En tentant d’expliquer que le racisme antiblanc n’existe pas, Jean-Pascal Zadi s’embrouille
Jean-Pascal Zadi est un cinéaste au talent indéniable. Dans sa comédie Tout simplement noir, sortie en 2020, il jette un regard très juste et très caustique sur les antiracistes professionnels qui prospèrent dans la grande famille du show-business. Et mérite amplement le César du meilleur espoir masculin que son rôle de disciple français du mouvement Black Lives Matter lui a valu (car il joue aussi dans ses films), doublé d’un statut de chouchou des médias bobo, particulièrement apprécié pour son aptitude peu conventionnelle à dénoncer tous les travers de la société, même ceux que la gauche ne veut pas voir. Autant dire que l’on ne s’attendait pas à ce qu’il dise de si grosses bêtises sur France Info, le 27 juin, lors d’une interview promotionnelle pour son nouveau long métrage, Le Grand Déplacement. Questionné sur le racisme anti-Blancs, Zadi s’exclame : « C’est une hérésie ! » Comprenez : le racisme anti-Blancs n’existe pas. À l’en croire, quand des Blancs se font insulter ou agresser à raison de leur couleur de peau, il s’agit seulement d’« hostilités inhérentes à l’être humain », pas de racisme, phénomène qui, selon lui, n’est avéré qu’à condition de procéder d’un « système ». Aussi convaincant que Claudine Gay, l’ex-présidente de l’université Harvard, dissertant sur le « contexte » de l’antisémitisme devant le Congrès américain, Zadi se lance alors dans une démonstration fumeuse, selon laquelle il est impossible qu’un Blanc soit victime de racisme, puisque « les Noirs, les Arabes et les Asiatiques » rencontrent « dans la société occidentale » davantage de « freins » pour « avoir un boulot, rentrer dans une boîte de nuit, avoir un appartement ». A-t-il conscience du comique de son argument ? Qu’à ce compte-là il nous donne l’autorisation, sans risquer l’accusation de racisme, de nous moquer publiquement de la carnation d’un Noir privilégié, par exemple un président africain, qui dans son pays ne rencontre systémiquement aucune difficulté à se loger, à exercer une éminente profession ou à aller danser en discothèque ? Quand un raisonnement… tout simplement foire.



