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Beurettes, une obsession française

Selon les statistiques du site porno Xhamster, c'est la recherche la plus populaire


Beurettes, une obsession française
Illustration du site internet Youporn

Il y a bien des manières d’interpréter une statistique. Par exemple la révélation gracieusement offerte à ses usagers français par l’un des plus importants « tubes » pornos, Xhamster, à l’occasion du 14 juillet. Le site a classé les recherches de ses usagers hexagonaux par ordre de fréquence :Capture d’écran 2019-07-20 à 14.55.54Que « beurettes » arrive en tête de liste, et qu’« arabe » le talonne de près, peut avoir une foule de significations. Est-ce l’objet de la recherche des « beurs », qui viseraient ainsi à s’apparenter, dans leurs fantasmes, à leurs homologues féminines dans la « communauté » — le terme le plus exécrable du français contemporain ? Ou l’obsession de « Gaulois », comme disent les racistes « indigènes », désireux de s’approprier, par écran interposé, les gazelles qui arpentent leurs boulevards ? Le désir, si je puis dire, de lever le voile…

Postulons que l’objet de la recherche, en soi, correspond le plus souvent à ce dont on est frustré. Les règles de fer qui régissent les relations sexuelles au Maghreb, maintes fois documentées par des exégètes très sérieux, expliqueraient cette prédominance de la « beurette » dans les recherches des « beurs », puisque dans la réalité ils en sont privés — jusqu’au mariage. La prédominance de certaines pratiques préservatrices d’hymens, elle aussi largement documentée, va de pair avec cette frustration — à moins que l’on ne se résigne à se procurer un hymen artificiel auprès de la société chinoise Gigimo, pour une poignée d’euros. L’usager ferait donc sur l’écran de son ordinateur le brouillon de ses futurs baisers no limit.
D’un autre côté, la statistique globale fournie il y a quatre ans par Pornhub, le principal fournisseur de sexualité en boîte,Capture d’écran 2019-07-20 à 14.56.47révèle plutôt une tendance à aller chercher ce dont on est curieux. Les pays anglo-saxons, par exemple, mettent en tête de leurs quêtes le mot « lesbian » : quel sociologue nous expliquera pourquoi Américains, Anglais et Australiens plébiscitent ainsi l’homosexualité féminine? Le souci de savoir ce que font leurs mères, leurs femmes et leurs filles avec d’autres filles dès qu’elles sont débarrassées de leur maladroite présence ? Quels fantasmes nationaux sont ainsi révélés?

Les « tubes » ne nous renseignent pas sur le sexe de leurs clients fureteurs. Mais les usagers courants de la pornographie étant très majoritairement des mâles, comme le révélait dès 2014 une étude IFOP… À noter que dans cette étude, « beurettes » était très loin dans les classements. La montée de la demande est donc très récente — et j’ai tendance à croire davantage un « tube » calculant sa fréquentation sur les millions de visites qu’un institut de sondages, aussi sérieux soit-il, interrogeant 1003 personnes.

J’ai d’autant plus tendance à croire que les demandeurs de beurettes X sont leurs proches que des sous-catégories — « filles de ma cité », « beurette en gang bang » — fonctionnent comme des cas particuliers. De même la transgression des transgressions, la beurette soumise à un « black » — alors que longtemps le rêve du Black a été la Blonde — d’où le site blacksonblonde.com, qui alimente quelques fantasmes qui quantitativement (peu de femmes fréquentent les sites pornos) concernent surtout les Blacks (et la petite poignée de « Gaulois » candaulistes rêvant que leurs Gauloises soient fumées par des Africains). De même que la « beurette » de xHamster n’est pas l’objet de la recherche des beurettes bien réelles — qui n’ont pas d’attrait particulier pour la représentation de leur déchéance, question exploitation elles n’ont rien à apprendre… Celles que je connais et auxquelles j’enseigne n’ont qu’un rêve : quitter la famille, s’affranchir des grands frères, partir loin de la cité. L’une d’entre elles, cette année, fort jolie et fort intelligente, racontait dans un texte improvisé combien elle était lasse des regards gluants et des propos obscènes. Elle a réussi le concours d’entrée d’un IEP lointain, et elle en était ravie.

J’ai sérieusement étudié la pornographie, j’ai écrit sur le sujet un chef d’œuvre impérissable…

>>> Lisez la suite sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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