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#Metoo: selon que vous vous appelez Biden ou Kavanaugh

Ou la tolérance à géométrie variable


#Metoo: selon que vous vous appelez Biden ou Kavanaugh
Joe Biden (gauche) et Brett Kavanaugh (droite) ©Image Press Agency/Sipa USA/SIPA ©AP/SIPA

C’est l’histoire de l’arroseur arrosé, de la boîte de Pandore ou du deux poids, deux mesures, dont l’expression anglaise « double standard » rend mieux compte. Aux États-Unis, Démocrates et médias dominants (mainstream media) sont sous le feu des critiques de Fox News et des conservateurs à cause de leur différence de traitement entre l’affaire d’allégations d’agression sexuelle contre Joe Biden et celle contre le juge de la Cour suprême Brett Kavanaugh.


En 2018, Brett Kavanaugh était le candidat soutenu par Donald Trump à la puissante Cour suprême, dont la majorité des juges pouvait ainsi basculer dans le camp conservateur après quarante ans d’une majorité plutôt progressiste. Peu avant ses audiences de confirmation devant le Sénat, Christine Blasey Ford l’a accusé d’agression sexuelle lorsqu’il avait 17 ans.

Kavanaugh, coupable idéal

Les propos les plus salaces contre lui ont été publiés avant même d’examiner la crédibilité des sources ou de leurs affirmations. Les médias ont écumé son carnet d’adresses, harcelé d’anciens condisciples, publié son journal de classe avec ses blagues de potache et relayé les déclarations d’autres femmes dans le but d’essayer d’établir un modèle de comportement violent et agressif vis-à-vis du sexe féminin. En vain. Les accusations se sont effondrées les unes après les autres, notamment une allégation de viol collectif faite par Julie Swetnick, ce qui lui vaut un renvoi devant un tribunal pour « mensonges devant le Congrès ».

Sans aucune preuve, les démocrates ont exigé que Kavanaugh se retire de la course à la Cour suprême, ils ont marché avec les manifestants les plus enragés sur la colline du Capitole, ils ont utilisé cette affaire pour collecter des fonds et dynamisé leur base électorale lors des élections à mi-parcours de 2018.

Tolérance à géométrie variable

À l’inverse, les mêmes qui étaient en première ligne pour demander justice pour Christine Blasey Ford, se sont précipités pour défendre Biden, affirmant qu’ils ne croyaient pas Tara Reade qui l’accuse de lui avoir mis des doigts dans le sexe dans un sous-sol du Capitole en 1993. La première devait être crue sur parole, l’autre devrait s’effacer devant celle de celui qu’elle accuse.

Tara Reade accuse Joe Biden Image: capture d'écran YouTube / Megyn Kelly
Tara Reade accuse Joe Biden Image: capture d’écran YouTube / Megyn Kelly

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Un mâle pour un mal

Dans cette ambiance de délation voulue par le mouvement #Metoo, le dossier de Tara Reade apparaît pourtant un peu plus solide que celui de Christine Blasey Ford. La première travaillait pour le sénateur Biden, elle a parlé de son agression (sans cependant en donner les détails) à plusieurs personnes à l’époque des faits et sa mère y a fait allusion en direct sur CNN dans le célèbre talk-show de Larry King. On en trouve même une trace écrite dans sa procédure de divorce en 1996.

Les actes dénoncés par la seconde remonteraient à 1982 quand Kavanaugh avait donc 17 ans. Ils n’ont été corroborés par aucun témoin, malgré une enquête du FBI, 36 ans après les faits !

Avec #Metoo puis l’affaire Kavanaugh, démocrates, activistes et médias dominants ont cherché à bousculer l’approche traditionnelle du droit, basée sur les notions de la présomption d’innocence, de la charge de la preuve, du débat contradictoire et de la prescription. Ils ont voulu détruire un homme et l’exclure de la vie sociale sur la base d’un témoignage remontant à son adolescence. Par conviction ou opportunisme politique, les démocrates, Biden en tête, ont cherché à établir ce qu’ils ont qualifié de « nouvelle norme » consistant à  « croire toutes les femmes »  qui se déclarent victimes d’agressions sexuelles et à les qualifier de « survivantes » afin sans doute d’établir un lien avec les rescapés d’un génocide. Cette « nouvelle norme» a volé en éclats dès lors qu’il s’est agi de Biden, non parce qu’il s’appelle ainsi mais parce qu’il est l’opposant de Donald Trump à l’élection présidentielle de novembre et tout est bon pour battre le nouvel Hitler, le fascistele dictateur, le responsable du coronavirus rebaptisé le Trumpvirus!

Un impératif catégorique : les intérêts politiques

Les élus démocrates ont même défendu leur candidat alors qu’il n’avait encore rien dit sur l’affaire ! Trois bien longues semaines selon le tempo médiatique se sont, en effet, écoulées entre les accusations de Reade et la première interview de Biden à ce sujet. Pendant ce temps, l’ancien vice-président, interrogé à de nombreuses reprises par les grandes chaines de télévision (CNN, ABC, NBC, MSNBC) dans le cadre de sa campagne, n’a eu à répondre à aucune question sur Reade, alors que les médias avaient pilonné Kavanaugh sans retenue dès le premier jour. En France, Libération, Le Monde et Mediapart n’en ont pas parlé avant que Biden ne s’exprime. Les féministes autoproclamées ne sont pas en reste non plus. Effectuant un superbe virage à 180 degrés, l’actrice Alyssa Milano, l’une des égéries du mouvement #MeToo, continue de soutenir Biden.

Cette affaire illustre, une fois de plus, la partialité et l’hypocrisie des grands médias américains et la fumisterie d’un féminisme dévoyé qui ne s’applique que sélectivement, au cas par cas, selon l’intérêt politique du moment.



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