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Wakanda forever et la propagande anti-française

Disney et Marvel doivent des excuses à la France.


Wakanda forever et la propagande anti-française
Affiche de Black Panther 2. Capture d'écran Twitter / @mcucomfort

Réalisé par Ryan Coogler, Black Panther : Wakanda Forever est le troisième volet de la franchise du même nom. La France y est ouvertement attaquée et calomniée.


Black Panther a été créé en 1966 pour l’éditeur Marvel par le célèbre scénariste Stan Lee, auquel on doit notamment Spider-Man, Iron Man, les X-Men, Thor, Docteur Strange ou encore L’Incroyable Hulk. Longtemps confinés aux pages des comics-books affectionnés par les adolescents binoclards, ces héros souvent inspirés des différentes mythologies européennes sont désormais de véritables veaux d’or de la société du spectacle, dont les adaptations cinématographiques génèrent des profits colossaux tous les ans. 

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Dirigés par Kevin Feige, les studios Marvel ont été rachetés par Disney il y a un peu plus de dix ans. Depuis lors, le succès est au rendez-vous – à défaut de la qualité. Les films de super-héros ne sont plus un sous-genre de série B, mais un groupe de films à part entière ayant remplacé les westerns et les péplums de naguère. Films, séries, jeux-vidéos ou parcs d’attraction font de cet univers partagé complexe un phénomène pop-culturel d’ampleur. La place de Black Panther y est extrêmement importante, tant par l’intérêt que suscitent les films que par l’imaginaire politique qui s’est greffé autour du personnage.

Pour bien comprendre ce que représente le prince T’Challa du Wakanda, il faut réaliser qu’il s’agit tout simplement du premier super-héros noir de l’histoire, tous éditeurs confondus. La différence entre la Panthère Noire et ses successeurs, qu’il s’agisse du héros urbain Luke Cage ou du Faucon, toujours chez Marvel, est que le premier nommé n’est pas un Afro-Américain mais bien un authentique Africain. Enfin, l’« authenticité » du personnage est en l’espèce discutable, puisque le prince T’Challa n’est pas le national d’un pays existant ou d’une tribu historique de l’Afrique. Stan Lee a créé pour ce personnage un pays complet : le Wakanda.

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Le procédé n’était pas nouveau pour l’univers Marvel, lequel, bien qu’ancré dans un monde réaliste, n’a jamais hésité à se jouer de la géographie politique pour échapper à la censure. Le Docteur Fatalis venait par exemple de Latvérie, autre monarchie inventée située au cœur de l’Europe centrale et réunissant tous les clichés possibles sur cette région du monde. De la même manière, le Wakanda est aussi caricatural, réunissant des ethnies diverses souvent inspirées des Zoulous, qu’on a parfois comparés aux Spartiates en raison de leur endogamie stricte et de leur militarisme.

À l’image des Zoulous, les Wakandais sont protectionnistes, identitaires voire suprémacistes, extrêmement traditionalistes et vivent en autarcie coupé du monde. À ceci près que leur prince T’Challa a noué des contacts avec les Etats-Unis et ses homologues super-héros, insufflant un vent de modernité sur son antique royaume. Autre particularité du Wakanda, le pays est un havre de haute-technologie, très en avance sur nous autres Occidentaux. De quoi faire rêver les jeunes Américains des années 60, désireux d’émancipation dans une société encore marquée par la ségrégation.

Avec son ADN décolonialiste, Black Panther ne pouvait qu’intéresser les studios hollywoodiens contemporains. Wesley Snipes a longtemps nourri l’ambition de porter les aventures de T’Challa à l’écran avant que le susnommé Kevin Feige ne reprenne le bébé, faisant du héros la tête de proue d’un Marvel plus « inclusif » et dans « l’air du temps ». De fait, il a eu raison sur le plan commercial puisque le premier film sorti en 2018 a dépassé les 1,2 milliards au box-office mondial et les 670 millions de recettes pour les seuls Etats-Unis. 

Quand le personnage de Black Panther apparaît à l’écran, les personnes noires scandent souvent « Wakanda ! Wakanda ! » en croisant les bras dans les salles de cinéma, sorte de cri de ralliement d’une minorité qui a fait du personnage une icône dans leur Panthéon. Un phénomène de société est né. Un phénomène d’autant plus préoccupant que son réalisateur se fait le porte-voix du pire de la propagande anti-française en Afrique, reprenant toutes les fausses nouvelles et diffamations qui ont mis en danger nos militaires au Mali ces dernières années. Il faut dire que le Wakanda s’y prêtait bien, tirant l’essentiel de ses ressources de l’exploitation du « vibranium », métal hyper solide qui ne se trouve que dans ses riches terres et chez quelques-uns de ses voisins.

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Dans ce cadre, le film montre la France comme une puissance coloniale volant le « vibranium » des Maliens en utilisant des mercenaires sans pitié. La réalité est évidemment toute autre, la France étant intervenue au Mali à la demande de l’Etat malien pour contenir l’avancée de terroristes djihadistes qui tuaient des innocents, détruisaient les statues des marabouts locaux et menaçaient de faire sombrer un peu plus le Sahel dans le chaos. Les mercenaires sont bien présents au Mali… Mais ils sont Russes et agissent sous le drapeau de la société militaire privée Wagner fondée par Evgeni Prigozine, un proche de Vladimir Poutine. Lesquels sont d’ailleurs responsables du regain djihadiste au Mali.

Bien évidemment, le film de Ryan Coogler évite les sujets qui fâchent, préférant désigner la France à la vindicte. C’est moins risqué et ça rapporte gros. Dans une scène, on peut voir la reine du Wakanda accuser la France lors du sommet des Nations Unies et demander à nos représentants de s’incliner face à elle. Il s’agit là du fantasme afrocentriste, voulant que le monde « blanc » soit le responsable ontologique de tous les maux frappant l’Afrique et que toute l’histoire ait été réécrite par nos soins afin de justifier la colonisation ayant entraîné une domination injuste.

Il est terrifiant de constater qu’une pareille superproduction américaine reprenne tous les poncifs du panafricanisme d’un Kemi Seba ou d’une Nathalie Yamb, mais aussi, en filigrane, les discours racistes d’un Louis Farrakhan. La réalité est que ce sont les Russes qui exploitent actuellement des mines en Afrique et en pillent les ressources en échange d’une « protection militaire » inefficace uniquement justifiée par un discours aussi révisionniste que diffamatoire. Russes qui ont commis de véritables crimes de guerre au Mali et ailleurs, quand la France a au contraire tout tenté pour protéger les populations civiles. 

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L’armée française a d’ailleurs été obligée de démentir de fausses informations montées par la Russie en association avec la junte au pouvoir à Bamako, notamment un charnier à Gossi qui lui avait été mensongèrement attribué. D’autres « fake news » et légendes urbaines sur la présence française en Afrique sont régulièrement reprises à l’étranger, concernant le Franc CFA ou la lutte anti-terroriste. Des partis populistes européens reprennent sans sourciller ces discours complotistes forgés par des racistes anti-blancs vivant aux Etats-Unis et en Europe ou des néo-impérialistes anti-occidentaux qui ont fait de la France une de leurs cibles privilégiées.

Si nous y sommes habitués, le cas de Wakanda Forever est beaucoup plus problématique. Par son audience, le film touche énormément de gens qui vont croire que ce qui y est dit a tout de même une « part de vérité ». Il faut donc que Catherine Colonna et le ministère des Affaires étrangères demandent des explications au studio et aux distributeurs du film, ainsi que le ministère des Armées. Ne serait-ce que pour les victimes du conflit malien, tant les militaires français que les civils maliens. Nous leur devons la vérité et le respect. Disney et Marvel leur doivent des excuses et des réparations.



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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