Accueil Site Page 304

LFI: Le Foutriquet Intouchable

0

Retour sur la curieuse et épidermique réaction du LFI Sébastien Delogu, confronté à la RN Edwige Diaz.


Edwige Diaz et Sébastien Delogu sont, non pas dans un bateau, mais sur le plateau de BFMTV où ils sont invités à débattre. La première nommée est députée Rassemblement national de la 11ème circonscription de la Gironde, le second élu de La France Insoumise dans la 7ème de Marseille.

On ne me touche pas !

Voilà bien que, Mme Diaz, cherchant très aimablement à inviter son interlocuteur à ne pas l’interrompre à tout bout de champ comme il le fait, se laisse aller à, de sa main, effleurer son bras. Que n’a-t-elle osé là ! Crispation outragée de son voisin de plateau qui, très ostensiblement, se raidit, se cabre, se détourne. Il en serait presque à exiger qu’on fasse appel aux services de décontamination. Les deux journalistes en charge de l’émission, Olivier Truchot et Alain Marschall, ne manquent pas de souligner le ridicule d’un tel comportement. « On ne me touche pas ! On ne me touche pas ! » s’offusque alors le soi-disant offensé, la prétendue victime de l’épouvantable agression. Va-t-il saisir les tribunaux pour harcèlement, violence à caractère sexuel, gestes déplacés, atteintes à son intégrité physique ? On ne peut l’exclure.

Il reste à tenter d’expliquer cette réaction épidermique, au sens propre du terme. J’avoue mon incapacité à comprendre une telle répulsion devant le geste, plutôt sympathique et apaisant, d’une femme, au demeurant charmante. Moi, voyez-vous, je serais plutôt du genre à en redemander. Mais bon. Je ne suis ni député, ni – encore moins – LFI.

Gestes barrières

Il me manque, pour cela, le logiciel mental qui, très probablement, doit permettre d’expliquer la brutalité du rejet. Un logiciel dans lequel RN équivaut à peste brune, donc à un risque majeur de contagion, même au plus léger contact. Ce serait aussi la raison pour laquelle on se refuse, tout aussi ostensiblement, à serrer la main des élus RN à l’Assemblée nationale. Il y a de la prévention sanitaire dans cette sottise effrayante. Il y a aussi du vade retro satanas, puisque, selon la bible mélenchonienne, l’assimilation du RN à la peste se trouve enrichie d’une accusation d’inféodation aux œuvres du Malin. On pourrait penser que ce ne sont que des mots. On se tromperait. Ce genre de venin fait inexorablement son chemin dans certains esprits. Et quand, quasiment d’un bord à l’autre du spectre politique, on mobilise – non sans succès – les foules pour « faire barrage », il entre bien là-dedans une part de cet obscurantisme, de cet impensé totalement irrationnel. Barrage contre quoi ? Contre la peste brune, contre les armées du démon ? Ce n’est pas exprimé ainsi, certes. Mais cela s’entend tout de même au-delà des propos convenus, et des arguments fabriqués.

« On ne me touche pas ! » piaille donc le pauvre homme. Ce faisant, il excipe d’une illusoire qualité d’intouchable. Et c’est aussi sans aucun doute cette débile conviction qui l’a conduit, voilà peu, à se permettre d’emprunter à contre-sens et à toute vitesse un couloir de bus dans son aire électorale de Marseille. « On ne me touche pas ! » Aura-t-il probablement lancé aux policiers l’interpellant. Ça n’a pas marché. Pour que ça fonctionne à tous les coups, il faudra qu’il attende que lui et ses camarades aient pris le pouvoir. Alors là, ils se régaleront ! Nous autres, beaucoup moins.

Philippe IV dit Le Bel - Le Roi de fer, le Pape, les Templiers

Price: 12,00 €

5 used & new available from 7,13 €

La droite sans gazole ni vachettes

L’ancien candidat à la primaire LR de 2022 a été nommé hier Premier ministre. L’union des droites ne viendrait-elle pas, en catimini, d’avoir lieu ? 


Jadis, il existait un nom consacré pour des journées comme celle d’hier. On parlait de mariage de raison. Le genre d’union célébrée en toute discrétion, sans bouquets de fleur ni vin d’honneur. Hier à Matignon, même si personne n’osait le dire, l’évidence était dans tous les esprits : cet été la France a fauté. Alors qu’elle semblait avoir obéi à ses directeurs de conscience en faisant impeccablement barrage aux assauts d’un jeune premier nommé Jordan, la Gauloise réfractaire s’est en réalité bel et bien donnée à la droite. L’analyse de son hémicycle ne laisse aucun doute à ce sujet. Il a fallu des semaines pour accepter la honteuse mésalliance. Mais, qu’on le veuille ou non, France et conservatisme vont devoir faire un bout de chemin ensemble.

Barnier, le gendre idéal

Problème : la belle famille – j’ai nommé le clan désuni de la droite –  est à couteaux tirés. Incapable de s’entendre depuis des décennies. Une bonne partie de ses membres, et non des moindres, en particulier la branche Le Pen, ont d’ailleurs prévenu qu’ils ne participaient pas à la noce. On se contentera donc de leur approbation du bout des lèvres, et c’est déjà un exploit… Il faut dire qu’ils auraient eu mauvaise grâce de venir perturber la cérémonie. Depuis cinquante ans qu’il occupe les postes les plus variés de la vie politique (conseiller général, député, sénateur, ministre, commissaire européen), l’heureux élu, un certain Michel Barnier, ne leur a jamais manqué de respect.

À lire aussi, Gabriel Robin: Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau

Et puis, il a beau être le prototype de l’apparatchik chiraquien, européiste et soporifique, il y a dans le style Barnier, quelque chose de rigide et de vieille France qui n’est pas pour déplaire au RN. Hier, dans son discours d’investiture, le Savoyard a d’ailleurs salué à sa manière les grands absents du jour en prononçant tous les mots de l’infréquentabilité : “sécurité”, « maîtrise de l’immigration », “sentiment d’abandon et d’injustice”. Bien sûr, beaucoup pensent que son physique et ses manières de gendre idéal ne suffiront pas à sauver les apparences, et que l’accord tacite avec la droite populiste explosera en plein vol dès les premières turbulences venues. Mais est-il interdit de rêver ? Et de se souvenir que, jadis, les mariages de raison faisaient les foyers les plus solides et les plus heureux ?

Les vieux mariés

Alors rêvons un peu. Et constatons que ce n’est pas la première fois, dans l’histoire récente, que nous assistons à des réconciliations, que dis-je à des résurrections, auxquelles plus personne ne croyait. Prenez l’Otan. D’aucuns la disaient en état de mort cérébrale… Depuis deux ans pourtant, toute l’Europe, ou presque, lui dit et redit son amour. Prenez aussi les frères Gallagher, qui, après des années de haine, vont reconstituer le groupe de rock Oasis. Prenez, enfin et surtout, des fleurons de notre culture populaire tels que Michel Sardou, la Renault 17 et Intervilles, dont les prochains retours viennent d’être annoncés coup sur coup cette semaine. Les esprits chagrins déploreront sans doute que le premier revienne sur scène dans une pièce de théâtre et pas pour un tour de chant, que la seconde ait troqué le bon vieux moteur au gazole contre la technologie électrique, et que la nouvelle version de l’émission créée par Guy Lux ait renoncé aux joutes de vachettes. Michel Barnier c’est un peu cela au fond : la droite sans gazole ni vachettes. Mais la droite quand même.

«La droite a renoncé à mener le combat culturel»

Relire la première partie.


Causeur. Les élections n’ont pas sacré la reine du bal désignée par les sondages… Pourquoi le RN a-t-il perdu ?

Eric Zemmour. La coalition des partisans du cordon sanitaire a évidemment bloqué sa dynamique. Ce grand retour des castors a étonnement fonctionné. Peut-être grâce aux failles du RN. Depuis des mois, il se disait prêt, avec le fameux « plan Matignon », les 577 candidats déjà sélectionnés, les textes de loi qui auraient déjà été rédigés, etc. La campagne a montré que les dirigeants du RN n’étaient pas prêts. Ils ont changé de programme tous les jours et sont restés sans voix devant les polémiques lancées par leurs adversaires. Car la dédiabolisation leur coupe la voix. Qu’est-ce que la dédiabolisation ? C’est le fait de renoncer à des idées que la gauche estime inacceptables. C’est donc la soumission à l’idéologie de gauche. C’est le pari que fait Marine Le Pen depuis douze ans maintenant, et que je critiquais déjà du temps où j’écrivais au Figaro. Les concessions qu’elle fait à la gauche ne seront jamais assez nombreuses. La gauche ne donnera jamais quitus au RN. Ce n’est jamais assez ; une soumission en entraîne une autre et à la fin que reste-t-il ?

En dehors de ce que veut la gauche, faut-il regretter l’antisémitisme de fin de banquet et autre rivarolades pétainistes de Jean-Marie Le Pen ? Êtes-vous choqué que Marine Le Pen ait déclaré que le nazisme était une abomination ?

Rejeter les quelques nazillons du FN, vous appelez ça une stratégie ? C’est une évidence. Mais faire croire que Marine Le Pen a dénazifié le FN, c’est encore une fois tomber dans le piège de la gauche. Le FN n’était pas un parti de nazis. La nazification de patriotes absolument pas nazis est une des stratégies les plus classiques de la gauche depuis les années 1930. C’est même Staline qui l’a inventée et suggérée à tous les partis communistes européens. Je parle donc d’une machine infernale : de la dédiabolisation qui fait de la gauche l’ultima ratio de la bienséance, rôle qu’elle s’octroie depuis la Révolution française. Faire de la dédiabolisation une stratégie, c’est lui reconnaître ce magistère. Et ça ne sert à rien. Il a suffi de vingt-quatre heures entre le soir du premier tour et le lendemain pour rediaboliser comme jamais le RN. Alors qu’est-ce qu’on tire de ces élections pour aller de l’avant ? Marine Le Pen en tire qu’il faut aller plus loin dans la dédiabolisation, j’en tire qu’il faut aller plus loin dans la crédibilité et l’affirmation de nos idées. La situation est de plus en plus critique, ce n’est pas le moment de mollir. Chez Reconquête nous allons travailler d’arrache-pied sur la formation de nos cadres et l’élaboration d’un nouveau programme.

En tout cas, votre union des droites a du plomb dans l’aile.

Vous avez raison ! Pour faire l’union des droites, comme son nom l’indique, il faut des gens qui veulent s’unir et des gens de droite. Les LR se disent de droite, mais ne veulent pas s’unir. Le RN ne se dit pas de droite et ne veut pas non plus d’alliance avec Reconquête. J’ai décidé de ne plus parler de tactique ! L’union des droites, c’est un moyen, pas un objectif. L’objectif, c’est de sauver la France. Je trouverai d’autres moyens.

Jordan Bardella et Marine Le Pen au palais de l’Élysée, après leur entretien avec Emmanuel Macron en vue de la nomination du prochain Premier ministre, 26 août 2024 ISA HARSIN/SIPA

Qu’avez-vous pensé de l’épisode Ciotti ?

Ciotti a tenté une union avec le RN et je le félicite d’avoir essayé de rompre le cordon sanitaire. Malheureusement, le reste des LR n’a pas eu son courage et le cordon sanitaire est revenu, plus fort que jamais. Au passage, on a assisté à une opération vérité : tous les leaders de LR ont reconnu, une fois de plus, qu’ils demeuraient des centristes, proches d’Emmanuel Macron.

Aujourd’hui, le paysage médiatique est beaucoup plus ouvert qu’il y a trente ans : il y a les médias Bolloré… et Causeur ! Pourquoi la gauche, beaucoup moins florissante électoralement, conserve-t-elle son hégémonie culturelle ?

Nos idées ont désormais un diffuseur médiatique non négligeable. D’ailleurs, nos adversaires ont compris qu’il fallait d’urgence attaquer le diffuseur. Mais la gauche conserve l’hégémonie culturelle, car elle tient l’école, l’université, les médias, la justice, le cinéma, le monde de la culture, les financements publics, la plupart des réseaux sociaux et leur pouvoir de censure. Avec cela, la gauche endoctrine la masse, en particulier, les jeunes générations, comme au temps de la Révolution culturelle chinoise, quand les jeunes étaient instruits contre leurs propres parents ! Vous voyez, l’hégémonie culturelle n’a pas besoin de la majorité électorale, même si elle la prépare.

L’attaque terroriste contre la synagogue de La Grande-Motte montre que la haine des juifs, attisée par une partie de la gauche, est aujourd’hui décomplexée. Beaucoup de Français juifs se demandent s’il y a un avenir pour eux en France. Et vous ?

Beaucoup de Français se demandent s’il y a un avenir pour les Français en France ! Si on veut lutter contre l’antisémitisme, il faut arrêter l’immigration musulmane. C’est un principe de précaution. Il y a un antisémitisme culturel systémique, comme on dit, dans le monde musulman. C’est un phénomène très documenté, notamment par l’historien Georges Bensoussan, spécialiste du monde arabe, ou par David Littman qui raconte la condition des juifs au Maghreb. Plus il y aura de musulmans en France, plus il y aura d’antisémitisme. On était sorti de l’antisémitisme européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on l’a ramené nous-mêmes sur notre sol par l’immigration. Il faut arrêter.

Revenons à vous. Beaucoup de gens semblent partager votre diagnostic. Pourquoi ne vous élisent-ils pas reine du bal ?

Permettez-moi l’optimisme : c’est déjà un progrès ! C’est même la première étape. Il y a quelques années, on me contestait le diagnostic. Je pense tout simplement que l’élection présidentielle structure la vie politique et les rapports de forces pour les cinq années qui suivent. Il y a comme une inertie attachée à ce résultat. En arrivant deuxième en 2022, Marine Le Pen a pris la tête de l’opposition. On peut faire beaucoup de choses pendant cinq ans, mais pas renverser cette hiérarchie. En 2027, les compteurs seront remis à zéro, les Français seront disponibles, comme à chaque élection présidentielle, pour écouter et comparer : l’électorat redevient mobile. Les jeux seront à nouveau ouverts. D’ici là, revenons aux fondamentaux : les idées, les convictions, les tempéraments. C’est ce qui fait l’essence de la politique, pas les partis, ni les sondages.

Cependant, n’êtes-vous pas un peu obsessionnel ? Tout n’entre pas dans le tuyau du grand remplacement.

C’est vous qui parlez ! Pour vous taquiner, je dirais qu’obsédé vient du latin obsedare qui signifie assiéger. Oui, je pense que la France est assiégée par une civilisation étrangère et qu’il est tout à fait légitime d’être obsédé par cela. Je ne cherche pas à faire entrer tous les problèmes dans une théorie, mais certains grands phénomènes historiques s’imposent et transforment tout. Prenons l’exemple de l’école. Ce n’est pas l’immigration qui a causé son effondrement, c’est l’idéologie. À partir de 1945, dans tous les pays occidentaux, on a subordonné le principe de méritocratie à l’objectif supérieur de démocratisation et de réduction des inégalités. Mais l’arrivée de millions d’enfants issus de cultures maghrébines ou africaines, avec des parents qui parlaient très mal français et, pour la plupart, n’avaient pas le culte du savoir, a aggravé les choses. Les idéologues de gauche se sont employés à adapter l’enseignement à ce nouveau public ; cela a produit un effet boule de neige. De même, l’immigration n’est pas responsable de la désindustrialisation française, de la baisse du temps de travail, de la baisse de la compétitivité, de l’insistance mise sur la consommation au détriment de la production : tout cela, c’est l’œuvre des élites françaises. Mais le fait est que beaucoup d’immigrés ne travaillent pas (le taux d’inactivité est de 40 % chez les Algériens contre 26 % chez les Français) et qu’on fait venir des immigrés pour consommer, que cette consommation n’est pas financée par leur travail, mais par les allocations sociales, que l’on finance par la dette. Enfin, on s’étonne que nos services publics n’aient plus l’efficacité d’antan, et bien sûr que les 35 heures, la bureaucratisation et la tyrannie des normes n’y sont pas pour rien. Mais on oublie qu’ils subissent aussi l’arrivée annuelle de 500 000 personnes, très consommatrices de services publics. Ils ploient sous le nombre. En somme, comme pour l’école, les immigrés aggravent nos propres problèmes.

Du point de vue de l’immigré, il est légitime de chercher à venir en France.

C’est rationnel, mais ce n’est pas moral.

Ce n’est pas immoral.

Je trouve que si. C’est immoral de quitter son pays plutôt que de l’aider à devenir plus fort. C’est immoral de profiter d’un pays, voire de l’attaquer, alors que ce pays vous a accueilli.

La plupart des êtres humains sont immoraux dans ce cas, car la plupart privilégient le sort de leurs enfants à celui de leur pays.

Ce n’est pas vrai. En 1914, les Français n’ont pas fait ce calcul-là, ils n’ont pas émigré en masse. Et ils ont construit un pays magnifique pour leurs enfants.

Campement de migrants devant la mairie du 18e arrondissement de Paris, demandant « une mise à l’abri » à la veille de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, 24 juillet 2024. SOPA Images/SIPA

L’étranger qui vient en France n’est pas responsable du système qui a été mis en place pour l’attirer. Pourquoi attaquer les immigrés plutôt que l’immigration?

Une fois qu’ils sont chez nous, ils ont une responsabilité individuelle. Au nom de quoi n’aurait-on pas le droit de critiquer ceux des immigrés qui profitent de notre générosité sans travailler, ou ceux qui violent, qui poignardent et qui tuent ? Mais s’ils sont là, c’est bien de la faute de la politique française. Et il faut dire que notre système devient de plus en plus fou ! Pendant l’été, la Cour nationale du droit d’asile a décidé que TOUTES les femmes afghanes pouvaient bénéficier du droit d’asile en France, du fait de leur traitement par les talibans. C’est-à-dire qu’il n’y a même plus besoin d’examen individuel de leur cas ! Elles obtiennent d’office le statut de réfugiée ! N’oubliez pas que grâce au regroupement familial, les enfants et les maris pourront également les rejoindre en France. En clair, grâce à nos juges, les 40 millions d’Afghans sont désormais les bienvenus en France !

Beaucoup de femmes afghanes méritent la protection de nos lois, non ?

Votre esprit de contradiction vous égare ! Je ne sais pas si vous mesurez ce que je viens de vous dire. Les femmes afghanes sont victimes de l’islam depuis mille ans, est-ce pour cela qu’il faut accueillir toutes les femmes afghanes ? Et puis toutes les femmes du monde musulman, et tous les homosexuels ? Cela va faire du monde ! Le droit d’asile,c’est Victor Hugo et Soljenitsyne. Ce n’est pas tous les persécutés des pays musulmans. Au nom de quoi les gens de la CNDA peuvent-ils prendre de telles décisions qui engagent le pays plus que toute décision prise par le Parlement ? Ces gens n’ont pas été élus, personne ne les connaît. C’est un scandale démocratique.

Faisons un détour par l’Angleterre et les émeutes. Cela ne va pas aider votre combat contre l’immigration que des gens agressent des immigrés dans les rues.

Qu’ont dit ces émeutiers anglais ? Enough is enough – « trop, c’est trop ». Un fils de migrants rwandais venait d’assassiner trois fillettes. Et ce n’est pas la première affaire de ce genre qui émeut l’Angleterre ! Le peuple britannique a voulu sortir de l’UE pour arrêter l’immigration. Et les élites anglaises ont stoppé l’immigration européenne, mais accru l’immigration extra-européenne. C’est contre cette entourloupe que les Anglais se révoltent. Cette révolte est légitime dans son objet. Et immédiatement, des militants d’extrême gauche et des islamo-gauchistes, renforcés par la police anglaise, sont partis de toute l’Europe pour faire le coup de poing contre ces Anglais. La justice a été d’une rare férocité avec ces gens qui défendaient le droit de l’Angleterre de rester l’Angleterre.

Beaucoup de Français redoutent comme vous de voir la France qu’ils aiment disparaître, mais voudraient des solutions douces.

La solution que je propose est beaucoup plus douce que celle qui consiste à laisser le djihad se développer sur notre sol, à accepter l’ambiance de guerre civile, à mentir effrontément sur la nature de l’immigration musulmane et, in fine, un jour, et bien trop tard, se résoudre à intervenir de manière violente, dramatique – ou bien, car ce sera la seule alternative, à être vaincus. Je fais tout pour nous l’épargner. Je pense que les Français ont compris que je ferai ce que je dis. Ils savent que chez les autres, ce n’est que du théâtre et que, contrairement à eux, j’aurai le tempérament nécessaire pour régler la question.

Prétendez-vous sauver la France contre elle-même ?

Le général de Gaulle dit : « La seule fatalité, ce sont des peuples qui n’ont plus la force de se tenir debout et qui se couchent pour mourir. » C’est pour conjurer cette fatalité que je me suis engagé en politique.

Il se dit beaucoup que vous êtes un bon analyste, mais un mauvais politique.

J’entends la critique. Si la politique, c’est changer d’avis tous les jours parce que les sondages changent, faire des coups, dire et ne pas faire, oui, je ne suis pas un bon politicien. Mon ami Gilles-William Goldnadel avait dit : « Zemmour ne sera jamais un vrai politicien parce qu’il ne veut pas mentir. » Je le remercie pour ce beau compliment !

Quelle piètre opinion de la politique !

Qui a permis à l’immigration et à l’islam de conquérir la France ? La politique, contre l’avis des Français. Qui a effacé les frontières ? La politique, contre l’avis des Français. Qui a fait des travailleurs des esclaves du fisc ? La politique, contre l’avis des Français. Et peu importe que ce soit la droite ou la gauche, car c’est encore et toujours la politique, la matrice unique de nos malheurs.

Le problème de la France, c’est cette politique. La politique qui brise la liberté, la vérité, la créativité, la prospérité, la souveraineté. La politique qui torture la pensée du peuple à coups de mensonges. La politique qui s’est insérée dans les moindres interstices de notre vie privée. La politique qui paralyse l’action du peuple à coups de lois et de prélèvements. La politique qui envahit tout, s’empare de tout, détourne tout, tord tout, dénature tout, abîme tout, annule tout. La politique qui ruine le pays. La politique qui remplace le pays. La politique qui déclasse le pays. La politique qui embrigade le pays. La politique est l’ennemie du peuple. Une révolution antipolitique est nécessaire.

Vous, l’admirateur de Churchill, Napoléon, De Gaulle, ne croyez plus à la politique pour civiliser les conflits ?

Ce que les Français appellent « la politique » en 2024, ce n’est ni Churchill face au nazisme, ni Napoléon recréant le Droit, ni De Gaulle rendant à la France sa grandeur. Ce qu’ils appellent « la politique », c’est un labyrinthe sans fin d’hypocrisies, d’incompétences et de ratages. Ils veulent abattre les murs de ce labyrinthe. Moi aussi. Je veux le faire avec eux et pour eux. Et nous retrouverons peut-être un jour la grande politique, mais pas avant. Il faut sortir le pays du « Tout est politique » imposé par les soixante-huitards ! Ils ont tout politisé, ils ont tout dénaturé, ils nous enferment dans une logique totalitaire. Il faut dépolitiser l’école, la culture, le cinéma, l’économie, la chambre à coucher, l’humour, les relations entre les hommes et les femmes, la fiscalité, la famille, la propriété, l’écologie, la justice. Il faut dépolitiser tout ce qui a été tragiquement politisé par la gauche. Vous allez m’entendre le dire souvent dans les mois qui viennent : la politique est l’ennemie du peuple. Ce n’est pas une formule en l’air. C’est ce que pensent les Français. Nous allons faire tomber cette Bastille.

Michel Barnier, technocrate fade au carré?

0

Depuis des années, Michel Barnier, notre nouveau Premier ministre, était considéré comme un « technocrate fade » un peu mou par les vieux briscards de la politique. Mais il pourrait agréablement nous surprendre, observe Céline Pina.


Enfin nous avons un Premier ministre. Michel Barnier a gagné le Koh-Lanta de la nomination. Les Hunger games macroniens ont un vainqueur et la France un nouveau Premier ministre !

Combien de temps tiendra-t-il ?

La série n’a pas été passionnante. On a perdu beaucoup de temps avec un personnage secondaire mais particulièrement insistant, Lucie Castets, qui a créé moults rebondissements mais peu d’enthousiasme. La première saison de ce mauvais feuilleton a ainsi été consacrée à l’élagage de la distribution. L’élimination des héros, souvent par leur propre entourage et par la grâce de la traîtrise, fédère toujours les spectateurs, à défaut d’inspirer l’électeur. La deuxième saison qui s’ouvre devrait se pencher sur le parcours de l’élu, enfin du « designated survivor ». Et disons-le, au vu du contexte politique incertain, l’échec est probable et laisse penser que la troisième saison ne verra jamais le jour, et qu’il faut se préparer à l’arrêt de la franchise.

Les élections législatives n’ayant été gagnées par personne, trouver un homme susceptible de ne pas être victime d’une motion de censure sitôt nommé relevait de la gageure dans un pays divisé où chaque formation politique est sous pression de militants radicaux. Voilà pourquoi nous nous sommes longtemps crus dans une représentation interminable d’En attendant Godot tant cette nomination était espérée et pourtant n’aboutissait jamais. Et pour cause.

A lire aussi, Eric Zemmour: «La droite a renoncé à mener le combat culturel»

Cette pièce sur l’absurdité de la condition humaine parle de notre réalité politique. Attendre Godot, c’est espérer que le monde va changer, tout en étant conscient que cet espoir est ridicule, surtout quand on n’agit jamais pour influer sur son cours. Attendre Godot, c’est la quête de l’hyper-solution. Cette idée absurde qui consiste à penser que l’on peut résoudre tous ses problèmes grâce à une seule équation. Un exemple : vous êtes mal dans votre peau, mal à l’aise avec votre sexualité, votre lien à autrui et votre relation au monde ? Changez-donc de sexe et vous serez en accord avec vous-même. Vous doutez que cela marche, et vous pensez qu’assez rapidement la personne se retrouvera confrontée aux mêmes problèmes que ceux qu’elle a tenté de fuir ? C’est exact. L’hyper-solution mène à l’échec car elle est la négation de la vie.

La journaliste Céline Pina © Bernard Martinez

La panacée n’existe pas, c’est une fuite en avant dans l’illusion. L’existence est un combat au quotidien, combat perpétuellement renouvelé dont l’issue est de surcroit fatale… La quête d’une hyper-solution est une posture immature car elle nie la condition humaine, la nécessité de construire et de se construire. Nous n’avons pas de baguette magique et il n’y a pas de sauveur. Mais il peut y avoir des hommes debout. Et nous en avons besoin.

Un choix cohérent

Le choix de Michel Barnier a sa cohérence. L’homme a une véritable expérience internationale, et son poste de négociateur du Brexit a démontré ses qualités diplomatiques et sa fermeté. Plusieurs fois ministre, il connait bien la France et a souvent été apprécié dans l’exercice de ses fonctions. Elu local et chef d’exécutifs locaux, il a l’expérience du terrain et est ancré sur un territoire. Il y a une histoire à raconter autour de cette nomination qui tente de conjuguer profil technocratique et épaisseur politique. Même si le technocrate est plus visible chez Michel Barnier que le produit du terroir.

Sa nomination intervient à un moment où la gauche s’est ridiculisée : après avoir tenté d’imposer un personnage sans histoire ni envergure à la tête du pays en s’inventant une victoire qui n’existe pas, le PS a abattu le seul homme qui pouvait tenter de créer une coalition, Bernard Cazeneuve. Se faisant, il a prouvé que les deux gauches étaient effectivement irréconciliables et que la seule manière d’envisager un avenir passe par l’élimination de la gauche républicaine de Cazeneuve au bénéfice d’une gauche aux penchants totalitaires et antisémites, celle de LFI. Ce terrain ayant été dégagé, la candidature d’une personnalité de droite cadrait mieux avec les attentes des Français et leur vote. Or, dans ce cadre, l’imprimatur du RN était nécessaire. Exit donc Xavier Bertrand, qui s’était posé en caution morale face au risque fasciste qu’il imputait au RN. Un profil comme Michel Barnier, qui n’a jamais insulté personne tout en sachant affronter les situations de tension, devenait la clé d’un possible.

A lire aussi, Gabriel Robin: Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau

N’avoir jamais insulté personne parait un peu terne comme image politique ? On a vu que Michel Barnier ne se résumait pas à cela, mais il n’en reste pas moins que ce « détail » est de grande importance. Ne dit-on pas que le divin se cache dans les petites choses ? Or la tenue est exactement ce qui manque aujourd’hui en politique. Celle-ci s’incarne aujourd’hui dans des personnages qui paraissent dépourvus de vergogne, de limites et d’éducation. Les Delogu, Léaument, Soudais et autres Guiraud ont abimé l’image de l’Assemblée nationale à force de vociférations et de violences, Jean-Luc Mélenchon est devenu une caricature d’imprécateur, une grande partie de la gauche assène toujours des leçons de maintien alors qu’elle fraie avec les islamo-gauchistes. On n’est pas mieux loti du côté du pouvoir avec un président adulescent et irresponsable, largement comptable de l’impasse politique où ses caprices nous ont placés. Quant à la droite, la tragi-comédie des LR lors des législatives l’a rendu peu attractive et même un tantinet ridicule. Elle ne s’en est pas encore remise.

Ce n’est pas un président de droite qui parlait de « sans-dents »…

Dans ce cadre où tous ceux qui se poussent du col montrent plus leurs limites que leurs atouts, le « terne » Michel Barnier ne s’en est pas mal sorti. Sa passation de pouvoir entre lui et Gabriel Attal était touchante et digne. Et surtout y affleurait une forme de sincérité et de simplicité extrêmement intéressante. On était loin des mots ronflants dont l’emphase et la puissance servent avant tout à masquer la réalité de l’inaction du pouvoir. Certains se sont beaucoup moqués de l’expression « les gens d’en bas ». Surtout à gauche. Alors même que cette gauche les méprise et n’écoute plus ces gens depuis longtemps, tant elle est persuadée que le peuple est con et qu’elle a les meilleures solutions pour faire son bonheur malgré lui. Eh bien curieusement, c’est le techno qui trouve la voix de la sincérité pour en parler. Son expression était peut-être un peu vieillotte, datée, ancien monde, mais les accents dans la voix du Savoyard montraient qu’il croyait aux mots qu’il prononçait, là où trop souvent les politiques utilisent les mots comme des leurres. Il y avait là quelque chose d’apaisant et de rassurant dans les premiers pas de cet homme placé par les circonstances au poste de Premier ministre.

Il n’en reste pas moins que le chantier qui s’ouvre devant lui est titanesque et qu’aucune des conditions ne sont remplies pour qu’il puisse espérer réussir. Il n’a pas de majorité, et doit gérer un président dont le discernement est inversement proportionnel à sa capacité d’initiative, et qui est en plus prompt à mettre des excréments dans le ventilateur, même dans sa propre maison. Notre problème est qu’une situation politique bloquée c’est comme une cocotte-minute sous pression. Il faut donc gagner du temps pour empêcher que la logique de tension que cela implique ne finisse par affaiblir considérablement l’Elysée. Il faut donner au monde politique un os à ronger et une tête à faire tomber autre que celle d’Emmanuel Macron. Il faut donc occuper les médias et leur fournir un abcès de fixation. Mais à part se donner le temps de bien compter les briques en attendant de se prendre le mur, que peut faire Michel Barnier ? Dans une société fracturée où dans la perspective de 2027 chacun va vouloir donner des gages aux plus radicaux de son camp, la conjonction de l’hystérisation des enjeux et de l’impuissance du politique risque d’exacerber frustrations et revendications alors même que la crise budgétaire et les menaces extérieures réduisent toute marge de manœuvre. Face à ces réalités, si Michel Barnier arrive déjà à relancer le dialogue entre les forces politiques et à prendre en compte les attentes des Français sans brutaliser la société, il aura fait œuvre utile et aura amené quelques grammes d’espoir dans un monde de brutes.

En attendant Godot

Price: 8,00 €

146 used & new available from 1,18 €

Ces biens essentiels

Price: 6,63 €

12 used & new available from

À l’aube de la nouvelle saison de Top 14, le rugby à la croisée des chemins

Le rugby est-il en train de perdre son âme ?


Le Top 14 reprend ses droits ce week-end avec, déjà, d’alléchantes affiches : tout commencera par une Peña Baiona au stade Jean Dauger où les locaux de l’Aviron bayonnais affronteront les Catalans de Perpignan, avant de se poursuivre avec la rencontre des outsiders entre La Rochelle et Toulon et de se terminer avec l’opposition entre les nouveaux venus de Vannes et le favori toulousain. La compétition domestique de rugby est un de ces rares plaisirs où les rivalités picrocholines, les mêlées viriles et les troisièmes mi-temps arrosées sont encore admises. Après la professionnalisation édictée en 1995, le rugby semble pourtant aujourd’hui à un nouveau tournant, entre devoir de modernisation et risque de s’y perdre.

Bien sûr, nous ne devrions jamais comparer deux sports, tant chacun de ceux-ci possède ses lettres de noblesse, son histoire, ses drames et ses champions, mais la tentation est grande d’opposer les ballons rond et ovale. Et, en matière de football, les derniers mois furent féconds de ce que la post-modernité produit de plus vil : saga autour du transfert de Mbappé, profusion de rencontres jusqu’à l’indigestion et à des horaires improbables, multipropriétés, stades hypermodernes et hyperconnectés répondant au nom de richissimes sponsors, règne des stats, pour se terminer par le tirage récent de la Champions League où la seule chose qui fut comprise de tous est qu’elle favoriserait les mastodontes au détriment de la glorieuse incertitude du sport – sans laquelle celui-ci n’est plus qu’un spectacle.

Le rugby, qui tire sa filiation de la phéninde grecque et de l’harpastum romain[1], autant que du jeu de soule qui mettait aux prises des villages voisins, n’est évidemment pas à l’abri de connaître le même sort. Si on voue une admiration sans borne pour les exploits du Stade toulousain, sa domination outrageante ne manque pas de soulever quelques inquiétudes dans une discipline où les lauriers se répartissent à peu près équitablement  – en dehors de quelques sagas, dont celle de Béziers dans les années 70 sous la houlette de Raoul Barrière. La starification, malgré lui, du brillant et modeste Antoine Dupont tranche avec un sport éminemment collectif. L’argent prend une place toujours croissante et on espère ne pas voir advenir le « rugby business », avec des « maillots third » floqués au nom de joueurs négociant leur transfert sous d’autres horizons, des droits vendus à l’encan, des abonnements hors de prix, des compétitions qui se multiplient et des bagarres dans les tribunes… Certains signaux n’ont pas manqué d’inquiéter ces derniers mois.

La modernisation est inévitable et ne fait que suivre l’évolution de la société. Il y a d’ailleurs bien longtemps que l’Ovalie a tranché avec les origines sociales liées à ses berceaux : pour simplifier à l’excès, le rugby était d’extraction noble en Angleterre où il fut la chasse gardée de la gentry ; étudiante en Irlande, aux abords du Trinity College et d’autres écoles réservées aux élites ; populaire au Pays de Galles où dockers, mineurs et métallurgistes mélangèrent leur sueur à la suie et à la houille ; paysanne en Ecosse, où il gagna rapidement les campagnes. On ne retrouve plus guère de tout cela aujourd’hui et il est d’ailleurs sans doute utopique d’espérer que le sport de Webb Ellis garde éternellement ses particularismes.

Mais que ses acteurs, des joueurs aux dirigeants, n’en dénaturent pas l’essence et conservent ce qui fait le charme de la discipline. Le rugby, c’est avant tout un sport de territoire qui se conquiert par des combats et des actions de génie : ses mêlées, au cours desquelles les casques s’entrechoquent au son des instructions données par l’arbitre (« flexion », « liez », « jeu ») en même temps que les râles se dégagent de ce troupeau si peu moutonnier ; ses ballons envoyés à l’autre bout du terrain avant qu’ils ne reviennent, comme pour sacraliser le principe de l’éternel retour ; ses essais enfin et surtout, anodins ou entrés dans l’histoire, comme celui de Gareth Edwards avec les Barbarians en 1973. Le rugby, ce sont des traditions : le folklore chanté en tribune et accompagné des fanfares et bandas du Sud-Ouest, le haka des guerriers néo-zélandais qui tranche avec le jeu souvent châtié de générations de All Blacks qui ont honoré de leur talent la toison noire frappée d’une fougère ou encore les hymnes lors du tournoi des Six nations, dont le Flower of Scotland entamé à la cornemuse et terminé a capella ou le magnifique Land of my Father repris par les chœurs gallois. 

Le rugby, ce sont les troisièmes mi-temps qui adoucissent les rivalités cristallisées à l’ombre des poteaux plantés en plein cœur de territoires où le soleil se cache rarement. Le rugby, ce sont des grandes voix, de Roger Couderc, de Thierry Gilardi et aujourd’hui de Jean Abeilhou  et de Matthieu Lartot ; et des écrivains qui ont rehaussé par leur plume la dimension épique de ce sport, d’Antoine Blondin à Denis Tillinac qui retrouvaient sans doute dans l’Ovalie leur monde de hussards. Le rugby, ce sont aussi les joueurs fidjiens, samoans et tongiens venus apporter un vent frais et féroce, les feuilles jaunes de Midi Olympique qui s’envolent sur les terrasses des sous-préfectures, un mélange de petits et de gros, des stades portant encore le nom de joueurs et de dirigeants et les Narbonne-Carcassone annoncés avec l’accent du terroir. Le rugby, ce sont les yeux d’Emilie. Et mille autres choses dont on espère qu’elles ne commencent pas à tourner rond ou carré.

Anthologie mondiale du rugby

Price: 45,00 €

8 used & new available from 33,00 €


[1] Pour les références historiques : Jacques Verdier, anthologie mondiale du rugby 

Indian Family Train

0

Phobiques du chemin de fer, s’abstenir.


Si le huis-clos ferroviaire est exploité de longue date par le Septième art (cf. parmi les films à suspense relativement récents Dernier train pour Busan, Le Transperce neige, Bullet Train, Compartiment n°6, Unstoppable et j’en passe), il est des trajets grande ligne que le cinéma sait rendre particulièrement éprouvants. Je ne recommande pas aux âmes sensibles de monter dans le Rajdani Express pour  New-Dehli où vous embarque le cinéaste indien Nikhil Nagesh Bhat: au terminus, après 1h45 à grande vitesse et sans escale, le spectateur arrive à quai, mais quelque peu secoué par le voyage.

Mais que fait la Sûreté ferroviaire?

Tout commence par la célébration des fiançailles d’une innocente demoiselle, Tulika, fille d’un richissime magnat des transports, élevée (et vêtue) dans la bonne tradition hindoue, en vue de son mariage « arrangé », comme on dit – les mœurs étant ce qu’elles sont dans le sous-continent indien. Mais Tulika en pince secrètement pour Amrit, bel et athlétique capitaine des commandos de la police – l’équivalent du GIGN, on présume. Rêvant de fuir avec sa dulcinée, l’ardent, viril et juvénile barbu s’incruste avec son frère Viresh dans le train qui ramène incognito à Dehli le grand patron et les siens (femme, neveux et enfants). Patatras, un gang de « dacoïts » (ces bandes de brigands hors caste qui font le charme du pacifique pays de Gandhi) s’est infiltré parmi les passagers : technologiquement performants, en actionnant un appareil brouilleur habilement planqué dans un sac de voyage, ils ont coupé la connexion de tous les smartphones, désamorcé les alarmes et le système de freinage d’urgence : bref, le TGV est en roue libre. Avec, à l’intérieur, cette tribu de malfrats qui passe illico à l’action, détroussant les voyageurs terrorisés. À la tête (brûlée) des méchants, Fani, le psychotique rejeton du chef de bande, à qui vient rapidement l’idée de kidnapper Tulika contre rançon, dès lors qu’il a identifié la présence, dans le convoi, de l’opulente famille bien connue des médias.

A lire aussi: Tribunal amoureux

Boucherie indienne

Houlà, le sang d’Amrit ne fait qu’un tour si l’on s’en prend à l’objet de son cœur ! Et nous voilà barré pour une castagne homérique : seul contre tous, Amrit parviendra-t-il à sauver ses protégés du carnage ? Vous le saurez si, d’abord, vous acceptez de vous enfiler non-stop cent cinq minutes de sport de combat assaisonné d’une sanglante boucherie : doigts fracturés, éviscérations, énucléations, égorgements, pendaisons, trépanations, amputations, emboutissages, écrabouillage par frottement du visage au sol à 200km/h, meurtres au marteau, au revolver, à la hache – le clou étant assurément le trépas par ingestion du gaz d’un extincteur ou, mieux encore, par avalement d’un flacon entier de recharge de briquet, consciencieusement incendiée –  ce qui s’appelle mourir à petit feu. La violence hyperbolique de ces hallucinants corps-à-corps graduellement montés en gamme, aux rebondissements orchestrés avec maestria, vous tient scotché au siège, sourire en coin. Car jamais Kill ne se prend au sérieux : son maniérisme très maîtrisé joue de façon réjouissante avec les codes de l’esthétique « Bollywood » – bande-son sirupeuse, ralentis émollients, flash-backs édulcorés sur le rêve sabordé de ces noces idéales… Vertigineux !  

Pour autant que l’expression « film de genre » n’ait pas encore été dénaturée par la phraséologie woke, Kill en offre une saine quintessence. A noter que, présenté en avant-première à l’ouverture de l’Étrange festival (qui fête à Paris cette année, au Forum des Images comme toujours, sa 30ème édition – du 3 au 15 octobre), le film y est projeté une fois encore ce samedi 7 octobre à 14h15, quelques jours avant sa sortie dans les salles. À noter aussi, pour les amateurs, qu’on peut voir sur Netflix deux autres films de Nikhil Nagesh Bhat: Hugdang (2022) – mais uniquement sous-titré anglais –  et le délicieux BrijMohan Amar Rahe (2018) –  sous-titré en français, celui-ci. Cinéphiles, à vos écrans !

Kill. Film indien de Nikhil Nagesh Bhat. Inde, couleur, 2023. Durée : 1h45. En salles le 11 septembre 2024.

Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau

Après une longue période de flottement – sept semaines d’attente et de pénibles rebondissements – la droite a finalement réussi à étouffer la gauche. À ceux de nos lecteurs que la petite tambouille politicienne française n’ennuie pas assez, nous expliquons ici pourquoi le président Macron a finalement choisi le Savoyard Michel Barnier.


Les esprits lucides et pragmatiques le savaient bien : il était impossible à la gauche de gouverner dans son incarnation du Nouveau Front populaire. De fait, elle aurait été immédiatement censurée par les deux tiers restants de l’Assemblée nationale, soit le centre et la droite.

Emmanuel Macron n’a d’ailleurs jamais eu l’intention de confier Matignon à la gauche. Rien ne pouvait l’en empêcher puisque le cartel des gauches n’a pas obtenu de majorité, même relative, et ne pouvait nouer aucune alliance pour élargir sa base. Pis encore, son « alliance » était particulièrement fragile, le discours radical et sans compromis de La France Insoumise suscitant le rejet d’une bonne part des Français mais aussi de cadres historiques du Parti socialiste.

Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard, devant l’Assemblée nationale à Paris, 9 juillet 2024 © Jacques Witt/SIPA

Gauches irréconciliables

L’équation posée à Emmanuel Macron était donc simple. Deux options s’offraient à lui. La première était incarnée par Bernard Cazeneuve. Elle impliquait de détacher une partie du PS du bloc du Nouveau Front populaire tout en négociant avec Les Républicains pour qu’ils ne censurent pas. Compliqué. La seconde demandait de nommer un Premier ministre issu de la droite classique qui n’entraine pas automatiquement une censure du Rassemblement national sans trop susciter de rejet dans les rangs macronistes.

À lire aussi, Eric Zemmour: «La politique est l’ennemie du peuple»

L’option Xavier Bertrand ayant été immédiatement repoussée par Marine Le Pen – les deux personnalités nordistes se détestant cordialement depuis de nombreuses années -, Emmanuel Macron a fait le choix de désigner Michel Barnier. Il a ainsi humilié la gauche comme rarement dans son histoire. Il a fait payer à ce camp son absence totale de volonté de compromis et entériné qu’il était plus simple de négocier avec le Rassemblement national. Disons-le, l’arrivée de Michel Barnier n’aurait pas été possible sans l’accord de Marine Le Pen, devenue centrale dans cette Assemblée nationale avec ses 140 députés.

Marine Le Pen : « Que le futur Premier ministre ne nous traite pas comme des pestiférés »

Plus malin encore, cette dernière a fait savoir immédiatement qu’elle ne participerait pas au gouvernement, mais qu’elle allait déposer un cahier de doléances sur des thématiques qui lui sont chères, dont l’immigration, la sécurité et le pouvoir d’achat. S’il ne s’agit pas ici d’un pacte de gouvernement comme celui négocié par Laurent Wauquiez avec l’Élysée, il y a là un genre de pacte de bonne intelligence parlementaire. Tous les acteurs de cette habile manœuvre politique pourront se targuer d’avoir évité à la France un gouvernement de gauche très engagé à un moment où nous ne pouvons absolument pas nous le permettre.

La dette est en roue libre, la France étant même menacée par une « procédure pour dette excessive » lancée par la Commission européenne. Nous aurons 110 milliards d’économies à faire, le tout sans augmenter une charge fiscale déjà tout particulièrement étouffante. Une mission complexe où les qualités de Michel Barnier pourraient s’avérer très utiles. Ce dernier fut en effet l’homme des négociations du Brexit, dont il a tiré un fort intéressant ouvrage intitulé La Grande Illusion – Journal secret du Brexit (2016-2020) chez Gallimard.

À lire aussi, Denis Hatchondo: Le Grand Barnier

Européen convaincu, Michel Barnier sait pourtant cibler les défauts de notre Europe. Lors des primaires des Républicains de 2021, il avait notamment déclaré : « Sur l’immigration, il faut retrouver notre souveraineté juridique pour ne plus être soumis aux arrêts de la CJUE ou de la CEDH ». Il entendait même proposer un référendum sur la question aux Français en cas d’élection à la présidence de la République. Décrit comme courtois, Michel Barnier représente l’ancien monde – ce qui est en soi une défaite pour le « nouveau », mais passons. Dans une période de troubles, il est sûrement intéressant d’avoir un faiseur à Matignon plutôt qu’un diseur.

La droite dit merci au NFP

La situation qui se présente à lui sera néanmoins d’une complexité inouïe. Le parlement est divisé, les Français ne le sont pas moins. Un véritable homme d’Etat peut s’en sortir, surtout quand il connait bien le fonctionnement interne des partis et la « tambouille ». Bien sûr, il faut s’attendre à ce que la gauche soit totalement déchaînée, à ce qu’elle provoque même un troisième tour social dans la rue, en s’opposant à tout et surtout à ce qui pourrait être bien. Le retour à la réalité sera rude pour les cadors des plateaux de télévision, après avoir joué la comédie en soutenant Lucie Castets. La France est majoritairement à droite et cela inclut les 11 millions d’électeurs du Rassemblement national. Pour la première fois, ses électeurs seront peut-être partiellement entendus par un gouvernement respectueux et capable de compromis.

A lire aussi, Ivan Rioufol: Matignon: c’est pour aujourd’hui ou pour demain?

La gauche dénonce un coup de force qu’elle a elle-même voulu tenter. On serait même tenté de répondre avec un peu d’ironie que son jusqu’au boutisme a plus fait pour l’union des droites, qui ne peut passer que par le centre, que ce que les caciques de la droite ont fait en trente ans…

Le Front Populaire des élections a fait place à un rassemblement – national, serait-on tenté d’écrire – contre la gauche au parlement, savamment ourdi par un Emmanuel Macron trop heureux de garder son pré-carré international. Soyons honnêtes : ce qui est présenté comme une cohabitation ne peut pas totalement en être une avec le soutien des députés du parti présidentiel au nouveau Premier ministre. Il s’agit plutôt d’une « coalibitation » dans laquelle la droite sera le centre, quelque part entre Ensemble et le Rassemblement national… Durable ? Nous le verrons bien.

L’ex de Mélenchon le trompe énormément

L’ancien chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, s’est associé à quatre députés indépendants pro-Gaza pour former une nouvelle alliance au parlement britannique.


« Dis-moi pour qui tu aimes voter, je te dirai qui tu hais ». Cette formule est aussi valable en français qu’en espagnol (du Venezuela) et en anglais.

Covid vaincu, mais virus antisémite toujours vivace

Jeremy Corbyn n’est pas devenu un pipole de notre côté de la Manche seulement grâce à son amitié particulière avec Mélenchon. « On commence tout juste notre histoire avec Corbyn[1]» avaitdéclaré l’islamo-gauchiste hexagonal en chef, en novembre 2018.

Corbyn est paru en Une dans quelques médias français, quand il était à la tête du Labour Party, le parti travailliste. Mais il a poussé le bouchon de l’antisémitisme si fort au fond du flacon d’élixir que cela a fait sauter le parti tout entier.

À l’inverse, les Français peuvent être fiers de leur corbyneau hexagonal : alors qu’il était donné sub-claquant par les sondeurs d’âmes et de cœurs populaires, not’Jean-Luc a séduit les populistes germanopratins par sa présentation palestinolâtre du monde. Il les a conduits à voter avec enthousiasme pour une coalition de bric, de broc et d’anti-israélisme.

C’est ainsi que le sous-marin de l’islamisme français est remonté à la surface aussi vite qu’un suppositoire en marche arrière.

Le ciment le plus solide de son nouveau Bas-du-Front populaire était la haine d’Israël : on ne change pas une équipe qui gagne. Mais il n’a pas résisté aux divergences concernant tous les autres sujets. Macron comptait là-dessus : on n’apprend pas à un vieux Machiavel à faire des grises masses ce qu’il veut ! Le résultat, c’est que deux mois après le deuxième tour qui a porté les espoirs mélanchoniens au zénith, le Premier ministre désigné par le roi Louie-Emmanuel[2] est un second couteau qui ne lui fera pas d’ombre : Michel Barnier a été député, puis commissaire européen à la politique régionale de 1999 à 2014. Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Raffarin, puis de l’Agriculture et de la Pêche sous Nicolas Sarkozy, il a toutes les qualités requises : l’européanisme béat et le dos rond-de-cuir.

Corbyn est une punaise de lit : on le met à la porte, il rentre par la fenêtre

La tentative de « ses amis du Hamas et du Hezbollah[3]» pour lui sauver la mise n’avait pas mieux réussi que celle de son alter ego, invoquant le célafautojuifs, en Mélenchon dans le texte : « il a dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud [4]».

Corbyn est quand même toujours député à Islington North. Il a juste changé d’étiquette en 2020. Du 9 juin 1983 au 29 octobre 2020, c’était avec le label travailliste[5]. Mais se retrouver simple député quand on a été le leader charismatique d’un parti pendant cinq ans (12 septembre 2015-4 avril 2020), ça vous laisse un goût de nostalgie.

Alors Corbyn a repris la stratégie de Pepito su corazon[6] : il s’est allié avec quatre autres élus indépendants, Shockat Adam, Ayoub Khan, Adnan Hussain et Iqbal Mohamed, qui militent sur des plateformes pro-palestiniennes. Sans surprise, leur « Alliance indépendante » a vocation à obtenir un embargo sur les armes à destination d’Israël et elle cherche à recruter des alliés au Labour Party, qui n’a pas été purgé de tous ses antisémites, malgré l’action du nouveau boss, devenu depuis Premier ministre, Keir Starmer.

On dit de Starmer qu’il est sioniste, mais il est surtout mou. On ne parle pas de sa vie sexuelle, seulement de son engagement vis-à-vis d’Israël. Lorsque David Lammy, le secrétaire d’État travailliste, a succombé à son tropisme palestinien et imposé un embargo sur les armes à destination de l’État juif[7], au moment où celui-ci est menacé sur tous les fronts par les islamistes, Starmer n’a pas discuté. Au contraire, il a défendu l’embargo, le qualifiant de « décision juridique, pas politique ». C’est pourquoi il ne le considère pas comme un changement dans le soutien du Royaume-Uni au droit d’Israël à l’autodéfense.

L’Angleterre a quitté l’Union européenne, mais les liens sont encore forts entre nos deux pays : la nouvelle Alliance indépendante british a beaucoup en commun avec la France Insoumise-à-la-démocratie et il y a du Macron dans le management chèvre-et-en-même-temps-chou de Keir Starmer.


[1] https://mabatim.info/2019/12/15/melenchon-fait-son-coming-out/

[2] Vidéo : www.youtube.com/watch?v=JtIXCCEvFEM

[3] https://fr.timesofisrael.com/cameron-exige-que-corbyn-renonce-a-ses-amis-le-hamas-et-le-hezbollah/

[4] www.i24news.tv/fr/actu/france/1576257720-gb-elections-defaite-de-corbyn-a-cause-du-likoud-selon-jean-luc-melenchon

[5] https://members.parliament.uk/member/185/career

[6] Les deux compères échangent en espagnol, car Mélenchon n’a pas voulu apprendre la langue des gringos. – https://www.liberation.fr/planete/2018/09/24/jean-luc-melenchon-avec-corbyn-c-est-le-debut-de-notre-histoire_1680944/

[7] www.standard.co.uk/news/politics/israel-keir-starmer-house-of-commons-prime-minister-benjamin-netanyahu-b1180036.html

Twitter/X: l’ignominie au quotidien

0

Parce qu’elle a osé affirmer que la France avait tué son mari « par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance », Harmonie Comyn est victime de propos odieux. Diligentée par le parquet de Draguignan, une enquête pour cyberharcèlement est ouverte, annonce l’AFP. Mais sur Twitter, l’anonymat rend compliquée l’identification des misérables qui s’en rendent coupables.


Face à l’ignominie au quotidien de X (ex-Twitter), fuir ou résister ? Pour moi, la réponse a toujours été claire : il ne faut pas laisser le champ libre à la grossièreté et à l’abjection d’une minorité qui dégrade et déshonore ce réseau social au point que parfois on passe plus de temps à bloquer qu’à discuter. Les insultes, les vulgarités qui me sont destinées, pour ne pas parler des attaques indignes – les références, par exemple, à mon père de la part souvent d’incultes historiques – me touchent peu puisqu’elles émanent de trop bas et j’ai la ressource, y répliquant, de les faire disparaître et de chasser ces twittos de mon compte.

Twitter, un cloaque ?

Deux exemples : Le député LFI Sébastien Delogu s’était vu reprocher de circuler à contresens à Marseille. Il avait mis en cause la police à cette occasion. Je m’étais contenté de demander si oui ou non il avait circulé à contresens. J’ai subi de la part de certains de ses soutiens sur X une série d’immondices dont l’élu n’était pas responsable mais qui donnaient une image très peu reluisante de LFI. J’avais tweeté sur la députée LFI Ersilia Soudais et elle m’avait répondu en laissant croire que je l’avais critiquée sur son apparence physique. Alors que j’ai pu démontrer par la suite, malgré les inepties multipliées à mon encontre, que ma bonne foi était entière. Alors, face à l’insupportable, ne jamais s’effacer mais se battre ; ou bloquer si on n’a pas le choix.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Elon Musk: Mais pourquoi est-il si méchant?

En revanche ce n’est pas la même chose quand la veuve d’un adjudant de gendarmerie exemplaire, tué à la suite du comportement criminel d’un Cap-Verdien condamné à plusieurs reprises, mis en examen et en détention provisoire, est traitée sur X sur un mode qui défie l’entendement. Il relève plus d’abjections que de propos articulés. Une enquête, d’ailleurs, a été ordonnée tant la mesure était dépassée. Cette femme digne et courageuse a eu le grand tort, pour ces voyous du réseau social, d’intervenir après la mort de son époux qui va la laisser, avec ses deux enfants, dans un chagrin durable, en mettant en cause la France qui n’avait pas su prendre les mesures pénales pour empêcher un tel individu de nuire. Un discours émouvant, fier et lucide, dont les citoyens de bonne foi n’auraient pas eu un mot à retirer. Même si je commençais à avoir une certaine habitude de ce cloaque, j’ai tout de même été saisi par l’intensité des horreurs déversées sur l’épouse de l’adjudant Comyn.

Des dérives permises par l’anonymat

De la même manière que dans l’affaire de la soumission chimique de sa femme actuellement au tribunal, je cherche à comprendre les ressorts sombres et pervers de Dominique P, il faut que je tente de découvrir ce qui, dans l’humanité de ces brebis galeuses, est différent de celle de la majorité des gens. Ceux-ci éprouvent en effet le plus grand respect pour cette veuve parvenant à poser les bonnes questions face à la tragédie qui la frappe. Ces twittos, quel fond, quel caractère est donc le leur ? Sont-ils dénués de toute sensibilité ? N’ont-ils que des pulsions négatives qui les conduisent à cracher sur la noblesse de certaines personnalités ? Sont-ils tellement pauvres dans l’usage du langage qu’ils en sont réduits à l’insulte ? Se rendent-ils compte de leur ignominie ou leur rapport avec autrui n’est-il fait que de mépris et d’un défaut radical d’empathie ? Est-il trop tard pour leur apprendre les bases minimales du respect de l’autre et les règles les plus élémentaires de la vie en société ?

A lire aussi, Gabriel Robin: Pavel Durov: une affaire « extra » judiciaire

L’anonymat qui sévit sur X permet-il à quelques-uns d’exprimer leur part mauvaise, implacablement mauvaise, qui a besoin de s’extérioriser quel que soit le sujet, qu’il soit tragique ou non ? Comme s’il y avait des humains qui, mélangeant sans doute un terrain psychologique et intellectuel défaillant avec des conditions sociales modestes, avaient plaisir à s’abandonner, par une sorte de sadisme les rassurant sur eux-mêmes, aux pires instincts, à des dévastations gratuites, au mal pour le mal ? Quand on désire appréhender le crime ou des ignominies d’une autre sorte, on n’échappe jamais à cette question fondamentale : le mal est-il en nous ou l’a-t-on hérité ?

Malgré le tableau très sombre que j’ai dressé de X et qui a culminé, dans l’ignoble, contre Harmonie Comyn, il faut pourtant y rester. Il n’est pas nécessaire d’espérer pour tweeter. La résistance est à elle-même sa belle et éclatante finalité. Comme la stigmatisation des voyous. C’est peu mais c’est déjà cela.

«La politique est l’ennemie du peuple»

Pour le président de Reconquête, la stratégie de dédiabolisation poursuivie par le RN revient à se soumettre à la gauche. L’urgence, c’est de mener le combat identitaire car « la France est assiégée par une civilisation étrangère » qui a notamment ravivé l’antisémitisme. Pour lui, la politique est une affaire trop belle et trop grande pour être confiée à des politiciens obsédés par les sondages.


On l’avait vu, au lendemain des européennes, passablement abattu par les trahisons. On le retrouve souriant, reposé, gourmand de rencontres et d’idées nouvelles. Après une dizaine de jours en Californie, où le gotha conservateur américain avait invité Sarah Knafo, son lieutenant et sa compagne, à une session de formation, j’ai rejoint le patron de Reconquête en Camargue, une région où il compte de fidèles partisans devenus de bons amis. Deux heures de natation par jour, des livres en pagaille, la presse dégustée dans la solitude matinale face aux vignes, la famille et les copains : alors que la dernière séquence a largement confirmé son diagnostic, il est prêt à en découdre, plus que jamais convaincu que la France est en danger. Il lui reste à prouver qu’il est celui qui peut la sauver. À supposer qu’elle veuille être sauvée •

Causeur. Avez-vous été touché par la grâce olympique ?

Éric Zemmour. Depuis mon enfance, j’aime le sport – je le regarde et je le pratique. Depuis 1968, je n’ai jamais raté les JO, ni la Coupe du monde de football. Je pourrais vous parler pendant des heures des JO de Mexico en 1968 avec la victoire de Colette Besson ! Je ne suis pas de ces gens qui méprisent « le pain et les jeux » qu’on donnerait « au peuple ». Comme tous les gens du peuple, je suis heureux quand les Français gagnent. Et cette année, j’ai été servi ! Léon Marchand nous a tous enchantés. Je suis très chauvin en sport, je n’en ai pas honte.

Vous êtes chauvin en tout !

Pas faux ! Le sport, c’est aussi le patriotisme. Quand on dit que le sport, c’est uniquement « le vivre-ensemble, la convivialité, la sororité », on dénature complètement les valeurs du sport. Le sport, c’est l’effort, la méritocratie, la sélection, la compétition. Le sport, ce sont des valeurs de droite. Pour être jockey, il faut être petit et léger. Il y a ceux qui arrivent les premiers et qu’on respecte, et ceux qui arrivent en dernier et qu’on plaint. Tout le contraire de l’école d’aujourd’hui ! On accepte que les qualités des hommes et des femmes soient différentes ; ils ne combattent pas ensemble. On est content quand son compatriote gagne. Tout ce que la gauche et l’époque détestent !

Peut-on se contenter de crier « Vive la France ! » uniquement dans les stades ?

Et pourquoi les peuples européens ne manifestent-ils leur patriotisme que dans les stades ? Car, c’est désormais le seul endroit où les élites le tolèrent. Prenez l’Allemagne. Après 1945, le patriotisme allemand est devenu suspect, alors le football fut son seul refuge. Aujourd’hui, nous sommes tous Allemands. Tous les peuples européens ont été mis au pain sec et à l’eau patriotiques.

La « communion », célébrée jusqu’à l’écœurement par les commentateurs, n’est-elle pas factice ?

Bien sûr. C’est exactement l’histoire de la Coupe du monde de football en 1998. Les politiciens et les intellectuels de tous bords, qui ne manifestaient jusque-là que mépris pour ce « sport de beauf », exaltèrent avec des trémolos dans la voix la victoire de la France « black-blanc-beur ». Cette victoire que tout un peuple attendait depuis des années, que notre peuple fêta dans la liesse – cette victoire fut dérobée, subtilisée, transformée et devint un fantastique objet de propagande. Nos trois couleurs n’étaient plus bleu, blanc, rouge, mais black-blanc-beur.  Ce n’était plus la victoire de la meilleure équipe du monde, mais celle du métissage. La réalité a vite rattrapé cette légende. Car trois ans plus tard, il y eut un match entre la France et l’Algérie. Et là, ce sont les supporters des banlieues françaises qui applaudirent l’Algérie, sifflèrent La Marseillaise et conspuèrent Zidane « le traître » dès qu’il touchait le ballon. Avant d’envahir le terrain, parce que la France humiliait l’Algérie dans le jeu. L’illusion de la France black-blanc-beur était déchirée.

Léon Marchand, après sa quatrième médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris 2024, dans une Paris La Défense Arena galvanisée, le 2 août 2024 © CHRISTOPHE SAIDI/SIPA

Quoi qu’il en soit, les JO ont été une réussite organisationnelle.

Paris a vécu sous une bulle pendant quinze jours. On a mis dix fois plus de policiers que d’habitude, on a démantelé les points de deal, on a sorti les migrants de la ville. On a fait marcher le métro, il arrivait à l’heure, il était propre. Bref, un avant-goût de la France que je veux ! Ce n’était pas le Paris d’Hidalgo…

Le sport est-il un critère valable pour juger de la supériorité des nations ? La hiérarchie issue du sport n’est-elle pas contestable par rapport à celle des scientifiques, ou des grands artistes ?

L’un n’exclut pas l’autre. Après les JO de Rome de 1960, qui avaient été une catastrophe pour les sportifs français, le général de Gaulle a réuni un Conseil des ministres spécial pour développer le sport de compétition en France. C’est ainsi qu’on a organisé la formation du football qui nous a amenés à l’équipe de Platini dans les années 1970. À l’époque, Jacques Faizant a publié un dessin hilarant du général de Gaulle courant en survêtement avec cette légende : « Dans ce pays, il faut que je m’occupe de tout. » Dans tous les sports, l’État a donné une impulsion. Donc, même au temps du général de Gaulle, on considérait que le sport était un élément du prestige français. En temps de paix, dès qu’un pays sort du sous-développement, il s’efforce d’organiser son sport de haute compétition. Les deux pays qui raflent le plus de médailles sont les États-Unis et la Chine : la hiérarchie olympique épouse assez fidèlement celle de la puissance. Pour moi, les sportifs, en particulier olympiques, sont les chevaliers de notre époque, ils portent haut les couleurs de leur pays.

Que retenez-vous de la cérémonie d’ouverture ? Les provocations, la Marie-Antoinette gore arborant sa tête coupée ou les monuments de Paris sublimés ?

Je retiens que la gauche n’arrête jamais de mener le combat idéologique et trouve toutes les occasions pour faire avancer ses pions. Ce que vous appelez « provocation », c’est simplement la mise en scène de ses idées qui doivent s’imposer à tous. C’est la grande force de la gauche. Elle est fondamentalement gramscienne. Et c’est la grande faiblesse de la droite, qui ne mène pas le combat culturel. Il faut affronter la gauche sur ce terrain culturel. C’est ce que j’ai fait pendant des années. C’est ce que nous faisons avec Reconquête.

Le droit au blasphème fait partie de notre culture. Peut-on demander aux musulmans d’accepter les caricatures de leur prophète et pousser des hurlements pour une transgression pour enfants, déjà vue 500 fois, autour de la Cène ? Faut-il s’énerver contre « les mutins de Panurge » (Muray) ou se payer leur tête ?

Le droit au blasphème, la transgression et la caricature font partie de l’esprit français. Mais justement, quand cette provocation a été vue 500 fois, alors ce n’est plus une provocation : c’est l’idéologie dominante qui, par définition, s’impose à nous. En 1900, se moquer du christianisme dans une société encore catholique, c’est se moquer du pouvoir. En 2024, se moquer du christianisme, c’est faire partie du pouvoir, de l’idéologie dominante. Nous devons la combattre, car il ne s’agit plus de transgresser un ordre qui tient debout, mais d’effacer complètement une civilisation devenue fragile : les racines chrétiennes de la France.

Vous voulez recommencer la guerre froide idéologique dans l’autre sens, en fait. Et pourquoi ne pas essayer le pluralisme culturel ? Le débat à la loyale ?

C’est exactement ce que je fais ! Mais ne soyons pas naïfs : il y a toujours une culture dominante. Quand la gauche gagne les élections, elle gagne. Mais quand elle les perd, elle gagne aussi, parce que la droite n’applique pas ses idées et se soumet à la gauche. Chez Reconquête, nous contestons sans cesse cette hégémonie, par exemple avec les Parents vigilants, notre réseau de 75 000 parents, présents dans la France entière pour alerter des dérives au sein de l’école. Je veux que Reconquête reprenne le flambeau de l’éducation des jeunes générations. Je compte m’y investir personnellement dès nos universités d’été à Orange, le 7 septembre.

Pardon, mais on n’a pas envie de voir un politiquement correct de droite supplanter celui de gauche. Ni de voir le retour de la persécution des homosexuels…

Vous tombez dans ce panneau ? Depuis 1789, date à laquelle elle a été dépénalisée, l’homosexualité n’est plus persécutée en France. Moi, je déteste le politiquement correct, et je me fiche de ce que font les gens, j’ai grandi dans les années 1970. Ce que je combats, c’est le militantisme LGBT. On nous raconte que le refus de l’agenda woke serait de l’homophobie. C’est un peu gros.

Donc, contrairement à vos amis ou ex-amis de la « droite des valeurs », vous êtes libéral sur les mœurs ?

Je ne suis pas un puritain. Je trouve que nous vivons une triste époque de réaction puritaine, après l’explosion libertaire des années 1970. Regardez la sexualité des jeunes : elle est quasiment réduite à néant ! Sauf que ce n’est plus l’Église, mais le féminisme à la MeToo qui inhibe les désirs et contraint à l’abstinence.

Diriez-vous qu’avec Marion Maréchal, Reconquête a perdu sa branche la plus catholique ?

Vous avez trouvé son attitude très catholique ?

Les trahisons semblent derrière vous. Vous avez encaissé ?

Oui, les vacances m’ont fait du bien. Je me suis posé des questions simples : Est-ce que l’intérêt de la France serait mieux défendu si j’arrêtais la politique ? Si Reconquête cessait le combat ? Je pense avoir trouvé la réponse. Je regarde devant moi. J’ai des troupes déterminées. Je sais qu’il nous faut continuer le combat. Sans Reconquête, nos idées ne vaincront jamais. Nul autre que nous ne les portera.

On a été contents d’oublier la crise politique pendant ces trois semaines. Elle est toujours là. Fin juin, il y avait une quasi-unanimité pour dénoncer la dissolution : choix irresponsable, scandaleux… Était-ce votre avis ?

Ce n’était pas scandaleux, c’étaitstupide. La dissolution permet, en principe, au président de la République d’améliorer son rapport de forces avec les autres pouvoirs. Or, en l’occurrence, Macron a dissous à un moment où il ne pouvait que s’affaiblir. Personne n’a gagné : ni la gauche, ni la Macronie, ni le RN. Et surtout pas la France ! Désormais, peu importe le gouvernement, il n’aura pas de majorité solide. Les immigrés vont continuer à arriver, l’école, à s’effondrer, la dette, à grossir. Tous les problèmes qui doivent être réglés ne le seront pas. Les Français le voient et sont écœurés de la politique pour cette raison. C’est pour cela que plus de 80 % d’entre eux viennent de dire que les partis politiques n’étaient ni crédibles, ni honnêtes, ni utiles (Odoxa).

Quand vous jouez, vous n’êtes jamais sûr de gagner !

Macron avait-il vraiment un objectif rationnel ?

Oui, celui d’user le RN pour ne pas amener Marine Le Pen à l’Élysée.

Dans ce cas, il fallait le laisser gagner, et non s’allier avec LFI. Quoi qu’il en soit, le résultat, c’est le chaos.

Si la France n’est pas politiquement partagée en deux mais en trois, c’est le chaos ?

Le problème n’est pas la tripartition parlementaire, mais le décalage entre la réalité du pays et les débats des politiciens. Tous les Français le disent : on ne comprend plus rien à la vie politique, c’est le chaos ! Pourquoi ? Car la politique ne correspond plus aux clivages de la société. On a connu dans l’histoire des moments où la politique ne correspondait plus aux réalités sociologiques et démographiques d’un pays. Regardez la fin du xixe siècle, en France. La vie politique oppose alors les républicains et les monarchistes, alors que le conflit qui agite la société, c’est déjà la lutte des classes. Le socialisme tarde à être représenté, d’où la déconnexion entre la société et la politique, et l’instabilité qui va avec. Même chose en Angleterre à la même époque : la compétition politique oppose les conservateurs et les libéraux, alors que la classe ouvrière naissante cherche son expression politique. Le chaos politique anglais dure cinquante ans avant d’accoucher du Parti travailliste qui s’opposera aux conservateurs et aux libéraux enfin réunis. Vous connaissez la définition d’une crise : c’est quand le vieux monde tarde à mourir et le nouveau tarde à naître. Aujourd’hui, les uns veulent ressusciter les années 1960 avec un clivage droite/gauche à l’ancienne, les autres les années 1990 avec le clivage populistes contre mondialistes. Ces clivages sont désuets. La vie politique française n’est pas encore entrée au xxie siècle. Le nouveau clivage est identitaire. La politique est en retard sur la société. Moi je viens de la société. C’est pour cela que j’ai quelque chose à apporter.

Si je vous vois venir, Reconquête est le Labour party du xxie siècle ! Mais pour représenter quel clivage qui ne le serait pas aujourd’hui ?

La question est simple : qui veut continuer de vivre dans la France de toujours, et qui veut la balayer pour vivre dans la France islamisée de Jean-Luc Mélenchon ? Aujourd’hui, nous sommes le seul parti à le formuler. Il s’imposera aux autres. D’ailleurs, j’ai noté un aveu dans l’intervention d’Emmanuel Macron, fin juillet. Il dit : « J’ai cru que la baisse massive du chômage allait entraîner la réconciliation des Français entre eux, je me suis trompé. » Il lui aura fallu sept ans pour comprendre, et il va encore passer trois ans à ne rien faire !

Si je vous comprends bien, même le RN ne représente pas les aspirations identitaires de ses électeurs.

En effet, ses dirigeants ne le souhaitent pas. À chaque élection, le RN range soigneusement le sujet de l’identité pour opposer les Français sur d’autres questions : sur l’euro en 2017, sur le pouvoir d’achat en 2022 et sur plus grand-chose, il faut bien le dire, en 2024. Le RN ne veut pas affronter les médias sur ce sujet. La grande leçon de ces législatives, c’est qu’il faut sortir de la tactique politicienne pour revenir aux idées et aux caractères ! Comme disait Philippe Séguin, « la politique n’est pas une course de petits chevaux », où chacun fait son petit pari en fonction des sondages, en oubliant ses convictions profondes.

Un peu, si ! Elle n’est même souvent que cela !

C’est ce qui la tue. C’est ce qui nous tue. Keynes a une jolie métaphore pour critiquer le caractère moutonnier des marchés financiers. Il les compare à un concours de beauté, au cours duquel on ne demanderait pas au public quelle est la fille la plus belle, mais quelle fille va être désignée comme la fille la plus belle. C’est exactement notre vie politique. J’aimerais qu’on revienne à la désignation de la fille la plus belle, et non pas de celle que l’on croit que les autres vont désigner comme la fille la plus belle c’est le mécanisme des sondages, qui crée le vote utile. Cela fausse complètement le jeu démocratique.

Lire la 2e partie

LFI: Le Foutriquet Intouchable

0
Le député d'extrème gauche des Bouches-du-Rhône Sébastien Delogu, Marseille, 18 août 2024 © Frederic Munsch/SIPA

Retour sur la curieuse et épidermique réaction du LFI Sébastien Delogu, confronté à la RN Edwige Diaz.


Edwige Diaz et Sébastien Delogu sont, non pas dans un bateau, mais sur le plateau de BFMTV où ils sont invités à débattre. La première nommée est députée Rassemblement national de la 11ème circonscription de la Gironde, le second élu de La France Insoumise dans la 7ème de Marseille.

On ne me touche pas !

Voilà bien que, Mme Diaz, cherchant très aimablement à inviter son interlocuteur à ne pas l’interrompre à tout bout de champ comme il le fait, se laisse aller à, de sa main, effleurer son bras. Que n’a-t-elle osé là ! Crispation outragée de son voisin de plateau qui, très ostensiblement, se raidit, se cabre, se détourne. Il en serait presque à exiger qu’on fasse appel aux services de décontamination. Les deux journalistes en charge de l’émission, Olivier Truchot et Alain Marschall, ne manquent pas de souligner le ridicule d’un tel comportement. « On ne me touche pas ! On ne me touche pas ! » s’offusque alors le soi-disant offensé, la prétendue victime de l’épouvantable agression. Va-t-il saisir les tribunaux pour harcèlement, violence à caractère sexuel, gestes déplacés, atteintes à son intégrité physique ? On ne peut l’exclure.

Il reste à tenter d’expliquer cette réaction épidermique, au sens propre du terme. J’avoue mon incapacité à comprendre une telle répulsion devant le geste, plutôt sympathique et apaisant, d’une femme, au demeurant charmante. Moi, voyez-vous, je serais plutôt du genre à en redemander. Mais bon. Je ne suis ni député, ni – encore moins – LFI.

Gestes barrières

Il me manque, pour cela, le logiciel mental qui, très probablement, doit permettre d’expliquer la brutalité du rejet. Un logiciel dans lequel RN équivaut à peste brune, donc à un risque majeur de contagion, même au plus léger contact. Ce serait aussi la raison pour laquelle on se refuse, tout aussi ostensiblement, à serrer la main des élus RN à l’Assemblée nationale. Il y a de la prévention sanitaire dans cette sottise effrayante. Il y a aussi du vade retro satanas, puisque, selon la bible mélenchonienne, l’assimilation du RN à la peste se trouve enrichie d’une accusation d’inféodation aux œuvres du Malin. On pourrait penser que ce ne sont que des mots. On se tromperait. Ce genre de venin fait inexorablement son chemin dans certains esprits. Et quand, quasiment d’un bord à l’autre du spectre politique, on mobilise – non sans succès – les foules pour « faire barrage », il entre bien là-dedans une part de cet obscurantisme, de cet impensé totalement irrationnel. Barrage contre quoi ? Contre la peste brune, contre les armées du démon ? Ce n’est pas exprimé ainsi, certes. Mais cela s’entend tout de même au-delà des propos convenus, et des arguments fabriqués.

« On ne me touche pas ! » piaille donc le pauvre homme. Ce faisant, il excipe d’une illusoire qualité d’intouchable. Et c’est aussi sans aucun doute cette débile conviction qui l’a conduit, voilà peu, à se permettre d’emprunter à contre-sens et à toute vitesse un couloir de bus dans son aire électorale de Marseille. « On ne me touche pas ! » Aura-t-il probablement lancé aux policiers l’interpellant. Ça n’a pas marché. Pour que ça fonctionne à tous les coups, il faudra qu’il attende que lui et ses camarades aient pris le pouvoir. Alors là, ils se régaleront ! Nous autres, beaucoup moins.

Philippe IV dit Le Bel - Le Roi de fer, le Pape, les Templiers

Price: 12,00 €

5 used & new available from 7,13 €

La droite sans gazole ni vachettes

0
Les vachettes d'Intervilles, Michel Sardou et la Renault 17. DR.

L’ancien candidat à la primaire LR de 2022 a été nommé hier Premier ministre. L’union des droites ne viendrait-elle pas, en catimini, d’avoir lieu ? 


Jadis, il existait un nom consacré pour des journées comme celle d’hier. On parlait de mariage de raison. Le genre d’union célébrée en toute discrétion, sans bouquets de fleur ni vin d’honneur. Hier à Matignon, même si personne n’osait le dire, l’évidence était dans tous les esprits : cet été la France a fauté. Alors qu’elle semblait avoir obéi à ses directeurs de conscience en faisant impeccablement barrage aux assauts d’un jeune premier nommé Jordan, la Gauloise réfractaire s’est en réalité bel et bien donnée à la droite. L’analyse de son hémicycle ne laisse aucun doute à ce sujet. Il a fallu des semaines pour accepter la honteuse mésalliance. Mais, qu’on le veuille ou non, France et conservatisme vont devoir faire un bout de chemin ensemble.

Barnier, le gendre idéal

Problème : la belle famille – j’ai nommé le clan désuni de la droite –  est à couteaux tirés. Incapable de s’entendre depuis des décennies. Une bonne partie de ses membres, et non des moindres, en particulier la branche Le Pen, ont d’ailleurs prévenu qu’ils ne participaient pas à la noce. On se contentera donc de leur approbation du bout des lèvres, et c’est déjà un exploit… Il faut dire qu’ils auraient eu mauvaise grâce de venir perturber la cérémonie. Depuis cinquante ans qu’il occupe les postes les plus variés de la vie politique (conseiller général, député, sénateur, ministre, commissaire européen), l’heureux élu, un certain Michel Barnier, ne leur a jamais manqué de respect.

À lire aussi, Gabriel Robin: Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau

Et puis, il a beau être le prototype de l’apparatchik chiraquien, européiste et soporifique, il y a dans le style Barnier, quelque chose de rigide et de vieille France qui n’est pas pour déplaire au RN. Hier, dans son discours d’investiture, le Savoyard a d’ailleurs salué à sa manière les grands absents du jour en prononçant tous les mots de l’infréquentabilité : “sécurité”, « maîtrise de l’immigration », “sentiment d’abandon et d’injustice”. Bien sûr, beaucoup pensent que son physique et ses manières de gendre idéal ne suffiront pas à sauver les apparences, et que l’accord tacite avec la droite populiste explosera en plein vol dès les premières turbulences venues. Mais est-il interdit de rêver ? Et de se souvenir que, jadis, les mariages de raison faisaient les foyers les plus solides et les plus heureux ?

Les vieux mariés

Alors rêvons un peu. Et constatons que ce n’est pas la première fois, dans l’histoire récente, que nous assistons à des réconciliations, que dis-je à des résurrections, auxquelles plus personne ne croyait. Prenez l’Otan. D’aucuns la disaient en état de mort cérébrale… Depuis deux ans pourtant, toute l’Europe, ou presque, lui dit et redit son amour. Prenez aussi les frères Gallagher, qui, après des années de haine, vont reconstituer le groupe de rock Oasis. Prenez, enfin et surtout, des fleurons de notre culture populaire tels que Michel Sardou, la Renault 17 et Intervilles, dont les prochains retours viennent d’être annoncés coup sur coup cette semaine. Les esprits chagrins déploreront sans doute que le premier revienne sur scène dans une pièce de théâtre et pas pour un tour de chant, que la seconde ait troqué le bon vieux moteur au gazole contre la technologie électrique, et que la nouvelle version de l’émission créée par Guy Lux ait renoncé aux joutes de vachettes. Michel Barnier c’est un peu cela au fond : la droite sans gazole ni vachettes. Mais la droite quand même.

«La droite a renoncé à mener le combat culturel»

0
Eric Zemmour © InitialesCK/Eléonore Lhéritier/Reconquête

Relire la première partie.


Causeur. Les élections n’ont pas sacré la reine du bal désignée par les sondages… Pourquoi le RN a-t-il perdu ?

Eric Zemmour. La coalition des partisans du cordon sanitaire a évidemment bloqué sa dynamique. Ce grand retour des castors a étonnement fonctionné. Peut-être grâce aux failles du RN. Depuis des mois, il se disait prêt, avec le fameux « plan Matignon », les 577 candidats déjà sélectionnés, les textes de loi qui auraient déjà été rédigés, etc. La campagne a montré que les dirigeants du RN n’étaient pas prêts. Ils ont changé de programme tous les jours et sont restés sans voix devant les polémiques lancées par leurs adversaires. Car la dédiabolisation leur coupe la voix. Qu’est-ce que la dédiabolisation ? C’est le fait de renoncer à des idées que la gauche estime inacceptables. C’est donc la soumission à l’idéologie de gauche. C’est le pari que fait Marine Le Pen depuis douze ans maintenant, et que je critiquais déjà du temps où j’écrivais au Figaro. Les concessions qu’elle fait à la gauche ne seront jamais assez nombreuses. La gauche ne donnera jamais quitus au RN. Ce n’est jamais assez ; une soumission en entraîne une autre et à la fin que reste-t-il ?

En dehors de ce que veut la gauche, faut-il regretter l’antisémitisme de fin de banquet et autre rivarolades pétainistes de Jean-Marie Le Pen ? Êtes-vous choqué que Marine Le Pen ait déclaré que le nazisme était une abomination ?

Rejeter les quelques nazillons du FN, vous appelez ça une stratégie ? C’est une évidence. Mais faire croire que Marine Le Pen a dénazifié le FN, c’est encore une fois tomber dans le piège de la gauche. Le FN n’était pas un parti de nazis. La nazification de patriotes absolument pas nazis est une des stratégies les plus classiques de la gauche depuis les années 1930. C’est même Staline qui l’a inventée et suggérée à tous les partis communistes européens. Je parle donc d’une machine infernale : de la dédiabolisation qui fait de la gauche l’ultima ratio de la bienséance, rôle qu’elle s’octroie depuis la Révolution française. Faire de la dédiabolisation une stratégie, c’est lui reconnaître ce magistère. Et ça ne sert à rien. Il a suffi de vingt-quatre heures entre le soir du premier tour et le lendemain pour rediaboliser comme jamais le RN. Alors qu’est-ce qu’on tire de ces élections pour aller de l’avant ? Marine Le Pen en tire qu’il faut aller plus loin dans la dédiabolisation, j’en tire qu’il faut aller plus loin dans la crédibilité et l’affirmation de nos idées. La situation est de plus en plus critique, ce n’est pas le moment de mollir. Chez Reconquête nous allons travailler d’arrache-pied sur la formation de nos cadres et l’élaboration d’un nouveau programme.

En tout cas, votre union des droites a du plomb dans l’aile.

Vous avez raison ! Pour faire l’union des droites, comme son nom l’indique, il faut des gens qui veulent s’unir et des gens de droite. Les LR se disent de droite, mais ne veulent pas s’unir. Le RN ne se dit pas de droite et ne veut pas non plus d’alliance avec Reconquête. J’ai décidé de ne plus parler de tactique ! L’union des droites, c’est un moyen, pas un objectif. L’objectif, c’est de sauver la France. Je trouverai d’autres moyens.

Jordan Bardella et Marine Le Pen au palais de l’Élysée, après leur entretien avec Emmanuel Macron en vue de la nomination du prochain Premier ministre, 26 août 2024 ISA HARSIN/SIPA

Qu’avez-vous pensé de l’épisode Ciotti ?

Ciotti a tenté une union avec le RN et je le félicite d’avoir essayé de rompre le cordon sanitaire. Malheureusement, le reste des LR n’a pas eu son courage et le cordon sanitaire est revenu, plus fort que jamais. Au passage, on a assisté à une opération vérité : tous les leaders de LR ont reconnu, une fois de plus, qu’ils demeuraient des centristes, proches d’Emmanuel Macron.

Aujourd’hui, le paysage médiatique est beaucoup plus ouvert qu’il y a trente ans : il y a les médias Bolloré… et Causeur ! Pourquoi la gauche, beaucoup moins florissante électoralement, conserve-t-elle son hégémonie culturelle ?

Nos idées ont désormais un diffuseur médiatique non négligeable. D’ailleurs, nos adversaires ont compris qu’il fallait d’urgence attaquer le diffuseur. Mais la gauche conserve l’hégémonie culturelle, car elle tient l’école, l’université, les médias, la justice, le cinéma, le monde de la culture, les financements publics, la plupart des réseaux sociaux et leur pouvoir de censure. Avec cela, la gauche endoctrine la masse, en particulier, les jeunes générations, comme au temps de la Révolution culturelle chinoise, quand les jeunes étaient instruits contre leurs propres parents ! Vous voyez, l’hégémonie culturelle n’a pas besoin de la majorité électorale, même si elle la prépare.

L’attaque terroriste contre la synagogue de La Grande-Motte montre que la haine des juifs, attisée par une partie de la gauche, est aujourd’hui décomplexée. Beaucoup de Français juifs se demandent s’il y a un avenir pour eux en France. Et vous ?

Beaucoup de Français se demandent s’il y a un avenir pour les Français en France ! Si on veut lutter contre l’antisémitisme, il faut arrêter l’immigration musulmane. C’est un principe de précaution. Il y a un antisémitisme culturel systémique, comme on dit, dans le monde musulman. C’est un phénomène très documenté, notamment par l’historien Georges Bensoussan, spécialiste du monde arabe, ou par David Littman qui raconte la condition des juifs au Maghreb. Plus il y aura de musulmans en France, plus il y aura d’antisémitisme. On était sorti de l’antisémitisme européen depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on l’a ramené nous-mêmes sur notre sol par l’immigration. Il faut arrêter.

Revenons à vous. Beaucoup de gens semblent partager votre diagnostic. Pourquoi ne vous élisent-ils pas reine du bal ?

Permettez-moi l’optimisme : c’est déjà un progrès ! C’est même la première étape. Il y a quelques années, on me contestait le diagnostic. Je pense tout simplement que l’élection présidentielle structure la vie politique et les rapports de forces pour les cinq années qui suivent. Il y a comme une inertie attachée à ce résultat. En arrivant deuxième en 2022, Marine Le Pen a pris la tête de l’opposition. On peut faire beaucoup de choses pendant cinq ans, mais pas renverser cette hiérarchie. En 2027, les compteurs seront remis à zéro, les Français seront disponibles, comme à chaque élection présidentielle, pour écouter et comparer : l’électorat redevient mobile. Les jeux seront à nouveau ouverts. D’ici là, revenons aux fondamentaux : les idées, les convictions, les tempéraments. C’est ce qui fait l’essence de la politique, pas les partis, ni les sondages.

Cependant, n’êtes-vous pas un peu obsessionnel ? Tout n’entre pas dans le tuyau du grand remplacement.

C’est vous qui parlez ! Pour vous taquiner, je dirais qu’obsédé vient du latin obsedare qui signifie assiéger. Oui, je pense que la France est assiégée par une civilisation étrangère et qu’il est tout à fait légitime d’être obsédé par cela. Je ne cherche pas à faire entrer tous les problèmes dans une théorie, mais certains grands phénomènes historiques s’imposent et transforment tout. Prenons l’exemple de l’école. Ce n’est pas l’immigration qui a causé son effondrement, c’est l’idéologie. À partir de 1945, dans tous les pays occidentaux, on a subordonné le principe de méritocratie à l’objectif supérieur de démocratisation et de réduction des inégalités. Mais l’arrivée de millions d’enfants issus de cultures maghrébines ou africaines, avec des parents qui parlaient très mal français et, pour la plupart, n’avaient pas le culte du savoir, a aggravé les choses. Les idéologues de gauche se sont employés à adapter l’enseignement à ce nouveau public ; cela a produit un effet boule de neige. De même, l’immigration n’est pas responsable de la désindustrialisation française, de la baisse du temps de travail, de la baisse de la compétitivité, de l’insistance mise sur la consommation au détriment de la production : tout cela, c’est l’œuvre des élites françaises. Mais le fait est que beaucoup d’immigrés ne travaillent pas (le taux d’inactivité est de 40 % chez les Algériens contre 26 % chez les Français) et qu’on fait venir des immigrés pour consommer, que cette consommation n’est pas financée par leur travail, mais par les allocations sociales, que l’on finance par la dette. Enfin, on s’étonne que nos services publics n’aient plus l’efficacité d’antan, et bien sûr que les 35 heures, la bureaucratisation et la tyrannie des normes n’y sont pas pour rien. Mais on oublie qu’ils subissent aussi l’arrivée annuelle de 500 000 personnes, très consommatrices de services publics. Ils ploient sous le nombre. En somme, comme pour l’école, les immigrés aggravent nos propres problèmes.

Du point de vue de l’immigré, il est légitime de chercher à venir en France.

C’est rationnel, mais ce n’est pas moral.

Ce n’est pas immoral.

Je trouve que si. C’est immoral de quitter son pays plutôt que de l’aider à devenir plus fort. C’est immoral de profiter d’un pays, voire de l’attaquer, alors que ce pays vous a accueilli.

La plupart des êtres humains sont immoraux dans ce cas, car la plupart privilégient le sort de leurs enfants à celui de leur pays.

Ce n’est pas vrai. En 1914, les Français n’ont pas fait ce calcul-là, ils n’ont pas émigré en masse. Et ils ont construit un pays magnifique pour leurs enfants.

Campement de migrants devant la mairie du 18e arrondissement de Paris, demandant « une mise à l’abri » à la veille de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, 24 juillet 2024. SOPA Images/SIPA

L’étranger qui vient en France n’est pas responsable du système qui a été mis en place pour l’attirer. Pourquoi attaquer les immigrés plutôt que l’immigration?

Une fois qu’ils sont chez nous, ils ont une responsabilité individuelle. Au nom de quoi n’aurait-on pas le droit de critiquer ceux des immigrés qui profitent de notre générosité sans travailler, ou ceux qui violent, qui poignardent et qui tuent ? Mais s’ils sont là, c’est bien de la faute de la politique française. Et il faut dire que notre système devient de plus en plus fou ! Pendant l’été, la Cour nationale du droit d’asile a décidé que TOUTES les femmes afghanes pouvaient bénéficier du droit d’asile en France, du fait de leur traitement par les talibans. C’est-à-dire qu’il n’y a même plus besoin d’examen individuel de leur cas ! Elles obtiennent d’office le statut de réfugiée ! N’oubliez pas que grâce au regroupement familial, les enfants et les maris pourront également les rejoindre en France. En clair, grâce à nos juges, les 40 millions d’Afghans sont désormais les bienvenus en France !

Beaucoup de femmes afghanes méritent la protection de nos lois, non ?

Votre esprit de contradiction vous égare ! Je ne sais pas si vous mesurez ce que je viens de vous dire. Les femmes afghanes sont victimes de l’islam depuis mille ans, est-ce pour cela qu’il faut accueillir toutes les femmes afghanes ? Et puis toutes les femmes du monde musulman, et tous les homosexuels ? Cela va faire du monde ! Le droit d’asile,c’est Victor Hugo et Soljenitsyne. Ce n’est pas tous les persécutés des pays musulmans. Au nom de quoi les gens de la CNDA peuvent-ils prendre de telles décisions qui engagent le pays plus que toute décision prise par le Parlement ? Ces gens n’ont pas été élus, personne ne les connaît. C’est un scandale démocratique.

Faisons un détour par l’Angleterre et les émeutes. Cela ne va pas aider votre combat contre l’immigration que des gens agressent des immigrés dans les rues.

Qu’ont dit ces émeutiers anglais ? Enough is enough – « trop, c’est trop ». Un fils de migrants rwandais venait d’assassiner trois fillettes. Et ce n’est pas la première affaire de ce genre qui émeut l’Angleterre ! Le peuple britannique a voulu sortir de l’UE pour arrêter l’immigration. Et les élites anglaises ont stoppé l’immigration européenne, mais accru l’immigration extra-européenne. C’est contre cette entourloupe que les Anglais se révoltent. Cette révolte est légitime dans son objet. Et immédiatement, des militants d’extrême gauche et des islamo-gauchistes, renforcés par la police anglaise, sont partis de toute l’Europe pour faire le coup de poing contre ces Anglais. La justice a été d’une rare férocité avec ces gens qui défendaient le droit de l’Angleterre de rester l’Angleterre.

Beaucoup de Français redoutent comme vous de voir la France qu’ils aiment disparaître, mais voudraient des solutions douces.

La solution que je propose est beaucoup plus douce que celle qui consiste à laisser le djihad se développer sur notre sol, à accepter l’ambiance de guerre civile, à mentir effrontément sur la nature de l’immigration musulmane et, in fine, un jour, et bien trop tard, se résoudre à intervenir de manière violente, dramatique – ou bien, car ce sera la seule alternative, à être vaincus. Je fais tout pour nous l’épargner. Je pense que les Français ont compris que je ferai ce que je dis. Ils savent que chez les autres, ce n’est que du théâtre et que, contrairement à eux, j’aurai le tempérament nécessaire pour régler la question.

Prétendez-vous sauver la France contre elle-même ?

Le général de Gaulle dit : « La seule fatalité, ce sont des peuples qui n’ont plus la force de se tenir debout et qui se couchent pour mourir. » C’est pour conjurer cette fatalité que je me suis engagé en politique.

Il se dit beaucoup que vous êtes un bon analyste, mais un mauvais politique.

J’entends la critique. Si la politique, c’est changer d’avis tous les jours parce que les sondages changent, faire des coups, dire et ne pas faire, oui, je ne suis pas un bon politicien. Mon ami Gilles-William Goldnadel avait dit : « Zemmour ne sera jamais un vrai politicien parce qu’il ne veut pas mentir. » Je le remercie pour ce beau compliment !

Quelle piètre opinion de la politique !

Qui a permis à l’immigration et à l’islam de conquérir la France ? La politique, contre l’avis des Français. Qui a effacé les frontières ? La politique, contre l’avis des Français. Qui a fait des travailleurs des esclaves du fisc ? La politique, contre l’avis des Français. Et peu importe que ce soit la droite ou la gauche, car c’est encore et toujours la politique, la matrice unique de nos malheurs.

Le problème de la France, c’est cette politique. La politique qui brise la liberté, la vérité, la créativité, la prospérité, la souveraineté. La politique qui torture la pensée du peuple à coups de mensonges. La politique qui s’est insérée dans les moindres interstices de notre vie privée. La politique qui paralyse l’action du peuple à coups de lois et de prélèvements. La politique qui envahit tout, s’empare de tout, détourne tout, tord tout, dénature tout, abîme tout, annule tout. La politique qui ruine le pays. La politique qui remplace le pays. La politique qui déclasse le pays. La politique qui embrigade le pays. La politique est l’ennemie du peuple. Une révolution antipolitique est nécessaire.

Vous, l’admirateur de Churchill, Napoléon, De Gaulle, ne croyez plus à la politique pour civiliser les conflits ?

Ce que les Français appellent « la politique » en 2024, ce n’est ni Churchill face au nazisme, ni Napoléon recréant le Droit, ni De Gaulle rendant à la France sa grandeur. Ce qu’ils appellent « la politique », c’est un labyrinthe sans fin d’hypocrisies, d’incompétences et de ratages. Ils veulent abattre les murs de ce labyrinthe. Moi aussi. Je veux le faire avec eux et pour eux. Et nous retrouverons peut-être un jour la grande politique, mais pas avant. Il faut sortir le pays du « Tout est politique » imposé par les soixante-huitards ! Ils ont tout politisé, ils ont tout dénaturé, ils nous enferment dans une logique totalitaire. Il faut dépolitiser l’école, la culture, le cinéma, l’économie, la chambre à coucher, l’humour, les relations entre les hommes et les femmes, la fiscalité, la famille, la propriété, l’écologie, la justice. Il faut dépolitiser tout ce qui a été tragiquement politisé par la gauche. Vous allez m’entendre le dire souvent dans les mois qui viennent : la politique est l’ennemie du peuple. Ce n’est pas une formule en l’air. C’est ce que pensent les Français. Nous allons faire tomber cette Bastille.

Michel Barnier, technocrate fade au carré?

0
Michel Barnier, alors négociateur de l'Union européenne chargé de la préparation des relations futures avec le Royaume-Uni, avec le président Macron, Paris, 30 janvier 2020 © Stephane Lemouton/Pool/SIPA

Depuis des années, Michel Barnier, notre nouveau Premier ministre, était considéré comme un « technocrate fade » un peu mou par les vieux briscards de la politique. Mais il pourrait agréablement nous surprendre, observe Céline Pina.


Enfin nous avons un Premier ministre. Michel Barnier a gagné le Koh-Lanta de la nomination. Les Hunger games macroniens ont un vainqueur et la France un nouveau Premier ministre !

Combien de temps tiendra-t-il ?

La série n’a pas été passionnante. On a perdu beaucoup de temps avec un personnage secondaire mais particulièrement insistant, Lucie Castets, qui a créé moults rebondissements mais peu d’enthousiasme. La première saison de ce mauvais feuilleton a ainsi été consacrée à l’élagage de la distribution. L’élimination des héros, souvent par leur propre entourage et par la grâce de la traîtrise, fédère toujours les spectateurs, à défaut d’inspirer l’électeur. La deuxième saison qui s’ouvre devrait se pencher sur le parcours de l’élu, enfin du « designated survivor ». Et disons-le, au vu du contexte politique incertain, l’échec est probable et laisse penser que la troisième saison ne verra jamais le jour, et qu’il faut se préparer à l’arrêt de la franchise.

Les élections législatives n’ayant été gagnées par personne, trouver un homme susceptible de ne pas être victime d’une motion de censure sitôt nommé relevait de la gageure dans un pays divisé où chaque formation politique est sous pression de militants radicaux. Voilà pourquoi nous nous sommes longtemps crus dans une représentation interminable d’En attendant Godot tant cette nomination était espérée et pourtant n’aboutissait jamais. Et pour cause.

A lire aussi, Eric Zemmour: «La droite a renoncé à mener le combat culturel»

Cette pièce sur l’absurdité de la condition humaine parle de notre réalité politique. Attendre Godot, c’est espérer que le monde va changer, tout en étant conscient que cet espoir est ridicule, surtout quand on n’agit jamais pour influer sur son cours. Attendre Godot, c’est la quête de l’hyper-solution. Cette idée absurde qui consiste à penser que l’on peut résoudre tous ses problèmes grâce à une seule équation. Un exemple : vous êtes mal dans votre peau, mal à l’aise avec votre sexualité, votre lien à autrui et votre relation au monde ? Changez-donc de sexe et vous serez en accord avec vous-même. Vous doutez que cela marche, et vous pensez qu’assez rapidement la personne se retrouvera confrontée aux mêmes problèmes que ceux qu’elle a tenté de fuir ? C’est exact. L’hyper-solution mène à l’échec car elle est la négation de la vie.

La journaliste Céline Pina © Bernard Martinez

La panacée n’existe pas, c’est une fuite en avant dans l’illusion. L’existence est un combat au quotidien, combat perpétuellement renouvelé dont l’issue est de surcroit fatale… La quête d’une hyper-solution est une posture immature car elle nie la condition humaine, la nécessité de construire et de se construire. Nous n’avons pas de baguette magique et il n’y a pas de sauveur. Mais il peut y avoir des hommes debout. Et nous en avons besoin.

Un choix cohérent

Le choix de Michel Barnier a sa cohérence. L’homme a une véritable expérience internationale, et son poste de négociateur du Brexit a démontré ses qualités diplomatiques et sa fermeté. Plusieurs fois ministre, il connait bien la France et a souvent été apprécié dans l’exercice de ses fonctions. Elu local et chef d’exécutifs locaux, il a l’expérience du terrain et est ancré sur un territoire. Il y a une histoire à raconter autour de cette nomination qui tente de conjuguer profil technocratique et épaisseur politique. Même si le technocrate est plus visible chez Michel Barnier que le produit du terroir.

Sa nomination intervient à un moment où la gauche s’est ridiculisée : après avoir tenté d’imposer un personnage sans histoire ni envergure à la tête du pays en s’inventant une victoire qui n’existe pas, le PS a abattu le seul homme qui pouvait tenter de créer une coalition, Bernard Cazeneuve. Se faisant, il a prouvé que les deux gauches étaient effectivement irréconciliables et que la seule manière d’envisager un avenir passe par l’élimination de la gauche républicaine de Cazeneuve au bénéfice d’une gauche aux penchants totalitaires et antisémites, celle de LFI. Ce terrain ayant été dégagé, la candidature d’une personnalité de droite cadrait mieux avec les attentes des Français et leur vote. Or, dans ce cadre, l’imprimatur du RN était nécessaire. Exit donc Xavier Bertrand, qui s’était posé en caution morale face au risque fasciste qu’il imputait au RN. Un profil comme Michel Barnier, qui n’a jamais insulté personne tout en sachant affronter les situations de tension, devenait la clé d’un possible.

A lire aussi, Gabriel Robin: Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau

N’avoir jamais insulté personne parait un peu terne comme image politique ? On a vu que Michel Barnier ne se résumait pas à cela, mais il n’en reste pas moins que ce « détail » est de grande importance. Ne dit-on pas que le divin se cache dans les petites choses ? Or la tenue est exactement ce qui manque aujourd’hui en politique. Celle-ci s’incarne aujourd’hui dans des personnages qui paraissent dépourvus de vergogne, de limites et d’éducation. Les Delogu, Léaument, Soudais et autres Guiraud ont abimé l’image de l’Assemblée nationale à force de vociférations et de violences, Jean-Luc Mélenchon est devenu une caricature d’imprécateur, une grande partie de la gauche assène toujours des leçons de maintien alors qu’elle fraie avec les islamo-gauchistes. On n’est pas mieux loti du côté du pouvoir avec un président adulescent et irresponsable, largement comptable de l’impasse politique où ses caprices nous ont placés. Quant à la droite, la tragi-comédie des LR lors des législatives l’a rendu peu attractive et même un tantinet ridicule. Elle ne s’en est pas encore remise.

Ce n’est pas un président de droite qui parlait de « sans-dents »…

Dans ce cadre où tous ceux qui se poussent du col montrent plus leurs limites que leurs atouts, le « terne » Michel Barnier ne s’en est pas mal sorti. Sa passation de pouvoir entre lui et Gabriel Attal était touchante et digne. Et surtout y affleurait une forme de sincérité et de simplicité extrêmement intéressante. On était loin des mots ronflants dont l’emphase et la puissance servent avant tout à masquer la réalité de l’inaction du pouvoir. Certains se sont beaucoup moqués de l’expression « les gens d’en bas ». Surtout à gauche. Alors même que cette gauche les méprise et n’écoute plus ces gens depuis longtemps, tant elle est persuadée que le peuple est con et qu’elle a les meilleures solutions pour faire son bonheur malgré lui. Eh bien curieusement, c’est le techno qui trouve la voix de la sincérité pour en parler. Son expression était peut-être un peu vieillotte, datée, ancien monde, mais les accents dans la voix du Savoyard montraient qu’il croyait aux mots qu’il prononçait, là où trop souvent les politiques utilisent les mots comme des leurres. Il y avait là quelque chose d’apaisant et de rassurant dans les premiers pas de cet homme placé par les circonstances au poste de Premier ministre.

Il n’en reste pas moins que le chantier qui s’ouvre devant lui est titanesque et qu’aucune des conditions ne sont remplies pour qu’il puisse espérer réussir. Il n’a pas de majorité, et doit gérer un président dont le discernement est inversement proportionnel à sa capacité d’initiative, et qui est en plus prompt à mettre des excréments dans le ventilateur, même dans sa propre maison. Notre problème est qu’une situation politique bloquée c’est comme une cocotte-minute sous pression. Il faut donc gagner du temps pour empêcher que la logique de tension que cela implique ne finisse par affaiblir considérablement l’Elysée. Il faut donner au monde politique un os à ronger et une tête à faire tomber autre que celle d’Emmanuel Macron. Il faut donc occuper les médias et leur fournir un abcès de fixation. Mais à part se donner le temps de bien compter les briques en attendant de se prendre le mur, que peut faire Michel Barnier ? Dans une société fracturée où dans la perspective de 2027 chacun va vouloir donner des gages aux plus radicaux de son camp, la conjonction de l’hystérisation des enjeux et de l’impuissance du politique risque d’exacerber frustrations et revendications alors même que la crise budgétaire et les menaces extérieures réduisent toute marge de manœuvre. Face à ces réalités, si Michel Barnier arrive déjà à relancer le dialogue entre les forces politiques et à prendre en compte les attentes des Français sans brutaliser la société, il aura fait œuvre utile et aura amené quelques grammes d’espoir dans un monde de brutes.

En attendant Godot

Price: 8,00 €

146 used & new available from 1,18 €

Ces biens essentiels

Price: 6,63 €

12 used & new available from

À l’aube de la nouvelle saison de Top 14, le rugby à la croisée des chemins

0
Le Stade toulousain vainqueur du TOP 14, 29 juin 2024 © SCHEIBER/SIPA

Le rugby est-il en train de perdre son âme ?


Le Top 14 reprend ses droits ce week-end avec, déjà, d’alléchantes affiches : tout commencera par une Peña Baiona au stade Jean Dauger où les locaux de l’Aviron bayonnais affronteront les Catalans de Perpignan, avant de se poursuivre avec la rencontre des outsiders entre La Rochelle et Toulon et de se terminer avec l’opposition entre les nouveaux venus de Vannes et le favori toulousain. La compétition domestique de rugby est un de ces rares plaisirs où les rivalités picrocholines, les mêlées viriles et les troisièmes mi-temps arrosées sont encore admises. Après la professionnalisation édictée en 1995, le rugby semble pourtant aujourd’hui à un nouveau tournant, entre devoir de modernisation et risque de s’y perdre.

Bien sûr, nous ne devrions jamais comparer deux sports, tant chacun de ceux-ci possède ses lettres de noblesse, son histoire, ses drames et ses champions, mais la tentation est grande d’opposer les ballons rond et ovale. Et, en matière de football, les derniers mois furent féconds de ce que la post-modernité produit de plus vil : saga autour du transfert de Mbappé, profusion de rencontres jusqu’à l’indigestion et à des horaires improbables, multipropriétés, stades hypermodernes et hyperconnectés répondant au nom de richissimes sponsors, règne des stats, pour se terminer par le tirage récent de la Champions League où la seule chose qui fut comprise de tous est qu’elle favoriserait les mastodontes au détriment de la glorieuse incertitude du sport – sans laquelle celui-ci n’est plus qu’un spectacle.

Le rugby, qui tire sa filiation de la phéninde grecque et de l’harpastum romain[1], autant que du jeu de soule qui mettait aux prises des villages voisins, n’est évidemment pas à l’abri de connaître le même sort. Si on voue une admiration sans borne pour les exploits du Stade toulousain, sa domination outrageante ne manque pas de soulever quelques inquiétudes dans une discipline où les lauriers se répartissent à peu près équitablement  – en dehors de quelques sagas, dont celle de Béziers dans les années 70 sous la houlette de Raoul Barrière. La starification, malgré lui, du brillant et modeste Antoine Dupont tranche avec un sport éminemment collectif. L’argent prend une place toujours croissante et on espère ne pas voir advenir le « rugby business », avec des « maillots third » floqués au nom de joueurs négociant leur transfert sous d’autres horizons, des droits vendus à l’encan, des abonnements hors de prix, des compétitions qui se multiplient et des bagarres dans les tribunes… Certains signaux n’ont pas manqué d’inquiéter ces derniers mois.

La modernisation est inévitable et ne fait que suivre l’évolution de la société. Il y a d’ailleurs bien longtemps que l’Ovalie a tranché avec les origines sociales liées à ses berceaux : pour simplifier à l’excès, le rugby était d’extraction noble en Angleterre où il fut la chasse gardée de la gentry ; étudiante en Irlande, aux abords du Trinity College et d’autres écoles réservées aux élites ; populaire au Pays de Galles où dockers, mineurs et métallurgistes mélangèrent leur sueur à la suie et à la houille ; paysanne en Ecosse, où il gagna rapidement les campagnes. On ne retrouve plus guère de tout cela aujourd’hui et il est d’ailleurs sans doute utopique d’espérer que le sport de Webb Ellis garde éternellement ses particularismes.

Mais que ses acteurs, des joueurs aux dirigeants, n’en dénaturent pas l’essence et conservent ce qui fait le charme de la discipline. Le rugby, c’est avant tout un sport de territoire qui se conquiert par des combats et des actions de génie : ses mêlées, au cours desquelles les casques s’entrechoquent au son des instructions données par l’arbitre (« flexion », « liez », « jeu ») en même temps que les râles se dégagent de ce troupeau si peu moutonnier ; ses ballons envoyés à l’autre bout du terrain avant qu’ils ne reviennent, comme pour sacraliser le principe de l’éternel retour ; ses essais enfin et surtout, anodins ou entrés dans l’histoire, comme celui de Gareth Edwards avec les Barbarians en 1973. Le rugby, ce sont des traditions : le folklore chanté en tribune et accompagné des fanfares et bandas du Sud-Ouest, le haka des guerriers néo-zélandais qui tranche avec le jeu souvent châtié de générations de All Blacks qui ont honoré de leur talent la toison noire frappée d’une fougère ou encore les hymnes lors du tournoi des Six nations, dont le Flower of Scotland entamé à la cornemuse et terminé a capella ou le magnifique Land of my Father repris par les chœurs gallois. 

Le rugby, ce sont les troisièmes mi-temps qui adoucissent les rivalités cristallisées à l’ombre des poteaux plantés en plein cœur de territoires où le soleil se cache rarement. Le rugby, ce sont des grandes voix, de Roger Couderc, de Thierry Gilardi et aujourd’hui de Jean Abeilhou  et de Matthieu Lartot ; et des écrivains qui ont rehaussé par leur plume la dimension épique de ce sport, d’Antoine Blondin à Denis Tillinac qui retrouvaient sans doute dans l’Ovalie leur monde de hussards. Le rugby, ce sont aussi les joueurs fidjiens, samoans et tongiens venus apporter un vent frais et féroce, les feuilles jaunes de Midi Olympique qui s’envolent sur les terrasses des sous-préfectures, un mélange de petits et de gros, des stades portant encore le nom de joueurs et de dirigeants et les Narbonne-Carcassone annoncés avec l’accent du terroir. Le rugby, ce sont les yeux d’Emilie. Et mille autres choses dont on espère qu’elles ne commencent pas à tourner rond ou carré.

Anthologie mondiale du rugby

Price: 45,00 €

8 used & new available from 33,00 €


[1] Pour les références historiques : Jacques Verdier, anthologie mondiale du rugby 

Indian Family Train

0
"Kill" de Nikhil Nagesh Bhat(2024) Original Factory / Sikhya Entertainement

Phobiques du chemin de fer, s’abstenir.


Si le huis-clos ferroviaire est exploité de longue date par le Septième art (cf. parmi les films à suspense relativement récents Dernier train pour Busan, Le Transperce neige, Bullet Train, Compartiment n°6, Unstoppable et j’en passe), il est des trajets grande ligne que le cinéma sait rendre particulièrement éprouvants. Je ne recommande pas aux âmes sensibles de monter dans le Rajdani Express pour  New-Dehli où vous embarque le cinéaste indien Nikhil Nagesh Bhat: au terminus, après 1h45 à grande vitesse et sans escale, le spectateur arrive à quai, mais quelque peu secoué par le voyage.

Mais que fait la Sûreté ferroviaire?

Tout commence par la célébration des fiançailles d’une innocente demoiselle, Tulika, fille d’un richissime magnat des transports, élevée (et vêtue) dans la bonne tradition hindoue, en vue de son mariage « arrangé », comme on dit – les mœurs étant ce qu’elles sont dans le sous-continent indien. Mais Tulika en pince secrètement pour Amrit, bel et athlétique capitaine des commandos de la police – l’équivalent du GIGN, on présume. Rêvant de fuir avec sa dulcinée, l’ardent, viril et juvénile barbu s’incruste avec son frère Viresh dans le train qui ramène incognito à Dehli le grand patron et les siens (femme, neveux et enfants). Patatras, un gang de « dacoïts » (ces bandes de brigands hors caste qui font le charme du pacifique pays de Gandhi) s’est infiltré parmi les passagers : technologiquement performants, en actionnant un appareil brouilleur habilement planqué dans un sac de voyage, ils ont coupé la connexion de tous les smartphones, désamorcé les alarmes et le système de freinage d’urgence : bref, le TGV est en roue libre. Avec, à l’intérieur, cette tribu de malfrats qui passe illico à l’action, détroussant les voyageurs terrorisés. À la tête (brûlée) des méchants, Fani, le psychotique rejeton du chef de bande, à qui vient rapidement l’idée de kidnapper Tulika contre rançon, dès lors qu’il a identifié la présence, dans le convoi, de l’opulente famille bien connue des médias.

A lire aussi: Tribunal amoureux

Boucherie indienne

Houlà, le sang d’Amrit ne fait qu’un tour si l’on s’en prend à l’objet de son cœur ! Et nous voilà barré pour une castagne homérique : seul contre tous, Amrit parviendra-t-il à sauver ses protégés du carnage ? Vous le saurez si, d’abord, vous acceptez de vous enfiler non-stop cent cinq minutes de sport de combat assaisonné d’une sanglante boucherie : doigts fracturés, éviscérations, énucléations, égorgements, pendaisons, trépanations, amputations, emboutissages, écrabouillage par frottement du visage au sol à 200km/h, meurtres au marteau, au revolver, à la hache – le clou étant assurément le trépas par ingestion du gaz d’un extincteur ou, mieux encore, par avalement d’un flacon entier de recharge de briquet, consciencieusement incendiée –  ce qui s’appelle mourir à petit feu. La violence hyperbolique de ces hallucinants corps-à-corps graduellement montés en gamme, aux rebondissements orchestrés avec maestria, vous tient scotché au siège, sourire en coin. Car jamais Kill ne se prend au sérieux : son maniérisme très maîtrisé joue de façon réjouissante avec les codes de l’esthétique « Bollywood » – bande-son sirupeuse, ralentis émollients, flash-backs édulcorés sur le rêve sabordé de ces noces idéales… Vertigineux !  

Pour autant que l’expression « film de genre » n’ait pas encore été dénaturée par la phraséologie woke, Kill en offre une saine quintessence. A noter que, présenté en avant-première à l’ouverture de l’Étrange festival (qui fête à Paris cette année, au Forum des Images comme toujours, sa 30ème édition – du 3 au 15 octobre), le film y est projeté une fois encore ce samedi 7 octobre à 14h15, quelques jours avant sa sortie dans les salles. À noter aussi, pour les amateurs, qu’on peut voir sur Netflix deux autres films de Nikhil Nagesh Bhat: Hugdang (2022) – mais uniquement sous-titré anglais –  et le délicieux BrijMohan Amar Rahe (2018) –  sous-titré en français, celui-ci. Cinéphiles, à vos écrans !

Kill. Film indien de Nikhil Nagesh Bhat. Inde, couleur, 2023. Durée : 1h45. En salles le 11 septembre 2024.

Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau

0
Passation de pouvoirs entre Gabriel Attal et Michel Barnier, Paris, 5 septembre 2024 © Michel Euler/AP/SIPA

Après une longue période de flottement – sept semaines d’attente et de pénibles rebondissements – la droite a finalement réussi à étouffer la gauche. À ceux de nos lecteurs que la petite tambouille politicienne française n’ennuie pas assez, nous expliquons ici pourquoi le président Macron a finalement choisi le Savoyard Michel Barnier.


Les esprits lucides et pragmatiques le savaient bien : il était impossible à la gauche de gouverner dans son incarnation du Nouveau Front populaire. De fait, elle aurait été immédiatement censurée par les deux tiers restants de l’Assemblée nationale, soit le centre et la droite.

Emmanuel Macron n’a d’ailleurs jamais eu l’intention de confier Matignon à la gauche. Rien ne pouvait l’en empêcher puisque le cartel des gauches n’a pas obtenu de majorité, même relative, et ne pouvait nouer aucune alliance pour élargir sa base. Pis encore, son « alliance » était particulièrement fragile, le discours radical et sans compromis de La France Insoumise suscitant le rejet d’une bonne part des Français mais aussi de cadres historiques du Parti socialiste.

Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard, devant l’Assemblée nationale à Paris, 9 juillet 2024 © Jacques Witt/SIPA

Gauches irréconciliables

L’équation posée à Emmanuel Macron était donc simple. Deux options s’offraient à lui. La première était incarnée par Bernard Cazeneuve. Elle impliquait de détacher une partie du PS du bloc du Nouveau Front populaire tout en négociant avec Les Républicains pour qu’ils ne censurent pas. Compliqué. La seconde demandait de nommer un Premier ministre issu de la droite classique qui n’entraine pas automatiquement une censure du Rassemblement national sans trop susciter de rejet dans les rangs macronistes.

À lire aussi, Eric Zemmour: «La politique est l’ennemie du peuple»

L’option Xavier Bertrand ayant été immédiatement repoussée par Marine Le Pen – les deux personnalités nordistes se détestant cordialement depuis de nombreuses années -, Emmanuel Macron a fait le choix de désigner Michel Barnier. Il a ainsi humilié la gauche comme rarement dans son histoire. Il a fait payer à ce camp son absence totale de volonté de compromis et entériné qu’il était plus simple de négocier avec le Rassemblement national. Disons-le, l’arrivée de Michel Barnier n’aurait pas été possible sans l’accord de Marine Le Pen, devenue centrale dans cette Assemblée nationale avec ses 140 députés.

Marine Le Pen : « Que le futur Premier ministre ne nous traite pas comme des pestiférés »

Plus malin encore, cette dernière a fait savoir immédiatement qu’elle ne participerait pas au gouvernement, mais qu’elle allait déposer un cahier de doléances sur des thématiques qui lui sont chères, dont l’immigration, la sécurité et le pouvoir d’achat. S’il ne s’agit pas ici d’un pacte de gouvernement comme celui négocié par Laurent Wauquiez avec l’Élysée, il y a là un genre de pacte de bonne intelligence parlementaire. Tous les acteurs de cette habile manœuvre politique pourront se targuer d’avoir évité à la France un gouvernement de gauche très engagé à un moment où nous ne pouvons absolument pas nous le permettre.

La dette est en roue libre, la France étant même menacée par une « procédure pour dette excessive » lancée par la Commission européenne. Nous aurons 110 milliards d’économies à faire, le tout sans augmenter une charge fiscale déjà tout particulièrement étouffante. Une mission complexe où les qualités de Michel Barnier pourraient s’avérer très utiles. Ce dernier fut en effet l’homme des négociations du Brexit, dont il a tiré un fort intéressant ouvrage intitulé La Grande Illusion – Journal secret du Brexit (2016-2020) chez Gallimard.

À lire aussi, Denis Hatchondo: Le Grand Barnier

Européen convaincu, Michel Barnier sait pourtant cibler les défauts de notre Europe. Lors des primaires des Républicains de 2021, il avait notamment déclaré : « Sur l’immigration, il faut retrouver notre souveraineté juridique pour ne plus être soumis aux arrêts de la CJUE ou de la CEDH ». Il entendait même proposer un référendum sur la question aux Français en cas d’élection à la présidence de la République. Décrit comme courtois, Michel Barnier représente l’ancien monde – ce qui est en soi une défaite pour le « nouveau », mais passons. Dans une période de troubles, il est sûrement intéressant d’avoir un faiseur à Matignon plutôt qu’un diseur.

La droite dit merci au NFP

La situation qui se présente à lui sera néanmoins d’une complexité inouïe. Le parlement est divisé, les Français ne le sont pas moins. Un véritable homme d’Etat peut s’en sortir, surtout quand il connait bien le fonctionnement interne des partis et la « tambouille ». Bien sûr, il faut s’attendre à ce que la gauche soit totalement déchaînée, à ce qu’elle provoque même un troisième tour social dans la rue, en s’opposant à tout et surtout à ce qui pourrait être bien. Le retour à la réalité sera rude pour les cadors des plateaux de télévision, après avoir joué la comédie en soutenant Lucie Castets. La France est majoritairement à droite et cela inclut les 11 millions d’électeurs du Rassemblement national. Pour la première fois, ses électeurs seront peut-être partiellement entendus par un gouvernement respectueux et capable de compromis.

A lire aussi, Ivan Rioufol: Matignon: c’est pour aujourd’hui ou pour demain?

La gauche dénonce un coup de force qu’elle a elle-même voulu tenter. On serait même tenté de répondre avec un peu d’ironie que son jusqu’au boutisme a plus fait pour l’union des droites, qui ne peut passer que par le centre, que ce que les caciques de la droite ont fait en trente ans…

Le Front Populaire des élections a fait place à un rassemblement – national, serait-on tenté d’écrire – contre la gauche au parlement, savamment ourdi par un Emmanuel Macron trop heureux de garder son pré-carré international. Soyons honnêtes : ce qui est présenté comme une cohabitation ne peut pas totalement en être une avec le soutien des députés du parti présidentiel au nouveau Premier ministre. Il s’agit plutôt d’une « coalibitation » dans laquelle la droite sera le centre, quelque part entre Ensemble et le Rassemblement national… Durable ? Nous le verrons bien.

L’ex de Mélenchon le trompe énormément

0
Jeremy Corbyn manifestant à Londres, 18 mai 2024 © SOPA Images/SIPA

L’ancien chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, s’est associé à quatre députés indépendants pro-Gaza pour former une nouvelle alliance au parlement britannique.


« Dis-moi pour qui tu aimes voter, je te dirai qui tu hais ». Cette formule est aussi valable en français qu’en espagnol (du Venezuela) et en anglais.

Covid vaincu, mais virus antisémite toujours vivace

Jeremy Corbyn n’est pas devenu un pipole de notre côté de la Manche seulement grâce à son amitié particulière avec Mélenchon. « On commence tout juste notre histoire avec Corbyn[1]» avaitdéclaré l’islamo-gauchiste hexagonal en chef, en novembre 2018.

Corbyn est paru en Une dans quelques médias français, quand il était à la tête du Labour Party, le parti travailliste. Mais il a poussé le bouchon de l’antisémitisme si fort au fond du flacon d’élixir que cela a fait sauter le parti tout entier.

À l’inverse, les Français peuvent être fiers de leur corbyneau hexagonal : alors qu’il était donné sub-claquant par les sondeurs d’âmes et de cœurs populaires, not’Jean-Luc a séduit les populistes germanopratins par sa présentation palestinolâtre du monde. Il les a conduits à voter avec enthousiasme pour une coalition de bric, de broc et d’anti-israélisme.

C’est ainsi que le sous-marin de l’islamisme français est remonté à la surface aussi vite qu’un suppositoire en marche arrière.

Le ciment le plus solide de son nouveau Bas-du-Front populaire était la haine d’Israël : on ne change pas une équipe qui gagne. Mais il n’a pas résisté aux divergences concernant tous les autres sujets. Macron comptait là-dessus : on n’apprend pas à un vieux Machiavel à faire des grises masses ce qu’il veut ! Le résultat, c’est que deux mois après le deuxième tour qui a porté les espoirs mélanchoniens au zénith, le Premier ministre désigné par le roi Louie-Emmanuel[2] est un second couteau qui ne lui fera pas d’ombre : Michel Barnier a été député, puis commissaire européen à la politique régionale de 1999 à 2014. Ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Raffarin, puis de l’Agriculture et de la Pêche sous Nicolas Sarkozy, il a toutes les qualités requises : l’européanisme béat et le dos rond-de-cuir.

Corbyn est une punaise de lit : on le met à la porte, il rentre par la fenêtre

La tentative de « ses amis du Hamas et du Hezbollah[3]» pour lui sauver la mise n’avait pas mieux réussi que celle de son alter ego, invoquant le célafautojuifs, en Mélenchon dans le texte : « il a dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud [4]».

Corbyn est quand même toujours député à Islington North. Il a juste changé d’étiquette en 2020. Du 9 juin 1983 au 29 octobre 2020, c’était avec le label travailliste[5]. Mais se retrouver simple député quand on a été le leader charismatique d’un parti pendant cinq ans (12 septembre 2015-4 avril 2020), ça vous laisse un goût de nostalgie.

Alors Corbyn a repris la stratégie de Pepito su corazon[6] : il s’est allié avec quatre autres élus indépendants, Shockat Adam, Ayoub Khan, Adnan Hussain et Iqbal Mohamed, qui militent sur des plateformes pro-palestiniennes. Sans surprise, leur « Alliance indépendante » a vocation à obtenir un embargo sur les armes à destination d’Israël et elle cherche à recruter des alliés au Labour Party, qui n’a pas été purgé de tous ses antisémites, malgré l’action du nouveau boss, devenu depuis Premier ministre, Keir Starmer.

On dit de Starmer qu’il est sioniste, mais il est surtout mou. On ne parle pas de sa vie sexuelle, seulement de son engagement vis-à-vis d’Israël. Lorsque David Lammy, le secrétaire d’État travailliste, a succombé à son tropisme palestinien et imposé un embargo sur les armes à destination de l’État juif[7], au moment où celui-ci est menacé sur tous les fronts par les islamistes, Starmer n’a pas discuté. Au contraire, il a défendu l’embargo, le qualifiant de « décision juridique, pas politique ». C’est pourquoi il ne le considère pas comme un changement dans le soutien du Royaume-Uni au droit d’Israël à l’autodéfense.

L’Angleterre a quitté l’Union européenne, mais les liens sont encore forts entre nos deux pays : la nouvelle Alliance indépendante british a beaucoup en commun avec la France Insoumise-à-la-démocratie et il y a du Macron dans le management chèvre-et-en-même-temps-chou de Keir Starmer.


[1] https://mabatim.info/2019/12/15/melenchon-fait-son-coming-out/

[2] Vidéo : www.youtube.com/watch?v=JtIXCCEvFEM

[3] https://fr.timesofisrael.com/cameron-exige-que-corbyn-renonce-a-ses-amis-le-hamas-et-le-hezbollah/

[4] www.i24news.tv/fr/actu/france/1576257720-gb-elections-defaite-de-corbyn-a-cause-du-likoud-selon-jean-luc-melenchon

[5] https://members.parliament.uk/member/185/career

[6] Les deux compères échangent en espagnol, car Mélenchon n’a pas voulu apprendre la langue des gringos. – https://www.liberation.fr/planete/2018/09/24/jean-luc-melenchon-avec-corbyn-c-est-le-debut-de-notre-histoire_1680944/

[7] www.standard.co.uk/news/politics/israel-keir-starmer-house-of-commons-prime-minister-benjamin-netanyahu-b1180036.html

Twitter/X: l’ignominie au quotidien

0
L'adjudant-chef Éric Comyn, 54 ans, a été tué à Mougins suite à un refus d'obtempérer, le 26 août 2024. DR.

Parce qu’elle a osé affirmer que la France avait tué son mari « par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance », Harmonie Comyn est victime de propos odieux. Diligentée par le parquet de Draguignan, une enquête pour cyberharcèlement est ouverte, annonce l’AFP. Mais sur Twitter, l’anonymat rend compliquée l’identification des misérables qui s’en rendent coupables.


Face à l’ignominie au quotidien de X (ex-Twitter), fuir ou résister ? Pour moi, la réponse a toujours été claire : il ne faut pas laisser le champ libre à la grossièreté et à l’abjection d’une minorité qui dégrade et déshonore ce réseau social au point que parfois on passe plus de temps à bloquer qu’à discuter. Les insultes, les vulgarités qui me sont destinées, pour ne pas parler des attaques indignes – les références, par exemple, à mon père de la part souvent d’incultes historiques – me touchent peu puisqu’elles émanent de trop bas et j’ai la ressource, y répliquant, de les faire disparaître et de chasser ces twittos de mon compte.

Twitter, un cloaque ?

Deux exemples : Le député LFI Sébastien Delogu s’était vu reprocher de circuler à contresens à Marseille. Il avait mis en cause la police à cette occasion. Je m’étais contenté de demander si oui ou non il avait circulé à contresens. J’ai subi de la part de certains de ses soutiens sur X une série d’immondices dont l’élu n’était pas responsable mais qui donnaient une image très peu reluisante de LFI. J’avais tweeté sur la députée LFI Ersilia Soudais et elle m’avait répondu en laissant croire que je l’avais critiquée sur son apparence physique. Alors que j’ai pu démontrer par la suite, malgré les inepties multipliées à mon encontre, que ma bonne foi était entière. Alors, face à l’insupportable, ne jamais s’effacer mais se battre ; ou bloquer si on n’a pas le choix.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Elon Musk: Mais pourquoi est-il si méchant?

En revanche ce n’est pas la même chose quand la veuve d’un adjudant de gendarmerie exemplaire, tué à la suite du comportement criminel d’un Cap-Verdien condamné à plusieurs reprises, mis en examen et en détention provisoire, est traitée sur X sur un mode qui défie l’entendement. Il relève plus d’abjections que de propos articulés. Une enquête, d’ailleurs, a été ordonnée tant la mesure était dépassée. Cette femme digne et courageuse a eu le grand tort, pour ces voyous du réseau social, d’intervenir après la mort de son époux qui va la laisser, avec ses deux enfants, dans un chagrin durable, en mettant en cause la France qui n’avait pas su prendre les mesures pénales pour empêcher un tel individu de nuire. Un discours émouvant, fier et lucide, dont les citoyens de bonne foi n’auraient pas eu un mot à retirer. Même si je commençais à avoir une certaine habitude de ce cloaque, j’ai tout de même été saisi par l’intensité des horreurs déversées sur l’épouse de l’adjudant Comyn.

Des dérives permises par l’anonymat

De la même manière que dans l’affaire de la soumission chimique de sa femme actuellement au tribunal, je cherche à comprendre les ressorts sombres et pervers de Dominique P, il faut que je tente de découvrir ce qui, dans l’humanité de ces brebis galeuses, est différent de celle de la majorité des gens. Ceux-ci éprouvent en effet le plus grand respect pour cette veuve parvenant à poser les bonnes questions face à la tragédie qui la frappe. Ces twittos, quel fond, quel caractère est donc le leur ? Sont-ils dénués de toute sensibilité ? N’ont-ils que des pulsions négatives qui les conduisent à cracher sur la noblesse de certaines personnalités ? Sont-ils tellement pauvres dans l’usage du langage qu’ils en sont réduits à l’insulte ? Se rendent-ils compte de leur ignominie ou leur rapport avec autrui n’est-il fait que de mépris et d’un défaut radical d’empathie ? Est-il trop tard pour leur apprendre les bases minimales du respect de l’autre et les règles les plus élémentaires de la vie en société ?

A lire aussi, Gabriel Robin: Pavel Durov: une affaire « extra » judiciaire

L’anonymat qui sévit sur X permet-il à quelques-uns d’exprimer leur part mauvaise, implacablement mauvaise, qui a besoin de s’extérioriser quel que soit le sujet, qu’il soit tragique ou non ? Comme s’il y avait des humains qui, mélangeant sans doute un terrain psychologique et intellectuel défaillant avec des conditions sociales modestes, avaient plaisir à s’abandonner, par une sorte de sadisme les rassurant sur eux-mêmes, aux pires instincts, à des dévastations gratuites, au mal pour le mal ? Quand on désire appréhender le crime ou des ignominies d’une autre sorte, on n’échappe jamais à cette question fondamentale : le mal est-il en nous ou l’a-t-on hérité ?

Malgré le tableau très sombre que j’ai dressé de X et qui a culminé, dans l’ignoble, contre Harmonie Comyn, il faut pourtant y rester. Il n’est pas nécessaire d’espérer pour tweeter. La résistance est à elle-même sa belle et éclatante finalité. Comme la stigmatisation des voyous. C’est peu mais c’est déjà cela.

«La politique est l’ennemie du peuple»

0
Éric Zemmour © InitialesCK/Eléonore Lhéritier/Reconquête

Pour le président de Reconquête, la stratégie de dédiabolisation poursuivie par le RN revient à se soumettre à la gauche. L’urgence, c’est de mener le combat identitaire car « la France est assiégée par une civilisation étrangère » qui a notamment ravivé l’antisémitisme. Pour lui, la politique est une affaire trop belle et trop grande pour être confiée à des politiciens obsédés par les sondages.


On l’avait vu, au lendemain des européennes, passablement abattu par les trahisons. On le retrouve souriant, reposé, gourmand de rencontres et d’idées nouvelles. Après une dizaine de jours en Californie, où le gotha conservateur américain avait invité Sarah Knafo, son lieutenant et sa compagne, à une session de formation, j’ai rejoint le patron de Reconquête en Camargue, une région où il compte de fidèles partisans devenus de bons amis. Deux heures de natation par jour, des livres en pagaille, la presse dégustée dans la solitude matinale face aux vignes, la famille et les copains : alors que la dernière séquence a largement confirmé son diagnostic, il est prêt à en découdre, plus que jamais convaincu que la France est en danger. Il lui reste à prouver qu’il est celui qui peut la sauver. À supposer qu’elle veuille être sauvée •

Causeur. Avez-vous été touché par la grâce olympique ?

Éric Zemmour. Depuis mon enfance, j’aime le sport – je le regarde et je le pratique. Depuis 1968, je n’ai jamais raté les JO, ni la Coupe du monde de football. Je pourrais vous parler pendant des heures des JO de Mexico en 1968 avec la victoire de Colette Besson ! Je ne suis pas de ces gens qui méprisent « le pain et les jeux » qu’on donnerait « au peuple ». Comme tous les gens du peuple, je suis heureux quand les Français gagnent. Et cette année, j’ai été servi ! Léon Marchand nous a tous enchantés. Je suis très chauvin en sport, je n’en ai pas honte.

Vous êtes chauvin en tout !

Pas faux ! Le sport, c’est aussi le patriotisme. Quand on dit que le sport, c’est uniquement « le vivre-ensemble, la convivialité, la sororité », on dénature complètement les valeurs du sport. Le sport, c’est l’effort, la méritocratie, la sélection, la compétition. Le sport, ce sont des valeurs de droite. Pour être jockey, il faut être petit et léger. Il y a ceux qui arrivent les premiers et qu’on respecte, et ceux qui arrivent en dernier et qu’on plaint. Tout le contraire de l’école d’aujourd’hui ! On accepte que les qualités des hommes et des femmes soient différentes ; ils ne combattent pas ensemble. On est content quand son compatriote gagne. Tout ce que la gauche et l’époque détestent !

Peut-on se contenter de crier « Vive la France ! » uniquement dans les stades ?

Et pourquoi les peuples européens ne manifestent-ils leur patriotisme que dans les stades ? Car, c’est désormais le seul endroit où les élites le tolèrent. Prenez l’Allemagne. Après 1945, le patriotisme allemand est devenu suspect, alors le football fut son seul refuge. Aujourd’hui, nous sommes tous Allemands. Tous les peuples européens ont été mis au pain sec et à l’eau patriotiques.

La « communion », célébrée jusqu’à l’écœurement par les commentateurs, n’est-elle pas factice ?

Bien sûr. C’est exactement l’histoire de la Coupe du monde de football en 1998. Les politiciens et les intellectuels de tous bords, qui ne manifestaient jusque-là que mépris pour ce « sport de beauf », exaltèrent avec des trémolos dans la voix la victoire de la France « black-blanc-beur ». Cette victoire que tout un peuple attendait depuis des années, que notre peuple fêta dans la liesse – cette victoire fut dérobée, subtilisée, transformée et devint un fantastique objet de propagande. Nos trois couleurs n’étaient plus bleu, blanc, rouge, mais black-blanc-beur.  Ce n’était plus la victoire de la meilleure équipe du monde, mais celle du métissage. La réalité a vite rattrapé cette légende. Car trois ans plus tard, il y eut un match entre la France et l’Algérie. Et là, ce sont les supporters des banlieues françaises qui applaudirent l’Algérie, sifflèrent La Marseillaise et conspuèrent Zidane « le traître » dès qu’il touchait le ballon. Avant d’envahir le terrain, parce que la France humiliait l’Algérie dans le jeu. L’illusion de la France black-blanc-beur était déchirée.

Léon Marchand, après sa quatrième médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris 2024, dans une Paris La Défense Arena galvanisée, le 2 août 2024 © CHRISTOPHE SAIDI/SIPA

Quoi qu’il en soit, les JO ont été une réussite organisationnelle.

Paris a vécu sous une bulle pendant quinze jours. On a mis dix fois plus de policiers que d’habitude, on a démantelé les points de deal, on a sorti les migrants de la ville. On a fait marcher le métro, il arrivait à l’heure, il était propre. Bref, un avant-goût de la France que je veux ! Ce n’était pas le Paris d’Hidalgo…

Le sport est-il un critère valable pour juger de la supériorité des nations ? La hiérarchie issue du sport n’est-elle pas contestable par rapport à celle des scientifiques, ou des grands artistes ?

L’un n’exclut pas l’autre. Après les JO de Rome de 1960, qui avaient été une catastrophe pour les sportifs français, le général de Gaulle a réuni un Conseil des ministres spécial pour développer le sport de compétition en France. C’est ainsi qu’on a organisé la formation du football qui nous a amenés à l’équipe de Platini dans les années 1970. À l’époque, Jacques Faizant a publié un dessin hilarant du général de Gaulle courant en survêtement avec cette légende : « Dans ce pays, il faut que je m’occupe de tout. » Dans tous les sports, l’État a donné une impulsion. Donc, même au temps du général de Gaulle, on considérait que le sport était un élément du prestige français. En temps de paix, dès qu’un pays sort du sous-développement, il s’efforce d’organiser son sport de haute compétition. Les deux pays qui raflent le plus de médailles sont les États-Unis et la Chine : la hiérarchie olympique épouse assez fidèlement celle de la puissance. Pour moi, les sportifs, en particulier olympiques, sont les chevaliers de notre époque, ils portent haut les couleurs de leur pays.

Que retenez-vous de la cérémonie d’ouverture ? Les provocations, la Marie-Antoinette gore arborant sa tête coupée ou les monuments de Paris sublimés ?

Je retiens que la gauche n’arrête jamais de mener le combat idéologique et trouve toutes les occasions pour faire avancer ses pions. Ce que vous appelez « provocation », c’est simplement la mise en scène de ses idées qui doivent s’imposer à tous. C’est la grande force de la gauche. Elle est fondamentalement gramscienne. Et c’est la grande faiblesse de la droite, qui ne mène pas le combat culturel. Il faut affronter la gauche sur ce terrain culturel. C’est ce que j’ai fait pendant des années. C’est ce que nous faisons avec Reconquête.

Le droit au blasphème fait partie de notre culture. Peut-on demander aux musulmans d’accepter les caricatures de leur prophète et pousser des hurlements pour une transgression pour enfants, déjà vue 500 fois, autour de la Cène ? Faut-il s’énerver contre « les mutins de Panurge » (Muray) ou se payer leur tête ?

Le droit au blasphème, la transgression et la caricature font partie de l’esprit français. Mais justement, quand cette provocation a été vue 500 fois, alors ce n’est plus une provocation : c’est l’idéologie dominante qui, par définition, s’impose à nous. En 1900, se moquer du christianisme dans une société encore catholique, c’est se moquer du pouvoir. En 2024, se moquer du christianisme, c’est faire partie du pouvoir, de l’idéologie dominante. Nous devons la combattre, car il ne s’agit plus de transgresser un ordre qui tient debout, mais d’effacer complètement une civilisation devenue fragile : les racines chrétiennes de la France.

Vous voulez recommencer la guerre froide idéologique dans l’autre sens, en fait. Et pourquoi ne pas essayer le pluralisme culturel ? Le débat à la loyale ?

C’est exactement ce que je fais ! Mais ne soyons pas naïfs : il y a toujours une culture dominante. Quand la gauche gagne les élections, elle gagne. Mais quand elle les perd, elle gagne aussi, parce que la droite n’applique pas ses idées et se soumet à la gauche. Chez Reconquête, nous contestons sans cesse cette hégémonie, par exemple avec les Parents vigilants, notre réseau de 75 000 parents, présents dans la France entière pour alerter des dérives au sein de l’école. Je veux que Reconquête reprenne le flambeau de l’éducation des jeunes générations. Je compte m’y investir personnellement dès nos universités d’été à Orange, le 7 septembre.

Pardon, mais on n’a pas envie de voir un politiquement correct de droite supplanter celui de gauche. Ni de voir le retour de la persécution des homosexuels…

Vous tombez dans ce panneau ? Depuis 1789, date à laquelle elle a été dépénalisée, l’homosexualité n’est plus persécutée en France. Moi, je déteste le politiquement correct, et je me fiche de ce que font les gens, j’ai grandi dans les années 1970. Ce que je combats, c’est le militantisme LGBT. On nous raconte que le refus de l’agenda woke serait de l’homophobie. C’est un peu gros.

Donc, contrairement à vos amis ou ex-amis de la « droite des valeurs », vous êtes libéral sur les mœurs ?

Je ne suis pas un puritain. Je trouve que nous vivons une triste époque de réaction puritaine, après l’explosion libertaire des années 1970. Regardez la sexualité des jeunes : elle est quasiment réduite à néant ! Sauf que ce n’est plus l’Église, mais le féminisme à la MeToo qui inhibe les désirs et contraint à l’abstinence.

Diriez-vous qu’avec Marion Maréchal, Reconquête a perdu sa branche la plus catholique ?

Vous avez trouvé son attitude très catholique ?

Les trahisons semblent derrière vous. Vous avez encaissé ?

Oui, les vacances m’ont fait du bien. Je me suis posé des questions simples : Est-ce que l’intérêt de la France serait mieux défendu si j’arrêtais la politique ? Si Reconquête cessait le combat ? Je pense avoir trouvé la réponse. Je regarde devant moi. J’ai des troupes déterminées. Je sais qu’il nous faut continuer le combat. Sans Reconquête, nos idées ne vaincront jamais. Nul autre que nous ne les portera.

On a été contents d’oublier la crise politique pendant ces trois semaines. Elle est toujours là. Fin juin, il y avait une quasi-unanimité pour dénoncer la dissolution : choix irresponsable, scandaleux… Était-ce votre avis ?

Ce n’était pas scandaleux, c’étaitstupide. La dissolution permet, en principe, au président de la République d’améliorer son rapport de forces avec les autres pouvoirs. Or, en l’occurrence, Macron a dissous à un moment où il ne pouvait que s’affaiblir. Personne n’a gagné : ni la gauche, ni la Macronie, ni le RN. Et surtout pas la France ! Désormais, peu importe le gouvernement, il n’aura pas de majorité solide. Les immigrés vont continuer à arriver, l’école, à s’effondrer, la dette, à grossir. Tous les problèmes qui doivent être réglés ne le seront pas. Les Français le voient et sont écœurés de la politique pour cette raison. C’est pour cela que plus de 80 % d’entre eux viennent de dire que les partis politiques n’étaient ni crédibles, ni honnêtes, ni utiles (Odoxa).

Quand vous jouez, vous n’êtes jamais sûr de gagner !

Macron avait-il vraiment un objectif rationnel ?

Oui, celui d’user le RN pour ne pas amener Marine Le Pen à l’Élysée.

Dans ce cas, il fallait le laisser gagner, et non s’allier avec LFI. Quoi qu’il en soit, le résultat, c’est le chaos.

Si la France n’est pas politiquement partagée en deux mais en trois, c’est le chaos ?

Le problème n’est pas la tripartition parlementaire, mais le décalage entre la réalité du pays et les débats des politiciens. Tous les Français le disent : on ne comprend plus rien à la vie politique, c’est le chaos ! Pourquoi ? Car la politique ne correspond plus aux clivages de la société. On a connu dans l’histoire des moments où la politique ne correspondait plus aux réalités sociologiques et démographiques d’un pays. Regardez la fin du xixe siècle, en France. La vie politique oppose alors les républicains et les monarchistes, alors que le conflit qui agite la société, c’est déjà la lutte des classes. Le socialisme tarde à être représenté, d’où la déconnexion entre la société et la politique, et l’instabilité qui va avec. Même chose en Angleterre à la même époque : la compétition politique oppose les conservateurs et les libéraux, alors que la classe ouvrière naissante cherche son expression politique. Le chaos politique anglais dure cinquante ans avant d’accoucher du Parti travailliste qui s’opposera aux conservateurs et aux libéraux enfin réunis. Vous connaissez la définition d’une crise : c’est quand le vieux monde tarde à mourir et le nouveau tarde à naître. Aujourd’hui, les uns veulent ressusciter les années 1960 avec un clivage droite/gauche à l’ancienne, les autres les années 1990 avec le clivage populistes contre mondialistes. Ces clivages sont désuets. La vie politique française n’est pas encore entrée au xxie siècle. Le nouveau clivage est identitaire. La politique est en retard sur la société. Moi je viens de la société. C’est pour cela que j’ai quelque chose à apporter.

Si je vous vois venir, Reconquête est le Labour party du xxie siècle ! Mais pour représenter quel clivage qui ne le serait pas aujourd’hui ?

La question est simple : qui veut continuer de vivre dans la France de toujours, et qui veut la balayer pour vivre dans la France islamisée de Jean-Luc Mélenchon ? Aujourd’hui, nous sommes le seul parti à le formuler. Il s’imposera aux autres. D’ailleurs, j’ai noté un aveu dans l’intervention d’Emmanuel Macron, fin juillet. Il dit : « J’ai cru que la baisse massive du chômage allait entraîner la réconciliation des Français entre eux, je me suis trompé. » Il lui aura fallu sept ans pour comprendre, et il va encore passer trois ans à ne rien faire !

Si je vous comprends bien, même le RN ne représente pas les aspirations identitaires de ses électeurs.

En effet, ses dirigeants ne le souhaitent pas. À chaque élection, le RN range soigneusement le sujet de l’identité pour opposer les Français sur d’autres questions : sur l’euro en 2017, sur le pouvoir d’achat en 2022 et sur plus grand-chose, il faut bien le dire, en 2024. Le RN ne veut pas affronter les médias sur ce sujet. La grande leçon de ces législatives, c’est qu’il faut sortir de la tactique politicienne pour revenir aux idées et aux caractères ! Comme disait Philippe Séguin, « la politique n’est pas une course de petits chevaux », où chacun fait son petit pari en fonction des sondages, en oubliant ses convictions profondes.

Un peu, si ! Elle n’est même souvent que cela !

C’est ce qui la tue. C’est ce qui nous tue. Keynes a une jolie métaphore pour critiquer le caractère moutonnier des marchés financiers. Il les compare à un concours de beauté, au cours duquel on ne demanderait pas au public quelle est la fille la plus belle, mais quelle fille va être désignée comme la fille la plus belle. C’est exactement notre vie politique. J’aimerais qu’on revienne à la désignation de la fille la plus belle, et non pas de celle que l’on croit que les autres vont désigner comme la fille la plus belle c’est le mécanisme des sondages, qui crée le vote utile. Cela fausse complètement le jeu démocratique.

Lire la 2e partie