Accueil Culture Indian Family Train

Indian Family Train

“Kill”, de Nikhil Nagesh Bhat, mercredi prochain au cinéma


Indian Family Train
"Kill" de Nikhil Nagesh Bhat(2024) Original Factory / Sikhya Entertainement

Phobiques du chemin de fer, s’abstenir.


Si le huis-clos ferroviaire est exploité de longue date par le Septième art (cf. parmi les films à suspense relativement récents Dernier train pour Busan, Le Transperce neige, Bullet Train, Compartiment n°6, Unstoppable et j’en passe), il est des trajets grande ligne que le cinéma sait rendre particulièrement éprouvants. Je ne recommande pas aux âmes sensibles de monter dans le Rajdani Express pour  New-Dehli où vous embarque le cinéaste indien Nikhil Nagesh Bhat: au terminus, après 1h45 à grande vitesse et sans escale, le spectateur arrive à quai, mais quelque peu secoué par le voyage.

Mais que fait la Sûreté ferroviaire?

Tout commence par la célébration des fiançailles d’une innocente demoiselle, Tulika, fille d’un richissime magnat des transports, élevée (et vêtue) dans la bonne tradition hindoue, en vue de son mariage « arrangé », comme on dit – les mœurs étant ce qu’elles sont dans le sous-continent indien. Mais Tulika en pince secrètement pour Amrit, bel et athlétique capitaine des commandos de la police – l’équivalent du GIGN, on présume. Rêvant de fuir avec sa dulcinée, l’ardent, viril et juvénile barbu s’incruste avec son frère Viresh dans le train qui ramène incognito à Dehli le grand patron et les siens (femme, neveux et enfants). Patatras, un gang de « dacoïts » (ces bandes de brigands hors caste qui font le charme du pacifique pays de Gandhi) s’est infiltré parmi les passagers : technologiquement performants, en actionnant un appareil brouilleur habilement planqué dans un sac de voyage, ils ont coupé la connexion de tous les smartphones, désamorcé les alarmes et le système de freinage d’urgence : bref, le TGV est en roue libre. Avec, à l’intérieur, cette tribu de malfrats qui passe illico à l’action, détroussant les voyageurs terrorisés. À la tête (brûlée) des méchants, Fani, le psychotique rejeton du chef de bande, à qui vient rapidement l’idée de kidnapper Tulika contre rançon, dès lors qu’il a identifié la présence, dans le convoi, de l’opulente famille bien connue des médias.

A lire aussi: Tribunal amoureux

Boucherie indienne

Houlà, le sang d’Amrit ne fait qu’un tour si l’on s’en prend à l’objet de son cœur ! Et nous voilà barré pour une castagne homérique : seul contre tous, Amrit parviendra-t-il à sauver ses protégés du carnage ? Vous le saurez si, d’abord, vous acceptez de vous enfiler non-stop cent cinq minutes de sport de combat assaisonné d’une sanglante boucherie : doigts fracturés, éviscérations, énucléations, égorgements, pendaisons, trépanations, amputations, emboutissages, écrabouillage par frottement du visage au sol à 200km/h, meurtres au marteau, au revolver, à la hache – le clou étant assurément le trépas par ingestion du gaz d’un extincteur ou, mieux encore, par avalement d’un flacon entier de recharge de briquet, consciencieusement incendiée –  ce qui s’appelle mourir à petit feu. La violence hyperbolique de ces hallucinants corps-à-corps graduellement montés en gamme, aux rebondissements orchestrés avec maestria, vous tient scotché au siège, sourire en coin. Car jamais Kill ne se prend au sérieux : son maniérisme très maîtrisé joue de façon réjouissante avec les codes de l’esthétique « Bollywood » – bande-son sirupeuse, ralentis émollients, flash-backs édulcorés sur le rêve sabordé de ces noces idéales… Vertigineux !  

Pour autant que l’expression « film de genre » n’ait pas encore été dénaturée par la phraséologie woke, Kill en offre une saine quintessence. A noter que, présenté en avant-première à l’ouverture de l’Étrange festival (qui fête à Paris cette année, au Forum des Images comme toujours, sa 30ème édition – du 3 au 15 octobre), le film y est projeté une fois encore ce samedi 7 octobre à 14h15, quelques jours avant sa sortie dans les salles. À noter aussi, pour les amateurs, qu’on peut voir sur Netflix deux autres films de Nikhil Nagesh Bhat: Hugdang (2022) – mais uniquement sous-titré anglais –  et le délicieux BrijMohan Amar Rahe (2018) –  sous-titré en français, celui-ci. Cinéphiles, à vos écrans !

Kill. Film indien de Nikhil Nagesh Bhat. Inde, couleur, 2023. Durée : 1h45. En salles le 11 septembre 2024.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau
Article suivant À l’aube de la nouvelle saison de Top 14, le rugby à la croisée des chemins

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération