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Une tarte à Tain

Libération, Yoga magazine et un paquet de quinoa n’arrêtent pas les balles


Une tarte à Tain
Stéphane au pays de ses ancêtres © D.R.

En allant au contact de la population, le président s’est fait gifler au cri de « Montjoie ! Saint Denis ! À bas la macronie ! » Comme Damien T. (son assaillant), Stéphane est un Gaulois réfractaire qui a le mal du pays de ses ancêtres, mais il ne gifle personne. Papacito leur ressemble, mais il fait des vidéos.


Quand j’ai vu le profil du gifleur, quand j’ai entendu le claqueur de beignet présidentiel clamer « Montjoie Saint-Denis ! », quand j’ai découvert sa passion médiévale, quand j’ai appris qu’il n’avait pas répondu au journaliste de « Quotidien » parce que selon son comparse, « il était timide » ou peut-être parce qu’il ne parle pas aux enculés, j’ai immédiatement pensé à Stéphane, le fils de Corine.

Corine vivait à Toulouse au milieu des années 1980. À 25 ans, au lieu d’attendre un mec bien comme aurait fait n’importe qui, un qui reste et qui reste gentil, elle a fait un bébé toute seule qu’elle a ramené en région parisienne pour l’élever entre ses grands-parents. C’est André, que sa dizaine de frères et sœurs appellent « Dédé », qui a fait office de père. Aujourd’hui, quand l’employé de mairie communiste à la retraite voit son petit-fils devenir royaliste sur YouTube, il ne comprend pas bien mais bienveillant, il en rigole. Dans la famille qui doit voter à gauche depuis Jaurès, on se demande comment ce gosse qui est allé à l’école de la République (et qui malgré cela, connaît l’histoire de France passionnément) peut rêver de monarchie. On s’amuse de le voir, aujourd’hui trentenaire, enfiler le week-end sa cotte de mailles, et ses 25 kilos d’acier oxydable et occidental, et empoigner son épée ou sa masse d’armes pour retrouver le royaume de France à Bouvines, Poitiers ou Roncevaux.

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Ce qui laisse Stéphane perplexe, ce n’est pas la désuétude de la monarchie au pays des Lumières, c’est plutôt le programme de reconquête républicaine, l’élargissement des trottoirs à La Chapelle, les stages de déradicalisation, le retour des djihadistes « français », les agressions permanentes, le déboulonnage des statues et la police accusée de violences  jusqu’au sommet de l’Etat pour quelques voyous qui ont résisté à leur arrestation alors qu’ils n’avaient pas la santé pour.

Stéphane a grandi dans le monde pacifié des droits de l’homme, de l’égalité des chances et de l’État providence, alors on voudrait qu’il soit républicain, démocrate et même européiste. Européen, il l’est par sa civilisation mais pas pour ce que l’Union européenne en fait : une grosse commission. Le souvenir de Charlemagne et la bouille de Van Rompuy le rendent nostalgique d’un temps où « Joyeuse » et « Durandal » défendaient l’Occident chrétien et où le martel du premier des grands Charles renvoyait les Sarrasins fissa dans leurs casbahs. Si Stéphane prend les armes, blanches, de guerre et d’avant, et pour de faux, c’est qu’il a le mal du pays de ses ancêtres.

Pour lui, il n’y a pas de doute, c’était mieux avant, avant qu’Erdogan tienne l’Europe par les couilles avec ses migrants et avec nos milliards, avant que les médiocres qui tiennent la barre en France d’une main tremblante laissent des Bédouins planter leurs tentes dans les jardins de l’Élysée comme des Gitans sur un terrain de foot municipal, téléphonent à Leonarda pour négocier un compromis, étreignent des délinquants qui nous insultent ou applaudissent dans le palais de la République des transgenres à talons hauts. Stéphane aurait préféré vivre dans l’Europe de la peste et des guerres centenaires plutôt que dans celle de Conchita Wurst et des mosquées cathédrales entre Reims et Aix-la-Chapelle. Plutôt serf dans un champ, piétaille dans la bataille ou même lépreux à Jérusalem que citoyen avec des droits, une mutuelle et un président tête à claques qui déclare qu’il n’y a pas de culture française, que la France a commis un crime contre l’humanité en Algérie ou que l’histoire de France reste à déconstruire. Alors un soufflet dans la tronche d’un blanc-bec qui veut Seine-Saint-Deniser la France, de la part d’un Gaulois réfractaire, Stéphane trouve que c’est justes représailles au regard de tant de honte et de trahisons. Et on peut bien dire de lui qu’il est d’extrême droite, il s’en fout, il préfère la compagnie de Zemmour à celle de Joffrin. De toute façon, personne n’est venu lui dire en face, il a une épée d’un mètre et une masse de dix kilos avec des pointes dans son placard.

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C’est Stéphane qui m’a fait découvrir Papacito. J’avais vécu aussi longtemps que possible sans ordinateur et pour que j’arrête de lui envoyer par la poste mes articles écrits à la main sur des feuilles de papier, la patronne m’a refilé un portable sur lequel j’écris encore d’un doigt. Longtemps, je me suis méfié de cette machine faite par et pour des matheux qui parlent anglais, et puis je m’y suis mis, il faut bien vivre malgré son temps. Au début, je « naviguais », comme on dit quand on reste au sec le cul dans son fauteuil, entre mes mails, Word et YouPorn, rien que de l’utilitaire. Et puis je suis allé sur YouTube pour voir à quoi ressemblait ce Papacito. La première fois, j’ai refermé le clapet et je suis retourné lire Le Suicide français. Je n’ai pas vu tout de suite ce qu’un mec avec les tatouages d’un taulard salvadorien, les lunettes d’Onassis, la moustache d’un président à vie turkmène et le manteau de Tony Soprano pouvait bien m’apprendre, à moi qui suis habitué aux livres de Finkielkraut et aux films de Woody Allen.

Le vidéaste et humoriste Papacito. Image: capture d’écran YouTube.

Maintenant j’adore, je me marre, je jubile, et comme Stéphane, je me sens moins seul. La vidéo de prévention du risque terroriste à l’usage des gauchistes islamo et dhimmi devrait être diffusée dans toutes les facs qui en sont infestées. La démonstration est incontestable : Libération, Yoga magazine et un paquet de quinoa n’arrêtent pas les balles. Et le message est clair : l’attirail idéologique de celui qui accueille l’islam, excuse les racailles et prend les djihadistes par les bons sentiments ne le protégera pas d’un attentat terroriste. Celui qui répond aux assassins avec des nounours et des bougies n’échappera pas aux invasions et aux décapitations barbares. La mise en scène de ce conseil plein de bon sens vaut à Papacito une plainte déposée contre lui par Mélenchon pour appel au meurtre.

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Soyons sérieux, tant que des gauchistes ne se feront pas dégommer par des followers du tchatcheur bien burné, tant qu’aucune menace papacitiste ne viendra inquiéter Edwy Plenel, un gag que le professeur Choron aurait adoré restera une bonne blague. En revanche, alors que plus de 300 Français ont été assassinés aux cris de « Allahou Akbar » et que ça continue, aucun parti républicain n’a jamais envisagé de porter plainte pour « appel aux meurtres » contre le Coran. Alors Stéphane n’attend plus rien de la République, il attend une reconquête française, il attend le retour du roi, pas un « Louis-Philippe », plutôt un « Charlemagne », à cheval et en armure, pour le consoler du président fainéant, trépidant, bedonnant ou aspirant, trouillard moderne, indigne et oublieux qui le désespère de quinquennat en quinquennat.

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Article extrait du Magazine Causeur




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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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