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Pompes funèbres à La Souterraine

Lectures de plage : marque-page n° 1


Pompes funèbres à La Souterraine
L'écrivain Laurent Graff. DR.

Pour tout un chacun, les jours sont comptés, mais en règle générale la vie reprend le dessus. Il n’en va pas de même pour Jacques Ferré : « Par instants, il me semble atteindre un point où la vie et la mort sont si proches, se touchent, qu’elles ne font plus qu’une, comme deux aimants qui s’unissent ». Pas très sociable, le Robinson Creusois : « pas de femme, pas d’enfants, pas d’amis, aucune ambition, très peu de possessions », et confessant à qui veut l’entendre que « ce qui domine, c’est la mire ». Depuis des lustres, l’homme est persuadé que « la guerre est déclarée » à nos portes, « à la frontière » ; que Rodrigo, le déserteur qu’il héberge depuis trois mois, est peut-être le sniper qui va le viser, lui, et taper dans le mille. Aurelia, sa visiteuse aux apparitions imprévisibles, ne le salue jamais autrement que par ces mots : « belle journée pour mourir ».

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Les fous étant aveugles à leur propre démence, la logorrhée du schizophrène paranoïaque revêt toutes les apparences de la normalité : le sel de la première partie du livre tient à ceci que ce monologue égare soigneusement le lecteur quant au degré de réalité de ce qu’il décrit, le délire de Jacques Ferré parasitant le réel, sans frontière bien stable entre les deux. Dans une deuxième partie, le lieutenant Christian Philippot enquête sur la mort du reclus, retrouvé avec le front transpercé d’une balle. Fouillant la généalogie du défunt (Florence, sa fille fleuriste), interrogeant le voisinage (Gilbert Laplace, le retraité d’en face)… Homicide ? Suicide ? Pour en avoir le cœur net, lisez Belle journée pour mourir : à peine cent petites pages apéritives, à boire cul sec.

Auteur maison des éditions du Dilettante – déjà une bonne dizaine de livres au compteur – , Laurent Graff, né en 1968, aime à tâter de tous les registres. Légère, musicale, insolite, parfois mordante, sa prose arpente les paysages, les mœurs et les usages de la France contemporaine avec une alacrité teintée d’humour noir.


A lire : Belle journée pour mourir, de Laurent Graff, Le Dilettante, 2025. 107 pages

Belle journée pour mourir

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