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La béatitude et le repos du néant

Le billet du vaurien de Roland Jaccard


La béatitude et le repos du néant
FILM "GUY DE MAUPASSANT", avec Jean CARMET ET Claude BRASSEUR © NANA PRODUCTIONS/SIPA Numéro de reportage: 00415676_000001

Ce qu’écrivait Guy de Maupassant à la « une » du Figaro (ce qui serait impensable aujourd’hui), tout Français devrait envisager:

1. La mort de ses enfants comme un soulagement;
2. Celle de ses parents comme un accroissement de son bien-être;
3. Et la sienne comme une délivrance qui désormais se nommera Triomphe Final.

De Maupassant, Jules Renard notait dans son journal (2 décembre 1906 ) :  » On pourrait dire de Maupassant qu’il est mort de peur. Le néant l’a affolé et tué. Il nous fournit par là un clef de l’angoisse ontologique de l’écrivain qui avait fait sienne cette pensée de Schopenhauer : on peut considérer notre vie comme un épisode qui trouble inutilement la béatitude et le repos du néant. « 

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On me demande parfois pourquoi j’aime tant l’écrivain japonais Natsume Soseki. La réponse est pourtant simple : il était partisan de ce qu’il nommait la Plongée vers la Mort depuis le Comble de la Vie. Il estimait qu’il était préférable de périr dans une explosion d’énergie plutôt que de rater sa mort en la subissant dans l’effroi. Il disait qu’il faut se débarrasser de sa vie au moment précis où elle est au maximum de sa clarté, au faîte de sa réalité. Il avait tellement raison qu’il a raté le coche. Il mourra d’un ulcère de l’estomac dans d’atroces souffrances.

Imaginons un instant seulement avec le philosophe Philipp Meinländer que nous sommes les fragments d’un Dieu qui, à l’origine du temps, se détruisit, avide de ne pas être. L’histoire universelle serait l’obscure agonie de ces fragments. Une perspective abyssale.

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Au café Schopenhauer, à Vienne, Gemma Salem griffonne des notes qui deviendront un très beau livre qui porte pour titre:  Où sont ceux que ton cœur aime ?  La réponse est évidente :  » Il n’y a que sur les tombes que l’on sache aimer. »  On aperçoit fugitivement sa fragile silhouette sur les tombes de Franz Schubert et de Thomas Bernhard au cimetière de Grinzing. C’est là qu’elle veille sur ses deux amants tout en songeant que nos désirs s’endorment comme des enfants fatigués de jouer.

Où sont ceux que ton coeur aime

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