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Nos ancêtres, de Vercingétorix à Félix Éboué


Nos ancêtres, de Vercingétorix à Félix Éboué

Il y a 80 ans, Félix Eboué ralliait le Tchad à la France libre


On commémore ces jours-ci les 80 ans de l’entrée du Tchad dans la France Libre. Ce ralliement entraînera dans son sillage celui du Congo et de l’Oubangui-Chari, avant celui du Gabon, contraint par les armes quelques semaines plus tard.

Ces évènements nous paraissent bien lointains aujourd’hui mais sont une étape majeure de la construction de la France Libre : avec l’Afrique équatoriale, la France dispose à nouveau d’un territoire, de ressources et d’un statut diplomatique, au-delà de la seule reconnaissance du Royaume-Uni. Le cœur de la France recommence à battre, depuis Brazzaville.

Le ralliement du Tchad est d’abord le fruit de la volonté d’un homme, son gouverneur Félix Éboué.

Félix Éboué panthéonisé

Félix Éboué naît en Guyane en 1884, dans une famille modeste. A 14 ans, il décroche une bourse et prend le bateau pour poursuivre ses études en métropole : dix ans plus tard, il entre à la prestigieuse école coloniale et devient élève administrateur des colonies.

Sa carrière le conduit à Madagascar, en Afrique équatoriale et dans les Antilles, avant d’être nommé gouverneur du Tchad. En 1940, refusant la défaite, il devient le principal relais de la France Libre en Afrique. En 1944, il organise la conférence de Brazzaville, qui annonce le processus d’émancipation des colonies africaines. Il meurt le 17 mai, quelques semaines avant la libération de la métropole, et entre au Panthéon en 1949.

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Petit fils d’esclave, Félix Éboué est un éblouissant exemple de ce que la France a produit en matière de réussite sociale, du temps de la IIIème République et de ses hussards noirs. Il conduit le contingent de ces visages colorés qui ont fait l’honneur de notre pays pendant la Seconde Guerre mondiale, aux côtés de Joséphine Baker ou de Gaston Monnerville, pour ne parler que des plus iconiques.

La France, un peu plus qu’un pays

Mais à l’heure où certains groupes de pression ne nous parlent que de repentances et de déboulonnages, pourquoi diable a-t-il fait le choix de consacrer sa vie à servir le pays de Colbert et de Jules Ferry?

La réponse est à lire dans les évènements de 1940. Rien ne le destinait à s’entendre avec le Général de Gaulle : l’un catholique et proche des milieux monarchistes, l’autre socialiste et membre de la franc-maçonnerie. Rien, sauf la restauration de la grandeur de la France, synthèse de Jeanne d’Arc et Descartes, conversation jamais achevée entre spirituel et temporel.

En ralliant la France Libre, le Gouverneur Éboué nous montre que la France est bien plus qu’un simple territoire. En 1940, plus que jamais dans son histoire, elle est un héritage, une conscience, une espérance. En 2020, qu’a-t-on de mieux à proposer à nos enfants?

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Dans une fausse ingénuité, certains font mine de ne pas comprendre que l’expression “nos ancêtres les Gaulois” dépasse largement son acceptation héréditaire. En rejoignant notre pays, on est symboliquement adopté par tous ceux qui l’ont construit au fil des siècles. Et dit autrement, être Français aujourd’hui, c’est avoir Vercingétorix comme ancêtre, mais aussi Félix Éboué comme grand-père.

Jouer le jeu

En cela, il ne s’agit pas de nier la réalité des discriminations qui pèsent sur notre société, aujourd’hui comme hier.

En son temps, Félix Éboué a pu mesurer l’ambivalence du rôle des grands intérêts privés dans l’aventure coloniale, et s’est toujours attaché à suivre et à promouvoir un idéal d’émancipation pour les populations locales.

Il nous lègue un discours emblématique, prononcé en 1937 à l’attention des lycéens de Pointe-à-Pitre. Il les invite à “jouer le jeu”, c’est à dire à “piétiner les préjugés et à baser l’échelle des valeurs sur les critères de l’esprit”, autant qu’à “ne jamais abdiquer, malgré les clameurs ou menaces, et poursuivre la route droite qu’[ils] se sont tracés.” On gagne souvent à écouter son grand-père.



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