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La cage aux fols

Tous les « fous de Dieu » ne sont pas des assassins. Car toutes les religions ne commandent pas de tuer les impies. À cette nuance, oubliée des Occidentaux, s’ajoute désormais le « trouble psychiatrique » associé aux terroristes islamistes. De quoi enterrer l’origine du problème.


Alors que d’autres attaques au couteau ont eu lieu depuis l’attentat terroriste du Pont-Bir-Hakeim, à Paris, on continue de parler, pour désigner ces meurtriers, de « fous de Dieu » – souffrant par ailleurs de troubles psychiques, c’est désormais un cas d’école. Si tout le monde s’accorde à penser qu’un traitement médical aurait évité le passage à l’acte au Pont-Bir-Hakeim – rien de tel qu’une camisole chimique pour museler les fanatiques ! –, la polémique s’emballe dès lors qu’un trouble psychique est instrumentalisé pour faire diversion et occulter la réalité : l’islamisme radical tue et ne demande qu’à continuer, comme l’ont rappelé les dirigeants du Hamas bien déterminés à recommencer, et même à améliorer leurs performances macabres.

À petites doses

L’extrémisme religieux serait-il en soi une maladie mentale, difficilement curable comme le prouve l’échec de la « déradicalisation » ? Une pathologie psychique en tout cas, échappant au radar intellectuel des Occidentaux qui, lorsqu’ils ne sont pas athées, se font de la religion une idée plus consensuelle en accord avec les valeurs humanistes et républicaines. Mais choisit-on de suivre inconditionnellement Allah, le Christ ou Bouddha comme on entre dans une organisation humanitaire ?

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Pas d’engagement religieux sans une certaine dose de « folie », puisqu’en se détournant des biens de ce monde au profit de nourritures spirituelles, on inverse les rapports communément établis entre démence et sagesse, normalité et pathologie. C’est bien en ce sens la « folie de la Croix » que saint Paul fraîchement converti prêcha aux Corinthiens : « Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes. » (1 Cor. 25). Que de comportements étranges, que d’extravagances les religions n’ont-elles pas provoqués, sinon toujours approuvés ! Étaient-ils vraiment « normaux », ces ermites revenus à l’état quasi sauvage qui peuplaient les déserts du Proche-Orient au début de l’ère chrétienne, ou ces « fol-en-Christ » arpentant la steppe russe tout en récitant continûment la prière du cœur ? Ne le sont pas davantage les yogis méditant des années durant dans des grottes obscures sur les hauts plateaux himalayens, ou les adeptes de la « folle sagesse » tantrique. Et que dire des mystiques extatiques, des moines errants (gyrovagues), des ascètes émaciés au regard brûlant ! Empédocle, Socrate, Diogène n’étaient-ils pas eux aussi des « fous » pour avoir écouté la voix qui les incitait à défier la normalité de leur temps ? Aucun d’entre eux n’aurait pourtant imaginé attenter à la vie d’autrui avec la cruauté barbare des islamistes radicaux.

Croire n’est pas être malade mental

Quelle certitude intérieure faut-il par ailleurs avoir acquise pour préférer le martyre au reniement de sa foi ? Les premiers chrétiens livrés aux lions tout comme les cathares montant au bûcher furent à cet égard des « résistants », aussi inébranlables que certains maquisards et méritant, comme eux, notre considération. Un martyr (du grec martus, témoin) est d’abord un croyant qui, tel Hallâj en terre d’islam[1] ou les trois Hébreux dans la fournaise (Livre de Daniel), témoigne de la gloire de Dieu au milieu des pires supplices, et non une brute sanguinaire maniant le couteau ou la kalachnikov tout en rêvant aux vierges qu’il déflorera une fois arrivé au paradis d’Allah. S’il est vrai qu’on ne peut pas grand-chose contre un individu prêt à perdre la vie pour une cause qu’il juge légitime, on peut au moins n’être pas dupe du coup de force perpétré par les islamistes défigurant par la terreur le sens spirituel du martyre. Que les Occidentaux se fassent aujourd’hui une tout autre idée de la pratique religieuse ne les rend que plus démunis face à cet extrémisme sanglant ; incapables qu’ils sont par ailleurs de valoriser ce qui, dans leur héritage spirituel, leur permettrait de sympathiser avec certains aspects de la « folie » religieuse, dès lors qu’elle est inoffensive, et témoigne d’une liberté d’esprit et d’un choix de vie que la « normalité » technocratique et consumériste tend à faire disparaître.

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L’erreur serait donc de conclure, au vu des exactions islamistes, qu’il faut en finir avec toute pratique religieuse sous prétexte qu’elle s’apparenterait de près ou de loin à une maladie mentale et conduirait tôt ou tard à commettre des actes inhumains, comme on a cherché à le démontrer au xixe siècle au nom du rationalisme et du scientisme qui avaient alors le vent en poupe. Ce fut le temps des grandes critiques de la religion, et des diagnostics sans nuances sur la « mort de Dieu » (Nietzsche), « l’opium du peuple » (Marx) ou la névrose religieuse (Freud) que la psychanalyse permettrait de guérir. Mais on a déchanté depuis, et les exécutions de masse commises au nom de telle ou telle idéologie – Camus parle dans L’Homme révolté de « meurtre logique » – ont été, au xxe siècle, suffisamment nombreuses et monstrueuses pour n’être pas imputables à la religion, même si l’on peut parler en la circonstance d’une « religion » de la Raison, de la Science ou du Parti. Toutes les idéologies mortifères à cet égard se ressemblent et les crimes de Staline, d’Hitler ou de Pol Pot n’ont rien à envier aux massacres commis au nom de Dieu.

Annecy, 8 juin 2023 © Mourad ALLILI/SIPA

On sait en tout cas aujourd’hui qu’il est un usage fanatique de la rationalité qui ne nous sauvera pas de la religion lorsqu’elle est elle-même devenue folle, et déshonore ce qu’il peut aussi y avoir en elle de « folie » respectable. La clé du conflit avec l’islamisme n’est donc pas politique, mais culturelle et spirituelle ; les responsables politiques ne pouvant au mieux qu’accompagner et soutenir une décision collective d’insoumission radicale prise à la fois au nom de la liberté de conscience et de la confiance en une vie spirituelle qui ne tue pas, ne viole pas et s’enrichit des comportements divers et variés à travers lesquels chaque être humain est en droit de vivre sa relation personnelle à ce qui le dépasse.


[1] Louis Massignon, La Passion de Hallâj : martyr mystique de l’islam, Gallimard, 1990.

De l’honnêteté d’informer

L’arrêt du Conseil d’État va à rebours de la doctrine de l’Arcom et des jurisprudences française et européenne : plus il y a de supports médiatiques, moins leur liberté éditoriale doit être bridée. Seules les chaînes de service public, tenues par le principe de neutralité, doivent refléter tous les courants d’opinion.


Le 13 février dernier, le Conseil d’État a jugé que, pour vérifier le respect de l’obligation de pluralisme de l’information par une chaîne de télévision (en l’espèce CNews), l’Arcom ne devait pas se limiter à veiller à une répartition équitable des temps de parole des personnalités politiques, mais également prendre en compte les interventions de l’ensemble des participants aux programmes, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités. Le Conseil d’État impose ainsi une exigence de « pluralisme interne » incontrôlable, infondée et préjudiciable à la liberté éditoriale.

On peut s’étonner que d’éminents juristes amalgament les différentes dimensions du pluralisme, sans distinguer pluralisme de l’information et honnêteté de l’information, ni articuler pluralisme interne et pluralisme externe[1].

L’arrêt va à rebours de la doctrine constante de l’autorité de régulation de l’audiovisuel comme de la jurisprudence française et européenne. Cette doctrine et cette jurisprudence sont de bon sens : plus s’exerce le pluralisme externe (et c’est l’enjeu des appels à candidature conduits par l’autorité de régulation), moins doit être bridée la liberté éditoriale.

Ainsi, dans son arrêt NIT c. Moldavie du 5 avril 2022,la Cour européenne des droits de l’homme juge que « les dimensions du pluralisme interne et externe doivent se combiner »et que, dans le cadre d’un régime national de licences, un manque de pluralisme interne peut être compensé par l’existence d’un pluralisme externe effectif. C’est le cas si l’autorité derégulation fait en sorte que« les programmes offerts au public, considérés dans leur ensemble, assurent une diversité qui reflète la variété des courants d’opinion qui existent dans la société ». L’arrêt du 13 février 2024 rompt également avec la propre jurisprudence du Conseil d’État, qui combinait jusqu’ici libéralement pluralisme et liberté éditoriale : n’a-t-il pas, par exemple, jugé impossible d’imposer à une radio exprimant un courant de pensée particulier d’ouvrir son antenne à d’autres courants (27 novembre 2015, Radio Solidarité) ?

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L’exigence de « pluralisme interne » est inadaptée à un environnement marqué par la multiplication des supports par voie terrestre, satellitaire et en ligne, ainsi que par la réception de chaînes étrangères. Aujourd’hui, la pluralité des supports permet le pluralisme externe, et donc l’existence de chaînes portant un courant d’opinion comme CNews. Dans ce nouvel environnement, on ne peut exiger de chaque service de communication audiovisuelle, sauf d’une chaîne de service public tenue par le principe de neutralité, qu’il respecte le « pluralisme interne », c’est-à-dire que ses programmes reflètent toute la diversité des courants de pensée et d’opinion.

Ce qu’impose la loi à une chaîne, c’est que l’information soit honnête (elle ne doit être ni falsifiée ni tronquée) ; que certains sujets soient traités ; que la couverture des campagnes électorales et la répartition des temps d’antenne entre personnalités politiques soient équitables. Chaque opérateur doit en outre respecter la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (qui prohibe l’injure, la diffamation, l’incitation à la commission d’infractions ou la provocation à la haine contre un groupe de personnes). C’est déjà contraignant pour les opérateurs et difficile à contrôler pour l’Arcom. Aller au-delà serait contraire à la liberté éditoriale comme à l’esprit du « Media Freedom Act » en cours d’élaboration à Bruxelles.

Comment alors expliquer l’embardée que constitue la décision du 13 février 2024 ? Selon moi, par un biais cognitif. Le « populisme » est devenu le mauvais objet obsessionnel de ce petit milieu socioculturel moralisateur auquel appartiennent la plupart des gens de médias et une partie des membres du Conseil d’État. Même si sa part d’audience ne dépasse pas 3 % aux heures de grande écoute, CNews dénature, selon eux, la liberté de communication en flattant les préjugés populaires et en transformant des faits divers en faits de société. Dans cette « reductio ad extremam dextram » fantasmatique, le groupe Bolloré est un diable contre lequel il est urgent de pratiquer un exorcisme. Le droit a donc été instrumentalisé pour prononcer le vade retro. Mais c’est raté.

Autre question : comment sortir de l’impasse dans laquelle nous enferme (et s’enferme) le Conseil d’État ? Deux voies sont envisageables.

Une première consisterait à interpréter de façon « neutralisante » la décision du Conseil d’État. Elle est résumée, dans ses propos à La Tribune, par Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom : l’autorité de régulation considérerait qu’il ne lui est pas demandé de comptabiliser chacun des intervenants. Il n’y aurait de catalogage ni des journalistes ni des invités. L’Arcom, rappelle salutairement son président, « n’est ni une police de la pensée, ni un tribunal d’opinion. La loi de 1986 est d’abord une loi de liberté, qui consacre la liberté de communication et la liberté éditoriale ». L’Arcom n’en devrait pas moins, pour l’exécution de l’arrêt du 13 février, porter une appréciation globale sur le pluralisme de l’ensemble des programmes. C’est confier encore à l’Arcom un rôle– qu’elle récuse à juste titre– de surveillance de la pensée et s’exposer à l’arbitraire (comme toujours lorsqu’on demande à des hommes de contrôler les opinions d’autres hommes).

Une voie plus satisfaisante, mais plus radicale, serait d’inscrire explicitement dans la loi de 1986 le principe selon lequel chaque éditeur de service de communication audiovisuelle détermine librement sa ligne éditoriale et choisit librement les personnes qui interviennent sur son antenne.Et que l’exigencede pluralisme politique interne s’entend de la répartition équitable des temps d’antenne alloués aux personnalités représentant les formations politiques. Resterait exigé,en tout état de cause,lerespect de l’honnêteté de l’information dans chaque émission.


[1] Le pluralisme externe, c’est la diversité des chaînes de télévision ou des titres dans les kiosques à journaux. Le pluralism einterne, c’est la diversité des opinions sur les plateaux d’une même chaîne ou dans une même salle de rédaction.

L’office du soir

Ni vraiment woke, ni vraiment engagée politiquement, « C ce soir » parvient à diffuser quotidiennement la bonne parole progressiste.


On le sait depuis longtemps, le journal, télévisé ou pas, est la messe de l’homme moderne. Sur France 5, l’office du soir – opportunément intitulé « C ce soir » – a lieu vers 22 h 30. Il est animé, en alternance et à parité de genre, par Camille Diao et Karim Rissouli.

Le plateau réunit quatre, cinq ou six intervenants choisis en fonction du thème traité. Deux chroniqueurs – Laure Adler et Arthur Chevallier – sont également à demeure.

L’émission est presque toujours intéressante, ne serait-ce que parce que chaque intervenant peut s’exprimersans être constamment coupé. Certes, les animateurs ont davantage tendance à interrompre un intervenant dont le propos se situerait plutôt à droite que tel autre plus conforme à la ligne, mais cette intervention se fait en général sans grands éclats.

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Reste que la pièce retombe toujours du bon côté idéologique. Le credo est, dans l’immense majorité des cas, adroitement imposé dans l’intitulé du thème. On recourt à l’artifice malin qui consiste à paraître poser une question. Quelques exemples : « Crise de l’agriculture : la faute à la grande distribution ? »Le point d’interrogation n’est là que pour faire joli, puisque nulle autre cause possible que la grande distribution n’est mentionnée. Ce que l’émission confirme, aucun représentant de celle-ci n’étant présent. Autre exemple : « Gaza, 28 000 morts : sommes-nous indifférents ? »Primo, on prend pour acquis et vérifié le chiffre annoncé par les seules autorités gazaouies. Secundo, l’emploi du concept accusatoire d’indifférence annonce que le débat va s’orienter vers la culpabilisation de tout ce qui ne serait pas une adhésion claire à la cause palestinienne. Plus limpides encore : « Droit du sol : une remise en cause dangereuse ? » ou « Loi immigration, sage décision ? »On voit surgir en grand format le point Godwin, le sujet sur lequel on revient à la moindre ouverture : le RN, l’extrême droite. Le péril des périls. En l’occurrence, la synthèse lumineuse revient à un constitutionnaliste professeur d’université[1]: la décision de censure ne peut être que « sage », puisque ce qui est retoqué serait au programme du RN. La discussion est close. Même tonalité pour : « Manouchian au Panthéon : un symbole qui appartient à tous ? »La réponse à peine voilée est que, oui, il appartient à tous, sauf à qui vous savez.

Les animateurs n’ont même pas à jouer les gardiens du dogme. L’hérésie n’a aucune chance de perturber cette liturgie bien rodée. Ainsi nourri de la bonne parole, le téléspectateur peut aller en paix.


[1] Bastien François [NDLR]

Éric Zemmour: «Comment nier que le prénom puisse être un sujet politique?»

Il n’aura pas eu le dernier mot. Après sa condamnation en appel dans le procès qui l’opposait à Hapsatou Sy, Éric Zemmour n’en démord pas: donner un prénom français à son enfant, c’est faire un pas vers la France. « À travers moi, ce sont des millions de Français que l’on veut faire taire ». Il regrette surtout qu’un débat sur l’assimilation se termine par une condamnation au tribunal, et dénonce un harcèlement judiciaire à son encontre qui s’accélère depuis qu’il s’est attaqué à la politique. Enfin, il nous explique qu’il n’est pas fâché avec Marion Maréchal, et en quoi il vaut mieux selon lui voter pour la liste de cette dernière que pour celle de Jordan Bardella.


Causeur. Le Corinnegate vous vaut une nouvelle condamnation pour injure à caractère raciste. Allez-vous vous pourvoir en cassation ?

Eric Zemmour. Oui, sait-on jamais : certains juges peuvent faire du droit et pas de la politique ! Il y a aujourd’hui 155 000 Corinne en France. Elles seront ravies d’apprendre que leur prénom est devenu une « insulte pour la France » et une « injure raciale » grâce à Madame Hapsatou Sy.

Ne pouviez-vous pas lui dire la même chose de façon plus légère ? Vous avez renvoyé à Hapsatou Sy son terme, « insulte pour la France », au sujet de son prénom, n’était-ce pas un peu violent ?

J’ai démontré que les parents d’Hapsatou Sy avaient enfreint la loi, encore en vigueur au moment de sa naissance, en nommant leur fille Hapsatou. Enfreindre la loi d’un pays c’est l’insulter. Je ne compte absolument pas m’excuser. Une vérité, même condamnée par des juges politisés, reste une vérité.

Au demeurant cette affaire de prénoms ne vous porte pas chance. Beaucoup de gens qui vous apprécient sont très hostiles à l’idée d’une loi sur les prénoms. Franchement, croyez-vous que la France de 2024 est prête à revenir à la tradition napoléonienne et à laisser l’Etat se mêler des prénoms de ses enfants ?

C’est un débat important, mais qui n’avait rien à faire dans une cour de justice. Quand la justice est au service de la politique, c’est que notre régime prend une pente dangereuse.

Cela vous permet au moins de me reparler du fond de l’affaire : l’assimilation. Comment peut-on parler d’assimilation sans parler de l’élément premier de votre identité qui indique immédiatement dans quel univers culturel vous avez été élevé ? Il n’y a qu’à voir à quel point le fait de révéler ou non le prénom des mis en cause dans certaines affaires est un sujet hautement sensible. Comment nier que le prénom puisse être un sujet politique ?

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Ce que me répond Hapsatou Sy dans cette émission est d’ailleurs révélateur[1]. Elle me dit : « vous voudriez que ma mère me donne un prénom comme Marie, qui ne lui inspire rien ? » Voilà tout le problème : notre histoire n’inspire rien à toute une partie de la population que nous avons accueillie généreusement. Je ne reproche pas aux gens de se nommer comme ils se nomment, je dis aux futurs parents que donner un prénom français à son enfant, c’est faire un pas vers la France. Le nom de famille et le deuxième prénom rappelleront vos racines et vos origines. Mes ancêtres ont fait cet effort, comme les Espagnols, les Italiens, les Portugais, les Arméniens, les Asiatiques, les Libanais, et tant d’autres. Pourquoi les nouvelles vagues en seraient incapables ?

DR

En dehors de ce cas, vous êtes, comme le remarque Libération avec une joie non dissimulée un habitué de la 17ème avec déjà quelques condamnations définitives. Êtes-vous victime d’un acharnement judiciaire ? Ne croyez-vous pas que votre langage est parfois trop cru et inutilement blessant ?

En 12 ans, j’ai été trainé 12 fois devant les tribunaux. Depuis deux ans ce n’est plus une attaque par an, mais presque une attaque par mois. Oui, cela s’appelle un harcèlement judiciaire et il s’accélère depuis la campagne présidentielle.

À travers moi, ce sont des millions de Français qui sont d’accord avec les propos qu’on me reproche que l’on veut faire taire. Ce langage cru, c’est le langage libre que les Français attendent : on meurt de tout édulcorer, de mentir et de louvoyer depuis trop longtemps. Faites un sondage sur mes propos et demandez combien de Français sont d’accord avec ce qui m’a valu d’être condamné… Vous seriez surprise du résultat, quand on sait que la justice est rendue « au nom du peuple français ». D’ailleurs regardez la loi qui vient de passer à l’Assemblée dans le silence des oppositions : une loi pour censurer les propos privés ! Après moi, ce sera au tour des Français si on se laisse avoir.

Dans plusieurs cas, ce qui vous a valu d’être condamné, c’est de dire « les » (les migrants, les musulmans) plutôt que « des » ou « beaucoup » ou « une forte proportion » etc… Vous allez me dire que pour penser, il faut généraliser, mais en mettant tout un groupe dans le même sac, vous oubliez que des individus peuvent échapper au groupe, nous en connaissons des tas d’exemples.

Oui, bien sûr, je suis entièrement d’accord avec vous. J’ai souvent répété cette phrase de Benjamin Constant : « tout est moral chez les individus, tout est physique dans la masse ». Parce que je suis de culture judéo-chrétienne, je crois en la personne humaine et en l’émancipation individuelle. J’aimerais que davantage se détachent de leurs déterminismes et ce n’est pas ma faute si toutes les enquêtes d’opinion montrent que la masse ne s’en détache pas. Gardons une autre notion chrétienne : l’espérance !

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Vous êtes contre les lois mémorielles. Mais pensez-vous que la liberté d’expression devrait être totale (ce qui n’existe nulle part dans le monde) ? Avez-vous envie de vivre dans un monde où on peut publiquement clamer sa haine des juifs, des noirs ou des coiffeurs ? Une société peut-elle se passer d’interdits en matière de parole publique ?

Entre le zéro et l’infini, il y a toutes les nuances possibles. Je vous donne un exemple : aux États-Unis, il n’y a pas de loi qui censure la liberté d’expression, et c’est le pays où, par exemple, les juifs sont le plus en sécurité. En France, on censure tout et l’antisémitisme est plus important chaque année chez certains. La gauche ment effrontément sur les résultats concrets de sa stratégie de censure permanente : ils sont catastrophiques.

Puisque je vous tiens, j’en profite. Que se passe-t-il avec Marion Maréchal ? Sur quoi porte votre différend ? Et ne dites pas qu’il n’y en a aucun, quand les médias brodent, c’est toujours à partir d’un bout de vérité.

Le bout de vérité sur lequel ils brodent, c’est ce que j’aime le plus au monde: le débat ouvert et la confrontation libre des idées. Chez Reconquête, tout le monde n’est pas d’accord sur tout et tout le temps, et je nous en félicite. Marion et moi, partageons l’essentiel des convictions : c’est pour cela qu’elle m’a rejoint. Mais il y a des journalistes qui sont des petites natures. Il suffit qu’une rumeur de discussion un peu animée leur parvienne pour qu’ils s’écrient : c’est l’apocalypse ! Et comme les journalistes n’ont rien à dire, ils adorent s’imiter les uns les autres. Leurs gesticulations dans le vide bondissent d’une rédaction à l’autre comme la puce change de chien. Le journaliste qui a lancé cette affaire devrait travailler en Corée du Nord : il a vu un scandale où il y avait de la démocratie. Avec Marion, nous sommes deux personnalités fortes, et c’est pour cela que nous nous entendons et que nous convaincrons ensemble le maximum de monde le 9 juin !

Marion Maréchal et Eric Zemmour, Paris, 10 mars 2024 © EMMANUEL DUNAND / AFP

D’après Le Point, certains « marionistes » disent que vous êtes trop présent dans la campagne. Est-ce votre avis ? Après tout, c’est elle la tête de liste…

Je ne sais pas qui sont les « marionistes », mais je sais que ce n’est pas Marion. Elle compte sur moi comme je compte sur elle pour mener l’offensive sabre au clair, avec tout le panache dont elle est capable. C’est parce que je crois en elle que je l’ai choisie pour mener la grande bataille des européennes. Et elle peut compter sur moi pour contre-attaquer chaque fois qu’elle sera prise pour cible.

J’ai analysé la vie politique pendant 30 ans. J’en ai connu des chefs qui lâchaient leurs lieutenants. Qui attendaient leur défaite les bras croisés et parfois même en se frottant les mains.  Eh bien ce n’est pas mon genre ! Moi je me mouille, je vais à la bataille parce que je suis comme ça. Je suis allé aux législatives avec mes troupes, je soutiens Marion aujourd’hui à 100%. Je suis derrière elle. Et s’il faut prendre des coups pour que Reconquête soit au plus haut le 9 juin, je les prendrai. C’est mon caractère, c’est mon parti et les gens me font confiance pour ça.

Pourquoi un électeur devrait-il plutôt voter pour vous que pour la liste Bardella ?

Pour envoyer des députés français qui pèseront, qui travailleront et qui se battront au Parlement européen. Pour donner de la force à Reconquête, un jeune parti qui vient de naître et a beaucoup d’ambition pour la France. Pour défendre ses convictions : nous sommes les seuls à lutter à la fois contre l’islamisation du pays, contre le wokisme et pour une économie de droite.

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[1] « Les Terriens du dimanche », émission de Thierry Ardisson, C8, septembre 2018 NDLR.

D’accord avec Pascal Praud, à deux nuances près!

Notre chroniqueur, invité chez Pascal Praud hier, n’a pas eu le temps de relativiser le pessimisme de l’édito de ce dernier à l’antenne. Il prend la plume.


Pascal Praud, en ouverture de L’heure des pros ce 28 mars sur CNews[1], a prononcé un éditorial très pessimiste, notamment à cause des péripéties scandaleuses qui ont vu, au lycée Maurice-Ravel à Paris (20e), le proviseur partir quelques mois avant sa retraite effective, pour des raisons de sécurité. Il n’avait pourtant fait qu’appliquer la loi à l’encontre de trois lycéennes voilées dont une majeure en BTS, qui avait refusé d’obtempérer[2]. Ce proviseur a été reçu par le Premier ministre à Matignon avec Nicole Belloubet. Cela n’a pas empêché cette dernière de continuer dans son registre émollient, ne faisant allusion qu’au « retrait » du proviseur, euphémisme plus que navrant. Une plainte va être déposée par l’Etat contre la lycéenne majeure qui n’est plus à Ravel, pour dénonciation calomnieuse.

Sombre diagnostic

Pascal Praud, à juste titre, a complété son constat par des références à d’autres violences, à Nice, à Roissy… Il a dénoncé des comportements ministériels, que ce soit celui de Bruno Le Maire ou celui du garde des Sceaux fustigeant les magistrats qui n’avaient fait que dire la vérité sur le narcotrafic à Marseille devant la commission sénatoriale. Sur le plateau, nous avons tous approuvé le sombre diagnostic de Praud sur la situation de la France et l’incurie gouvernementale.

À vrai dire, je n’ai été en contradiction avec lui que sur sa conclusion : tout est fichu, c’est trop tard, il n’y a plus rien à faire. À deux nuances près. Ayant dû quitter l’émission exceptionnellement à dix heures, j’avais envie de les préciser dans un post.

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La première est que la multitude des dysfonctionnements, reculades, lâchetés et faiblesses constituent des épisodes infiniment regrettables, voire traumatisants, mais qu’ils ne peuvent pas être globalisés de telle sorte que notre pays serait lui-même considéré comme profondément gangrené dans ses tréfonds. L’islamisme gagne des batailles mais la France elle-même n’a pas perdu la guerre contre lui. Notre démocratie malmenée, attaquée, n’a pas été vaincue.

Âmes inquiètes

La seconde est que, si on suivait la pente de Pascal Praud qui juge inéluctable la partition de la France entre les privilégiés qui s’en sortiront toujours et les modestes qui souffriront, on acterait d’une certaine manière la déroute de la politique. Si ce tableau était lucide dans toutes ses composantes, au fond le pays n’aurait pas d’autre choix que d’accepter sa disparition.

Je suis persuadé qu’après 2027, rien ne sera fatal. J’ai bien conscience qu’il ne suffit plus dans notre République d’avoir quelques paroles et pratiques libres qui font espérer. Pour l’emporter, nous aurons besoin d’une vision, d’un courage, d’une alliance entre la France du haut audacieuse, vigoureuse et sincère et le peuple rassuré. Il n’y a aucune raison pour que le système actuellement déprimant ne puisse pas un jour être remis dans le bon sens.

Je ne suis pas naïf : des personnalités exceptionnelles devront surgir qui, déterminées à briser impuissances et résignations, feront sortir la République de cette impasse entre ceux qui ne se battent pas assez pour défendre la nation et ceux ne se rendent pas compte qu’ils la détruisent en prétendant la servir. Une autre politique aura toujours ses chances. Ces deux nuances qui me séparent de Pascal Praud feront le départ entre un pays qui abandonne et s’abandonne et une nation qui tient et se redresse.

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[1] https://www.cnews.fr/emission/2024-03-28/lheure-des-pros-emission-du-28032024-1475064

[2] https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/religion-laicite/demission-du-proviseur-du-lycee-maurice-ravel-a-paris-ce-que-l-on-sait-de-son-altercation-avec-une-eleve-au-sujet-du-voile-et-des-menaces-de-mort-qui-ont-suivi_6450337.html

Conseil d’État, Conseil constitutionnel: le coup d’étau permanent

Après le Conseil constitutionnel qui a censuré la loi immigration, le Conseil d’État veut censurer CNews. Ces hautes juridictions pensent protéger les Français, qui ne sont pas dupes, d’un péril fasciste imaginaire. Vous avez dit « République des juges » ?


Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne s’ennuie pas au Palais-Royal depuis le début de l’année ! Passons vite sur la nomination surprise, le 11 janvier, de Rachida Dati à la tête du ministère de la Culture, dont le siège se trouve dans l’aile Valois du bâtiment, et venons-en à l’aile Montpensier, qui abrite, de l’autre côté de la Cour d’honneur, le Conseil constitutionnel.

La loi immigration censurée

Le 25 janvier, l’instance présidée par Laurent Fabius nous a offert un spectacle édifiant. Saisie par le président de la République, elle a censuré plus de la moitié de la loi « immigration », telle qu’approuvée au Parlement un mois plus tôt. Les dispositions les plus fermes du texte ont ainsi été supprimées. Leur tort ? En induisant un changement des conditions d’obtention du permis de séjour et d’accès à certaines prestations sociales « non contributives » pour les étrangers, elles seraient, à en croire les sages de la Rue Montpensier, dénuées de tout lien, « même indirect », avec l’objet d’une loi « immigration ». On se pince.

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Le 13 février, c’est au tour du Conseil d’État, abrité quant à lui dans le corps de bâtiment principal du Palais-Royal, de nous réserver une autre tragi-comédie. Suite à un recours de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) déposé en 2022, la plus haute juridiction administrative française rend ce jour-là un arrêt reprochant à l’Arcom de ne pas suffisamment veiller au « pluralisme des courants de pensée » sur CNews, chaîne qui pourtant respecte scrupuleusement l’équilibre du temps de parole entre les partis et les candidats aux élections. Seulement, les magistrats estiment que le gendarme de l’audiovisuel ne devrait pas uniquement scruter la parole du personnel politique à l’antenne, mais aussi les « interventions de l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ». En d’autres termes, il est sérieusement envisagé de placer sous la surveillance de l’État l’opinion s’exprimant sur les ondes. On se re-pince.

La République confisquée ?

Ainsi vogue le bateau ivre du pouvoir, avec à bord une élite fière de se dresser contre un péril fasciste imaginaire et d’employer pour ce faire des méthodes grossières et machiavéliennes, sous le regard médusé d’une majorité de citoyens. Ne crions pas non plus à la République confisquée. Les arguties juridiques du Palais-Royal n’empêcheront pas les Français, s’ils le souhaitent, d’envoyer Marine Le Pen à l’Élysée ; ni Vincent Bolloré, s’il en a le désir, de continuer à posséder la deuxième chaîne d’information continue française.

Notons aussi que la piteuse jurisprudence CNews ne concerne que les canaux de la TNT (30 chaînes nationales et 42 locales) et épargne les centaines de chaînes non hertziennes, comme celle du Figaro par exemple, ou la très gauchiste Le Media, que plus de 80 % des Français peuvent regarder sur leur téléviseur grâce aux box fournies par les opérateurs internet. Contrairement au Web ou à la presse imprimée, la TNT est en effet, comme la bande FM, un domaine public sous tutelle de l’État : les médias autorisés à y émettre n’ont dès lors qu’un statut de concessionnaire (n’en déplaise aux producteurs de l’émission « Quotidien » sur TMC, qui estiment à tort avoir le droit, « parce qu’ils sont privés », de ne jamais inviter le RN sur leur plateau).

Au Palais-Royal, il se murmure que Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, pourrait obéir au Conseil d’État en demandant aux chaînes hertziennes de ne plus convier dans leurs émissions de débat que deux types d’intervenants : les « récurrents », à qui il serait demandé d’être détenteurs d’une carte de presse, et les « invités », pouvant venir de tous horizons mais à condition d’espacer leurs participations. Le travail d’appréciation du pluralisme en serait ainsi facilité. En espérant toutefois que l’Arcom s’abstiendra d’employer la stupide grille d’analyse du sociologue François Jost, auteur d’une étude ayant servi de base au Conseil d’État, et pour qui, par exemple, un opposant à l’IVG doit être nécessairement classé à « l’extrême droite » (« C médiatique », le 22 février). Le pape François appréciera…

Consternants Reporters Sans Frontières

Reste l’arrière-plan politique de ces deux affaires. Que ce soit par rapport à la loi immigration ou à CNews, les magistrats du Palais-Royal manifestent d’inquiétantes pulsions autoritaires. Car si leurs sentences sont libérales sur la forme, elles n’en demeurent pas moins incontestablement illibérales sur le fond. Libérales sur la forme, car l’une comme l’autre consistent respectivement à traiter le Parlement et l’Arcom, qui sont deux institutions de l’État, comme des justiciables comme les autres – c’est la définition de l’État de droit. Illibérales sur le fond, car les sentences prononcées vont dans le sens d’une indéniable restriction des libertés publiques.

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Le Conseil constitutionnel vient ni plus ni moins de priver députés et sénateurs du droit de traiter la question migratoire comme ils l’entendent, c’est-à-dire en établissant un lien de cause à effet entre l’attractivité de l’État-providence et les flux d’entrée sur le territoire. Des magistrats interdisent en somme à la représentation nationale de décider en conscience d’une logique politique. Quant au Conseil d’État, son arrêt CNews esquisse tout simplement l’instauration d’une police politique – et non plus seulement électorale – dans l’audiovisuel. Un corsetage inimaginable dans des démocraties comme les États-Unis et le Royaume-Uni.

On se rassurera toutefois en observant que la demande consternante de RSF d’interdire carrément à la chaîne d’information de Vincent Bolloré de diffuser des émissions d’opinion n’a pas été retenue. Au pays du « J’accuse » de Zola, les magistrats du Conseil d’État n’ont pas poussé le ridicule jusqu’à valider l’idée débile et dangereuse selon laquelle le commentaire d’actualité serait l’ennemi du journalisme.

Attentat de Moscou: faut-il craindre le réveil de Daech?

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Comment analyser et comprendre l’attentat de Moscou ? Entretien avec Daniel Dory, docteur en géographie, chercheur et consultant en analyse géopolitique du terrorisme. 


Important : Cet entretien a été réalisé le 26 mars 2024, c’est-à-dire seulement quatre jours après l’attentat. Donc à un moment où l’on ne dispose que d’informations lacunaires et où l’on subit d’intenses campagnes de désinformation. Daniel Dory est membre du Comité scientifique de Conflits. Il vient de publier Étudier le terrorisme, VA Éditions, Versailles, 2024.


Revue Conflits. L’attentat terroriste de Moscou a remis sur le devant de la scène le groupe État islamique. Quelles sont les menaces terroristes toujours présentes aujourd’hui ? Et pourquoi une telle résurgence maintenant ?

Daniel Dory. Tout d’abord, il faut commencer par préciser ce que l’on entend par État islamique aujourd’hui.  Il faut savoir que l’État islamique tel qu’on l’a connu dans les années 2010 est dans un état de décrépitude avancée. Très récemment, d’ailleurs, on a publié dans Conflits (N° 48, 2023, p. 75) un texte sur le fait que leurs califes étaient systématiquement éliminés, et ce le plus souvent dans une zone sous contrôle des Turcs, c’est-à-dire de l’OTAN. Et l’État islamique c’est aussi en grande partie (mais pas exclusivement) le produit des services secrets occidentaux et de quelques monarchies du Golfe qui visaient à avoir un contrepoids, d’une part à al-Qaïda qui est toujours sous contrôle occidental très étroit et à la mouvance chiite plus ou moins liée à l’Iran. 

Depuis la perte de son assise territoriale vers 2017, l’État islamique en déliquescence est devenu, tout comme al-Qaïda d’ailleurs, une sorte de force supplétive plus ou moins mercenaire. Et particulièrement dans le cas de la branche État islamique au Khorassan, qui est très clairement un instrument au service d’intérêts très peu islamiques, et comprend plutôt des gens qui font des attentats de type mercenaire (notamment en Iran…). Et puis maintenant ils apparaissent à Moscou. 

Alors, qu’ils soient impliqués, il ne fait pas de doute. Qu’ils le soient via des acteurs tadjiks est déjà plus intéressant. Il y a des Tadjiks depuis très longtemps impliqués dans différentes entreprises de mercenariat plus ou moins terroristes dans la zone. En grande partie parce qu’il y a une minorité tadjike en Iran et que c’est donc utile pour déstabiliser ce pays. De la même façon que les services « occidentaux » ont gardé avec l’État islamique au Khorassan un moyen de nuire et donc de négocier avec les talibans ; c’est un caillou dans la chaussure que l’on maintient face au nouveau régime afghan. 

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Dans ce contexte-là, l’attaque de Moscou est à regarder avec une grande prudence. Que ce soient des Tadjiks liés à cette nébuleuse – parce que l’État islamique n’est pas un régiment d’infanterie prussien, mais plutôt une nébuleuse gluante et visqueuse comme une méduse – est significatif. Et que cette nébuleuse-là soit impliquée dans l’affaire de Moscou n’est pas douteux. De la même façon que des islamistes et des mercenaires liés à al-Qaïda ont été mis sur le front du côté ukrainien très tôt en 2022-23, avant d’être sans doute décimés par les gens de Wagner. Ils ont ensuite probablement été rapatriés vers la Turquie qui était leur point de départ. La Turquie, d’ailleurs, où au moins deux des terroristes de Moscou se trouvaient très récemment, selon des informations concordantes. Il est tout de même bon de rappeler que l’on est là sur du territoire OTAN. Donc ça c’est le point important. Plus le battage médiatique de tous les moyens d’information et de désinformation « occidentaux », en commençant par les États-Unis, qui ont signalé quand les cadavres étaient encore chauds (là, au sens littéral), que ce n’était surtout pas les Ukrainiens qui avaient commandité l’attentat. 

Alors que pour des attaques comme le Nord Stream, le 11 septembre, et une série d’attaques plus récentes comme les attentats de Paris, on a encore beaucoup de mal à comprendre vraiment les tenants et les aboutissants. Mais ici, l’idée que c’est l’État islamique, comme si l’État islamique était une entité hostile monolithique, est imposée à l’opinion publique dans une campagne qui ressemble beaucoup à de la désinformation tant que des faits solides ne seront pas présentés. 

Est-ce que la situation actuelle de la guerre en Ukraine a profité aux groupes terroristes ?

Je ne pense pas que cela ait profité de façon décisive. Il est simplement vraisemblable qu’il y ait eu, dans le cadre des opérations clandestines, une utilisation des gens de la mouvance État islamique tadjik pour faire un coup. Et ces acteurs ont d’ailleurs été attrapés dans des circonstances bizarres. Parce que ça, c’est quand même aussi à signaler. Mais enfin, on les a capturés. Et le discours qu’ils tiennent, c’est qu’ils ont été payés ou qu’ils allaient être payés un demi-million de roubles [environ 5 000€] (ce qui n’est quand même pas très cher payé, pour faire cette tuerie) et qui ne correspond pas du tout avec le profil des djihadistes habituels de l’État islamique, qui généralement essayent de mourir sur place, et ne préparent pas de façon aussi évidente leur fuite. Donc ils ont un profil qui est typiquement mercenaire et différent du djihadiste pur et dur qui se bat pour autre chose qu’un demi-million de roubles.

Je voulais revenir avec vous sur l’organisation islamique au Khorassan. Quelles sont ses revendications et comment se profile son expansion territoriale ? Quel est son véritable projet?

C’est un groupe qui est destiné, comme je viens de le dire, à déstabiliser surtout les talibans et à permettre de négocier, par l’intermédiaire de la menace terroriste, des points sur lesquels les Occidentaux ont besoin de négocier. L’État islamique au Khorassan, c’est une entreprise multinationale dont on a beaucoup de mal à comprendre le lien avec l’État islamique “central”, dont les restes de résidus se trouvent principalement dans le nord-ouest de la Syrie, où les califes successifs ont été éliminés. 

Et donc la situation est telle que l’on a beaucoup de mal, bien sûr, à cerner la réalité de l’État islamique au Khorassan. C’est-à-dire qu’il fait des attentats en Afghanistan, il fait des attentats en Iran, il en fait quelques-uns ailleurs, et c’est un faux-nez parfait. C’est par ailleurs une entité qui existe tout en étant nébuleuse, mais c’est un faux-nez parfait pour des opérations qui sont commanditées par différents États ou services, etc. Comme le terrorisme moyen-oriental en général. 

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C’est d’ailleurs une caractéristique du terrorisme moyen-oriental que d’être mis en œuvre par un ensemble de milices et de groupes qui dépendent de façon fluctuante de différents États qui les financent, qui les maintiennent en perfusion et qui les font disparaître le moment venu. 

Là, on a affaire à une milice mercenaire qui est à la disposition de différents acteurs. Et donc, je pense que lorsque les services russes regardent vers l’Ukraine, ce n’est pas de la paranoïa ; cela relève du bon sens, mais ne veut pas dire que ce soit absolument vrai. En tout cas, c’est quelque chose qui présente une très grande probabilité. Et il y a des indications, des signaux faibles qui ont déjà été donnés depuis quelques semaines là-dessus, et que l’enquête en cours devra élucider.

Est-ce qu’aujourd’hui on peut craindre une attaque d’une même ampleur dans les pays occidentaux ? On sait que la France est passée en “urgence attentat” à la suite de l’attentat en Russie. Est-ce qu’il y a un risque pour les pays occidentaux aujourd’hui ?

Le risque est permanent. Mais il n’y a pas de raison de penser que les facteurs de risque qui existent en Europe et en France en particulier soient accrus à la suite de cet épisode-là. La mise en alerte maximum est surtout une opération de communication visant à…

>> Lire la fin de l’entretien sur le site de la revue Conflits <<

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Au pays du soleil levant, les vieux en tiennent une de ces couches!

Au Japon, les décès sont deux fois plus nombreux que les naissances. Cela ne fait pas les affaires du fabricant local de couches. Quoique…


Il n’y a pas qu’en Europe que la natalité et le moral sont en baisse. Au Japon, qui possède la population la plus âgée après Monaco – la Principauté, ça conserve -, on meurt plus qu’on ne naît.
Si chez Jacques Deray, on ne meurt que deux fois, dans l’archipel nippon, on meurt deux fois plus. Il y a déficit des nouveau-nés et excédent de trépassés dans la balance commerciale ! Par conséquent, une entreprise de couches pour bébé, Oji Holdings, a vu son chiffre d’affaires baisser de plus de 40 pour cent l’année passée. Elle n’a vendu que 400 millions d’unités de couches, et si vous faites le calcul, cinq couches par jour multipliées par 365 jours sur au moins trois ans, vous vous rendez compte que ça ne fait pas beaucoup.

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Pas assez en tout cas pour cette entreprise qui a donc décidé de délocaliser à sa manière : les vieux sont en surnombre ? Très bien ! Ils ont besoin eux aussi de couches ? Souvent, surtout à un âge très très avancé, ce qui est le cas dans ce pays. Ainsi, tout en gardant une production pour l’exportation, l’entreprise Oji Holdings ne s’est pas démontée et vise désormais le grand âge. Ainsi, « Oji Holdings va rester present dans le segment des couches bebes, mais uniquement à l’étranger (Indonésie, Malaisie), où il compte renforcer sa production et ses ventes locales » et ciblera les vieux pour son marché national, rapportent nos confrères de 20 Minutes. Et cela peut être payant, dans la mesure où même si les fesses perdent de leur chair avec le temps, celles des vieux sont tout de même plus larges et nécessitent donc plus d’ouate adéquate… Le prix, bien sûr, suivra.
Ainsi, les parents qui n’auront pas voulu faire d’enfants devront tout de même raquer pour les besoins de leurs géniteurs. Dès lors, les deux âges de la vie se rejoindront, pour le plus grand bonheur de ceux du milieu. On commence par ne pas savoir contrôler son sphincter, et on finit par ne plus du tout maîtriser ses viscères. Blaise Pascal disait qu’il faut « tenir les deux bouts de l’arc » ; l’entreprise Oji Holdings l’a fait.

Je suis une femme et je suis contre le congé menstruel

Les députés étudient une proposition de loi visant à instaurer un arrêt menstruel pour les femmes souffrant d’endométriose. Hier, la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a rejeté le projet de loi porté par Sébastien Peytavie et Marie-Charlotte Garin, députés Nupes.


Hier, j’ai regardé longuement cette vidéo dans laquelle des députés se mettent en scène, abdominaux branchés sur un « simulateur de douleurs menstruelles », râlant, se tordant, avant de finalement abdiquer : « D’accord, je valide ! »

Valider quoi au juste ? Pour rappel, il s’agira pour eux, le 4 avril prochain, de voter une proposition de loi sur le congé menstruel et non de décider, de manière subjective qui plus est, si cette douleur est insupportable. Il est évident qu’elle l’est, pour certaines femmes, plus précisément 8 à 15% d’entre nous selon les dernières études et, bien sûr, qu’il est grand temps que ces pathologies que sont la dysménorrhée et l’endométriose, soient enfin mieux reconnues et mieux prises en charge.

Cependant, ceux qui affirment que cette loi n’occasionnera pas de discrimination, sont définitivement déconnectés du monde réel. Bien sûr que le sujet ne sera pas abordé en entretien d’embauche mais il sera tout de même pris en compte. Comme l’éventualité d’un projet de grossesse, ce sera le sujet tabou, la discrimination invisible, mais réelle. Non, je n’ai pas envie de subir cette discrimination supplémentaire et j’en ai marre de ces lois qui, sous prétexte d’équité, tirent tout le monde vers le bas.

Le chantage aux règles

Je me souviens de cette fille au collège qui s’appelait Virginie. Elle avait brandi une serviette hygiénique sous le nez de notre professeur de Physique en lui demandant de sortir de cours quelques instants. Elle n’avait pas un besoin urgent d’aller aux toilettes. Elle avait simplement, du haut de ses 13 ans, parfaitement compris que le sujet mettait les hommes un peu mal à l’aise et que cela lui permettrait d’obtenir ce qu’elle voulait. Que dire également de toutes ces générations de filles qui ont prétexté être « indisposées » pour échapper au cours de sport à l’école ? Nous en connaissons toutes. Or, il est important d’avoir à l’esprit que cette proposition de loi repose sur le postulat que les femmes adultes se comportent mieux que ces adolescentes dont je vous parle. Car oui, ne nous leurrons pas, ce congé menstruel se basera exclusivement sur la confiance car les faits seront heureusement invérifiables.

Mme Hélène Conway-Mouret (PS), auteure de la proposition de loi, ne s’y méprend pas puisqu’elle-même affirme : « Faire confiance aux femmes me semble essentiel, afin qu’elles puissent gérer au mieux ce moment du mois très pénible pour elles. »

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Non, je ne fais pas confiance aux femmes, pas plus que je ne fais confiance aux hommes lorsqu’il s’agit de droit du travail. Les tribunaux de Prud’hommes n’ont jamais été aussi débordés, il est désormais courant que des stagiaires ou apprentis partent en croisade judiciaire contre leurs entreprises avant même une conciliation à l’amiable et les nouvelles générations de salariés connaissent bien mieux leurs droits que leurs devoirs.

Je pense que la solution (car le problème existe même s’il ne concerne qu’une minorité) ne doit pas venir de la loi mais bien du monde de l’entreprise. D’ailleurs, lors de la même intervention, Mme Conway-Mouret précise : « Des collectivités et des entreprises ont spontanément pris l’initiative de mettre en place cet arrêt menstruel : estimant que leurs employés et salariés recherchent un cadre professionnel dans lequel ils peuvent s’épanouir, les entreprises y voient un élément d’attractivité ».

Entrepreneurs sadiques

Il est évident que dans la plupart des entreprises et particulièrement les TPE/PME qui constituent l’essentiel du tissu économique français, personne n’a attendu cette loi pour communiquer et gérer au mieux les plannings des personnes concernées, que ce soit en adaptant la journée de travail, en permettant le télétravail si nécessaire, ou en étant plus tolérant ces jours-ci sur la productivité de la salariée. Personne n’est assez sadique pour avoir sciemment envie de voir sa collaboratrice se tordre de douleur toute la journée à son poste de travail. Si vous jugez que cela n’est pas encore assez répandu en entreprise, soyez assurés que ça va progressivement se démocratiser dans les années à venir, puisque les entreprises, ayant de plus en plus de mal à recruter, sont bien obligées de valoriser le bien-être au travail pour séduire d’éventuels candidats.

En outre, cette même loi ne risque-t-elle pas d’occasionner une autre discrimination, plus grave encore que celle qu’elle prétend combattre ? Je pense notamment à celle qui oppose les corps de métier. Vous trouvez ça normal qu’une employée de bureau puisse travailler chez elle en télétravail ce jour-là, bouillotte sur le ventre et tasse de thé brûlant à la main ? Qu’en est-il cependant des enseignantes, infirmières, ouvrières du BTP, ou vendeuses ? Elles aussi peuvent être concernées. Comment allez-vous gérer votre organisation personnelle lorsque la nouvelle de l’absence de la maîtresse d’école de vos enfants vous parviendra à 6 heures du matin ? Deux jours par mois. Il ne vous restera plus qu’à espérer que les congés menstruels de la conductrice du car scolaire tombent au même moment.

Si j’étais un homme, on me traiterait de misogyne ou m’opposerait le fait que je n’ai pas droit à la parole sur ce sujet. Étant une femme, je m’attends à entendre au mieux que je suis égoïste, au pire que je suis sotte. Classique. Cependant, puisque les droits des femmes sont au cœur du sujet, je m’en accorde un des plus élémentaires : celui de ne pas être d’accord.

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Effondrement de la France: en finir avec ses maltraitants

L’idéologie et ses contre-vérités dominent encore le discours progressiste de nos dirigeants, qui s’inquiètent de la dette mais ne font pas grand-chose, déplore Ivan Rioufol.


La France est à l’image du pont de Baltimore (Etats-Unis), qui s’est effondré mardi sous le choc d’un porte-conteneurs. Un demi-siècle d’idées tordues ont amené le pays à s’autodétruire. L’endettement de la nation à plus de 3000 milliards d’euros n’est qu’un élément de sa désagrégation, qui touche également à la cohésion et à la sécurité. « Le pays tient ! », a cru pouvoir affirmer Alain Minc, auteur de La mondialisation heureuse (1999), samedi dernier sur France Culture dans l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut. L’enfant gourmand de la finance croyait se rassurer en observant le pays résister plus que d’autres au nouvel antisémitisme islamique et à ses assauts contre la laïcité. Le constat a, il est vrai, sa part de vérité : les manifestations pro-Hamas et anti-juives ont été plus discrètes en France qu’en Grande-Bretagne, minée par le communautarisme institutionnalisé.

La déroute de la pensée unique

Cependant, l’aveuglement dogmatique des mondialistes, qui est aussi celui d’Emmanuel Macron, interdit toute approche critique de l’immigration de peuplement, qui accélère la désagrégation sociale, la chute de l’école publique, la faillite économique. Tandis que l’Insee confirmait mardi l’insincérité des comptes publics, qui ont dérapé de 154 milliards d’euros en 2023, le proviseur de l’établissement scolaire Maurice-Ravel (20e arrondissement de Paris) choisissait de démissionner, après avoir reçu des menaces de mort liées à ses remarques à l’encontre d’une élève ayant gardé son voile. Non seulement les élites ne savent pas gérer les finances, mais elles ont abandonné les citoyens à leur sort, en les priant désormais d’être « vigilants ».

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La réflexion fameuse d’Abraham Lincoln illustre la réalité contemporaine : « On peut tromper tout le monde quelque temps ou quelques-uns tout le temps, mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps ». Le Système ne produit que des désastres économiques, identitaires, sécuritaires. Maurice Allais, prix Nobel d’économie, situait le début de la dislocation à 1974, avec la libéralisation mondialiste des échanges extérieurs. De cette année date aussi le dernier budget excédentaire. Or personne n’ose remettre en question ces soubassements si mal pensés. Le gouvernement, en quête d’économies, s’apprête à rogner davantage sur l’assurance-chômage (Gabriel Attal réservait ses annonces pour mercredi soir) sans imposer à l’État lui-même un amaigrissement technocratique et sans oser réduire les aides sociales à la seule citoyenneté française.

Présentons Johanna Rolland à Éric Dupond-Moretti !

L’idéologie et ses contre-vérités dominent encore le discours progressiste. Éric Dupond-Moretti a accusé les magistrats de « faire le lit de l’extrême droite » pour avoir dit, devant une commission sénatoriale, la vérité sur la surpuissance des narcotrafiquants et avoir qualifié Marseille de « narcoville ». La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, qui a contribué au naufrage sécuritaire de sa ville, s’en prend dans Ouest-France aux « réacs » qui la critiquent, tandis qu’elle vante une ville « plus écologique, plus féministe, plus créative ». Pourquoi garder plus longtemps des dirigeants qui maltraitent les Français ?

La cage aux fols

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Mémorial de la victime ayant la double nationalité allemande et philippine, tuée à coups de couteau à Bir Hakeim le 2 décembre 2023. Deux autres personnes ont été blessées ce jour-là © CARON/ZEPPELIN/SIPA

Tous les « fous de Dieu » ne sont pas des assassins. Car toutes les religions ne commandent pas de tuer les impies. À cette nuance, oubliée des Occidentaux, s’ajoute désormais le « trouble psychiatrique » associé aux terroristes islamistes. De quoi enterrer l’origine du problème.


Alors que d’autres attaques au couteau ont eu lieu depuis l’attentat terroriste du Pont-Bir-Hakeim, à Paris, on continue de parler, pour désigner ces meurtriers, de « fous de Dieu » – souffrant par ailleurs de troubles psychiques, c’est désormais un cas d’école. Si tout le monde s’accorde à penser qu’un traitement médical aurait évité le passage à l’acte au Pont-Bir-Hakeim – rien de tel qu’une camisole chimique pour museler les fanatiques ! –, la polémique s’emballe dès lors qu’un trouble psychique est instrumentalisé pour faire diversion et occulter la réalité : l’islamisme radical tue et ne demande qu’à continuer, comme l’ont rappelé les dirigeants du Hamas bien déterminés à recommencer, et même à améliorer leurs performances macabres.

À petites doses

L’extrémisme religieux serait-il en soi une maladie mentale, difficilement curable comme le prouve l’échec de la « déradicalisation » ? Une pathologie psychique en tout cas, échappant au radar intellectuel des Occidentaux qui, lorsqu’ils ne sont pas athées, se font de la religion une idée plus consensuelle en accord avec les valeurs humanistes et républicaines. Mais choisit-on de suivre inconditionnellement Allah, le Christ ou Bouddha comme on entre dans une organisation humanitaire ?

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Pas d’engagement religieux sans une certaine dose de « folie », puisqu’en se détournant des biens de ce monde au profit de nourritures spirituelles, on inverse les rapports communément établis entre démence et sagesse, normalité et pathologie. C’est bien en ce sens la « folie de la Croix » que saint Paul fraîchement converti prêcha aux Corinthiens : « Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes. » (1 Cor. 25). Que de comportements étranges, que d’extravagances les religions n’ont-elles pas provoqués, sinon toujours approuvés ! Étaient-ils vraiment « normaux », ces ermites revenus à l’état quasi sauvage qui peuplaient les déserts du Proche-Orient au début de l’ère chrétienne, ou ces « fol-en-Christ » arpentant la steppe russe tout en récitant continûment la prière du cœur ? Ne le sont pas davantage les yogis méditant des années durant dans des grottes obscures sur les hauts plateaux himalayens, ou les adeptes de la « folle sagesse » tantrique. Et que dire des mystiques extatiques, des moines errants (gyrovagues), des ascètes émaciés au regard brûlant ! Empédocle, Socrate, Diogène n’étaient-ils pas eux aussi des « fous » pour avoir écouté la voix qui les incitait à défier la normalité de leur temps ? Aucun d’entre eux n’aurait pourtant imaginé attenter à la vie d’autrui avec la cruauté barbare des islamistes radicaux.

Croire n’est pas être malade mental

Quelle certitude intérieure faut-il par ailleurs avoir acquise pour préférer le martyre au reniement de sa foi ? Les premiers chrétiens livrés aux lions tout comme les cathares montant au bûcher furent à cet égard des « résistants », aussi inébranlables que certains maquisards et méritant, comme eux, notre considération. Un martyr (du grec martus, témoin) est d’abord un croyant qui, tel Hallâj en terre d’islam[1] ou les trois Hébreux dans la fournaise (Livre de Daniel), témoigne de la gloire de Dieu au milieu des pires supplices, et non une brute sanguinaire maniant le couteau ou la kalachnikov tout en rêvant aux vierges qu’il déflorera une fois arrivé au paradis d’Allah. S’il est vrai qu’on ne peut pas grand-chose contre un individu prêt à perdre la vie pour une cause qu’il juge légitime, on peut au moins n’être pas dupe du coup de force perpétré par les islamistes défigurant par la terreur le sens spirituel du martyre. Que les Occidentaux se fassent aujourd’hui une tout autre idée de la pratique religieuse ne les rend que plus démunis face à cet extrémisme sanglant ; incapables qu’ils sont par ailleurs de valoriser ce qui, dans leur héritage spirituel, leur permettrait de sympathiser avec certains aspects de la « folie » religieuse, dès lors qu’elle est inoffensive, et témoigne d’une liberté d’esprit et d’un choix de vie que la « normalité » technocratique et consumériste tend à faire disparaître.

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L’erreur serait donc de conclure, au vu des exactions islamistes, qu’il faut en finir avec toute pratique religieuse sous prétexte qu’elle s’apparenterait de près ou de loin à une maladie mentale et conduirait tôt ou tard à commettre des actes inhumains, comme on a cherché à le démontrer au xixe siècle au nom du rationalisme et du scientisme qui avaient alors le vent en poupe. Ce fut le temps des grandes critiques de la religion, et des diagnostics sans nuances sur la « mort de Dieu » (Nietzsche), « l’opium du peuple » (Marx) ou la névrose religieuse (Freud) que la psychanalyse permettrait de guérir. Mais on a déchanté depuis, et les exécutions de masse commises au nom de telle ou telle idéologie – Camus parle dans L’Homme révolté de « meurtre logique » – ont été, au xxe siècle, suffisamment nombreuses et monstrueuses pour n’être pas imputables à la religion, même si l’on peut parler en la circonstance d’une « religion » de la Raison, de la Science ou du Parti. Toutes les idéologies mortifères à cet égard se ressemblent et les crimes de Staline, d’Hitler ou de Pol Pot n’ont rien à envier aux massacres commis au nom de Dieu.

Annecy, 8 juin 2023 © Mourad ALLILI/SIPA

On sait en tout cas aujourd’hui qu’il est un usage fanatique de la rationalité qui ne nous sauvera pas de la religion lorsqu’elle est elle-même devenue folle, et déshonore ce qu’il peut aussi y avoir en elle de « folie » respectable. La clé du conflit avec l’islamisme n’est donc pas politique, mais culturelle et spirituelle ; les responsables politiques ne pouvant au mieux qu’accompagner et soutenir une décision collective d’insoumission radicale prise à la fois au nom de la liberté de conscience et de la confiance en une vie spirituelle qui ne tue pas, ne viole pas et s’enrichit des comportements divers et variés à travers lesquels chaque être humain est en droit de vivre sa relation personnelle à ce qui le dépasse.


[1] Louis Massignon, La Passion de Hallâj : martyr mystique de l’islam, Gallimard, 1990.

De l’honnêteté d’informer

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Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), est l’invité de l’émission « L’heure des pros » sur CNews, 15 février 2024. DR.

L’arrêt du Conseil d’État va à rebours de la doctrine de l’Arcom et des jurisprudences française et européenne : plus il y a de supports médiatiques, moins leur liberté éditoriale doit être bridée. Seules les chaînes de service public, tenues par le principe de neutralité, doivent refléter tous les courants d’opinion.


Le 13 février dernier, le Conseil d’État a jugé que, pour vérifier le respect de l’obligation de pluralisme de l’information par une chaîne de télévision (en l’espèce CNews), l’Arcom ne devait pas se limiter à veiller à une répartition équitable des temps de parole des personnalités politiques, mais également prendre en compte les interventions de l’ensemble des participants aux programmes, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités. Le Conseil d’État impose ainsi une exigence de « pluralisme interne » incontrôlable, infondée et préjudiciable à la liberté éditoriale.

On peut s’étonner que d’éminents juristes amalgament les différentes dimensions du pluralisme, sans distinguer pluralisme de l’information et honnêteté de l’information, ni articuler pluralisme interne et pluralisme externe[1].

L’arrêt va à rebours de la doctrine constante de l’autorité de régulation de l’audiovisuel comme de la jurisprudence française et européenne. Cette doctrine et cette jurisprudence sont de bon sens : plus s’exerce le pluralisme externe (et c’est l’enjeu des appels à candidature conduits par l’autorité de régulation), moins doit être bridée la liberté éditoriale.

Ainsi, dans son arrêt NIT c. Moldavie du 5 avril 2022,la Cour européenne des droits de l’homme juge que « les dimensions du pluralisme interne et externe doivent se combiner »et que, dans le cadre d’un régime national de licences, un manque de pluralisme interne peut être compensé par l’existence d’un pluralisme externe effectif. C’est le cas si l’autorité derégulation fait en sorte que« les programmes offerts au public, considérés dans leur ensemble, assurent une diversité qui reflète la variété des courants d’opinion qui existent dans la société ». L’arrêt du 13 février 2024 rompt également avec la propre jurisprudence du Conseil d’État, qui combinait jusqu’ici libéralement pluralisme et liberté éditoriale : n’a-t-il pas, par exemple, jugé impossible d’imposer à une radio exprimant un courant de pensée particulier d’ouvrir son antenne à d’autres courants (27 novembre 2015, Radio Solidarité) ?

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L’exigence de « pluralisme interne » est inadaptée à un environnement marqué par la multiplication des supports par voie terrestre, satellitaire et en ligne, ainsi que par la réception de chaînes étrangères. Aujourd’hui, la pluralité des supports permet le pluralisme externe, et donc l’existence de chaînes portant un courant d’opinion comme CNews. Dans ce nouvel environnement, on ne peut exiger de chaque service de communication audiovisuelle, sauf d’une chaîne de service public tenue par le principe de neutralité, qu’il respecte le « pluralisme interne », c’est-à-dire que ses programmes reflètent toute la diversité des courants de pensée et d’opinion.

Ce qu’impose la loi à une chaîne, c’est que l’information soit honnête (elle ne doit être ni falsifiée ni tronquée) ; que certains sujets soient traités ; que la couverture des campagnes électorales et la répartition des temps d’antenne entre personnalités politiques soient équitables. Chaque opérateur doit en outre respecter la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (qui prohibe l’injure, la diffamation, l’incitation à la commission d’infractions ou la provocation à la haine contre un groupe de personnes). C’est déjà contraignant pour les opérateurs et difficile à contrôler pour l’Arcom. Aller au-delà serait contraire à la liberté éditoriale comme à l’esprit du « Media Freedom Act » en cours d’élaboration à Bruxelles.

Comment alors expliquer l’embardée que constitue la décision du 13 février 2024 ? Selon moi, par un biais cognitif. Le « populisme » est devenu le mauvais objet obsessionnel de ce petit milieu socioculturel moralisateur auquel appartiennent la plupart des gens de médias et une partie des membres du Conseil d’État. Même si sa part d’audience ne dépasse pas 3 % aux heures de grande écoute, CNews dénature, selon eux, la liberté de communication en flattant les préjugés populaires et en transformant des faits divers en faits de société. Dans cette « reductio ad extremam dextram » fantasmatique, le groupe Bolloré est un diable contre lequel il est urgent de pratiquer un exorcisme. Le droit a donc été instrumentalisé pour prononcer le vade retro. Mais c’est raté.

Autre question : comment sortir de l’impasse dans laquelle nous enferme (et s’enferme) le Conseil d’État ? Deux voies sont envisageables.

Une première consisterait à interpréter de façon « neutralisante » la décision du Conseil d’État. Elle est résumée, dans ses propos à La Tribune, par Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom : l’autorité de régulation considérerait qu’il ne lui est pas demandé de comptabiliser chacun des intervenants. Il n’y aurait de catalogage ni des journalistes ni des invités. L’Arcom, rappelle salutairement son président, « n’est ni une police de la pensée, ni un tribunal d’opinion. La loi de 1986 est d’abord une loi de liberté, qui consacre la liberté de communication et la liberté éditoriale ». L’Arcom n’en devrait pas moins, pour l’exécution de l’arrêt du 13 février, porter une appréciation globale sur le pluralisme de l’ensemble des programmes. C’est confier encore à l’Arcom un rôle– qu’elle récuse à juste titre– de surveillance de la pensée et s’exposer à l’arbitraire (comme toujours lorsqu’on demande à des hommes de contrôler les opinions d’autres hommes).

Une voie plus satisfaisante, mais plus radicale, serait d’inscrire explicitement dans la loi de 1986 le principe selon lequel chaque éditeur de service de communication audiovisuelle détermine librement sa ligne éditoriale et choisit librement les personnes qui interviennent sur son antenne.Et que l’exigencede pluralisme politique interne s’entend de la répartition équitable des temps d’antenne alloués aux personnalités représentant les formations politiques. Resterait exigé,en tout état de cause,lerespect de l’honnêteté de l’information dans chaque émission.


[1] Le pluralisme externe, c’est la diversité des chaînes de télévision ou des titres dans les kiosques à journaux. Le pluralism einterne, c’est la diversité des opinions sur les plateaux d’une même chaîne ou dans une même salle de rédaction.

L’office du soir

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D.R.

Ni vraiment woke, ni vraiment engagée politiquement, « C ce soir » parvient à diffuser quotidiennement la bonne parole progressiste.


On le sait depuis longtemps, le journal, télévisé ou pas, est la messe de l’homme moderne. Sur France 5, l’office du soir – opportunément intitulé « C ce soir » – a lieu vers 22 h 30. Il est animé, en alternance et à parité de genre, par Camille Diao et Karim Rissouli.

Le plateau réunit quatre, cinq ou six intervenants choisis en fonction du thème traité. Deux chroniqueurs – Laure Adler et Arthur Chevallier – sont également à demeure.

L’émission est presque toujours intéressante, ne serait-ce que parce que chaque intervenant peut s’exprimersans être constamment coupé. Certes, les animateurs ont davantage tendance à interrompre un intervenant dont le propos se situerait plutôt à droite que tel autre plus conforme à la ligne, mais cette intervention se fait en général sans grands éclats.

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Reste que la pièce retombe toujours du bon côté idéologique. Le credo est, dans l’immense majorité des cas, adroitement imposé dans l’intitulé du thème. On recourt à l’artifice malin qui consiste à paraître poser une question. Quelques exemples : « Crise de l’agriculture : la faute à la grande distribution ? »Le point d’interrogation n’est là que pour faire joli, puisque nulle autre cause possible que la grande distribution n’est mentionnée. Ce que l’émission confirme, aucun représentant de celle-ci n’étant présent. Autre exemple : « Gaza, 28 000 morts : sommes-nous indifférents ? »Primo, on prend pour acquis et vérifié le chiffre annoncé par les seules autorités gazaouies. Secundo, l’emploi du concept accusatoire d’indifférence annonce que le débat va s’orienter vers la culpabilisation de tout ce qui ne serait pas une adhésion claire à la cause palestinienne. Plus limpides encore : « Droit du sol : une remise en cause dangereuse ? » ou « Loi immigration, sage décision ? »On voit surgir en grand format le point Godwin, le sujet sur lequel on revient à la moindre ouverture : le RN, l’extrême droite. Le péril des périls. En l’occurrence, la synthèse lumineuse revient à un constitutionnaliste professeur d’université[1]: la décision de censure ne peut être que « sage », puisque ce qui est retoqué serait au programme du RN. La discussion est close. Même tonalité pour : « Manouchian au Panthéon : un symbole qui appartient à tous ? »La réponse à peine voilée est que, oui, il appartient à tous, sauf à qui vous savez.

Les animateurs n’ont même pas à jouer les gardiens du dogme. L’hérésie n’a aucune chance de perturber cette liturgie bien rodée. Ainsi nourri de la bonne parole, le téléspectateur peut aller en paix.


[1] Bastien François [NDLR]

Éric Zemmour: «Comment nier que le prénom puisse être un sujet politique?»

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Eric Zemmour photographié à Paris, 29 février 2024 © J.E.E/SIPA

Il n’aura pas eu le dernier mot. Après sa condamnation en appel dans le procès qui l’opposait à Hapsatou Sy, Éric Zemmour n’en démord pas: donner un prénom français à son enfant, c’est faire un pas vers la France. « À travers moi, ce sont des millions de Français que l’on veut faire taire ». Il regrette surtout qu’un débat sur l’assimilation se termine par une condamnation au tribunal, et dénonce un harcèlement judiciaire à son encontre qui s’accélère depuis qu’il s’est attaqué à la politique. Enfin, il nous explique qu’il n’est pas fâché avec Marion Maréchal, et en quoi il vaut mieux selon lui voter pour la liste de cette dernière que pour celle de Jordan Bardella.


Causeur. Le Corinnegate vous vaut une nouvelle condamnation pour injure à caractère raciste. Allez-vous vous pourvoir en cassation ?

Eric Zemmour. Oui, sait-on jamais : certains juges peuvent faire du droit et pas de la politique ! Il y a aujourd’hui 155 000 Corinne en France. Elles seront ravies d’apprendre que leur prénom est devenu une « insulte pour la France » et une « injure raciale » grâce à Madame Hapsatou Sy.

Ne pouviez-vous pas lui dire la même chose de façon plus légère ? Vous avez renvoyé à Hapsatou Sy son terme, « insulte pour la France », au sujet de son prénom, n’était-ce pas un peu violent ?

J’ai démontré que les parents d’Hapsatou Sy avaient enfreint la loi, encore en vigueur au moment de sa naissance, en nommant leur fille Hapsatou. Enfreindre la loi d’un pays c’est l’insulter. Je ne compte absolument pas m’excuser. Une vérité, même condamnée par des juges politisés, reste une vérité.

Au demeurant cette affaire de prénoms ne vous porte pas chance. Beaucoup de gens qui vous apprécient sont très hostiles à l’idée d’une loi sur les prénoms. Franchement, croyez-vous que la France de 2024 est prête à revenir à la tradition napoléonienne et à laisser l’Etat se mêler des prénoms de ses enfants ?

C’est un débat important, mais qui n’avait rien à faire dans une cour de justice. Quand la justice est au service de la politique, c’est que notre régime prend une pente dangereuse.

Cela vous permet au moins de me reparler du fond de l’affaire : l’assimilation. Comment peut-on parler d’assimilation sans parler de l’élément premier de votre identité qui indique immédiatement dans quel univers culturel vous avez été élevé ? Il n’y a qu’à voir à quel point le fait de révéler ou non le prénom des mis en cause dans certaines affaires est un sujet hautement sensible. Comment nier que le prénom puisse être un sujet politique ?

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Ce que me répond Hapsatou Sy dans cette émission est d’ailleurs révélateur[1]. Elle me dit : « vous voudriez que ma mère me donne un prénom comme Marie, qui ne lui inspire rien ? » Voilà tout le problème : notre histoire n’inspire rien à toute une partie de la population que nous avons accueillie généreusement. Je ne reproche pas aux gens de se nommer comme ils se nomment, je dis aux futurs parents que donner un prénom français à son enfant, c’est faire un pas vers la France. Le nom de famille et le deuxième prénom rappelleront vos racines et vos origines. Mes ancêtres ont fait cet effort, comme les Espagnols, les Italiens, les Portugais, les Arméniens, les Asiatiques, les Libanais, et tant d’autres. Pourquoi les nouvelles vagues en seraient incapables ?

DR

En dehors de ce cas, vous êtes, comme le remarque Libération avec une joie non dissimulée un habitué de la 17ème avec déjà quelques condamnations définitives. Êtes-vous victime d’un acharnement judiciaire ? Ne croyez-vous pas que votre langage est parfois trop cru et inutilement blessant ?

En 12 ans, j’ai été trainé 12 fois devant les tribunaux. Depuis deux ans ce n’est plus une attaque par an, mais presque une attaque par mois. Oui, cela s’appelle un harcèlement judiciaire et il s’accélère depuis la campagne présidentielle.

À travers moi, ce sont des millions de Français qui sont d’accord avec les propos qu’on me reproche que l’on veut faire taire. Ce langage cru, c’est le langage libre que les Français attendent : on meurt de tout édulcorer, de mentir et de louvoyer depuis trop longtemps. Faites un sondage sur mes propos et demandez combien de Français sont d’accord avec ce qui m’a valu d’être condamné… Vous seriez surprise du résultat, quand on sait que la justice est rendue « au nom du peuple français ». D’ailleurs regardez la loi qui vient de passer à l’Assemblée dans le silence des oppositions : une loi pour censurer les propos privés ! Après moi, ce sera au tour des Français si on se laisse avoir.

Dans plusieurs cas, ce qui vous a valu d’être condamné, c’est de dire « les » (les migrants, les musulmans) plutôt que « des » ou « beaucoup » ou « une forte proportion » etc… Vous allez me dire que pour penser, il faut généraliser, mais en mettant tout un groupe dans le même sac, vous oubliez que des individus peuvent échapper au groupe, nous en connaissons des tas d’exemples.

Oui, bien sûr, je suis entièrement d’accord avec vous. J’ai souvent répété cette phrase de Benjamin Constant : « tout est moral chez les individus, tout est physique dans la masse ». Parce que je suis de culture judéo-chrétienne, je crois en la personne humaine et en l’émancipation individuelle. J’aimerais que davantage se détachent de leurs déterminismes et ce n’est pas ma faute si toutes les enquêtes d’opinion montrent que la masse ne s’en détache pas. Gardons une autre notion chrétienne : l’espérance !

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Vous êtes contre les lois mémorielles. Mais pensez-vous que la liberté d’expression devrait être totale (ce qui n’existe nulle part dans le monde) ? Avez-vous envie de vivre dans un monde où on peut publiquement clamer sa haine des juifs, des noirs ou des coiffeurs ? Une société peut-elle se passer d’interdits en matière de parole publique ?

Entre le zéro et l’infini, il y a toutes les nuances possibles. Je vous donne un exemple : aux États-Unis, il n’y a pas de loi qui censure la liberté d’expression, et c’est le pays où, par exemple, les juifs sont le plus en sécurité. En France, on censure tout et l’antisémitisme est plus important chaque année chez certains. La gauche ment effrontément sur les résultats concrets de sa stratégie de censure permanente : ils sont catastrophiques.

Puisque je vous tiens, j’en profite. Que se passe-t-il avec Marion Maréchal ? Sur quoi porte votre différend ? Et ne dites pas qu’il n’y en a aucun, quand les médias brodent, c’est toujours à partir d’un bout de vérité.

Le bout de vérité sur lequel ils brodent, c’est ce que j’aime le plus au monde: le débat ouvert et la confrontation libre des idées. Chez Reconquête, tout le monde n’est pas d’accord sur tout et tout le temps, et je nous en félicite. Marion et moi, partageons l’essentiel des convictions : c’est pour cela qu’elle m’a rejoint. Mais il y a des journalistes qui sont des petites natures. Il suffit qu’une rumeur de discussion un peu animée leur parvienne pour qu’ils s’écrient : c’est l’apocalypse ! Et comme les journalistes n’ont rien à dire, ils adorent s’imiter les uns les autres. Leurs gesticulations dans le vide bondissent d’une rédaction à l’autre comme la puce change de chien. Le journaliste qui a lancé cette affaire devrait travailler en Corée du Nord : il a vu un scandale où il y avait de la démocratie. Avec Marion, nous sommes deux personnalités fortes, et c’est pour cela que nous nous entendons et que nous convaincrons ensemble le maximum de monde le 9 juin !

Marion Maréchal et Eric Zemmour, Paris, 10 mars 2024 © EMMANUEL DUNAND / AFP

D’après Le Point, certains « marionistes » disent que vous êtes trop présent dans la campagne. Est-ce votre avis ? Après tout, c’est elle la tête de liste…

Je ne sais pas qui sont les « marionistes », mais je sais que ce n’est pas Marion. Elle compte sur moi comme je compte sur elle pour mener l’offensive sabre au clair, avec tout le panache dont elle est capable. C’est parce que je crois en elle que je l’ai choisie pour mener la grande bataille des européennes. Et elle peut compter sur moi pour contre-attaquer chaque fois qu’elle sera prise pour cible.

J’ai analysé la vie politique pendant 30 ans. J’en ai connu des chefs qui lâchaient leurs lieutenants. Qui attendaient leur défaite les bras croisés et parfois même en se frottant les mains.  Eh bien ce n’est pas mon genre ! Moi je me mouille, je vais à la bataille parce que je suis comme ça. Je suis allé aux législatives avec mes troupes, je soutiens Marion aujourd’hui à 100%. Je suis derrière elle. Et s’il faut prendre des coups pour que Reconquête soit au plus haut le 9 juin, je les prendrai. C’est mon caractère, c’est mon parti et les gens me font confiance pour ça.

Pourquoi un électeur devrait-il plutôt voter pour vous que pour la liste Bardella ?

Pour envoyer des députés français qui pèseront, qui travailleront et qui se battront au Parlement européen. Pour donner de la force à Reconquête, un jeune parti qui vient de naître et a beaucoup d’ambition pour la France. Pour défendre ses convictions : nous sommes les seuls à lutter à la fois contre l’islamisation du pays, contre le wokisme et pour une économie de droite.

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[1] « Les Terriens du dimanche », émission de Thierry Ardisson, C8, septembre 2018 NDLR.

D’accord avec Pascal Praud, à deux nuances près!

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Le magistrat et essayiste français Philippe Bilger © Pierre Olivier

Notre chroniqueur, invité chez Pascal Praud hier, n’a pas eu le temps de relativiser le pessimisme de l’édito de ce dernier à l’antenne. Il prend la plume.


Pascal Praud, en ouverture de L’heure des pros ce 28 mars sur CNews[1], a prononcé un éditorial très pessimiste, notamment à cause des péripéties scandaleuses qui ont vu, au lycée Maurice-Ravel à Paris (20e), le proviseur partir quelques mois avant sa retraite effective, pour des raisons de sécurité. Il n’avait pourtant fait qu’appliquer la loi à l’encontre de trois lycéennes voilées dont une majeure en BTS, qui avait refusé d’obtempérer[2]. Ce proviseur a été reçu par le Premier ministre à Matignon avec Nicole Belloubet. Cela n’a pas empêché cette dernière de continuer dans son registre émollient, ne faisant allusion qu’au « retrait » du proviseur, euphémisme plus que navrant. Une plainte va être déposée par l’Etat contre la lycéenne majeure qui n’est plus à Ravel, pour dénonciation calomnieuse.

Sombre diagnostic

Pascal Praud, à juste titre, a complété son constat par des références à d’autres violences, à Nice, à Roissy… Il a dénoncé des comportements ministériels, que ce soit celui de Bruno Le Maire ou celui du garde des Sceaux fustigeant les magistrats qui n’avaient fait que dire la vérité sur le narcotrafic à Marseille devant la commission sénatoriale. Sur le plateau, nous avons tous approuvé le sombre diagnostic de Praud sur la situation de la France et l’incurie gouvernementale.

À vrai dire, je n’ai été en contradiction avec lui que sur sa conclusion : tout est fichu, c’est trop tard, il n’y a plus rien à faire. À deux nuances près. Ayant dû quitter l’émission exceptionnellement à dix heures, j’avais envie de les préciser dans un post.

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La première est que la multitude des dysfonctionnements, reculades, lâchetés et faiblesses constituent des épisodes infiniment regrettables, voire traumatisants, mais qu’ils ne peuvent pas être globalisés de telle sorte que notre pays serait lui-même considéré comme profondément gangrené dans ses tréfonds. L’islamisme gagne des batailles mais la France elle-même n’a pas perdu la guerre contre lui. Notre démocratie malmenée, attaquée, n’a pas été vaincue.

Âmes inquiètes

La seconde est que, si on suivait la pente de Pascal Praud qui juge inéluctable la partition de la France entre les privilégiés qui s’en sortiront toujours et les modestes qui souffriront, on acterait d’une certaine manière la déroute de la politique. Si ce tableau était lucide dans toutes ses composantes, au fond le pays n’aurait pas d’autre choix que d’accepter sa disparition.

Je suis persuadé qu’après 2027, rien ne sera fatal. J’ai bien conscience qu’il ne suffit plus dans notre République d’avoir quelques paroles et pratiques libres qui font espérer. Pour l’emporter, nous aurons besoin d’une vision, d’un courage, d’une alliance entre la France du haut audacieuse, vigoureuse et sincère et le peuple rassuré. Il n’y a aucune raison pour que le système actuellement déprimant ne puisse pas un jour être remis dans le bon sens.

Je ne suis pas naïf : des personnalités exceptionnelles devront surgir qui, déterminées à briser impuissances et résignations, feront sortir la République de cette impasse entre ceux qui ne se battent pas assez pour défendre la nation et ceux ne se rendent pas compte qu’ils la détruisent en prétendant la servir. Une autre politique aura toujours ses chances. Ces deux nuances qui me séparent de Pascal Praud feront le départ entre un pays qui abandonne et s’abandonne et une nation qui tient et se redresse.

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[1] https://www.cnews.fr/emission/2024-03-28/lheure-des-pros-emission-du-28032024-1475064

[2] https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/religion-laicite/demission-du-proviseur-du-lycee-maurice-ravel-a-paris-ce-que-l-on-sait-de-son-altercation-avec-une-eleve-au-sujet-du-voile-et-des-menaces-de-mort-qui-ont-suivi_6450337.html

Conseil d’État, Conseil constitutionnel: le coup d’étau permanent

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Discours de Laurent Fabius dans le grand salon du Conseil constitutionnel, pour la cérémonie du 65e anniversaire de la Constitution de 1958, Paris, 4 octobre 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Après le Conseil constitutionnel qui a censuré la loi immigration, le Conseil d’État veut censurer CNews. Ces hautes juridictions pensent protéger les Français, qui ne sont pas dupes, d’un péril fasciste imaginaire. Vous avez dit « République des juges » ?


Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne s’ennuie pas au Palais-Royal depuis le début de l’année ! Passons vite sur la nomination surprise, le 11 janvier, de Rachida Dati à la tête du ministère de la Culture, dont le siège se trouve dans l’aile Valois du bâtiment, et venons-en à l’aile Montpensier, qui abrite, de l’autre côté de la Cour d’honneur, le Conseil constitutionnel.

La loi immigration censurée

Le 25 janvier, l’instance présidée par Laurent Fabius nous a offert un spectacle édifiant. Saisie par le président de la République, elle a censuré plus de la moitié de la loi « immigration », telle qu’approuvée au Parlement un mois plus tôt. Les dispositions les plus fermes du texte ont ainsi été supprimées. Leur tort ? En induisant un changement des conditions d’obtention du permis de séjour et d’accès à certaines prestations sociales « non contributives » pour les étrangers, elles seraient, à en croire les sages de la Rue Montpensier, dénuées de tout lien, « même indirect », avec l’objet d’une loi « immigration ». On se pince.

À lire aussi, Didier Desrimais: Profession: rapporteur

Le 13 février, c’est au tour du Conseil d’État, abrité quant à lui dans le corps de bâtiment principal du Palais-Royal, de nous réserver une autre tragi-comédie. Suite à un recours de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) déposé en 2022, la plus haute juridiction administrative française rend ce jour-là un arrêt reprochant à l’Arcom de ne pas suffisamment veiller au « pluralisme des courants de pensée » sur CNews, chaîne qui pourtant respecte scrupuleusement l’équilibre du temps de parole entre les partis et les candidats aux élections. Seulement, les magistrats estiment que le gendarme de l’audiovisuel ne devrait pas uniquement scruter la parole du personnel politique à l’antenne, mais aussi les « interventions de l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ». En d’autres termes, il est sérieusement envisagé de placer sous la surveillance de l’État l’opinion s’exprimant sur les ondes. On se re-pince.

La République confisquée ?

Ainsi vogue le bateau ivre du pouvoir, avec à bord une élite fière de se dresser contre un péril fasciste imaginaire et d’employer pour ce faire des méthodes grossières et machiavéliennes, sous le regard médusé d’une majorité de citoyens. Ne crions pas non plus à la République confisquée. Les arguties juridiques du Palais-Royal n’empêcheront pas les Français, s’ils le souhaitent, d’envoyer Marine Le Pen à l’Élysée ; ni Vincent Bolloré, s’il en a le désir, de continuer à posséder la deuxième chaîne d’information continue française.

Notons aussi que la piteuse jurisprudence CNews ne concerne que les canaux de la TNT (30 chaînes nationales et 42 locales) et épargne les centaines de chaînes non hertziennes, comme celle du Figaro par exemple, ou la très gauchiste Le Media, que plus de 80 % des Français peuvent regarder sur leur téléviseur grâce aux box fournies par les opérateurs internet. Contrairement au Web ou à la presse imprimée, la TNT est en effet, comme la bande FM, un domaine public sous tutelle de l’État : les médias autorisés à y émettre n’ont dès lors qu’un statut de concessionnaire (n’en déplaise aux producteurs de l’émission « Quotidien » sur TMC, qui estiment à tort avoir le droit, « parce qu’ils sont privés », de ne jamais inviter le RN sur leur plateau).

Au Palais-Royal, il se murmure que Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, pourrait obéir au Conseil d’État en demandant aux chaînes hertziennes de ne plus convier dans leurs émissions de débat que deux types d’intervenants : les « récurrents », à qui il serait demandé d’être détenteurs d’une carte de presse, et les « invités », pouvant venir de tous horizons mais à condition d’espacer leurs participations. Le travail d’appréciation du pluralisme en serait ainsi facilité. En espérant toutefois que l’Arcom s’abstiendra d’employer la stupide grille d’analyse du sociologue François Jost, auteur d’une étude ayant servi de base au Conseil d’État, et pour qui, par exemple, un opposant à l’IVG doit être nécessairement classé à « l’extrême droite » (« C médiatique », le 22 février). Le pape François appréciera…

Consternants Reporters Sans Frontières

Reste l’arrière-plan politique de ces deux affaires. Que ce soit par rapport à la loi immigration ou à CNews, les magistrats du Palais-Royal manifestent d’inquiétantes pulsions autoritaires. Car si leurs sentences sont libérales sur la forme, elles n’en demeurent pas moins incontestablement illibérales sur le fond. Libérales sur la forme, car l’une comme l’autre consistent respectivement à traiter le Parlement et l’Arcom, qui sont deux institutions de l’État, comme des justiciables comme les autres – c’est la définition de l’État de droit. Illibérales sur le fond, car les sentences prononcées vont dans le sens d’une indéniable restriction des libertés publiques.

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Le Conseil constitutionnel vient ni plus ni moins de priver députés et sénateurs du droit de traiter la question migratoire comme ils l’entendent, c’est-à-dire en établissant un lien de cause à effet entre l’attractivité de l’État-providence et les flux d’entrée sur le territoire. Des magistrats interdisent en somme à la représentation nationale de décider en conscience d’une logique politique. Quant au Conseil d’État, son arrêt CNews esquisse tout simplement l’instauration d’une police politique – et non plus seulement électorale – dans l’audiovisuel. Un corsetage inimaginable dans des démocraties comme les États-Unis et le Royaume-Uni.

On se rassurera toutefois en observant que la demande consternante de RSF d’interdire carrément à la chaîne d’information de Vincent Bolloré de diffuser des émissions d’opinion n’a pas été retenue. Au pays du « J’accuse » de Zola, les magistrats du Conseil d’État n’ont pas poussé le ridicule jusqu’à valider l’idée débile et dangereuse selon laquelle le commentaire d’actualité serait l’ennemi du journalisme.

Attentat de Moscou: faut-il craindre le réveil de Daech?

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Forces policières à Moscou, suite à l'attentat islamiste du 22 mars 2024 © AP PHOTO/ALEXANDER ZEMLIANICHENKO)/XSG103/24084319726332//2403241000

Comment analyser et comprendre l’attentat de Moscou ? Entretien avec Daniel Dory, docteur en géographie, chercheur et consultant en analyse géopolitique du terrorisme. 


Important : Cet entretien a été réalisé le 26 mars 2024, c’est-à-dire seulement quatre jours après l’attentat. Donc à un moment où l’on ne dispose que d’informations lacunaires et où l’on subit d’intenses campagnes de désinformation. Daniel Dory est membre du Comité scientifique de Conflits. Il vient de publier Étudier le terrorisme, VA Éditions, Versailles, 2024.


Revue Conflits. L’attentat terroriste de Moscou a remis sur le devant de la scène le groupe État islamique. Quelles sont les menaces terroristes toujours présentes aujourd’hui ? Et pourquoi une telle résurgence maintenant ?

Daniel Dory. Tout d’abord, il faut commencer par préciser ce que l’on entend par État islamique aujourd’hui.  Il faut savoir que l’État islamique tel qu’on l’a connu dans les années 2010 est dans un état de décrépitude avancée. Très récemment, d’ailleurs, on a publié dans Conflits (N° 48, 2023, p. 75) un texte sur le fait que leurs califes étaient systématiquement éliminés, et ce le plus souvent dans une zone sous contrôle des Turcs, c’est-à-dire de l’OTAN. Et l’État islamique c’est aussi en grande partie (mais pas exclusivement) le produit des services secrets occidentaux et de quelques monarchies du Golfe qui visaient à avoir un contrepoids, d’une part à al-Qaïda qui est toujours sous contrôle occidental très étroit et à la mouvance chiite plus ou moins liée à l’Iran. 

Depuis la perte de son assise territoriale vers 2017, l’État islamique en déliquescence est devenu, tout comme al-Qaïda d’ailleurs, une sorte de force supplétive plus ou moins mercenaire. Et particulièrement dans le cas de la branche État islamique au Khorassan, qui est très clairement un instrument au service d’intérêts très peu islamiques, et comprend plutôt des gens qui font des attentats de type mercenaire (notamment en Iran…). Et puis maintenant ils apparaissent à Moscou. 

Alors, qu’ils soient impliqués, il ne fait pas de doute. Qu’ils le soient via des acteurs tadjiks est déjà plus intéressant. Il y a des Tadjiks depuis très longtemps impliqués dans différentes entreprises de mercenariat plus ou moins terroristes dans la zone. En grande partie parce qu’il y a une minorité tadjike en Iran et que c’est donc utile pour déstabiliser ce pays. De la même façon que les services « occidentaux » ont gardé avec l’État islamique au Khorassan un moyen de nuire et donc de négocier avec les talibans ; c’est un caillou dans la chaussure que l’on maintient face au nouveau régime afghan. 

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Dans ce contexte-là, l’attaque de Moscou est à regarder avec une grande prudence. Que ce soient des Tadjiks liés à cette nébuleuse – parce que l’État islamique n’est pas un régiment d’infanterie prussien, mais plutôt une nébuleuse gluante et visqueuse comme une méduse – est significatif. Et que cette nébuleuse-là soit impliquée dans l’affaire de Moscou n’est pas douteux. De la même façon que des islamistes et des mercenaires liés à al-Qaïda ont été mis sur le front du côté ukrainien très tôt en 2022-23, avant d’être sans doute décimés par les gens de Wagner. Ils ont ensuite probablement été rapatriés vers la Turquie qui était leur point de départ. La Turquie, d’ailleurs, où au moins deux des terroristes de Moscou se trouvaient très récemment, selon des informations concordantes. Il est tout de même bon de rappeler que l’on est là sur du territoire OTAN. Donc ça c’est le point important. Plus le battage médiatique de tous les moyens d’information et de désinformation « occidentaux », en commençant par les États-Unis, qui ont signalé quand les cadavres étaient encore chauds (là, au sens littéral), que ce n’était surtout pas les Ukrainiens qui avaient commandité l’attentat. 

Alors que pour des attaques comme le Nord Stream, le 11 septembre, et une série d’attaques plus récentes comme les attentats de Paris, on a encore beaucoup de mal à comprendre vraiment les tenants et les aboutissants. Mais ici, l’idée que c’est l’État islamique, comme si l’État islamique était une entité hostile monolithique, est imposée à l’opinion publique dans une campagne qui ressemble beaucoup à de la désinformation tant que des faits solides ne seront pas présentés. 

Est-ce que la situation actuelle de la guerre en Ukraine a profité aux groupes terroristes ?

Je ne pense pas que cela ait profité de façon décisive. Il est simplement vraisemblable qu’il y ait eu, dans le cadre des opérations clandestines, une utilisation des gens de la mouvance État islamique tadjik pour faire un coup. Et ces acteurs ont d’ailleurs été attrapés dans des circonstances bizarres. Parce que ça, c’est quand même aussi à signaler. Mais enfin, on les a capturés. Et le discours qu’ils tiennent, c’est qu’ils ont été payés ou qu’ils allaient être payés un demi-million de roubles [environ 5 000€] (ce qui n’est quand même pas très cher payé, pour faire cette tuerie) et qui ne correspond pas du tout avec le profil des djihadistes habituels de l’État islamique, qui généralement essayent de mourir sur place, et ne préparent pas de façon aussi évidente leur fuite. Donc ils ont un profil qui est typiquement mercenaire et différent du djihadiste pur et dur qui se bat pour autre chose qu’un demi-million de roubles.

Je voulais revenir avec vous sur l’organisation islamique au Khorassan. Quelles sont ses revendications et comment se profile son expansion territoriale ? Quel est son véritable projet?

C’est un groupe qui est destiné, comme je viens de le dire, à déstabiliser surtout les talibans et à permettre de négocier, par l’intermédiaire de la menace terroriste, des points sur lesquels les Occidentaux ont besoin de négocier. L’État islamique au Khorassan, c’est une entreprise multinationale dont on a beaucoup de mal à comprendre le lien avec l’État islamique “central”, dont les restes de résidus se trouvent principalement dans le nord-ouest de la Syrie, où les califes successifs ont été éliminés. 

Et donc la situation est telle que l’on a beaucoup de mal, bien sûr, à cerner la réalité de l’État islamique au Khorassan. C’est-à-dire qu’il fait des attentats en Afghanistan, il fait des attentats en Iran, il en fait quelques-uns ailleurs, et c’est un faux-nez parfait. C’est par ailleurs une entité qui existe tout en étant nébuleuse, mais c’est un faux-nez parfait pour des opérations qui sont commanditées par différents États ou services, etc. Comme le terrorisme moyen-oriental en général. 

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C’est d’ailleurs une caractéristique du terrorisme moyen-oriental que d’être mis en œuvre par un ensemble de milices et de groupes qui dépendent de façon fluctuante de différents États qui les financent, qui les maintiennent en perfusion et qui les font disparaître le moment venu. 

Là, on a affaire à une milice mercenaire qui est à la disposition de différents acteurs. Et donc, je pense que lorsque les services russes regardent vers l’Ukraine, ce n’est pas de la paranoïa ; cela relève du bon sens, mais ne veut pas dire que ce soit absolument vrai. En tout cas, c’est quelque chose qui présente une très grande probabilité. Et il y a des indications, des signaux faibles qui ont déjà été donnés depuis quelques semaines là-dessus, et que l’enquête en cours devra élucider.

Est-ce qu’aujourd’hui on peut craindre une attaque d’une même ampleur dans les pays occidentaux ? On sait que la France est passée en “urgence attentat” à la suite de l’attentat en Russie. Est-ce qu’il y a un risque pour les pays occidentaux aujourd’hui ?

Le risque est permanent. Mais il n’y a pas de raison de penser que les facteurs de risque qui existent en Europe et en France en particulier soient accrus à la suite de cet épisode-là. La mise en alerte maximum est surtout une opération de communication visant à…

>> Lire la fin de l’entretien sur le site de la revue Conflits <<

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Au pays du soleil levant, les vieux en tiennent une de ces couches!

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DR.

Au Japon, les décès sont deux fois plus nombreux que les naissances. Cela ne fait pas les affaires du fabricant local de couches. Quoique…


Il n’y a pas qu’en Europe que la natalité et le moral sont en baisse. Au Japon, qui possède la population la plus âgée après Monaco – la Principauté, ça conserve -, on meurt plus qu’on ne naît.
Si chez Jacques Deray, on ne meurt que deux fois, dans l’archipel nippon, on meurt deux fois plus. Il y a déficit des nouveau-nés et excédent de trépassés dans la balance commerciale ! Par conséquent, une entreprise de couches pour bébé, Oji Holdings, a vu son chiffre d’affaires baisser de plus de 40 pour cent l’année passée. Elle n’a vendu que 400 millions d’unités de couches, et si vous faites le calcul, cinq couches par jour multipliées par 365 jours sur au moins trois ans, vous vous rendez compte que ça ne fait pas beaucoup.

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Pas assez en tout cas pour cette entreprise qui a donc décidé de délocaliser à sa manière : les vieux sont en surnombre ? Très bien ! Ils ont besoin eux aussi de couches ? Souvent, surtout à un âge très très avancé, ce qui est le cas dans ce pays. Ainsi, tout en gardant une production pour l’exportation, l’entreprise Oji Holdings ne s’est pas démontée et vise désormais le grand âge. Ainsi, « Oji Holdings va rester present dans le segment des couches bebes, mais uniquement à l’étranger (Indonésie, Malaisie), où il compte renforcer sa production et ses ventes locales » et ciblera les vieux pour son marché national, rapportent nos confrères de 20 Minutes. Et cela peut être payant, dans la mesure où même si les fesses perdent de leur chair avec le temps, celles des vieux sont tout de même plus larges et nécessitent donc plus d’ouate adéquate… Le prix, bien sûr, suivra.
Ainsi, les parents qui n’auront pas voulu faire d’enfants devront tout de même raquer pour les besoins de leurs géniteurs. Dès lors, les deux âges de la vie se rejoindront, pour le plus grand bonheur de ceux du milieu. On commence par ne pas savoir contrôler son sphincter, et on finit par ne plus du tout maîtriser ses viscères. Blaise Pascal disait qu’il faut « tenir les deux bouts de l’arc » ; l’entreprise Oji Holdings l’a fait.

Je suis une femme et je suis contre le congé menstruel

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Unsplash

Les députés étudient une proposition de loi visant à instaurer un arrêt menstruel pour les femmes souffrant d’endométriose. Hier, la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a rejeté le projet de loi porté par Sébastien Peytavie et Marie-Charlotte Garin, députés Nupes.


Hier, j’ai regardé longuement cette vidéo dans laquelle des députés se mettent en scène, abdominaux branchés sur un « simulateur de douleurs menstruelles », râlant, se tordant, avant de finalement abdiquer : « D’accord, je valide ! »

Valider quoi au juste ? Pour rappel, il s’agira pour eux, le 4 avril prochain, de voter une proposition de loi sur le congé menstruel et non de décider, de manière subjective qui plus est, si cette douleur est insupportable. Il est évident qu’elle l’est, pour certaines femmes, plus précisément 8 à 15% d’entre nous selon les dernières études et, bien sûr, qu’il est grand temps que ces pathologies que sont la dysménorrhée et l’endométriose, soient enfin mieux reconnues et mieux prises en charge.

Cependant, ceux qui affirment que cette loi n’occasionnera pas de discrimination, sont définitivement déconnectés du monde réel. Bien sûr que le sujet ne sera pas abordé en entretien d’embauche mais il sera tout de même pris en compte. Comme l’éventualité d’un projet de grossesse, ce sera le sujet tabou, la discrimination invisible, mais réelle. Non, je n’ai pas envie de subir cette discrimination supplémentaire et j’en ai marre de ces lois qui, sous prétexte d’équité, tirent tout le monde vers le bas.

Le chantage aux règles

Je me souviens de cette fille au collège qui s’appelait Virginie. Elle avait brandi une serviette hygiénique sous le nez de notre professeur de Physique en lui demandant de sortir de cours quelques instants. Elle n’avait pas un besoin urgent d’aller aux toilettes. Elle avait simplement, du haut de ses 13 ans, parfaitement compris que le sujet mettait les hommes un peu mal à l’aise et que cela lui permettrait d’obtenir ce qu’elle voulait. Que dire également de toutes ces générations de filles qui ont prétexté être « indisposées » pour échapper au cours de sport à l’école ? Nous en connaissons toutes. Or, il est important d’avoir à l’esprit que cette proposition de loi repose sur le postulat que les femmes adultes se comportent mieux que ces adolescentes dont je vous parle. Car oui, ne nous leurrons pas, ce congé menstruel se basera exclusivement sur la confiance car les faits seront heureusement invérifiables.

Mme Hélène Conway-Mouret (PS), auteure de la proposition de loi, ne s’y méprend pas puisqu’elle-même affirme : « Faire confiance aux femmes me semble essentiel, afin qu’elles puissent gérer au mieux ce moment du mois très pénible pour elles. »

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Non, je ne fais pas confiance aux femmes, pas plus que je ne fais confiance aux hommes lorsqu’il s’agit de droit du travail. Les tribunaux de Prud’hommes n’ont jamais été aussi débordés, il est désormais courant que des stagiaires ou apprentis partent en croisade judiciaire contre leurs entreprises avant même une conciliation à l’amiable et les nouvelles générations de salariés connaissent bien mieux leurs droits que leurs devoirs.

Je pense que la solution (car le problème existe même s’il ne concerne qu’une minorité) ne doit pas venir de la loi mais bien du monde de l’entreprise. D’ailleurs, lors de la même intervention, Mme Conway-Mouret précise : « Des collectivités et des entreprises ont spontanément pris l’initiative de mettre en place cet arrêt menstruel : estimant que leurs employés et salariés recherchent un cadre professionnel dans lequel ils peuvent s’épanouir, les entreprises y voient un élément d’attractivité ».

Entrepreneurs sadiques

Il est évident que dans la plupart des entreprises et particulièrement les TPE/PME qui constituent l’essentiel du tissu économique français, personne n’a attendu cette loi pour communiquer et gérer au mieux les plannings des personnes concernées, que ce soit en adaptant la journée de travail, en permettant le télétravail si nécessaire, ou en étant plus tolérant ces jours-ci sur la productivité de la salariée. Personne n’est assez sadique pour avoir sciemment envie de voir sa collaboratrice se tordre de douleur toute la journée à son poste de travail. Si vous jugez que cela n’est pas encore assez répandu en entreprise, soyez assurés que ça va progressivement se démocratiser dans les années à venir, puisque les entreprises, ayant de plus en plus de mal à recruter, sont bien obligées de valoriser le bien-être au travail pour séduire d’éventuels candidats.

En outre, cette même loi ne risque-t-elle pas d’occasionner une autre discrimination, plus grave encore que celle qu’elle prétend combattre ? Je pense notamment à celle qui oppose les corps de métier. Vous trouvez ça normal qu’une employée de bureau puisse travailler chez elle en télétravail ce jour-là, bouillotte sur le ventre et tasse de thé brûlant à la main ? Qu’en est-il cependant des enseignantes, infirmières, ouvrières du BTP, ou vendeuses ? Elles aussi peuvent être concernées. Comment allez-vous gérer votre organisation personnelle lorsque la nouvelle de l’absence de la maîtresse d’école de vos enfants vous parviendra à 6 heures du matin ? Deux jours par mois. Il ne vous restera plus qu’à espérer que les congés menstruels de la conductrice du car scolaire tombent au même moment.

Si j’étais un homme, on me traiterait de misogyne ou m’opposerait le fait que je n’ai pas droit à la parole sur ce sujet. Étant une femme, je m’attends à entendre au mieux que je suis égoïste, au pire que je suis sotte. Classique. Cependant, puisque les droits des femmes sont au cœur du sujet, je m’en accorde un des plus élémentaires : celui de ne pas être d’accord.

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Effondrement de la France: en finir avec ses maltraitants

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Le Premier ministre Gabriel Attal invité du journal de TF1, 27 mars 2024. Image: Capture TF1.

L’idéologie et ses contre-vérités dominent encore le discours progressiste de nos dirigeants, qui s’inquiètent de la dette mais ne font pas grand-chose, déplore Ivan Rioufol.


La France est à l’image du pont de Baltimore (Etats-Unis), qui s’est effondré mardi sous le choc d’un porte-conteneurs. Un demi-siècle d’idées tordues ont amené le pays à s’autodétruire. L’endettement de la nation à plus de 3000 milliards d’euros n’est qu’un élément de sa désagrégation, qui touche également à la cohésion et à la sécurité. « Le pays tient ! », a cru pouvoir affirmer Alain Minc, auteur de La mondialisation heureuse (1999), samedi dernier sur France Culture dans l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut. L’enfant gourmand de la finance croyait se rassurer en observant le pays résister plus que d’autres au nouvel antisémitisme islamique et à ses assauts contre la laïcité. Le constat a, il est vrai, sa part de vérité : les manifestations pro-Hamas et anti-juives ont été plus discrètes en France qu’en Grande-Bretagne, minée par le communautarisme institutionnalisé.

La déroute de la pensée unique

Cependant, l’aveuglement dogmatique des mondialistes, qui est aussi celui d’Emmanuel Macron, interdit toute approche critique de l’immigration de peuplement, qui accélère la désagrégation sociale, la chute de l’école publique, la faillite économique. Tandis que l’Insee confirmait mardi l’insincérité des comptes publics, qui ont dérapé de 154 milliards d’euros en 2023, le proviseur de l’établissement scolaire Maurice-Ravel (20e arrondissement de Paris) choisissait de démissionner, après avoir reçu des menaces de mort liées à ses remarques à l’encontre d’une élève ayant gardé son voile. Non seulement les élites ne savent pas gérer les finances, mais elles ont abandonné les citoyens à leur sort, en les priant désormais d’être « vigilants ».

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La réflexion fameuse d’Abraham Lincoln illustre la réalité contemporaine : « On peut tromper tout le monde quelque temps ou quelques-uns tout le temps, mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps ». Le Système ne produit que des désastres économiques, identitaires, sécuritaires. Maurice Allais, prix Nobel d’économie, situait le début de la dislocation à 1974, avec la libéralisation mondialiste des échanges extérieurs. De cette année date aussi le dernier budget excédentaire. Or personne n’ose remettre en question ces soubassements si mal pensés. Le gouvernement, en quête d’économies, s’apprête à rogner davantage sur l’assurance-chômage (Gabriel Attal réservait ses annonces pour mercredi soir) sans imposer à l’État lui-même un amaigrissement technocratique et sans oser réduire les aides sociales à la seule citoyenneté française.

Présentons Johanna Rolland à Éric Dupond-Moretti !

L’idéologie et ses contre-vérités dominent encore le discours progressiste. Éric Dupond-Moretti a accusé les magistrats de « faire le lit de l’extrême droite » pour avoir dit, devant une commission sénatoriale, la vérité sur la surpuissance des narcotrafiquants et avoir qualifié Marseille de « narcoville ». La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, qui a contribué au naufrage sécuritaire de sa ville, s’en prend dans Ouest-France aux « réacs » qui la critiquent, tandis qu’elle vante une ville « plus écologique, plus féministe, plus créative ». Pourquoi garder plus longtemps des dirigeants qui maltraitent les Français ?