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Immigration subsaharienne: un enjeu de Paris à Casablanca, en passant par Callac et Lampedusa

L'immigration, une chance pour personne


Immigration subsaharienne: un enjeu de Paris à Casablanca, en passant par Callac et Lampedusa
Capture d'écran Twitter

Les flux migratoires en provenance d’Afrique sont, comme nous le savons bien, l’un des grands enjeux du siècle à venir pour le continent européen. En revanche, nous ignorons que le phénomène s’est déplacé vers le sud et l’est.

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Bien sûr, le cas de la Libye est scruté depuis la chute du régime de Mouammar Khadafi, mais il ne s’agit que d’un pays de transit. A contrario, des puissances régionales renaissantes à proximité de zones de départs, telles que la Turquie et le Maroc, sont actuellement des pays d’émigration mais aussi d’immigration, souffrant des maux qui nous affligent depuis longtemps : expatriation d’une partie de la jeunesse diplômée et arrivées importantes de réfugiés, ou de personnes se réclamant du statut.

D’autres pays, tels que le Nigéria ou l’Afrique-du-Sud, sont pareillement devenus des terres d’accueil.  Comme l’explique Sylvie Bredeloup dans son article Migrations intra-africaines : changer de focale pour la revue Politique Africaine ; « Les migrations africaines ont été principalement étudiées sous l’angle des départs vers l’Occident: d’abord attirer les travailleurs quand la main-d’œuvre européenne devenait insuffisante puis freiner les flux d’immigration dans un contexte post-fordiste ». L’auteur ajoute, lucide, que la « forte empathie de chercheurs européens à l’endroit des migrants, sous-tendue par leur implication militante, semble les avoir empêchés, un temps, d’objectiver la dimension individuelle du projet migratoire et d’apprécier comment elle pouvait se conjuguer aux stratégies collectives, familiales ou villageoises ».

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Cette vue étroite de militants se targuant de l’objectivité scientifique nous empêche de jauger le phénomène dans toute sa complexité et de le combattre correctement, y compris en Afrique où les migrations intracontinentales représentent environ 70% du total des exils. Evidemment, en Europe comme en Afrique, les « migrants » se jouent souvent des lois et choisissent des pays plus riches pour s’installer, dans lesquels ils finissent par reconstituer une communauté nationale à petite échelle, profitant de la solidarité de leurs compatriotes. Cet exode massif n’est pas sans conséquences pour les pays d’accueil et leurs habitants.

À Casablanca, les locaux ont peur de sortir la nuit

Dans une petite vidéo diffusée par Pierre Sautarel qui a fait grand bruit en France comme au Maroc, on peut ainsi voir les habitants de Casablanca confier leur désarroi quant aux conséquences de l’arrivée de milliers de migrants subsahariens. Un homme déclare notamment que les nouveaux arrivants provoquent une telle insécurité qu’il devient difficile aux locaux de circuler la nuit et même d’accéder paisiblement à leur domicile personnel : « Ils t’encerclent à quatre ou cinq, c’est exagéré ». Excédés, les Casablancais ont donc décidé de manifester en demandant l’expulsion des indésirables. De quoi rappeler des scènes déjà vues en France un peu partout, singulièrement dans notre capitale.

De fait, si l’on parle beaucoup de l’émigration de Marocains à destination de l’Europe, on oublie que le royaume est aussi un pays qui reçoit de l’immigration non seulement de transit mais aussi de migrants qui s’installent au long cours, parfois dans l’espoir de pouvoir rallier plus tard l’Europe en traversant le détroit de Gibraltar ou en passant par les enclaves de Ceuta et Melilla. Il s’agit donc d’une passerelle stratégique d’une importance capitale pour l’ouest de l’Europe, de la même manière que la Turquie l’est pour la Méditerranée orientale.

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Il est évident que cette question ne pourra être traitée sans lutter contre les mafias qui profitent de la misère et encouragent les candidats à l’exil sur la base de fausses promesses. Chaque pays doit pouvoir souverainement contrôler qui entre et qui sort de son territoire, en choisissant les individus qui peuvent s’adapter à la culture et à l’économie locales. Malheureusement, l’immigration est maintenant un phénomène subi et instrumentalisé, tant par des idéologues d’extrême-gauche qui entendent casser le principe même des frontières que par des criminels qui ne sont intéressés que par le profit qu’ils peuvent en tirer. Les premiers mettent d’ailleurs en place un environnement favorable au développement des seconds.

Des donneurs de leçons sans frontières

Quand des pays prennent les mesures qui s’imposent pour décourager l’immigration illégale, ils sont visés par des attaques d’associations et d’ONG qui ont un agenda politique en tête. Exactement les mêmes qui ont voulu installer des migrants à Callac, petit village breton qui n’en demandait pas tant, afin de « redynamiser » cet espace rural. Pourquoi les instigateurs du phénomène n’ont-ils pas eux-mêmes quitté New York et Paris ? Il est trop facile de faire la leçon aux peuples prospères et à ceux qui aspirent à la prospérité sur leur supposé « manque de générosité ». Ce sont pourtant ces pays qui voient leur jeunesse s’exporter en Amérique du Nord ou en Australie, pendant que nous devons accueillir des migrants non qualifiés, venant parfois chargés de casiers criminels ou de traumatismes majeurs.

Que trouveront-ils à Casablanca ou à Paris ? Rien. Très majoritairement masculins, ces migrants finiront par errer et s’abandonner à une misère bien plus grande que celle qui était leur quotidien chez eux. Manipulés et dupés par des marchands de rêve, ils rencontrent en bout de chemin les marchands de drogue et de mort. La lutte contre l’immigration subie est donc un sujet qui concerne tous les pays qui veulent rester souverains et conserver leur identité, c’est ensemble qu’ils y mettront un terme.




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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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