Un atelier controversé, prévu à Mérignac (Gironde) du 26 février au 1ᵉʳ mars, a été annulé au grand dam des consciences molles. Dommage pour les quatre élèves qui étaient inscrits.
Les dirigeants de la maison des jeunes et de la culture de Mérignac (33) avaient prévu pour les vacances scolaires un atelier drag-queen destiné aux ados de 11 à 17 ans. Programme alléchant : port de talons aiguilles, perruques carnavalesques, maquillage à la truelle et, surtout les yeux, le regard. Langoureux et habité, je suppose. Rien de plus urgent à enseigner aux enfants, bien sûr.
Le bon sens gagne
Le but affiché : casser les codes. On pourrait croire que le bon sens a gagné parce que l’animation a été annulée. Que nenni ! Le retrait décidé par les organisateurs eux-mêmes revêt en fait, de leur point de vue, le doux parfum d’une victoire, l’occasion en or de se poser en martyrs du progressisme. Ils ont cédé, assurent-ils, devant les oppositions de l’association Parents vigilants d’Éric Zemmour et d’un mouvement catholique. Une aubaine ! Pensez, cathos et fachos tout contre !
Sauf que bien d’autres parents-citoyens s’y opposaient. La contestation venant de la droite-droite, quelques consciences molles – toujours paniquées à la perspective de rater le train du conformisme ambiant – n’allaient pas manquer d’unir leurs voix à celle des dépités. Leur argument, formulé dans Franc-tireur : « Il n’existe aucun précédent d’agression sexuelle par une drag-queen[1] ». Faux. Trois cas parmi d’autres : août 2023, la police britannique arrête Andrew Way, alias Miss Gin, pour pédophilie en ligne. Le 16 février, dans l’Oregon, la police interpelle pour pédopornographie Adam Westbrook, militant du mouvement LGBT les Sœurs de l’indulgence perpétuelle, parodie obscène de l’Église catholique. À Houston, Albert Alfonso Garcia, alias Tiana Maia Nina, a été démasqué en tant que pédophile déjà condamné, après des prestations dans une bibliothèque publique en 2017 et 2018 – et avant un passage à l’acte éventuel. Surtout cette pseudo-défense est totalement hors sujet. Ce que redoutaient les opposants de Mérignac n’était pas une agression, mais la sexualisation excessive et orientée des jeunes sujets. Ce qui est aussi une forme d’agression.
Coup de gueule contre ces professeurs dysfonctionnels de l’Éducation nationale, qui, non contents de discréditer la profession, font surtout souffrir les élèves sans être jamais inquiétés !
Certains professeurs ont une chance infinie que notre système scolaire soit ce qu’il est. Une pomme pourrie. En collège, lui prolonge son arrêt maladie sans être malade, et ses élèves n’ont pas cours depuis trois mois. Il est payé bien sûr. Lui fait remarquer quotidiennement à des Noirs qu’ils sont noirs, à des Arabes qu’ils ont un nom imprononçable, voire pire. Mille fois signalé, jamais inquiété. Elle, accuse les gamins d’être nuls : en véritable Cassandre, elle décrète qu’ils seront au mieux caissiers ou éboueurs. Ou livreurs. Pour elle, les Noirs sentent. Encore eux. Pas de problème, à la suite de cela, on l’a nommée dans un lycée prestigieux, plus clair. Moins peuple. Elle (car l’école n’est pas épargnée), profite de s’occuper de tout petits enfants pour les molester. Les bébés ça pleure de toute façon, alors qui saura? Lui, et lui, et elle… Inutile de continuer à faire son Pétain. L’idée est là, d’ailleurs connue de tous. Des profs sévères, très sévères, trop sévères voire parfaitement injustes sont légion. C’est le jeu, après tout. Ça forge. La vie n’est pas un bonbon et l’autorité est nécessaire. Mais ceux-là, non. Comment peut-on continuer à tolérer leurs pratiques? Est-ce parce qu’il n’y a plus de profs en réserve que l’on doit garder tout le monde, coûte que coûte ? Des enfants souffrent. On brandit les cours d’empathie sur les apprentissages, pour se donner bonne conscience, et on laisse sévir des adultes qui n’ont pour eux ni la vocation, ni le respect. Que transmettent-ils ? Et que génèrent-ils ? De l’insolence, de la violence, un sentiment d’humiliation, d’abandon, une méfiance permanente envers l’adulte. Peut-être ces profs souffrent-ils eux-mêmes. Un divan de psy fera l’affaire alors. Pas une classe de jeunes en devenir, à qui l’on doit montrer l’exemple, que l’on doit instruire, accompagner et aider à grandir. Le fonctionnariat est un état confortable, que beaucoup de pays nous envient. C’est surtout dans l’Éducation nationale un système qui, lorsqu’il dérive, peut se révéler sacrificiel et éhontément verrouillé. Un professeur dysfonctionnel, violent, raciste y est protégé. En tout cas jamais renvoyé. On le change d’établissement tout au plus. Le ver reste dans le fruit, indéboulonnable. De nombreux professeurs ont vraiment besoin d’être soutenus. Ils vont mal : pas de vague. D’autres sont la honte de notre métier. Ils vont bien : pas d’inquiétude.
Le projet d’aide à mourir suscite beaucoup de réactions. Quelle est celle d’Elisabeth Lévy ?
Alors qu’après la constitutionnalisation de l’IVG, certains parlent déjà de revoir la clause de conscience des médecins, un autre débat sociétal s’ouvre : la fin de vie. Deux remarques préalables :
Je ne méconnais pas les souffrances qui accompagnent souvent la fin de vie et la nécessité de les apaiser ;
J’estime que ce sujet est trop délicat pour les certitudes, et surtout pour le militantisme.
Cependant, ce projet gouvernemental français demeure troublant, même si on a proscrit le terme « mourir dans la dignité », une expression affreuse selon moi, qui condamnait à l’indignité ceux qui ne veulent pas mourir – « aide à mourir », c’est tout de même mieux. Une précision: contrairement à ce qui a pu être entendu, le projet ne proscrit pas le suicide assisté. Ce dernier demeure ouvert à ceux qui ne peuvent pas s’administrer le produit eux-mêmes. Avant d’aborder ce qui se passe en France, évoquons les expériences étrangères. On observe qu’on commence toujours par des lois très restrictives, et puis finalement, on ouvre au fur et à mesure à de plus en plus de cas… Ainsi au Canada, depuis 2016, des patients atteints de maladies incurables peuvent demander l’assistance au suicide, et désormais on discute pour l’ouvrir aux mineurs de plus de 12 ans (!) et aux malades mentaux. En outre, de nombreux cas révèlent une pression exercée sur les vieux dans ce pays, conduits à se sentir inutiles. On a aussi accordé l’euthanasie à un homme qui ne supportait pas le bruit dans une maison de retraite. Et en Belgique, on s’en souvient, on a aidé une adolescente à mourir. Tout cela n’est pas très encourageant.
Cependant, sous prétexte qu’il y a des excès, ne faut-il rien faire ?
Mais on ne fait pas rien ! Primo, il faut mettre le paquet sur les soins palliatifs, deuxio la loi Claeys-Leonetti règle déjà énormément de cas, tertio – pardon de le rappeler – aucune loi n’interdit le suicide. Enfin, une forme d’euthanasie ou d’aide au départ, cela se pratique déjà, au cas par cas, dans le secret des médecins, des familles et des soignants. Certes, c’est injuste pour ceux qui n’ont ni famille ni médecin, ni le courage ou la capacité de se suicider. Oui. La vie est injuste, la mort aussi. Il y a dans tous ces projets un hubris prométhéen, une naïveté progressiste dans la croyance qu’on peut inverser au bout du chemin tout ce qui a déraillé avant. Il sera toujours plus facile de mourir aimé et entouré que seul. Va-t-on faire une loi contre la solitude ?
Une de « Charlie Hebdo », actuellement en vente.
La dernière chose qu’on doit encadrer c’est la mort
Vous me direz que, puisque ça se pratique dans le secret des hôpitaux il faut bien un cadre. Eh bien non ! La dernière chose qu’on doit encadrer, c’est la mort. Peut-être que mon prochain ou mes proches peuvent m’aider à mourir. Mais, s’il vous plait, pas l’État. Si l’État peut me garantir une mort douce, pourquoi ne devrait-il pas aussi assurer mon bonheur ? Bien mourir ou être heureux ne sont pas des droits constitutionnels. On ne peut pas rendre la mort cool, ni la faire entrer dans des protocoles. C’est notre dernière manifestation de souveraineté et de liberté. On ne peut pas la confier aux bureaucrates.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez notre directrice de la rédaction du lundi au jeudi dans la matinale de Patrick Roger.
Que ne feraient pas certains hommes politiques pour obtenir le vote musulman? Attention, toutefois, malgré les immunités des parlementaires, à ne pas s’aventurer en zone trop dangereuse juridiquement, conseille cette tribune.
La liste des Insoumis aux élections de juin a été dévoilée mercredi dernier. Elle accueille en septième place une activiste pro-palestinienne au profil plutôt sulfureux, Rima Hassan[1]. Précisons d’emblée que son positionnement lui assure un possible siège au Parlement européen. La présence de cette militante associative de 32 ans, conforte le soutien inconditionnel apporté par LFI aux Palestiniens et à Gaza, une façon d’élargir son audience dans l’électorat musulman. Cette femme, diplômée en droit international humanitaire, milite pour une Palestine « de la mer au Jourdain ». Ce slogan entonné régulièrement par l’OLP et le Hamas implique de facto le démantèlement de l’État d’Israël tel qu’il existe. Et donc la disparition de cet Etat.
Le Parlement européen, parce que je le vaux bien
Rima Hassan est proche du député LFI David Guiraud. Elle était même à ses côtés lorsque celui-ci lors d’une visite à Tunis en novembre 2023 déclara : « Le bébé dans le four, ça a été fait, c’est vrai, par Israël, la maman éventrée, ça a été fait, c’est vrai, par Israël. ». Par sa simple présence elle a cautionné les propos. L’hebdomadaire Marianne rapporte aussi que, lors d’une autre conférence, toujours en novembre, à la question « Le Hamas mène une action légitime ? », Rima Hassan a répondu : « Vrai ». Tout n’est-il pas dit ? On rajoutera également qu’étant donné que LFI refuse obstinément de considérer le Hamas comme un groupe terroriste, Rima Hassan est sur le même axe. Cette dernière a acquis une certaine notoriété droitdel’hommiste, qui lui valut voici quelques années d’être nommée ambassadrice pour L’Oréal. Mais avec son engagement pro-palestinien et donc anti-israélien, le vent a tourné. Le 8 novembre dernier, L’Oréal a préféré suspendre le contrat qui les liait.
Le 17 janvier, c’est l’eurodéputé LFI Younous Omarjee qui déposait un amendement proposant de remplacer le terme « terroriste », pour évoquer le Hamas, par celui de « groupes armés palestiniens ». L’amendement a été rejeté. Mais l’intéressé reste porté par LFI. En effet il figure à la très honorable deuxième place sur la liste aux européennes…
On n’en finirait pas de citer les dirigeants ou élus LFI qui ont, de près ou de loin, pris position pour le Hamas et donc contre Israël. Jean-Luc Mélenchon en tête qui est devenu, qu’on le veuille ou non, le héraut principal de l’antisémitisme (d’ultra gauche). Que ne ferait-il pas pour obtenir le vote musulman… Le compromis, ça n’est pas la compromission, c’est l’envers du fanatisme. La compromission c’est la lâcheté. Le compromis, c’est le courage (Adam Michnik).
Le Hamas est, étymologiquement, « Mouvement de résistance islamique ». Il est donc un groupe islamiste et nationaliste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée, les brigades Izz al-Din al-Qassam. Le Hamas est principalement actif dans la bande de Gaza qu’il administre seul depuis juin 2007, après sa victoire aux élections législatives de 2006 et l’éviction de l’Autorité palestinienne à la suite d’une brève guerre civile (et faute d’élections depuis). Certes au sein de l’ONU un certain nombre de pays ne classent pas le Hamas dans le groupe des organisations terroristes (Chine, Russie, Brésil, Norvège ou Suisse). Certes quasiment aucun des pays arabo-musulmans, d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie ne considère le Hamas comme une organisation terroriste. Bien sûr la majorité des pays d’idéologie islamiste sont dans une posture similaire en soutenant même financièrement le Hamas (Iran, Syrie, Qatar, Algérie, Afghanistan).
Discours franchement très troublant du député @GuiraudInd sur l’attaque du 7 octobre et sur la montée de l’antisémitisme en France… Discours encore plus troublant quand on sait qu’il est tenu en Tunisie. https://t.co/dLxsBls8YVpic.twitter.com/nMqpNoetZb
En revanche le Hamas est classé comme organisation terroriste par une trentaine de pays, quasi-exclusivement occidentaux, notamment les États-Unis, le Canada, l’Union européenne (dont la France), le Royaume-Uni, l’Australie ou encore le Japon. Précisons que pour le président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller, le Hamas n’est pas un groupe terroriste mais « un groupe palestinien armé coupable de crime de guerre » avant de préciser que cette qualification était « plus précise » et donc plus utile en droit international. Il a même estimé que le terrorisme n’était pas un concept juridique. Quelle idiotie ! Rappelons-lui que l’Assemblée générale des Nations unies a réaffirmé cette définition en janvier 2006 (résolution 60/43), définissant les actes de terrorisme comme des « actes criminels conçus ou calculés pour terroriser l’ensemble d’une population, un groupe de population ou certaines personnes à des fins politiques ». Cela s’appelle une définition de droit international. Par ailleurs n’en déplaise à Amnesty International qui sait cohabiter avec quelques mouvements islamistes, l’UE source de normes juridiques incontestables a émis pas moins d’une quinzaine de conventions et protocoles depuis les années 70. Notamment l’article 2 de la convention pour la répression des attentats terroristes à l’explosif prévoit que « commet une infraction toute personne qui illicitement et intentionnellement livre, pose, ou fait exploser ou détonner un engin explosif ou autre engin meurtrier dans ou contre un lieu public, une installation gouvernementale ou une autre installation publique, un système de transport public ou une infrastructure dans l’intention de provoquer la mort ou des dommages corporels graves, ou dans l’intention de causer des destructions massives de ce lieu, de cette installation, de ce système ou de cette infrastructure, lorsque ces destructions entraînent ou risquent d’entraîner des pertes économiques considérables ». A la suite des terribles attentats de 2001 qui frappèrent New-York, l’UE renforça encore sa réglementation.
Si l’on considère, basiquement, que le terrorisme est l’emploi de la terreur à des fins idéologiques, politiques ou religieuses, on ne peut que conclure de façon incontestable que le samedi 7 octobre 2023, à 7h30 (heure française), les terroristes du Hamas déclenchent l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » contre Israël et font près de 1300 morts. Et combien de centaines de blessés. Et des otages bien entendu. Ce sont des attentats mais aussi des actes de barbarie. On a même pu parler de pogrom. Rappelons que Pogrom est un mot russe signifiant « dévaster, démolir violemment ». Historiquement, le terme désigne des attaques violentes commises sur des Juifs par des populations locales non-juives dans l’Empire russe et dans d’autres pays. Le premier incident à avoir été appelé pogrom serait l’émeute anti-juive d’Odessa en 1821. Donc le terrorisme étant un crime, le Hamas étant constitué de terroristes, il s’agit bien d’un groupe terroriste.
Alors lorsque des personnalités politiques françaises, a fortiori élues, pactisent de près ou de loin avec le Hamas comme c’est le cas de Mme Hassan, M. Omarjee, ou encore M. Guiraud voire M. Mélenchon, cela s’apparente pour nous à l’incrimination pénale d’intelligence avec l’ennemi ou de trahison. Bien entendu, les condamnations sont rares au titre de « l’intelligence avec une puissance étrangère », mais elles s’appliquent aussi bien aux civils qu’aux militaires, en temps de paix ou de guerre. Nous estimons que leurs comportements et leurs discours oscillent entre intelligence et la collaboration avec l’ennemi. Selon l’article 411-4 du Code Pénal : le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende. Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France (Chapitre Ier : De la trahison et de l’espionnage … (Articles 411-1 à 411-11)).
Le crime de « haute trahison » n’existe plus dans le code pénal, il existait dans l’ancien (articles 75 et 76), qui datait de 1810 et a été abrogé le 1er mars 1994.
Nous estimons que par leurs comportements et leurs discours, certains élus de LFI (mais il en est d’autres) ainsi que de nombreux dirigeants de ce parti d’extrême-gauche tombent sous le coup de l’art. 411-4 du CP. Depuis quelques années l’ennemi c’est le Hamas et son armée de terroristes. Raymond Barre avait eu cette phrase lors de la campagne présidentielle de 1988 alors qu’on l’interrogeait sur Le Pen : « on ne mange pas avec le diable même avec une longue cuillère ». Eh bien avec ce mouvement terroriste, il en va de même. Tous ceux et celles qui, d’une façon ou d’une autre, se réfèrent au Hamas ou le soutiennent depuis le 7 Octobre dernier, entretiennent incontestablement des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou une organisation étrangère. D’autant plus quand cette puissance, cette entreprise ou cette organisation, est financée à 70% par l’Iran (berceau du terrorisme), qui arrose également le Hezbollah libanais et diverses milices chiites en Syrie et en Irak.
Donc il ne manque plus qu’un peu de courage politique et judiciaire pour s’attaquer à toutes celles et ceux qui, de près ou de loin, estiment que le Hamas est bien plus fréquentable qu’Israël. Celles et ceux qui estiment aussi que même s’il a terrorisé et tué atrocement des centaines d’innocents (notamment des femmes et des enfants), ce n’était pas un acte terroriste mais revendicatif. Que s’il reste des otages, ils sont suspects de subversion contre la cause palestinienne… Et ce qu’il faut aussi bien voir chez ces gens-là, c’est que leur discours pro-Hamas, devient de facto antisémite. Et comme LFI a l’oreille d’une grande partie de l’électorat musulman dans les banlieues, le risque est immense de voir une contamination dans ces coins souvent perdus de la République…. Jean-Luc Mélenchon et ses affidés comptent là-dessus.
On le sait les députés français bénéficient de ce qu’on appelle l’immunité (art. 26 C), basée sur l’irresponsabilité et l’inviolabilité. Dans le premier cas : « aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions ». Précisons que cette irresponsabilité ne couvre pas les propos tenus par le parlementaire en dehors de ses fonctions. L’inviolabilité prévoit qu’« aucun membre du Parlement ne peut faire l’objet, en matière criminelle ou correctionnelle, d’une arrestation ou de toute autre mesure privative ou restrictive de liberté qu’avec l’autorisation du Bureau de l’assemblée dont il fait partie. Cette autorisation n’est pas requise en cas de crime ou délit flagrant ou de condamnation définitive ». L’immunité parlementaire ne fait pas obstacle à l’ouverture d’une enquête, ni même à l’engagement des poursuites. Mais pour que ces derniers aient lieu, il faut déclencher une procédure spécifique de levée de l’immunité parlementaire. A notre sens, contre les députés LFI, c’est envisageable et même nécessaire. Ce serait même salvateur pour notre démocratie.
Nous avions saisi Mme Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, sur les dérives de députés LFI suite aux attentats du 7 octobre. Elle n’a jamais jugé utile de nous répondre.
Parfois les gouvernants « doivent montrer qu’ils en ont. Je parle des nerfs bien entendu. » (Charles Pasqua)
Selon des rumeurs persistantes, l’interprète du tube Djadja serait pressentie pour chanter lors de la Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques cet été. Il est supposé que la chanteuse y interprète une chanson d’Édith Piaf. Comme un tel choix provoque le grand désarroi de militants identitaires, le grand cirque de l’antiracisme est ouvert !
Non, rien de rien
En France tout ne finit pas en chanson, mais en polémique. L’ « affaire Aya Nakamura », on s’en serait bien passé. Cette polémique est partie en flèche, alors que personne n’a officiellement confirmé que la chanteuse revisiterait Edith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Ce choix putatif, révélé par L’Express[1], a suscité une salve de critiques, notamment dans les rangs de la droite identitaire. La chanteuse franco-malienne a été huée au meeting de « Reconquête ! » à Paris dimanche, quoique beaucoup moins que François Hollande. Je déteste les huées, c’est le signal faible de la barbarie. Mais dites « Zemmour » dans un meeting LFI, et vous verrez également du pays… Un groupuscule appelé Les Natifs – qui semble être une nouvelle émanation de Génération identitaire – a posté ce commentaire « Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako ! »
👉 « Y’a pas moyen Aya. Ici c’est Paris, pas le marché de Bamako » : action du groupe Les Natifs (@LNatifs) hier soir à Paris pour contester le fait qu’Aya Nakamura représente la France en interprétant une chanson d’Edith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des JO 2024 à Paris. pic.twitter.com/o8Y2TeDUEl
Certes, les militants font stricto sensu référence à son origine et sa culture africaines, pas à la couleur de sa peau. Mais la différence est sans doute trop subtile pour les laver du reproche de racialisation. C’est déplorable, mais passablement insignifiant. De l’autre côté, bien sûr, la polémique a lancé un ridicule festival de postures antiracistes, faisant de cette chanteuse pour ados la nouvelle Barbara. Soudain, ils adorent tous Aya Nakamura, même si comme moi ils ne l’ont découverte qu’hier. Tout ce cirque a culminé avec le consternant numéro d’Amélie Oudéa-Castera essayant de se la jouer jeune en chantant « Djadja ». Je vous l’épargne: l’original n’est déjà pas mélodieux, mais là c’est carrément un naufrage.
Pourquoi une Noire ne pourrait-elle pas représenter la France ?
En dehors de quelques misérables insulteurs anonymes des réseaux sociaux qui ne cachent pas leur racisme, personne ne dit cela, même si quelques-uns le pensent peut-être. Évidemment, une noire native de Bamako peut parfaitement aimer et représenter la culture française. Mais on peut aussi penser qu’Aya Nakamura n’est pas le meilleur choix sans être traité de raciste. Comme l’a dit Marion Maréchal sur BFMTV, Aya Nakamura ne chante pas vraiment en français, mais dans un sabir mélangeant l’argot des cités, le verlan et le dialecte des rues africaines. « Suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça ». Vous m’enverrez la traduction… Vous me direz que le yéyé da-doo ron ron, ce n’était guère plus intello. Je vous le concède. Mais le problème c’est que derrière Aya Nakamura, il y a un choix idéologique. On entend représenter la France à partir des apports extérieurs ; il faut valoriser la nouvelle France. La culture française traditionnelle et majoritaire ne doit avoir aucune préséance. Cela traduit aussi un refus de l’assimilation au profit de la créolisation rêvée par Mélenchon, laquelle est une assimilation à l’envers : c’est au peuple old school de s’adapter aux nouveaux arrivants. Après tout, peut-être qu’Aya Nakamura fera taire ses détracteurs et me décevra en bien en nous offrant une belle interprétation classique d’un standard français. De toute façon, elle aura du mal à faire aussi tarte que la Marseillaise truffée de niaiseries féministes que nous a infligée Catherine Ringer le 8 mars…
Les adversaires de l’accord bilatéral entre Paris et Kiev estiment que nous ne devons pas mourir pour l’Ukraine. Leur principal argument consiste à dire que c’est l’OTAN – dans laquelle la France est engagée – qui a provoqué les Russes. C’est tout à fait inexact, rappelle Gil Mihaely, qui estime qu’il faut soutenir l’Ukraine pour ne pas avoir à subir demain d’autres crises encore plus proches de nous.
L’accord bilatéral de sécurité entre Paris et Kiev, signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le 16 février à l’Elysée, a fait l’objet d’un débat et d’un vote à l’Assemblée nationale, hier. Il comprend un renforcement de la coopération militaire entre nos deux nations, notamment concernant l’artillerie et l’aérien, et court sur 10 ans. Alors qu’ils accusent le président Macron d’utiliser la question ukrainienne dans un but électoraliste en vue des européennes de juin, les députés de l’opposition « Insoumis » ont voté contre, et le RN s’est abstenu. La France octroie 3 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine en 2024, une somme que certains dans l’opposition estiment déraisonnable. Quant au rôle passé de l’OTAN vis-à-vis de la Russie, il est sans cesse décrié.
Dans un article publié ici même, notre ami Didier Desrimais expose une vision très problématique des origines de la guerre ukrainienne : « les États-Unis en premier lieu, ont joué, durant ces trois dernières décennies, une partition géopolitique navrante vis-à-vis des dirigeants et du peuple russes qui se sont sentis humiliés par des États pensant les avoir réduits à faire de la figuration sur la scène internationale après la chute de l’empire soviétique ». Il s’agit essentiellement de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est de l’Europe pour inclure des anciennes RSS (les trois Républiques baltes) ainsi que d’anciens membres de l’alliance de Varsovie. Les arguments avancés s’appuient sur des interprétations des différents échanges et négociations entre Américains (et Occidentaux) et Russes. Deux exemples : « Sur France Culture, lors de l’émission Répliques du 2 mars, Pierre Lellouche, ex-président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, a rappelé comment la Russie avait officiellement demandé à la mi-décembre 2021 que soit entérinée, en échange du maintien de la souveraineté ukrainienne et de l’ouverture de négociations pour sortir de la crise du Donbass, la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Américains et Européens décident alors d’humilier les Russes en ignorant purement et simplement leur requête, en n’y répondant pas et en laissant planer le doute. Hubert Védrine parlera d’une ‘provocation dangereuse’. Le 24 février 2022, les troupes russes pénètrent en Ukraine ». Tout d’abord ces faits ne sont que des bruits de couloir diplomatiques présentés comme la vérité révélée. En revanche, il est quasiment certain, bien avant mi-décembre 2021, que la Russie se prépare à envahir l’Ukraine. C’est pour cette raison que le chef de la CIA a été envoyé à Moscou début novembre 2021 pour en parler directement avec Poutine. La visite et son objectif sont des faits. Quant à la motivation de l’invasion, Poutine lui-même l’avait expliquée dans un article qu’il a publié le 12 juillet 2021 sur le site du gouvernement russe. Dans l’essai titré De l’unité historique des Russes et des Ukrainiens, Poutine remet en question l’existence même de l’Ukraine en tant que nation distincte et soutient que son gouvernement actuel est contrôlé par les Occidentaux. Il ne met pas en avant la question des alliances et oublie complètement l’instance de sa diplomatie concernant le respect de la souveraineté des Etats et son opposition au droit d’ingérence évoqué dans les années 1990 et 2000 pour justifier des intentions militaires dans les Balkans ou en Syrie. Quant à la demande de s’engager à ce que l’Ukraine n’intègre pas l’OTAN, cet engagement a déjà été donné à Poutine en 2008-2009 par les Français et les Allemands après la crise géorgienne. En 2009 le projet de bouclier antimissile, décrié par la Russie, a été abandonné par les Etats-Unis. En 2009 également, l’administration Obama avait annoncé son virage vers l’Indopacifique (pour contrer la Chine) aux dépens de l’Alliance atlantique. Ces annonces ont été accompagnées de faits : après le démantèlement du pacte de Varsovie, le nombre de soldats américains a chuté de 300 000 à 100 000 en 1995, et 63000 à partir de 2008. La présence de troupes otaniennes dans les trois Républiques baltes à la fin des années 2020 était de quelques 3000 hommes (1000 pour chaque pays) seulement. Quant au matériel, le tableau est identique : en 1989, il y avait 5 000 chars de l’armée américaine en Allemagne. Au cours des 25 années suivantes, les forces américaines en Europe ont été progressivement réduites. En 2013, la dernière brigade blindée américaine basée en Allemagne a été fermée, ne laissant plus un seul char de l’armée américaine sur le sol européen.
Quand Chirac voyait l’OTAN comme une clé de la stabilité avec la Russie
Un autre point contentieux souvent évoqué est le projet de boucliers antimissiles balistiques. L’idée surgit en 2002 et consiste à déployer sur le sol européen, notamment en Pologne, des éléments permettant de détecter et intercepter des missiles lancés à partir de l’Iran. Après sept ans de débats et face à une opposition russe soutenue par la France et l’Allemagne, le président Obama a décidé en 2009 d’abandonner le projet. La crise et la guerre en Géorgie pendant l’été 2008 ont abouti à un engagement franco-allemand d’arrêter l’élargissement de l’OTAN.
Pour ce qui concerne l’aide militaire à l’Ukraine, les informations publiées par le Congrès des Etats-Unis dressent le même tableau. En 2016 la valeur de l’aide (matériel et entraînement) s’est élevée à 310 millions de dollars, en 2017 à 250 M$, en 2018 à 290 M$, en 2019 à 230 M$, en 2020 à 370M$, et en 2021, dernière année avant l’invasion, à 390 M$. Pour pouvoir contextualiser ces chiffres, en 2023, une année pleine de guerre et d’aide américaine, la valeur de celle-ci s’est élevée à 12,6 Milliards $. Ces données sont claires : les Etats-Unis n’ont pas été engagés dans un effort massif et urgent de transformer l’armée ukrainienne. Il s’agissait essentiellement de la formation des troupes d’élite et des missiles antichar portatifs Javelin. L’envoi de pièces d’artillerie a été annoncé six semaines après l’invasion.
Comme il a été bien annoncé au président ukrainien le 19 février 2022, pendant la 58eme conférence sur la sécurité de Munich, Washington et l’OTAN estimaient, comme Poutine, que la Russie allait battre l’Ukraine et la soumettre et qu’ils n’avaient pas l’intention d’intervenir pour l’empêcher. C’est l’échec russe et le succès ukrainien qui ont changé la donne.
Le tableau est donc clair : si un certain nombre d’initiatives, de mesures et de déclarations auraient pu légitimement inquiéter les Russes, rien, strictement rien sur le terrain ne pouvait soutenir l’hypothèse qu’une alliance militaire puissante était en train de les encercler. Au contraire, les Américains retiraient leurs hommes et leurs équipements lourds ; les différents pays membres de l’OTAN négligeaient sérieusement leurs armées. La France, par exemple, a mis fin à la conscription et avait consciemment laissé dépérir ses capacités à mener une guerre conventionnelle de grande intensité. L’armée britannique n’a cessé de diminuer ainsi que celle de l’Allemagne. En fait, aux yeux de nombreux leaders européens, l’OTAN était devenue une structure essentiellement politique. Ce fut le cas d’un certain Jacques Chirac. Dans une conférence en 19971, Pascal Boniface rappelle qu’en décembre 1995, avant le retour de la France au Comité militaire de l’OTAN, Chirac avait déclaré qu’il était « évident que l’OTAN [devait] s’élargir vers l’Est ». Mais, il avait ajouté que « nous devions veiller à conclure avec les Russes un accord qui permette cet engagement sans les menacer ni les humilier ».
Et effectivement Chirac a tenu parole. Quelques jours plus tard, lors d’une rencontre avec le Premier ministre russe Viktor Tchernomyrdine, le président français aurait décrit « l’élargissement progressif » de l’OTAN comme « une clé de la stabilité en Europe » dont l’architecture de sécurité devait reposer, comme auparavant, sur… « l’Alliance atlantique, le pilier européen et la Russie ». En septembre 1996, dans un discours devant le parlement polonais, Chirac réitère son souhait de voir la Pologne entrer dans l’OTAN et promet son aide pour une entrée dans l’Union européenne dès l’an 2000. Quelques mois plus tard, en janvier 1997, Chirac livre un vibrant plaidoyer pour l’adhésion de la Hongrie à l’UE mais aussi à une OTAN « rénovée et élargie, facteur essentiel de la nouvelle architecture de sécurité européenne ». Et ce n’est pas fini ! En février 1997, Chirac affirme sa conviction que la Roumanie ferait partie de la première vague d’entrants dans l’OTAN, malgré – tenez-vous bien – …« l’obstacle américain » ! « La France sera l’avocate de la Roumanie », va-t-il promettre lors d’une visite d’Etat à Bucarest. Oui. Les Américains n’en voulaient pas ! Mais Chirac, avec le feu vert des Russes, voulait alors élargir encore l’OTAN, pour diluer l’influence américaine et pour créer un espace de manœuvre élargi pour la France. Chirac ne cache pas sa logique. Lors d’une visite en République tchèque en avril 1997, il explique au président Vaclav Havel que « l’Alliance est une priorité qui facilitera l’adhésion à l’UE et que l’entrée dans l’OTAN sera donc prioritaire par rapport à l’entrée dans l’Union ». Quelques semaines plus tard, en mai 1997, lors de la visite en France du président bulgare, Chirac déclare que la France « soutiendra activement l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne autant que son entrée dans l’OTAN ». UE/OTAN – dans l’esprit de Chirac – et très probablement des Russes avec lesquels il est en contact permanent pour vérifier que sa politique d’élargissement ne leurs pose pas de problème – c’est presque la même chose car l’Alliance atlantique est en train de perdre son objectif militaire. Selon Boniface, la France de Chirac « est passée d’une position de réticence à l’égard de l’élargissement à une position de soutien total à une expansion qui ne serait limitée ni par la préférence américaine pour la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, ni par le désir de l’Allemagne de s’arrêter avec ses voisins. Les responsables français ayant rejeté la nécessité de définir les limites de l’élargissement à ce stade, l’accent a été mis sur l’article 10 du traité de Washington, qui invite ‘tout autre État européen capable d’aider au développement des principes du présent traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord’ – une définition qui pourrait potentiellement s’appliquer à tous les candidats potentiels à l’adhésion à l’OTAN ».
Non seulement Clinton n’a pas un plan antirusse, mais dans le contexte de la fin des années 1990, parmi ceux qui dirigeaient l’Europe, les Etats-Unis et la Russie, l’OTAN, sans changer de nom, était en train de changer de sens. Et ce sont Chirac, Charrette et probablement Villepin qui sont à la manœuvre.
C’est Poutine qui refuse la négociation !
Enfin il y a l’histoire des négociations de paix entre Ukrainiens et Russes dans les jours et les semaines après l’invasion russe.
Dmitri Kozak DR.
Et voici la version russe présentée dans le texte de Didier Desrimais : « Un mois après le début des hostilités, alors que Volodomyr Zelensky se dit prêt à négocier directement avec Vladimir Poutine, le petit télégraphiste de Washington, Boris Johnson, se rend à Kiev pour demander au président ukrainien de ne rien négocier du tout, l’assurant du soutien inconditionnel, en armes et en argent, des Américains et des Britanniques. Dès le début, les Américains voient dans ce conflit un moyen radical pour séparer l’Europe occidentale, surtout l’Allemagne, de la Russie ». Le problème avec ce paragraphe est qu’au mieux c’est une interprétation, une hypothèse et non pas, comme les choses présentées, un fait du même ordre que le retrait de tous les chars américains du sol européen. Ainsi, selon une information publiée par l’agence Reuters, l’homme politique russe Dmitri Kozak (un proche de Poutine basé à Saint Pétersbourg, ancien ministre et vice Premier ministre jusqu’en 2020, et ensuite haut fonctionnaire au Kremlin) a un avis complétement différent de cette affaire. En septembre 2022, Kozak (né dans la RSS d’Ukraine) déclare que « au début de la guerre, [il] avait conclu un accord provisoire avec Kiev qui satisferait la demande de la Russie que l’Ukraine reste en dehors de l’OTAN. Il l’avait dit à Poutine mais ce dernier a rejeté l’accord ». Kozak pensait que l’accord qu’il avait conclu éliminait la nécessité pour la Russie de poursuivre la guerre et l’occupation à grande échelle de l’Ukraine. Ainsi, bien que Poutine ait soutenu les négociations auparavant, le président russe a clairement fait savoir à Kozak, que les concessions négociées par lui n’allaient pas assez loin et qu’il avait élargi ses objectifs pour y inclure l’annexion de pans entiers du territoire ukrainien. Résultat : l’accord a été abandonné. Cette version a été corroborée par des informations publiées fin mars 2022 selon lesquelles, lors des pourparlers avec la Russie en Turquie, l’Ukraine aurait proposé d’adopter un statut de neutralité en échange de garanties de sécurité, ce qui signifie qu’elle ne rejoindrait pas d’alliances militaires et n’accueillerait pas de bases militaires. Les Ukrainiens proposaient également une période de consultation de 15 ans sur le statut de la Crimée annexée. Le négociateur ukrainien, Oleksander Chaly, a déclaré que si l’Ukraine parvenait « à consolider ces dispositions clés, qui sont pour nous les plus fondamentales, l’Ukraine serait en mesure de fixer son statut actuel d’État non membre d’un bloc et non nucléaire sous la forme d’une neutralité permanente ».
Pour mieux comprendre le contexte, arrêtons-nous sur le calendrier des négociations entre les deux parties. Pendant les premières heures de l’invasion, la partie russe a proclamé qu’elle était toujours « disposée à discuter ». Cependant, ses conditions pour mettre fin à la guerre équivalaient à une capitulation totale et à la dissolution de l’État ukrainien avec les fameuses « dé-nazification » et « démilitarisation ». En d’autres termes, l’Ukraine devait changer de régime selon le goût de Moscou ! Kiev a refusé, conditionnant les pourparlers à un cessez-le-feu. Zelensky a ensuite demandé à Poutine d’accepter des pourparlers directs immédiats. Finalement, la partie ukrainienne a accepté d’envoyer une délégation à Gomel, en Biélorussie, le 28 février. D’autres réunions ont eu lieu, les 3 et 7 mars. Par la suite, les pourparlers se sont poursuivis en ligne. Le 10 mars, les deux ministres des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba et Sergueï Lavrov, se sont rencontrés à Ankara. Le 29 mars, les délégations se sont retrouvées à Istanbul et la partie ukrainienne y a présenté le « communiqué d’Istanbul », un plan en dix points pour un cessez-le-feu, avec l’engagement d’une neutralité ukrainienne permanente. Les points de désaccord restants devaient être résolus lors d’une réunion du Conseil de l’Europe au cours d’une rencontre entre les deux présidents. Ce texte par ailleurs n’inclut pas la demande ukrainienne d’un retrait des forces russes derrière la ligne de contact à compter du 23 février 2022. Des participants aux pourparlers ont souligné – corroborant ainsi les propos attribués à Dmitry Kozak – que les dix points avaient fait l’objet d’un accord préalable entre les parties et qu’il aurait pu constituer la base d’un règlement négocié. Autrement dit, les négociateurs ont réussi et un accord a été rédigé. Il ne restait que le feu vert de Poutine. Or, au lendemain de la réunion d’Istanbul (le 30 mars), le Kremlin a catégoriquement rejeté le document et effectivement, le lendemain, lors d’un appel téléphonique avec le Premier ministre italien Mario Draghi, Poutine a déclaré que les conditions d’un cessez-le-feu en Ukraine n’étaient pas encore réunies. La première visite de Boris Johnson à Kiev a eu lieu une semaine plus tard, le 7 avril, quand les négociations avaient donc déjà échoué par la volonté de Poutine. Pas de « télégraphiste » donc, mais plutôt un dirigeant russe qui aurait utilisé les négociations pour semer la confusion chez ses adversaires et gagner du temps pour son armée qui était en train de redéployer ses forces et se remettre de l’échec de la première phase de l’opération spéciale. Et bien sûr, on peut supposer qu’en ce début de printemps 2022, Poutine ne voulait pas arrêter l’opération et rester sur un échec, ce qui aurait constitué un risque politique important pour lui.
L’OTAN – qui dans les années 2000-2010 est une structure moribonde composée de pays en déclin militaire et incapables de menacer la Russie – et la neutralité ukrainienne ne sont donc qu’un prétexte.
L’objectif était et reste toujours la transformation de l’Ukraine en Biélorussie, version XXIe siècle d’une RSS. Derrière cet objectif, il y a une idée : les Empires ont un « droit de glacis », et les voisins des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie doivent se soumettre. Autrement dit, contrairement à l’Espagne, l’Ukraine n’est pas libre de choisir son camp et de décider de sa défense nationale. Ce principe est bien évidement fondé sur le rapport de force et ne définit pas quel niveau de soumission est acceptable. Ainsi en 1940, la Finlande a négocié par les armes une soumission plus douce que les pays du sud Caucase en 1920 ou le bloc soviétique après 1945. Et si les Finlandais l’ont fait, c’est parce que les Russes (rouges, blancs ou noirs) ont un point aveugle : le sentiment national des autres. Comme les Tzars, Lénine et Staline, pour Poutine les peuples n’existent pas, ce ne sont que des manipulations des services secrets. Le Printemps arabe ? Un coup monté par la CIA et George Soros. Maïdan ? Victoria Nuland, bien sûr ! Et enfin, l’Ukraine : ce n’est qu’une province russe et les Ukrainiens une sorte de Berrichons qui ne connaissent pas leur place… Or, contrairement à ce que croit Poutine, ce n’est pas un débat d’historiens ou d’anthropologues, et le problème n’est pas de prouver que l’Ukraine n’existe pas. L’Ukraine existe car 31 000 Ukrainiens sont morts sur les champs de bataille au nord, au sud et à l’ouest de leur pays. Comme les Finlandais ils ne veulent pas se soumettre à la Russie. Ils sont prêts à des compromis à définir et l’ont démontré pendant les négociations en 2022. Or, les Russes qui se sont déjà lourdement trompés en 1945 – le glacis créé par Staline contre la volonté des petites nations s’est écroulé 45 ans plus tard- persistent, contre le sage conseil de Talleyrand, à s’assoir sur des baïonnettes.
Et en quoi tout cela nous regarde ? C’est assez simple. Notre défense nationale s’appuie sur deux principaux piliers : le premier est composé du nucléaire et de nos armées, le deuxième de nos alliances. Or, notre principale alliance, l’OTAN, est composée entre autres, des pays baltes, de la Pologne, de la Tchéquie, de la Roumanie et de quelques autres. Et le problème est que la guerre en Ukraine apporte des éléments très convaincants démontrant que Poutine souhaite retrouver l’entiéreité du fameux glacis de l’URSS, aux dépens des alliés que nous avons librement choisis pour notre propre sécurité. L’hypothèse prudente et responsable est donc de penser que Poutine, une fois l’Ukraine « bielorussifiée », déstabiliserait la Roumanie (par la Moldovie et la Transnistrie), les pays baltes par leurs minorités russophones et la Pologne par tous les moyens possibles. Dans ce sens, la demande russe à ce que l’OTAN retrouve son périmètre de 1997 – date de l’invitation de la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie à rejoindre l’Alliance – n’a rien de rassurant quant à l’avenir des anciens « malgré-nous » du pacte de Varsovie.
Poutine a commis une erreur. Il a donné des éléments suffisants pour dévoiler ses véritables objectifs en lançant le 24 février 2022 ce qui devait être un coup de maître. Et il a aussitôt après raté son affaire et nous a donné le temps et l’opportunité de relever le défi dans des circonstances qu’il n’a pas choisies et avec, à nos côtés, un peuple ukrainien prêt à se battre. Si nous faisons confiance à Poutine, nous risquons, si nous commettons une erreur de jugement, de nous retrouver sans les Ukrainiens face à une Russie victorieuse qui choisira les conditions des prochaines crises.
À l’heure où Aya Nakamura – chanteuse jusqu’alors surtout connue pour ses couplets salmigondesques – est envisagée pour interpréter du Piaf lors de la Cérémonie d’ouverture des JO1, et où Rachida Dati – ministre de la Culture fraîchement convertie aux joies du « progressisme » – souhaite un lieu dédié aux « grands sportifs issus de l’immigration »2, tout rappel de l’histoire glorieuse de notre nation dans les fictions ou dans l’art fait l’objet de vives critiques. Dans cette tribune, Romain Maréchal s’en indigne.
« La France Rance ! » « Le Puy du Fourbe ! » « Netflix identitaire ! » Autant d’articles et de unes qui ont cherché à dénigrer des initiatives artistiques profondément enracinées. Pourquoi une certaine presse militante s’emploie-t-elle avec autant de zèle à traquer le moindre projet voulant mettre à l’honneur la culture française ? On le sait depuis Gramsci : aux yeux de la gauche, l’hégémonie culturelle représente la mère de toutes les batailles politiques. Au cinéma ou dans les livres, à l’école ou dans les médias, les “progressistes” la mènent partout et sans répit. Ils imposent leur nébuleuse conception du Bien, entretiennent l’amnésie historique de nos enfants, et modèlent l’imaginaire d’un peuple dont ils entendent convertir les consciences à leurs dogmes post-modernes. La religion diversitaire ayant succédé à l’effondrement de l’utopie marxiste, les partisans de cette nouvelle gauche s’emploient depuis 50 ans à transformer la société avec pour muse cette chimère démiurgique de l’homme nouveau.
La nouvelle révolution culturelle
Animés aujourd’hui par l’idéal saugrenu d’un homme déconstruit, déraciné, libéré de tous les carcans « réactionnaires » du passé, les partisans de cette idéologie multiculturaliste et progressiste sont les acteurs d’une révolution culturelle dont les conséquences désastreuses ne peuvent aujourd’hui plus qu’être déplorées, à défaut de pouvoir être contestées : submersion migratoire, explosion de l’insécurité, islamisation de nos territoires, chute du niveau scolaire, paupérisation croissante… Et j’en passe. Mais une révolution a ceci de caractéristique qu’elle ne tolère pas la protestation. Dût-elle constater son échec, loin de faire marche arrière, elle se radicalise.
Face à cette tentative d’éradication de l’identité de la nation française, plusieurs citoyens ont investi le terrain métapolitique dans l’optique de renverser la vapeur en renouant le lien amoureux qui unit le peuple français à son histoire et à sa culture. Pensant avoir l’exclusivité des thématiques culturelles, les gardiens de la nouvelle morale nous gratifient systématiquement de leurs réactions épidermiques. « Le Puy du Fourbe ! », titre ainsi Libération à la veille de la sortie du film Vaincre ou Mourir produit par le Puy du Fou. Les premières lignes de l’éditorial consacré à ce long métrage sont éloquentes quant à la terreur que leur inspire la remise en cause de leur monopole idéologique sur le monde culturel : « C’est un petit signe supplémentaire à ne pas sous-estimer : la sortie mercredi en salles du film Vaincre ou Mourir, premier long-métrage de la société de production Puy du Fou Films, est un indice de plus qui accrédite l’existence d’une offensive conservatrice actuellement en France. » Dans la même veine, alors même qu’Épopée, la plateforme vidéo de streaming dédiée au rayonnement de la culture française que j’ai fondée, n’était pas encore disponible pour le grand public, la même officine s’étranglait en dénonçant avant l’heure un « Netflix identitaire ». Plus largement, on se souvient de l’autodafé de Guillaume Tion à l’encontre de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby à Paris en septembre dernier dans son article Allez la Rance! Le péché des organisateurs de ce spectacle : mettre en valeur le terroir, l’artisanat, l’art de vivre à la française.
Toutes ces invectives nous rappellent une leçon d’histoire : le cinéma, la littérature, le théâtre ou encore le spectacle sont, comme pour tout régime tenté par la domination sur les esprits, des outils de propagande dont le rôle est de magnifier les idéologies nouvelles. La culture doit être politisée à défaut de promouvoir le beau, en se mettant au service d’une réécriture multiculturaliste de l’histoire et en projetant des psychoses qui légitiment certains discours politiques.
Nouveaux dogmes
Dans ce contexte, des sketchs des « Inconnus » au film « La cage aux folles », combien d’œuvres artistiques auraient-elles aujourd’hui réussi à passer le crible des impératifs idéologiques dictés par les inquisiteurs de la bien-pensance aux sociétés de production ? Puisqu’il faut se soumettre au paradigme imposé par la gauche dogmatique pour avoir une chance d’être produit, les auteurs de scénarios intériorisent les interdits et se conforment : le risque de censure engendre l’autocensure. Tout dérapage idéologique doit être sanctionné et corrigé, la presse de gauche y veille. Comme le disait Trotsky, « les journaux sont pour nous une arme ».
C’est pourquoi ces commissaires politiques du XXIe siècle qui déversent leurs fantasmes de progressistes tourmentés sur les ondes du service public ou dans des médias privés largement subventionnés par le contribuable, ne peuvent tolérer l’émergence d’entrepreneurs et d’artistes enracinés dont la réussite pourrait signer la mise en échec progressive de leur programme idéologique.
Romain Maréchal est fondateur de la société de production audiovisuelle enracinée, LA POINTE DE L’ÉPÉE et d’ÉPOPÉE, “la première plateforme de vidéo 100% française”. L’ancienne députée Marion Maréchal est sa soeur aînée. Photo DR.
Le défi majeur est de poursuivre ce travail d’émancipation intellectuelle face aux diktats de ces maîtres chanteurs. Comprendre qui nous sommes et d’où nous venons, perpétuer les rêves, les aspirations et les prouesses de nos ancêtres, défendre cet héritage civilisationnel à l’origine de la grandeur et de la prospérité de la France. Et ainsi continuer d’entretenir une vision optimiste pour l’avenir. En nous engageant et en agissant dans toutes les strates de la société, nous pourrons réparer et conserver cette chaîne de transmission si précieuse à l’épanouissement des jeunes générations et celles à venir. C’est pourquoi il en va de la survie de notre nation de proclamer haut et fort que, oui, nous sommes fiers d’être français !
Le film de Léa Todorov est une longue publicité pour les écoles Montessori. On peut tout à fait se dispenser de son visionnage.
Et un biopic de plus, un, et circonstance aggravante, consacré à une figure iconique de l’éducation alternative : Maria Montessori. Sous le titre radicalement modeste de La Nouvelle Femme, la cinéaste Léa Todorov nous livre un film tout droit sorti des studios d’Épinal, haut lieu des images convenues et convenables. Ce « sainte Maria, éduquez-les » déploie durant une heure quarante la pieuse légende d’une pionnière pédagogique en proie, bien évidemment, à une abominable communauté scientifique et éducative à la fois italienne et patriarcale.
On reste quand même sidéré par le caractère partisan et unilatéral du propos. Comme si la méthode Montessori allait de soi, comme si elle ne faisait pas l’objet de critiques récurrentes, comme si ses limites n’avaient pas été maintes fois mises en avant. De nos jours, sans réel contrôle, sans cadre breveté et estampillé, les écoles Montessori prospèrent allégrement et ce film ressemble à un étrange dépliant publicitaire sans l’ombre d’un soupçon d’esprit critique.
On l’a connu ministre de l’Education nationale de Sarkozy, se dandinant sur le lipdub de l’UMP. On l’a vu chahuté sur le plateau du Grand Journal, grand-messe bobo des années 2010. Mais Xavier Darcos est d’abord un agrégé de lettres classiques, et depuis 2013, un académicien ! Dans Tacite, ses vérités sont les nôtres (Les Belles Lettres), il revient pour nous aux temps troublés des deux premiers siècles, non sans dresser quelques ponts avec notre époque.
Tibère. Caligula. Claude. Néron. Trajan. Ce sont les principaux empereurs qui se succèdent du vivant de Tacite (58-120 ap JC), personnages au cœur des Annales et des Histoires. Ils ont laissé à la postérité des réputations plus ou moins flatteuses. « Vers la fin du Ier siècle, l’historien latin s’interroge sur le destin du monde. Il fait la revue des mœurs collectives et des caractères privés, révèle les calculs et les manœuvres des acteurs politiques, décrit la folie contagieuse, provoquée par la volonté de puissance, tout en se souvenant d’une cause déjà perdue : l’idéal républicain » de Rome. Car la République, malgré son expansion méditerranéenne (ou peut-être à cause d’elle), n’a guère survécu aux luttes intestines entre les factions. Le nouveau régime monarchique a été instauré par Auguste, au prix d’un sévère recul de la classe sénatoriale, à laquelle appartient Tacite. Ce dernier trouve un refuge dans le stoïcisme et l’écriture de l’histoire. L’Empire n’a pourtant pas totalement restauré la paix civile. Pour la seule année 69, quatre empereurs se succèdent.
Tacite ethnologue
L’historien observe le délitement en cours avec une truculence laconique. Au sujet de Galba, éphémère empereur romain, Tacite écrit : « … exempt de vices plutôt que doué de vertus, il était jugé par tous comme capable de gouverner l’empire, s’il n’avait pas été empereur ». Tacite est aussi, en quelque sorte, avec son ouvrage sur la Germanie, l’inventeur de l’ethnologie. Chez les Barbares primaires, Tacite retrouve malgré tous les vertus et la frugalité de la Rome des origines. Mais à Rome, les airs graves des statues de la période précédente, les « vieux bougons rouspéteurs » ont laissé place à la décontraction morale, au « luxe grec et oriental » et aux meurtres sordides… Pour décrire l’horreur, Tacite recourt à l’humour noir, remède puissant en temps troublés. Xavier Darcos nous dit que, « de toute façon, les comparaisons avec les problèmes que nous connaissons aujourd’hui sont hasardeuses » et en même temps, les va-et-vient avec le temps présent sont un peu la promesse du titre du livre.
Bien sûr, quand on lit que Caligula nomme son cheval consul, qu’Agrippine, seconde épouse de Claude, assassine la famille impériale à coup de plats de champignons empoisonnés, que Néron, déguisé en canaille, descend la nuit tombée pour molester les passants, à la manière d’un Alex DeLarge, on se dit que nos mœurs politiques sont plus tranquilles – au moins en Occident.
L’air de rien…
Pourtant, au détour d’une phrase, Xavier Darcos exprime des opinions plutôt décapantes sur notre époque. En fait, l’ancien ministre fait partie des gens bien élevés et cultivés qui, tout en commentant des textes latins du Ier siècle, expriment l’air de rien des points de vue politiquement peu corrects. Sur les vagues migratoires germaniques qui s’installent le long du limes, et qui finiront quelques siècles plus tard par faire effondrer le régime romain, Darcos écrit : « L’arrivée massive d’un prolétariat immigré, chassé de chez lui par la misère, n’implique pas automatiquement un apport culturel ou un enrichissement intellectuel ». Suivez mon regard. Sur la langue, défendue par Tacite, il lâche carrément : « Il n’est donc pas nécessaire de s’extasier, comme s’il s’agissait de salutaires îlots de résistance, devant les écarts de langage, tels argots grossiers, verlans, sabirs des banlieues, slams, charabias, ni de se pencher avec révérences sur les borborygmes agressifs des rappeurs ». Monsieur Darcos passera sans doute un excellent moment quand Aya Nakamura reprendra les chansons Edith Piaf lors des JO l’été prochain.
L’Art de la joie, de Goliarda Sapienza est un livre culte – aussi puissant que, par exemple, Sous le volcan de Malcolm Lowry. Il est devenu un spectacle culte. Que s’est-il passé ?
Elles sont assez rares, les adaptations (théâtre ou cinéma) qui sont à la hauteur de l’œuvre adaptée. Citons-en une, parce qu’elle est magistrale : Les Noces rebelles, de Sam Mendes, adaptation cinématographique de La Fenêtre panoramique du romancier américain Richard Yates – les deux sont inoubliables.
Love story aussi est un film que l’on chérit, comme on avait beaucoup aimé le livre d’Erich Segal (vous savez : « Aimer, c’est ne jamais avoir à dire qu’on est désolé ») – Segal, professeur de Lettres Classiques à Harvard, Yale, puis Princeton, devenu l’auteur de cette petite merveille (pour qui l’a lu, bien sûr ; pas pour celui ou celle qui en a entendu parler, a sa petite idée à son propos – « petite » étant ici le mot important).
L’Art de la joie, livre-fleuve dément (800 pages en poche), écrit à Rome entre 1967 et 1976, fut publié, posthume, en 1998 : Sapienza (1924-1996) était morte deux ans auparavant. Vingt-cinq ans plus tard, ceux qui l’ont lu l’ont rangé parmi les chefs d’œuvre du XXème siècle. Une expérience de lecture mémorable.
Ambre Kahan, quasi inconnue de 38 ans, dont c’est seulement le deuxième spectacle, a pris le risque de l’adaptation et de la mise en scène – « risque » au carré, d’une ambition qui impressionne et oblige.
Et puis elle a explosé. Du jour au lendemain, de la veille… au soir de la « première », elle aussi est devenue culte. Nous n’oublierons pas Ambre Kahan – vous non plus, vous verrez : l’avenir lui est offert, et grand ouvert.
Inoubliable Noémie Gantier
C’est l’histoire d’une vie, celle de Modesta, née dans un petit village sicilien en 1900, dont on suit la trajectoire, de l’orphelinat à l’accomplissement. De la découverte de la sexualité à celle de l’amour. De la conquête du pouvoir et de ses aléas. Destin de Modesta, femme solaire, puissante – tellement incarnée dans le roman, tellement singulière, ambitieuse, audacieuse, insolente, ingrate : libre, et unique. Kahan a travaillé plus de cinq ans pour aboutir à « ça ». Définissons « ça » – ce chef d’œuvre.
« Ça », par exemple, c’est qu’il ne sera plus possible de relire L’Art de la joie, sans se remémorer Bobigny 2024, l’épiphanie Kahan, et ses 13 comédiens et comédiennes (pour 32 personnages) – une distribution impeccable où il est difficile de ne pas « isoler » Noémie Gantier-Modesta. Elle est éblouissante et de toutes les scènes (drôles, voire burlesques, crues, douloureuses, nues), dans tous les registres (sensuelle, forte, pathétique, cassante, amoureuse) – comme la Modesta de Sapienza. Nous ne la connaissions pas. Nous l’avion vue une fois ou deux, sans retenir son nom. Elle est, elle aussi, devenue inoubliable. Kahan et Sapienza lui offrent un texte puissant qu’elle sert avec une puissance égale. On a rarement vu cela. Habitée : Noémie Gantier était habitée par son rôle le soir où nous l’avons vue. Précisons que TOUS les comédiens (et comédiennes, oui) étaient à l’unisson.
On a éprouvé la préméditation, la concertation, l’attention – la minutie obsessionnelle de Kahan qui a, évidence, beaucoup travaillé et demandé à sa troupe. Et beaucoup reçu : celle-ci donne tout en effet – et on l’éprouve aussi : cette densité, cette intensité, cette nécessité de chaque scène, ce trouble, cette porosité entre la vie (de la troupe) et le roman (de Sapienza). Ils ne jouent pas : ils vivent les scènes. Cliché ? Vous n’avez pas vu Noémie Gantier et ses acolytes sur la scène de Bobigny.
Faut-il que ce spectacle vienne de loin – pour marquer autant… (Kahan a dit les résonances intimes puissantes que ce roman figurait pour elle et on n’en doute pas).
Précision de taille
Nous avons omis une précision de taille : il dure 5H30. Vous imaginez ? 800 personnes (jauge de la MC Bobigny) dans un silence de cathédrale – pendant 5H (entracte 30 mn). Et Noémie Gantier, de toutes les scènes. Au début, tout le monde est assis. A la fin, tout le monde est debout : cela s’appelle une standing ovation. Étonnant, rare – et irrépressible. La seule façon pour un public conquis, édifié, de dire sa gratitude. Ou son admiration – pour employer un mot que l’on ne galvaude pourtant pas. Comment ne pas dire MERCI, après avoir TANT reçu ? C’est ce qu’on a ressenti alors. Il fallait dire MERCI – et la salle s’est levée. Les comédiens et les comédiennes sont venus saluer. Certains, dans la salle, étaient très émus, voire plus : bouleversés, oui. On se souvient.
Avec Austerlitz, de Gaëlle Bourges, L’Art de la joie d’Ambre Kahan a donc vitrifié ce début d’année théâtral. Il est certain – zéro doute – que Kahan refera parler d’elle. Les 5H de cette adaptation de L’Art de la joie ne représentent qu’une (bonne) partie du livre : la suite et la fin sont à venir et Kahan y travaille, dit-on. Gageons que l’ouverture du Festival d’Avignon 2025 lui est promise. On prend les paris.
NB L’Art de la Joie a été publié une première fois en 2005 chez Viviane Hamy. Depuis 2015, toute l’œuvre de Goliarda Sapienza est disponible aux éditions Le Tripode. Deux titres viennent de paraître, derniers inédits ou presque : Destins piégés et Le Fil de Midi.
L’Art de la Joie, d’Ambre Kahan, MC 93 à Bobigny.Coproduction avec le Théâtre Nanterre-Amandiers. Représentations terminées (hélas). Tournée à venir. 16/03 – 17 / 03 / 2024 L’ Azimut / Antony – Châtenay-Malabry 28/03 – 29 / 03 / 2024 Malraux SN de Chambéry 11/10 – 12 / 10 / 2024 Châteauvallon-Liberté SN
Un atelier controversé, prévu à Mérignac (Gironde) du 26 février au 1ᵉʳ mars, a été annulé au grand dam des consciences molles. Dommage pour les quatre élèves qui étaient inscrits.
Les dirigeants de la maison des jeunes et de la culture de Mérignac (33) avaient prévu pour les vacances scolaires un atelier drag-queen destiné aux ados de 11 à 17 ans. Programme alléchant : port de talons aiguilles, perruques carnavalesques, maquillage à la truelle et, surtout les yeux, le regard. Langoureux et habité, je suppose. Rien de plus urgent à enseigner aux enfants, bien sûr.
Le bon sens gagne
Le but affiché : casser les codes. On pourrait croire que le bon sens a gagné parce que l’animation a été annulée. Que nenni ! Le retrait décidé par les organisateurs eux-mêmes revêt en fait, de leur point de vue, le doux parfum d’une victoire, l’occasion en or de se poser en martyrs du progressisme. Ils ont cédé, assurent-ils, devant les oppositions de l’association Parents vigilants d’Éric Zemmour et d’un mouvement catholique. Une aubaine ! Pensez, cathos et fachos tout contre !
Sauf que bien d’autres parents-citoyens s’y opposaient. La contestation venant de la droite-droite, quelques consciences molles – toujours paniquées à la perspective de rater le train du conformisme ambiant – n’allaient pas manquer d’unir leurs voix à celle des dépités. Leur argument, formulé dans Franc-tireur : « Il n’existe aucun précédent d’agression sexuelle par une drag-queen[1] ». Faux. Trois cas parmi d’autres : août 2023, la police britannique arrête Andrew Way, alias Miss Gin, pour pédophilie en ligne. Le 16 février, dans l’Oregon, la police interpelle pour pédopornographie Adam Westbrook, militant du mouvement LGBT les Sœurs de l’indulgence perpétuelle, parodie obscène de l’Église catholique. À Houston, Albert Alfonso Garcia, alias Tiana Maia Nina, a été démasqué en tant que pédophile déjà condamné, après des prestations dans une bibliothèque publique en 2017 et 2018 – et avant un passage à l’acte éventuel. Surtout cette pseudo-défense est totalement hors sujet. Ce que redoutaient les opposants de Mérignac n’était pas une agression, mais la sexualisation excessive et orientée des jeunes sujets. Ce qui est aussi une forme d’agression.
Coup de gueule contre ces professeurs dysfonctionnels de l’Éducation nationale, qui, non contents de discréditer la profession, font surtout souffrir les élèves sans être jamais inquiétés !
Certains professeurs ont une chance infinie que notre système scolaire soit ce qu’il est. Une pomme pourrie. En collège, lui prolonge son arrêt maladie sans être malade, et ses élèves n’ont pas cours depuis trois mois. Il est payé bien sûr. Lui fait remarquer quotidiennement à des Noirs qu’ils sont noirs, à des Arabes qu’ils ont un nom imprononçable, voire pire. Mille fois signalé, jamais inquiété. Elle, accuse les gamins d’être nuls : en véritable Cassandre, elle décrète qu’ils seront au mieux caissiers ou éboueurs. Ou livreurs. Pour elle, les Noirs sentent. Encore eux. Pas de problème, à la suite de cela, on l’a nommée dans un lycée prestigieux, plus clair. Moins peuple. Elle (car l’école n’est pas épargnée), profite de s’occuper de tout petits enfants pour les molester. Les bébés ça pleure de toute façon, alors qui saura? Lui, et lui, et elle… Inutile de continuer à faire son Pétain. L’idée est là, d’ailleurs connue de tous. Des profs sévères, très sévères, trop sévères voire parfaitement injustes sont légion. C’est le jeu, après tout. Ça forge. La vie n’est pas un bonbon et l’autorité est nécessaire. Mais ceux-là, non. Comment peut-on continuer à tolérer leurs pratiques? Est-ce parce qu’il n’y a plus de profs en réserve que l’on doit garder tout le monde, coûte que coûte ? Des enfants souffrent. On brandit les cours d’empathie sur les apprentissages, pour se donner bonne conscience, et on laisse sévir des adultes qui n’ont pour eux ni la vocation, ni le respect. Que transmettent-ils ? Et que génèrent-ils ? De l’insolence, de la violence, un sentiment d’humiliation, d’abandon, une méfiance permanente envers l’adulte. Peut-être ces profs souffrent-ils eux-mêmes. Un divan de psy fera l’affaire alors. Pas une classe de jeunes en devenir, à qui l’on doit montrer l’exemple, que l’on doit instruire, accompagner et aider à grandir. Le fonctionnariat est un état confortable, que beaucoup de pays nous envient. C’est surtout dans l’Éducation nationale un système qui, lorsqu’il dérive, peut se révéler sacrificiel et éhontément verrouillé. Un professeur dysfonctionnel, violent, raciste y est protégé. En tout cas jamais renvoyé. On le change d’établissement tout au plus. Le ver reste dans le fruit, indéboulonnable. De nombreux professeurs ont vraiment besoin d’être soutenus. Ils vont mal : pas de vague. D’autres sont la honte de notre métier. Ils vont bien : pas d’inquiétude.
Le projet d’aide à mourir suscite beaucoup de réactions. Quelle est celle d’Elisabeth Lévy ?
Alors qu’après la constitutionnalisation de l’IVG, certains parlent déjà de revoir la clause de conscience des médecins, un autre débat sociétal s’ouvre : la fin de vie. Deux remarques préalables :
Je ne méconnais pas les souffrances qui accompagnent souvent la fin de vie et la nécessité de les apaiser ;
J’estime que ce sujet est trop délicat pour les certitudes, et surtout pour le militantisme.
Cependant, ce projet gouvernemental français demeure troublant, même si on a proscrit le terme « mourir dans la dignité », une expression affreuse selon moi, qui condamnait à l’indignité ceux qui ne veulent pas mourir – « aide à mourir », c’est tout de même mieux. Une précision: contrairement à ce qui a pu être entendu, le projet ne proscrit pas le suicide assisté. Ce dernier demeure ouvert à ceux qui ne peuvent pas s’administrer le produit eux-mêmes. Avant d’aborder ce qui se passe en France, évoquons les expériences étrangères. On observe qu’on commence toujours par des lois très restrictives, et puis finalement, on ouvre au fur et à mesure à de plus en plus de cas… Ainsi au Canada, depuis 2016, des patients atteints de maladies incurables peuvent demander l’assistance au suicide, et désormais on discute pour l’ouvrir aux mineurs de plus de 12 ans (!) et aux malades mentaux. En outre, de nombreux cas révèlent une pression exercée sur les vieux dans ce pays, conduits à se sentir inutiles. On a aussi accordé l’euthanasie à un homme qui ne supportait pas le bruit dans une maison de retraite. Et en Belgique, on s’en souvient, on a aidé une adolescente à mourir. Tout cela n’est pas très encourageant.
Cependant, sous prétexte qu’il y a des excès, ne faut-il rien faire ?
Mais on ne fait pas rien ! Primo, il faut mettre le paquet sur les soins palliatifs, deuxio la loi Claeys-Leonetti règle déjà énormément de cas, tertio – pardon de le rappeler – aucune loi n’interdit le suicide. Enfin, une forme d’euthanasie ou d’aide au départ, cela se pratique déjà, au cas par cas, dans le secret des médecins, des familles et des soignants. Certes, c’est injuste pour ceux qui n’ont ni famille ni médecin, ni le courage ou la capacité de se suicider. Oui. La vie est injuste, la mort aussi. Il y a dans tous ces projets un hubris prométhéen, une naïveté progressiste dans la croyance qu’on peut inverser au bout du chemin tout ce qui a déraillé avant. Il sera toujours plus facile de mourir aimé et entouré que seul. Va-t-on faire une loi contre la solitude ?
Une de « Charlie Hebdo », actuellement en vente.
La dernière chose qu’on doit encadrer c’est la mort
Vous me direz que, puisque ça se pratique dans le secret des hôpitaux il faut bien un cadre. Eh bien non ! La dernière chose qu’on doit encadrer, c’est la mort. Peut-être que mon prochain ou mes proches peuvent m’aider à mourir. Mais, s’il vous plait, pas l’État. Si l’État peut me garantir une mort douce, pourquoi ne devrait-il pas aussi assurer mon bonheur ? Bien mourir ou être heureux ne sont pas des droits constitutionnels. On ne peut pas rendre la mort cool, ni la faire entrer dans des protocoles. C’est notre dernière manifestation de souveraineté et de liberté. On ne peut pas la confier aux bureaucrates.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez notre directrice de la rédaction du lundi au jeudi dans la matinale de Patrick Roger.
David Guiraud, Taha Bouhafs et Rima Hassan, Tunisie, 10 novembre 2023. Image: capture YouTube.
Que ne feraient pas certains hommes politiques pour obtenir le vote musulman? Attention, toutefois, malgré les immunités des parlementaires, à ne pas s’aventurer en zone trop dangereuse juridiquement, conseille cette tribune.
La liste des Insoumis aux élections de juin a été dévoilée mercredi dernier. Elle accueille en septième place une activiste pro-palestinienne au profil plutôt sulfureux, Rima Hassan[1]. Précisons d’emblée que son positionnement lui assure un possible siège au Parlement européen. La présence de cette militante associative de 32 ans, conforte le soutien inconditionnel apporté par LFI aux Palestiniens et à Gaza, une façon d’élargir son audience dans l’électorat musulman. Cette femme, diplômée en droit international humanitaire, milite pour une Palestine « de la mer au Jourdain ». Ce slogan entonné régulièrement par l’OLP et le Hamas implique de facto le démantèlement de l’État d’Israël tel qu’il existe. Et donc la disparition de cet Etat.
Le Parlement européen, parce que je le vaux bien
Rima Hassan est proche du député LFI David Guiraud. Elle était même à ses côtés lorsque celui-ci lors d’une visite à Tunis en novembre 2023 déclara : « Le bébé dans le four, ça a été fait, c’est vrai, par Israël, la maman éventrée, ça a été fait, c’est vrai, par Israël. ». Par sa simple présence elle a cautionné les propos. L’hebdomadaire Marianne rapporte aussi que, lors d’une autre conférence, toujours en novembre, à la question « Le Hamas mène une action légitime ? », Rima Hassan a répondu : « Vrai ». Tout n’est-il pas dit ? On rajoutera également qu’étant donné que LFI refuse obstinément de considérer le Hamas comme un groupe terroriste, Rima Hassan est sur le même axe. Cette dernière a acquis une certaine notoriété droitdel’hommiste, qui lui valut voici quelques années d’être nommée ambassadrice pour L’Oréal. Mais avec son engagement pro-palestinien et donc anti-israélien, le vent a tourné. Le 8 novembre dernier, L’Oréal a préféré suspendre le contrat qui les liait.
Le 17 janvier, c’est l’eurodéputé LFI Younous Omarjee qui déposait un amendement proposant de remplacer le terme « terroriste », pour évoquer le Hamas, par celui de « groupes armés palestiniens ». L’amendement a été rejeté. Mais l’intéressé reste porté par LFI. En effet il figure à la très honorable deuxième place sur la liste aux européennes…
On n’en finirait pas de citer les dirigeants ou élus LFI qui ont, de près ou de loin, pris position pour le Hamas et donc contre Israël. Jean-Luc Mélenchon en tête qui est devenu, qu’on le veuille ou non, le héraut principal de l’antisémitisme (d’ultra gauche). Que ne ferait-il pas pour obtenir le vote musulman… Le compromis, ça n’est pas la compromission, c’est l’envers du fanatisme. La compromission c’est la lâcheté. Le compromis, c’est le courage (Adam Michnik).
Le Hamas est, étymologiquement, « Mouvement de résistance islamique ». Il est donc un groupe islamiste et nationaliste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée, les brigades Izz al-Din al-Qassam. Le Hamas est principalement actif dans la bande de Gaza qu’il administre seul depuis juin 2007, après sa victoire aux élections législatives de 2006 et l’éviction de l’Autorité palestinienne à la suite d’une brève guerre civile (et faute d’élections depuis). Certes au sein de l’ONU un certain nombre de pays ne classent pas le Hamas dans le groupe des organisations terroristes (Chine, Russie, Brésil, Norvège ou Suisse). Certes quasiment aucun des pays arabo-musulmans, d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie ne considère le Hamas comme une organisation terroriste. Bien sûr la majorité des pays d’idéologie islamiste sont dans une posture similaire en soutenant même financièrement le Hamas (Iran, Syrie, Qatar, Algérie, Afghanistan).
Discours franchement très troublant du député @GuiraudInd sur l’attaque du 7 octobre et sur la montée de l’antisémitisme en France… Discours encore plus troublant quand on sait qu’il est tenu en Tunisie. https://t.co/dLxsBls8YVpic.twitter.com/nMqpNoetZb
En revanche le Hamas est classé comme organisation terroriste par une trentaine de pays, quasi-exclusivement occidentaux, notamment les États-Unis, le Canada, l’Union européenne (dont la France), le Royaume-Uni, l’Australie ou encore le Japon. Précisons que pour le président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller, le Hamas n’est pas un groupe terroriste mais « un groupe palestinien armé coupable de crime de guerre » avant de préciser que cette qualification était « plus précise » et donc plus utile en droit international. Il a même estimé que le terrorisme n’était pas un concept juridique. Quelle idiotie ! Rappelons-lui que l’Assemblée générale des Nations unies a réaffirmé cette définition en janvier 2006 (résolution 60/43), définissant les actes de terrorisme comme des « actes criminels conçus ou calculés pour terroriser l’ensemble d’une population, un groupe de population ou certaines personnes à des fins politiques ». Cela s’appelle une définition de droit international. Par ailleurs n’en déplaise à Amnesty International qui sait cohabiter avec quelques mouvements islamistes, l’UE source de normes juridiques incontestables a émis pas moins d’une quinzaine de conventions et protocoles depuis les années 70. Notamment l’article 2 de la convention pour la répression des attentats terroristes à l’explosif prévoit que « commet une infraction toute personne qui illicitement et intentionnellement livre, pose, ou fait exploser ou détonner un engin explosif ou autre engin meurtrier dans ou contre un lieu public, une installation gouvernementale ou une autre installation publique, un système de transport public ou une infrastructure dans l’intention de provoquer la mort ou des dommages corporels graves, ou dans l’intention de causer des destructions massives de ce lieu, de cette installation, de ce système ou de cette infrastructure, lorsque ces destructions entraînent ou risquent d’entraîner des pertes économiques considérables ». A la suite des terribles attentats de 2001 qui frappèrent New-York, l’UE renforça encore sa réglementation.
Si l’on considère, basiquement, que le terrorisme est l’emploi de la terreur à des fins idéologiques, politiques ou religieuses, on ne peut que conclure de façon incontestable que le samedi 7 octobre 2023, à 7h30 (heure française), les terroristes du Hamas déclenchent l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » contre Israël et font près de 1300 morts. Et combien de centaines de blessés. Et des otages bien entendu. Ce sont des attentats mais aussi des actes de barbarie. On a même pu parler de pogrom. Rappelons que Pogrom est un mot russe signifiant « dévaster, démolir violemment ». Historiquement, le terme désigne des attaques violentes commises sur des Juifs par des populations locales non-juives dans l’Empire russe et dans d’autres pays. Le premier incident à avoir été appelé pogrom serait l’émeute anti-juive d’Odessa en 1821. Donc le terrorisme étant un crime, le Hamas étant constitué de terroristes, il s’agit bien d’un groupe terroriste.
Alors lorsque des personnalités politiques françaises, a fortiori élues, pactisent de près ou de loin avec le Hamas comme c’est le cas de Mme Hassan, M. Omarjee, ou encore M. Guiraud voire M. Mélenchon, cela s’apparente pour nous à l’incrimination pénale d’intelligence avec l’ennemi ou de trahison. Bien entendu, les condamnations sont rares au titre de « l’intelligence avec une puissance étrangère », mais elles s’appliquent aussi bien aux civils qu’aux militaires, en temps de paix ou de guerre. Nous estimons que leurs comportements et leurs discours oscillent entre intelligence et la collaboration avec l’ennemi. Selon l’article 411-4 du Code Pénal : le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende. Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France (Chapitre Ier : De la trahison et de l’espionnage … (Articles 411-1 à 411-11)).
Le crime de « haute trahison » n’existe plus dans le code pénal, il existait dans l’ancien (articles 75 et 76), qui datait de 1810 et a été abrogé le 1er mars 1994.
Nous estimons que par leurs comportements et leurs discours, certains élus de LFI (mais il en est d’autres) ainsi que de nombreux dirigeants de ce parti d’extrême-gauche tombent sous le coup de l’art. 411-4 du CP. Depuis quelques années l’ennemi c’est le Hamas et son armée de terroristes. Raymond Barre avait eu cette phrase lors de la campagne présidentielle de 1988 alors qu’on l’interrogeait sur Le Pen : « on ne mange pas avec le diable même avec une longue cuillère ». Eh bien avec ce mouvement terroriste, il en va de même. Tous ceux et celles qui, d’une façon ou d’une autre, se réfèrent au Hamas ou le soutiennent depuis le 7 Octobre dernier, entretiennent incontestablement des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou une organisation étrangère. D’autant plus quand cette puissance, cette entreprise ou cette organisation, est financée à 70% par l’Iran (berceau du terrorisme), qui arrose également le Hezbollah libanais et diverses milices chiites en Syrie et en Irak.
Donc il ne manque plus qu’un peu de courage politique et judiciaire pour s’attaquer à toutes celles et ceux qui, de près ou de loin, estiment que le Hamas est bien plus fréquentable qu’Israël. Celles et ceux qui estiment aussi que même s’il a terrorisé et tué atrocement des centaines d’innocents (notamment des femmes et des enfants), ce n’était pas un acte terroriste mais revendicatif. Que s’il reste des otages, ils sont suspects de subversion contre la cause palestinienne… Et ce qu’il faut aussi bien voir chez ces gens-là, c’est que leur discours pro-Hamas, devient de facto antisémite. Et comme LFI a l’oreille d’une grande partie de l’électorat musulman dans les banlieues, le risque est immense de voir une contamination dans ces coins souvent perdus de la République…. Jean-Luc Mélenchon et ses affidés comptent là-dessus.
On le sait les députés français bénéficient de ce qu’on appelle l’immunité (art. 26 C), basée sur l’irresponsabilité et l’inviolabilité. Dans le premier cas : « aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions ». Précisons que cette irresponsabilité ne couvre pas les propos tenus par le parlementaire en dehors de ses fonctions. L’inviolabilité prévoit qu’« aucun membre du Parlement ne peut faire l’objet, en matière criminelle ou correctionnelle, d’une arrestation ou de toute autre mesure privative ou restrictive de liberté qu’avec l’autorisation du Bureau de l’assemblée dont il fait partie. Cette autorisation n’est pas requise en cas de crime ou délit flagrant ou de condamnation définitive ». L’immunité parlementaire ne fait pas obstacle à l’ouverture d’une enquête, ni même à l’engagement des poursuites. Mais pour que ces derniers aient lieu, il faut déclencher une procédure spécifique de levée de l’immunité parlementaire. A notre sens, contre les députés LFI, c’est envisageable et même nécessaire. Ce serait même salvateur pour notre démocratie.
Nous avions saisi Mme Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, sur les dérives de députés LFI suite aux attentats du 7 octobre. Elle n’a jamais jugé utile de nous répondre.
Parfois les gouvernants « doivent montrer qu’ils en ont. Je parle des nerfs bien entendu. » (Charles Pasqua)
Selon des rumeurs persistantes, l’interprète du tube Djadja serait pressentie pour chanter lors de la Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques cet été. Il est supposé que la chanteuse y interprète une chanson d’Édith Piaf. Comme un tel choix provoque le grand désarroi de militants identitaires, le grand cirque de l’antiracisme est ouvert !
Non, rien de rien
En France tout ne finit pas en chanson, mais en polémique. L’ « affaire Aya Nakamura », on s’en serait bien passé. Cette polémique est partie en flèche, alors que personne n’a officiellement confirmé que la chanteuse revisiterait Edith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Ce choix putatif, révélé par L’Express[1], a suscité une salve de critiques, notamment dans les rangs de la droite identitaire. La chanteuse franco-malienne a été huée au meeting de « Reconquête ! » à Paris dimanche, quoique beaucoup moins que François Hollande. Je déteste les huées, c’est le signal faible de la barbarie. Mais dites « Zemmour » dans un meeting LFI, et vous verrez également du pays… Un groupuscule appelé Les Natifs – qui semble être une nouvelle émanation de Génération identitaire – a posté ce commentaire « Y a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako ! »
👉 « Y’a pas moyen Aya. Ici c’est Paris, pas le marché de Bamako » : action du groupe Les Natifs (@LNatifs) hier soir à Paris pour contester le fait qu’Aya Nakamura représente la France en interprétant une chanson d’Edith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des JO 2024 à Paris. pic.twitter.com/o8Y2TeDUEl
Certes, les militants font stricto sensu référence à son origine et sa culture africaines, pas à la couleur de sa peau. Mais la différence est sans doute trop subtile pour les laver du reproche de racialisation. C’est déplorable, mais passablement insignifiant. De l’autre côté, bien sûr, la polémique a lancé un ridicule festival de postures antiracistes, faisant de cette chanteuse pour ados la nouvelle Barbara. Soudain, ils adorent tous Aya Nakamura, même si comme moi ils ne l’ont découverte qu’hier. Tout ce cirque a culminé avec le consternant numéro d’Amélie Oudéa-Castera essayant de se la jouer jeune en chantant « Djadja ». Je vous l’épargne: l’original n’est déjà pas mélodieux, mais là c’est carrément un naufrage.
Pourquoi une Noire ne pourrait-elle pas représenter la France ?
En dehors de quelques misérables insulteurs anonymes des réseaux sociaux qui ne cachent pas leur racisme, personne ne dit cela, même si quelques-uns le pensent peut-être. Évidemment, une noire native de Bamako peut parfaitement aimer et représenter la culture française. Mais on peut aussi penser qu’Aya Nakamura n’est pas le meilleur choix sans être traité de raciste. Comme l’a dit Marion Maréchal sur BFMTV, Aya Nakamura ne chante pas vraiment en français, mais dans un sabir mélangeant l’argot des cités, le verlan et le dialecte des rues africaines. « Suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça ». Vous m’enverrez la traduction… Vous me direz que le yéyé da-doo ron ron, ce n’était guère plus intello. Je vous le concède. Mais le problème c’est que derrière Aya Nakamura, il y a un choix idéologique. On entend représenter la France à partir des apports extérieurs ; il faut valoriser la nouvelle France. La culture française traditionnelle et majoritaire ne doit avoir aucune préséance. Cela traduit aussi un refus de l’assimilation au profit de la créolisation rêvée par Mélenchon, laquelle est une assimilation à l’envers : c’est au peuple old school de s’adapter aux nouveaux arrivants. Après tout, peut-être qu’Aya Nakamura fera taire ses détracteurs et me décevra en bien en nous offrant une belle interprétation classique d’un standard français. De toute façon, elle aura du mal à faire aussi tarte que la Marseillaise truffée de niaiseries féministes que nous a infligée Catherine Ringer le 8 mars…
Les adversaires de l’accord bilatéral entre Paris et Kiev estiment que nous ne devons pas mourir pour l’Ukraine. Leur principal argument consiste à dire que c’est l’OTAN – dans laquelle la France est engagée – qui a provoqué les Russes. C’est tout à fait inexact, rappelle Gil Mihaely, qui estime qu’il faut soutenir l’Ukraine pour ne pas avoir à subir demain d’autres crises encore plus proches de nous.
L’accord bilatéral de sécurité entre Paris et Kiev, signé par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le 16 février à l’Elysée, a fait l’objet d’un débat et d’un vote à l’Assemblée nationale, hier. Il comprend un renforcement de la coopération militaire entre nos deux nations, notamment concernant l’artillerie et l’aérien, et court sur 10 ans. Alors qu’ils accusent le président Macron d’utiliser la question ukrainienne dans un but électoraliste en vue des européennes de juin, les députés de l’opposition « Insoumis » ont voté contre, et le RN s’est abstenu. La France octroie 3 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine en 2024, une somme que certains dans l’opposition estiment déraisonnable. Quant au rôle passé de l’OTAN vis-à-vis de la Russie, il est sans cesse décrié.
Dans un article publié ici même, notre ami Didier Desrimais expose une vision très problématique des origines de la guerre ukrainienne : « les États-Unis en premier lieu, ont joué, durant ces trois dernières décennies, une partition géopolitique navrante vis-à-vis des dirigeants et du peuple russes qui se sont sentis humiliés par des États pensant les avoir réduits à faire de la figuration sur la scène internationale après la chute de l’empire soviétique ». Il s’agit essentiellement de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est de l’Europe pour inclure des anciennes RSS (les trois Républiques baltes) ainsi que d’anciens membres de l’alliance de Varsovie. Les arguments avancés s’appuient sur des interprétations des différents échanges et négociations entre Américains (et Occidentaux) et Russes. Deux exemples : « Sur France Culture, lors de l’émission Répliques du 2 mars, Pierre Lellouche, ex-président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, a rappelé comment la Russie avait officiellement demandé à la mi-décembre 2021 que soit entérinée, en échange du maintien de la souveraineté ukrainienne et de l’ouverture de négociations pour sortir de la crise du Donbass, la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Américains et Européens décident alors d’humilier les Russes en ignorant purement et simplement leur requête, en n’y répondant pas et en laissant planer le doute. Hubert Védrine parlera d’une ‘provocation dangereuse’. Le 24 février 2022, les troupes russes pénètrent en Ukraine ». Tout d’abord ces faits ne sont que des bruits de couloir diplomatiques présentés comme la vérité révélée. En revanche, il est quasiment certain, bien avant mi-décembre 2021, que la Russie se prépare à envahir l’Ukraine. C’est pour cette raison que le chef de la CIA a été envoyé à Moscou début novembre 2021 pour en parler directement avec Poutine. La visite et son objectif sont des faits. Quant à la motivation de l’invasion, Poutine lui-même l’avait expliquée dans un article qu’il a publié le 12 juillet 2021 sur le site du gouvernement russe. Dans l’essai titré De l’unité historique des Russes et des Ukrainiens, Poutine remet en question l’existence même de l’Ukraine en tant que nation distincte et soutient que son gouvernement actuel est contrôlé par les Occidentaux. Il ne met pas en avant la question des alliances et oublie complètement l’instance de sa diplomatie concernant le respect de la souveraineté des Etats et son opposition au droit d’ingérence évoqué dans les années 1990 et 2000 pour justifier des intentions militaires dans les Balkans ou en Syrie. Quant à la demande de s’engager à ce que l’Ukraine n’intègre pas l’OTAN, cet engagement a déjà été donné à Poutine en 2008-2009 par les Français et les Allemands après la crise géorgienne. En 2009 le projet de bouclier antimissile, décrié par la Russie, a été abandonné par les Etats-Unis. En 2009 également, l’administration Obama avait annoncé son virage vers l’Indopacifique (pour contrer la Chine) aux dépens de l’Alliance atlantique. Ces annonces ont été accompagnées de faits : après le démantèlement du pacte de Varsovie, le nombre de soldats américains a chuté de 300 000 à 100 000 en 1995, et 63000 à partir de 2008. La présence de troupes otaniennes dans les trois Républiques baltes à la fin des années 2020 était de quelques 3000 hommes (1000 pour chaque pays) seulement. Quant au matériel, le tableau est identique : en 1989, il y avait 5 000 chars de l’armée américaine en Allemagne. Au cours des 25 années suivantes, les forces américaines en Europe ont été progressivement réduites. En 2013, la dernière brigade blindée américaine basée en Allemagne a été fermée, ne laissant plus un seul char de l’armée américaine sur le sol européen.
Quand Chirac voyait l’OTAN comme une clé de la stabilité avec la Russie
Un autre point contentieux souvent évoqué est le projet de boucliers antimissiles balistiques. L’idée surgit en 2002 et consiste à déployer sur le sol européen, notamment en Pologne, des éléments permettant de détecter et intercepter des missiles lancés à partir de l’Iran. Après sept ans de débats et face à une opposition russe soutenue par la France et l’Allemagne, le président Obama a décidé en 2009 d’abandonner le projet. La crise et la guerre en Géorgie pendant l’été 2008 ont abouti à un engagement franco-allemand d’arrêter l’élargissement de l’OTAN.
Pour ce qui concerne l’aide militaire à l’Ukraine, les informations publiées par le Congrès des Etats-Unis dressent le même tableau. En 2016 la valeur de l’aide (matériel et entraînement) s’est élevée à 310 millions de dollars, en 2017 à 250 M$, en 2018 à 290 M$, en 2019 à 230 M$, en 2020 à 370M$, et en 2021, dernière année avant l’invasion, à 390 M$. Pour pouvoir contextualiser ces chiffres, en 2023, une année pleine de guerre et d’aide américaine, la valeur de celle-ci s’est élevée à 12,6 Milliards $. Ces données sont claires : les Etats-Unis n’ont pas été engagés dans un effort massif et urgent de transformer l’armée ukrainienne. Il s’agissait essentiellement de la formation des troupes d’élite et des missiles antichar portatifs Javelin. L’envoi de pièces d’artillerie a été annoncé six semaines après l’invasion.
Comme il a été bien annoncé au président ukrainien le 19 février 2022, pendant la 58eme conférence sur la sécurité de Munich, Washington et l’OTAN estimaient, comme Poutine, que la Russie allait battre l’Ukraine et la soumettre et qu’ils n’avaient pas l’intention d’intervenir pour l’empêcher. C’est l’échec russe et le succès ukrainien qui ont changé la donne.
Le tableau est donc clair : si un certain nombre d’initiatives, de mesures et de déclarations auraient pu légitimement inquiéter les Russes, rien, strictement rien sur le terrain ne pouvait soutenir l’hypothèse qu’une alliance militaire puissante était en train de les encercler. Au contraire, les Américains retiraient leurs hommes et leurs équipements lourds ; les différents pays membres de l’OTAN négligeaient sérieusement leurs armées. La France, par exemple, a mis fin à la conscription et avait consciemment laissé dépérir ses capacités à mener une guerre conventionnelle de grande intensité. L’armée britannique n’a cessé de diminuer ainsi que celle de l’Allemagne. En fait, aux yeux de nombreux leaders européens, l’OTAN était devenue une structure essentiellement politique. Ce fut le cas d’un certain Jacques Chirac. Dans une conférence en 19971, Pascal Boniface rappelle qu’en décembre 1995, avant le retour de la France au Comité militaire de l’OTAN, Chirac avait déclaré qu’il était « évident que l’OTAN [devait] s’élargir vers l’Est ». Mais, il avait ajouté que « nous devions veiller à conclure avec les Russes un accord qui permette cet engagement sans les menacer ni les humilier ».
Et effectivement Chirac a tenu parole. Quelques jours plus tard, lors d’une rencontre avec le Premier ministre russe Viktor Tchernomyrdine, le président français aurait décrit « l’élargissement progressif » de l’OTAN comme « une clé de la stabilité en Europe » dont l’architecture de sécurité devait reposer, comme auparavant, sur… « l’Alliance atlantique, le pilier européen et la Russie ». En septembre 1996, dans un discours devant le parlement polonais, Chirac réitère son souhait de voir la Pologne entrer dans l’OTAN et promet son aide pour une entrée dans l’Union européenne dès l’an 2000. Quelques mois plus tard, en janvier 1997, Chirac livre un vibrant plaidoyer pour l’adhésion de la Hongrie à l’UE mais aussi à une OTAN « rénovée et élargie, facteur essentiel de la nouvelle architecture de sécurité européenne ». Et ce n’est pas fini ! En février 1997, Chirac affirme sa conviction que la Roumanie ferait partie de la première vague d’entrants dans l’OTAN, malgré – tenez-vous bien – …« l’obstacle américain » ! « La France sera l’avocate de la Roumanie », va-t-il promettre lors d’une visite d’Etat à Bucarest. Oui. Les Américains n’en voulaient pas ! Mais Chirac, avec le feu vert des Russes, voulait alors élargir encore l’OTAN, pour diluer l’influence américaine et pour créer un espace de manœuvre élargi pour la France. Chirac ne cache pas sa logique. Lors d’une visite en République tchèque en avril 1997, il explique au président Vaclav Havel que « l’Alliance est une priorité qui facilitera l’adhésion à l’UE et que l’entrée dans l’OTAN sera donc prioritaire par rapport à l’entrée dans l’Union ». Quelques semaines plus tard, en mai 1997, lors de la visite en France du président bulgare, Chirac déclare que la France « soutiendra activement l’entrée de la Bulgarie dans l’Union européenne autant que son entrée dans l’OTAN ». UE/OTAN – dans l’esprit de Chirac – et très probablement des Russes avec lesquels il est en contact permanent pour vérifier que sa politique d’élargissement ne leurs pose pas de problème – c’est presque la même chose car l’Alliance atlantique est en train de perdre son objectif militaire. Selon Boniface, la France de Chirac « est passée d’une position de réticence à l’égard de l’élargissement à une position de soutien total à une expansion qui ne serait limitée ni par la préférence américaine pour la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, ni par le désir de l’Allemagne de s’arrêter avec ses voisins. Les responsables français ayant rejeté la nécessité de définir les limites de l’élargissement à ce stade, l’accent a été mis sur l’article 10 du traité de Washington, qui invite ‘tout autre État européen capable d’aider au développement des principes du présent traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord’ – une définition qui pourrait potentiellement s’appliquer à tous les candidats potentiels à l’adhésion à l’OTAN ».
Non seulement Clinton n’a pas un plan antirusse, mais dans le contexte de la fin des années 1990, parmi ceux qui dirigeaient l’Europe, les Etats-Unis et la Russie, l’OTAN, sans changer de nom, était en train de changer de sens. Et ce sont Chirac, Charrette et probablement Villepin qui sont à la manœuvre.
C’est Poutine qui refuse la négociation !
Enfin il y a l’histoire des négociations de paix entre Ukrainiens et Russes dans les jours et les semaines après l’invasion russe.
Dmitri Kozak DR.
Et voici la version russe présentée dans le texte de Didier Desrimais : « Un mois après le début des hostilités, alors que Volodomyr Zelensky se dit prêt à négocier directement avec Vladimir Poutine, le petit télégraphiste de Washington, Boris Johnson, se rend à Kiev pour demander au président ukrainien de ne rien négocier du tout, l’assurant du soutien inconditionnel, en armes et en argent, des Américains et des Britanniques. Dès le début, les Américains voient dans ce conflit un moyen radical pour séparer l’Europe occidentale, surtout l’Allemagne, de la Russie ». Le problème avec ce paragraphe est qu’au mieux c’est une interprétation, une hypothèse et non pas, comme les choses présentées, un fait du même ordre que le retrait de tous les chars américains du sol européen. Ainsi, selon une information publiée par l’agence Reuters, l’homme politique russe Dmitri Kozak (un proche de Poutine basé à Saint Pétersbourg, ancien ministre et vice Premier ministre jusqu’en 2020, et ensuite haut fonctionnaire au Kremlin) a un avis complétement différent de cette affaire. En septembre 2022, Kozak (né dans la RSS d’Ukraine) déclare que « au début de la guerre, [il] avait conclu un accord provisoire avec Kiev qui satisferait la demande de la Russie que l’Ukraine reste en dehors de l’OTAN. Il l’avait dit à Poutine mais ce dernier a rejeté l’accord ». Kozak pensait que l’accord qu’il avait conclu éliminait la nécessité pour la Russie de poursuivre la guerre et l’occupation à grande échelle de l’Ukraine. Ainsi, bien que Poutine ait soutenu les négociations auparavant, le président russe a clairement fait savoir à Kozak, que les concessions négociées par lui n’allaient pas assez loin et qu’il avait élargi ses objectifs pour y inclure l’annexion de pans entiers du territoire ukrainien. Résultat : l’accord a été abandonné. Cette version a été corroborée par des informations publiées fin mars 2022 selon lesquelles, lors des pourparlers avec la Russie en Turquie, l’Ukraine aurait proposé d’adopter un statut de neutralité en échange de garanties de sécurité, ce qui signifie qu’elle ne rejoindrait pas d’alliances militaires et n’accueillerait pas de bases militaires. Les Ukrainiens proposaient également une période de consultation de 15 ans sur le statut de la Crimée annexée. Le négociateur ukrainien, Oleksander Chaly, a déclaré que si l’Ukraine parvenait « à consolider ces dispositions clés, qui sont pour nous les plus fondamentales, l’Ukraine serait en mesure de fixer son statut actuel d’État non membre d’un bloc et non nucléaire sous la forme d’une neutralité permanente ».
Pour mieux comprendre le contexte, arrêtons-nous sur le calendrier des négociations entre les deux parties. Pendant les premières heures de l’invasion, la partie russe a proclamé qu’elle était toujours « disposée à discuter ». Cependant, ses conditions pour mettre fin à la guerre équivalaient à une capitulation totale et à la dissolution de l’État ukrainien avec les fameuses « dé-nazification » et « démilitarisation ». En d’autres termes, l’Ukraine devait changer de régime selon le goût de Moscou ! Kiev a refusé, conditionnant les pourparlers à un cessez-le-feu. Zelensky a ensuite demandé à Poutine d’accepter des pourparlers directs immédiats. Finalement, la partie ukrainienne a accepté d’envoyer une délégation à Gomel, en Biélorussie, le 28 février. D’autres réunions ont eu lieu, les 3 et 7 mars. Par la suite, les pourparlers se sont poursuivis en ligne. Le 10 mars, les deux ministres des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba et Sergueï Lavrov, se sont rencontrés à Ankara. Le 29 mars, les délégations se sont retrouvées à Istanbul et la partie ukrainienne y a présenté le « communiqué d’Istanbul », un plan en dix points pour un cessez-le-feu, avec l’engagement d’une neutralité ukrainienne permanente. Les points de désaccord restants devaient être résolus lors d’une réunion du Conseil de l’Europe au cours d’une rencontre entre les deux présidents. Ce texte par ailleurs n’inclut pas la demande ukrainienne d’un retrait des forces russes derrière la ligne de contact à compter du 23 février 2022. Des participants aux pourparlers ont souligné – corroborant ainsi les propos attribués à Dmitry Kozak – que les dix points avaient fait l’objet d’un accord préalable entre les parties et qu’il aurait pu constituer la base d’un règlement négocié. Autrement dit, les négociateurs ont réussi et un accord a été rédigé. Il ne restait que le feu vert de Poutine. Or, au lendemain de la réunion d’Istanbul (le 30 mars), le Kremlin a catégoriquement rejeté le document et effectivement, le lendemain, lors d’un appel téléphonique avec le Premier ministre italien Mario Draghi, Poutine a déclaré que les conditions d’un cessez-le-feu en Ukraine n’étaient pas encore réunies. La première visite de Boris Johnson à Kiev a eu lieu une semaine plus tard, le 7 avril, quand les négociations avaient donc déjà échoué par la volonté de Poutine. Pas de « télégraphiste » donc, mais plutôt un dirigeant russe qui aurait utilisé les négociations pour semer la confusion chez ses adversaires et gagner du temps pour son armée qui était en train de redéployer ses forces et se remettre de l’échec de la première phase de l’opération spéciale. Et bien sûr, on peut supposer qu’en ce début de printemps 2022, Poutine ne voulait pas arrêter l’opération et rester sur un échec, ce qui aurait constitué un risque politique important pour lui.
L’OTAN – qui dans les années 2000-2010 est une structure moribonde composée de pays en déclin militaire et incapables de menacer la Russie – et la neutralité ukrainienne ne sont donc qu’un prétexte.
L’objectif était et reste toujours la transformation de l’Ukraine en Biélorussie, version XXIe siècle d’une RSS. Derrière cet objectif, il y a une idée : les Empires ont un « droit de glacis », et les voisins des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie doivent se soumettre. Autrement dit, contrairement à l’Espagne, l’Ukraine n’est pas libre de choisir son camp et de décider de sa défense nationale. Ce principe est bien évidement fondé sur le rapport de force et ne définit pas quel niveau de soumission est acceptable. Ainsi en 1940, la Finlande a négocié par les armes une soumission plus douce que les pays du sud Caucase en 1920 ou le bloc soviétique après 1945. Et si les Finlandais l’ont fait, c’est parce que les Russes (rouges, blancs ou noirs) ont un point aveugle : le sentiment national des autres. Comme les Tzars, Lénine et Staline, pour Poutine les peuples n’existent pas, ce ne sont que des manipulations des services secrets. Le Printemps arabe ? Un coup monté par la CIA et George Soros. Maïdan ? Victoria Nuland, bien sûr ! Et enfin, l’Ukraine : ce n’est qu’une province russe et les Ukrainiens une sorte de Berrichons qui ne connaissent pas leur place… Or, contrairement à ce que croit Poutine, ce n’est pas un débat d’historiens ou d’anthropologues, et le problème n’est pas de prouver que l’Ukraine n’existe pas. L’Ukraine existe car 31 000 Ukrainiens sont morts sur les champs de bataille au nord, au sud et à l’ouest de leur pays. Comme les Finlandais ils ne veulent pas se soumettre à la Russie. Ils sont prêts à des compromis à définir et l’ont démontré pendant les négociations en 2022. Or, les Russes qui se sont déjà lourdement trompés en 1945 – le glacis créé par Staline contre la volonté des petites nations s’est écroulé 45 ans plus tard- persistent, contre le sage conseil de Talleyrand, à s’assoir sur des baïonnettes.
Et en quoi tout cela nous regarde ? C’est assez simple. Notre défense nationale s’appuie sur deux principaux piliers : le premier est composé du nucléaire et de nos armées, le deuxième de nos alliances. Or, notre principale alliance, l’OTAN, est composée entre autres, des pays baltes, de la Pologne, de la Tchéquie, de la Roumanie et de quelques autres. Et le problème est que la guerre en Ukraine apporte des éléments très convaincants démontrant que Poutine souhaite retrouver l’entiéreité du fameux glacis de l’URSS, aux dépens des alliés que nous avons librement choisis pour notre propre sécurité. L’hypothèse prudente et responsable est donc de penser que Poutine, une fois l’Ukraine « bielorussifiée », déstabiliserait la Roumanie (par la Moldovie et la Transnistrie), les pays baltes par leurs minorités russophones et la Pologne par tous les moyens possibles. Dans ce sens, la demande russe à ce que l’OTAN retrouve son périmètre de 1997 – date de l’invitation de la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie à rejoindre l’Alliance – n’a rien de rassurant quant à l’avenir des anciens « malgré-nous » du pacte de Varsovie.
Poutine a commis une erreur. Il a donné des éléments suffisants pour dévoiler ses véritables objectifs en lançant le 24 février 2022 ce qui devait être un coup de maître. Et il a aussitôt après raté son affaire et nous a donné le temps et l’opportunité de relever le défi dans des circonstances qu’il n’a pas choisies et avec, à nos côtés, un peuple ukrainien prêt à se battre. Si nous faisons confiance à Poutine, nous risquons, si nous commettons une erreur de jugement, de nous retrouver sans les Ukrainiens face à une Russie victorieuse qui choisira les conditions des prochaines crises.
À l’heure où Aya Nakamura – chanteuse jusqu’alors surtout connue pour ses couplets salmigondesques – est envisagée pour interpréter du Piaf lors de la Cérémonie d’ouverture des JO1, et où Rachida Dati – ministre de la Culture fraîchement convertie aux joies du « progressisme » – souhaite un lieu dédié aux « grands sportifs issus de l’immigration »2, tout rappel de l’histoire glorieuse de notre nation dans les fictions ou dans l’art fait l’objet de vives critiques. Dans cette tribune, Romain Maréchal s’en indigne.
« La France Rance ! » « Le Puy du Fourbe ! » « Netflix identitaire ! » Autant d’articles et de unes qui ont cherché à dénigrer des initiatives artistiques profondément enracinées. Pourquoi une certaine presse militante s’emploie-t-elle avec autant de zèle à traquer le moindre projet voulant mettre à l’honneur la culture française ? On le sait depuis Gramsci : aux yeux de la gauche, l’hégémonie culturelle représente la mère de toutes les batailles politiques. Au cinéma ou dans les livres, à l’école ou dans les médias, les “progressistes” la mènent partout et sans répit. Ils imposent leur nébuleuse conception du Bien, entretiennent l’amnésie historique de nos enfants, et modèlent l’imaginaire d’un peuple dont ils entendent convertir les consciences à leurs dogmes post-modernes. La religion diversitaire ayant succédé à l’effondrement de l’utopie marxiste, les partisans de cette nouvelle gauche s’emploient depuis 50 ans à transformer la société avec pour muse cette chimère démiurgique de l’homme nouveau.
La nouvelle révolution culturelle
Animés aujourd’hui par l’idéal saugrenu d’un homme déconstruit, déraciné, libéré de tous les carcans « réactionnaires » du passé, les partisans de cette idéologie multiculturaliste et progressiste sont les acteurs d’une révolution culturelle dont les conséquences désastreuses ne peuvent aujourd’hui plus qu’être déplorées, à défaut de pouvoir être contestées : submersion migratoire, explosion de l’insécurité, islamisation de nos territoires, chute du niveau scolaire, paupérisation croissante… Et j’en passe. Mais une révolution a ceci de caractéristique qu’elle ne tolère pas la protestation. Dût-elle constater son échec, loin de faire marche arrière, elle se radicalise.
Face à cette tentative d’éradication de l’identité de la nation française, plusieurs citoyens ont investi le terrain métapolitique dans l’optique de renverser la vapeur en renouant le lien amoureux qui unit le peuple français à son histoire et à sa culture. Pensant avoir l’exclusivité des thématiques culturelles, les gardiens de la nouvelle morale nous gratifient systématiquement de leurs réactions épidermiques. « Le Puy du Fourbe ! », titre ainsi Libération à la veille de la sortie du film Vaincre ou Mourir produit par le Puy du Fou. Les premières lignes de l’éditorial consacré à ce long métrage sont éloquentes quant à la terreur que leur inspire la remise en cause de leur monopole idéologique sur le monde culturel : « C’est un petit signe supplémentaire à ne pas sous-estimer : la sortie mercredi en salles du film Vaincre ou Mourir, premier long-métrage de la société de production Puy du Fou Films, est un indice de plus qui accrédite l’existence d’une offensive conservatrice actuellement en France. » Dans la même veine, alors même qu’Épopée, la plateforme vidéo de streaming dédiée au rayonnement de la culture française que j’ai fondée, n’était pas encore disponible pour le grand public, la même officine s’étranglait en dénonçant avant l’heure un « Netflix identitaire ». Plus largement, on se souvient de l’autodafé de Guillaume Tion à l’encontre de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby à Paris en septembre dernier dans son article Allez la Rance! Le péché des organisateurs de ce spectacle : mettre en valeur le terroir, l’artisanat, l’art de vivre à la française.
Toutes ces invectives nous rappellent une leçon d’histoire : le cinéma, la littérature, le théâtre ou encore le spectacle sont, comme pour tout régime tenté par la domination sur les esprits, des outils de propagande dont le rôle est de magnifier les idéologies nouvelles. La culture doit être politisée à défaut de promouvoir le beau, en se mettant au service d’une réécriture multiculturaliste de l’histoire et en projetant des psychoses qui légitiment certains discours politiques.
Nouveaux dogmes
Dans ce contexte, des sketchs des « Inconnus » au film « La cage aux folles », combien d’œuvres artistiques auraient-elles aujourd’hui réussi à passer le crible des impératifs idéologiques dictés par les inquisiteurs de la bien-pensance aux sociétés de production ? Puisqu’il faut se soumettre au paradigme imposé par la gauche dogmatique pour avoir une chance d’être produit, les auteurs de scénarios intériorisent les interdits et se conforment : le risque de censure engendre l’autocensure. Tout dérapage idéologique doit être sanctionné et corrigé, la presse de gauche y veille. Comme le disait Trotsky, « les journaux sont pour nous une arme ».
C’est pourquoi ces commissaires politiques du XXIe siècle qui déversent leurs fantasmes de progressistes tourmentés sur les ondes du service public ou dans des médias privés largement subventionnés par le contribuable, ne peuvent tolérer l’émergence d’entrepreneurs et d’artistes enracinés dont la réussite pourrait signer la mise en échec progressive de leur programme idéologique.
Romain Maréchal est fondateur de la société de production audiovisuelle enracinée, LA POINTE DE L’ÉPÉE et d’ÉPOPÉE, “la première plateforme de vidéo 100% française”. L’ancienne députée Marion Maréchal est sa soeur aînée. Photo DR.
Le défi majeur est de poursuivre ce travail d’émancipation intellectuelle face aux diktats de ces maîtres chanteurs. Comprendre qui nous sommes et d’où nous venons, perpétuer les rêves, les aspirations et les prouesses de nos ancêtres, défendre cet héritage civilisationnel à l’origine de la grandeur et de la prospérité de la France. Et ainsi continuer d’entretenir une vision optimiste pour l’avenir. En nous engageant et en agissant dans toutes les strates de la société, nous pourrons réparer et conserver cette chaîne de transmission si précieuse à l’épanouissement des jeunes générations et celles à venir. C’est pourquoi il en va de la survie de notre nation de proclamer haut et fort que, oui, nous sommes fiers d’être français !
Le film de Léa Todorov est une longue publicité pour les écoles Montessori. On peut tout à fait se dispenser de son visionnage.
Et un biopic de plus, un, et circonstance aggravante, consacré à une figure iconique de l’éducation alternative : Maria Montessori. Sous le titre radicalement modeste de La Nouvelle Femme, la cinéaste Léa Todorov nous livre un film tout droit sorti des studios d’Épinal, haut lieu des images convenues et convenables. Ce « sainte Maria, éduquez-les » déploie durant une heure quarante la pieuse légende d’une pionnière pédagogique en proie, bien évidemment, à une abominable communauté scientifique et éducative à la fois italienne et patriarcale.
On reste quand même sidéré par le caractère partisan et unilatéral du propos. Comme si la méthode Montessori allait de soi, comme si elle ne faisait pas l’objet de critiques récurrentes, comme si ses limites n’avaient pas été maintes fois mises en avant. De nos jours, sans réel contrôle, sans cadre breveté et estampillé, les écoles Montessori prospèrent allégrement et ce film ressemble à un étrange dépliant publicitaire sans l’ombre d’un soupçon d’esprit critique.
On l’a connu ministre de l’Education nationale de Sarkozy, se dandinant sur le lipdub de l’UMP. On l’a vu chahuté sur le plateau du Grand Journal, grand-messe bobo des années 2010. Mais Xavier Darcos est d’abord un agrégé de lettres classiques, et depuis 2013, un académicien ! Dans Tacite, ses vérités sont les nôtres (Les Belles Lettres), il revient pour nous aux temps troublés des deux premiers siècles, non sans dresser quelques ponts avec notre époque.
Tibère. Caligula. Claude. Néron. Trajan. Ce sont les principaux empereurs qui se succèdent du vivant de Tacite (58-120 ap JC), personnages au cœur des Annales et des Histoires. Ils ont laissé à la postérité des réputations plus ou moins flatteuses. « Vers la fin du Ier siècle, l’historien latin s’interroge sur le destin du monde. Il fait la revue des mœurs collectives et des caractères privés, révèle les calculs et les manœuvres des acteurs politiques, décrit la folie contagieuse, provoquée par la volonté de puissance, tout en se souvenant d’une cause déjà perdue : l’idéal républicain » de Rome. Car la République, malgré son expansion méditerranéenne (ou peut-être à cause d’elle), n’a guère survécu aux luttes intestines entre les factions. Le nouveau régime monarchique a été instauré par Auguste, au prix d’un sévère recul de la classe sénatoriale, à laquelle appartient Tacite. Ce dernier trouve un refuge dans le stoïcisme et l’écriture de l’histoire. L’Empire n’a pourtant pas totalement restauré la paix civile. Pour la seule année 69, quatre empereurs se succèdent.
Tacite ethnologue
L’historien observe le délitement en cours avec une truculence laconique. Au sujet de Galba, éphémère empereur romain, Tacite écrit : « … exempt de vices plutôt que doué de vertus, il était jugé par tous comme capable de gouverner l’empire, s’il n’avait pas été empereur ». Tacite est aussi, en quelque sorte, avec son ouvrage sur la Germanie, l’inventeur de l’ethnologie. Chez les Barbares primaires, Tacite retrouve malgré tous les vertus et la frugalité de la Rome des origines. Mais à Rome, les airs graves des statues de la période précédente, les « vieux bougons rouspéteurs » ont laissé place à la décontraction morale, au « luxe grec et oriental » et aux meurtres sordides… Pour décrire l’horreur, Tacite recourt à l’humour noir, remède puissant en temps troublés. Xavier Darcos nous dit que, « de toute façon, les comparaisons avec les problèmes que nous connaissons aujourd’hui sont hasardeuses » et en même temps, les va-et-vient avec le temps présent sont un peu la promesse du titre du livre.
Bien sûr, quand on lit que Caligula nomme son cheval consul, qu’Agrippine, seconde épouse de Claude, assassine la famille impériale à coup de plats de champignons empoisonnés, que Néron, déguisé en canaille, descend la nuit tombée pour molester les passants, à la manière d’un Alex DeLarge, on se dit que nos mœurs politiques sont plus tranquilles – au moins en Occident.
L’air de rien…
Pourtant, au détour d’une phrase, Xavier Darcos exprime des opinions plutôt décapantes sur notre époque. En fait, l’ancien ministre fait partie des gens bien élevés et cultivés qui, tout en commentant des textes latins du Ier siècle, expriment l’air de rien des points de vue politiquement peu corrects. Sur les vagues migratoires germaniques qui s’installent le long du limes, et qui finiront quelques siècles plus tard par faire effondrer le régime romain, Darcos écrit : « L’arrivée massive d’un prolétariat immigré, chassé de chez lui par la misère, n’implique pas automatiquement un apport culturel ou un enrichissement intellectuel ». Suivez mon regard. Sur la langue, défendue par Tacite, il lâche carrément : « Il n’est donc pas nécessaire de s’extasier, comme s’il s’agissait de salutaires îlots de résistance, devant les écarts de langage, tels argots grossiers, verlans, sabirs des banlieues, slams, charabias, ni de se pencher avec révérences sur les borborygmes agressifs des rappeurs ». Monsieur Darcos passera sans doute un excellent moment quand Aya Nakamura reprendra les chansons Edith Piaf lors des JO l’été prochain.
L’Art de la joie, de Goliarda Sapienza est un livre culte – aussi puissant que, par exemple, Sous le volcan de Malcolm Lowry. Il est devenu un spectacle culte. Que s’est-il passé ?
Elles sont assez rares, les adaptations (théâtre ou cinéma) qui sont à la hauteur de l’œuvre adaptée. Citons-en une, parce qu’elle est magistrale : Les Noces rebelles, de Sam Mendes, adaptation cinématographique de La Fenêtre panoramique du romancier américain Richard Yates – les deux sont inoubliables.
Love story aussi est un film que l’on chérit, comme on avait beaucoup aimé le livre d’Erich Segal (vous savez : « Aimer, c’est ne jamais avoir à dire qu’on est désolé ») – Segal, professeur de Lettres Classiques à Harvard, Yale, puis Princeton, devenu l’auteur de cette petite merveille (pour qui l’a lu, bien sûr ; pas pour celui ou celle qui en a entendu parler, a sa petite idée à son propos – « petite » étant ici le mot important).
L’Art de la joie, livre-fleuve dément (800 pages en poche), écrit à Rome entre 1967 et 1976, fut publié, posthume, en 1998 : Sapienza (1924-1996) était morte deux ans auparavant. Vingt-cinq ans plus tard, ceux qui l’ont lu l’ont rangé parmi les chefs d’œuvre du XXème siècle. Une expérience de lecture mémorable.
Ambre Kahan, quasi inconnue de 38 ans, dont c’est seulement le deuxième spectacle, a pris le risque de l’adaptation et de la mise en scène – « risque » au carré, d’une ambition qui impressionne et oblige.
Et puis elle a explosé. Du jour au lendemain, de la veille… au soir de la « première », elle aussi est devenue culte. Nous n’oublierons pas Ambre Kahan – vous non plus, vous verrez : l’avenir lui est offert, et grand ouvert.
Inoubliable Noémie Gantier
C’est l’histoire d’une vie, celle de Modesta, née dans un petit village sicilien en 1900, dont on suit la trajectoire, de l’orphelinat à l’accomplissement. De la découverte de la sexualité à celle de l’amour. De la conquête du pouvoir et de ses aléas. Destin de Modesta, femme solaire, puissante – tellement incarnée dans le roman, tellement singulière, ambitieuse, audacieuse, insolente, ingrate : libre, et unique. Kahan a travaillé plus de cinq ans pour aboutir à « ça ». Définissons « ça » – ce chef d’œuvre.
« Ça », par exemple, c’est qu’il ne sera plus possible de relire L’Art de la joie, sans se remémorer Bobigny 2024, l’épiphanie Kahan, et ses 13 comédiens et comédiennes (pour 32 personnages) – une distribution impeccable où il est difficile de ne pas « isoler » Noémie Gantier-Modesta. Elle est éblouissante et de toutes les scènes (drôles, voire burlesques, crues, douloureuses, nues), dans tous les registres (sensuelle, forte, pathétique, cassante, amoureuse) – comme la Modesta de Sapienza. Nous ne la connaissions pas. Nous l’avion vue une fois ou deux, sans retenir son nom. Elle est, elle aussi, devenue inoubliable. Kahan et Sapienza lui offrent un texte puissant qu’elle sert avec une puissance égale. On a rarement vu cela. Habitée : Noémie Gantier était habitée par son rôle le soir où nous l’avons vue. Précisons que TOUS les comédiens (et comédiennes, oui) étaient à l’unisson.
On a éprouvé la préméditation, la concertation, l’attention – la minutie obsessionnelle de Kahan qui a, évidence, beaucoup travaillé et demandé à sa troupe. Et beaucoup reçu : celle-ci donne tout en effet – et on l’éprouve aussi : cette densité, cette intensité, cette nécessité de chaque scène, ce trouble, cette porosité entre la vie (de la troupe) et le roman (de Sapienza). Ils ne jouent pas : ils vivent les scènes. Cliché ? Vous n’avez pas vu Noémie Gantier et ses acolytes sur la scène de Bobigny.
Faut-il que ce spectacle vienne de loin – pour marquer autant… (Kahan a dit les résonances intimes puissantes que ce roman figurait pour elle et on n’en doute pas).
Précision de taille
Nous avons omis une précision de taille : il dure 5H30. Vous imaginez ? 800 personnes (jauge de la MC Bobigny) dans un silence de cathédrale – pendant 5H (entracte 30 mn). Et Noémie Gantier, de toutes les scènes. Au début, tout le monde est assis. A la fin, tout le monde est debout : cela s’appelle une standing ovation. Étonnant, rare – et irrépressible. La seule façon pour un public conquis, édifié, de dire sa gratitude. Ou son admiration – pour employer un mot que l’on ne galvaude pourtant pas. Comment ne pas dire MERCI, après avoir TANT reçu ? C’est ce qu’on a ressenti alors. Il fallait dire MERCI – et la salle s’est levée. Les comédiens et les comédiennes sont venus saluer. Certains, dans la salle, étaient très émus, voire plus : bouleversés, oui. On se souvient.
Avec Austerlitz, de Gaëlle Bourges, L’Art de la joie d’Ambre Kahan a donc vitrifié ce début d’année théâtral. Il est certain – zéro doute – que Kahan refera parler d’elle. Les 5H de cette adaptation de L’Art de la joie ne représentent qu’une (bonne) partie du livre : la suite et la fin sont à venir et Kahan y travaille, dit-on. Gageons que l’ouverture du Festival d’Avignon 2025 lui est promise. On prend les paris.
NB L’Art de la Joie a été publié une première fois en 2005 chez Viviane Hamy. Depuis 2015, toute l’œuvre de Goliarda Sapienza est disponible aux éditions Le Tripode. Deux titres viennent de paraître, derniers inédits ou presque : Destins piégés et Le Fil de Midi.
L’Art de la Joie, d’Ambre Kahan, MC 93 à Bobigny.Coproduction avec le Théâtre Nanterre-Amandiers. Représentations terminées (hélas). Tournée à venir. 16/03 – 17 / 03 / 2024 L’ Azimut / Antony – Châtenay-Malabry 28/03 – 29 / 03 / 2024 Malraux SN de Chambéry 11/10 – 12 / 10 / 2024 Châteauvallon-Liberté SN