Notre ami Pierre Berville publie Heart & Love, un beau livre qui retrace en images, et quelques textes, l’histoire du cœur, ce symbole de l’amour et de la vie…
Seul un génial publicitaire pouvait avoir cette idée : publier peu de temps avant la Saint-Valentin un beau livre retraçant l’histoire du cœur et de l’amour à travers les âges et les arts. Pierre Berville l’a fait et le résultat est brillant. Près de deux cents pages de magnifiques reproductions (marque de fabrique des éditions Assouline) de peintures anciennes, d’enluminures, de dessins, de planches anatomiques, de photos de couples mythiques, d’œuvres pop art, de défilés haute couture… Un flot d’images illustrant chacune à sa façon le cœur, l’évolution de sa symbolique et de sa représentation, et l’amour, vaste sujet qui s’incarne pourtant dans un regard, dans la posture d’un corps, dans un geste délicat immortalisé par la peinture, la photographie ou le cinéma.
Une place de choix dans les imaginaires
Berville souligne qu’au fil des cultures, des époques et des civilisations, le cœur a occupé une place de choix dans notre imaginaire et dans nos mythes. « Légendes et anecdotes abondent et sa présence est quasi constante dans de nombreuses croyances. De l’infinie grandeur de l’amour divin jusqu’à l’infiniment petit de la microbiologie, il n’a jamais cessé d’émerveiller les hommes. Il est l’accomplissement même. »
Et l’auteur de relever que cet organe, légèrement décalé vers la gauche de notre thorax, est cependant considéré comme le point central de notre humanité. « Au-delà de son rôle physique, on lui a toujours prêté la responsabilité de notre vie psychique et émotionnelle. Siège de la réflexion pour les Babyloniens, de nos émois pour Descartes, il fut considéré alternativement ou simultanément comme celui de l’amour, du courage, de l’intuition, de la digestion, de l’optimisme, de l’esprit de charité, de l’appétit (réel ou figuré), de l’opiniâtreté, de la sincérité etc. Dans sa rivalité historique contre le cerveau, le foie, l’intestin et les organes sexuels, le cœur l’a toujours emporté haut la main. À l’instar d’un dieu, il serait partout et pourrait tout. »
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L’ouvrage ne se contente pas de servir de ces douceurs qui ont fait les riches heures de la pop culture, des romans à l’eau de rose et de la publicité, jusqu’à voir muer la Saint-Valentin en un rendez-vous hautement marketing. Non. Le 14 février peut aussi marquer de tristes anniversaires. Ainsi apprend-on qu’a eu lieu, le 14 février 1349, à Strasbourg, alors cité-État du Saint Empire romain Germanique, le « massacre de la Saint-Valentin », soit l’un des pires pogroms menés en Europe. Ce jour-là, plus de deux mille juifs accusés de propager la peste noire furent arrêtés et brulés vifs par les habitants et les autorités locales.



Dans un autre registre, c’est aussi un 14 février, en 1929, à Chicago, qu’eut lieu un spectaculaire règlement de compte entre gangsters. En pleine prohibition, la guerre entre bandes rivales est intense pour s’approprier le monopole de la distribution d’alcool de contrebande. D’un côté le gang des Irlandais menés par Bugs Moran, et de l’autre, celui des Italiens conduits par Al Capone. Ces derniers auront la gâchette la plus rapide et élimeront les têtes pensantes du groupe adverse.
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Mais au fait, pourquoi célébrer l’amour et les amoureux le 14 février ? Pierre Berville a son explication : « Comme beaucoup de célébrations chrétiennes, la Saint-Valentin puiserait son origine dans des traditions plus anciennes… Auparavant, à cette date, les Romains fêtaient les Lupercales, cérémonies païennes dans le genre dissipé, dédiées à la fertilité et qui se terminaient souvent en débauches. Les débordements étaient tels que les autorités avaient finalement décidé leur interdiction. Bien que cette hypothèse soit contestée par certains experts, beaucoup estiment qu’il existe une filiation entre les deux fêtes. »
Pierre Berville, Heart & Love (édition en anglais), Assouline, 2025. 192 pages
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