Depuis 2017, une poignée de psychiatres américains, menée par Bandy X. Lee, alerte sur la supposée dangerosité mentale de Donald Trump. Leurs diagnostics ressurgissent régulièrement, toujours plus alarmants. Mais cette obsession à sens unique interroge: analyse scientifique ou croisade politique?
En 2017, déjà, ils étaient vingt-sept « experts », professionnels de santé, du genre psychiatres et autres sondeurs des boyaux de la tête, à considérer que le politicien milliardaire ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales. De leurs cerveaux féconds était sortie une publication destinée à alerter les populations. « Le cas dangereux de Donald Trump », tel en était le titre.
Fixette
Certains d’entre eux s’empressent ces jours-ci de repartir à l’assaut, dont la psychiatre Bandy Lee qui, dans l’intervalle ; a tout de même publié trois livres sur ce sujet. On s’étonne : ne conviendrait-il pas d’interroger ses confrères – experts parmi les experts – afin de démêler si une telle fixette obsessionnelle ne serait pas révélatrice, elle aussi, d’un état mental quelque peu dérangé. J’ose la question parce qu’il me semble qu’une psy digne de ce nom, soucieuse de se faire de la réputation et accessoirement du pognon sur un tel thème, n’aurait pas manqué de publier aussi, pendant qu’elle y était, au moins trois ouvrages sur la manifeste fatigue neuronale du président alors en exercice, l’ébouriffant Joe Biden. Cela l’aurait au moins mise à l’abri d’un possible soupçon de préférence idéologique, et protégée de l’accusation de ne livrer qu’une approche entachée d’un biais fort peu conforme à l’esprit de la méthode « scientifique ».
Il est vrai, faut-il le reconnaître, que celui que Trump se plaisait à appeler Sleeping Joe – Joe l’endormi – n’a pas offert à cette observatrice ou à ses semblables autant d’angles d’attaque que son rival.
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Il est clair que ce dernier a souvent poussé le bouchon un peu loin, déchaînant chaque fois une volée de diagnostics des plus inquiétants. Cela se produisit notamment dans la foulée d’un certain meeting de novembre 2024.
Voilà bien, que devant un public nombreux, dans l’état fort convenable, dit-on, du Wisconsin, l’orateur serait allé jusqu’à mimer une fellation. Carrément. My God !
C’est alors que les tenants du psychanalytiquement correct s’enflamment. La folie guette ! Ou si ce n’est la folie, la débilité mentale à un stade avancé ! Mimer une fellation, devant des gens ! Pensez donc. En plein Wisconsin, qui plus est ! On peut supposer qu’ils se seront appuyés sur ce que professe probablement l’insurpassable Sigmund Freud dans son chapitre traitant le sujet : « Fellation : mythe et représentation ». À condition bien sûr qu’un tel chapitre existe, ce que j’ignore.
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Le fond de l’affaire est hélas fort clair et bien connu. Quand bien même le trublion Trump n’offrirait pas aussi complaisamment tant de motifs de le trouver bizarre, mieux encore se serait-il constamment montré aussi alerte et lucide que Joe l’assoupi – je rigole – sa remise en cause des pesanteurs du système, de l’État profond, son combat impitoyable contre ce terrorisme mental délétère qu’est le wokisme, sa proximité avec le génial allumé Elon Musk et cette autre personnalité assez hors normes qu’est Vance, tout cela, disais-je, aurait été retenu par Madame Bandy Lee et son orchestre comme autant de symptômes de déficience intellectuelle et cérébrale. C’est l’évidence même.
Bien sûr, j’ignore si l’intéressé se fend face à cela du « Et ta sœur ! » que je viens de me permettre, mais je pense que, étant donc un adepte du mime, il serait tout à fait fondé à passer de la fellation au bras d’honneur.
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