Le gouvernement français lance une campagne contre l’excision.
« Les vacances c’est fait pour s’amuser, pas pour être mutilée. » « L’excision ne doit pas faire partie du voyage. » Voilà les slogans figurant sur l’affiche du ministère de l’égalité Hommes/Femmes. Un dessin nous montre une petite fille au regard effrayé, les mains sur son ventre traversé par une balafre rouge. « Grâce à de nombreux parents, cette pratique dangereuse et traumatisante recule ».
Dans le kit de communication fourni par le ministère[1], une vidéo présente une mère racontant qu’elle a été excisée lors d’une grande fête au pays alors qu’elle était jeune fille, et qu’elle et son mari ont refusé que leur fille subisse la même chose.
Le problème est tout à fait réel : chaque année, des fillettes partent en vacances au village ou au bled où leurs familles les font exciser. Le premier département touché par le phénomène est la Seine-Saint-Denis. L’excision consiste en l’ablation d’une partie du clitoris, c’est un acte de torture qui empêche tout plaisir sexuel – c’est le but. C’est l’acte le plus dur et le plus barbare de contrôle du corps des femmes. Sa pratique est massive à Djibouti, en Égypte, en Somalie et au Soudan. Dans certains de ces pays, cela concernerait jusqu’à près de 80% des femmes. Ce fléau touche surtout des musulmans mais pas que. Les minorités chrétiennes peuvent le pratiquer également. Et ce n’est pas une priorité dans l’agenda islamiste (les islamistes ont déjà beaucoup d’autres turpitudes à leur agenda…) C’est donc plutôt une culture traditionnelle de contrôle du corps des femmes. C’est un fléau condamné par l’OMS et les religions officielles.
A lire aussi, Martin Pimentel : L’origine du « Monde »
Que penser de cette campagne ? Son efficacité est probablement nulle, car je ne suis pas sûre qu’elle s’adresse aux personnes qu’elle devrait toucher. Le problème, ce n’est pas vraiment les parents contraints d’exciser leurs filles par leur famille au pays quand ils s’y rendent en vacances, mais ceux qui le font volontairement. Ces derniers, on ne les convaincra pas avec des dessins neu-neu mais avec des peines sévères et la déchéance de leurs droits parentaux.
Sur X, les critiques sont acerbes. Les uns parce qu’on parle des conséquences et pas des causes (immigration incontrôlée et inintégrée), les autres parce que leurs impôts payent une campagne sur une pratique qui n’est pas française, d’autres encore parce que la petite fille de l’affiche est trop pâle. En réalité, les communicants ont contourné l’obstacle de la couleur de peau avec des dessins en couleurs (bonhommes violets, jaunes, blancs…) mais les cheveux de la petite sont crépus. Ce n’est pas une blonde à couettes. Il y a quelques années, un film de Julie Gayet contre le mariage forcé montrait des bourgeois de Molière donnant leur fille à un barbon. Comme si les mariages forcés sévissaient à Neuilly. Là, le gouvernement ne nous fait pas le coup, on désigne le problème plus clairement puisqu’on nous parle bien de voyages à l’étranger.

L’ennui, c’est que cette campagne est en totale contradiction avec l’antiracisme imbécile et dominant qui ne voit les différences que pour les exalter. D’un côté, on chante le vivre-ensemble, on psalmodie que l’immigration est une chance et la diversité une richesse, on adore toutes les identités pourvu qu’elles viennent d’ailleurs et de l’autre, on découvre que certaines pratiques culturelles sont contraires à nos mœurs. Certes, on pourrait toujours faire mieux. Mais après tout, ouvrir un œil c’est mieux que de garder les deux grands fermés.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale
[1] Lutte contre les mutilations sexuelles : nouvelle campagne de sensibilisation « Les vacances, c’est fait pour s’amuser, pas pour être mutilée. »
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !