Accueil Société « Gay pride » à Saint-Denis: plus rose la banlieue, vraiment?

« Gay pride » à Saint-Denis: plus rose la banlieue, vraiment?

On veut nous faire croire qu'il n'y a pas plus d'homophobie en banlieue qu'ailleurs...


« Gay pride » à Saint-Denis: plus rose la banlieue, vraiment?
Le jeune homosexuel Lyes Alouane et un journaliste de l'émission Quotidien importunés à Gennevilliers. Image: capture d'écran TF1 / TMC

Dimanche 9 juin, la première « Marche des Fiertés » a eu lieu à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis


Point de chars colorés ni de techno à fond pour cette gay pride Canada Dry, organisée par l’association « Saint-Denis ville au cœur » ! Non, la manifestation avait pour but de «ne pas stigmatiser les banlieues et de montrer que les LGBTphobies ne sont pas endémiques à ce territoire, elles sont partout, on doit les combattre partout avec la même intensité.» En d’autres termes, les agressions homophobes dans les quartiers sont une vue de l’esprit, circulez y a rien à voir. Cependant les chiffres de la Dilcrah (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT) sont éloquents, les agressions envers les personnes LGBT dans les « banlieues populaires » sont de 72 % pour les femmes et de 60 % pour les hommes, et elles seraient commises à 70 % par des personnes « d’autres religions que catholique ». Maintenant que le décor est planté, que s’est-il passé dimanche 9 juin à Saint Denis ?

Fantasmes et pinkwashing

Les Inrocks y ont vu un Stonewall à la française, manifestation considérée comme le fer de lance de la lutte LGBT qui a eu lieu en juillet 1969 à New-York. Et si nous arrêtions de fantasmer ? Cette marche ne fut qu’une grossière opération de pinkwashing, c’est à dire se servir de la cause LGBT pour d’autres luttes. En effet, en témoignent photos et vidéos, à Saint Denis dimanche les indigénistes ont déroulé leurs antiennes habituelles : racisme d’Etat,  soutien aux migrants, et bien sûr, présence des éternels drapeaux palestiniens. Pour faire bonne mesure ont également défilé quelques jeunes filles aux cheveux colorés, vraisemblablement issues de l’Université Paris VIII, qui ô surprise faisait partie des organisateurs,  et quelques transgenres comme castés pour l’occasion qui semblaient se demander ce qu’ils faisaient là. Bref, rien de nouveau sous le soleil des indigènes.

Cependant deux figures : Mehdi Aïfa et Lyes Alouane, tous deux militants LGBT, ont joué les trouble-fêtes.

Lyes Alouane, caillou dans la chaussure des indigénistes…

Lyes Alouane est ce jeune homme de 23 ans, qui fut harcelé à cause de son orientation sexuelle à Gennevilliers, il a porté plainte par 20 reprises pour insultes et coups répétés, deux de ses plaintes seulement ont porté leurs fruits lorsque l’association Stop Homophobie s’en est mêlé. Il vit depuis dans le 15è arrondissement et confesse avoir l’impression de « vivre dans un autre pays ».

Lyes est un jeune homme candide mais tenace, il fit la connaissance dimanche de deux  figures incontournables des raouts indigénistes :

D’abord, Esther Benbassa sénatrice EELV, enfermée dans son idéologie de manière quasiment délirante:

Ensuite, Madjid Messaoudéne, conseiller municipal de la ville de Sant Denis, dont la rencontre avec ce dernier a probablement fait bouger les lignes, nous y reviendrons. Le compte Twitter de Mehdi Aïfa, militant LGBT laïque et universaliste, qui n’a pas voulu participer à cette « mascarade » fut une bataille rangée entre laïques et indigénistes les deux jours qui suivirent… Parmi les soutiens prestigieux de Mehdi Aïfa figurent Céline Pina, Fatiha Boudjahlat et Raphaël Enthoven.

Madjid Messaoudene : entrepreneur identitaire déguisé en élu

A l’inverse de Lyes, connu du grand public, mais peu connu des milieux politiques, Mehdi est rompu à la rhétorique et au combat d’idées. Il s’exprime en ces termes : « Ces escrocs qui veulent taire, minimiser voire invisibiliser l’homophobie des banlieues pour ne pas stigmatiser une certaine population voire une certaine religion, sont des tares qu’il faut combattre. Je serai toujours en travers de leur chemin. Ils n’auront pas mon silence. » Le ton est donné. Mehdi est toutefois pessimiste : « Tout cela va mal finir, il y a trop de tensions identitaires et d’hypocrisie. Ils ne pourront pas dire que nous ne les avons pas prévenus. » Mais les masques commencent à tomber. Lyes, le jeune homme qui a dû quitter Gennevilliers pour préserver sa santé mentale et physique a fait jaillir le réel face à Madjid Messaoudene, l’entrepreneur identitaire déguisé en élu. Dans un bref échange filmé qui a fait le tour des réseaux sociaux, celui-ci tente d’anéantir la parole de Lyes avec l’éternelle réduction ad FNum. Cela ne marche plus, les soutiens sont pour Lyes : « Je bois du petit lait en lisant quelques tweets de gays qui ouvrent enfin les yeux sur la réalité de personnes comme Madjid Messaoudene grâce à la vidéo diffusée par Quotidien. Cool vous avez mis du temps mais vous comprenez enfin ce qu’on essaye de vous dire depuis des plombes. »

Si Messaoudene et sa bande veulent invisibiliser la parole des gays dans les quartiers en se l’appropriant, Lyes et Mehdi veulent la porter haut et fort. Les malheurs de Lyes auront servi à quelque chose : une antenne de Stop Homophobie a ouvert en décembre à Gennevilliers. Quant à Mehdi il désire « porter une parole LGBT honnête là où la République ne va plus, cela sera violent, peut être inutile, mais nous n’avons pas d’autre choix. »

Adieu les rebelles !

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est enseignante.

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