc Ludwig-Viktor von Habsbourg-Lorraine a les traits de l’acteur Georg Friedrich, qu’on a vu récemment dans Sparta, d’Ulrich Seidl, mais qu’on connait surtout en France pour avoir été dirigé par Michael Haneke dès son premier film, Le Septième continent (1989), puis dans La Pianiste et Le temps du loup… On retrouve aussi, pour incarner le comte Berzeviczy, l’excellent acteur suisse-allemand Stefan Kurt.

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Bref, on n’y allait pas à reculons, à cette projection de presse. On était fondé à croire qu’avec une distribution 100% germanique, et quand bien même la réalisatrice a beaucoup vécu aux Etats-Unis, la reconstitution historique serait conduite avec exactitude. Mais c’est oublier que la doxa féministe prend définitivement ses aises avec la réalité. Sans vergogne, la réécriture de l’Histoire précède l’écriture : « Historiquement, nous affirme Frauke Finsterwalder dans le dossier de presse, l’impératrice Élisabeth a souvent été décrite comme une femme dépressive et psychologiquement instable. Mais cette vision témoigne d’un point de vue masculin et ennuyeux selon lequel une femme au caractère difficile ne peut qu’être malade » (sic ! – je souligne). Et d’ajouter : « Si j’ai choisi le nom d’Irma Sztáray, c’est parce qu’elle a existé à l’époque où se déroule le film (tout de même, on n’en attendait pas moins !). Mais elle n’a pas grand-chose en commun avec l’Irma de mon film. La vraie Irma était proche de ses parents, et en particulier de sa mère aimante. Elle rentrait chez elle pour les vacances et entretenait une relation étroite avec eux. Alors que dans Sissi & Moi, c’est tout le contraire ». De son propre aveu, « l’exactitude historique importait peu ».

Nous voilà donc prévenus : les personnages renvoient à une réalité historique dont le film a décidé de ne tenir aucun compte. Dès lors, il sera permis de leur faire dire n’importe quoi, de leur inventer des situations dépourvues de toute vraisemblance, de leur prêter des rapports improbables, de les habiller sans le moindre souci de véracité « archéologique ». Mais alors, pourquoi faire un film à prétention « historique », si tout y sonne délibérément faux, jusqu’à la bande sonore « pop », agrémentée d’un morceau du groupe Portishead, entre autres trouvailles ? « La seule chose qui était essentielle dans la sélection était que seules des voix de femmes soient entendues », explique benoîtement la cinéaste… En somme, Sissi ne serait qu’un label, celui de « la plus grande pop-star de son époque » (sic) dixit Frauke Finsterwalder. Un label, ça se prête à toutes les déclinaisons. Mêmes les plus anachroniques.

En vérité, l’impératrice d’Autriche, assassinée comme l’on sait à l’âge de 60 ans, n’était plus de toute première jeunesse lorsqu’à partir de 1894 elle prit à son service la jeune comtesse hongroise Irma Sztaray de Stara et Naguy-Mihaly, son ultime dame d’honneur. Peu importe à Frauke Finstervalder : Sissi a perdu 20 ans pour les besoins de la prétendue romance saphique avec Irma. Quant à l’époux, François-Joseph 1er, il est peint sous les espèces du mâle alpha libidineux légitimement éconduit sans ménagement par cette Femme-qui-sait-dire-non-à-l’Homme : « je suis ton mari, tout de même », geint-il piteusement. Burlesque.

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La pente féministe incline ainsi l’improbable scénario de Christian Kracht – conjoint de la réalisatrice, au civil.  Certes, l’impératrice d’Autriche s’est étourdie de voyages, de Corfou à l’île de Madère, du château hongrois de Gödöllö au Grand hôtel de Roquebrune-Cap-Martin, des rives de Naples aux eaux de Karlsbad, autant pour échapper à sa tribu que pour fuir l’étiquette de la cour de Vienne. Dans Sissi et moi, paradoxalement, les paysages et les sites architecturaux restituent de façon assez plausible les décors où se manifeste cette opulence princière, par une débauche de panoramas de carte postale, au reste filmés d’un bout à l’autre comme avec une pellicule 16mm : d’où cette image curieusement « crasseuse », dont la « mise au point » semble défectueuse. Tandis que le film réserve aux personnages, à leurs mises comme à leurs postures, et ce en toute connaissance de cause, la plus totale incongruité. Sofia Coppola, dans son Marie-Antoinette, avait donné l’exemple d’un tel travers qui, depuis, a fait des émules. A cent lieues de Visconti, cf. Ludwig ou Le Crépuscule des dieux, où Romy Schneider campait, dans quelques séquences immortelles, une Sissi authentiquement impériale. Dans Sissi et moi, les talentueuses comédiennes Sandra Hüller et Suzanne Wolff se tirent comme elles peuvent de ce script inepte et laborieux.   

Irma Sztaray, la vraie, née en 1864, ne s’éteindra qu’en 1940. En 1909, elle a publié ses mémoires : Aus den letzen Jahren der Kaiserin Elisabeth – titre original que l’édition française, parue chez Payot en 2007, traduit Mes années avec Sissi. Le livre est réédité en poche. La dame de compagnie n’y appelle jamais Sissi que « Sa Majesté » : c’était dans l’ordre des choses.     

Sissi et moi. Film  de Frauke Finsterwalder. Allemagne, Suisse, Autriche, couleur, 2023. Avec Suzanne Wolff, Sandra Hüller, Georg Friedrich, Stefan Kurt, Sophie Huller. Durée: 2h12.

En salles le 25 octobre.

A lire: Irma Sztaray. Mes années avec Sissi. Petite bibliothèque Payot.

Faire briller la France dans les yeux des enfants

Avec de fausses alertes à la bombe, des plaisantins font annuler les cours. Lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens, place de la République, à Paris, on entend scander « Allahu akbar » – le même cri prononcé par les tueurs de profs, de supporters suédois ou le Hamas ! Enfin, les minutes de silence ne sont pas toujours respectées. Il devient impératif d’agir pour que notre jeunesse se ressaisisse.


Une partie non négligeable de notre jeunesse n’est plus du tout en phase avec notre rapport au monde et notre pays. Au lendemain des hommages rendus en l’honneur des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard, sauvagement assassinés par des terroristes islamistes, nous devons tous nous questionner profondément et sincèrement sur le rôle de l’école.

Comment est-il possible que parmi notre jeunesse tant de haine de la France se dessine, s’exprime à demi-mots voire s’expose fièrement, y compris lors des minutes de silence ?

L’assimilation ne fonctionne plus

Bien sûr, la société entière est travaillée par ces sentiments de rejet d’un côté, de déni de la situation de l’autre, entérinant le refus de s’intégrer à la France et donc l’impossibilité de s’assimiler à notre peuple, d’une partie non négligeable de la population immigrée ou d’origine étrangère. Être Français doit refaire sens et cela dès le plus jeune âge ! Nous ne pouvons pas laisser se développer un ressentiment vis-à-vis de la population historique de la France et poursuivre notre chemin, faisant croire que tout ira pour le mieux, supposant (naïvement ?) que le temps jouera en faveur du pseudo vivre-ensemble. Les vingt dernières années nous montrent l’exact inverse et les récents événements nous prouvent que la tendance s’accélère. L’anti-France a le vent en poupe et nous feignons de l’ignorer !

Alors chantons la Marseillaise, tant citée dans les programmes, tant écoutée dans les stades (quand elle n’est pas sifflée, ayons un peu de mémoire…) et pourtant si peu apprise à l’école ! Notre hymne national doit de nouveau prendre sens dans l’esprit de tous nos élèves.

Nous avons trop longtemps moqué le sentiment patriotique

Ne serait-ce qu’en faisant réellement vivre le début… « Allons enfants de la Patrie » : où est donc cette belle idée de patrie, tant elle a été dévoyée, puis moquée et travestie ? Non, ce n’est pas un mot immonde aux relents sulfureux d’un trop lourd passé. C’est surtout une magnifique pensée envers notre pays et l’union de tout son peuple. Nous, Français, devons retrouver la fierté d’appartenir à notre belle nation.

A lire aussi : Rompre le silence musulman face à la barbarie du Hamas

Faire vibrer les enfants au son de notre hymne, c’est d’abord leur expliquer notre histoire, notre culture et notre rapport au monde. C’est faire briller leurs yeux au contact de notre géographie, les faire s’émerveiller des richesses et de la diversité de nos paysages, chanter avec Roland notre histoire à Roncevaux, tonner avec la Garde impériale napoléonienne et trembler avec nos poilus ; appréhender la charge de l’histoire et en explorer les fiertés.

Oui, nous devons refaire l’école de la France et mettre des rituels républicains dans nos cours et dans le cœur de nos élèves. Avoir le drapeau Bleu-Blanc-Rouge sous les yeux pour faire fleurir le sentiment essentiel d’être ensemble pour les plus belles raisons. Être et non vivre ensemble car cela ne signifie plus rien et surtout n’implique aucune volonté. Être ensemble exige de chacun l’état d’esprit qui permet la concorde nationale, à la condition qu’elle repose sur l’amour de notre pays. Notre drapeau, sans celui de l’Europe dont les étoiles ne font plus rêver grand-monde, devrait chaque jour être célébré alors qu’il inspire du rejet, voire de la crainte quand on ose l’afficher.

Pour l’instauration d’une nouvelle matière: « connaissance de la France »

La fierté nationale est pourtant louée, le drapeau souvent honoré et les porte-étendards glorifiés un peu partout dans le monde. Sauf ici, en France. Pourquoi ? Cette question doit traverser notre pays, notre société et nous devons aussi y répondre à l’école ! Ajournons toutes les « éducations à bidule » et instaurons une matière « connaissance de la France » dès le début de l’école élémentaire, où nous étudierions spécifiquement chaque jour l’histoire, la géographie, la culture, la littérature et tout ce qui nous distingue des autres peuples, qui bien souvent nous envient pour les mêmes raisons dont nous pouvons être fiers. Stoppons ce dénigrement permanent, acceptons l’histoire tragique et honorons l’histoire glorieuse sans rougir. Apprenons à nos élèves les magnifiques textes et poésies dont notre littérature regorge, qui tombent en désuétude au milieu des oubliettes des programmes scolaires.

Illuminons la pensée de nos élèves par les esprits de nos grands auteurs, éclairons leurs yeux des sentiments de leurs héros, pleurons, chantons, aimons, rions avec eux, et faisons revivre notre langue dans sa richesse et sa variété. Pour combattre de l’intérieur le mal qui ronge notre société, commençons déjà par être fiers de ce que nous sommes et donnons envie aux autres de nous ressembler. Refaisons vibrer les élèves au son de notre hymne, refaisons briller la France dans les yeux de nos enfants pour que, de nouveau, le jour de gloire puisse arriver !

A chaque nouvelle attaque islamiste, je me rappelle ce que mon père m’a dit le lendemain du 11 Septembre

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Téhéran, 18 octobre 2023 © Sobhan Farajvan/Pacific Press/Sh/SIPA

Des jardins d’Isphahan aux rives de la Seine… Djahanguir Riahi, mon père, est né en 1914 à Natanz (Iran). Parti en France poursuivre des études d’ingénieur grâce à une bourse d’études, il se met au lendemain de la Seconde guerre mondiale au service des relations économiques Franco-iraniennes. Installé en Europe depuis la révolution islamique, son intuition artistique hors du commun lui a permis de réunir l’une des plus importantes collections d’œuvres d’art du XVIIIème siècle français. Il est mort dans sa centième année, le 28 avril 2014, après avoir été élevé au grade de Commandeur de La Légion d’Honneur ainsi que des Arts et des Lettres. Grand donateur des Musées Nationaux, une salle du Musée du Louvre porte son nom.

Il m’avait demandé d’écrire ce texte au lendemain des attentats du World Trade Center, le 11 septembre 2001, et de l’inclure dans ses mémoires, que je rédigeais alors pour lui.


« Nous n’avons pas le même rapport à la barbarie et à la mort. L’attraction publique la plus appréciée de la population, à Mashhad comme dans toutes les villes où s’est déroulée mon enfance, consistait à s’attrouper sur la grand’place pour y assister aux pendaisons. La cruauté des exécutions était inouïe.

J’avais été horrifié, un jour, d’apprendre la condamnation d’un homme et de ses six fils. Le bourreau avait reçu du tribunal islamique l’ordre monstrueux de ne pendre le père qu’après qu’il eut assisté à la mort de tous ses enfants. Agha Djoun[1] se disait convaincu de l’innocence de ce pauvre homme. Et moi, je me disais, du haut de mes douze ou treize ans, en voyant leurs vêtements souillés par l’urine et la merde : pourquoi font-ils ça, sinon pour anéantir par la terreur toute forme de dignité humaine, toute forme de respect de la mort et donc de la vie ?

La mort, on s’y familiarise comme on prend l’habitude de tout. Lorsqu’en suivant le chemin de l’école au petit jour on longe la place des pendus, quand on assiste à des exécutions sommaires et barbares, on finit par apprivoiser la mort. Mais cette insensibilisation, ou plus exactement cette désacralisation, vous semble inconcevable en occident. Parce que vous êtes élevés dans le respect de la vie sans penser que la mort en est l’inéluctable corollaire.

Comme si la vie pouvait « être » sans la mort. Cette naïveté, à laquelle s’ajoute la pédagogie de l’émotion, est le fondement de la culture occidentale contemporaine. L’émotion priorisée, l’émotion magnifiée. On vit sur ce registre depuis la seconde moité du XXème siècle, sans doute par imprégnation des tendances éducatives à la mode aux Etats-Unis au lendemain de la guerre. L’enfant est devenu le barycentre de la civilisation occidentale. Héritière de la philosophie de Jean-Jacques Rousseau, la pédagogie contemporaine pose le principe que l’Homme naît bon et que c’est la société qui le pervertit. De même, dans le souci maniaque de préserver la planète, les mouvements écologistes ont entamé une régression qui efface inexorablement les progrès de la civilisation. On n’élève plus les enfants pour en faire des adultes ; on fait des enfants pour retomber soi-même en enfance, pour retrouver la puérilité sublimée de l’enfance.

Les islamistes jouent de cette émotivité occidentale. Si la religion dont ils se servent est primitive, leur stratégie de conquête est extrêmement sophistiquée. Ils vous observent et vous analysent depuis la fin des années 1970. Ils ont fréquenté les mêmes écoles, les mêmes universités que les élites occidentales. Ils ont vu les mêmes spectacles, les mêmes films ; lu les mêmes articles dans les mêmes revues. Ils savent que votre sensibilité au respect de la vie, votre peur de la mort, votre fragilité mentale et votre compulsion à la culpabilité sur un terrain compassionnel constituent votre talon d’Achille. Vous êtes tombés dans un triple piège :

  • Le piège de l’anxiété collective « individualisée ». Certes, les guerres ont toujours fait des victimes civiles ; mais au World Trade Center ou dans les avions, il n’y avait « que » des victimes civiles. Chacun pouvait se dire : j’aurais pu me trouver parmi elles. Cette angoisse est le principe même du terrorisme, que les techniques de communication actuelles permettent d’individualiser simultanément à des milliards de témoins de la scène.
  • Le piège de la « victimisation » des assassins. Pendant une centaine d’années, l’Europe a plus ou moins colonisé le monde ; en particulier les terres d’Islam que sont le Moyen-Orient, le Maghreb et l’Afrique. L’Amérique a toujours été solidaire des puissances européennes, sans parler de son soutien constant à l’Etat d’Israël. Pendant toute la durée de ces conflits, les victimes se sont comptées par centaines de milliers du côté des indigènes, sans que cela n’émeuve grand monde. Aujourd’hui, les victimes sont dans l’autre camp et toute une partie de la planète n’éprouve nullement l’envie de pleurer sur leur sort, considérant que c’est un juste retour des choses.
  • Le piège enfin du « chahid », le martyr, celui qui meurt pour témoigner, alors que vous, pauvres larves invertébrées, vous pleurnichez de trouille en chiant dans votre froc, tant la mort vous effraie. Et cet exhibition du « héros » a le double avantage d’impressionner les musulmans, qui respectent le courage par principe, et de faire peur aux incroyants comme aux non pratiquants.

Les motivations fondamentales d’Al Qaida, celles des Islamistes en général, sont politiques et ne sont pas religieuses. Parce que la religion musulmane est intrinsèquement et historiquement politique. Il n’y a pas d’équivalent. Ni les juifs, ni les bouddhistes ou les hindouistes, ni les chrétiens n’ont eu pour vocation première de guerroyer et de conquérir. Bien sûr qu’ils ont tous été amenés à prendre les armes à divers moments de leur histoire. Mais ce n’était pas l’amorce ni la genèse de leur projet. Il faut en être conscient.

Mohammed – ou Mahomet comme vous l’appelez en France – n’a pas cherché à « spiritualiser » ses contemporains ni à leur apporter des réponses philosophiques. Son objectif était très prosaïque : il a voulu les rendre plus efficaces au travail et au combat !
Avant de « faire prophète » il était caravanier et commerçant. Issu de la tribu des Quraych et de tradition hanifiste, c’est-à-dire monothéiste, le jeune homme était intelligent, ambitieux et séduisant. Il sut se rendre indispensable à sa patronne, Khadija, une riche veuve de 15 ans son aînée, qu’il épousa et à laquelle il fit six enfants. Ses contacts sur la route avec des juifs et des chrétiens lui permirent de constater les avantages de la morale judéo-chrétienne et l’efficacité, par 45° à l’ombre, des prescritions hygiéniques et alimentaires de la kashrout.

On connaît la suite : Gibril dans le rôle de l’Ange Gabriel transforma ces préceptes en révélation divine et donna à l’accomplissement de ces pratiques un caractère religieux. Mais très objectivement, la plupart des Hadiths du Coran concernent l’organisation familiale et sociale, les pratiques et les règles juridiques à observer dans ces domaines, ce qui en fait un code civil plus qu’une somme théologique. L’islam a bénéficié de l’antériorité du Judaïsme et du Christianisme ; ses messages ont donc été parfaitement ajustés à leur objectif : discipliner et contrôler l’être humain. Le pouvoir politique l’a utilisé sans vergogne pour manipuler les peuples, tant il est vrai que la religion s’est toujours avérée l’arme la plus efficace pour anéantir toute aspiration à la démocratie et à la liberté.

Un simple constat: les monarchies héréditaires musulmanes se sont systématiquement trouvé une filiation directe avec le Prophète ou l’un de ses descendants ! Pour leurs chefs, pour les meneurs, la religion a toujours été un moyen, jamais une fin. Ben Laden, comme ceux qui l’ont précédé et ceux qui prendront sa suite, n’en a strictement rien à faire (et je suis poli…) du projet spirituel du Djihad et de l’accomplissement des hadiths du Coran. L’Islamisme sert juste un dessein politique. La religion n’est que l’instrument de la conquête, ou plutôt de la reconquête. Qu’importe le temps que cela mettra : dix ans, vingt ans, plus de trente ans peut-être…Ce que l’Islam a programmé, c’est la chute de l’Occident et de la civilisation judéo-chrétienne. Pas pour le takbîr, mais pour conquérir le monde et ses richesses, asservir ses populations. Allahou Akbar, proclamé et calligraphié sur les emblèmes et les drapeaux, n’est qu’un cri de guerre destiné à galvaniser les pauvres idiots crédules qui se prennent pour des soldats d’Allah et ne sont que la chair à canon de ceux qui rêvent de pouvoir absolu et universel depuis 1422 ans !

Le terrorisme est une tactique, que les islamistes utilisent ponctuellement ; pour entretenir la terreur, bien sûr, mais aussi parce qu’ils ont compris tout le bénéfice qu’il pouvaient tirer de la dichotomie que vous avez créée entre la religion musulmane et l’Islam « radical ». En triant vous-mêmes les « bons musulmans » des mauvais, vous vous êtes tiré une balle dans le pied et vous leur avez rendu un fieffé service ! En focalisant l’attention sur le terrorisme, vous réduisez la cible contre laquelle vous devriez combattre. Grâce à la très ancienne tactique du leurre, les Islamistes vous montrent du doigt les djihadistes et détournent votre attention du cheval de Troie qu’ils ont construit et mis en marche pour vous soumettre.

Et que l’on ne vienne pas me parler de «musulmans modérés»! Ils sont, évidemment, très largement majoritaires aujourd’hui. Mais où et comment les voit-on condamner les agissement des fondamentalistes? Combien sont-ils à être descendus dans la rue pour manifester massivement contre Al Qaïda au lendemain du 11 septembre 2001 ? Pour hurler à la face du monde, dans tous les médias et dans toutes les langues qu’ils se désolidarisent du salafisme, du wahhabisme, du frérisme et autres branches radicales de l’Islam ? Pour affirmer qu’ils vont faire le ménage dans leurs pratiques, actualiser drastiquement la charia et définir une ligne exclusivement métaphysique à leur religion ?
La religion musulmane n’est pas monolithique et exclusivement constituée de conquérants assoiffés de pouvoir et de vengeance, c’est clair. Mais la conquête est consubstantielle de la religion musulmane. L’Islam, sa culture politique, sa doctrine, son prosélytisme, son histoire et sa finalité sont intrinsèquement d’inspiration guerrière. De même que la vie ne peut se concevoir sans la mort, il n’y a pas de soumission sans victoire, ni de victoire sans combat. Or, la soumission à Allah est l’essence même du message de l’Islam.

C’est pourquoi les musulmans se soumettent implicitement aujourd’hui au fondamentalisme que leur impose l’Islam radical. Ils s’y soumettront explicitement demain et vous ne résisterez pas, un jour, à la tentation de vous y soumettre à votre tour. Parce que la peur est l’arme absolue, l’arme que l’Islam politique utilise avec talent pour anéantir toute forme de résistance à leur domination. Ils l’utiliseront jusqu’au bout, contre vous, mais aussi contre ceux que vous appelez « les musulmans modérés » pour anéantir votre civilisation.

Bien sûr qu’il existe des courants plus ou moins progressistes comme le malikisme, dont le logiciel est régulièrement mis à jour par le Roi du Maroc. Bien sûr que l’on peut interpréter le Coran de dizaines, de centaines de manières. Bien sûr que l’on peut intellectualiser le concept du Djihad et en faire un idéal moral (…) Néanmoins le syllogisme est évident et les faits sont têtus : tous les musulmans ne sont pas des fondamentalistes islamiques ni des djihadistes ; mais tous les fondamentalistes islamiques et tous les djihadistes sont musulmans. Trop facile d’établir une distinction morale et sémantique entre les prescriptions religieuses supposées acceptables, que vous qualifiez d’ « islamiques » et celles, intolérables, cataloguées « islamistes ». Quand on tue au nom de l’Islam, on n’accomplit pas un acte de dément, pas plus qu’un crime de sang ordinaire. Quand on tue au nom de l’Islam, c’est qu’on vous a mis dans la tête qu’il est de votre devoir de croyant d’exterminer les incroyants, lesquels auraient soit disant « déclaré la guerre » aux soldats de la vraie foi !

La motivation du donneur d’ordre est politique, pas religieuse. Ils arriveront à leurs fins, parce que la dialectique de l’Islam est redoutable. Les stratégies et les techniques de communication qu’ils mettent en œuvre sont très subtiles et pertinentes, car ils savent parfaitement comment vous fonctionnez. Ils achètent depuis des années les réseaux de communication qui influencent l’opinion publique, en Europe comme aux USA. Vous êtes des enfants dans leurs mains. Ils vous connaissent très bien, alors que vous ne les connaissez pas. Vous êtes manipulés et vous ne le savez pas.

Ils ont compris voila longtemps que votre talon d’Achille, c’est la mauvaise conscience et la compassion. Les Français en sont rongés depuis qu’on leur a mis dans la tête que la colonisation de l’Afrique et du Maghreb avait été un crime contre l’Humanité commis par leurs aïeux. Les uns après les autres, tous les gouvernants français ont baissé leur froc et fait acte de «repentance» vis-à-vis de ces peuples que leurs pères avaient «exploités» ; mais a-t-on songé à demander aux Arabes de se repentir, eux qui ont réduit en esclavage pendant des siècles, des générations d’Africains ?

Je suis athée, mais je ne pourrais pas le dire si j’étais resté dans mon pays. Pas plus hier qu’aujourd’hui. Ce n’est pas un problème de liberté d’expression, c’est juste un problème de liberté d’être. On n’a pas le droit d’être athée en Islam : juif, chrétien, oui. Athée, non. Mon appréhension, au vu de tout ce qui s’est produit depuis une dizaine d’années, c’est que je ne puisse pas le dire demain ; ici, dans ce beau pays libre qu’est la France. Je ne le crains pas pour moi, bien sûr, je suis vieux. Mais je crains que mes enfants et mes petits enfants se trouvent confrontés à la main-mise de l’Islam, à laquelle j’ai eu la chance de me soustraire voila près d’un siècle.

En 25 ans, j’ai vu évoluer la société française d’un modèle républicain et comme vous dites « laïc » vers un modèle communautaire à l’anglo-américaine. Il a fallu dix-neuf siècles de conflits et de guerres pour que la France, « Fille aînée de l’Eglise » sépare sa « mère » de son Etat, en 1905. Et encore, nous sommes très loin du compte aujourd’hui, pour les raisons économiques et électoralistes que tu connais mieux que moi. Il n’y a qu’à regarder tes hommes politiques se trémousser dans les églises, les mosquées et les synagogues pour en être convaincu.

La religion est un leurre contre la peur de la mort ; un leurre pour assujettir ceux qui ont vocation à être dominés. Depuis toujours, la religion est l’auxiliaire du pouvoir. Dans toutes les religions. Pourquoi l’être humain a-t-il tellement besoin de se raccrocher à un Dieu et à un au-delà pour tenter d’évacuer la peur de la mort ? Je ne sais pas. Moi, vois-tu, je n’ai jamais eu peur. Jamais eu peur de la mort, en tous cas. Sauf (rires) que j’ai toujours craint d’être enterré vivant. Je fais très souvent un affreux cauchemar. On ferme mon cercueil alors que je suis assoupi. Je me réveille et je frappe désespérément sur le couvercle en hurlant : bande d’idiots, espèces d’imbéciles… Vous ne voyez donc pas que je ne suis pas mort ? »


Mon père est mort le 28 avril 2014 dans sa centième année. Il a arrêté de se nourrir, estimant qu’il avait suffisamment vécu.

Il n’a pas connu les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, de la Promenade des Anglais à Nice, ni l’égorgement du Père Jacques Hamel à St. Etienne-du-Rouvray.

A chacune de ces attaques terroristes et plus encore aujourd’hui, après le carnage barbare du Hamas perpétré le samedi 7 octobre 2023, j’ai repensé à ce qu’il m’avait dit au lendemain du 11 septembre 2001.


[1] Agha Djoun est mon grand-père, le père de mon père. C’est l’appellation donnée dans les familles, qui peut s’interpréter : « Votre Éminence chérie » et qui traduit tout à la fois la déférence et l’affection. En l’occurrence, mon grand-père était haut fonctionnaire territorial, c’est à dire Trésorier général dans plusieurs provinces, d’où les déménagements successifs vécus par ma famille.

Lost in trans-nation

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La journaliste et essayiste Sylvie Perez publie "En finir avec le wokisme. Récit d’une contre-offensive anglo-saxonne." © Sonia Fitoussi

Nous publions ici les bonnes feuilles du dernier livre de la journaliste Sylvie Perez, En finir avec le wokisme. Récit d’une contre-offensive anglo-saxonne, publié aux éditions du Cerf.


Retrouvez également Sylvie Perez en discussion avec Jeremy Stubbs dans le dernier épisode de notre podcast

Le monde à l’endroit

Le néo-progressisme anglo-saxon a un coup d’avance. Ses inventions arrivent chez nous avec un temps de retard. Ce qui se joue ici, le plus souvent, s’est joué là-bas un peu plus tôt. En sorte qu’observer l’évolution de cette mouvance dans l’anglosphère est un moyen de lire l’avenir. Or, là où il a été conçu et mis en œuvre, le wokisme est aujourd’hui la cible d’esprits critiques qui démasquent ses slogans et documentent ses impasses. Les avancées du laboratoire anti-woke sont ourdies par des esprits contrariants de tous horizons philosophiques, politiques, religieux ou ethniques. Ils se préoccupent de contenir cette idéologie brouillonne qui ébranle et fragilise jusqu’au socle des institutions ; ils n’ont en commun que le refus catégorique de la post-vérité et s’affairent à déjouer l’avènement d’un monde orwellien. La question transcende les familles politiques et mobilise une nouvelle catégorie de bretteurs, politiquement non-binaires. Le wokisme, instigateur de fluidité et de trans-identité, aura aussi engendré la trans-politique !

Depuis Londres, point d’étape du wokisme entre l’Amérique et la France, j’ai pu observer l’élaboration des stratégies de réponse et le sursaut en cours. Si le wokisme est un mouvement sismique initié dès les années 1980, ses effets les plus extravagants apparurent ces dix dernières années. Comme l’écrivait Simon Leys[1] : « L’histoire a déjà montré à plusieurs reprises qu’il ne faut pas grand-chose pour faire basculer des millions d’hommes dans l’enfer de 1984 : il suffit pour cela d’une poignée de voyous organisés et déterminés. Ceux-ci tirent l’essentiel de leur force du silence et de l’aveuglement des honnêtes gens. »

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Optimistes et déterminés, les dissidents du wokisme ont élaboré les outils de la résistance. Parmi eux, quelques génies de la tech exaspérés par la bien-pensance de la Silicon Valley, quelques féministes qui aiment les hommes, quelques humoristes casse-cou qui se rient de tout, quelques juristes attachés aux principes fondamentaux du droit, quelques artistes qui se détournent du réalisme progressiste et s’occupent de créer plutôt que d’éduquer le peuple, quelques doctorants qui veulent sauver l’université, quelques acharnés qui décodent la novlangue politiquement correcte, quelques absolutistes de la liberté d’expression qui ne sont pas dupes des sermons contre les ‘discours de haine’, quelques représentants de la communauté noire peu disposés à servir de marionnettes aux associations antiracistes, quelques transgenres qui n’ont nul besoin de nier la biologie pour exister, tout un monde qui préfère rester vivant plutôt que gaspiller ses efforts à s’autocensurer et dénoncer le mal-pensant.

Déjà, d’excellents ouvrages sont parus en France, qui documentent les effets du wokisme. Celui-ci en chronique la riposte, mise au point par les promoteurs d’une société qui réhabilite l’ironie et le mauvais esprit, valorise le génie humain, la diversité d’opinions, l’invention, la recherche, le savoir, le mérite, une société où l’on respire à nouveau. Une société, quoi.

(…)

Le passé n’est plus ce qu’il était

L’association History Reclaimed (L’histoire réhabilitée), se constitue en août 2021 pour contrebalancer l’instrumentalisation woke de l’histoire, qui réduit le passé occidental à trois sacrilèges : le colonialisme, l’impérialisme, le racisme. Constatant que cette vision manichéenne se mue en doxa, les historiens s’impliquent dans les guerres culturelles. Le site History Reclaimed leur est ouvert pour rétablir les vérités complexes, instaurer de la nuance, apporter une perspective historique au débat… historique.

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Le wokisme s’est focalisé sur l’histoire du commerce triangulaire et de l’épisode effroyable de la traite des Noirs. On voudrait réparer le passé sous la forme de compensations financières pour les descendants d’esclaves. Robert Tombs, professeur d’histoire à Cambridge et fondateur d’History Reclaimed, doute du bien-fondé de cette démarche. Selon lui, le projet de recherche financé par l’université de Cambridge quant à ses liens avec l’esclavage et la nécessité d’envisager des réparations, est une opération de relations publiques plutôt qu’un projet académique : « Si la question est : « l’université a-t-elle bénéficié de l’esclavage ? », la réponse est évidemment oui. Toutes les institutions européennes ont bénéficié, directement ou indirectement, des revenus d’industries esclavagistes (sucre, coton, tabac), me dit-il. Ce qui caractérise Cambridge ce sont ses actions contre l’esclavage. En 1785, le vice-chancellier de l’université a lancé ce sujet d’étude : « Peut-on réduire des hommes en esclavage contre leur volonté ? » L’étudiant Thomas Clarkson (1760-1846) a reçu un prix pour son essai, après quoi il n’a cessé de militer pour l’abolition de l’esclavage. En 1789, un jeune député Tory, William Wilberforce, également diplômé de Cambridge, a mené aux Communes une campagne contre la traite négrière qui a conduit à l’abolition. Donc, si l’université a reçu de l’argent d’industriels ayant bâti leur fortune sur le commerce des esclaves, elle a aussi été très active pour bannir l’esclavage. Seulement, ce programme de recherche étant diligenté dans le cadre « d’initiatives sur l’égalité des races », l’objectif est de s’auto-flageller pour pouvoir clamer : « regardez comme nous sommes vertueux ». Ce serait une bonne idée de proposer des bourses pour les étudiants africains, non par souci de réparations, mais parce que nous n’avons plus d’étudiants africains. C’est dommage.»

Comprendre le présent à la lumière du passé plutôt que juger le passé à la lumière du présent. (…) L’association de Robert Tombs entreprend de désamorcer les mines woke sur le champ de bataille qu’est devenue l’histoire. Le site se présente comme un journal savant numérique, publie les contributions d’historiens, propose un podcast, l’accès à des sources historiques fiables, des listes de lectures, un prix du livre d’histoire et des débats sur les sujets qui font le buzz.

(…)

Scandale sanitaire

Qu’allaient pouvoir faire deux modestes psychothérapeutes face à un mouvement de société aussi puissant ? J’ai rencontré Marcus et Sue Evans le 3 février 2020 pour parler des affaires qui les ont propulsés à la une de la presse britannique. Le couple Evans se trouve alors embarqué dans une audacieuse tourmente juridique. Marcus Evans a démissionné l’an dernier du directoire du Tavistock & Portman NHS Trust, à Londres, qui abrite le GIDS (Gender Identity Development Service), la plus grande clinique du genre pour mineurs au monde. Sue Evans, quant à elle, intente une action en justice contre le même Tavistock auquel elle reproche d’infliger aux enfants des traitements hormonaux expérimentaux. (…)

Comme aux Usa, la dysphorie de genre s’est propagée au Royaume-Uni. Le nombre d’enfants consultant au GIDS est passé de 77 en 2009 à 5000 en 2021, soit une augmentation de 6400%. Et le chiffre a doublé en deux ans seulement, entre 2019 (2500) et 2021 (5000). « La contagion sociale est préoccupante, parmi les filles notamment, qui représentent aujourd’hui 76% des patients, me dit Marcus Evans. Cette situation est inédite. Or aucune recherche sérieuse n’est entreprise sur ce sujet. » (…)

Sue Evans a travaillé au GIDS entre 2003 et 2014. S’apercevant que les enfants sont orientés hâtivement vers des traitements hormonaux, elle s’en inquiète auprès de la direction. Malgré une enquête interne, rien ne change. « On voyait des jeunes à qui on prescrivait des hormones, après seulement trois ou quatre sessions de psychothérapie, me dit Sue Evans. Il m’était arrivé de suivre des patients pendant deux ans, pour des problèmes de désordres alimentaires. Jamais je n’aurais pu les guérir au bout de quatre consultations ! Le transgenrisme est comparable. Le patient est très déterminé dans son récit. Il a cerné le problème (je ne suis pas né dans le bon corps) et la solution (il faut que je change de sexe). Un patient souffrant d’anorexie est persuadé qu’il est trop gros. Abonder dans son sens ne l’aidera pas. L’approche affirmative préconisée par les associations transgenres consiste à souscrire d’emblée au récit du patient et l’envoyer chez l’endocrinologue. Ça n’a pas de sens. La psychothérapie aspire à adapter l’esprit au corps, et non à modifier le corps pour qu’il corresponde à l’idée que le patient s’en fait. Les militants transgenres veulent soustraire la dysphorie de genre du champ psychologique.»

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Pour soigner la dysphorie de genre, le couple Evans préconise une thérapie exploratoire, plutôt qu’affirmative. « On écoute le patient, on l’interroge sur son problème d’identification de genre, mais aussi sur son environnement familial, scolaire, on essaie de comprendre ensemble sa souffrance. Dans 90% des cas, sans traitement hormonal, le patient finit par se réconcilier avec son corps, m’explique Marcus Evans. La puberté est une étape complexe, anxiogène. Toute une palette de problèmes sont en jeu à l’adolescence, moment de métamorphose sociologique, psychologique, physiologique. Il faut laisser les jeunes traverser cette phase de la façon la plus naturelle possible au moins jusqu’à 25 ans, âge auquel ils deviennent plus apaisés, ils assument leur corps, leur sexualité. Les activistes disent que les bloqueurs de puberté sont « juste une pause ». Mais il n’y a pas de bouton « pause » dans le développement d’un enfant ! En interrompant son évolution, vous le soustrayez à son groupe d’âge. Pendant que ses camarades se transforment, l’enfant sous inhibiteurs d’hormones garde son allure enfantine. Vous le privez d’une vie sociale normale. Ça n’est en aucun cas un acte neutre. »

Les inhibiteurs de puberté ne sont pas homologués pour soigner la dysphorie de genre, ni aux États-Unis dans le classement de la Food and Drug Administration, ni au Royaume-Uni où le National Institute for Care and Health Excellence (NICE), en 2020, après examen des études parues sur le sujet, concluait qu’il n’existait pas de preuves suffisantes en faveur d’un traitement hormonal de la dysphorie de genre. On manque de recul pour juger des bénéfices/risques de cet usage détourné[2] des inhibiteurs de puberté sur des enfants transgenres. Et les effets secondaires observés jusqu’à présent sont alarmants : altération du développement cérébral et du quotient intellectuel, ostéoporose, chute de la libido, stérilité lorsque le traitement est initié très jeune.

(…)

Lost in trans-nation

Il n’est pas jusqu’aux médecins du genre, parmi les plus renommés, qui ne s’inquiètent de l’intégrisme trans-affirmatif. Parmi eux, le Dr Marci Bowers, elle-même transfemme, gynécologue obstétricienne spécialiste de la vaginoplastie (elle en a pratiqué plus de deux-mille) et mondialement réputée. C’est elle qui opéra la célèbre Jazz Jennings (le petit garçon américain qui se sentait fille et dont la transition a été feuilletonnée en temps réel à la télévision). Le docteur Bowers n’a pas caché les complications auxquelles elle s’est trouvée confrontée lors de la construction du vagin de Jazz Jennings, du fait que sa patiente, mise sous bloqueurs de puberté à un jeune âge, était équipée d’organes génitaux succints offrant peu de tissus. Le Dr Bowers recommande la prudence dans l’administration de bloqueurs de puberté du fait qu’ils hypothèquent plaisir sexuel et fertilité à l’âge adulte.

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Erica Anderson, elle aussi transfemme, est une célèbre psychologue californienne pro-affirmation de genre, et Laura Edwards-Leeper est la co-fondatrice de la première clinique du genre américaine à Boston (USA). Fin novembre 2021, Anderson et Edwards-Leeper cosignaient un article dans le Washington Post. Elles exprimaient leur inquiétude devant le nombre exponentiel de jeunes filles orientées vers l’hormonothérapie avant même d’avoir eu accès à une prise en charge psychologique correcte. « L’afflux de patients auprès des psychologues et des cliniques du genre, combiné à un climat politique qui envisage les soins de chaque individu comme un test de la tolérance de la société, emmène les praticiens sur une pente glissante et dangereuse. (…) La pression des activistes au sein du personnel médical et des départements de psychologie qui, de conserve avec certaines organisations LGBT, réduisent au silence les détransitionneurs et sabotent toute discussion sur ce qui se joue dans ce domaine, est inadmissible. (…) cela sème le doute quant à l’honnêteté de notre profession et notre dévouement à aider les trans. »[3]

En finir avec le wokisme - Chronique de la contre-offensive anglo-saxonne

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[1] Orwell ou l’horreur de la politique, Simon Leys, p32

[2] Les bloqueurs de puberté sont indiqués dans les cas rares de puberté précoce, mais ne sont en aucun cas destinés aux jeunes dont le développement physiologique est normal. La prescription de bloqueurs de puberté aux enfants transgenres est un usage détourné et expérimental des hormones synthétiques.

[3] The Washington Post, « The mental health establishment is failing trans kids. Gender exploratory therapy is a key step. Why aren’t therapists providing it ?”, Laura Edwards-Leeper, Erica Anderson, 24 novembre 2021

Karim Benzema, meilleur buteur de l’équipe de (l’anti) France?

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L'international français Karim Benzema, Madrid, 24 août 2010 © Back Page Images / Rex /REX/SIPA

Le grand benêt de Villeurbanne, expatrié en Arabie Saoudite, est accusé de répandre un frérisme d’atmosphère dans la jeunesse française… Gérald Darmanin affirme qu’il retirera ses accusations envers le joueur, s’il écrit un message pour notre professeur tué à Arras. L’avocat du footballeur dénonce un « odieux chantage », et explique qu’il lui aurait confié que « ce sont [ses] gamins qui souffrent parce qu’on accuse leur père d’être un terroriste »


Malgré son départ pour l’Arabie Saoudite l’été dernier, et sa retraite internationale prise l’hiver dernier au lendemain d’un Mondial qu’il n’a pas joué, Karim Benzema est revenu en force dans l’actualité nationale. Pas forcément par la bonne porte. Le « Ballon d’or du peuple » (c’est ainsi qu’il s’est présenté quand il s’est vu remettre le prestigieux trophée décerné par France Football à l’automne 2023), est suspecté, depuis le retour du tragique au Proche-Orient, à Arras et à Bruxelles, de faire preuve de beaucoup d’empathie pour les victimes gazaouies des bombardements israéliens, « qui n’épargnent ni femmes ni enfants », et pas du tout pour les victimes du terrorisme islamiste, que ce soit durant les années 2015-2016 ou plus récemment après le drame d’Arras.

Notre ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le suspecte d’être en lien « notoire avec les frères musulmans », fameuse organisation née en 1922 en Égypte dont les branches sont multiples et complexes à travers le monde, du Hamas jusqu’à l’ex-UOIF (Union des organisations islamiques en France) devenue « Musulmans de France »[1] en 2017.

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On peine à croire que le locataire de la place Beauvau sorte cela sans un minimum d’informations… Depuis, c’est un peu le concours entre le ministre de l’Intérieur, « Reconquête » et ce qu’il reste des Républicains pour taper le plus fort sur l’ancien attaquant du Real Madrid. Valérie Boyer, sénatrice LR de Marseille, a même demandé la déchéance de sa nationalité française… et le retrait de son Ballon d’Or.

Giroud-Benzema : la France tartiflette contre la France des kebabs

Entre Karim Benzema et le public français, ça a toujours été une longue histoire de « Je t’aime moi non plus ». Même lors de ses longs moments de disette devant le but avec l’équipe de France, personne n’a jamais contesté les qualités footballistiques du prodige formé à Lyon. L’attaquant, de son côté, n’a jamais fait tellement mystère que s’il avait revêtu le maillot bleu plutôt que celui des Fennecs algériens, c’était par pur opportunisme professionnel : il est plus facile de négocier un juteux contrat avec le Real Madrid, quand, à vingt-deux ans, on a déjà une vingtaine d’apparitions avec l’équipe de France. Il n’a que dix-neuf ans, quand il confie à RMC que les Bleus, « c’est plus pour le côté sportif, parce que l’Algérie c’est mon pays, voilà, mes parents ils viennent de là-bas. Après, la France… C’est plus sportif, voilà ». Quand retentit La Marseillaise, les lèvres de Benzema ne bougent jamais. En novembre 2015, lors d’un Real Madrid-FC Barcelone, quand le public espagnol fredonne l’hymne national français en hommage aux victimes des attentats, les caméras attrapent Benzema en train de cracher au sol. Nadine Morano, eurodéputée LR, y voit le signe de son dédain pour la France. « C’est nul d’inventer des histoires comme ça, de dire des choses graves. Pendant la Marseillaise, je suis concentré, je pense aux victimes, aux familles, à ma famille, aux gens qui m’aiment, au football. Je suis sincère et sérieux dans mon regard. Je crache à la fin, comme à tous les matchs, comme tous les joueurs », se défendait-il.

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A partir de son éviction des Bleus, en 2016, à la suite de l’affaire Valbuena, le public français va se couper en deux. Comme il y a eu les fans des Beatles d’un côté et ceux des Rolling Stones dans les années 60, les fans de Blur contre les fans d’Oasis dans les années 90, il y a dans la France des années 2010 deux camps : les pro-Giroud et les pro-Benzema. Avec un assez net clivage ethnique parmi les partisans. A regarder les réactions sur le net, se dessine une cassure entre la France tartiflette et la France des kebabs. Pourtant, au printemps 2021, c’est presque le grand rabibochage : Didier Deschamps rappelle l’enfant prodigue. L’union sacrée est en marche. Benzema et l’équipe de France, c’est l’histoire de l’ex que l’on croise un beau jour dans la rue. On se dit : « mais pourquoi on s’est séparés, au fait ? ». On se remet ensemble et après quelques minutes de vie commune, on se souvient pourquoi.

Un formidable exemple malgré tout

L’été dernier, Karim Benzema a fait partie de l’impressionnante transhumance de stars mondiales du football vers l’Arabie Saoudite. Pour les autres, les Neymar, les Cristiano Ronaldo, les salaires alléchants ont été l’unique motivation. Pour Benzema, il y avait un petit quelque chose en plus, un supplément d’âme. Il déclarait : « C’est un pays musulman et j’ai envie de vivre là-bas ». À l’instar de Diam’s, qui a arrêté le rap, a pris le voile et s’est réfugiée en Arabie après sa conversion… On l’a découvert le 23 septembre habillé à la Saoudienne pour la fête nationale : shemagh sur la tête, à damiers rouge et blanc? et bisht beige sur les épaules. Non loin, le drapeau saoudien repose. Il y a des nations d’adoption dont on adopte les codes plus rapidement que d’autres.

Karim est aujourd’hui au cœur de toutes les critiques de la droite nationale. Et pourtant, n’est-il pas un formidable exemple pour la jeunesse désœuvrée et déracinée d’ici, de retour aux sources spirituelles, au beau milieu du Dar al-Islam ? Gaspard Proust disait sur Europe 1, face à Philippe de Villiers : « Karim Benzema, moi je l’envie. Lui en Arabie Saoudite, contrairement aux Européens qui vivent sur le sol européen, s’il vit en harmonie avec les valeurs locales, il sait qu’il est parfaitement en sécurité dans la rue ».


[1] Le président des « Musulmans de France » à l’époque, Amar Lasfar, avait déclaré au moment où l’organisation changeait de nom : « Nous ne faisons pas partie des Frères musulmans. En revanche, nous nous inscrivons dans leur courant de pensée ».

Islamisme: des fichés S sur les bancs de l’école de votre enfant

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Le ministre de l'Education Gabriel Attal, Paris, 14 octobre 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

La liberté éducative des parents étant restreinte, depuis 2021, vous ne pouvez plus soustraire vos enfants à ces camarades de classe dangereux. Une tribune libre de Laurence Trochu, la présidente du Mouvement Conservateur.


Le sujet de l’éducation est décidément le fil rouge du présent quinquennat. Voici que désormais, après la terrible attaque d’Arras qui a mis fin aux jours de Dominique Bernard, professeur apprécié qui jamais n’aurait mérité un tel crime, les alertes se multiplient dans les écoles, au point de plonger, en de nombreux endroits, des enfants dans l’anxiété, au péril de leur équilibre psychologique et mental. C’est la révélation d’une nouvelle faille dans l’Éducation nationale, qui n’avait certes pas besoin de cet avatar de plus : nous découvrons qu’il y a au sein même des établissements publics, des adolescents islamistes en puissance qui peuvent, sur un coup de tête, se livrer aux pires exactions. Gérald Darmanin a évoqué, sur BFMTV, « plus de 1 000 mineurs avec des fiches actives pour islamisme ». Terrible découverte, qui met bien des parents dans l’angoisse. 

Responsabilités

Comment lutter contre la violence, et contre le terrorisme islamique ? Lors des émeutes de l’été dernier, Emmanuel Macron en appelait à la responsabilité éducative des parents. Ce n’est pas le Mouvement conservateur qui dira le contraire. Mais venant d’Emmanuel Macron, la belle affaire ! Il ne peut s’en prendre qu’à… lui-même. Car c’est bien le président de la République qui, en 2021, supprimait d’un trait de plume la liberté éducative des parents.

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Souvenons-nous : pour enrayer l’islamisation dès l’enfance, une loi contre le « séparatisme », renommée selon la novlangue orwellienne de rigueur « loi confortant la laïcité et les principes républicains », a marqué une étape de plus dans la longue marche d’uniformisation de l’éducation en France. Sous l’apparence d’un objectif louable, il s’agissait de mettre fin à l’instruction en famille (IEF) pour faire de l’enseignement un quasi-monopole étatique. Avec les insuffisances que l’on sait : classement PISA en chute libre, idéologie égalitaire et multiculturaliste, méthodes pédagogistes ringardes. 

Laurence Trochu © D.R.

La dramatique actualité de ces derniers jours ajoute un inacceptable parfum de rancœur, elle attise la colère légitime des parents qui se méfiaient des prétentions du léviathan éducatif. Si personne n’a encore prouvé l’existence d’islamistes dans les familles ayant recours à l’instruction en Famille, leur présence est en tout cas avérée au sein même de nos écoles publiques où sont pourtant dispensés des cours d’empathie et de vivre-ensemble. C’est bien le cas de Mohammed Mogouchkov, le terroriste de l’attentat islamiste d’Arras; c’était le cas de Mohammed Merah et d’Adel Kermiche, le meurtrier du Père Hamel. 

Impossible d’échapper à l’Éducation nationale désormais…

Jusqu’en 2021, et depuis plus d’un siècle, en France, c’est l’instruction qui était obligatoire. La liberté fondamentale de l’enseignement laissait aux parents le droit de choisir le mode d’instruction qu’ils souhaitaient donner à leurs enfants. L’instruction en famille était soumise à un régime simple de déclaration auprès des autorités compétentes avec contrôle annuel des enfants instruits à la maison. Dans son article 21, la loi de 2021 a restreint la possibilité d’y recourir en imposant un régime d’autorisation, soumis à l’éligibilité de seulement quatre motifs : l’état de santé de l’enfant ou un handicap, la pratique d’activités sportives ou artistiques intensives, l’itinérance ou l’éloignement géographique d’une école, et enfin la situation propre à l’enfant. 

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Dans ce contexte, le Mouvement Conservateur salue la pertinente proposition de loi déposée mardi 17 octobre 2023 par le député Xavier Breton. Elle s’appuie sur les témoignages, nombreux, que nous recevons de ceux qui sont et doivent rester les premiers éducateurs de leurs enfants, à savoir les parents ! Parce que Le Mouvement Conservateur soutient les familles dans leur volonté de s’adapter aux différentes situations de la vie quotidienne pour le bien de leurs enfants, il ne peut que soutenir la démarche de ces parlementaires.

Dans un premier temps, nous espérons que le travail législatif permettra d’obtenir enfin les chiffres sur les autorisations, refus, recours par académie, chiffres qui sont aujourd’hui d’une rare opacité. Car la mise en œuvre des nouveaux critères s’avère plus compliquée qu’il n’y paraît. Ainsi, recourir à l’IEF en raison d’une situation propre à l’enfant exige de déposer la demande entre le 1er mars et le 31 mai précédant la rentrée scolaire, alors même que le besoin peut se révéler plus tard. Et des académies entières refusent systématiquement toutes les demandes. Quand, à l’entrée en sixième, un élève sur deux n’a pas le niveau de fluidité requis en lecture, il est grand temps de mettre fin à cette hypocrisie qui, sous couvert de bonnes intentions, sert surtout à mettre les derniers clous sur le cercueil de la liberté de l’enseignement. Après l’instruction en famille, qui sera la prochaine victime de l’uniformisation de l’éducation ? Les cours par correspondance, les écoles libres, les écoles privées sous contrat ? Comme nos parents en 1984 – année ô combien symbolique – , nous continuerons de nous battre pour la pleine liberté de l’enseignement.

Hélène Grimaud, rock star

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La pianiste française Hélène Grimaud © Daniel Stupar / Albin Michel

La pianiste Hélène Grimaud, connue dans le monde entier, ne passe jamais inaperçue. Quand elle entre dans un restaurant, tout le monde la regarde et s’extasie devant sa beauté. C’est une femme charismatique, comme il en existe peu. Tantôt blonde, tantôt brune, pour casser son image, ses yeux bleu-gris envoûtent. Elle est toujours dans un avion, dort dans des chambres d’hôtel, remplit les salles de concert du monde entier. Elle est une force qui va, difficile à saisir. Elle se ressource sur la côte Ouest des États-Unis, chez elle, recluse, pour échapper au bruit et à la fureur, et protéger les chevaux mustangs, massacrés par l’appât du gain. Ce n’était donc pas évident de la saisir de « l’intérieur ». C’est la prouesse qu’a réussie Stéphane Barsacq avec le livre Renaître.

Se remettre au monde

Dès les premières pages, on comprend qu’on ne lit pas un ouvrage de commande, rédigé en trois mois, relu sur un coin de nappe. Il s’agit d’un livre de longue haleine, patiemment mûri, travaillé et retravaillé. C’est un livre qui a su donner du temps au temps. Il n’en est que plus rare. Hélène Grimaud apparaît à la fois forte et fragile, intelligente, surdouée, audacieuse, exaltée, parfois « désaxée » par le tourbillon de l’existence, mystique, amoureuse de la nature, des loups, des chevaux, des grands espaces, de la musique, bien sûr, en un mot : oxymorique. Stéphane Barsacq pose les (bonnes) questions et Hélène Grimaud répond sans fard. Il faut reconnaître que ses confessions tombent à pic. L’actualité internationale fait désespérer de l’homme. La barbarie gagne du terrain comme jamais, la nuit nucléaire nous guette, et les mots d’Hélène Grimaud nous redonnent l’espoir, et nous rappellent que la grâce existe et qu’elle peut, et doit, sauver l’humanité. « C’est une petite fille, à la sortie d’un concert, écrit la pianiste virtuose, qui m’a donné l’élan qui me manquait. Elle m’a demandé simplement : La musique, ça sert à quoi ? » La réponse se trouve dans son livre, résumée par son titre : Renaître. « Ce n’est pas assez d’être né : il importe de se remettre au monde, et de l’aimer ».  

Le loup est l’avenir de l’homme

Hélène Grimaud est reçue première à l’unanimité, à l’âge de treize ans, au Conservatoire de Paris. Autant dire que le piano est plus qu’une passion, c’est une véritable vocation, au sens religieux du terme. Mais cette femme de cœur à l’incroyable énergie a d’autres préoccupations. Elle a fondé un centre de préservation des loups aux États-Unis. Dans le loup, elle retrouve l’enfant sauvage qu’elle a été, cette difficulté à se sociabiliser, cette inaptitude à trouver sa place dans un monde matérialiste. Le défendre, c’est également préserver l’équilibre de l’écosystème de la planète. Son combat n’est pas idéologique, il est dicté par l’observation et le bon sens. « Aujourd’hui, écrit Hélène Grimaud, sur cette terre où l’homme pratique le grand génocide de la vie – chaque jour des dizaines d’espèces animales et végétales disparaissent –, où 16 125 nouvelles espèces sont menacées d’extinction, au rang desquelles, nouvellement désigné après l’ours polaire, l’hippopotame, il faut affirmer haut et fort que le loup est l’avenir de l’homme. » La musique est longuement évoquée dans l’ouvrage – comment pourrait-il en être autrement. C’est elle, après sa mère, d’origine corse, qui l’a éduquée. Mieux même : elle l’a élevée. Elle cite ses amis, qui ne la quittent jamais : Bach, Mozart, Haydn, Rachmaninov, Brahms, Chopin, et beaucoup d’autres. Hélène Grimaud n’élude aucune question. Elle parle également de la littérature, du féminisme, du piano, de son approche charnelle et sensuelle de l’instrument, du besoin de solitude, de nature pour retrouver l’équilibre perdu, de la foi si peu éloignée de la musique, de sa beauté que voulait filmer Ingmar Bergman. Hélène Grimaud est particulièrement touchante quand elle évoque son corps, ce corps qu’il convient de « dérider ». Au milieu des loups, dans la forêt, en compagnie de ses deux chiens, elle danse. Oui, elle danse avec les loups. Et là, elle fait « l’expérience physique de la joie. » Elle danse, comme dansait Bardot, la femme qui a tout sacrifié pour sauver les animaux de la souffrance infligée par l’Homme. Grimaud se souvient : « J’ai dansé ainsi pour la première fois enfant, en Camargue, dans les roseaux, après l’envol des chevaux dans celui des flamants roses. J’ai eu le désir soudain et irrépressible de virevolter, les bras tendus au ciel, les jambes ailées de gouttelettes qui volaient au soleil de son éclat. » Lisez ce livre. Vous verrez comme il fait du bien.

Hélène Grimaud, avec Stéphane Barsacq, Renaître, Albin Michel

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D.R.

Pierre-Louis vieillissait. Mal, à l’en croire – si tant est qu’existât une façon de bien vieillir. De manière imperceptible parfois, mais toujours irréversible, chaque jour qui passait ajoutait au fardeau de sa décrépitude. Sa vue baissait. Son ouïe déclinait. Au matin, avant que la machine se soit remise en route, il avait peine à se mouvoir. Sa mémoire, elle aussi, s’engourdissait. Il avait de plus en plus de mal à retrouver les noms et, plus encore, les prénoms qui lui étaient naguère familiers. Ainsi avait-il cherché en vain, une journée durant, le nom du bassiste qui accompagnait Dave Brubeck dans Take Five. C’est dire l’état de délabrement de ses neurones. Il en était atterré. Une brusque illumination vint soudain percer l’opacité morose dans laquelle il se mouvait. En compagnie de son épouse, il parcourait les allées interminables d’un parking souterrain, en quête d’une place où garer leur voiture. Quête vaine. Le rendez-vous fixé par l’opthtalmologiste en était compromis. Chaque minute écoulée le rendait plus improbable. Soudain, une trouée : quatre ou cinq places vides se profilaient à l’horizon et Rosalie qui, depuis plus d’un an, avait remplacé son mari aux commandes de leur véhicule, accéléra.
« Tu vois, Pierre-Louis, il ne faut jamais désespérer de la Providence.
Avec un peu de chance, nous arriverons à l’heure. ».
Déception. Sur le sol du parking, le dessin d’un fauteuil roulant, sur fond bleu, assorti d’une inscription : « réservé aux personnes handicapées ».
« Qu’importe !, s’exclama Pierre-Louis. Garons-nous quand même. Après tout, ne suis-je pas, moi aussi, handicapé ? »
Le déclic. L’idée avait germé dans son inconscient. Il ne restait plus qu’à officialiser une situation subie en silence depuis de trop longs mois. Il s’en ouvrit à l’ophtalmologiste.
« Nous allons, lui dit le praticien, procéder à une évaluation de votre champ visuel. Le rétrécissement de celui-ci sera, si j’ose dire, un atout pour la reconnaissance de votre handicap. Il faudra toutefois que votre médecin généraliste procède à un examen approfondi de vos autres déficiences ».
L’affaire était enclenchée. Le docteur Bonnemaison, praticien de sa famille, connaissait bien Jean-Louis et ses handicaps. En outre, manifestement coutumier de ce genre de démarche, il extirpa sans hésiter, du tiroir de son bureau, un formulaire.

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« Je dois, prévint-il, me livrer à un interrogatoire minutieux pour juger, notamment, de votre état mental. Quel est votre nom ? »
Pierre-Louis retint avec peine le fou-rire qui le gagnait.
« Mais enfin, docteur, vous le connaissez ! De surcroît, il figure sur ma carte Vitale !
– Bien sûr, je le connais. Mais vous ? Pouvez-vous me donner la date d’aujourd’hui ?
– 25 septembre 2023.
– Parfait. Voyons voir… Donnez-moi le second prénom de votre grand’mère maternelle.
– Elise. Ma grand’mère s’appelait Marthe Elise.
– Bien. Votre mémoire a l’air en bon état. Je remplirai le reste du formulaire. Il concerne votre état physique et votre dossier sur mon ordinateur me fournira tous les éléments nécessaires. A priori, votre dossier devrait vous valoir une réponse favorable. »
Il brandissait une épaisse liasse.
– « Il ne vous restera plus qu’à envoyer ceci au service compétent du Conseil départemental ».
Exécution immédiate. La réponse arriva au bout d’une quinzaine. Elle émanait du service social du département : « Monsieur, nous accusons réception de votre demande Elle sera examinée quand le dossier ci-joint, dûment rempli, sera venu la compléter. »
Ledit dossier était impressionnant. Il comportait la liste de pièces officielles dont les photocopies certifiées conforme par l’autorité municipale: extrait de naissance, carte d’identité, carte Vitale, carte bleue, carte d’électeur, carte de fidélité au supermarché, relevés d’imposition des dix dernières années, certificat de domicile, dernières quittances d’eau et d’électricité, photographies diverses permettant d’authentifier le tout. Au total, un colis de deux kilos, renvoyé recommandé, par la poste, une semaine plus tard. L’attente commença. Pierre-Louis dépérissait, soutenu seulement par le suspense entretenu. Celui-ci fut interrompu au bout de six mois. Une lettre recommandée émanant du Conseil départemental lui signifiait qu’après un examen détaillé, son dossier faisait apparaître des inexactitudes :
« Ainsi, le second prénom de votre grand’mère était Elisabeth, et non Elise. Quant à votre chien Basile, dont la race, à vous en croire, est celle d’un patou des Pyrénées, la photo jointe laisse clairement apparaître qu’il s’agit d’un labrit, chien de berger. En outre, la couleur de votre voiture n’est pas blanche, mais plutôt grisâtre. En conséquence de quoi nous vous renvoyons votre dossier que vous voudrez bien relire attentivement et rectifier avant de nous le retourner. »
Stupéfaction. Découragement. Ecœurement. Cette fois, la coupe était pleine. Pierre-Louis se plia de mauvaise grâce à ces nouvelles exigences, mais sans la moindre illusion. Et il se laissa doucement glisser. Jusqu’au matin où Rosalie le trouva inerte dans son lit. Aux lèvres, un étrange rictus qui pouvait ressembler à un sourire.
Une heure après, le facteur sonnait à la porte. Il brandissait une lettre recommandée. Rosalie eut un pressentiment. Lorsqu’elle l’ouvrit, elle découvrit le précieux carton et se dirigea sans hésiter vers la chambre funéraire. Pierre-Louis gisait, les mains jointes sur sa poitrine. Son épouse glissa entre ses doigts le sésame tant attendu et murmura à son oreille :
« Tu en auras sans doute besoin. Là-haut, il doit y avoir de sacrés embouteillages ! ».

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Quel rôle pour l’Ouzbékistan?

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Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan D.R.

Il n’y aura pas de paix dans la région « Asie centrale » sans stabilité en Afghanistan. Son voisin, l’Ouzbékistan, qui depuis des années s’intègre de mieux en mieux dans l’espace financier, commercial et économique mondial, y œuvre.


Au milieu de tous les pays d’Asie centrale, l’Ouzbékistan tente de se démarquer et de faire de sa politique étrangère un outil d’influence qui pèse de plus en plus et permette d’intégrer l’ensemble de la région davantage au sein de la communauté internationale.

Il faut bien noter que l’Asie centrale est en train de devenir l’une des régions du monde au développement économique le plus spectaculaire et que son intégration sur la scène mondiale s’accélère chaque année davantage. Au cours des six dernières années, le PIB total des cinq pays concernés a doublé, pour atteindre 400 milliards de dollars. Dans le même temps, la part du commerce mutuel de marchandises dans le chiffre d’affaires total du commerce extérieur de l’Asie centrale a lui augmenté de 6 % en 2014 à 11% en 2022.

L’une des priorités de Tachkent est de renforcer les relations et les partenariats stratégiques avec tous les États d’Asie centrale, tout en élargissant la coopération sous toutes ces formes avec les pays en dehors de la région. Ces dernières années, le pays a lancé un nouveau programme régional en Asie centrale autour de la sécurité, la coopération commerciale, économique et culturelle. Depuis 2018, quatre réunions de chefs d’État de la région se sont tenues à Douchanbé.

Les efforts de tous les pays de la région a contribué à accroître son attractivité pour les partenaires extérieurs et à élargir son interaction avec les grands États de la planète ainsi que les grandes organisations internationales. Ainsi, les plateformes de dialogue au format « Asie centrale Plus » sont passées de 4 en 2017 à 11 en 2023. L’Ouzbékistan a quand lui lancé un certain nombre d’initiatives en particulier dans les domaines de la sécurité, du commerce, de l’énergie et des transports. Aujourd’hui, les Nations Unies soutiennent cette avancée régionale et ont voté un certain nombre de résolutions qui vont dans le sens d’une plus grande intégration de l’Asie centrale à la communauté internationale.

En septembre dernier, le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev a participé à la 78è session de l’Assemblée Générale des Nations Unies et présenté l’état d’avancement et ce qu’il considère comme des réussites de la stratégie de développement du nouvel Ouzbékistan. À la mi-octobre, aura lieu à Samarcande la 25ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Pour la première fois dans l’histoire, l’Ouzbékistan accueillera cet important rassemblement biennal des États membres et membres affiliés de l’OMT.

La diplomatie économique est devenue la priorité de l’Ouzbékistan qui a fixé le cap d’une intégration plus active du pays dans l’espace financier, commercial et économique mondial, ainsi que dans les transports interrégionaux et les communications logistiques en Asie centrale. Tachkent a intensifié son processus de négociation d’adhésion à l’OMC, a obtenu le statut d’État observateur au sein de l’UEE et le statut de pays bénéficiaire dans le système de préférences SPG+ de l’Union européenne. La coopération du pays avec les institutions financières internationales et régionales, telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement, la BERD, la Banque islamique de développement et la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, a atteint un niveau inédit. En 2019, l’Ouzbékistan a rejoint le Conseil turcique et en 2020 a présidé la Communauté des États Indépendants. En septembre 2022, Tachkent a accueilli le sommet de l’Organisation de Coopération et de Sécurité. Ces dernières années, l’Ouzbékistan a présenté plus de 80 propositions sur les plateformes multilatérales visant à renforcer la sécurité régionale, la coopération économique et le développement global et durable de l’Asie centrale.

Cependant, il n’y aura pas de paix et de sécurité dans la région sans stabilité de l’Afghanistan, qui partage une frontière commune avec l’Ouzbékistan. Le pays a accru ses échanges dans les domaines du commerce, des transports, de l’énergie et de l’éducation afin d’impliquer ce pays pauvre et en grande difficulté depuis des décennies dans les échanges commerciaux régionaux. Tachkent a joué un rôle clé dans le renforcement de la participation des pays d’Asie centrale aux efforts internationaux visant à stabiliser l’Afghanistan. Il ne faut jamais oublier que ce pays est un maillon essentiel entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud.

Gabriel Attal, vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE

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Arras, 19 octobre 2023 © Michel Spingler/AP/SIPA

Notre collaborateur approuve les premières pistes ouvertes par le ministre de l’Éducation — fin du collège unique institué par la réforme Haby / Giscard d’Estaing, et réouverture d’Écoles Normales, dès la 1ère année du Supérieur, afin de former au mieux les nouveaux enseignants dont la France a besoin. Mais, souligne-t-il, les adversaires de ces changements salutaires préparent déjà leur contre-offensive…


Monsieur le Ministre,

Je doute que vous ayez eu le temps, au milieu des responsabilités qui sont les vôtres et des événements dramatiques de ces derniers jours, de jeter un œil sur mon dernier livre, L’Ecole à deux vitesses, paru fin août.

Je me contenterai donc de me féliciter de la contiguïté de nos pensées…

Dans le chapitre final où j’ai rassemblé diverses propositions sur les réformes à mettre en œuvre au plus vite, j’écris en effet :

« Les enseignants doivent être recrutés et orientés dès le niveau Bac + 1, et formés dans des centres — les anciennes Ecoles Normales par exemple pour les instituteurs — où on leur enseignera les savoirs indispensables pour faire face à leurs classes. Pas de la pédagogie ou de la didactique, qui viendront avec l’expérience du terrain. Et les terrains scolaires sont si variés qu’aucune recette ne s’applique uniformément, à moins de chercher le chahut immédiat et irrémédiable.

« La mixité sociale n’a de sens que si elle s’accompagne d’une ambition qualitative. Il est donc essentiel de révoquer le collège unique, source depuis quarante ans de confusion et d’impossibilité technique de faire des cours cohérents. J’ajoute qu’une répartition des élèves en fonction de leur niveau (et non des revenus de leurs parents) doit s’accompagner d’une discrimination selon le niveau : on peut faire cours à 15 élèves en difficulté ou à 40 élèves sans problèmes, mais certainement pas, sous prétexte d’égaliser les conditions de travail, à 30 élèves de niveaux trop hétérogènes.

« L’évolution du niveau des élèves doit être la clé des rémunérations supplémentaires des enseignants. Elle sera évaluée par des instances idoines — il est temps que l‘Inspection, au lieu de passer en coup de vent tous les cinq ou six ans, ausculte les maîtres deux fois par an — en amont et en aval. Et comme il ne se trouve pas assez d’Inspecteurs, des enseignants chevronnés — vraiment chevronnés, pas des pistonnés ou des lèche-bottes de pédagos ultimes — seront à même de prodiguer des conseils et d’apprécier le travail. »

Et voici que vous annoncez à la fois la nécessité de rouvrir les Écoles Normales, qui formaient si bien nos maîtres autrefois, et d’en finir avec le collège unique, qui sous prétexte d’égalitarisme aura été le plus grand vecteur d’inégalités dont jamais système corrompu ait rêvé. Quant à la rémunération au mérite, elle est en partie incluse dans le Pacte mis en place par votre prédécesseur, et fort combattu par des syndicats qui se soucient davantage de propagande que d’efficacité pédagogique.

Évidemment, ces timides avancées dans la bonne direction suscitent déjà des réactions outrées chez les artisans du désastre, qui sentent que leurs beaux jours sont derrière eux. Le ban et l’arrière-ban des pédagogistes les plus forcenés vous canardent comme un lapin depuis dix jours (vous ferai-je remarquer qu’ils soutiennent, les uns et les autres, des organisations parallèles financées par votre ministère ? Non, je ne le ferai pas…). Sylvain Connac « chercheur » en sciences de l’Éducation (ancien instituteur, il n’a jamais vu un élève du Secondaire), écrit par exemple dans Le Monde — l’ex-« journal de référence » qui ouvre libéralement ses colonnes à tout ce que l’idéologie la plus rance a produit de pseudo-spécialistes :

« Un système éducatif ne fonctionne pas pour l’unique promotion de quelques champions, au risque de voir se créer des masses de perdants et de résignés scolaires. La responsabilité est plutôt du côté de l’excellence scolaire, par la recherche du progrès de tous, sans exception. »

Cela nous ramène au temps — l’Eden perdu de Mr Connac — où l’on avait inventé un Ministère de la Réussite Scolaire : on met la barre au plus bas, pour que chacun soit sûr de la sauter. Cela procède d’un mépris des élèves qui au fond n’est guère étonnant, ces temps-ci, chez des gens de gauche. Permettre réellement à chacun d’aller au plus haut de ses capacités est plus compliqué que de truquer les notes, et la différenciation des cursus en fonction des goûts et des capacités est une voie évidente pour y parvenir.

Puis Claude Lelièvre, « historien » de l’Éducation, s’est indigné à son tour que vous appeliez à reformer des Ecoles normales dont la formation serait « axée sur les fondamentaux et les valeurs de la République ». Comme celle de Jules Ferry, instituée pour préparer les loupiots à la future guerre franco-prussienne ? Ma foi, Lelièvre ne s’est apparemment pas aperçu que nous sommes effectivement en guerre — contre des fondamentalistes qui égorgent u décapitent les enseignants.

Enfin Sa Suffisance Philippe Meirieu, l’artisan en chef du désastre, s’est exprimé du haut de sa tour d’ivoire, critiquant la façon dont l’institution a salué la mémoire de Dominique Bernard : « Aucune parole ne pouvait être à la hauteur de l’événement et il aurait mieux valu, sans doute, s’en tenir au silence. Un silence collectif et solidaire. Un silence assourdissant pour enjoindre nos concitoyens de mettre un terme aux lieux communs et aux invectives sur les réseaux sociaux… »

… afin de laisser libre cours aux messages de haine et aux appels au meurtre des fanatiques de la charia ?

Je n’irai pas jusqu’à vous suggérer de révoquer ceux qui, parmi les nuisibles infiltrés dans la structure profonde de votre ministère, travaillent à démanteler par avance vos propositions, comme ils l’ont fait quand François Fillon ou Gilles de Robien tentaient d’imposer en Primaire une méthode d’apprentissage cohérente du Lire / Ecrire — une méthode alpha-syllabique, préconisée d’ailleurs par Stanislas Dehaene et tous les vrais chercheurs : par exemple la méthode LEGO expérimentée depuis deux ans dans l’Académie de Paris, décidément en pointe. Mais le corps des Inspecteurs devrait être sérieusement nettoyé — ou peut-être mis en extinction.

La fin du collège unique est une nécessité urgente. Il faut permettre à chaque élève d’avancer à son rythme et en fonction de ses capacités, de ses goûts, de son histoire. En instituant, bien sûr, des passerelles entre les niveaux, de façon à ne condamner personne à séjourner trop longtemps dans un niveau qui ne serait plus le sien — dans un sens comme dans l’autre : il faut redonner aux élèves, tous amateurs de records sportifs, le goût de la compétition et de l’effort permanent.

Bouleverser la formation des maîtres, afin de rendre le métier plus attractif, en est une autre. Vous ne pouvez pas laisser la (dé)formation des enseignants aux idéologues des INSPE, persuadés que l’enfant est naturellement bon et qu’il suffit de l’écouter et de solliciter ses capacités créatrices pour construire ses propres savoirs. Nous savons, vous et moi, que les chères têtes blondes ou brunes ont des instincts naturels cannibales, et que l’enseignement consiste justement à les dénaturer — ce pour quoi on leur fournissait autrefois un (insti)tuteur.

Enfin, pourquoi garder le Bac, coquille vide et onéreuse ? Autant construire des Certifications par matière, comme cela se fait pour les langues. Les professeurs qui officient sur Parcoursup y retrouveront plus aisément leurs futurs étudiants.

J’ai apprécié que vous proclamiez la tolérance zéro envers les apprentis islamistes. Les exclure, soit. Mais quand ils ont moins de 16 ans, on est forcé de les réintégrer ailleurs. Pourriez-vous donner des ordres pour que ce soit loin, très loin de leur collège ou lycée d’origine ? À charge à leurs parents, s’ils tiennent à conserver le bénéfice de la prime de rentrée, de veiller à ce qu’ils s’y rendent, chaque matin…

Mais je suis sûr que vous l’aviez déjà résolu, tant nos pensées au fond sont parallèles…

Très attentivement vôtre…

Jean-Paul Brighelli

PS. Vous suggèrerai-je une inflexion dans votre discours laïque ? L’ennemi aujourd’hui a un nom, il s’appelle l’islamisme. Autant le nommer — parce que c’est bien d’une guerre qu’il s’agit, comme l’avait asséné Arturo Perez Reverte il y a déjà huit ans dans un article fondateur : « Es la guerra santa, idiotas ! » Que les pédagos bêlants répugnent à « stigmatiser », comme ils disent, des gens qui sont des ennemis de la France, ou à faire des cours d’Histoire réellement chronologiques, et non plus entachés de convictions anti-colonialistes, anti-esclavagistes et autres complaisances culpabilisantes et communautaristes, en dit long sur les complicités que les adeptes d’une gauche islamo-fasciste entretiennent avec ceux qui sapent nos institutions et parfois attentent à la vie des enseignants.

Sissi saphique

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© DCM-Bernd Spauke / Kinovista

L’impératrice comme vous ne l’avez jamais vue. Tu m’étonnes !


Dix ans après un premier film intitulé Finsterword, la réalisatrice allemande Frauke Finsterwalder, 47 ans, se risque à un second (très) long métrage. Sissi et moi. Un film « en costumes », comme on dit. « Moi », ce n’est pas elle, Frauke, mais Irma Sztàray, la dernière dame d’honneur d’Elisabeth d’Autriche, dite Sissi…  

Avouons-le, nous n’avions pas vu Finsterword à sa sortie en 2013. Ce qui aiguisait notre curiosité pour Sissi und Dich, c’est d’y retrouver la fabuleuse actrice Sandra Hüller, celle-là même qui tenait si magnifiquement le rôle principal dans Anatomie d’une chute, de Justine Triet –  Palme d’or cannoise 2023. Sandra Hüller jouait déjà dans Finsterword ; la voilà donc qui, cette fois, campe Irma, aux côtés de sa compatriote germanique Suzanne Wolff, laquelle endosse le rôle de Sissi. Casting alléchant : l’archiduc Ludwig-Viktor von Habsbourg-Lorraine a les traits de l’acteur Georg Friedrich, qu’on a vu récemment dans Sparta, d’Ulrich Seidl, mais qu’on connait surtout en France pour avoir été dirigé par Michael Haneke dès son premier film, Le Septième continent (1989), puis dans La Pianiste et Le temps du loup… On retrouve aussi, pour incarner le comte Berzeviczy, l’excellent acteur suisse-allemand Stefan Kurt.

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Bref, on n’y allait pas à reculons, à cette projection de presse. On était fondé à croire qu’avec une distribution 100% germanique, et quand bien même la réalisatrice a beaucoup vécu aux Etats-Unis, la reconstitution historique serait conduite avec exactitude. Mais c’est oublier que la doxa féministe prend définitivement ses aises avec la réalité. Sans vergogne, la réécriture de l’Histoire précède l’écriture : « Historiquement, nous affirme Frauke Finsterwalder dans le dossier de presse, l’impératrice Élisabeth a souvent été décrite comme une femme dépressive et psychologiquement instable. Mais cette vision témoigne d’un point de vue masculin et ennuyeux selon lequel une femme au caractère difficile ne peut qu’être malade » (sic ! – je souligne). Et d’ajouter : « Si j’ai choisi le nom d’Irma Sztáray, c’est parce qu’elle a existé à l’époque où se déroule le film (tout de même, on n’en attendait pas moins !). Mais elle n’a pas grand-chose en commun avec l’Irma de mon film. La vraie Irma était proche de ses parents, et en particulier de sa mère aimante. Elle rentrait chez elle pour les vacances et entretenait une relation étroite avec eux. Alors que dans Sissi & Moi, c’est tout le contraire ». De son propre aveu, « l’exactitude historique importait peu ».

Nous voilà donc prévenus : les personnages renvoient à une réalité historique dont le film a décidé de ne tenir aucun compte. Dès lors, il sera permis de leur faire dire n’importe quoi, de leur inventer des situations dépourvues de toute vraisemblance, de leur prêter des rapports improbables, de les habiller sans le moindre souci de véracité « archéologique ». Mais alors, pourquoi faire un film à prétention « historique », si tout y sonne délibérément faux, jusqu’à la bande sonore « pop », agrémentée d’un morceau du groupe Portishead, entre autres trouvailles ? « La seule chose qui était essentielle dans la sélection était que seules des voix de femmes soient entendues », explique benoîtement la cinéaste… En somme, Sissi ne serait qu’un label, celui de « la plus grande pop-star de son époque » (sic) dixit Frauke Finsterwalder. Un label, ça se prête à toutes les déclinaisons. Mêmes les plus anachroniques.

En vérité, l’impératrice d’Autriche, assassinée comme l’on sait à l’âge de 60 ans, n’était plus de toute première jeunesse lorsqu’à partir de 1894 elle prit à son service la jeune comtesse hongroise Irma Sztaray de Stara et Naguy-Mihaly, son ultime dame d’honneur. Peu importe à Frauke Finstervalder : Sissi a perdu 20 ans pour les besoins de la prétendue romance saphique avec Irma. Quant à l’époux, François-Joseph 1er, il est peint sous les espèces du mâle alpha libidineux légitimement éconduit sans ménagement par cette Femme-qui-sait-dire-non-à-l’Homme : « je suis ton mari, tout de même », geint-il piteusement. Burlesque.

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La pente féministe incline ainsi l’improbable scénario de Christian Kracht – conjoint de la réalisatrice, au civil.  Certes, l’impératrice d’Autriche s’est étourdie de voyages, de Corfou à l’île de Madère, du château hongrois de Gödöllö au Grand hôtel de Roquebrune-Cap-Martin, des rives de Naples aux eaux de Karlsbad, autant pour échapper à sa tribu que pour fuir l’étiquette de la cour de Vienne. Dans Sissi et moi, paradoxalement, les paysages et les sites architecturaux restituent de façon assez plausible les décors où se manifeste cette opulence princière, par une débauche de panoramas de carte postale, au reste filmés d’un bout à l’autre comme avec une pellicule 16mm : d’où cette image curieusement « crasseuse », dont la « mise au point » semble défectueuse. Tandis que le film réserve aux personnages, à leurs mises comme à leurs postures, et ce en toute connaissance de cause, la plus totale incongruité. Sofia Coppola, dans son Marie-Antoinette, avait donné l’exemple d’un tel travers qui, depuis, a fait des émules. A cent lieues de Visconti, cf. Ludwig ou Le Crépuscule des dieux, où Romy Schneider campait, dans quelques séquences immortelles, une Sissi authentiquement impériale. Dans Sissi et moi, les talentueuses comédiennes Sandra Hüller et Suzanne Wolff se tirent comme elles peuvent de ce script inepte et laborieux.   

Irma Sztaray, la vraie, née en 1864, ne s’éteindra qu’en 1940. En 1909, elle a publié ses mémoires : Aus den letzen Jahren der Kaiserin Elisabeth – titre original que l’édition française, parue chez Payot en 2007, traduit Mes années avec Sissi. Le livre est réédité en poche. La dame de compagnie n’y appelle jamais Sissi que « Sa Majesté » : c’était dans l’ordre des choses.     

Sissi et moi. Film  de Frauke Finsterwalder. Allemagne, Suisse, Autriche, couleur, 2023. Avec Suzanne Wolff, Sandra Hüller, Georg Friedrich, Stefan Kurt, Sophie Huller. Durée: 2h12.

En salles le 25 octobre.

A lire: Irma Sztaray. Mes années avec Sissi. Petite bibliothèque Payot.

Faire briller la France dans les yeux des enfants

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Funérailles de Dominique Bernard, Arras, 19 octobre 2023 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

Avec de fausses alertes à la bombe, des plaisantins font annuler les cours. Lors d’une manifestation de soutien aux Palestiniens, place de la République, à Paris, on entend scander « Allahu akbar » – le même cri prononcé par les tueurs de profs, de supporters suédois ou le Hamas ! Enfin, les minutes de silence ne sont pas toujours respectées. Il devient impératif d’agir pour que notre jeunesse se ressaisisse.


Une partie non négligeable de notre jeunesse n’est plus du tout en phase avec notre rapport au monde et notre pays. Au lendemain des hommages rendus en l’honneur des enseignants Samuel Paty et Dominique Bernard, sauvagement assassinés par des terroristes islamistes, nous devons tous nous questionner profondément et sincèrement sur le rôle de l’école.

Comment est-il possible que parmi notre jeunesse tant de haine de la France se dessine, s’exprime à demi-mots voire s’expose fièrement, y compris lors des minutes de silence ?

L’assimilation ne fonctionne plus

Bien sûr, la société entière est travaillée par ces sentiments de rejet d’un côté, de déni de la situation de l’autre, entérinant le refus de s’intégrer à la France et donc l’impossibilité de s’assimiler à notre peuple, d’une partie non négligeable de la population immigrée ou d’origine étrangère. Être Français doit refaire sens et cela dès le plus jeune âge ! Nous ne pouvons pas laisser se développer un ressentiment vis-à-vis de la population historique de la France et poursuivre notre chemin, faisant croire que tout ira pour le mieux, supposant (naïvement ?) que le temps jouera en faveur du pseudo vivre-ensemble. Les vingt dernières années nous montrent l’exact inverse et les récents événements nous prouvent que la tendance s’accélère. L’anti-France a le vent en poupe et nous feignons de l’ignorer !

Alors chantons la Marseillaise, tant citée dans les programmes, tant écoutée dans les stades (quand elle n’est pas sifflée, ayons un peu de mémoire…) et pourtant si peu apprise à l’école ! Notre hymne national doit de nouveau prendre sens dans l’esprit de tous nos élèves.

Nous avons trop longtemps moqué le sentiment patriotique

Ne serait-ce qu’en faisant réellement vivre le début… « Allons enfants de la Patrie » : où est donc cette belle idée de patrie, tant elle a été dévoyée, puis moquée et travestie ? Non, ce n’est pas un mot immonde aux relents sulfureux d’un trop lourd passé. C’est surtout une magnifique pensée envers notre pays et l’union de tout son peuple. Nous, Français, devons retrouver la fierté d’appartenir à notre belle nation.

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Faire vibrer les enfants au son de notre hymne, c’est d’abord leur expliquer notre histoire, notre culture et notre rapport au monde. C’est faire briller leurs yeux au contact de notre géographie, les faire s’émerveiller des richesses et de la diversité de nos paysages, chanter avec Roland notre histoire à Roncevaux, tonner avec la Garde impériale napoléonienne et trembler avec nos poilus ; appréhender la charge de l’histoire et en explorer les fiertés.

Oui, nous devons refaire l’école de la France et mettre des rituels républicains dans nos cours et dans le cœur de nos élèves. Avoir le drapeau Bleu-Blanc-Rouge sous les yeux pour faire fleurir le sentiment essentiel d’être ensemble pour les plus belles raisons. Être et non vivre ensemble car cela ne signifie plus rien et surtout n’implique aucune volonté. Être ensemble exige de chacun l’état d’esprit qui permet la concorde nationale, à la condition qu’elle repose sur l’amour de notre pays. Notre drapeau, sans celui de l’Europe dont les étoiles ne font plus rêver grand-monde, devrait chaque jour être célébré alors qu’il inspire du rejet, voire de la crainte quand on ose l’afficher.

Pour l’instauration d’une nouvelle matière: « connaissance de la France »

La fierté nationale est pourtant louée, le drapeau souvent honoré et les porte-étendards glorifiés un peu partout dans le monde. Sauf ici, en France. Pourquoi ? Cette question doit traverser notre pays, notre société et nous devons aussi y répondre à l’école ! Ajournons toutes les « éducations à bidule » et instaurons une matière « connaissance de la France » dès le début de l’école élémentaire, où nous étudierions spécifiquement chaque jour l’histoire, la géographie, la culture, la littérature et tout ce qui nous distingue des autres peuples, qui bien souvent nous envient pour les mêmes raisons dont nous pouvons être fiers. Stoppons ce dénigrement permanent, acceptons l’histoire tragique et honorons l’histoire glorieuse sans rougir. Apprenons à nos élèves les magnifiques textes et poésies dont notre littérature regorge, qui tombent en désuétude au milieu des oubliettes des programmes scolaires.

Illuminons la pensée de nos élèves par les esprits de nos grands auteurs, éclairons leurs yeux des sentiments de leurs héros, pleurons, chantons, aimons, rions avec eux, et faisons revivre notre langue dans sa richesse et sa variété. Pour combattre de l’intérieur le mal qui ronge notre société, commençons déjà par être fiers de ce que nous sommes et donnons envie aux autres de nous ressembler. Refaisons vibrer les élèves au son de notre hymne, refaisons briller la France dans les yeux de nos enfants pour que, de nouveau, le jour de gloire puisse arriver !

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