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Salauds de mômes!

Le regard libre d’Elisabeth Lévy


Salauds de mômes!
Ariane, Dorothee, Corbier, Jacky, Patrick Simpson-Jones en Guadeloupe, dans l'emission "Club Dorothee Vacances" sur TF1, juillet 1990 © SARADJIAN/TF1/SIPA

Tendance « No kids » : Attention danger ! Le gouvernement français s’inquiète de l’avènement d’une société dans laquelle les enfants ne seraient plus les bienvenus. La contre-attaque face à cette soi-disant exclusion est engagée par la Haut-Commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry, qui a réuni les représentants des secteurs du tourisme, des transports et de l’urbanisme afin de lutter contre la tendance croissante à exclure les enfants des restaurants, des voyages ou encore des célébrations telles que les mariages. Un faux problème, selon Elisabeth Lévy.


Le gouvernement a réuni une table ronde des professionnels pour enrayer la tendance du « No kids ». En effet, quel scandale. On ne respecte rien, même pas le divin enfant. Quelques hôtels (3%) et restaurants sont ainsi désormais réservés aux adultes. Quelle brutalité ! Quelle honte ! Quel scandale.

La Haut-Commissaire à l’Enfance, Sarah El Haïry déclare : « Considérer de manière brutale qu’un enfant est avant tout une nuisance, ce n’est pas acceptable ».

Vive les vacances, vive l’insouciance

Je dirais même plus, renchérit la sénatrice Laurence Rossignol sur le mode Dupond-Dupont, « on ne peut pas accepter que certains décident de ne plus supporter telle ou telle partie de la population. Les enfants ne sont pas une nuisance ». Et comme chaque fois qu’un faux problème se pose, les grenouilles demandent une loi. Mme Rossignol veut faire reconnaître la minorité comme un facteur de discrimination. Comme ça, ils pourront faire des procès à leurs parents quand ils les enverront se coucher. Mais aucun parent ne fait plus ça. C’est peut-être le problème. Avant, dans les bonnes maisons, les enfants dînaient avant leurs parents. Vite, une cellule d’aide psychologique pour les victimes de ces pratiques barbares.

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L’enfance sacralisée

J’ironise, mais une société qui ne veut pas voir ses enfants c’est mauvais signe me dit-on…

Oui, si c’était le cas, ce serait très grave. Mais que dans quelques lieux, on puisse passer quelques heures ou quelques jours sans enfants, même quand on en a, où est le scandale ? Parfois, on veut écrire, lire sans entendre des cris ou des pleurs. Ou avoir des discussions d’adultes. Vous envoyez vos mômes en colonie de vacances parce que c’est bon pour eux d’être entre jeunes et sans leurs parents. Eh bien parfois, c’est bon de ne pas avoir vos mômes ni ceux des autres.

Il y a cependant deux vrais problèmes :

  • Notre société fait de l’enfant une divinité, donc on ne lui apprend plus la contrainte, donc on le laisse souvent se conduire n’importe comment. Voilà la raison essentielle de la tendance no kid.
  • Nous voulons effacer la différence entre les générations exactement comme on le fait entre les sexes. Les adultes sont des enfants comme les autres. Nous vivons une adolescence éternelle jusqu’au passage brutal à la fin de vie.

Vous me direz que la natalité est en berne. Présentez-moi un couple qui a renoncé à un enfant parce que l’hôtel où il veut passer ses vacances ne les accepte pas et je change d’avis.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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