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Trump Power: une main de fer dans un gant de fou

Les 20 otages du Hamas encore vivants ont été remis à Israël hier. Donald Trump est arrivé lundi matin dans le pays


Trump Power: une main de fer dans un gant de fou
Le président américain Donald Trump s’exprime lors du Sommet international pour la paix à Gaza à Charm el-Cheikh, en Égypte, le lundi 13 octobre 2025 © Amr Nabil/AP/SIPA.

Le 13 octobre, une date historique ? Elisabeth Lévy veut croire au nouveau plan de paix entre Israël et le Hamas, parce que Trump.


Oui, ce fut une journée historique. Le monde retiendra que ce 13 octobre 2025, le gouvernement Lecornu 2 est né dans la douleur. Blague à part, le contraste était cruel entre les interminables palinodies de la popol française et l’Histoire en marche à la tribune de la Knesset. Mais Sébastien Lecornu n’y est pour rien. S’il pêche, c’est par excès de loyauté. Passons et revenons à l’événement.

D’abord, il y a eu ces images bouleversantes d’un pays réuni dans l’attente puis la joie du retour des otages. Comme l’ont écrit des soldats sur un mur de Gaza avant de se retirer, pour les Israéliens, il n’y aura ni oubli ni pardon. Mais la page du 7-octobre peut se refermer. Il n’y a plus de menace existentielle.

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Jour historique aussi pour les Palestiniens, le Moyen-Orient, le monde arabe et le monde tout court qui depuis des décennies vit par contagion ce conflit sur et pour un confetti. Trump n’a pas mégoté sur le lyrisme : «Aujourd’hui, les sirènes se taisent, les fusils se taisent et le soleil se lève sur une terre sacrée, qui, avec l’aide de Dieu, vivra en paix pour l’éternité. C’est la fin d’une ère de terreur et de mort et le début d’une ère de foi, d’espérance. Le début d’une harmonie perpétuelle entre Israël et les autres nations. C’est l’aube historique d’un nouveau Moyen-Orient. »

En termes plus prosaïques, ce n’est pas la fin, pas encore même le début de la fin, mais un tournant décisif dans la guerre de 100 ans entre juifs et arabes de Palestine (sans remonter au roi David comme l’a fait Trump).

Les raisons de douter sont légion. J’ai déjà prononcé et entendu les mêmes grands mots, en 1993 lors des accords d’Oslo. J’ai pleuré en voyant Arafat et Rabin se serrer la main devant un président américain à l’air adolescent. Puis Rabin a été assassiné par un extrémiste juif. J’ai entendu Shimon Peres parler d’un Moyen-Orient connecté et pacifié. Et une vague d’attentats-suicides a balayé la gauche israélienne. J’ai salué les accords d’Abraham et puis il y a eu le 7-Octobre.

Dans ces conditions, me dira-t-on pourquoi y croire encore ? D’abord parce que Donald Trump. Ce n’est pas seulement que, par fonction, il est l’homme le plus puissant du monde, ce que ses prédécesseurs étaient aussi, c’est qu’il est prêt à utiliser sa puissance – comme en Iran – et à laisser son allié Netanyahou utiliser la sienne. Rappelant qu’il avait changé le nom de son ministère de la Défense en ministère de la Guerre, le président américain a averti : « Si nous faisons la guerre, nous écraserons nos ennemis. Nous n’allons pas être politiquement corrects. Il s’agit de la paix par la force.» Et puis, il y a sa personnalité imprévisible. On se dit que si on l’énerve trop, il peut envahir le Groenland. C’est peut-être ça le Trump power : une main de fer dans un gant de fou.

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Son plan est à l’avenant. Derrière le lyrisme, la menace est omniprésente. L’ONU et les institutions multilatérales ne jouent aucun rôle, ce qui est un excellent point. En réalité, il s’agit d’installer à Gaza un protectorat international sur le modèle de l’Allemagne en 1945.  Bien sûr les chausse-trappes ne manquent pas mais faisons un rêve comme disait l’autre. Peut-être existe-t-il à l’horizon d’une génération un autre avenir, une autre cause pour les jeunesses arabes et palestinienne que la haine des juifs et de l’Etat juif, qui sait une véritable paix. En attendant, une coexistence armée sous protection internationale, ce serait déjà bien.

Certes, le Hamas ne veut pas être désarmé. Mais il ne voulait pas non plus rendre les otages. Aujourd’hui, il est encore l’un des plus puissants gangs de Gaza, pas une force capable d’imposer ses exigences, pour la bonne raison qu’il est isolé, lâché par ses sponsors et parrains. En tout cas dans le monde arabe et musulman. Chez nous, Mélenchon refuse de demander le désarmement du mouvement islamo-terroriste parce que, ose-t-il, «la résistance armée est un droit». Je ne sais pas si Trump réussira à pacifier le Moyen Orient. Mais il y a encore du boulot pour pacifier la France.


Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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