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… un peu d’autorité, non ?!

No kids ? No parents !


… un peu d’autorité, non ?!
La ministre déléguée chargée de l'Enfance et des Familles Sarah El Haïry présente le label « le choix des familles » le 11 juin sur TF1. Face à la tendance #NoKids, elle veut remettre l’enfant au cœur de l’espace public... Capture TF1

Alors que les offres touristiques « adults only » se multiplient, une question « qui dérange » fait surface : nos enfants seraient-ils devenus indésirables dans l’espace public? Derrière la tendance No Kids, c’est toute une réflexion sur l’éducation et le laxisme parental qui s’impose, avance notre chroniqueuse


Une mode récente distille l’idée que les enfants sont une nuisance dans certains lieux publics ; des offres commerciales de vacances entre autres sélectionnent « for adults only » (adultes seulement) ce qui représente actuellement 3 % de l’offre touristique a indiqué le « syndicat des Entreprises du voyage » à l’AFP. 

Évidemment cette attitude pose question, il faudrait interdire les enfants de certains lieux car on ne les y supporterait plus ; d’ailleurs au passage soyons honnête : qui n’a pas été prêt à faire sortir du wagon des enfants hurleurs dont les parents devaient avoir des boules Quiès (des wagons sans enfants, futur créneau juteux ?!)

L’adulte d’abord, l’enfant ensuite ?

Plus sérieusement, on peut accepter l’idée que certains endroits soient réservés aux adultes avec de bonnes raisons, c’est une liberté comme une autre, mais le gouvernement a pris cette menace au premier degré alors que cela renvoie à une problématique beaucoup plus importante : celle de la façon dont nos enfants sont (de plus en plus) mal élevés, ou simplement pas élevés du tout. Le mouvement de Mai 1968 en France a lancé le slogan très populaire « Il est interdit d’interdire », ce qui a ouvert la voie à une génération de parents très tolérants — un phénomène qui ne cesse de s’amplifier.

Une éducation qui consiste à traiter les petits dès le départ comme des adultes miniatures dont on doit respecter les desiderata. Que penser lorsqu’au restaurant on demande très sérieusement à un enfant de trois ans s’il préfère l’omelette aux herbes ou la sole meunière (sic) et qu’après, on lui donne une tablette pour l’occuper ? On a interdit la bonne vieille (petite) fessée, plus, étant bien sûr inadmissible. Cela dit, 23% des parents déclarent encore donner une fessée, 20% bousculer leur enfant et 15% donner une gifle, peut-être ne faut-il pas s’en offusquer exagérément ? Rappelez-vous que François Bayrou en campagne électorale avait donné une tape à un jeune garçon qui lui faisait les poches ! Il avait pris cinq points dans les sondages. Une exception car nous sommes très contradictoires, nous voulons de l’autorité, mais la récusons dès qu’elle s’instaure.

DR.

Le symptôme d’un malaise éducatif généralisé

L’enfant roi règne, et on le comprend puisqu’il y est incité. Le phénomène est grave car cela contribue à l’accentuation de tous les troubles sociétaux que nous connaissons… manque d’obéissance en général, tenue dégradée, impolitesse, manque de respect (vous savez ce fameux « respect » dont les voyous n’ont que ce mot à la bouche dès que quelque chose les dérange) ; et s’il vous pique votre portable, c’est une « incivilité », pas méchant une incivilité.

À l’école les parents donnent raison à l’enfant puni et accusent le professeur, jadis quand on rentrait avec une punition, la punition en question faisait souvent l’objet d’une autre à la maison.

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Bref, nous élevons mal nos enfants, et dans tous les milieux.  Nous avons peur qu’ils ne nous aiment pas si nous faisons preuve de sévérité, d’où vient cette inquiétude ? De trop de conseils de psys tourmentés ? L’Éducation nationale a, petit à petit, inversé l’enseignement pour le faire tourner autour de l’enfant et non plus autour de ce qu’il doit apprendre et savoir. Les professeurs essayent de ressembler à leurs élèves en étant le plus « cool » possible, eux aussi ont peur. Le tutoiement s’est généralisé partout pour abolir les distances, et pourtant ces distances sont nécessaires pour qu’il y ait une hiérarchie morale et intellectuelle. Tant et si bien que lorsque des jeunes arrivent dans les entreprises, en stage ou pour leur premier emploi, il faut souvent tout reprendre à zéro et leur inculquer un minimum de savoir-vivre comportemental (on appelle ça le savoir-être), ne serait-ce que pour garder les clients, pas cool eux… Ne parlons même pas des fautes d’orthographe qui ne sont plus un problème pour réussir ses examens car cela traumatise l’impétrant.

Des réponses politiques à côté de la plaque ?

On se demande si la récente nomination au gouvernement d’une haut-commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry indiquant s’interroger sur la « place donnée aux enfants dans notre société » et fustigeant un environnement qui « privilégie le confort des adultes, au détriment de l’inclusion et du bien-être des plus jeunes » est indispensable ? Quant à la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, elle a déposé en mai dernier une proposition de loi visant à interdire les d’espaces « no Kids » car discriminants pour les enfants : de quoi sauver la jeunesse. 

Nous réfléchissons et intervenons à l’envers de ce qu’il faut dire et faire. Il faudrait punir les parents laxistes ! S’il faut s’interroger, c’est sur la façon de mobiliser les parents à éduquer leurs enfants : seule façon de leur donner une vraie chance dans la vie et de préserver l’avenir de notre société. L’école doit enseigner et les parents éduquer. La tolérance doublée de la fameuse bienveillance, n’est plus une option devant la dégradation des mœurs au sens large. Nous nous plaignons presque tous d’un glissement vers une inéluctable décadence. Très sérieusement il serait judicieux de proposer des formations aux parents désorientés ou ignorants. Ce sont eux qui devraient à la rentrée des classes faire un stage préparatoire précisant leurs responsabilités et leurs devoirs de discipline à imposer. Avant d’inciter les couples à faire plus d’enfants (grâce à un congé de paternité élargi, belle motivation) on devrait s’occuper de la façon dont ils les élèveront.  Je suis consciente de l’aspect cruel, bourgeois, rétrograde et contre-tendanciel de ces propos de bon sens. Mais j’assume.

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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