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Sandrine Rousseau déménage à Pantin

Pantin de maire ou maire de Pantin?


Sandrine Rousseau déménage à Pantin
© JULIEN DE ROSA / AFP

En Seine-Saint-Denis, le maire Bertrand Kern a décidé de changer le nom de sa ville. Dans des vœux ubuesques pour 2023, l’édile a indiqué que la commune de Pantin allait s’appeler « Pantine », en signe d’engagement pour nos amies les femmes, pendant un an.


Sandrine Rousseau est peut-être en ce moment même en train de déménager. Je subodore que certains d’entre vous s’interrogent déjà : « Mais où veut en venir Desrimais ? Ça fait un moment qu’on sait qu’elle déménage ! »

Pardonnez mon imprécision ; je ne parle pas ici de déraison ou de divagation mais de déménagement au sens premier, c’est-à-dire de changement de lieu d’habitation. Il se peut, précisé-je, que Sandrine Rousseau ait pris la décision d’aller vivre dans cette ville dont le maire PS vient d’annoncer le changement symbolique de nom, ceci afin de la placer, dit-il, « sous l’égide de l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les violences faites aux femmes ». Ô la belle idée ! s’extasie Dame Rousseau en préparant ses cartons, tandis que les administrés de cette commune, abasourdis en même temps qu’égayés par la nouvelle, se demandent si leur éminent édile n’est pas un pantin de maire plutôt que le maire de Pantin.

Bertrand Kern, un homme déconstruit

Bertrand Kern est le maire PS de Pantin (93). Ou plutôt de… Pantine. Pendant un an, les habitants de Pantin habiteront la ville de Pantine, ainsi en a décidé leur maire possiblement en cours de déconstruction. « Nous rajouterons un « e » au nom de la ville parce qu’ainsi, nous voulons interpeller », a déclaré M. Kern, qui parle le Sandrine-Rousseau couramment, au lendemain d’une nuit de la Saint Sylvestre qu’on imagine très arrosée – c’est la seule explication possible à cette décision qui, sinon, fleure bon son wokisme à deux balles et la bêtise à cent millions de dollars.

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Délire de visibilisation

M. Kern, pêcheur de voix en gros, tenait absolument à afficher son allégeance à un néo-féminisme de plus en plus crétin, de type rousseauiste. Pour ce faire, ce diplômé de Sciences Po et de la Sorbonne reprend à son compte une thèse sémantique établie par des féministes abêties croyant dur comme fer que la lettre « e » est la lettre féminine par excellence. Je ne saurais trop conseiller au maire de Pantin la lecture de l’excellent essai de Jean Szlamowicz, Le sexe et la langue (éditions Intervalles), essai dans lequel le linguiste décrit ce « mentalisme linguistique [qui] provoque des hallucinations », ce délire de « visibilisation » des femmes par une manipulation du langage qui, finalement, détruit la langue française. Dans certains cercles féministes militants et pseudo-intellectuels, écrit l’auteur, « on prend donc la graphie du « e » au sérieux : par une interprétation et une décision militantes parfaitement arbitraires, on décide que le « e » est une femme ! Cette métonymie anthropomorphiste où une lettre deviendrait le représentant d’un groupe n’a aucun sens sur le plan linguistique. […] Autre confusion métaphorique, l’idée de la “visibilisation” relève d’une grave confusion entre le réel et les conventions graphiques. On ne “voit” pas une femme quand on écrit un « e », et “voir” une femme n’a jamais permis de faire avancer ses droits. » Ajoutons que, si la chose est déjà d’une totale imbécillité en temps normal, elle l’est encore plus lorsqu’il s’agit de l’appliquer pour le nom d’une ville qui est, comme chacun sait ou devrait savoir, un nom propre, donc invariable. Preuve est donc faite qu’on peut être à la fois diplômé des plus grandes écoles et bête comme une vulgaire idéologue écolo-féministe. Nous observons d’ores et déjà l’extension de ce phénomène étrange et, malheureusement, promis à un grand avenir, confirmant l’aphorisme de Nicolás Gómez Dávila : « L’instruction ne guérit pas de la bêtise, elle lui donne des armes ».

Pour conclure d’une manière plus prosaïque et plus proche, semble-t-il, du sentiment partagé par nombre d’habitants de Pantin morts de rire en apprenant la nouvelle lubie de leur maire, laissons la parole à Fred (André Pousse), philosophe à ses heures : « La connerie à ce niveau-là, moi je dis que ça devient gênant. » [1]

[1] Dans « Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages » de Michel Audiard.

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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