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Vincent Bolloré contre le médiatiquement correct


Vincent Bolloré contre le médiatiquement correct
Lionel BONAVENTURE / AFP

Alors qu’il s’apprête à quitter le monde des affaires, le milliardaire est accusé par toute la bonne presse d’avoir fait de CNews une « ORTF privée de droite ».


Depuis plusieurs mois Vincent Bolloré s’est vu consacrer des portraits et des analyses dont la tonalité, pour être généralement critique, n’empêchait pas, pour certains à contrecœur, l’expression d’une admiration pour le grand capitaine d’industrie qu’il a été et qu’il demeure. Même si son départ programmé le 17 février se ferait, selon Le Monde, « en pointillé ». Ce quotidien, dans une double page, appréhende ses multiples activités et réussites en même temps qu’il décrit une personnalité totalement atypique, même dans le monde des affaires et des grosses fortunes (pas née de rien pour lui).

Sans avoir eu la chance de le rencontrer, j’avais toujours éprouvé à son égard une estime toute particulière parce qu’il portait au plus haut le courage intellectuel et médiatique, avec, à l’évidence, une indifférence à l’égard de ceux qui systématiquement ne lui lâchaient pas les basques. Je ne parle pas seulement de son soutien constant à Eric Zemmour mais aussi de certaines de ses décisions qui m’ont réjoui parce qu’elles heurtaient de plein fouet le snobisme culturel et le médiatiquement correct.

Les conservateurs n’ont plus à s’excuser d’exister

Laissant de côté la dérision constante sur son catholicisme fervent et pratiquant, le plus insupportable, dans les attaques contre lui, est le reproche qui lui est fait d’avoir créé avec CNews « un ORTF privé de droite ». Il revient sans cesse, même si à la longue on comprend bien que c’est la réussite de cette chaîne qui dérange, bien plus que sa substance. Au demeurant CNews serait-elle exclusivement de droite qu’elle n’aurait pas à s’en repentir, pas plus que son promoteur. Comme si les sensibilités de gauche omniprésentes avaient toute latitude et liberté pour s’ébattre mais que la pensée et la vision conservatrices devaient s’excuser d’exister.

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Cette scie lassante est d’autant plus absurde que ce procès est quotidiennement battu en brèche, notamment par la présence régulière de ministres et d’élus venant défendre la cause du président et soutenir son action. Ce pluralisme qui est réclamé de partout, les adversaires de CNews ne veulent pas voir qu’il existe autant que possible et qu’il n’est pas honnête de blâmer une chaîne à cause du refus encore de quelques-uns de participer aux débats qu’elle organise. Si le pluralisme laisse encore à désirer, ce n’est pas la volonté de CNews mais en raison de ceux qui n’écoutent pas, n’apprennent rien, campent sur leurs positions négatives et se prennent pour des héros perchés sur leur Aventin !

La liberté de cette chaîne et son aptitude à traiter de tout, sans préjugés ni tabous, sont d’autant plus précieuses dans un monde médiatique où la frilosité est vantée et l’information seulement officielle, légitimée. Sur ce plan j’ai été effaré par la déclaration de la directrice de la rédaction de BFM TV, Céline Pigalle, qui a osé proférer qu’il ne faut « pas trop aller à rebours de la parole officielle puisque ce serait fragiliser un consensus social » (Figaro Magazine du 11/02, page 32). Même si elle n’évoquait que le sujet de la pandémie. Car son propos justifie en quelque sorte une possible occultation de de l’information et de la vérité parce qu’elle serait plus décente et apaisante que la transparence et la révélation de ce qui est, quelles qu’en soient les conséquences. Face à une telle conception de la prudence et donc du conformisme médiatiques, on comprend mieux le succès de CNews qui ne cesse de progresser parce qu’on sait que de cette chaîne on pourra tout attendre, sauf une connivence systématique avec le discours officiel.

La guerre du vocabulaire

Je voudrais profiter de cette analyse sur Vincent Bolloré et autour de lui pour dénoncer ce que je considère comme un absolu ridicule. Je pourrais le résumer comme l’interdiction faite à la droite d’user de son propre vocabulaire et donc d’être forcément coupable d’une grave dérive lorsqu’elle s’exprime avec des mots, fût-ce pour les stigmatiser, qui ont déjà été employés par d’autres ou, dans le passé, par des penseurs et essayistes aux grandes qualités intellectuelles mais rejetés par le progressisme qui souvent ne les a pas lus, ou avec des œillères. Combien de fois n’ai-je pas entendu, face à des banalités aujourd’hui admises parce qu’elles révèlent une réalité qu’il était scandaleux de faire apparaître hier – le FN a bien connu cela, vilipendé pour avoir dit la vérité trop tôt – cette réplique absurde, ce grief de « s’approprier le discours de l’extrême droite » ! Comme si le langage était encore une chasse gardée avec ses limites et ses frontières et qu’on n’avait pas le droit d’aller puiser dans ce trésor universel des mots à la disposition de tous !

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Mais il y a pire.

Je me souviens d’un éditorial du Monde en date du 14 février qui le plus sérieusement du monde blâmait Valérie Pécresse d’avoir rappelé « la France des cathédrales », parce que cette belle expression énonçant une vérité historique provenait de Charles Maurras. Et d’avoir opposé les Français « de papier » aux Français « de cœur ». Ce qui avait été parfaitement compris par tout le monde mais, catastrophe, papier était un substantif que l’extrême droite avait déjà utilisé et qui renvoyait à une conception « passéiste » ! Tout cela pourrait sembler fou mais pourtant c’est vrai ! Comme si on avait la prétention de bloquer la droite en la constituant comme héritière de tous les mots stigmatisés par une bien-pensance délirante et en lui déniant tout droit à un vocabulaire et à un langage indépendants, autonomes !

Partant de Vincent Bolloré, j’ai voulu montrer combien des êtres de caractère comme lui étaient nécessaires dans un monde qui, de l’infime au grandiose, est prêt à gravir tous les degrés de l’ineptie et du ridicule, à atteindre le comble de ce qui pourrait, devrait nous faire rire si la liberté n’était pas un enjeu trop capital pour en plaisanter.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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