Les révélations du livre Original Sin (Le Péché originel), signé par Jake Tapper et Alex Thompson et tout juste paru aux États-Unis, font grand bruit. En Amérique, ceux-là mêmes qui niaient hier tout signe de déclin cognitif chez Joe Biden publient aujourd’hui des livres dans lesquels ils racontent tout — ce que ne manquent pas de relever, moqueurs, les late shows. Quant à ceux qui, hier encore, osaient évoquer la santé vacillante de l’ancien président, et se faisaient traiter de « complotistes » ou d’être des « menaces pour la démocratie », ils jubilent. Et pensent que le cancer de Biden est révélé au public pour changer de sujet, pour attirer la sympathie et pour contrer les attaques dont l’entourage de l’ancien président fait l’objet.
Joe Biden n’est plus président depuis près de cinq mois. Il n’a plus aucun avenir politique. Mais l’ancien président est revenu à la une de l’actualité ces derniers jours après une cascade de révélations inquiétantes concernant sa personne et surtout sa présidence.

Il y a d’abord eu la diffusion d’un enregistrement audio détaillant l’étendue de son déclin cognitif. Il y a ensuite eu un livre racontant par le détail la campagne de dissimulation – « cover up » en anglais – mise en place par son entourage pour cacher ce déclin aux Américains. Il y a enfin eu l’annonce qu’il souffre d’un cancer de la prostate à un stade « avancé ».
A la vérité seule cette troisième information est une révélation. Le déclin cognitif de Joe Biden était déjà connu. Parce que visible et documenté dans des dizaines de vidéos et interviews dès 2019, date de son entrée dans la campagne présidentielle de 2020. Mais il était nié par ses proches, et par ses alliés politiques. L’omerta était de rigueur et, à gauche, tout le monde la respectait. Ce n’est plus le cas. Ceux-là mêmes qui niaient tout déclin cognitif hier, publient aujourd’hui des livres, où ils racontent tout…
On peut s’interroger sur la vacuité morale que dénote une telle attitude mais ce n’est pas le sujet. Le vrai sujet c’est que la présidence de Joe Biden a été marquée par le mensonge, la dissimulation et les manipulations. La Maison Blanche, les démocrates et les médias ont sciemment propagé de la désinformation pour cacher l’état de santé du président et détourner la démocratie américaine.
Tous ceux qui ont dénoncé ces abus en temps réel ont dit la vérité, mais se sont vus accusés de complotisme et d’être une menace contre la démocratie, alors qu’en vérité ils étaient les seuls à tenter de la défendre.
Le vrai sujet, c’est aussi que si Biden était affaibli au point où tout le monde le reconnaît aujourd’hui, il était incapable d’assumer ses fonctions de président des Etats-Unis. Dès lors, qui les assumait à sa place ? A l’aune des révélations récentes, il y a lieu de s’interroger sur qui a véritablement dirigé l’Amérique pendant les quatre années du mandat de Joe Biden.
Retour sur cette cascade de révélations et de « cover-ups »
Tout commence le 16 mai avec la publication par le site d’information Axios d’extraits audio de l’entretien d’octobre 2023 entre le président Biden et le procureur Robert Hur qui enquêtait sur la détention illicite par Joe Biden de documents classifiés. Le contenu de cet entretien était déjà connu. Il avait été détaillé dans un rapport, rendu public en février 2024, où le procureur Hur estimait Biden coupable d’avoir détourné et détenu chez lui des documents d’Etat mais ne l’avait pas inculpé parce que tout jury verrait en lui un « vieillard bienveillant à la mémoire défaillante » et refuserait de le condamner.
La phrase, plus assassine, que toute condamnation en justice, avait fait scandale. Hur avait été attaqué violemment par la Maison Blanche, le clan Biden, et les médias. Son intégrité avait été mise en doute. Pourtant la retranscription de l’entretien démontrait la véracité de son diagnostic. On pouvait y constater les hésitations du président, ses trous de mémoire, ses pertes de repères dans le temps, ses difficulté à finir une phrase, à avoir une pensée cohérente et suivie, ses innombrables digressions voire divagations sans rapport avec les questions qui lui étaient posées. Tout cela avait été retranscrit. C’était être en flagrant déni de réalité que d’oser le nier.
C’est pourtant ce que l’administration Biden avait fait alors. Elle avait été suivie par toute la gauche et les médias dominants. Aujourd’hui, la diffusion de l’enregistrement, avec ses innombrables silences, qui durent bien plus longtemps que trois petits points sur une feuille de papier, est venue comme une gifle magistrale à quiconque a prétendu alors que le président ne souffrait d’aucun déclin cognitif. C’est un document implacable. Presque pénible à écouter quand on sait qu’il s’agit du président des Etats-Unis…
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Cette révélation n’a pas accablé Biden, son état était déjà connu. Elle a accablé son entourage, en particulier sa famille, son épouse Jill et sa sœur Valérie, qui ont toujours été ses plus proches conseillères. Elles auraient dû intervenir. Lui dire de se retirer. Elles ne l’ont pas fait. Au contraire, elles ont nié les faits et ont muselé toutes les voix dissidentes pour cacher la réalité aux Américains.
C’est cette vaste campagne de dissimulation, ce second cover-up, qui est raconté dans le livre Original Sin (Le péché originel), signé de Jake Tapper et Alex Thompson, qui vient de paraître aux Etats-Unis. Ce « péché originel », selon les auteurs, c’est le silence observé et imposé par les dirigeants démocrates et l’administration Biden au sujet de la baisse des capacités intellectuelles du président. L’ironie est que les deux auteurs ont eux-mêmes participé à cette omerta et qu’ils ont eux-mêmes fait taire les voix dissidentes. Alex Thompson est un journaliste du site Axios (tendance social-démocrate), qui a remporté le prix d’excellence des correspondants de la Maison Blanche en 2024, sans avoir rien dit du déclin cognitif du président jusqu’au fameux débat de juin 2024 où la condition réelle du président Biden explosa en direct au visage de toute l’Amérique… Jake Tapper est un journaliste chevronné de la chaîne CNN, qui déteste viscéralement Donald Trump et qui comme beaucoup de ses confrères était prêt à tout pour l’empêcher de revenir à la Maison Blanche, y compris mentir à ses téléspectateurs.
Dès octobre 2020, à la veille de l’élection présidentielle, lors d’un entretien en direct avec Laura Trump, belle fille de Donald Trump, celle-ci avait dénoncé le déclin cognitif de Joe. Elle avait évoqué ses propos de plus en plus inconsistants, ses difficultés de plus en plus fréquentes à finir ses phrases, sa tendance à perdre le fil de sa pensée. Jake Tapper lui avait coupé la parole. « Vous vous moquez de son bégaiement… A quel titre pouvez-vous prononcer un diagnostic médical ? … Si c’est tout ce que vous avez à dire cette conversation s’arrête ici. »
Aujourd’hui, dans les multiples interviews qu’il donne pour promouvoir son livre, Tapper fait un mea culpa sur cet entretien. Il admet que « Laura Trump avait remarqué quelque chose que je n’avais pas discerné ». Etrange de la part d’un journaliste expérimenté ayant un accès privilégié au président. Comment avait-il pu ne pas remarquer ce que tout le monde voyait clairement… ?
Et comment, aujourd’hui, ose-t-il capitaliser sur cet échec ? M. Tapper a échoué à sa mission première, qui est de correctement informer le public. Mais loin de faire amende honorable il tente de capitaliser sur cet échec en racontant dans un livre ce qu’il n’avait pas vu mais que toute l’Amérique avait remarqué ? Comme a ironisé l’humoriste John Stewart, il vous vend en retard une information qu’il aurait dû vous donner gratuitement des années plutôt…
Une thérapie de groupe avant les midterms
En fait Original Sin n’a pas tant pour objectif de révéler la faiblesse intellectuelle du président Biden, que de décrire le mécanisme de dissimulation et de mettre des noms sur ceux qui l’ont orchestré. Le livre est en règlement de compte entre démocrates. Une étape dans leur tentative de solder leur défaite électorale de novembre 2024 et de se redresser avant les élections intermédiaires de novembre 2026.
Original Sin met en cause Jill Biden d’abord. Elle est intervenue continuellement pour nier l’état de santé de son mari et décourager quiconque d’en parler, à la fois les élus et les médias. Le livre pointe également du doigt le « cabinet Biden », Ron Klein son chief of staff, Mike Donilon, son directeur de campagne, Steve Ricchetti, son conseiller personnel, ainsi que les personnes qui géraient le bureau ovale. C’est tout un premier cercle de conseillers, en contact quotidien avec le président qui sont intervenus pour le protéger, en limitant ses activités officielles, en le gardant loin des journalistes, en interdisant les questions impromptues, et en indiquant la ligne à suivre aux médias les plus complaisants.
C’est ainsi que Joe Scarborough, hôte de l’émission d’information matinale sur MSNBC pouvait affirmer sans broncher au printemps 2024, alors que les signes du déclin cognitif de Joe Biden étaient indéniables, « le président Biden n’a jamais été aussi affuté… C’est la vérité et allez-vous faire f… si vous n’êtes pas capable d’accepter la vérité. »
Et il y avait toujours la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre (KJP), lesbienne d’origine haïtienne, pour nier sans vergogne la réalité. Après le catastrophique déplacement du président Biden pour les célébrations du D. Day en Normandie en juin 2024 (Biden avait tourné le dos aux photographes et à ses pairs pour errer seul, comme s’il était perdu) « KJP » avait dénoncé des vidéos truquées qualifiées de « cheap-fakes ». La presse bien-pensante, du New York Times à MSNBC en passant par CNN, avait tout avalé et s’était empressée de s’en prendre au camp Trump accusé de propager de la désinformation, pour manipuler les élections, ce qui constituait une menace contre la démocratie.
Un an après, il n’y a plus de doutes sur qui mentait et sur qui disait vrai, Encore une fois la vérité était du côté de Donald Trump et le mensonge du côté de ses détracteurs. Ceux qui l’accusaient de menacer la démocratie étaient ceux qui l’avait déjà détournée et confisquée à leur profit.
Il demeure que le mensonge monumental orchestré par l’administration Biden sur la santé du président américain n’aurait jamais pu tenir comme il a tenu sans la complicité des médias. Or loin de se sentir coupables ou responsables, ils essayent au contraire aujourd’hui, à l’image de Jake Tapper, de retourner la situation et de se déculpabiliser…
C’est d’autant plus condamnable que ces mêmes médias sont passés à côté d’une autre information majeure concernant Joe Biden. A savoir qu’il souffre d’un cancer ! Depuis des années ! Cette révélation, et elle en est vraiment une, est inquiétante. Elle interpelle quant à l’avenir de l’ancien président en ce monde. Elle alerte quant à la fiabilité des soins dont un président américain bénéficie. Ce cancer aurait dû être identifié depuis longtemps.
La nouvelle est tombée le dimanche 19 mai. Beaucoup ont vu dans ce timing une tentative de « contrefeu », un moyen de changer le sujet et d’attirer la sympathie sur Biden pour contrer les attaques dont lui et son entourage faisaient l’objet.
Selon le communiqué officiel, Biden souffre donc d’un cancer « agressif » de la prostate avec des « métastases avancées » et en « stade 9 ». Le cancer serait présent jusque dans les os… Ce diagnostic alarmant signifie que ce cancer n’est pas apparu ces dernières semaines. Il se développe depuis de longues années. Une décennie sans doute, vu l’avancement du mal. Les médecins soulignent combien les cancers de la prostate sont lents à progresser.
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Comment se fait-il qu’il n’ait pas été diagnostiqué plus tôt ? Le président des Etats-Unis n’est-il pas le personnage le plus suivi et le mieux soigné de la planète ? Apparemment pas ! Joe Biden n’avait fait aucun test de dépistage depuis 2014 et aucun ne lui avait été imposé. Le CDC, « Center for disease contrôle », agence fédérale pour le contrôle des maladies, recommande de ne pas tester les hommes après 70 ans pour le cancer de la prostate à cause de trop nombreux cas de « faux positifs ». Les médecins attendent donc d’observer des symptômes visibles pour intervenir.
Le président des Etats-Unis doit nécessairement subir au moins un examen de santé par an. Le dernier examen de Joe Biden en tant que président remonte à février 2024. A l’aube de la campagne présidentielle. Aucun cancer n’est évoqué dans ce bulletin de santé. Donc les questions que chacun se pose aux Etats-Unis sont : le cancer était-il vraiment absent, alors ? Ou bien, était-il présent, mais les médecins ne l’ont pas vu ? Ou encore, était-il présent et a-t-il été identifié sans que l’information ne soit communiquée aux Américains ?… Compte tenu de la propension de l’administration Biden aux dissimulations, nombre d’Américains penchent pour cette troisième option. Ainsi après le « Cover Up », sur la prétendue corruption du clan Biden (Hunter le fils, James le frère, et Joe le « grand patron »), après le Cover Up sur le déclin cognitif de Joe Biden, il y aurait un troisième Cover Up sur le cancer du président. Car la révélation d’un cancer à l’aube de la campagne présidentielle aurait annihilé les chances de Joe Biden de se présenter à un second mandat et il était donc impératif de garder l’information secrète…
Les interrogations ne s’arrêtent pas là. Car si Joe Biden était effectivement aussi affaibli que les récits et révélations récentes le détaillent, il n’était à l’évidence pas en mesure de gouverner et quelqu’un d’autre le faisait à sa place. Qui ? La réponse est vraisemblablement ses conseillers et tous les bureaucrates non élus au sein des diverses administrations. Voici quelques semaines la presse américaine a révélé qu’au bas de nombreux documents officiels, ce n’est pas la signature personnelle de Joe Biden que l’on trouve mais une signature automatique reproduite électroniquement, un « autopen » en anglais. Cet artifice n’est pas nouveau et parfaitement légal. Un « autopen » a été utilisé pour la première fois à la Maison Blanche en 2011 pour obtenir la signature du président Obama sur un texte de loi alors que le président était en déplacement en Europe. Le besoin urgent de faire signer le texte de loi avait justifié ce recours. Barack Obama était toutefois en ligne par téléphone au moment de la signature authentifiant l’acte. Car il est interdit et inconstitutionnel d’utiliser la signature automatique du président hors de sa présence. Cela invalide l’acte signé. Le président Donald Trump, qui signe personnellement tous ses actes et décrets à la main et devant la presse, s’est saisi de ce point de détail pour s’interroger sur la validité de multiples décrets portant la signature de Joe Biden… M. Trump est même allé jusqu’ à affirmer que la politique migratoire de l’administration Biden avait été menée à son insu, tant elle différait de ce que M. Biden avait défendu pendant toute sa vie et tant il paraissait en ignorer les détails. En clair, Trump accuse les employés de la Maison Blanche et de l’administration Biden d’avoir abusé de leur fonction pour gouverner à la place du président… Un acte qu’il a qualifié de « trahison ». Et il a demandé au Congrès d’enquêter dans le cadre de sa mission de vérification et de contrôle de l’exécutif. Le scandale du déclin cognitif de Joe Biden est peut-être loin d’avoir livré toutes ses révélations…
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