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Paul Gégauff, bientôt de retour

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Il y a au moins une vraie bonne nouvelle dans cette rentrée littéraire. Le 22 octobre, Tous mes amis de Paul Gégauff, un recueil de nouvelles introuvable depuis sa première édition chez Julliard sera réédité dans la collection Les Inclassables des éditions Alphée, collection dirigée par Arnaud Le Guern. Paul Gégauff était un admirable écrivain dégagé, comme il y a des écrivains engagés, qui donna l’essentiel de sa production littéraire, soit quatre romans, dans les années cinquante aux Editions de Minuit ce qui faisait de lui une sorte de Roger Nimier égaré dans le catalogue glacé du Nouveau Roman. Scénariste préféré de Chabrol, il travailla également pour Barbet Shroeder (More) ou René Clément (Plein soleil), et de quelques autres moins glorieux mais il fallait bien manger, se payer des décapotables et sortir de jolies actrices. Gégauff, grand séducteur, fit même plusieurs apparitions comme acteur, notamment dans Une partie de plaisir en 1975.

Paul Gégauff est mort pendant un réveillon arrosé de Noël 1983, en Norvège, poignardé à soixante-et-un ans par sa compagne de vingt-cinq. Il n’était manifestement pas équipé pour traverser les années quatre-vingt, ce qui est tout à son honneur. On ne sera pas sans vous reparler de cet admirable feu follet.

Le mirage Die Linke

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Affiche de campagne de Die Linke : Taxer la richesse !
Affiche de campagne de Die Linke : Taxer la richesse !

Une véritable jubilation s’est manifestée au sein de la gauche de la gauche française après les résultats des élections législatives allemandes du 27 septembre. De Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon, on a salué avec enthousiasme le succès relatif du parti Die Linke (La Gauche) qui a obtenu près de 12% des suffrages, contre 8,8% en 2005. A l’exception du NPA de Krivine et Besancenot, qui pointe les contradictions internes de cette formation hétéroclite, tout ceux qui contestent les ouvertures de la direction du PS et de Dany Cohn-Bendit en direction du Modem se sentent confortés dans leur stratégie de rassemblement de la gauche et de l’extrême gauche.

Il n’est pas inutile de leur rappeler que la montée en puissance de Die Linke en Allemagne survient dans un contexte de recul historique de l’ensemble de la gauche (SPD, Verts, Die Linke), qui totalise moins de 46% des suffrages contre 48,5% à la droite (CDU, CSU, FDP). Il faut également noter que les 6% de voix qui se sont portées sur des petites listes sont principalement allées vers des formations de droite ou d’extrême droite, à l’exception de la liste des Pirates (2%) dont le positionnement idéologique est pour le moins flou.

Le « succès » de Die Linke est le résultat d’un vote-sanction contre le SPD d’une fraction de l’électorat social-démocrate qui n’a toujours pas digéré les réformes effectuées par Gerhard Schröder lorsqu’il était chancelier (Agenda 2010) pour restaurer la compétitivité de l’économie allemande en réduisant les prestations sociales (santé et assurance chômage).

Le talent oratoire des deux principaux leaders de Die Linke, l’ex-social démocrate Oskar Lafontaine et l’ex-communiste Gregor Gysi, jamais en reste de rhétorique populiste, a mis en lumière, par contraste, le faible charisme de leurs concurrents du SPD et des Verts. Ces derniers n’ont pas retrouvé de personnalités capables d’enflammer les foules par leur verbe depuis le retrait de la vie politique de Gerhard Schröder et de Joshka Fischer.

Mais ces atouts conjoncturels ne sauraient masquer le caractère hétérogène et fondamentalement instable d’un parti composé de nostalgiques de l’ex-RDA, de syndicalistes ouest-allemands en délicatesse avec un SPD paralysé dans une  » grande coalition » avec la CDU d’Angela Merkel, et d’une nébuleuse de groupements gauchistes et altermondialistes.

D’ores et déjà, des tensions se font jour entre les tenants d’une stratégie visant à faire de Die Linke un parti koalitionfähig (capable de former une coalition au niveau fédéral[1. Die Linke participe au gouvernement du Land de Berlin avec le SPD, et pourrait bientôt entrer dans ceux du Brandebourg et de la Sarre. Mais cette alliance demeure exclue au niveau fédéral par le SPD.], et ceux qui ne sont pas près de sacrifier les grands principes (sortie de l’OTAN, nationalisation de banques) au réalisme pour participer à un gouvernement avec le SPD et les Verts.
La présence, encore massive, dans ses rangs, d’anciens militants et responsables du SED, le Parti communiste est-allemand, le rend vulnérable à des campagnes de diabolisation menées par la droite. Il faut être un grand rêveur, comme Alexandre Adler, pour voir en Gregor Gysi un futur Barack Obama à l’allemande au motif que ses parents ont été, jadis, des membres de l’Orchestre rouge[2. Entendu le 29 septembre, vers 8h30 sur France Culture. L’Orchestre rouge était un réseau d’espionnage antinazi, animé par des antifascistes allemands pour le compte de l’URSS.]. Les Allemands d’aujourd’hui, même s’ils apprécient ses bons mots et son humour dans les talk-shows à la télévision ont une mémoire moins sélective, et se souviennent que son père, Klaus Gysi fut aussi un haut dignitaire du Parti communiste, ambassadeur puis ministre de la culture d’Erich Honecker…

D’autre part, le retour du SPD dans l’opposition, et les changements à la tête du parti qui vont intervenir dans les prochains jours (à la différence de ce qui se passe en France avec le PS, on ne garde pas une équipe qui perd) devraient lui permettre de renouer le contact perdu avec sa clientèle traditionnelle des ouvriers et des classes moyennes.

Il lui reste, et c’est la où le bât blesse, à élaborer une stratégie d’alliances pour revenir au pouvoir dans un contexte globalement défavorable à la social-démocratie à l’échelle européenne.
La droitisation du gouvernement fédéral va, bien sûr, lui donner du grain à moudre sur des thèmes où il se retrouvera côte à côte avec Die Linke et les Verts : l’opposition aux centrales nucléaires, à la participation de la Bundeswehr aux opérations en Afghanistan, les atteintes aux acquis sociaux.
S’il jette par dessus bord l’héritage réaliste (certains diront social-libéral) de Gerhard Schröder, le SPD risque de s’aliéner une partie des nouvelles classes moyennes urbaines pour se replier sur ses bastions traditionnels de la vieille industrie en déclin.
S’il y reste attaché, en l’adaptant au contexte de cette après-crise pour lequel l’Allemagne semble mieux placée que ses principaux voisins européens, il va se trouver en difficulté avec ses alliés potentiels à gauche.

Comme il ne faut pas trop compter sur des erreurs politiques majeures d’une Angela Merkel à la prudence proverbiale pour pallier ces handicaps, la gauche allemande de gouvernement n’est pas dans une position plus favorable que son homologue française.

Union sacrée antifashioniste

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L’Angleterre, connue pour son laxisme vis-à-vis des tendances les plus radicales de l’Islam, n’est néanmoins pas un pays où on peut faire subir tout et n’importe quoi aux femmes. Ainsi le gouvernement de sa Gracieuse Majesté s’apprête à légiférer, avec le soutien des syndicats, pour interdire sur les lieux de travail un accessoire vestimentaire rétrograde et attentatoire à la dignité des salariées. En conséquence de quoi, on ne va pas interdire la burqa, faut pas rêver, mais les escarpins à talons hauts, accusés de provoquer ampoules, durillons et lumbagos…

Mon Clearstream à moi

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mamet

On gagne beaucoup de temps mettant à profit ses heures de travail pour ouvrir un roman, un bon, s’entend. Essayez, vous verrez. Plutôt que de suivre H24, le nez collé sur l’écran plat, les rebondissements du procès Clearstream, plongez-vous dans La Compagnie de Robert Littell ou dans La quatrième Durango de Ross Thomas.

On peut même, à condition d’avoir un collègue qui badge en votre lieu et place avec dextérité, sécher le bureau de temps à autre et aller voir dans les salles d’art et essai quelques bons vieux films, américains eux aussi, cela va de soi. Par exemple Sens unique de Roger Donaldson ou La Prisonnière espagnole de David Mamet

Toutes ces œuvres, qui n’ont a priori pas grand chose en commun – à part d’être plus crédibles qu’un listing d’Imad Lahoud et méchamment mieux troussées qu’un roman de Denis Robert –, nous disent tout ce qu’il faut savoir sur l’affaire Clearstram.

Vous n’y verrez bien sûr rien sur les secrets de la banque luxembourgeoise ou sur le tripatouillage intéressé de son fichier clients. En revanche, vous y découvrirez des superbes mécaniques d’intoxication, de désinformation, de déstabilisation, toutes assises, dès leur conception, sur une manip visant à faire passer la cible d’un complot pour l’instigateur de celui-ci. En refermant l’un de ces livres, ou après avoir vu un de ces films, vous aurez au moins compris qu’il est parfaitement vain de savoir qui de Villepin ou de Sarkozy est le faux coupable et qui la fausse victime, à moins d’avoir des opinions arrêtées sur la problématique de l’œuf et de la poule.

Une fois qu’on suppute tout ça, l’amertume, plus que l’aventure, est au coin de la rue. Mais c’est pas grave. Au moins, vous saurez que vous ne saurez rien. Socrate l’a dit il y a 2500 ans, et à ma connaissance, c’est toujours d’actu. Car le pire client, pour ceux qui font la politique aujourd’hui, c’est celui qui sait qu’on lui raconte des histoires. Et donc écoute d’une oreille parfois attentive, parfois distraite mais toujours en n’en pensant pas moins, bref celui qui peut rêver de lendemains qui chantent sans pour autant croire au Père Noël (cette dernière allusion n’est pas tout à fait gratuite : Santa Claus a été inventé par des communicants, ceux de Coca-Cola en l’espèce).

Maintenant que j’ai clairement exposé qu’à mon humble avis, on ne saura jamais qui de DDV ou de NS qui a cherché en premier à niquer l’autre, on pourrait croire l’affaire purgée. Erreur. Reste une ultime hypothèse. Et si nos Machiavel’s Twins postnéogaullistes étaient tous deux innocents ?

Là, ce n’est pas vers la littérature ou le cinéma qu’il faut se tourner, pour entrevoir une solution viable mais vers l’exquise contre-culture corporate (là encore , elle est souvent d’origine US, mais je n’y peux rien si ça me parle plus que Derrida ou Bourdieu). Contre-culture qui nous a donné des petits bijoux tels la loi de Murphy (la tartine tombe toujours sur la face beurrée) ; la loi de Barton (en connectant une prise USB sur le port ad hoc, on est certain de la brancher du mauvais côté), ou encore la fabuleuse loi de Hofstadter sur les délais, process et autres rétroplannings qui stipule : « Ça prend toujours plus de temps qu’on croit, même en prenant en compte la loi de Hofstadter. » Rien de tout cela ne concerne directement Clearstream (quoique, mais bon…).

En revanche, on est en plein dedans avec un autre théorème issu de la vie de bureau : le Rasoir d’Hanlon,. C’est une plaisante dérivation d’un incontournable de la philo médiévale, le fameux « rasoir d’Ockham » : en VO « Entia non sunt multiplicanda prater necessitatem », en VF simplifiée : « Entre deux hypothèses valables, choisissez la plus simple. » Or pour Hanlon, la bêtise humaine est universellement la solution la plus simple à bien des équations réputées insolubles.

La loi du rasoir d’Hanlon s’énonce ainsi : « Never attribute to malice that which can be adequately explained by stupidity » ce qui signifie en gros : « N’attribuez jamais au calcul ce que la stupidité suffit à expliquer. »

Si ça se trouve, c’est la vraie bonne piste, et plus je regarde Rondot et Gergorin, ou encore Lahoud et Denis Robert, et plus j’y crois : et si tout ça n’était qu’une conjuration des imbéciles ?

Cohn-Bendit et Tartuffe sont dans un bateau

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Nous apprenons, par Libération, que « Daniel Cohn-Bendit critique la position de Frédéric Mitterrand sur Polanski ». Nous ne relèverons pas la formulation pour la moins ambiguë de la phrase, nous nous contenterons de souligner qu’il y en a tout de même qui ne manquent pas d’air, chose normale me direz-vous pour un écologiste. Mais tout de même, reprocher à Frédéric Mitterrand d’avoir qualifié « d’absolument épouvantable » l’arrestation de Polanski au prétexte que, nous dit notre libéral-libertaire préféré : « C’est une des histoires les plus dures puisque c’est vrai qu’il y a eu viol sur une jeune fille de 13 ans » est quand même extrêmement gonflé. Surtout de la part d’un homme qui, en bon représentant de ce néofascisme de l’idéologie du désir dont parlait le regretté Michel Clouscard, avait, vers 1975, écrit des choses plus que sujettes à caution sur la sexualité des enfants. Cela lui avait été rapproché de manière bien maladroite et inélégante par Bayrou pendant les Européennes. Est-ce à cette occasion que Cohn-Bendit a été contaminé par un virus bien plus redoutable que le H1N1, celui de la balance pour reproduire à son tour, comme les enfants maltraités, ce qu’il a subi ? Ou est-ce parfum d’ordre moral que, allez savoir pourquoi, nombre de Verts trainent dans leur sillage tant ils sont persuadés d’être dans le camp du Bien ?

L’affaire Polanski, un Roman d’aéroport

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Roman Polanski, bientôt devant la justice américaine ?
Roman Polanski, bientôt devant la justice américaine ?

Il y en a un qui a dû bien rigoler sous sa tente lorsqu’un messager lui a transmis la nouvelle de l’arrestation, à Zurich, de Roman Polanski. C’est Mouammar Kadhafi, qui tient toujours la Confédération Helvétique par les parties génitales, en retenant depuis plus d’un an à Tripoli deux de ses citoyens pour obtenir le châtiment des policiers et juges de Genève responsables de l’arrestation – justifiée – de son fils Hannibal. Il ne devrait donc pas se gêner pour poursuivre son jeu du chat libyen avec la souris suisse, dans un contexte où tous les pipoles de la planète tombent à bras raccourcis sur les justices de la Suisse et des Etats-Unis.

D’un pur point de vue de droit, l’arrestation en vue d’extradition de Roman Polanski à l’aéroport de Zurich est parfaitement conforme aux accords judiciaires qui lient Berne et Washington. Le viol sur mineure, crime dont est accusé Roman Polanski, même si les faits sont vieux de trente-deux ans, n’est prescrit ni en droit suisse, ni en droit américain. Comme le cinéaste n’encourt pas la peine de mort, rien ne s’oppose donc à son extradition.

Pas même le fait que, possédant un chalet à Gstaad, Polanski se soit, ces dernières années, rendu à plusieurs reprises en Suisse pour respirer le bon air des montagnes. Ce n’est pas parce que la police et la justice ont été négligentes par le passé que le cinéaste était autorisé à croire qu’elles avaient passé l’éponge.

Aux yeux de la justice américaine, Polanski, plus que d’une pratique sexuelle prohibée par la loi, s’est rendu coupable de felony, cet abus de confiance envers une justice qui vous a cru sur parole. Il a fui à l’étranger alors qu’une ordonnance d’incarcération avait été imposée par un juge à la suite d’un plea bargain, un compromis judiciaire où il reconnaissait les faits en échange d’une incrimination moins grave.

Cela n’a rien à voir avec cette vieille histoire de viol présumé, pour lequel la victime, d’ailleurs, a depuis longtemps sinon pardonné, du moins cessé de demander réparation en échange de compensations financières. Polanski, donc, a une ardoise avec la justice américaine qu’il lui est impossible, selon les lois en vigueur, d’effacer sans comparaître physiquement devant un tribunal californien.

Voilà pour les faits. Mais on ne peut s’empêcher de penser que la justice et le gouvernement helvétiques n’étaient pas mécontents de jouer un mauvais tour à une administration américaine qui n’a cessé, ces derniers mois, de les harceler au sujet de la levée du secret bancaire pour les contribuables des Etats-Unis cherchant à échapper à l’impôt en plaçant leur argent dans les établissements financiers suisses.

Comme la séparation des pouvoirs n’est pas un vain mot outre-Atlantique, il sera impossible au président Obama d’exercer son droit de grâce avant que Polanski n’ait été jugé pour les faits reprochés, qui peuvent lui valoir jusqu’à cinquante ans de prison. Il va faire l’objet de pressions de l’opinion publique internationale sans être en mesure d’influer sur le cours des choses.

La mobilisation en faveur de Polanski est impressionnante : les deux Etats dont il possèdent la nationalité, la Pologne et la France émettent des protestations d’autant plus véhémentes qu’elles n’auront aucune chance d’entraver le processus judiciaire. Hollywood, Saint-Germain des Prés, Prenzlauer Berg et autres sanctuaires urbains de la culture et du bon goût sont au bord de l’insurrection et réclament la libération immédiate de l’auteur du Pianiste.

Dans ce genre de situation, la méthode Kadhafi se révèle plus efficace que la mobilisation des intellectuels et des artistes. On pourrait, par exemple séquestrer Jean-Luc Godard dans le centre de rétention de Roissy, lors de son prochain voyage à Paris, et lui repasser en boucle les inepties maoïstes qu’il a commis jadis. Ou enfermer Roger Federer dans les toilettes de Roland Garros si Polanski est toujours sous clé en mai prochain.

D’ores et déjà, il semble indécent que notre président arbore la Patek Philippe offerte par son épouse. Les seuls combats vraiment perdus sont ceux que l’on n’a pas livrés.

Le Pianiste [Édition Collector]

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Mieux que Facebook : le réseau social-démocrate

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L’excellent blog French Politics de l’universitaire américain Arthur Goldhammer est bien cruel avec notre Net politique. Certes, on a eu raison, explique-t-il de se gausser des pitreries 2.0 de Ségo, mais la concurrence socialiste ne vaut guère mieux. A titre d’exemple, on nous renvoie vers le tout nouveau site bertranddelanoe.net, qui, il est vrai, ne casse pas des briques, graphiquement parlant. Sauf que là, au moins, le contenu est de très haut niveau. Certes, il y a fort peu d’internautes qui y interviennent, mais quelle classe, quelle lucidité, quel esprit ! Un exemple ? Voilà ce qu’y écrit un certain Baptiste : « Bonjour Bertrand Delanoë. Le message qui suit est un soutien.
 Soutien pour votre action à Paris.
 Soutien pour votre exigence dans tous les dossiers auxquels vous devez faire face. 
Soutien pour votre fidélité, votre loyauté en politique.
 Soutien pour votre intégrité qui est en totale opposition avec nos maires précédents et de nombreux responsables politiques qui empoisonnent nos débats publics. 
Soutien pour votre courage en politique.
 Enfin soutien pour le futur, car aujourd’hui vous êtes le seul qui, rassemblant les qualités précédemment citées, possède l’envergure nécessaire à la construction d’un projet alternatif à la droite pour les échéances électorales de 2012. Ne renoncez pas. Je vous en prie. Nous comptons sur vous.
 Allez jusqu’au bout, Vous n’avez rien à perdre. Rien de rien…» On espère que Bertrand aura le courage de répondre à de telles critiques…

Rendez-nous l’Heure de Vérité !

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hdv

L’engueulade dont a été victime Arlette Chabot a été l’occasion pour le Président de la République d’émettre une excellente idée. Ceux qui m’accusent d’anti-sarkozysme primaire en seront pour leurs frais. Je sais le reconnaître quand cela arrive, même si c’est trop rare[2. Mon anti-sarkozysme secondaire demeure intact, en revanche.].

Mais revenons à l’épisode s’il vous a échappé. Après l’intervention télévisée de New York, équipe présidentielle et journalistes des première et seconde chaînes se retrouvent autour d’un repas. Sur le dossier iranien, Kouchner et Sarkozy montrent leurs désaccords. Alors que, sagement, les autres convives laissent passer l’orage, Arlette-la-gaffeuse glisse :« Cela ferait un beau débat sur France 2. » Le Président, dont on sait – Arlette la première – qu’il a plusieurs fois déploré le manque d’émissions politiques sur le service public de télévision, saute sur l’occasion et rosse la directrice de l’information. Catherine Nayl[2. A ne pas confondre avec Catherine Nay.], qui fait le même boulot sur TF1 que sa consœur Arlette sur France 2, vole au secours de cette dernière. Il n’y a aucune émission de ce type sur sa chaîne, alors que Mots Croisés et A vous de Juger démontrent un certain volontarisme sur le service public.

Sauf que, dans l’esprit du Président, le service public doit faire davantage qu’une chaîne commerciale. Et il regrette le bon vieux temps de « L’heure de vérité ». Là voilà l’excellente idée que je faisais miroiter en introduction.

« L’heure de vérité ! » Le long couloir d’un pas décidé aux côtés de François-Henri de Virieu, accompagnés par Live and let die de Paul Mac Cartney et les Wings, les trois éditorialistes qui cuisinaient chacun quinze minutes un politique qui devait tenir la distance, la signature du livre d’or en conclusion, cela avait de la gueule ! Et tout cela juste après le journal de vingt-heures pendant des années, puis à midi le dimanche. Certes, je me rappelle aussi de mon arrière-grand-père me martelant qu’on aurait dû appeler cette émission « l’heure du mensonge », mais que dirait-il aujourd’hui, le pauvre ? En voyant l’autre jour Allègre et Cohn-Bendit se chamailler tout en se tutoyant comme au bistrot, il aurait de quoi être effaré.

Faisons un rêve audiovisuel. On rétablit l’heure de vérité. France 2 peut très bien faire de Calvi le présentateur. Des nouveaux éditorialistes, il y en a. On n’est pas obligé de rappeler Duhamel, Nay et Colombani, comme le fait Denisot. Aphatie, qui trépigne de jalousie quand il commente la prestation de Ferrari et Pujadas, pourrait être appelé de temps en temps. Joffrin, Domenach, Thréard, Askolovitch, Fottorino, Olivennes[4. Quoi ? J’ai dit une connerie ?] et mon préféré Zemmour pourraient aussi être conviés. Mais pourquoi se limiter à la presse classique ? La presse Internet devient tous les jours davantage incontournable. Et depuis un an, l’émission Parlons netde David Abiker[5. Qui dure une heure, justement.] montre que les journalistes de la Toile n’ont rien à envier à leurs confrères plus exposés.

Nicolas Sarkozy ferait finalement un bien meilleur président de France Télévisions que de la République française. Il devrait y penser le matin en se rasant.

Burqa : on nous cachait tout !

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L’émission dominicale de TF1 « 7 à 8 », présentée par l’avenant Harry Roselmack, avait programmé hier un sujet sur les porteuses de burqa (lesquelles, soit dit en passant, préfèrent l’appellation niqab, pourtant plus risquée quant aux pistes de jeux de mots blasphématoires). Après avoir enduré plusieurs reportages similaires, je m’attendais au grand numéro habituel sur le refus de la différence par nos obtus compatriotes. Ça n’a pas loupé : on voyait effectivement notre enburkée vivement prise à partie sur le marché de Montigny-lès-Cormeilles, où elle allait acheter carottes et poireaux. Mais là où mes prévisions se sont avérées calamiteuses, c’est que les « agresseuses » de notre infortunée bigote du 9/5 étaient tout d’abord une Tunisienne, puis deux musulmanes camerounaises en boubou, toutes fort pieuses au demeurant, mais remontées comme des pendules contre le streetwear salafiste. Mea culpa, donc : quand la télé fait son boulot, on regrette d’avoir revendu la sienne sur Ebay.

Sexe décroissant

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Dans un véritable élan philanthropique et, sans doute, à défaut de pouvoir donner accès à des points d’eau potable, la société Camden a décidé que les femmes du tiers monde avaient elles aussi le droit à certaines joies occidentales avant de mourir de faim et a pour cela créé un vibromasseur, pardon un sex toy, spécialement adapté à ces pays lointains qui n’ont ni la démocratie, ni le courant. L’objet s’appelle The Earth Angel (L’ange de la Terre) et a un design des plus sommaires, qui en fait un peu la Trabant du godemiché face aux BMW carrossées par Sonia Rykiel. Mais, comme la Trabant, sa rusticité est garante de longévité et, surtout, une simple manette à l’extrémité permet de recharger une batterie sans avoir besoin de prise, ce qui présente un avantage certain en ces temps de décroissance. C’est pour cela que, présenté par Camden dans un salon de l’électronique en Autriche, l’Ange de la Terre a conquis de nombreux décideurs qui s’apprêtent à pénétrer le marché, pour mieux l’inonder.

Paul Gégauff, bientôt de retour

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Il y a au moins une vraie bonne nouvelle dans cette rentrée littéraire. Le 22 octobre, Tous mes amis de Paul Gégauff, un recueil de nouvelles introuvable depuis sa première édition chez Julliard sera réédité dans la collection Les Inclassables des éditions Alphée, collection dirigée par Arnaud Le Guern. Paul Gégauff était un admirable écrivain dégagé, comme il y a des écrivains engagés, qui donna l’essentiel de sa production littéraire, soit quatre romans, dans les années cinquante aux Editions de Minuit ce qui faisait de lui une sorte de Roger Nimier égaré dans le catalogue glacé du Nouveau Roman. Scénariste préféré de Chabrol, il travailla également pour Barbet Shroeder (More) ou René Clément (Plein soleil), et de quelques autres moins glorieux mais il fallait bien manger, se payer des décapotables et sortir de jolies actrices. Gégauff, grand séducteur, fit même plusieurs apparitions comme acteur, notamment dans Une partie de plaisir en 1975.

Paul Gégauff est mort pendant un réveillon arrosé de Noël 1983, en Norvège, poignardé à soixante-et-un ans par sa compagne de vingt-cinq. Il n’était manifestement pas équipé pour traverser les années quatre-vingt, ce qui est tout à son honneur. On ne sera pas sans vous reparler de cet admirable feu follet.

Le mirage Die Linke

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Affiche de campagne de Die Linke : Taxer la richesse !
Affiche de campagne de Die Linke : Taxer la richesse !
Affiche de campagne de Die Linke : Taxer la richesse !

Une véritable jubilation s’est manifestée au sein de la gauche de la gauche française après les résultats des élections législatives allemandes du 27 septembre. De Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon, on a salué avec enthousiasme le succès relatif du parti Die Linke (La Gauche) qui a obtenu près de 12% des suffrages, contre 8,8% en 2005. A l’exception du NPA de Krivine et Besancenot, qui pointe les contradictions internes de cette formation hétéroclite, tout ceux qui contestent les ouvertures de la direction du PS et de Dany Cohn-Bendit en direction du Modem se sentent confortés dans leur stratégie de rassemblement de la gauche et de l’extrême gauche.

Il n’est pas inutile de leur rappeler que la montée en puissance de Die Linke en Allemagne survient dans un contexte de recul historique de l’ensemble de la gauche (SPD, Verts, Die Linke), qui totalise moins de 46% des suffrages contre 48,5% à la droite (CDU, CSU, FDP). Il faut également noter que les 6% de voix qui se sont portées sur des petites listes sont principalement allées vers des formations de droite ou d’extrême droite, à l’exception de la liste des Pirates (2%) dont le positionnement idéologique est pour le moins flou.

Le « succès » de Die Linke est le résultat d’un vote-sanction contre le SPD d’une fraction de l’électorat social-démocrate qui n’a toujours pas digéré les réformes effectuées par Gerhard Schröder lorsqu’il était chancelier (Agenda 2010) pour restaurer la compétitivité de l’économie allemande en réduisant les prestations sociales (santé et assurance chômage).

Le talent oratoire des deux principaux leaders de Die Linke, l’ex-social démocrate Oskar Lafontaine et l’ex-communiste Gregor Gysi, jamais en reste de rhétorique populiste, a mis en lumière, par contraste, le faible charisme de leurs concurrents du SPD et des Verts. Ces derniers n’ont pas retrouvé de personnalités capables d’enflammer les foules par leur verbe depuis le retrait de la vie politique de Gerhard Schröder et de Joshka Fischer.

Mais ces atouts conjoncturels ne sauraient masquer le caractère hétérogène et fondamentalement instable d’un parti composé de nostalgiques de l’ex-RDA, de syndicalistes ouest-allemands en délicatesse avec un SPD paralysé dans une  » grande coalition » avec la CDU d’Angela Merkel, et d’une nébuleuse de groupements gauchistes et altermondialistes.

D’ores et déjà, des tensions se font jour entre les tenants d’une stratégie visant à faire de Die Linke un parti koalitionfähig (capable de former une coalition au niveau fédéral[1. Die Linke participe au gouvernement du Land de Berlin avec le SPD, et pourrait bientôt entrer dans ceux du Brandebourg et de la Sarre. Mais cette alliance demeure exclue au niveau fédéral par le SPD.], et ceux qui ne sont pas près de sacrifier les grands principes (sortie de l’OTAN, nationalisation de banques) au réalisme pour participer à un gouvernement avec le SPD et les Verts.
La présence, encore massive, dans ses rangs, d’anciens militants et responsables du SED, le Parti communiste est-allemand, le rend vulnérable à des campagnes de diabolisation menées par la droite. Il faut être un grand rêveur, comme Alexandre Adler, pour voir en Gregor Gysi un futur Barack Obama à l’allemande au motif que ses parents ont été, jadis, des membres de l’Orchestre rouge[2. Entendu le 29 septembre, vers 8h30 sur France Culture. L’Orchestre rouge était un réseau d’espionnage antinazi, animé par des antifascistes allemands pour le compte de l’URSS.]. Les Allemands d’aujourd’hui, même s’ils apprécient ses bons mots et son humour dans les talk-shows à la télévision ont une mémoire moins sélective, et se souviennent que son père, Klaus Gysi fut aussi un haut dignitaire du Parti communiste, ambassadeur puis ministre de la culture d’Erich Honecker…

D’autre part, le retour du SPD dans l’opposition, et les changements à la tête du parti qui vont intervenir dans les prochains jours (à la différence de ce qui se passe en France avec le PS, on ne garde pas une équipe qui perd) devraient lui permettre de renouer le contact perdu avec sa clientèle traditionnelle des ouvriers et des classes moyennes.

Il lui reste, et c’est la où le bât blesse, à élaborer une stratégie d’alliances pour revenir au pouvoir dans un contexte globalement défavorable à la social-démocratie à l’échelle européenne.
La droitisation du gouvernement fédéral va, bien sûr, lui donner du grain à moudre sur des thèmes où il se retrouvera côte à côte avec Die Linke et les Verts : l’opposition aux centrales nucléaires, à la participation de la Bundeswehr aux opérations en Afghanistan, les atteintes aux acquis sociaux.
S’il jette par dessus bord l’héritage réaliste (certains diront social-libéral) de Gerhard Schröder, le SPD risque de s’aliéner une partie des nouvelles classes moyennes urbaines pour se replier sur ses bastions traditionnels de la vieille industrie en déclin.
S’il y reste attaché, en l’adaptant au contexte de cette après-crise pour lequel l’Allemagne semble mieux placée que ses principaux voisins européens, il va se trouver en difficulté avec ses alliés potentiels à gauche.

Comme il ne faut pas trop compter sur des erreurs politiques majeures d’une Angela Merkel à la prudence proverbiale pour pallier ces handicaps, la gauche allemande de gouvernement n’est pas dans une position plus favorable que son homologue française.

Union sacrée antifashioniste

57

L’Angleterre, connue pour son laxisme vis-à-vis des tendances les plus radicales de l’Islam, n’est néanmoins pas un pays où on peut faire subir tout et n’importe quoi aux femmes. Ainsi le gouvernement de sa Gracieuse Majesté s’apprête à légiférer, avec le soutien des syndicats, pour interdire sur les lieux de travail un accessoire vestimentaire rétrograde et attentatoire à la dignité des salariées. En conséquence de quoi, on ne va pas interdire la burqa, faut pas rêver, mais les escarpins à talons hauts, accusés de provoquer ampoules, durillons et lumbagos…

Mon Clearstream à moi

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mamet

On gagne beaucoup de temps mettant à profit ses heures de travail pour ouvrir un roman, un bon, s’entend. Essayez, vous verrez. Plutôt que de suivre H24, le nez collé sur l’écran plat, les rebondissements du procès Clearstream, plongez-vous dans La Compagnie de Robert Littell ou dans La quatrième Durango de Ross Thomas.

On peut même, à condition d’avoir un collègue qui badge en votre lieu et place avec dextérité, sécher le bureau de temps à autre et aller voir dans les salles d’art et essai quelques bons vieux films, américains eux aussi, cela va de soi. Par exemple Sens unique de Roger Donaldson ou La Prisonnière espagnole de David Mamet

Toutes ces œuvres, qui n’ont a priori pas grand chose en commun – à part d’être plus crédibles qu’un listing d’Imad Lahoud et méchamment mieux troussées qu’un roman de Denis Robert –, nous disent tout ce qu’il faut savoir sur l’affaire Clearstram.

Vous n’y verrez bien sûr rien sur les secrets de la banque luxembourgeoise ou sur le tripatouillage intéressé de son fichier clients. En revanche, vous y découvrirez des superbes mécaniques d’intoxication, de désinformation, de déstabilisation, toutes assises, dès leur conception, sur une manip visant à faire passer la cible d’un complot pour l’instigateur de celui-ci. En refermant l’un de ces livres, ou après avoir vu un de ces films, vous aurez au moins compris qu’il est parfaitement vain de savoir qui de Villepin ou de Sarkozy est le faux coupable et qui la fausse victime, à moins d’avoir des opinions arrêtées sur la problématique de l’œuf et de la poule.

Une fois qu’on suppute tout ça, l’amertume, plus que l’aventure, est au coin de la rue. Mais c’est pas grave. Au moins, vous saurez que vous ne saurez rien. Socrate l’a dit il y a 2500 ans, et à ma connaissance, c’est toujours d’actu. Car le pire client, pour ceux qui font la politique aujourd’hui, c’est celui qui sait qu’on lui raconte des histoires. Et donc écoute d’une oreille parfois attentive, parfois distraite mais toujours en n’en pensant pas moins, bref celui qui peut rêver de lendemains qui chantent sans pour autant croire au Père Noël (cette dernière allusion n’est pas tout à fait gratuite : Santa Claus a été inventé par des communicants, ceux de Coca-Cola en l’espèce).

Maintenant que j’ai clairement exposé qu’à mon humble avis, on ne saura jamais qui de DDV ou de NS qui a cherché en premier à niquer l’autre, on pourrait croire l’affaire purgée. Erreur. Reste une ultime hypothèse. Et si nos Machiavel’s Twins postnéogaullistes étaient tous deux innocents ?

Là, ce n’est pas vers la littérature ou le cinéma qu’il faut se tourner, pour entrevoir une solution viable mais vers l’exquise contre-culture corporate (là encore , elle est souvent d’origine US, mais je n’y peux rien si ça me parle plus que Derrida ou Bourdieu). Contre-culture qui nous a donné des petits bijoux tels la loi de Murphy (la tartine tombe toujours sur la face beurrée) ; la loi de Barton (en connectant une prise USB sur le port ad hoc, on est certain de la brancher du mauvais côté), ou encore la fabuleuse loi de Hofstadter sur les délais, process et autres rétroplannings qui stipule : « Ça prend toujours plus de temps qu’on croit, même en prenant en compte la loi de Hofstadter. » Rien de tout cela ne concerne directement Clearstream (quoique, mais bon…).

En revanche, on est en plein dedans avec un autre théorème issu de la vie de bureau : le Rasoir d’Hanlon,. C’est une plaisante dérivation d’un incontournable de la philo médiévale, le fameux « rasoir d’Ockham » : en VO « Entia non sunt multiplicanda prater necessitatem », en VF simplifiée : « Entre deux hypothèses valables, choisissez la plus simple. » Or pour Hanlon, la bêtise humaine est universellement la solution la plus simple à bien des équations réputées insolubles.

La loi du rasoir d’Hanlon s’énonce ainsi : « Never attribute to malice that which can be adequately explained by stupidity » ce qui signifie en gros : « N’attribuez jamais au calcul ce que la stupidité suffit à expliquer. »

Si ça se trouve, c’est la vraie bonne piste, et plus je regarde Rondot et Gergorin, ou encore Lahoud et Denis Robert, et plus j’y crois : et si tout ça n’était qu’une conjuration des imbéciles ?

Cohn-Bendit et Tartuffe sont dans un bateau

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Nous apprenons, par Libération, que « Daniel Cohn-Bendit critique la position de Frédéric Mitterrand sur Polanski ». Nous ne relèverons pas la formulation pour la moins ambiguë de la phrase, nous nous contenterons de souligner qu’il y en a tout de même qui ne manquent pas d’air, chose normale me direz-vous pour un écologiste. Mais tout de même, reprocher à Frédéric Mitterrand d’avoir qualifié « d’absolument épouvantable » l’arrestation de Polanski au prétexte que, nous dit notre libéral-libertaire préféré : « C’est une des histoires les plus dures puisque c’est vrai qu’il y a eu viol sur une jeune fille de 13 ans » est quand même extrêmement gonflé. Surtout de la part d’un homme qui, en bon représentant de ce néofascisme de l’idéologie du désir dont parlait le regretté Michel Clouscard, avait, vers 1975, écrit des choses plus que sujettes à caution sur la sexualité des enfants. Cela lui avait été rapproché de manière bien maladroite et inélégante par Bayrou pendant les Européennes. Est-ce à cette occasion que Cohn-Bendit a été contaminé par un virus bien plus redoutable que le H1N1, celui de la balance pour reproduire à son tour, comme les enfants maltraités, ce qu’il a subi ? Ou est-ce parfum d’ordre moral que, allez savoir pourquoi, nombre de Verts trainent dans leur sillage tant ils sont persuadés d’être dans le camp du Bien ?

L’affaire Polanski, un Roman d’aéroport

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Roman Polanski, bientôt devant la justice américaine ?
Roman Polanski, bientôt devant la justice américaine ?
Roman Polanski, bientôt devant la justice américaine ?

Il y en a un qui a dû bien rigoler sous sa tente lorsqu’un messager lui a transmis la nouvelle de l’arrestation, à Zurich, de Roman Polanski. C’est Mouammar Kadhafi, qui tient toujours la Confédération Helvétique par les parties génitales, en retenant depuis plus d’un an à Tripoli deux de ses citoyens pour obtenir le châtiment des policiers et juges de Genève responsables de l’arrestation – justifiée – de son fils Hannibal. Il ne devrait donc pas se gêner pour poursuivre son jeu du chat libyen avec la souris suisse, dans un contexte où tous les pipoles de la planète tombent à bras raccourcis sur les justices de la Suisse et des Etats-Unis.

D’un pur point de vue de droit, l’arrestation en vue d’extradition de Roman Polanski à l’aéroport de Zurich est parfaitement conforme aux accords judiciaires qui lient Berne et Washington. Le viol sur mineure, crime dont est accusé Roman Polanski, même si les faits sont vieux de trente-deux ans, n’est prescrit ni en droit suisse, ni en droit américain. Comme le cinéaste n’encourt pas la peine de mort, rien ne s’oppose donc à son extradition.

Pas même le fait que, possédant un chalet à Gstaad, Polanski se soit, ces dernières années, rendu à plusieurs reprises en Suisse pour respirer le bon air des montagnes. Ce n’est pas parce que la police et la justice ont été négligentes par le passé que le cinéaste était autorisé à croire qu’elles avaient passé l’éponge.

Aux yeux de la justice américaine, Polanski, plus que d’une pratique sexuelle prohibée par la loi, s’est rendu coupable de felony, cet abus de confiance envers une justice qui vous a cru sur parole. Il a fui à l’étranger alors qu’une ordonnance d’incarcération avait été imposée par un juge à la suite d’un plea bargain, un compromis judiciaire où il reconnaissait les faits en échange d’une incrimination moins grave.

Cela n’a rien à voir avec cette vieille histoire de viol présumé, pour lequel la victime, d’ailleurs, a depuis longtemps sinon pardonné, du moins cessé de demander réparation en échange de compensations financières. Polanski, donc, a une ardoise avec la justice américaine qu’il lui est impossible, selon les lois en vigueur, d’effacer sans comparaître physiquement devant un tribunal californien.

Voilà pour les faits. Mais on ne peut s’empêcher de penser que la justice et le gouvernement helvétiques n’étaient pas mécontents de jouer un mauvais tour à une administration américaine qui n’a cessé, ces derniers mois, de les harceler au sujet de la levée du secret bancaire pour les contribuables des Etats-Unis cherchant à échapper à l’impôt en plaçant leur argent dans les établissements financiers suisses.

Comme la séparation des pouvoirs n’est pas un vain mot outre-Atlantique, il sera impossible au président Obama d’exercer son droit de grâce avant que Polanski n’ait été jugé pour les faits reprochés, qui peuvent lui valoir jusqu’à cinquante ans de prison. Il va faire l’objet de pressions de l’opinion publique internationale sans être en mesure d’influer sur le cours des choses.

La mobilisation en faveur de Polanski est impressionnante : les deux Etats dont il possèdent la nationalité, la Pologne et la France émettent des protestations d’autant plus véhémentes qu’elles n’auront aucune chance d’entraver le processus judiciaire. Hollywood, Saint-Germain des Prés, Prenzlauer Berg et autres sanctuaires urbains de la culture et du bon goût sont au bord de l’insurrection et réclament la libération immédiate de l’auteur du Pianiste.

Dans ce genre de situation, la méthode Kadhafi se révèle plus efficace que la mobilisation des intellectuels et des artistes. On pourrait, par exemple séquestrer Jean-Luc Godard dans le centre de rétention de Roissy, lors de son prochain voyage à Paris, et lui repasser en boucle les inepties maoïstes qu’il a commis jadis. Ou enfermer Roger Federer dans les toilettes de Roland Garros si Polanski est toujours sous clé en mai prochain.

D’ores et déjà, il semble indécent que notre président arbore la Patek Philippe offerte par son épouse. Les seuls combats vraiment perdus sont ceux que l’on n’a pas livrés.

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Mieux que Facebook : le réseau social-démocrate

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L’excellent blog French Politics de l’universitaire américain Arthur Goldhammer est bien cruel avec notre Net politique. Certes, on a eu raison, explique-t-il de se gausser des pitreries 2.0 de Ségo, mais la concurrence socialiste ne vaut guère mieux. A titre d’exemple, on nous renvoie vers le tout nouveau site bertranddelanoe.net, qui, il est vrai, ne casse pas des briques, graphiquement parlant. Sauf que là, au moins, le contenu est de très haut niveau. Certes, il y a fort peu d’internautes qui y interviennent, mais quelle classe, quelle lucidité, quel esprit ! Un exemple ? Voilà ce qu’y écrit un certain Baptiste : « Bonjour Bertrand Delanoë. Le message qui suit est un soutien.
 Soutien pour votre action à Paris.
 Soutien pour votre exigence dans tous les dossiers auxquels vous devez faire face. 
Soutien pour votre fidélité, votre loyauté en politique.
 Soutien pour votre intégrité qui est en totale opposition avec nos maires précédents et de nombreux responsables politiques qui empoisonnent nos débats publics. 
Soutien pour votre courage en politique.
 Enfin soutien pour le futur, car aujourd’hui vous êtes le seul qui, rassemblant les qualités précédemment citées, possède l’envergure nécessaire à la construction d’un projet alternatif à la droite pour les échéances électorales de 2012. Ne renoncez pas. Je vous en prie. Nous comptons sur vous.
 Allez jusqu’au bout, Vous n’avez rien à perdre. Rien de rien…» On espère que Bertrand aura le courage de répondre à de telles critiques…

Rendez-nous l’Heure de Vérité !

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hdv

L’engueulade dont a été victime Arlette Chabot a été l’occasion pour le Président de la République d’émettre une excellente idée. Ceux qui m’accusent d’anti-sarkozysme primaire en seront pour leurs frais. Je sais le reconnaître quand cela arrive, même si c’est trop rare[2. Mon anti-sarkozysme secondaire demeure intact, en revanche.].

Mais revenons à l’épisode s’il vous a échappé. Après l’intervention télévisée de New York, équipe présidentielle et journalistes des première et seconde chaînes se retrouvent autour d’un repas. Sur le dossier iranien, Kouchner et Sarkozy montrent leurs désaccords. Alors que, sagement, les autres convives laissent passer l’orage, Arlette-la-gaffeuse glisse :« Cela ferait un beau débat sur France 2. » Le Président, dont on sait – Arlette la première – qu’il a plusieurs fois déploré le manque d’émissions politiques sur le service public de télévision, saute sur l’occasion et rosse la directrice de l’information. Catherine Nayl[2. A ne pas confondre avec Catherine Nay.], qui fait le même boulot sur TF1 que sa consœur Arlette sur France 2, vole au secours de cette dernière. Il n’y a aucune émission de ce type sur sa chaîne, alors que Mots Croisés et A vous de Juger démontrent un certain volontarisme sur le service public.

Sauf que, dans l’esprit du Président, le service public doit faire davantage qu’une chaîne commerciale. Et il regrette le bon vieux temps de « L’heure de vérité ». Là voilà l’excellente idée que je faisais miroiter en introduction.

« L’heure de vérité ! » Le long couloir d’un pas décidé aux côtés de François-Henri de Virieu, accompagnés par Live and let die de Paul Mac Cartney et les Wings, les trois éditorialistes qui cuisinaient chacun quinze minutes un politique qui devait tenir la distance, la signature du livre d’or en conclusion, cela avait de la gueule ! Et tout cela juste après le journal de vingt-heures pendant des années, puis à midi le dimanche. Certes, je me rappelle aussi de mon arrière-grand-père me martelant qu’on aurait dû appeler cette émission « l’heure du mensonge », mais que dirait-il aujourd’hui, le pauvre ? En voyant l’autre jour Allègre et Cohn-Bendit se chamailler tout en se tutoyant comme au bistrot, il aurait de quoi être effaré.

Faisons un rêve audiovisuel. On rétablit l’heure de vérité. France 2 peut très bien faire de Calvi le présentateur. Des nouveaux éditorialistes, il y en a. On n’est pas obligé de rappeler Duhamel, Nay et Colombani, comme le fait Denisot. Aphatie, qui trépigne de jalousie quand il commente la prestation de Ferrari et Pujadas, pourrait être appelé de temps en temps. Joffrin, Domenach, Thréard, Askolovitch, Fottorino, Olivennes[4. Quoi ? J’ai dit une connerie ?] et mon préféré Zemmour pourraient aussi être conviés. Mais pourquoi se limiter à la presse classique ? La presse Internet devient tous les jours davantage incontournable. Et depuis un an, l’émission Parlons netde David Abiker[5. Qui dure une heure, justement.] montre que les journalistes de la Toile n’ont rien à envier à leurs confrères plus exposés.

Nicolas Sarkozy ferait finalement un bien meilleur président de France Télévisions que de la République française. Il devrait y penser le matin en se rasant.

Burqa : on nous cachait tout !

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L’émission dominicale de TF1 « 7 à 8 », présentée par l’avenant Harry Roselmack, avait programmé hier un sujet sur les porteuses de burqa (lesquelles, soit dit en passant, préfèrent l’appellation niqab, pourtant plus risquée quant aux pistes de jeux de mots blasphématoires). Après avoir enduré plusieurs reportages similaires, je m’attendais au grand numéro habituel sur le refus de la différence par nos obtus compatriotes. Ça n’a pas loupé : on voyait effectivement notre enburkée vivement prise à partie sur le marché de Montigny-lès-Cormeilles, où elle allait acheter carottes et poireaux. Mais là où mes prévisions se sont avérées calamiteuses, c’est que les « agresseuses » de notre infortunée bigote du 9/5 étaient tout d’abord une Tunisienne, puis deux musulmanes camerounaises en boubou, toutes fort pieuses au demeurant, mais remontées comme des pendules contre le streetwear salafiste. Mea culpa, donc : quand la télé fait son boulot, on regrette d’avoir revendu la sienne sur Ebay.

Sexe décroissant

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Dans un véritable élan philanthropique et, sans doute, à défaut de pouvoir donner accès à des points d’eau potable, la société Camden a décidé que les femmes du tiers monde avaient elles aussi le droit à certaines joies occidentales avant de mourir de faim et a pour cela créé un vibromasseur, pardon un sex toy, spécialement adapté à ces pays lointains qui n’ont ni la démocratie, ni le courant. L’objet s’appelle The Earth Angel (L’ange de la Terre) et a un design des plus sommaires, qui en fait un peu la Trabant du godemiché face aux BMW carrossées par Sonia Rykiel. Mais, comme la Trabant, sa rusticité est garante de longévité et, surtout, une simple manette à l’extrémité permet de recharger une batterie sans avoir besoin de prise, ce qui présente un avantage certain en ces temps de décroissance. C’est pour cela que, présenté par Camden dans un salon de l’électronique en Autriche, l’Ange de la Terre a conquis de nombreux décideurs qui s’apprêtent à pénétrer le marché, pour mieux l’inonder.