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Dame Sandrine en son tribunal

Les vedettes du cinéma Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve se sont soumis aux questions de l’inquisitrice MeToo cette semaine, à l’Assemblée nationale.


Au nombre des nostalgies de la gauche française actuelle il y a indéniablement l’Inquisition. L’Inquisition avec ses méthodes, sa pompe, ses œuvres. En l’occurrence, l’affaire a pour cadre « la commission d’enquête parlementaire relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité ».

Qui de mieux pour présider une telle commission que Mme Sandrine Rousseau, grande prêtresse de la croisade MeToo, pourfendeuse ardente de la masculinité et du patriarcat réunis ? Elle a trouvé là un rôle à sa mesure. Juchée à la tribune en dominatrice toisant son monde, elle rayonne, darde ses questions comme on darde les flèches destinées à l’hérétique. On l’imaginerait assez aisément chaussée de cuissarde de cuir noir, sanglée dans un bustier du même métal, avec, posés à portée d’une main un exemplaire très fatigué à force d’usage du Wokisme pour les Nuls, et de l’autre main le fouet de la repentance.

Dominique Besnehard se lève et se casse

Donc, il s’agit de traquer dans l’univers des activités chic et choc évoquées ci-dessus les signes, les traces de manifestations telles que plaisanteries salaces, œillades malsaines, main au popotin, etc. Bien sûr, ces élans hors consentement sont inadmissibles, réprimandables, voire condamnables. Cependant, il y a la loi et les tribunaux – les vrais – pour ce faire. Fallait-il impérativement aller jusqu’à instituer une commission d’enquête parlementaire ? Etait-ce une impérieuse demande de l’électeur au moment où, lors des législatives, il glissait son bulletin dans l’urne ? Poser la question en ces termes dispense évidemment de formuler la réponse.

Toujours est-il que cette commission a lieu et que – on pardonnera cette facilité – Madame la présidente semble y prendre son pied. Me permettrai-je une suggestion : afin de perpétuer son bonheur, ne pourrait-elle enchaîner avec une commission du même tonneau, dédiée cette fois à son petit monde à elle, à la vie parlementaire, une commission explorant et exhumant les pratiques ayant cours dans ce domaine à l’Assemblée, au Sénat dont il ne semble pas que l’allusion graveleuse et le geste leste en aient été totalement expurgés. Du moins si l’on s’en remet aux rumeurs de couloir de ces estimables institutions.

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Cela dit, le casting du petit tribunal de Dame Sandrine a de quoi affrioler les gazettes. Noms connus, vedettes populaires, stars adulées. Or, parfois, cela ne tourne pas aussi bien que la présidente l’espère. Ainsi la révolte, récemment, d’un homme du sérail de grande réputation, Dominique Besnehard qui, réalisant en cours d’audience qu’il se trouvait là non pas seulement pour apporter des éléments de connaissance, mais bel et bien pour passer en jugement, s’est cabré, offusqué : «  Si c’est pour me juger, je me taille ! »

Le festival de cucks

Cependant, d’autres personnalités du milieu ont bien voulu se soumettre, acceptant comparaître de leur plein gré devant le tribunal de Dame Sandrine. Un peu comme on va à Canossa, voyez-vous. Le tribut de la bonne conscience.

Jean Dujardin – qui en la circonstance aurait peut-être dû se souvenir que c’est dans un rôle muet qu’il fut à son meilleur – Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve sont de la distribution. Là, on masque l’effet inquisition en qualifiant l’audition de « table ronde ». Tenue à huis clos, en outre. Cela dit, ils n’ont pas vu ni entendu grand-chose, les quatre comparaissants. « Des plaisanteries qui ont été mal comprises », des comportements un peu « lourds ». Bref, des scories relevant « de vieux réflexes d’un autre monde ». Le monde d’avant Dame Sandrine, on l’aura compris. Il n’est pas exclu qu’eux-mêmes, dans un temps plus ou moins reculé, aient pu avoir eu à essuyer quelques désagréments dans ce registre. Mais désormais on veille au grain. Jean Dujardin, par exemple, n’omet pas de poser au metteur en scène avec qui il s’apprête à tourner la question qui tue : « Est-ce que t’es un connard ? »  Apparemment, aucun n’a répondu par l’affirmative, ce que l’enquête parlementaire n’aurait pas manqué, naturellement, de nous révéler.

Néanmoins, on retiendra que les quatre mousquetaires MeToo compatibles ont pris soin de livrer quelques recommandations : que les règles selon le catéchisme de Dame Sandrine soient lues « à haute voix » (sic) en début de tournage ; que les référents VHSS (violences et harcèlement sexistes et sexuels) chargés du flicage en ces matières sur les plateaux et lieux de tournage soient indépendants de la production ; qu’un meilleur encadrement des fêtes de tournage soit prévu. Et – mesure cette fois de vrai bon sens – que les scènes de sexe soient très précisément décrites, scénarisées, fixées avant leur exécution afin d’éviter tout dérapage, toute mauvaise surprise. Cela est bel et bon. Pour autant était-il absolument indispensable d’en passer par l’Assemblée nationale pour cela ? On en doute. Mais jusqu’où n’irions-nous pas pour que Dame Sandrine, se sentant enfin utile, rayonne de bonheur ?

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Quand l’islamo-gauchisme réserve une salle à l’Assemblée nationale

La députée de droite Hanane Mansouri accuse l’institution d’avoir ouvert ses portes à une réunion très controversée sur l’ « islamophobie » et de fermer les yeux.


Une table ronde pour « comprendre l’islamophobie pour mieux la combattre » a réuni un parterre d’associations de choix à l’invitation du député LFI fiché S du Vaucluse, Raphaël Arnault, le 12 mars à l’Assemblée nationale. Parmi les participants figuraient Les Hijabeuses, qui militent pour le port du voile sur les terrains de sport, accompagnées des Musulmans Étudiants de France, une association étudiante connue pour réclamer des salles de prière à l’université. Cerise sur le gâteau : le CCIE (Conseil contre l’islamophobie en Europe), branche belge du défunt CCIF (Conseil contre l’islamophobie en France), association dissoute par le gouvernement français après l’assassinat de Samuel Paty en raison de l’implication de certains de ses membres dans la campagne de lynchage public du professeur.

https://twitter.com/hanane_mnsr/status/1899840267986915783

Le cadre est posé, restait à choisir la scène. Plutôt que d’organiser cette réunion dans un local LFI, une mosquée, un café ou le siège d’une obscure association, M. Arnault a opté pour le cadre solennel du Palais Bourbon. Une profanation institutionnelle qui illustre, s’il en était encore besoin, la stratégie bien rodée d’agitprop du député antifa d’Avignon.

Quelle indignité !

La députée UDR de l’Isère, élue en juillet dernier, Hanane Mansouri ne s’y est pas trompée. Pour interrompre ce conclave islamo-gauchiste, elle a d’abord écrit à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour tenter d’interdire la réunion : « Il règne au début un certain flou. Dans le même temps, on comprend bien qu’au fond d’elle, la présidente de l’Assemblée n’est pas ravie que cette association puisse être accueillie et joue la carte de l’impuissance juridique. » Melle Mansouri, ciottiste, avait choisi de faire alliance avec le RN pour battre sa rivale du Nouveau Front populaire qui avait bénéficié du retrait de la candidate Renaissance l’été dernier… Aucun trouble à l’ordre public n’ayant été constaté, la présidence, bien que regrettant la tenue de la réunion, a effectivement déclaré ne pas disposer des moyens de l’interdire. Déjà alertée dans la semaine, Yaël Braun-Pivet avait répondu par des gestes évasifs, semblant dire « je n’y peux rien », faute d’éléments tangibles de trouble à l’ordre public. Mais ces éléments sont-ils nécessaires pour interdire une réunion à l’Assemblée ? « La présidence de l’institution a un pouvoir discrétionnaire d’autorisation des réunions », assure la députée.

Qu’à cela ne tienne, Hanane Mansouri a décidé de se rendre à la réunion, armée de son éthique républicaine, d’une page du Journal Officiel et de quelques arguments juridiques : « Je suis allée à la réunion de Raphaël Arnault avec le Journal Officiel mentionnant la dissolution du CCIF. Il m’a fait mettre dehors. » Le symbole est fort : un député de la République chasse une collègue élue d’une réunion où sont accueillies des organisations prônant une islamisation rampante de l’espace public. Et M. Arnault peut compter sur la neutralité bienveillante de son institution : « On pensait que le sketch s’arrêterait là. Mais le lendemain, j’ai reçu un courrier de l’Assemblée nationale me reprochant un comportement indigne, car la présidence avait autorisé la réunion ! » L’indignité, donc, ce n’est pas d’accueillir des groupes liés à un islam politique qui grignote peu à peu le modèle républicain. L’indignité, aux yeux de la présidence macronienne de l’Assemblée, c’est de le dénoncer. On se pince. « Faibles avec les forts, forts avec les faibles », résume la députée.

Soumission et services rendus

Pourquoi une telle sévérité contre Hanane Mansouri, alors que Yaël Braun-Pivet s’était montrée bien plus vigilante par le passé, notamment contre la venue d’un militant du FLPL ? Que s’est-il donc passé depuis ? L’ego du perchoir, peut-être ? Non : Hanane Mansouri a désobéi. Or, Yaël Braun-Pivet n’aime pas l’indiscipline… N’anime-t-elle pas les séances en maîtresse d’école ? Régulièrement, elle sort sa règle et tape. Rappels à l’ordre et sanctions se sont multipliés depuis son entrée en fonction. Son courrier adressé à la députée en témoigne : pédagogique, moralisateur, infantilisant. « L’Assemblée nationale n’est pas un lieu de spectacle et de coups médiatiques, mais une institution qui doit être exemplaire (…) », y lit-on. Il est ensuite demandé à Hanane Mansouri de « respecter les règles en vigueur dans cette institution et de faire en sorte que ce type d’incidents ne se reproduise pas. »

Exemplaire, oui, mais pour qui ? « Pour Yaël Braun-Pivet, LFI peut faire venir des islamistes à l’Assemblée, mais en le dénonçant, c’est moi qui fais honte à notre institution ? Si cette scène que vous déplorez, tout comme moi, a pu se produire, c’est parce que vous l’avez autorisée », a tweeté la députée UDR en réponse. Hanane Mansouri voit derrière ce « zèle étonnant » à protéger certains groupes, un acte politique : « Les macronistes et LFI se sont sauvés les uns les autres pendant les dernières législatives. La présidente paie-t-elle sa dette envers La France insoumise ? »

Soumission

Cette affaire, loin d’être un cas isolé, révèle aussi l’ampleur de la pénétration institutionnelle de l’islamisme dans la société française. Le maillage est global : relais universitaires, relais médiatiques, connexions directes avec les élus d’extrême gauche, comme l’a décrit Florence Bergeaud-Blackler dans ses travaux. « Tout cela fonctionne en réseau. AJ+, par exemple, la branche de la chaîne Al Jazeera, est un média d’apparence wokiste qui diffuse des idées sur les transitions de genre, mais l’objectif reste de déstabiliser la société occidentale pour que tout conservatisme ne soit représenté que par les Frères musulmans » croit savoir Melle Mansouri. Pour la députée, « le CCIE est [par ailleurs] organiquement lié à la confrérie des Frères musulmans. »

Hanane Mansouri paie son engagement au prix fort, en témoignent certains messages qu’elle reçoit notamment via ses comptes X ou Instagram : menaces de mort, insultes racistes. « Arabe de service », « beurette »… Ils évoquent mes proches, expliquent que je suis une traître à la communauté arabo-musulmane. » La députée gêne les islamistes et leurs alliés d’extrême gauche : une Franco-Marocaine qui refuse la soumission contrarie forcément les discours victimaires et communautaristes.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a également dénoncé la tenue de cette réunion dans un tweet. Mais la députée est dépitée : « Beaucoup de paroles, mais cela fait neuf mois qu’il est ministre de l’Intérieur. Il aurait très bien pu écrire à la présidente pour lui demander de ne pas laisser cette réunion honteuse se tenir. » Derrière les tweets et les discours chocs, il y a finalement peu d’actes. « Il devra un jour choisir. » Dans la course pour l’élection à la présidence des Républicains, Bruno Retailleau est d’ailleurs régulièrement accusé par son rival Laurent Wauquiez d’être corseté à la majorité macroniste par solidarité gouvernementale. Le macronisme préfère baisser pavillon plutôt que de troubler le « front républicain » de second tour. Mais certains députés ont encore l’audace de refuser la taqiya et de dénoncer le scandale.

Du nouveau sur le « génocide » à Gaza

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L’ONU accuse Israël de s’en prendre délibérément à la santé reproductive à Gaza, évoquant des « actes génocidaires ». Selon un rapport publié le jeudi 13 mars, les autorités israéliennes auraient en partie détruit la capacité des Palestiniens de Gaza à avoir des enfants. Israël dément fermement.


Le mot génocide, qui est aujourd’hui le terme le plus violent, le plus ignoble, mais malheureusement le plus efficace pour délégitimer Israël, vient d’être utilisé à son encontre dans un rapport de l’ONU publié le 13 mars 2025.

Ce rapport provient d’une Commission créée par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU en 2021 pour enquêter sur la situation dans, je cite, «le territoire palestinien occupé y compris Jérusalem-Est».

Trois membres composent cette commission. Aucun n’est neutre envers Israël. L’indien Miloon Kothari avait écrit que les réseaux sociaux, largement contrôlés par le lobby juif, gênaient son travail, l’Australien Chris Sadone avait dit que les accusations d’antisémitisme étaient lancées au moindre prétexte. Quant à la présidente de la Commission, la Sud-africaine Navi Pillay, originaire de la vile de Durban de funeste mémoire, elle avait laissé, comme Haut Commissaire aux Droits de l’Homme de 2008 à 2014 le souvenir d’une animosité particulièrement marquée contre Israël, dans un environnement où cette animosité est pourtant monnaie courante.

Une méthodologie douteuse

La Commission a déjà publié en 2024 deux rapports sur la situation à Gaza, l’un en juin et l’autre en octobre. Dans le premier rapport, la commission avait procédé à une comparaison entre Israël et le Hamas systématiquement défavorable à Israël, sans jamais qualifier le Hamas autrement que comme un protagoniste légitime. Ainsi, alors qu’Israël est blâmé de ne pas avoir protégé ses citoyens le 7-Octobre, ce qui est un comble de la part d’une telle commission, et que des crimes sexuels sont attribués aux deux parties, pour le Hamas ces crimes  sont considérés comme non prémédités et  non entièrement démontrés, et pour Israël  de crimes planifiés visant à humilier la population gazaouie. La commission avait été scandalisée par les images de Palestiniens en slips, surveillés par l’armée israélienne et elle a longuement repris ce thème dans le rapport actuel, sans  jamais signaler que les ceintures d’explosifs ne sont pas une vue de l’esprit…

A relire: La Cour Pénale Internationale, une belle idée dévoyée

Le rapport d’octobre se concentrait sur les attaques par Israël d’établissements hospitaliers sans jamais mentionner que ces établissements étaient souvent utilisés par le Hamas à des fins bien peu hospitalières. Le rapport actuel y revient.

La méthodologie de l’enquête, même si on l’agrémente de l’utilisation de moyens numériques modernes de reconnaissance d’images, laisse songeur : des interrogateurs à Gaza dont on prétend qu’ils sont objectifs et des témoignages dont il serait malséant de suspecter la véracité. Il y a les accusations de crimes sexuels, c’est-à-dire des situations humiliantes lors d’interrogatoires, de nouveau les prisonniers en slip, les destructions d’hôpitaux, les conditions sanitaires, la famine, sans que jamais la responsabilité du Hamas ne soit évoquée. 

Démonstration absurde

Il y a aussi une pépite: la destruction du principal centre de fertilité in vitro de Gaza. Pourquoi «une pépite»? Parce que sa destruction a entrainé des pertes irréversibles pour la santé reproductive des Palestiniennes, ce qui permet à la commission de qualifier tout particulièrement cette destruction d’acte génocidaire. Tels qu’ils sont définis par la loi internationale, les actes génocidaires peuvent  n’avoir entrainé aucune mort: c’est le cas des transferts forcés d’enfants d’un groupe à un autre groupe, c’est le cas comme ici de mesures aboutissant à entraver les naissances au sein du groupe. 

On perçoit l’absurdité de la démonstration. Peu importe que ce centre de fertilité ait été ou non un centre terroriste, comme d’autres hôpitaux de Gaza l’ont été. Peu importe non plus que ces actes soi-disant génocidaires n’aient pas empêché que dans l’année 2024 il y ait eu 50 000 naissances à Gaza, bien plus que de décès d’enfant gazaouis même en prenant, comme le fait la commission les chiffres de mortalité du Hamas comme parole d’évangile (si je puis dire)…

Les conséquences sont graves. La commission ment en prétendant qu’elle reste sur le plan juridique strict en disant qu’Israël commet des actes génocidaires. Elle va désormais étudier la question de l’intentionnalité, ce qui transforme des actes génocidaires en génocide. Chris Sadone a dit qu’il avait des raisons de penser que cette intention était bien présente, ce qui donne une idée de la conclusion à venir.

Philippe Sands, le juriste international qui a écrit le Retour à Lemberg et qui se méfie du concept de génocide instauré par Lemkin, insiste sur le fait que la Cour Internationale de Justice est extrêmement stricte sur la définition de génocide. La volonté de destruction d’un groupe humain doit être l’intention unique ou massivement prédominante, de la perpétration des «actes génocidaires». Il considère qu’il n’y a aucune chance que cette Cour admette ce terme contre Israël.

Malheureusement, beaucoup de gens de bonne volonté qui pensent à tort qu’elle l’a déjà fait, se sentiront confirmés par cette vicieuse déclaration «d’actes génocidaires». C’est bien là l’objectif que suivent la Commission et le Conseil des Droits de l’Homme… Honte à eux. Ne laissons pas, quant à nous, les gens de bonne volonté être dupes.

Patrons en France: la sinistrose

Difficile de garder le moral quand on est patron en France, pays où les prélèvements obligatoires, les impôts sur la production et les charges patronales sont les plus élevés au monde. L’étymologie latine de sinistre, « sinister – situé à gauche », définit admirablement l’origine politique du problème.


Prétendument envié par le monde entier, le modèle social français ne déchaîne réellement les passions qu’en Afrique et chez les nostalgiques de l’Union soviétique. En tout cas, les patrons français le goûtent peu. Des entrepreneurs mal-pensants se prennent même à rêver que ce chef-d’œuvre connaisse le sort prédit par Louis F. Céline aux débiteurs chroniques : « On ne meurt pas de dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire. » Hélas, on nous prête toujours pour financer nos endémiques « quoi qu’il en coûte » – coûts infligés bien sûr aux entreprises, aux riches et aux générations futures. Entreprendre dans le pays le plus à gauche du monde – à l’exception des dictatures communistes chères à LFI – relève ainsi de l’exploit ou de l’inconscience. Surtout pour un revenu moyen de 4 000 euros brut et soixante-dix heures de boulot par semaine – un seuil de rémunération au-delà duquel François Hollande, humoriste progressiste de 2012 à 2017, situait la richesse.

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L’embarras du choix dans les nuances de rouge

Le plus à gauche du monde ? Vraiment ? Se poser la question, c’est ne pas savoir aligner les différents paramètres qui font de la Gaule cette terre révolutionnaire par essence. Un pays qui entend faire payer les riches – donc les patrons – sans réaliser qu’ils paient déjà, et fort cher. Nulle part ailleurs les prélèvements obligatoires des particuliers, les impôts sur la production ou les charges patronales n’y sont plus élevés. 48 % du PIB pour les prélèvements, contre 41,9 % en moyenne en Europe ; 4 % du PIB soustrait au titre des impôts de production (moitié moins chez nos voisins !) ; les cotisations patronales françaises – 10,2 % du PIB – sont, enfin, à comparer aux 7,4 % de la moyenne européenne. Seule la microscopique Estonie nous prive cette fois de médaille d’or. Et l’on pourrait poursuivre ainsi sur 20 pages. Les fameux « cadeaux aux patrons » dénoncés rituellement par la CGT ne sont que de modiques rabais consentis à des moutons soigneusement tondus. Ce syndicat qui combat « pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste » – sans mentionner d’ailleurs où l’on trouverait trace d’une démocratie non capitaliste, un oubli sans doute – se voit toutefois dépassé sur sa gauche par SUD, un exploit à saluer. Autre signe d’un écosystème politique penchant singulièrement à gauche, la France est cette contrée où le Parti communiste, peu regardant sur les bilans génocidaires des « expériences » russes, chinoises ou cambodgiennes, n’a pas jugé utile de changer de nom contrairement à son homologue italien. Plus fort encore, le PCF est loin d’être le parti le plus à gauche de notre échiquier politique. De ce côté, on y trouve LFI, le NPA, Lutte ouvrière et quelques sectes pour lesquelles les 500 signatures nécessaires à la candidature suprême ne représentent pas un obstacle infranchissable. Quel autre pays moderne peut se payer le luxe de voir défiler sur ses écrans, à l’heure d’une élection cruciale, Mélenchon, Roussel, Poutou, Arthaud ? Ces amoureux transis de la démocratie appellent les travailleurs-travailleuses à retrouver le goût des piques et de la carmagnole – l’embarras du choix dans les nuances du rouge.

Une raisonnable gauche de gouvernement existe bel et bien, elle s’appelle la droite

Rester dans les clous de la doxa socialo-progressiste n’est plus seulement conseillé, mais institutionnalisé. Qui trouve-t-on à la tête de la Cour des comptes, du Conseil d’État ou du Conseil constitutionnel ? Moscovici, Fabius, Tabuteau, tous anciens membres de gouvernements socialistes et désormais en charge du fameux « État de droit » – en l’espèce, plutôt un « État de gauche » auquel on a bien compris qu’il ne fallait pas songer toucher. Les juges y veillent, notamment le Syndicat de la magistrature (un tiers des voix aux élections), auteur du « mur des cons » – dazibao clouant au pilori des parents de victimes qui pensaient « mal », une ignominie. Avoir affaire à un magistrat de cette obédience constitue, on s’en doute, un avantage particulier pour un chef d’entreprise et carrément le gros lot si vous êtes un homme politique classé à droite. Être traîné devant les prud’hommes, c’est avoir deux chances sur trois de perdre lorsqu’on est employeur. La prédilection du Parquet national financier pour les anciens membres du RPR ou du Front national ou les moyens alloués à des pratiques de république bananière pour écarter un candidat à la présidentielle jugé nauséabond constituent des indices supplémentaires du déséquilibre idéologique. Bien que chacun sache que les profs pensent à gauche, que France Inter et tout le service public de l’audiovisuel prêchent à gauche, que la fonction publique (20 % des emplois) en pince pour la gauche et donc que les institutions sont contrôlées par la gauche, les Français n’arrivent pas à se percevoir comme un pays de singuliers gauchistes. Sans doute parce qu’ils votent désormais massivement pour des partis classés à droite, même si cela reste sans effet sur les orientations majeures. Qu’on se rassure en effet, on ne trouve pas que l’extrême gauche sous nos cieux. Une raisonnable gauche de gouvernement existe bel et bien, elle s’appelle la droite. Une fois au pouvoir, elle pratique la même politique que le PS de Mitterrand : plus de dépenses publiques, plus d’impôts, plus d’immigration, moins de prisons. Des marqueurs typiques de la gauche, que ce soit aux États-Unis ou dans le reste de l’Europe, mais chez nous constitutifs du socle commun des partis dits de gouvernement. Avec sa retraite à 60 ans, le Rassemblement national, s’il est bien sociétalement un parti de droite, demeure économiquement un mouvement de gauche à l’échelle européenne. Même l’extrême droite française promet donc des politiques de gauche et reste muette sur le poids de la fonction publique ou l’épaisseur du Code du travail.

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Entreprendre dans cet enfer bureaucratique mérite ainsi tous les superlatifs. Notamment quand l’administration s’applique à retranscrire les directives européennes en les durcissant lorsqu’elles concernent l’environnement ou l’extension infinie des droits individuels. Bernard Arnault pense que le budget Barnier/Bayrou est une invitation à la délocalisation. Dommage qu’il ne soit pas envisageable de délocaliser l’Inspection du Travail en Corée du Nord, la CGT en Chine, LFI au Venezuela ou le Conseil constitutionnel à Cuba.

Le grand remplacement de Louis Boyard

Islamo-gauchisme. Dans le Val-de-Marne, visiblement, Louis Boyard a découvert que la solidarité en politique dure à peu près aussi longtemps qu’une story Instagram… Mais pas d’inquiétude, il reste optimiste: après tout, quoi de mieux qu’une humiliation collective pour souder une équipe en vue de 2026? Céline Pina prédit que ce qui est arrivé à l’Insoumis à Villeneuve-Saint-Georges annonce ce qui arrivera à LFI au niveau national. Analyse.


Dignité, fraternité, solidarité, toussa…

Pauvre Louis Boyard. Il aura appris à ses dépens que ce qu’ont vécu, dans l’histoire, les mouvements gauchistes à chaque fois qu’ils se sont alliés avec des groupes ethnico-religieux, fonctionne à titre individuel. Il vient en effet de se faire éjecter de sa propre liste. L’humiliation est publique et elle fait rigoler tout le landerneau. X s’en donne à cœur joie, moquant l’Insoumis plumé par ses colistiers pour les plus tendres, l’étrillant à coup de « Louis Boyard, victime du racisme anti-blanc » ou « Louis Boyard grand remplacé ». Les plus observateurs ou les plus perfides, selon le point de vue, y joignent une vidéo où on voit Mathilde Panot s’étrangler devant une Rima Hassan tenant un de ses discours nimbé des chatoyantes nuances qui la caractérisent : « L’antiracisme a besoin de visages incarnés, pas de porte-paroles éloignés de ces réalités. » En clair, ouste les Blancs ! Ou quand l’antiracisme remet en place la mécanique du racisme simplement en entortillant les mots comme des nœuds coulants.

Jeu de dupes

Mais revenons à Louis. Lundi 17 mars, le conseil municipal de Villeneuve-Saint-Georges (94) mettait en place les groupes municipaux qui le composent. Et oh surprise ! le seul groupe d’opposition existant, Dignité et Solidarité, ne compte pas Louis Boyard parmi ses membres, pourtant leur tête de liste aux élections municipales. En revanche, la liste citoyenne villeneuvoise, menée par Mamadou Traoré, y figure au complet. Ce n’est pas un revers pour Louis Boyard, c’est une déculottée. Et Louis Boyard, interrogé à ce sujet dans Le Parisien tente une cascade audacieuse pour montrer que ce n’est pas du tout ce qu’on imagine. En gros, « si Mamadou Traoré portera la voix de son groupe au conseil, lui aussi pourra s’exprimer ». On n’en doutait pas, cher Louis, on appelle même cela « la démocratie ». Comme preuve de l’indéfectible lien qui l’unit à ses anciens colistiers, il faut reconnaitre que c’est léger, éthéré même. Un adjectif que jamais je n’aurai cru associer un jour à Louis Boyard.

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Mais pourquoi, sur X, certains internautes ricanent-ils en invoquant la leçon iranienne pour expliquer que ce qui arrive à l’insoumis à Villeneuve-Saint-Georges annonce ce qui arrivera à LFI au niveau national : au jeu de dupes des alliances contre nature, ils seront dévorés. C’est ce qui est arrivé aux opposants communistes au Shah en Iran. Ils se sont alliés avec les islamistes, ont permis l’accession au pouvoir de Khomeini et ont ensuite été éliminés en deux ans par une purge aussi sanglante que féroce. Ils n’ont même pas eu le temps d’imprimer les mémoires occidentales.

Prolétariat de remplacement

La stratégie de LFI, qui consiste à considérer une nation comme un territoire que le plus fort ou le plus déterminé peut emporter, la conduit à n’avoir plus aucune colonne vertébrale autre que le ressentiment. La même fibre qu’exploitent les islamistes. A ce jeu, n’ayant plus d’électorat traditionnel au sens social (le vote ouvrier), le parti de gauche a choisi l’alliance avec la force constituée la plus influente du prolétariat de remplacement qu’ils se sont choisis, donc l’islamisme. Ainsi en misant sur l’immigration, ils ont épousé l’islamisme, lequel n’a pas besoin de l’idéologie marxiste, la religion étant un levier plus efficace sur le public ciblé.

Meeting de la liste d’extrème gauche « Dignité, fierté et solidarité », élection municipale de Villeneuve-Saint-Georges, 23 janvier 2025 © Chang Martin/SIPA

Mamadou Traoré, l’ancien allié de l’Insoumis et chef de file du mouvement citoyen nous est présenté comme la voix des quartiers. Et c’est bien cette plus-value qui lui a valu sa place de second de liste. Quant à son acolyte, Mohamed Ben Yakhlef, il est « très investi sur les sujets liés à l’islam » comme l’écrivent pudiquement les journalistes. Ses positions pro-Hamas ont « fait polémique » : autrement dit, les gens choqués par le fait qu’il défende le Hamas le jour du 7-Octobre et les suivants ont été traités « d’extrême-droite » et de « fascistes » quand l’homme a gardé sa place sur la liste. D’ailleurs, on se souvient que la campagne municipale de cette joyeuse équipe s’était beaucoup concentrée sur le sujet de Gaza, très en phase – on s’en doute – avec les difficultés de cette commune, une des plus pauvres de sa région, et pas du tout en phase avec les obsessions communautaristes et religieuses de certains leaders « de la diversité »…

Personne ne versera une larme sur le fessier endolori de Louis Boyard, mais la question reste posée :  sa situation vaut-elle prédiction ? En attendant, la mésaventure de l’Insoumis illustre ce vieil adage : quand on a accepté de partager un repas avec le diable mieux vaut se munir d’une longue fourchette pour ne pas finir au menu.

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« La césure du procès pénal est une mauvaise réforme »

Depuis le 30 septembre 2021, le Code de la justice pénale des mineurs a pour ambition de rendre la justice plus rapide et plus lisible. Parmi les évolutions majeures, la césure du procès pénal vise à raccourcir les délais de jugement tout en laissant une place à la mise à l’épreuve éducative du mineur. Cette mesure entraîne donc un écart entre le délit et la sanction, empêchant le mineur de se rendre compte de ses actes, et le laissant libre de récidiver…


Au cœur de l’actualité politique, médiatique et législative, la justice des mineurs demeure mal connue et mal comprise du grand public. Au-delà du fait qu’il est surprenant de voir des députés de la majorité présidentielle remettre en question le code de justice pénale des mineurs (CJPM), que leur camp a pourtant conçu et porté, notre collectif affirme que la réforme qui vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale ne résoudra rien tant elle pèche par manque d’analyse des causes profondes des dysfonctionnements actuels. 

De fait divers en fait de société, la justice pénale des mineurs est régulièrement au centre des débats, que ce soit pour critiquer son ambition affichée de donner la primauté à l’éducatif sur le répressif ou pour dénoncer le code de justice pénale des mineurs comme un ouvrage crypto-fasciste ayant pour but d’incarcérer tous les mineurs de France. Les commentateurs de tous bords semblent parfois oublier qu’on ne s’improvise pas juriste. Tout comme ils ne s’aviseraient pas de procéder à la révision d’une centrale nucléaire sur la base de vagues notions de physique, ils devraient s’abstenir de livrer des pseudo-analyses fondées sur des poncifs et des contre-vérités à propos d’un droit qu’ils maîtrisent mal et qui relève davantage de l’usine à gaz que du bel ouvrage législatif. Une mise au point s’impose, précisément dans l’intérêt du débat public, afin que chacun puisse se faire une opinion éclairée, à partir d’informations fiables et précises. 

Nous analyserons donc cinq réflexions fréquentes à propos de la justice des mineurs et tenterons de démêler le vrai du faux. Cet exercice sera également l’occasion d’apporter des réponses à la question centrale qui devrait tourmenter chaque apprenti réformateur de la Justice française : si laxisme il y a, la faute aux juges ou la faute à la loi ? Enfin, nous apporterons des propositions de réforme réelle, voire de véritable révolution.

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Depuis le 30 septembre 2021, le code de la justice pénale des mineurs (CJPM) est en vigueur. Il a remplacé l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. Cette dernière était devenue de l’avis de tous, au fil du temps et des réformes successives, illisible et peu adaptée aux enjeux contemporains. La « réforme » qui a été annoncée à l’époque est en réalité principalement une opération de réécriture, le CJPM reprenant les dispositions de l’ordonnance de 1945 mais en les classifiant afin de les rendre plus claires.

Une nouvelle procédure

Un changement majeur a toutefois été adopté : le passage d’un régime où le juge des enfants agissait comme juge d’instruction à un régime de césure du procès pénal. Cette modification avait pour objectif de réduire les délais entre le moment où l’infraction est commise et la condamnation du délinquant, et force est de constater que cet objectif a été atteint : d’un délai de jugement de 15 à 20 mois en moyenne sous le régime de l’ordonnance de 1945, nous sommes passés en 2023 à un délai moyen de 9 mois entre la première convocation en justice et le prononcé de la sanction. 

En effet, la procédure antérieure avait pour inconvénient de fonctionner comme une information préparatoire, procédure d’enquête lourde en principe confiée à juge d’instruction et réservée aux infractions les plus graves et les plus complexes. Après avoir cambriolé une maison, Kévin1 était convoqué aux fins de mise en examen (un statut de suspect ouvrant la possibilité de le placer en détention ou sous contrôle judiciaire) et placé sous surveillance (« j’ai des éléments contre vous jeune homme, attention le jour où vous serez jugé ça va barder »). Puis le juge des enfants clôturait la procédure quand elle lui paraissait en état d’être jugée. Entre ces deux actes s’ouvrait une phase indéterminée dans sa temporalité et dans son contenu, forme de faille spatio-temporelle au cours de laquelle Kévin était plus ou moins mis à l’épreuve et attendait sans certitude aucune le jour de son jugement (de même que sa victime le cas échéant). Des procédures pouvaient ainsi végéter pendant des mois voire des années dans les cabinets des juges des enfants, sans aucune obligation pour eux de les clôturer, entraînant des délais de jugement parfois effarants (et Kévin se retrouvait devant le tribunal pour enfants à 21 ans, ayant depuis braqué trois banques et conçu deux enfants). 

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Cette procédure était d’autant plus inadaptée que l’instruction préparatoire est utile lorsque les faits commis sont complexes. Heureusement, c’est rarement le cas des dossiers impliquant des mineurs, dont la délinquance se caractérise par son amateurisme et une propension surprenante à la reconnaissance des faits (la conviction de n’être pas ou peu sanctionné alliée à la tendance naturelle du jeune de 13 à 17 ans à la provocation n’étant probablement pas étrangère à cette dernière caractéristique). Une information judiciaire pour un vol de scooter ou un trafic de stupéfiants d’une journée, c’est un peu comme écraser une noix avec un rouleau compresseur : chronophage, coûteux, inutile et in fine ridicule.

La fameuse césure

Face à ce constat, le code de justice pénale des mineurs a principalement eu pour objet d’aligner le mode de jugement des mineurs sur celui des majeurs, avec une convocation de Kévin directement devant la juridiction de jugement (juge des enfants ou tribunal pour enfants), sans passer par la zone d’attente de l’instruction préparatoire. Cependant, l’idée de mettre à l’épreuve le mineur est demeurée, afin de lui permettre de s’amender une fois placé dans un cadre éducatif considéré comme adéquat : c’est la césure.

Notre Kévin commet un nouveau cambriolage (les mineurs manquent d’imagination) le 24 février 2025. Il est placé en garde-à-vue. À l’issue, il est convoqué une première fois pour que le juge statue sur sa culpabilité, dans un délai de trois mois donc aux alentours du 24 mai 2025. Puis s’ouvre une période de « mise à l’épreuve éducative » durant laquelle Kévin est placé sous surveillance judiciaire : concrètement, il a rendez-vous avec des éducateurs, doit aller à l’école et ne pas recommencer. S’il peut connecter deux neurones et réfléchir sur les faits, c’est bien aussi, mais c’est le niveau du dessus. À l’issue de cette période, limitée à 6 à 9 mois en théorie, fin 2025-début 2026 donc, Kévin reviendra devant le juge qui statuera sur la sanction (peine ou mesure éducative) qu’il convient de lui infliger, en fonction du parcours qui aura été le sien pendant cette période. De la première convocation au jugement sur la sanction, le délai maximum de la procédure est donc d’un an (si le délai est dépassé, il ne se passe… rien. Il ne faudrait pas non plus brusquer les tribunaux pour enfants).

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Bilan : les délais de jugement ont objectivement été réduits par la césure du procès pénal. Néanmoins, a été conservé le principe selon lequel les mineurs doivent être punis pour les infractions commises après une période de mise à l’épreuve. Si cette logique peut s’entendre pour les mineurs primo-délinquants, ayant des bases éducatives et adhérant à un suivi, le fait d’attendre plusieurs mois pour sanctionner des mineurs ancrés dans la délinquance, ultra-violents ou ayant commis des faits graves questionne sur l’efficacité du processus. Pendant son année de « surveillance », Kévin aura en effet probablement commis deux ou trois autres cambriolages, reçu deux ou trois autres convocations et finalement diversifié son activité dans la vente de cocaïne, bien plus rentable et bien moins risquée.

Un délai bien trop long

En effet, si les professionnels de justice ne s’émeuvent plus d’un délai de jugement moyen de 9 mois compte tenu de ceux observés dans certaines juridictions, il n’est pas satisfaisant d’apporter une réponse pénale à un acte délictueux près d’un an après l’infraction, que son auteur soit majeur ou mineur. Lorsque le délinquant est mineur, l’absurde s’ajoute à l’inadéquat : quel adulte responsable peut penser de bonne foi que punir un enfant 9 mois plus tard pour un acte répréhensible a le moindre sens pour lui ? Quelle dimension pédagogique peut bien avoir une réaction aussi tardive ? 9 mois plus tard, le mineur a – parfois de bonne foi – complètement oublié son geste et surtout a eu quinze fois le temps de faire pire, aucune limite n’ayant été fermement et sérieusement posée. Dans ces conditions, nous ne pouvons que constater que le CJPM a pérennisé un principe néfaste à la prévention de la récidive des mineurs délinquants : il ne sert à rien de constater que le délai a diminué alors que le principe devrait être l’absence de délai. Si suivi il doit y avoir, suivi il y aura après le prononcé d’une peine qui permettra une sanction si elle n’est pas respectée. 

En résumé : pour sauver Kévin, pas de « tu seras privé de télé… dans 9 mois ». 

RESPONSABLE PRINCIPAL : LA LOI

NOTRE PROPOSITION POUR EN SORTIR :

  • Supprimer la césure pour prononcer une sanction rapidement après les faits et mettre le mineur à l’épreuve dans le cadre d’une peine 

La semaine prochaine, épisode 2 : « Il faut une comparution immédiate pour les mineurs »

  1. Ceci est une dédicace à notre actuel garde des Sceaux, en référence à son analyse de la jeunesse délinquante ayant sévi au moment des émeutes de l’été 2023. Les Kévin, on vous aime. ↩︎

Le droit du sol est-il vraiment un « principe fondamental » de la République, comme l’affirmait François Hollande ?

Et quoi qu’il en soit, ne devrait-on pas aussi parler de « devoir du sol » de temps en temps ? Le droit du sol sans l’assimilation n’est que ruine de l’âme de la France…


La loi du 22 juillet 1993 réformant le code de la nationalité soumettait son obtention, par les enfants nés de parents étrangers, à une déclaration de volonté motivée entre 16 et 21 ans. Les préfectures organisaient des cérémonies de naturalisation pour célébrer l’évènement avec solennité. Le texte passa avec succès le contrôle de constitutionnalité : le « Conseil des 9 sages » n’a pas élevé le droit du sol au rang d’un « principe fondamental reconnu par les lois de la République ». Il estime que son instauration par la loi de 1889 confirmée en 1927, correspond à une mesure liée aux circonstances de l’époque avec la mise en place de la conscription (Décision n° 93-321 DC du 20 juillet 1993). Revenue aux affaires en 1997, la gauche sous la férule d’Élisabeth Guigou, garde des Sceaux, s’empressa d’annihiler le dispositif en restaurant l’automaticité du droit du sol qui prévalait antérieurement (loi du 16 mars 1998 modifiée). Désormais, en vertu des articles 21-7 et 21-11 du Code civil, tout enfant né en France de parents étrangers acquiert la nationalité française dès sa majorité, ou de façon anticipée sur déclaration à partir de l’âge de 13 ans (au nom du mineur) et de 16 ans.

Invité sur BFMTV le 9 février 2025, et contre la jurisprudence du Conseil constitutionnel, l’ancien président de la République, François Hollande, qualifia le droit du sol comme étant un des « principes fondamentaux de la République », alors que le Sénat doit le 25 mars 2025 débattre sur la question du rallongement de la durée de résidence de parents étrangers à Mayotte pour qu’un enfant puisse acquérir la nationalité française.

Mayotte convoque dans le débat la question de la nationalité

La loi du 10 septembre 2018 pour une immigration maîtrisée, visant l’objectif de lutter contre l’immigration venue des Comores, déroge aux articles précités du Code civil, et exige que l’un au moins des parents réside en France de manière régulière et interrompue depuis plus de trois mois (art. 2493 du Code civil). Le Conseil constitutionnel a validé cette disposition au motif que la différence de traitement instaurée tient compte des caractéristiques et contraintes particulières propres à Mayotte soumise à des flux migratoires conséquents (Décision n° 2018-770 DC du 6 septembre 2018).

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On se souvient ensuite que le président de la République a saisi le Conseil constitutionnel du projet loi Immigration-intégration du 26 janvier 2024. Étaient visés les amendements du groupe LR au rang desquels figurait l’article 81 de la loi qui prévoyait un durcissement des conditions d’acquisition de la nationalité française pour les enfants nés de parents étrangers dans les territoires de la Guyane, de Saint-Martin et de Mayotte. Il était prévu, pour Mayotte, que les deux parents (un seul pour la Guyane et Saint-Martin) doivent avoir résidé régulièrement sur le territoire depuis un certain temps. Le Conseil constitutionnel a censuré cette disposition pour des raisons de forme, en considérant qu’elle présentait le caractère d’un « cavalier législatif », sans lien direct avec le projet de loi. C’est évidemment contestable, mais il ne s’est pas prononcé sur le fond, au regard des principes constitutionnels d’égalité devant la loi et d’indivisibilité de la République. La décision du 25 janvier 2024 ne semble pas amorcer un revirement de jurisprudence.

Anne-Marie Le Pourhiet1 précise que les lois concernant la nationalité française sont des lois de souveraineté qui ne peuvent varier d’une collectivité à une autre, et de s’étonner qu’un tel dispositif ait pu être validé par le Conseil constitutionnel. La professeure de droit public propose donc la suppression du droit du sol sur l’ensemble du territoire national.

Le droit du sol n’est pas consubstantiel à la tradition républicaine

Le journaliste Guillaume Perrault rappelle que « la Révolution fait dépendre la qualité de français, pour l’essentiel du droit du sang. Cette expression millénaire, héritée de l’Antiquité et du droit romain (jus sangunini), n’a rien d’agressif. C’est un principe juridique qui signifie que la citoyenneté repose sur la filiation […] », et montre « qu’après la défaite de 1870, les républicains sont décidés à faciliter l’accès à la nationalité pour astreindre les bénéficiaires au service militaire et grossir les effectifs de l’armée. […] Plutôt que le droit du sol, il serait plus exact et plus éclairant de parler de devoir du sol. »2 Si, tradition constitutionnelle il y a, elle repose sur un accès souvent aisé à la nationalité à condition de manifester une volonté d’assimilation « afin d’être digne d’obtenir la qualité de français, jugée hautement désirable » (article précité). Le concept d’immigration choisie est donc recevable. S’agissant de la naturalisation, autre mode d’acquisition de la nationalité, l’article 21-24 du Code civil énonce que « nul ne peut être naturalisé s’il ne justifie de son assimilation à la communauté française, notamment par une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue, de l’histoire, de la culture et de la société françaises, […], et des droits et devoirs conférés par la nationalité française ainsi que par l’adhésion aux principes et aux valeurs essentiels de la République. » Lorsque la volonté d’assimilation est gravement trahie, l’article 25 du même Code prévoit les possibilités de déchéance de la nationalité sauf si elle a pour effet de rendre l’individu apatride.

« Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation »

Cette formule de l’historien Jacques Bainville3 illustre la conception volontariste qui appelle un acte d’adhésion à ce qui fonde la personnalité de la nation. Or, « la culture c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre… En vidant une nation de sa culture on la condamne à mort » (Milan Kundera, Le Monde, 1979).

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Ernest Renan4 donne ses lettres de noblesse à une conception française de la nation dans la veine de la tradition républicaine : « Une nation est une âme, un principe spirituel […] le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis […]. L’existence d’une nation est un plébiscite de chaque jour […] Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations servent à l’œuvre commune de la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l’humanité. » Et de résumer ainsi : « L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion […] ». Cette définition fait écho à l’œuvre de la IIIème République. C’est elle qui créa l’école libre des sciences politiques en 1872 afin de répondre à la crise politique et morale qui frappait la France dans le contexte de la défaite de 1870. Sciences Po est devenue un défilé de keffieh sous l’égide du wokisme conspuant le récit national expulsé des programmes scolaires. C’est elle qui convoqua Jeanne d’Arc comme figure allégorique du récit national avant même que l’Église catholique ne la canonisât ! Les théories racialistes prônent à l’inverse, l’assignation identitaire. Sous prétexte de société inclusive, la France devient « un espace multiculturel ouvert à tous les vents », porté par « un taux d’immigration qui représente une rupture historique 5». L’entreprise d’anéantissement ou de cancel culture est menée tambour battant et avance sous la bannière de l’extrême gauche qui, avec ses idiots utiles, font régner un climat de « terrorisme intellectuel » en verrouillant la liberté d’expression (l’écran noir de C8), et en œuvrant à rendre la société française « charia compatible » selon l’expression de Florence Bergeaud-Blackler. L’invitation à l’Assemblée nationale, lancée par le député R. Arnault (LFI), au comité contre l’islamophobie en Europe issu du CCIF dissout en 2020, pour ses accointances avec la mouvance islamiste, témoigne de l’entrisme des Frères musulmans et de leurs relais, qui diffusent leur idéologie dans les clubs sportifs6, dans les écoles, collèges et lycées publics, au cœur des institutions européennes. La France est confrontée au repli identitaire et à la progression du fondamentalisme islamiste7 qui menacent son modèle civilisationnel. La journaliste Pauline Condomines8 montre, après avoir infiltré des collectifs de sans-papiers, comment les militants associatifs instrumentalisent les jeunes migrants non admis au statut de mineurs isolés, pour grossir le cortège des revendications indigénistes, en contrepartie, pour les plus actifs de ces migrants, d’une assistance dans leurs démarches de régularisation (voir par exemple l’épisode de l’occupation de la gaîté lyrique).

Le droit du sol sans l’assimilation n’est que ruine de l’âme de la France.

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  1. Le Figaro, Tribune, 13 mars 2025 ↩︎
  2. Le Figaro, Tribune, 13 mars 2025 ↩︎
  3. Le Figaro, Tribune, 13 mars 2025 ↩︎
  4. Ernest Renan, Qu’est qu’une nation, Conférence prononcée à la Sorbonne en 1882 ↩︎
  5. Jean Sévillia, Les habits neufs du terrorisme intellectuel, Perrin, 2025 ; Démographie en France : conséquence
    pour l’action publique de demain, note d’éclairage, Institut Montaigne, août 2023 ↩︎
  6. Médéric Chapitaux, Quand l’islamisme pénètre le sport, PUF, 2023. Le Sénat vient d’adopter le 18 mars 2025
    une proposition de loi visant à interdire le port de signes ou de tenues manifestant ostensiblement une
    appartenance politique ou religieuse pendant les compétitions sportives organisées par les fédérations sportives,
    les ligues et leurs associations affiliées, ainsi que le détournement d’un équipement sportif, et impose le respect
    du principe de neutralité et de laïcité dans les piscines municipales. Pour rappel, le Conseil d’Eta a validé les
    statuts de la FFF qui prévoient l’interdiction des tenues et signes en question (CE 29 juin 2023), et a suspendu
    l’exécution du règlement intérieur des piscines municipales de Grenoble qui autorisait le « burkini » (CE 21 juin
    202). ↩︎
  7. Florence Bergeaud-Blackler, Le frèrisme et ses réseaux, Odile Jacob, 2023 ↩︎
  8. Pauline Condomines, Livre noir, L’enfer du décor ↩︎

Julien Moinil: tout est perdu mais il y a des hommes!

Narcotrafic. Batman, surnom du nouveau procureur du roi de Bruxelles Julien Moinil, mène une offensive contre le trafic de drogue et les fusillades qui gangrènent sa ville, multipliant les arrestations et affirmant sa détermination à rétablir l’ordre. Son action rapide et musclée surprend les narcotrafiquants, bien que les moyens de la police et de la justice belge demeurent insuffisants.


À Bruxelles, tout a changé. Il y a un nouveau procureur du Roi, Julien Moinil et l’accablement, la résignation se sentent moins chez eux dans cette capitale. Ce n’est pas au Salvador, c’est en Belgique, pas loin de chez nous. L’exemple n’est pas exotique ni offensant. Il est dans notre sphère, dans notre monde. On peut, on doit s’en inspirer.

Il confirme ce que j’ai toujours pensé, comme magistrat, comme chroniqueur, comme homme. Les personnalités où qu’elles soient, dans quelque espace que ce soit, dès lors qu’elles ont énergie, courage et volonté, seront plus fortes que les structures et vaincront ce que la réalité apparente aura de désespérant, de fatal. À condition, précisément, de se persuader et de persuader autour de soi que rien d’impossible ne vous sera opposé.

Sans frémir

Et qu’on ne nous rebatte pas les oreilles avec l’éloge du collectif comme si le propre de ces modèles professionnels et humains n’était pas d’agréger, autour de leur singularité, une pluralité fière de travailler sous leurs ordres.

Sans surestimer le tableau français, à considérer l’état de Bruxelles sur le plan de la sécurité et de la Justice, du palais de Justice à restaurer, des prisons surchargées à la faillite de la lutte contre les crimes et les délits les plus graves, de l’absence de moyens – la cour d’appel a été contrainte de suspendre ses jugements à partir du 10 mars – à l’incurie des politiques, qui aurait pu accepter sans frémir la haute fonction de procureur du Roi ?

Il fallait déjà un caractère, connaissant ce qui allait lui échoir, résolu à ne pas céder face à un réel apparemment implacable. Dès sa nomination, en janvier, dans ce poste prestigieux, Julien Moinil a affirmé que son équipe et lui allaient « y arriver » (Le Monde).

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Avec une double ambition selon lui : « remettre d’aplomb le plus grand parquet du pays et rétablir l’ordre dans une ville gangrenée par la criminalité avec des métastases partout ». Et une double exigence : « assouvir sa passion de la vérité et protéger les autres ».

Julien Moinil n’est pas homme non plus à se satisfaire de promesses en l’air. Il a d’ailleurs déclaré, le 15 février, devant les parlementaires qu’il en avait « assez des effets d’annonce ». Une magistrate parisienne étonnée par sa liberté a observé qu’avec de tels propos l’ancien garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti l’aurait muté à Mayotte !

Arrestations en hausse

Depuis qu’il est procureur du Roi, les arrestations ont quadruplé. Deux mille en quelques semaines.

Cet « intrépide et infatigable bosseur » selon ses collègues, surnommé Batman, n’est pas un héros. À l’évidence il fait partie de ces quelques êtres qui, partout où ils sont, donnent le « la ». Alors que tout va mal, il ne se plaint pas, il ne parle pas, il ne commente pas. Il agit.

La conséquence immédiate pour les trafiquants qui se sont donné le mot sur leurs réseaux cryptés est qu’on « n’est plus à l’aise à Bruxelles, qu’on n’y est plus tranquille ».

Loin de moi, en écrivant ce billet sur ce très grand magistrat belge, de jeter une pierre dans l’univers de la magistrature française. Je suis contraint cependant de relever que cette dernière n’est plus portée ni incarnée par une ou plusieurs personnalités emblématiques même si malheureusement quelques remarquables magistrats demeurent peu connus ou sont noyés dans une ignorance générale ou une dérision facile. Le syndicalisme ne tente personne et ne fascine pas. Cette pente est d’ailleurs aussi celle du barreau pénal en France où il n’y a plus de « maîtres ».

Je souhaite bon vent à Julien Moinil. Rien n’est perdu puisqu’il est là.

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Dénégationnistes professionnels et dressage intellectuel

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Quand la vérité dérange, on l’appelle extrême droite. Avant toute chose, la France doit se libérer des enfumeurs, tonne notre chroniqueur Ivan Rioufol, qui dénonce depuis des années le conditionnement idéologique faisant l’éloge de l’immigration massive et d’une mondialisation prétendument « heureuse ».


Lutter contre l’immigration invasive, qui met en péril l’identité française, la sécurité publique et la démocratie libérale, oblige à lutter prioritairement contre la censure des idéologues : ils interdisent de s’exprimer comme je viens de le faire, sauf à être catalogué d’« extrême droite ». Pour eux, l’immigration n’est pas un sujet puisqu’elle est constitutive de la France.

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C’est ce dogme qu’avait exprimé Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, en déclarant le 19 septembre 2023 : « La question de l’immigration n’est pas une question d’opinion publique. Il n’y a pas à être pour ou contre. Etre contre, c’est comme être contre le soleil ». Or ce dressage intellectuel, qui invite à applaudir au nouveau peuplement extra-européen, a ses influenceurs. Ils tiennent le haut du pavé, comme le rappelle la démographe Michèle Tribalat dans un texte mis en ligne mardi par Causeur. Initialement, cet article aurait dû faire partie d’un livre collectif, codirigé par Pierre Vermeren, Face à l’obscurantisme woke, qui devait être publié aux PUF (Presses universitaires de France). Sous la pression de Patrick Boucheron, du Collège de France, l’ouvrage a été déprogrammé in extrémis. Mais la contribution de Tribalat avait été elle-même exclue préalablement du projet, dans la crainte de déplaire à François Héran, également du Collège de France, dont elle dénonce les pratiques d’enfumage. Le crime de la démographe ?  S’attacher au réel et dénoncer les faussaires, en suivant l’analyse de Jean-François Revel : « L’idéologue désire non point connaître la vérité, mais protéger son système de croyance et abolir, spirituellement faute de mieux, tous ceux qui ne croient pas comme lui. L’idéologie repose sur une communion dans le mensonge impliquant l’ostracisme automatique de quiconque refuse de la partager. »

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La première des menaces existentielles pour la France est portée par ces dénégationnistes professionnels, souvent dénoncés ici. Ils veulent faire plier le réel sous des concepts contredits par les faits. C’est ainsi, par exemple, que le racisme anti-blanc est nié par principe, les minorités ethniques devant être sacralisées. Cette technique de subversion totalitaire, décrite par Roger Muchielli dans les années soixante-dix[1], repose sur la désinformation et la propagande.  À l’époque, Muchielli invitait « les républiques, si elles ne veulent pas mourir, à entreprendre la contre-subversion » consistant à déceler les mécanismes visant à obtenir « l’apathie populaire ». Or cette résistance n’a pas été conduite à son terme. La France subit, plus que jamais, le terrorisme intellectuel des gardiens de la mondialisation heureuse et des sociétés ouvertes. Par le jeu des cooptations, cette caste monopolise les hautes sphères du monde intellectuel et médiatique, du Collège de France jusqu’au Monde en passant par Science-Po. La France Insoumise, qui appelle à manifester samedi à Paris « contre l’extrême droite, ses idées et ses relais », en ciblant nommément des personnalités y compris dans leur judéité (Cyril Hanouna), est le produit de cette tyrannie qui se perpétue.

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Et Emmanuel Macron lui-même ne cesse de rejeter, pareillement, ses opposants dans le camp des « populistes », des « complotistes » ou de l’ « extrême droite ». La dernière lubie du gouvernement, dans le prolongement de l’infantilisation des citoyens par la peur, consistera à distribuer à tous un « manuel de survie » en cas de menaces contre la France. Mais ces apprentis-sorciers sont la vraie menace.

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[1] La subversion, Editions CLC (1976)

Tout ne va pas très bien, Madame la marquise!

C’est une guerre! Pour défendre la langue française, l’AFRAV multiplie les actions sur tous les fronts: procès contre le Navigo Easy de Pécresse, contestation des plaques en écriture inclusive d’Hidalgo, opposition aux slogans publicitaires en anglais de l’UE, critique de l’intitulé de Rachida Dati France Music Week pour la fête de la musique… La bataille pour préserver notre langue est plus vive que jamais!


En cette semaine de la langue française, nous apprenons par l’Afrav (Association Francophonie Avenir) que deux procès pour défendre la langue française passent devant les juges de la Cour administrative d’appel de Paris.

L’une, opposant l’Afrav, depuis le 23 mai 2019, à la présidente du syndicat des Transports de l’île-de-France (Ile-de-France Mobilités), Madame Valérie Pécresse, en ce qui concerne la marque à connotation anglaise donnée au pass navigo : Navigo Easy. Une autre affaire oppose la même association, depuis le 30 décembre 2021, à Madame Anne Hidalgo, en ce qui concerne les inscriptions en écriture inclusive de deux plaques commémoratives mises en place à la mairie de Paris.

Les nouvelles guerres du français

Ajoutons qu’a été saisi, le 10 mars 2025, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, lui demandant d’intervenir afin que l’UE cesse de signer ses publicités systématiquement en anglais. Exemple récent : le NEXT GEN EU qui a succédé au YOU ARE EU de mars 2023. Vient d’être saisi également, le 18 mars 2025, le directeur de l’Académie de défense de l’Ecole Militaire de Paris, afin qu’il abandonne l’appellation Paris DEFENCE AND STRATEGY FORUM-Europe at the cross roads. J’écris avec des italiques comme l’exige la police d’écriture.

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Pour rappel : le 4 mars, un collectif d’associations de la langue française a adressé à Madame Rachida Dati une lettre lui demandant pourquoi elle intitulerait la fête à venir de la musique, qui s’étalerait sur une semaine, France Music Week. Pourquoi pas Semaine musicale ? La semaine des Accords ? En avant la musique ? Est-ce qu’Emmanuel Macron, grand francophile devant l’Éternel, voudrait aligner le mot et la chose sur la Fashion week, au prétexte que la dénomination anglaise de ce carrefour musical mondial serait une bonne manière de faire connaître la musique française ? Tout comme, à l’Université, enseigner Proust en anglais fait mieux connaître La Recherche ? Jack Lang avait-il intitulé, en 1981, la journée de la musique : «  Music Day » ?

A l’heure guerrière que nous vivons, il est temps de s’armer, une bonne fois, pour la défense du français, garant de l’unité de notre pays. Oui, je sais, les mots guerriers ne plaisent pas, appliqués à notre langue. Le français, histoire d’un combat : tel était pourtant le titre d’un livre de Claude Hagège. Car le mot combat n’est pas un gros mot, c’est une réalité. Pas besoin de milliards ni d’avions mais de déployer sur le terrain, en tout, pour tout, les armes de l’usage, du bon sens, de l’unité, de la culture. Relire les ordonnances royales de Villers-Cotterêts, en date de 1539 — l’histoire de notre langue remonte à loin. Relire l’article 2 de la Constitution française : « La langue de la République est le français ». Relire et faire appliquer, stricto sensu, la loi Toubon. Enfin, surtout, soulever, une bonne fois, réellement, courageusement, le problème de notre langue en pleine déconfiture, qu’aucun homme politique n’aborde.

Le globish, voilà l’ennemi !

« L’école est gagnée par l’anglais comme les banlieues par la drogue » dit le président de l’Afrav. Il ne s’agit pas, pour « justifier » sa déstructuration et sa déliquescence, de dire et redire comme un perroquet, que le français a emprunté, emprunte et empruntera des mots aux langues avoisinantes : on le sait, depuis lurette, que certains mots viennent de l’anglais, de l’arabe, du gaulois non écrit, du germanique. Ainsi va la vie d’une langue. Là n’est pas la question mais de la colonisation du français par un anglais, lui-même dénaturé en globish fourre-tout, le tout, accompagné et conforté, par des borborygmes et un parler des banlieues qui est tout sauf un « enrichissement ». Il s’agit d’une soumission à la langue d’un « empire ». Le président de l’Afrav le dit encore : on parle de russification et jamais d’anglicisation et d’américanisation du français.

Le français est en recul à l’école et ailleurs. Entendons : la maîtrise d’une langue qui assure son usage, sa bonne santé et sa vitalité. Si personne ne voit le danger que pose la dénaturation du français, c’est que l’heure est grave.

Dame Sandrine en son tribunal

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La députée d'extrème gauche Sandrine Rousseau, Paris, 20 février 2025 © OLIVIER JUSZCZAK/SIPA

Les vedettes du cinéma Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve se sont soumis aux questions de l’inquisitrice MeToo cette semaine, à l’Assemblée nationale.


Au nombre des nostalgies de la gauche française actuelle il y a indéniablement l’Inquisition. L’Inquisition avec ses méthodes, sa pompe, ses œuvres. En l’occurrence, l’affaire a pour cadre « la commission d’enquête parlementaire relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité ».

Qui de mieux pour présider une telle commission que Mme Sandrine Rousseau, grande prêtresse de la croisade MeToo, pourfendeuse ardente de la masculinité et du patriarcat réunis ? Elle a trouvé là un rôle à sa mesure. Juchée à la tribune en dominatrice toisant son monde, elle rayonne, darde ses questions comme on darde les flèches destinées à l’hérétique. On l’imaginerait assez aisément chaussée de cuissarde de cuir noir, sanglée dans un bustier du même métal, avec, posés à portée d’une main un exemplaire très fatigué à force d’usage du Wokisme pour les Nuls, et de l’autre main le fouet de la repentance.

Dominique Besnehard se lève et se casse

Donc, il s’agit de traquer dans l’univers des activités chic et choc évoquées ci-dessus les signes, les traces de manifestations telles que plaisanteries salaces, œillades malsaines, main au popotin, etc. Bien sûr, ces élans hors consentement sont inadmissibles, réprimandables, voire condamnables. Cependant, il y a la loi et les tribunaux – les vrais – pour ce faire. Fallait-il impérativement aller jusqu’à instituer une commission d’enquête parlementaire ? Etait-ce une impérieuse demande de l’électeur au moment où, lors des législatives, il glissait son bulletin dans l’urne ? Poser la question en ces termes dispense évidemment de formuler la réponse.

Toujours est-il que cette commission a lieu et que – on pardonnera cette facilité – Madame la présidente semble y prendre son pied. Me permettrai-je une suggestion : afin de perpétuer son bonheur, ne pourrait-elle enchaîner avec une commission du même tonneau, dédiée cette fois à son petit monde à elle, à la vie parlementaire, une commission explorant et exhumant les pratiques ayant cours dans ce domaine à l’Assemblée, au Sénat dont il ne semble pas que l’allusion graveleuse et le geste leste en aient été totalement expurgés. Du moins si l’on s’en remet aux rumeurs de couloir de ces estimables institutions.

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Cela dit, le casting du petit tribunal de Dame Sandrine a de quoi affrioler les gazettes. Noms connus, vedettes populaires, stars adulées. Or, parfois, cela ne tourne pas aussi bien que la présidente l’espère. Ainsi la révolte, récemment, d’un homme du sérail de grande réputation, Dominique Besnehard qui, réalisant en cours d’audience qu’il se trouvait là non pas seulement pour apporter des éléments de connaissance, mais bel et bien pour passer en jugement, s’est cabré, offusqué : «  Si c’est pour me juger, je me taille ! »

Le festival de cucks

Cependant, d’autres personnalités du milieu ont bien voulu se soumettre, acceptant comparaître de leur plein gré devant le tribunal de Dame Sandrine. Un peu comme on va à Canossa, voyez-vous. Le tribut de la bonne conscience.

Jean Dujardin – qui en la circonstance aurait peut-être dû se souvenir que c’est dans un rôle muet qu’il fut à son meilleur – Gilles Lellouche, Pio Marmaï et Jean-Paul Rouve sont de la distribution. Là, on masque l’effet inquisition en qualifiant l’audition de « table ronde ». Tenue à huis clos, en outre. Cela dit, ils n’ont pas vu ni entendu grand-chose, les quatre comparaissants. « Des plaisanteries qui ont été mal comprises », des comportements un peu « lourds ». Bref, des scories relevant « de vieux réflexes d’un autre monde ». Le monde d’avant Dame Sandrine, on l’aura compris. Il n’est pas exclu qu’eux-mêmes, dans un temps plus ou moins reculé, aient pu avoir eu à essuyer quelques désagréments dans ce registre. Mais désormais on veille au grain. Jean Dujardin, par exemple, n’omet pas de poser au metteur en scène avec qui il s’apprête à tourner la question qui tue : « Est-ce que t’es un connard ? »  Apparemment, aucun n’a répondu par l’affirmative, ce que l’enquête parlementaire n’aurait pas manqué, naturellement, de nous révéler.

Néanmoins, on retiendra que les quatre mousquetaires MeToo compatibles ont pris soin de livrer quelques recommandations : que les règles selon le catéchisme de Dame Sandrine soient lues « à haute voix » (sic) en début de tournage ; que les référents VHSS (violences et harcèlement sexistes et sexuels) chargés du flicage en ces matières sur les plateaux et lieux de tournage soient indépendants de la production ; qu’un meilleur encadrement des fêtes de tournage soit prévu. Et – mesure cette fois de vrai bon sens – que les scènes de sexe soient très précisément décrites, scénarisées, fixées avant leur exécution afin d’éviter tout dérapage, toute mauvaise surprise. Cela est bel et bon. Pour autant était-il absolument indispensable d’en passer par l’Assemblée nationale pour cela ? On en doute. Mais jusqu’où n’irions-nous pas pour que Dame Sandrine, se sentant enfin utile, rayonne de bonheur ?

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Quand l’islamo-gauchisme réserve une salle à l’Assemblée nationale

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Le député d'extrème gauche Raphaël Arnault à l'Assemblée, 11 mars 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

La députée de droite Hanane Mansouri accuse l’institution d’avoir ouvert ses portes à une réunion très controversée sur l’ « islamophobie » et de fermer les yeux.


Une table ronde pour « comprendre l’islamophobie pour mieux la combattre » a réuni un parterre d’associations de choix à l’invitation du député LFI fiché S du Vaucluse, Raphaël Arnault, le 12 mars à l’Assemblée nationale. Parmi les participants figuraient Les Hijabeuses, qui militent pour le port du voile sur les terrains de sport, accompagnées des Musulmans Étudiants de France, une association étudiante connue pour réclamer des salles de prière à l’université. Cerise sur le gâteau : le CCIE (Conseil contre l’islamophobie en Europe), branche belge du défunt CCIF (Conseil contre l’islamophobie en France), association dissoute par le gouvernement français après l’assassinat de Samuel Paty en raison de l’implication de certains de ses membres dans la campagne de lynchage public du professeur.

https://twitter.com/hanane_mnsr/status/1899840267986915783

Le cadre est posé, restait à choisir la scène. Plutôt que d’organiser cette réunion dans un local LFI, une mosquée, un café ou le siège d’une obscure association, M. Arnault a opté pour le cadre solennel du Palais Bourbon. Une profanation institutionnelle qui illustre, s’il en était encore besoin, la stratégie bien rodée d’agitprop du député antifa d’Avignon.

Quelle indignité !

La députée UDR de l’Isère, élue en juillet dernier, Hanane Mansouri ne s’y est pas trompée. Pour interrompre ce conclave islamo-gauchiste, elle a d’abord écrit à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour tenter d’interdire la réunion : « Il règne au début un certain flou. Dans le même temps, on comprend bien qu’au fond d’elle, la présidente de l’Assemblée n’est pas ravie que cette association puisse être accueillie et joue la carte de l’impuissance juridique. » Melle Mansouri, ciottiste, avait choisi de faire alliance avec le RN pour battre sa rivale du Nouveau Front populaire qui avait bénéficié du retrait de la candidate Renaissance l’été dernier… Aucun trouble à l’ordre public n’ayant été constaté, la présidence, bien que regrettant la tenue de la réunion, a effectivement déclaré ne pas disposer des moyens de l’interdire. Déjà alertée dans la semaine, Yaël Braun-Pivet avait répondu par des gestes évasifs, semblant dire « je n’y peux rien », faute d’éléments tangibles de trouble à l’ordre public. Mais ces éléments sont-ils nécessaires pour interdire une réunion à l’Assemblée ? « La présidence de l’institution a un pouvoir discrétionnaire d’autorisation des réunions », assure la députée.

Qu’à cela ne tienne, Hanane Mansouri a décidé de se rendre à la réunion, armée de son éthique républicaine, d’une page du Journal Officiel et de quelques arguments juridiques : « Je suis allée à la réunion de Raphaël Arnault avec le Journal Officiel mentionnant la dissolution du CCIF. Il m’a fait mettre dehors. » Le symbole est fort : un député de la République chasse une collègue élue d’une réunion où sont accueillies des organisations prônant une islamisation rampante de l’espace public. Et M. Arnault peut compter sur la neutralité bienveillante de son institution : « On pensait que le sketch s’arrêterait là. Mais le lendemain, j’ai reçu un courrier de l’Assemblée nationale me reprochant un comportement indigne, car la présidence avait autorisé la réunion ! » L’indignité, donc, ce n’est pas d’accueillir des groupes liés à un islam politique qui grignote peu à peu le modèle républicain. L’indignité, aux yeux de la présidence macronienne de l’Assemblée, c’est de le dénoncer. On se pince. « Faibles avec les forts, forts avec les faibles », résume la députée.

Soumission et services rendus

Pourquoi une telle sévérité contre Hanane Mansouri, alors que Yaël Braun-Pivet s’était montrée bien plus vigilante par le passé, notamment contre la venue d’un militant du FLPL ? Que s’est-il donc passé depuis ? L’ego du perchoir, peut-être ? Non : Hanane Mansouri a désobéi. Or, Yaël Braun-Pivet n’aime pas l’indiscipline… N’anime-t-elle pas les séances en maîtresse d’école ? Régulièrement, elle sort sa règle et tape. Rappels à l’ordre et sanctions se sont multipliés depuis son entrée en fonction. Son courrier adressé à la députée en témoigne : pédagogique, moralisateur, infantilisant. « L’Assemblée nationale n’est pas un lieu de spectacle et de coups médiatiques, mais une institution qui doit être exemplaire (…) », y lit-on. Il est ensuite demandé à Hanane Mansouri de « respecter les règles en vigueur dans cette institution et de faire en sorte que ce type d’incidents ne se reproduise pas. »

Exemplaire, oui, mais pour qui ? « Pour Yaël Braun-Pivet, LFI peut faire venir des islamistes à l’Assemblée, mais en le dénonçant, c’est moi qui fais honte à notre institution ? Si cette scène que vous déplorez, tout comme moi, a pu se produire, c’est parce que vous l’avez autorisée », a tweeté la députée UDR en réponse. Hanane Mansouri voit derrière ce « zèle étonnant » à protéger certains groupes, un acte politique : « Les macronistes et LFI se sont sauvés les uns les autres pendant les dernières législatives. La présidente paie-t-elle sa dette envers La France insoumise ? »

Soumission

Cette affaire, loin d’être un cas isolé, révèle aussi l’ampleur de la pénétration institutionnelle de l’islamisme dans la société française. Le maillage est global : relais universitaires, relais médiatiques, connexions directes avec les élus d’extrême gauche, comme l’a décrit Florence Bergeaud-Blackler dans ses travaux. « Tout cela fonctionne en réseau. AJ+, par exemple, la branche de la chaîne Al Jazeera, est un média d’apparence wokiste qui diffuse des idées sur les transitions de genre, mais l’objectif reste de déstabiliser la société occidentale pour que tout conservatisme ne soit représenté que par les Frères musulmans » croit savoir Melle Mansouri. Pour la députée, « le CCIE est [par ailleurs] organiquement lié à la confrérie des Frères musulmans. »

Hanane Mansouri paie son engagement au prix fort, en témoignent certains messages qu’elle reçoit notamment via ses comptes X ou Instagram : menaces de mort, insultes racistes. « Arabe de service », « beurette »… Ils évoquent mes proches, expliquent que je suis une traître à la communauté arabo-musulmane. » La députée gêne les islamistes et leurs alliés d’extrême gauche : une Franco-Marocaine qui refuse la soumission contrarie forcément les discours victimaires et communautaristes.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a également dénoncé la tenue de cette réunion dans un tweet. Mais la députée est dépitée : « Beaucoup de paroles, mais cela fait neuf mois qu’il est ministre de l’Intérieur. Il aurait très bien pu écrire à la présidente pour lui demander de ne pas laisser cette réunion honteuse se tenir. » Derrière les tweets et les discours chocs, il y a finalement peu d’actes. « Il devra un jour choisir. » Dans la course pour l’élection à la présidence des Républicains, Bruno Retailleau est d’ailleurs régulièrement accusé par son rival Laurent Wauquiez d’être corseté à la majorité macroniste par solidarité gouvernementale. Le macronisme préfère baisser pavillon plutôt que de troubler le « front républicain » de second tour. Mais certains députés ont encore l’audace de refuser la taqiya et de dénoncer le scandale.

Du nouveau sur le « génocide » à Gaza

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Des Palestiniens regardent la télévision en attendant l’annonce imminente d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël à Khan Younès, dans le centre de la bande de Gaza, le mercredi 15 janvier 2025 © Jehad Alshrafi/AP/SIPA

L’ONU accuse Israël de s’en prendre délibérément à la santé reproductive à Gaza, évoquant des « actes génocidaires ». Selon un rapport publié le jeudi 13 mars, les autorités israéliennes auraient en partie détruit la capacité des Palestiniens de Gaza à avoir des enfants. Israël dément fermement.


Le mot génocide, qui est aujourd’hui le terme le plus violent, le plus ignoble, mais malheureusement le plus efficace pour délégitimer Israël, vient d’être utilisé à son encontre dans un rapport de l’ONU publié le 13 mars 2025.

Ce rapport provient d’une Commission créée par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU en 2021 pour enquêter sur la situation dans, je cite, «le territoire palestinien occupé y compris Jérusalem-Est».

Trois membres composent cette commission. Aucun n’est neutre envers Israël. L’indien Miloon Kothari avait écrit que les réseaux sociaux, largement contrôlés par le lobby juif, gênaient son travail, l’Australien Chris Sadone avait dit que les accusations d’antisémitisme étaient lancées au moindre prétexte. Quant à la présidente de la Commission, la Sud-africaine Navi Pillay, originaire de la vile de Durban de funeste mémoire, elle avait laissé, comme Haut Commissaire aux Droits de l’Homme de 2008 à 2014 le souvenir d’une animosité particulièrement marquée contre Israël, dans un environnement où cette animosité est pourtant monnaie courante.

Une méthodologie douteuse

La Commission a déjà publié en 2024 deux rapports sur la situation à Gaza, l’un en juin et l’autre en octobre. Dans le premier rapport, la commission avait procédé à une comparaison entre Israël et le Hamas systématiquement défavorable à Israël, sans jamais qualifier le Hamas autrement que comme un protagoniste légitime. Ainsi, alors qu’Israël est blâmé de ne pas avoir protégé ses citoyens le 7-Octobre, ce qui est un comble de la part d’une telle commission, et que des crimes sexuels sont attribués aux deux parties, pour le Hamas ces crimes  sont considérés comme non prémédités et  non entièrement démontrés, et pour Israël  de crimes planifiés visant à humilier la population gazaouie. La commission avait été scandalisée par les images de Palestiniens en slips, surveillés par l’armée israélienne et elle a longuement repris ce thème dans le rapport actuel, sans  jamais signaler que les ceintures d’explosifs ne sont pas une vue de l’esprit…

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Le rapport d’octobre se concentrait sur les attaques par Israël d’établissements hospitaliers sans jamais mentionner que ces établissements étaient souvent utilisés par le Hamas à des fins bien peu hospitalières. Le rapport actuel y revient.

La méthodologie de l’enquête, même si on l’agrémente de l’utilisation de moyens numériques modernes de reconnaissance d’images, laisse songeur : des interrogateurs à Gaza dont on prétend qu’ils sont objectifs et des témoignages dont il serait malséant de suspecter la véracité. Il y a les accusations de crimes sexuels, c’est-à-dire des situations humiliantes lors d’interrogatoires, de nouveau les prisonniers en slip, les destructions d’hôpitaux, les conditions sanitaires, la famine, sans que jamais la responsabilité du Hamas ne soit évoquée. 

Démonstration absurde

Il y a aussi une pépite: la destruction du principal centre de fertilité in vitro de Gaza. Pourquoi «une pépite»? Parce que sa destruction a entrainé des pertes irréversibles pour la santé reproductive des Palestiniennes, ce qui permet à la commission de qualifier tout particulièrement cette destruction d’acte génocidaire. Tels qu’ils sont définis par la loi internationale, les actes génocidaires peuvent  n’avoir entrainé aucune mort: c’est le cas des transferts forcés d’enfants d’un groupe à un autre groupe, c’est le cas comme ici de mesures aboutissant à entraver les naissances au sein du groupe. 

On perçoit l’absurdité de la démonstration. Peu importe que ce centre de fertilité ait été ou non un centre terroriste, comme d’autres hôpitaux de Gaza l’ont été. Peu importe non plus que ces actes soi-disant génocidaires n’aient pas empêché que dans l’année 2024 il y ait eu 50 000 naissances à Gaza, bien plus que de décès d’enfant gazaouis même en prenant, comme le fait la commission les chiffres de mortalité du Hamas comme parole d’évangile (si je puis dire)…

Les conséquences sont graves. La commission ment en prétendant qu’elle reste sur le plan juridique strict en disant qu’Israël commet des actes génocidaires. Elle va désormais étudier la question de l’intentionnalité, ce qui transforme des actes génocidaires en génocide. Chris Sadone a dit qu’il avait des raisons de penser que cette intention était bien présente, ce qui donne une idée de la conclusion à venir.

Philippe Sands, le juriste international qui a écrit le Retour à Lemberg et qui se méfie du concept de génocide instauré par Lemkin, insiste sur le fait que la Cour Internationale de Justice est extrêmement stricte sur la définition de génocide. La volonté de destruction d’un groupe humain doit être l’intention unique ou massivement prédominante, de la perpétration des «actes génocidaires». Il considère qu’il n’y a aucune chance que cette Cour admette ce terme contre Israël.

Malheureusement, beaucoup de gens de bonne volonté qui pensent à tort qu’elle l’a déjà fait, se sentiront confirmés par cette vicieuse déclaration «d’actes génocidaires». C’est bien là l’objectif que suivent la Commission et le Conseil des Droits de l’Homme… Honte à eux. Ne laissons pas, quant à nous, les gens de bonne volonté être dupes.

Patrons en France: la sinistrose

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Pont-de-Claix, 26 novembre 2024 : trente-cinquième jour de grève des salariés de l'usine Vencorex, en redressement judiciaire et cible d'une offre de reprise par le groupe chinois Wanhua. Soumises à des charges patronales parmi les plus élevées d'Europe, les entreprises françaises sont sous pression... © Mourad Allili/SIPA

Difficile de garder le moral quand on est patron en France, pays où les prélèvements obligatoires, les impôts sur la production et les charges patronales sont les plus élevés au monde. L’étymologie latine de sinistre, « sinister – situé à gauche », définit admirablement l’origine politique du problème.


Prétendument envié par le monde entier, le modèle social français ne déchaîne réellement les passions qu’en Afrique et chez les nostalgiques de l’Union soviétique. En tout cas, les patrons français le goûtent peu. Des entrepreneurs mal-pensants se prennent même à rêver que ce chef-d’œuvre connaisse le sort prédit par Louis F. Céline aux débiteurs chroniques : « On ne meurt pas de dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire. » Hélas, on nous prête toujours pour financer nos endémiques « quoi qu’il en coûte » – coûts infligés bien sûr aux entreprises, aux riches et aux générations futures. Entreprendre dans le pays le plus à gauche du monde – à l’exception des dictatures communistes chères à LFI – relève ainsi de l’exploit ou de l’inconscience. Surtout pour un revenu moyen de 4 000 euros brut et soixante-dix heures de boulot par semaine – un seuil de rémunération au-delà duquel François Hollande, humoriste progressiste de 2012 à 2017, situait la richesse.

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L’embarras du choix dans les nuances de rouge

Le plus à gauche du monde ? Vraiment ? Se poser la question, c’est ne pas savoir aligner les différents paramètres qui font de la Gaule cette terre révolutionnaire par essence. Un pays qui entend faire payer les riches – donc les patrons – sans réaliser qu’ils paient déjà, et fort cher. Nulle part ailleurs les prélèvements obligatoires des particuliers, les impôts sur la production ou les charges patronales n’y sont plus élevés. 48 % du PIB pour les prélèvements, contre 41,9 % en moyenne en Europe ; 4 % du PIB soustrait au titre des impôts de production (moitié moins chez nos voisins !) ; les cotisations patronales françaises – 10,2 % du PIB – sont, enfin, à comparer aux 7,4 % de la moyenne européenne. Seule la microscopique Estonie nous prive cette fois de médaille d’or. Et l’on pourrait poursuivre ainsi sur 20 pages. Les fameux « cadeaux aux patrons » dénoncés rituellement par la CGT ne sont que de modiques rabais consentis à des moutons soigneusement tondus. Ce syndicat qui combat « pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste » – sans mentionner d’ailleurs où l’on trouverait trace d’une démocratie non capitaliste, un oubli sans doute – se voit toutefois dépassé sur sa gauche par SUD, un exploit à saluer. Autre signe d’un écosystème politique penchant singulièrement à gauche, la France est cette contrée où le Parti communiste, peu regardant sur les bilans génocidaires des « expériences » russes, chinoises ou cambodgiennes, n’a pas jugé utile de changer de nom contrairement à son homologue italien. Plus fort encore, le PCF est loin d’être le parti le plus à gauche de notre échiquier politique. De ce côté, on y trouve LFI, le NPA, Lutte ouvrière et quelques sectes pour lesquelles les 500 signatures nécessaires à la candidature suprême ne représentent pas un obstacle infranchissable. Quel autre pays moderne peut se payer le luxe de voir défiler sur ses écrans, à l’heure d’une élection cruciale, Mélenchon, Roussel, Poutou, Arthaud ? Ces amoureux transis de la démocratie appellent les travailleurs-travailleuses à retrouver le goût des piques et de la carmagnole – l’embarras du choix dans les nuances du rouge.

Une raisonnable gauche de gouvernement existe bel et bien, elle s’appelle la droite

Rester dans les clous de la doxa socialo-progressiste n’est plus seulement conseillé, mais institutionnalisé. Qui trouve-t-on à la tête de la Cour des comptes, du Conseil d’État ou du Conseil constitutionnel ? Moscovici, Fabius, Tabuteau, tous anciens membres de gouvernements socialistes et désormais en charge du fameux « État de droit » – en l’espèce, plutôt un « État de gauche » auquel on a bien compris qu’il ne fallait pas songer toucher. Les juges y veillent, notamment le Syndicat de la magistrature (un tiers des voix aux élections), auteur du « mur des cons » – dazibao clouant au pilori des parents de victimes qui pensaient « mal », une ignominie. Avoir affaire à un magistrat de cette obédience constitue, on s’en doute, un avantage particulier pour un chef d’entreprise et carrément le gros lot si vous êtes un homme politique classé à droite. Être traîné devant les prud’hommes, c’est avoir deux chances sur trois de perdre lorsqu’on est employeur. La prédilection du Parquet national financier pour les anciens membres du RPR ou du Front national ou les moyens alloués à des pratiques de république bananière pour écarter un candidat à la présidentielle jugé nauséabond constituent des indices supplémentaires du déséquilibre idéologique. Bien que chacun sache que les profs pensent à gauche, que France Inter et tout le service public de l’audiovisuel prêchent à gauche, que la fonction publique (20 % des emplois) en pince pour la gauche et donc que les institutions sont contrôlées par la gauche, les Français n’arrivent pas à se percevoir comme un pays de singuliers gauchistes. Sans doute parce qu’ils votent désormais massivement pour des partis classés à droite, même si cela reste sans effet sur les orientations majeures. Qu’on se rassure en effet, on ne trouve pas que l’extrême gauche sous nos cieux. Une raisonnable gauche de gouvernement existe bel et bien, elle s’appelle la droite. Une fois au pouvoir, elle pratique la même politique que le PS de Mitterrand : plus de dépenses publiques, plus d’impôts, plus d’immigration, moins de prisons. Des marqueurs typiques de la gauche, que ce soit aux États-Unis ou dans le reste de l’Europe, mais chez nous constitutifs du socle commun des partis dits de gouvernement. Avec sa retraite à 60 ans, le Rassemblement national, s’il est bien sociétalement un parti de droite, demeure économiquement un mouvement de gauche à l’échelle européenne. Même l’extrême droite française promet donc des politiques de gauche et reste muette sur le poids de la fonction publique ou l’épaisseur du Code du travail.

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Entreprendre dans cet enfer bureaucratique mérite ainsi tous les superlatifs. Notamment quand l’administration s’applique à retranscrire les directives européennes en les durcissant lorsqu’elles concernent l’environnement ou l’extension infinie des droits individuels. Bernard Arnault pense que le budget Barnier/Bayrou est une invitation à la délocalisation. Dommage qu’il ne soit pas envisageable de délocaliser l’Inspection du Travail en Corée du Nord, la CGT en Chine, LFI au Venezuela ou le Conseil constitutionnel à Cuba.

Le grand remplacement de Louis Boyard

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Le député d'extrème gauche Louis Boyard, image d'archive © ISA HARSIN/SIPA

Islamo-gauchisme. Dans le Val-de-Marne, visiblement, Louis Boyard a découvert que la solidarité en politique dure à peu près aussi longtemps qu’une story Instagram… Mais pas d’inquiétude, il reste optimiste: après tout, quoi de mieux qu’une humiliation collective pour souder une équipe en vue de 2026? Céline Pina prédit que ce qui est arrivé à l’Insoumis à Villeneuve-Saint-Georges annonce ce qui arrivera à LFI au niveau national. Analyse.


Dignité, fraternité, solidarité, toussa…

Pauvre Louis Boyard. Il aura appris à ses dépens que ce qu’ont vécu, dans l’histoire, les mouvements gauchistes à chaque fois qu’ils se sont alliés avec des groupes ethnico-religieux, fonctionne à titre individuel. Il vient en effet de se faire éjecter de sa propre liste. L’humiliation est publique et elle fait rigoler tout le landerneau. X s’en donne à cœur joie, moquant l’Insoumis plumé par ses colistiers pour les plus tendres, l’étrillant à coup de « Louis Boyard, victime du racisme anti-blanc » ou « Louis Boyard grand remplacé ». Les plus observateurs ou les plus perfides, selon le point de vue, y joignent une vidéo où on voit Mathilde Panot s’étrangler devant une Rima Hassan tenant un de ses discours nimbé des chatoyantes nuances qui la caractérisent : « L’antiracisme a besoin de visages incarnés, pas de porte-paroles éloignés de ces réalités. » En clair, ouste les Blancs ! Ou quand l’antiracisme remet en place la mécanique du racisme simplement en entortillant les mots comme des nœuds coulants.

Jeu de dupes

Mais revenons à Louis. Lundi 17 mars, le conseil municipal de Villeneuve-Saint-Georges (94) mettait en place les groupes municipaux qui le composent. Et oh surprise ! le seul groupe d’opposition existant, Dignité et Solidarité, ne compte pas Louis Boyard parmi ses membres, pourtant leur tête de liste aux élections municipales. En revanche, la liste citoyenne villeneuvoise, menée par Mamadou Traoré, y figure au complet. Ce n’est pas un revers pour Louis Boyard, c’est une déculottée. Et Louis Boyard, interrogé à ce sujet dans Le Parisien tente une cascade audacieuse pour montrer que ce n’est pas du tout ce qu’on imagine. En gros, « si Mamadou Traoré portera la voix de son groupe au conseil, lui aussi pourra s’exprimer ». On n’en doutait pas, cher Louis, on appelle même cela « la démocratie ». Comme preuve de l’indéfectible lien qui l’unit à ses anciens colistiers, il faut reconnaitre que c’est léger, éthéré même. Un adjectif que jamais je n’aurai cru associer un jour à Louis Boyard.

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Mais pourquoi, sur X, certains internautes ricanent-ils en invoquant la leçon iranienne pour expliquer que ce qui arrive à l’insoumis à Villeneuve-Saint-Georges annonce ce qui arrivera à LFI au niveau national : au jeu de dupes des alliances contre nature, ils seront dévorés. C’est ce qui est arrivé aux opposants communistes au Shah en Iran. Ils se sont alliés avec les islamistes, ont permis l’accession au pouvoir de Khomeini et ont ensuite été éliminés en deux ans par une purge aussi sanglante que féroce. Ils n’ont même pas eu le temps d’imprimer les mémoires occidentales.

Prolétariat de remplacement

La stratégie de LFI, qui consiste à considérer une nation comme un territoire que le plus fort ou le plus déterminé peut emporter, la conduit à n’avoir plus aucune colonne vertébrale autre que le ressentiment. La même fibre qu’exploitent les islamistes. A ce jeu, n’ayant plus d’électorat traditionnel au sens social (le vote ouvrier), le parti de gauche a choisi l’alliance avec la force constituée la plus influente du prolétariat de remplacement qu’ils se sont choisis, donc l’islamisme. Ainsi en misant sur l’immigration, ils ont épousé l’islamisme, lequel n’a pas besoin de l’idéologie marxiste, la religion étant un levier plus efficace sur le public ciblé.

Meeting de la liste d’extrème gauche « Dignité, fierté et solidarité », élection municipale de Villeneuve-Saint-Georges, 23 janvier 2025 © Chang Martin/SIPA

Mamadou Traoré, l’ancien allié de l’Insoumis et chef de file du mouvement citoyen nous est présenté comme la voix des quartiers. Et c’est bien cette plus-value qui lui a valu sa place de second de liste. Quant à son acolyte, Mohamed Ben Yakhlef, il est « très investi sur les sujets liés à l’islam » comme l’écrivent pudiquement les journalistes. Ses positions pro-Hamas ont « fait polémique » : autrement dit, les gens choqués par le fait qu’il défende le Hamas le jour du 7-Octobre et les suivants ont été traités « d’extrême-droite » et de « fascistes » quand l’homme a gardé sa place sur la liste. D’ailleurs, on se souvient que la campagne municipale de cette joyeuse équipe s’était beaucoup concentrée sur le sujet de Gaza, très en phase – on s’en doute – avec les difficultés de cette commune, une des plus pauvres de sa région, et pas du tout en phase avec les obsessions communautaristes et religieuses de certains leaders « de la diversité »…

Personne ne versera une larme sur le fessier endolori de Louis Boyard, mais la question reste posée :  sa situation vaut-elle prédiction ? En attendant, la mésaventure de l’Insoumis illustre ce vieil adage : quand on a accepté de partager un repas avec le diable mieux vaut se munir d’une longue fourchette pour ne pas finir au menu.

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« La césure du procès pénal est une mauvaise réforme »

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Le garde des sceaux Gérald Darmanin visite la maison centrale (prison) de Saint-Maur dans l'Indre, 28 février 2025 © Charles Bury/SIPA

Depuis le 30 septembre 2021, le Code de la justice pénale des mineurs a pour ambition de rendre la justice plus rapide et plus lisible. Parmi les évolutions majeures, la césure du procès pénal vise à raccourcir les délais de jugement tout en laissant une place à la mise à l’épreuve éducative du mineur. Cette mesure entraîne donc un écart entre le délit et la sanction, empêchant le mineur de se rendre compte de ses actes, et le laissant libre de récidiver…


Au cœur de l’actualité politique, médiatique et législative, la justice des mineurs demeure mal connue et mal comprise du grand public. Au-delà du fait qu’il est surprenant de voir des députés de la majorité présidentielle remettre en question le code de justice pénale des mineurs (CJPM), que leur camp a pourtant conçu et porté, notre collectif affirme que la réforme qui vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale ne résoudra rien tant elle pèche par manque d’analyse des causes profondes des dysfonctionnements actuels. 

De fait divers en fait de société, la justice pénale des mineurs est régulièrement au centre des débats, que ce soit pour critiquer son ambition affichée de donner la primauté à l’éducatif sur le répressif ou pour dénoncer le code de justice pénale des mineurs comme un ouvrage crypto-fasciste ayant pour but d’incarcérer tous les mineurs de France. Les commentateurs de tous bords semblent parfois oublier qu’on ne s’improvise pas juriste. Tout comme ils ne s’aviseraient pas de procéder à la révision d’une centrale nucléaire sur la base de vagues notions de physique, ils devraient s’abstenir de livrer des pseudo-analyses fondées sur des poncifs et des contre-vérités à propos d’un droit qu’ils maîtrisent mal et qui relève davantage de l’usine à gaz que du bel ouvrage législatif. Une mise au point s’impose, précisément dans l’intérêt du débat public, afin que chacun puisse se faire une opinion éclairée, à partir d’informations fiables et précises. 

Nous analyserons donc cinq réflexions fréquentes à propos de la justice des mineurs et tenterons de démêler le vrai du faux. Cet exercice sera également l’occasion d’apporter des réponses à la question centrale qui devrait tourmenter chaque apprenti réformateur de la Justice française : si laxisme il y a, la faute aux juges ou la faute à la loi ? Enfin, nous apporterons des propositions de réforme réelle, voire de véritable révolution.

épisode 2 épisode 3 épisode 4 épisode 5


Depuis le 30 septembre 2021, le code de la justice pénale des mineurs (CJPM) est en vigueur. Il a remplacé l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. Cette dernière était devenue de l’avis de tous, au fil du temps et des réformes successives, illisible et peu adaptée aux enjeux contemporains. La « réforme » qui a été annoncée à l’époque est en réalité principalement une opération de réécriture, le CJPM reprenant les dispositions de l’ordonnance de 1945 mais en les classifiant afin de les rendre plus claires.

Une nouvelle procédure

Un changement majeur a toutefois été adopté : le passage d’un régime où le juge des enfants agissait comme juge d’instruction à un régime de césure du procès pénal. Cette modification avait pour objectif de réduire les délais entre le moment où l’infraction est commise et la condamnation du délinquant, et force est de constater que cet objectif a été atteint : d’un délai de jugement de 15 à 20 mois en moyenne sous le régime de l’ordonnance de 1945, nous sommes passés en 2023 à un délai moyen de 9 mois entre la première convocation en justice et le prononcé de la sanction. 

En effet, la procédure antérieure avait pour inconvénient de fonctionner comme une information préparatoire, procédure d’enquête lourde en principe confiée à juge d’instruction et réservée aux infractions les plus graves et les plus complexes. Après avoir cambriolé une maison, Kévin1 était convoqué aux fins de mise en examen (un statut de suspect ouvrant la possibilité de le placer en détention ou sous contrôle judiciaire) et placé sous surveillance (« j’ai des éléments contre vous jeune homme, attention le jour où vous serez jugé ça va barder »). Puis le juge des enfants clôturait la procédure quand elle lui paraissait en état d’être jugée. Entre ces deux actes s’ouvrait une phase indéterminée dans sa temporalité et dans son contenu, forme de faille spatio-temporelle au cours de laquelle Kévin était plus ou moins mis à l’épreuve et attendait sans certitude aucune le jour de son jugement (de même que sa victime le cas échéant). Des procédures pouvaient ainsi végéter pendant des mois voire des années dans les cabinets des juges des enfants, sans aucune obligation pour eux de les clôturer, entraînant des délais de jugement parfois effarants (et Kévin se retrouvait devant le tribunal pour enfants à 21 ans, ayant depuis braqué trois banques et conçu deux enfants). 

À lire aussi : Emprisonnement: l’exécution à la peine

Cette procédure était d’autant plus inadaptée que l’instruction préparatoire est utile lorsque les faits commis sont complexes. Heureusement, c’est rarement le cas des dossiers impliquant des mineurs, dont la délinquance se caractérise par son amateurisme et une propension surprenante à la reconnaissance des faits (la conviction de n’être pas ou peu sanctionné alliée à la tendance naturelle du jeune de 13 à 17 ans à la provocation n’étant probablement pas étrangère à cette dernière caractéristique). Une information judiciaire pour un vol de scooter ou un trafic de stupéfiants d’une journée, c’est un peu comme écraser une noix avec un rouleau compresseur : chronophage, coûteux, inutile et in fine ridicule.

La fameuse césure

Face à ce constat, le code de justice pénale des mineurs a principalement eu pour objet d’aligner le mode de jugement des mineurs sur celui des majeurs, avec une convocation de Kévin directement devant la juridiction de jugement (juge des enfants ou tribunal pour enfants), sans passer par la zone d’attente de l’instruction préparatoire. Cependant, l’idée de mettre à l’épreuve le mineur est demeurée, afin de lui permettre de s’amender une fois placé dans un cadre éducatif considéré comme adéquat : c’est la césure.

Notre Kévin commet un nouveau cambriolage (les mineurs manquent d’imagination) le 24 février 2025. Il est placé en garde-à-vue. À l’issue, il est convoqué une première fois pour que le juge statue sur sa culpabilité, dans un délai de trois mois donc aux alentours du 24 mai 2025. Puis s’ouvre une période de « mise à l’épreuve éducative » durant laquelle Kévin est placé sous surveillance judiciaire : concrètement, il a rendez-vous avec des éducateurs, doit aller à l’école et ne pas recommencer. S’il peut connecter deux neurones et réfléchir sur les faits, c’est bien aussi, mais c’est le niveau du dessus. À l’issue de cette période, limitée à 6 à 9 mois en théorie, fin 2025-début 2026 donc, Kévin reviendra devant le juge qui statuera sur la sanction (peine ou mesure éducative) qu’il convient de lui infliger, en fonction du parcours qui aura été le sien pendant cette période. De la première convocation au jugement sur la sanction, le délai maximum de la procédure est donc d’un an (si le délai est dépassé, il ne se passe… rien. Il ne faudrait pas non plus brusquer les tribunaux pour enfants).

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Bilan : les délais de jugement ont objectivement été réduits par la césure du procès pénal. Néanmoins, a été conservé le principe selon lequel les mineurs doivent être punis pour les infractions commises après une période de mise à l’épreuve. Si cette logique peut s’entendre pour les mineurs primo-délinquants, ayant des bases éducatives et adhérant à un suivi, le fait d’attendre plusieurs mois pour sanctionner des mineurs ancrés dans la délinquance, ultra-violents ou ayant commis des faits graves questionne sur l’efficacité du processus. Pendant son année de « surveillance », Kévin aura en effet probablement commis deux ou trois autres cambriolages, reçu deux ou trois autres convocations et finalement diversifié son activité dans la vente de cocaïne, bien plus rentable et bien moins risquée.

Un délai bien trop long

En effet, si les professionnels de justice ne s’émeuvent plus d’un délai de jugement moyen de 9 mois compte tenu de ceux observés dans certaines juridictions, il n’est pas satisfaisant d’apporter une réponse pénale à un acte délictueux près d’un an après l’infraction, que son auteur soit majeur ou mineur. Lorsque le délinquant est mineur, l’absurde s’ajoute à l’inadéquat : quel adulte responsable peut penser de bonne foi que punir un enfant 9 mois plus tard pour un acte répréhensible a le moindre sens pour lui ? Quelle dimension pédagogique peut bien avoir une réaction aussi tardive ? 9 mois plus tard, le mineur a – parfois de bonne foi – complètement oublié son geste et surtout a eu quinze fois le temps de faire pire, aucune limite n’ayant été fermement et sérieusement posée. Dans ces conditions, nous ne pouvons que constater que le CJPM a pérennisé un principe néfaste à la prévention de la récidive des mineurs délinquants : il ne sert à rien de constater que le délai a diminué alors que le principe devrait être l’absence de délai. Si suivi il doit y avoir, suivi il y aura après le prononcé d’une peine qui permettra une sanction si elle n’est pas respectée. 

En résumé : pour sauver Kévin, pas de « tu seras privé de télé… dans 9 mois ». 

RESPONSABLE PRINCIPAL : LA LOI

NOTRE PROPOSITION POUR EN SORTIR :

  • Supprimer la césure pour prononcer une sanction rapidement après les faits et mettre le mineur à l’épreuve dans le cadre d’une peine 

La semaine prochaine, épisode 2 : « Il faut une comparution immédiate pour les mineurs »

  1. Ceci est une dédicace à notre actuel garde des Sceaux, en référence à son analyse de la jeunesse délinquante ayant sévi au moment des émeutes de l’été 2023. Les Kévin, on vous aime. ↩︎

Le droit du sol est-il vraiment un « principe fondamental » de la République, comme l’affirmait François Hollande ?

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La police et les CRS évacuent des migrants clandestins de la Gaité lyrique, Paris, 18 mars 2025 © SLEMOUTON/SIPA

Et quoi qu’il en soit, ne devrait-on pas aussi parler de « devoir du sol » de temps en temps ? Le droit du sol sans l’assimilation n’est que ruine de l’âme de la France…


La loi du 22 juillet 1993 réformant le code de la nationalité soumettait son obtention, par les enfants nés de parents étrangers, à une déclaration de volonté motivée entre 16 et 21 ans. Les préfectures organisaient des cérémonies de naturalisation pour célébrer l’évènement avec solennité. Le texte passa avec succès le contrôle de constitutionnalité : le « Conseil des 9 sages » n’a pas élevé le droit du sol au rang d’un « principe fondamental reconnu par les lois de la République ». Il estime que son instauration par la loi de 1889 confirmée en 1927, correspond à une mesure liée aux circonstances de l’époque avec la mise en place de la conscription (Décision n° 93-321 DC du 20 juillet 1993). Revenue aux affaires en 1997, la gauche sous la férule d’Élisabeth Guigou, garde des Sceaux, s’empressa d’annihiler le dispositif en restaurant l’automaticité du droit du sol qui prévalait antérieurement (loi du 16 mars 1998 modifiée). Désormais, en vertu des articles 21-7 et 21-11 du Code civil, tout enfant né en France de parents étrangers acquiert la nationalité française dès sa majorité, ou de façon anticipée sur déclaration à partir de l’âge de 13 ans (au nom du mineur) et de 16 ans.

Invité sur BFMTV le 9 février 2025, et contre la jurisprudence du Conseil constitutionnel, l’ancien président de la République, François Hollande, qualifia le droit du sol comme étant un des « principes fondamentaux de la République », alors que le Sénat doit le 25 mars 2025 débattre sur la question du rallongement de la durée de résidence de parents étrangers à Mayotte pour qu’un enfant puisse acquérir la nationalité française.

Mayotte convoque dans le débat la question de la nationalité

La loi du 10 septembre 2018 pour une immigration maîtrisée, visant l’objectif de lutter contre l’immigration venue des Comores, déroge aux articles précités du Code civil, et exige que l’un au moins des parents réside en France de manière régulière et interrompue depuis plus de trois mois (art. 2493 du Code civil). Le Conseil constitutionnel a validé cette disposition au motif que la différence de traitement instaurée tient compte des caractéristiques et contraintes particulières propres à Mayotte soumise à des flux migratoires conséquents (Décision n° 2018-770 DC du 6 septembre 2018).

À lire aussi : Immigration : convertir l’opinion publique au lieu de l’informer

On se souvient ensuite que le président de la République a saisi le Conseil constitutionnel du projet loi Immigration-intégration du 26 janvier 2024. Étaient visés les amendements du groupe LR au rang desquels figurait l’article 81 de la loi qui prévoyait un durcissement des conditions d’acquisition de la nationalité française pour les enfants nés de parents étrangers dans les territoires de la Guyane, de Saint-Martin et de Mayotte. Il était prévu, pour Mayotte, que les deux parents (un seul pour la Guyane et Saint-Martin) doivent avoir résidé régulièrement sur le territoire depuis un certain temps. Le Conseil constitutionnel a censuré cette disposition pour des raisons de forme, en considérant qu’elle présentait le caractère d’un « cavalier législatif », sans lien direct avec le projet de loi. C’est évidemment contestable, mais il ne s’est pas prononcé sur le fond, au regard des principes constitutionnels d’égalité devant la loi et d’indivisibilité de la République. La décision du 25 janvier 2024 ne semble pas amorcer un revirement de jurisprudence.

Anne-Marie Le Pourhiet1 précise que les lois concernant la nationalité française sont des lois de souveraineté qui ne peuvent varier d’une collectivité à une autre, et de s’étonner qu’un tel dispositif ait pu être validé par le Conseil constitutionnel. La professeure de droit public propose donc la suppression du droit du sol sur l’ensemble du territoire national.

Le droit du sol n’est pas consubstantiel à la tradition républicaine

Le journaliste Guillaume Perrault rappelle que « la Révolution fait dépendre la qualité de français, pour l’essentiel du droit du sang. Cette expression millénaire, héritée de l’Antiquité et du droit romain (jus sangunini), n’a rien d’agressif. C’est un principe juridique qui signifie que la citoyenneté repose sur la filiation […] », et montre « qu’après la défaite de 1870, les républicains sont décidés à faciliter l’accès à la nationalité pour astreindre les bénéficiaires au service militaire et grossir les effectifs de l’armée. […] Plutôt que le droit du sol, il serait plus exact et plus éclairant de parler de devoir du sol. »2 Si, tradition constitutionnelle il y a, elle repose sur un accès souvent aisé à la nationalité à condition de manifester une volonté d’assimilation « afin d’être digne d’obtenir la qualité de français, jugée hautement désirable » (article précité). Le concept d’immigration choisie est donc recevable. S’agissant de la naturalisation, autre mode d’acquisition de la nationalité, l’article 21-24 du Code civil énonce que « nul ne peut être naturalisé s’il ne justifie de son assimilation à la communauté française, notamment par une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue, de l’histoire, de la culture et de la société françaises, […], et des droits et devoirs conférés par la nationalité française ainsi que par l’adhésion aux principes et aux valeurs essentiels de la République. » Lorsque la volonté d’assimilation est gravement trahie, l’article 25 du même Code prévoit les possibilités de déchéance de la nationalité sauf si elle a pour effet de rendre l’individu apatride.

« Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation »

Cette formule de l’historien Jacques Bainville3 illustre la conception volontariste qui appelle un acte d’adhésion à ce qui fonde la personnalité de la nation. Or, « la culture c’est la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre… En vidant une nation de sa culture on la condamne à mort » (Milan Kundera, Le Monde, 1979).

A lire aussi: Dans le mur de l’État de droit

Ernest Renan4 donne ses lettres de noblesse à une conception française de la nation dans la veine de la tradition républicaine : « Une nation est une âme, un principe spirituel […] le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis […]. L’existence d’une nation est un plébiscite de chaque jour […] Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations servent à l’œuvre commune de la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l’humanité. » Et de résumer ainsi : « L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion […] ». Cette définition fait écho à l’œuvre de la IIIème République. C’est elle qui créa l’école libre des sciences politiques en 1872 afin de répondre à la crise politique et morale qui frappait la France dans le contexte de la défaite de 1870. Sciences Po est devenue un défilé de keffieh sous l’égide du wokisme conspuant le récit national expulsé des programmes scolaires. C’est elle qui convoqua Jeanne d’Arc comme figure allégorique du récit national avant même que l’Église catholique ne la canonisât ! Les théories racialistes prônent à l’inverse, l’assignation identitaire. Sous prétexte de société inclusive, la France devient « un espace multiculturel ouvert à tous les vents », porté par « un taux d’immigration qui représente une rupture historique 5». L’entreprise d’anéantissement ou de cancel culture est menée tambour battant et avance sous la bannière de l’extrême gauche qui, avec ses idiots utiles, font régner un climat de « terrorisme intellectuel » en verrouillant la liberté d’expression (l’écran noir de C8), et en œuvrant à rendre la société française « charia compatible » selon l’expression de Florence Bergeaud-Blackler. L’invitation à l’Assemblée nationale, lancée par le député R. Arnault (LFI), au comité contre l’islamophobie en Europe issu du CCIF dissout en 2020, pour ses accointances avec la mouvance islamiste, témoigne de l’entrisme des Frères musulmans et de leurs relais, qui diffusent leur idéologie dans les clubs sportifs6, dans les écoles, collèges et lycées publics, au cœur des institutions européennes. La France est confrontée au repli identitaire et à la progression du fondamentalisme islamiste7 qui menacent son modèle civilisationnel. La journaliste Pauline Condomines8 montre, après avoir infiltré des collectifs de sans-papiers, comment les militants associatifs instrumentalisent les jeunes migrants non admis au statut de mineurs isolés, pour grossir le cortège des revendications indigénistes, en contrepartie, pour les plus actifs de ces migrants, d’une assistance dans leurs démarches de régularisation (voir par exemple l’épisode de l’occupation de la gaîté lyrique).

Le droit du sol sans l’assimilation n’est que ruine de l’âme de la France.

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  1. Le Figaro, Tribune, 13 mars 2025 ↩︎
  2. Le Figaro, Tribune, 13 mars 2025 ↩︎
  3. Le Figaro, Tribune, 13 mars 2025 ↩︎
  4. Ernest Renan, Qu’est qu’une nation, Conférence prononcée à la Sorbonne en 1882 ↩︎
  5. Jean Sévillia, Les habits neufs du terrorisme intellectuel, Perrin, 2025 ; Démographie en France : conséquence
    pour l’action publique de demain, note d’éclairage, Institut Montaigne, août 2023 ↩︎
  6. Médéric Chapitaux, Quand l’islamisme pénètre le sport, PUF, 2023. Le Sénat vient d’adopter le 18 mars 2025
    une proposition de loi visant à interdire le port de signes ou de tenues manifestant ostensiblement une
    appartenance politique ou religieuse pendant les compétitions sportives organisées par les fédérations sportives,
    les ligues et leurs associations affiliées, ainsi que le détournement d’un équipement sportif, et impose le respect
    du principe de neutralité et de laïcité dans les piscines municipales. Pour rappel, le Conseil d’Eta a validé les
    statuts de la FFF qui prévoient l’interdiction des tenues et signes en question (CE 29 juin 2023), et a suspendu
    l’exécution du règlement intérieur des piscines municipales de Grenoble qui autorisait le « burkini » (CE 21 juin
    202). ↩︎
  7. Florence Bergeaud-Blackler, Le frèrisme et ses réseaux, Odile Jacob, 2023 ↩︎
  8. Pauline Condomines, Livre noir, L’enfer du décor ↩︎

Julien Moinil: tout est perdu mais il y a des hommes!

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Le procureur du roi de Bruxelles, Julien Moinil, photographié lors d'une conférence de presse concernant l'arrestation du criminel franco-italien Antonio Ferrara, le vendredi 28 février 2025, au siège de la police fédérale belge, à Bruxelles © Shutterstock/SIPA

Narcotrafic. Batman, surnom du nouveau procureur du roi de Bruxelles Julien Moinil, mène une offensive contre le trafic de drogue et les fusillades qui gangrènent sa ville, multipliant les arrestations et affirmant sa détermination à rétablir l’ordre. Son action rapide et musclée surprend les narcotrafiquants, bien que les moyens de la police et de la justice belge demeurent insuffisants.


À Bruxelles, tout a changé. Il y a un nouveau procureur du Roi, Julien Moinil et l’accablement, la résignation se sentent moins chez eux dans cette capitale. Ce n’est pas au Salvador, c’est en Belgique, pas loin de chez nous. L’exemple n’est pas exotique ni offensant. Il est dans notre sphère, dans notre monde. On peut, on doit s’en inspirer.

Il confirme ce que j’ai toujours pensé, comme magistrat, comme chroniqueur, comme homme. Les personnalités où qu’elles soient, dans quelque espace que ce soit, dès lors qu’elles ont énergie, courage et volonté, seront plus fortes que les structures et vaincront ce que la réalité apparente aura de désespérant, de fatal. À condition, précisément, de se persuader et de persuader autour de soi que rien d’impossible ne vous sera opposé.

Sans frémir

Et qu’on ne nous rebatte pas les oreilles avec l’éloge du collectif comme si le propre de ces modèles professionnels et humains n’était pas d’agréger, autour de leur singularité, une pluralité fière de travailler sous leurs ordres.

Sans surestimer le tableau français, à considérer l’état de Bruxelles sur le plan de la sécurité et de la Justice, du palais de Justice à restaurer, des prisons surchargées à la faillite de la lutte contre les crimes et les délits les plus graves, de l’absence de moyens – la cour d’appel a été contrainte de suspendre ses jugements à partir du 10 mars – à l’incurie des politiques, qui aurait pu accepter sans frémir la haute fonction de procureur du Roi ?

Il fallait déjà un caractère, connaissant ce qui allait lui échoir, résolu à ne pas céder face à un réel apparemment implacable. Dès sa nomination, en janvier, dans ce poste prestigieux, Julien Moinil a affirmé que son équipe et lui allaient « y arriver » (Le Monde).

A lire aussi: Le métro bruxellois, symbole du déclin de la capitale belge

Avec une double ambition selon lui : « remettre d’aplomb le plus grand parquet du pays et rétablir l’ordre dans une ville gangrenée par la criminalité avec des métastases partout ». Et une double exigence : « assouvir sa passion de la vérité et protéger les autres ».

Julien Moinil n’est pas homme non plus à se satisfaire de promesses en l’air. Il a d’ailleurs déclaré, le 15 février, devant les parlementaires qu’il en avait « assez des effets d’annonce ». Une magistrate parisienne étonnée par sa liberté a observé qu’avec de tels propos l’ancien garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti l’aurait muté à Mayotte !

Arrestations en hausse

Depuis qu’il est procureur du Roi, les arrestations ont quadruplé. Deux mille en quelques semaines.

Cet « intrépide et infatigable bosseur » selon ses collègues, surnommé Batman, n’est pas un héros. À l’évidence il fait partie de ces quelques êtres qui, partout où ils sont, donnent le « la ». Alors que tout va mal, il ne se plaint pas, il ne parle pas, il ne commente pas. Il agit.

La conséquence immédiate pour les trafiquants qui se sont donné le mot sur leurs réseaux cryptés est qu’on « n’est plus à l’aise à Bruxelles, qu’on n’y est plus tranquille ».

Loin de moi, en écrivant ce billet sur ce très grand magistrat belge, de jeter une pierre dans l’univers de la magistrature française. Je suis contraint cependant de relever que cette dernière n’est plus portée ni incarnée par une ou plusieurs personnalités emblématiques même si malheureusement quelques remarquables magistrats demeurent peu connus ou sont noyés dans une ignorance générale ou une dérision facile. Le syndicalisme ne tente personne et ne fascine pas. Cette pente est d’ailleurs aussi celle du barreau pénal en France où il n’y a plus de « maîtres ».

Je souhaite bon vent à Julien Moinil. Rien n’est perdu puisqu’il est là.

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Dénégationnistes professionnels et dressage intellectuel

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Affiche de LFI. Le parti de Jean-Luc Mélenchon organise des marches samedi en France contre "l'extrème droite". DR.

Quand la vérité dérange, on l’appelle extrême droite. Avant toute chose, la France doit se libérer des enfumeurs, tonne notre chroniqueur Ivan Rioufol, qui dénonce depuis des années le conditionnement idéologique faisant l’éloge de l’immigration massive et d’une mondialisation prétendument « heureuse ».


Lutter contre l’immigration invasive, qui met en péril l’identité française, la sécurité publique et la démocratie libérale, oblige à lutter prioritairement contre la censure des idéologues : ils interdisent de s’exprimer comme je viens de le faire, sauf à être catalogué d’« extrême droite ». Pour eux, l’immigration n’est pas un sujet puisqu’elle est constitutive de la France.

A lire aussi: Sophia Chikirou, le « martyr » du Hamas et la chute de la maison Mélenchon

C’est ce dogme qu’avait exprimé Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, en déclarant le 19 septembre 2023 : « La question de l’immigration n’est pas une question d’opinion publique. Il n’y a pas à être pour ou contre. Etre contre, c’est comme être contre le soleil ». Or ce dressage intellectuel, qui invite à applaudir au nouveau peuplement extra-européen, a ses influenceurs. Ils tiennent le haut du pavé, comme le rappelle la démographe Michèle Tribalat dans un texte mis en ligne mardi par Causeur. Initialement, cet article aurait dû faire partie d’un livre collectif, codirigé par Pierre Vermeren, Face à l’obscurantisme woke, qui devait être publié aux PUF (Presses universitaires de France). Sous la pression de Patrick Boucheron, du Collège de France, l’ouvrage a été déprogrammé in extrémis. Mais la contribution de Tribalat avait été elle-même exclue préalablement du projet, dans la crainte de déplaire à François Héran, également du Collège de France, dont elle dénonce les pratiques d’enfumage. Le crime de la démographe ?  S’attacher au réel et dénoncer les faussaires, en suivant l’analyse de Jean-François Revel : « L’idéologue désire non point connaître la vérité, mais protéger son système de croyance et abolir, spirituellement faute de mieux, tous ceux qui ne croient pas comme lui. L’idéologie repose sur une communion dans le mensonge impliquant l’ostracisme automatique de quiconque refuse de la partager. »

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La première des menaces existentielles pour la France est portée par ces dénégationnistes professionnels, souvent dénoncés ici. Ils veulent faire plier le réel sous des concepts contredits par les faits. C’est ainsi, par exemple, que le racisme anti-blanc est nié par principe, les minorités ethniques devant être sacralisées. Cette technique de subversion totalitaire, décrite par Roger Muchielli dans les années soixante-dix[1], repose sur la désinformation et la propagande.  À l’époque, Muchielli invitait « les républiques, si elles ne veulent pas mourir, à entreprendre la contre-subversion » consistant à déceler les mécanismes visant à obtenir « l’apathie populaire ». Or cette résistance n’a pas été conduite à son terme. La France subit, plus que jamais, le terrorisme intellectuel des gardiens de la mondialisation heureuse et des sociétés ouvertes. Par le jeu des cooptations, cette caste monopolise les hautes sphères du monde intellectuel et médiatique, du Collège de France jusqu’au Monde en passant par Science-Po. La France Insoumise, qui appelle à manifester samedi à Paris « contre l’extrême droite, ses idées et ses relais », en ciblant nommément des personnalités y compris dans leur judéité (Cyril Hanouna), est le produit de cette tyrannie qui se perpétue.

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Et Emmanuel Macron lui-même ne cesse de rejeter, pareillement, ses opposants dans le camp des « populistes », des « complotistes » ou de l’ « extrême droite ». La dernière lubie du gouvernement, dans le prolongement de l’infantilisation des citoyens par la peur, consistera à distribuer à tous un « manuel de survie » en cas de menaces contre la France. Mais ces apprentis-sorciers sont la vraie menace.

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[1] La subversion, Editions CLC (1976)

Tout ne va pas très bien, Madame la marquise!

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Rachida Dati, ministre de la Culture, accompagnée du photographe JR (à droite), a annoncé ce mardi 18 mars 2025, à la Villette, l’ouverture de « Freestyle Villette - Maison des cultures urbaines », prévue pour l’automne 2025. Ce lieu permanent, situé dans le parc de la Villette, visera à promouvoir les pratiques liées aux cultures urbaines (danse, musique, street art, sport urbain) © Chang Martin/SIPA

C’est une guerre! Pour défendre la langue française, l’AFRAV multiplie les actions sur tous les fronts: procès contre le Navigo Easy de Pécresse, contestation des plaques en écriture inclusive d’Hidalgo, opposition aux slogans publicitaires en anglais de l’UE, critique de l’intitulé de Rachida Dati France Music Week pour la fête de la musique… La bataille pour préserver notre langue est plus vive que jamais!


En cette semaine de la langue française, nous apprenons par l’Afrav (Association Francophonie Avenir) que deux procès pour défendre la langue française passent devant les juges de la Cour administrative d’appel de Paris.

L’une, opposant l’Afrav, depuis le 23 mai 2019, à la présidente du syndicat des Transports de l’île-de-France (Ile-de-France Mobilités), Madame Valérie Pécresse, en ce qui concerne la marque à connotation anglaise donnée au pass navigo : Navigo Easy. Une autre affaire oppose la même association, depuis le 30 décembre 2021, à Madame Anne Hidalgo, en ce qui concerne les inscriptions en écriture inclusive de deux plaques commémoratives mises en place à la mairie de Paris.

Les nouvelles guerres du français

Ajoutons qu’a été saisi, le 10 mars 2025, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, lui demandant d’intervenir afin que l’UE cesse de signer ses publicités systématiquement en anglais. Exemple récent : le NEXT GEN EU qui a succédé au YOU ARE EU de mars 2023. Vient d’être saisi également, le 18 mars 2025, le directeur de l’Académie de défense de l’Ecole Militaire de Paris, afin qu’il abandonne l’appellation Paris DEFENCE AND STRATEGY FORUM-Europe at the cross roads. J’écris avec des italiques comme l’exige la police d’écriture.

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Pour rappel : le 4 mars, un collectif d’associations de la langue française a adressé à Madame Rachida Dati une lettre lui demandant pourquoi elle intitulerait la fête à venir de la musique, qui s’étalerait sur une semaine, France Music Week. Pourquoi pas Semaine musicale ? La semaine des Accords ? En avant la musique ? Est-ce qu’Emmanuel Macron, grand francophile devant l’Éternel, voudrait aligner le mot et la chose sur la Fashion week, au prétexte que la dénomination anglaise de ce carrefour musical mondial serait une bonne manière de faire connaître la musique française ? Tout comme, à l’Université, enseigner Proust en anglais fait mieux connaître La Recherche ? Jack Lang avait-il intitulé, en 1981, la journée de la musique : «  Music Day » ?

A l’heure guerrière que nous vivons, il est temps de s’armer, une bonne fois, pour la défense du français, garant de l’unité de notre pays. Oui, je sais, les mots guerriers ne plaisent pas, appliqués à notre langue. Le français, histoire d’un combat : tel était pourtant le titre d’un livre de Claude Hagège. Car le mot combat n’est pas un gros mot, c’est une réalité. Pas besoin de milliards ni d’avions mais de déployer sur le terrain, en tout, pour tout, les armes de l’usage, du bon sens, de l’unité, de la culture. Relire les ordonnances royales de Villers-Cotterêts, en date de 1539 — l’histoire de notre langue remonte à loin. Relire l’article 2 de la Constitution française : « La langue de la République est le français ». Relire et faire appliquer, stricto sensu, la loi Toubon. Enfin, surtout, soulever, une bonne fois, réellement, courageusement, le problème de notre langue en pleine déconfiture, qu’aucun homme politique n’aborde.

Le globish, voilà l’ennemi !

« L’école est gagnée par l’anglais comme les banlieues par la drogue » dit le président de l’Afrav. Il ne s’agit pas, pour « justifier » sa déstructuration et sa déliquescence, de dire et redire comme un perroquet, que le français a emprunté, emprunte et empruntera des mots aux langues avoisinantes : on le sait, depuis lurette, que certains mots viennent de l’anglais, de l’arabe, du gaulois non écrit, du germanique. Ainsi va la vie d’une langue. Là n’est pas la question mais de la colonisation du français par un anglais, lui-même dénaturé en globish fourre-tout, le tout, accompagné et conforté, par des borborygmes et un parler des banlieues qui est tout sauf un « enrichissement ». Il s’agit d’une soumission à la langue d’un « empire ». Le président de l’Afrav le dit encore : on parle de russification et jamais d’anglicisation et d’américanisation du français.

Le français est en recul à l’école et ailleurs. Entendons : la maîtrise d’une langue qui assure son usage, sa bonne santé et sa vitalité. Si personne ne voit le danger que pose la dénaturation du français, c’est que l’heure est grave.