En septembre 2024, à Londres, un manifestant juif a été arrêté lors d’une manifestation. Motif : il avait brandi, pendant trois minutes, une caricature qui ridiculisait Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah.
– Ne croyez-vous pas que vous risquiez d’induire de la détresse chez les partisans du Hezbollah qui auraient vu cette pancarte ? lui demande une enquêtrice, sur la vidéo diffusée par The Telegraph[1].
– Ne pensez-vous pas qu’en montrant cette image à des manifestants qui sont clairement pro-Hezbollah et anti-Israël, vous attisez encore davantage la haine raciale ? insiste-t-elle.
– Et vous, vous pensez que les manifestants étaient des partisans du Hezbollah, un mouvement qui est classé terroriste ici, au Royaume-Uni ? a répondu à l’interrogatrice l’avocat du mis en cause pour « harcèlement, inquiétude ou détresse causés avec la circonstance aggravante de motivation par la race ou la religion. »
On ne sait pas si le Hezbollah est une race ou une religion, mais le manifestant juif, dans la capitale de Sa Majesté, qui est encore plus antisémite que Paris, a été harcelé par la police pendant six mois à la suite de son interpellation.
Mesures contre un dangereux manifestant armé d’ironie
Avant d’enfermer le manifestant moqueur dans une cellule où il a passé la nuit, la police avait perquisitionné son domicile : deux fourgons de police et six agents avaient été déplacés pour mettre la main sur du « matériel offensant ». Ils étaient repartis bredouilles.
Au bout de huit mois, le 10 mai 2025, la police a abandonné les poursuites, la Couronne ayant estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves dans le dossier pour avoir la moindre chance d’obtenir une condamnation.
Pourtant, le porte-parole de la police londonienne avait affirmé, à l’époque de l’arrestation, que l’homme avait « été mis en examen après une étude minutieuse des éléments de preuves qui étaient en notre possession ».
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En fait de mea culpa, la police s’est contentée de regretter que la policière chargée de l’interrogatoire ait parlé de « manifestants pro-Hezbollah », alors qu’elle aurait dû employer le terme « propalestiniens ».
Chris Philp, le ministre de l’Intérieur du cabinet fantôme britannique[2], a été sévère. Ce n’est pas inattendu, puisqu’il est dans l’opposition : « ces derniers temps, la police n’a pas réagi lorsqu’elle a été confrontée à des manifestants qui appelaient au djihad et à l’intifada à Londres. Pourtant, cet homme a apparemment été arrêté parce qu’il était susceptible d’offenser les partisans d’une organisation terroriste interdite.[3] »
Lord Walney, ancien conseiller du gouvernement en matière de terrorisme, a qualifié cette affaire de « grotesque » et a déclaré qu’il était « invraisemblable » que la policière se soit simplement mal exprimée.
Cette bavure aurait-elle un rapport avec le recrutement dans la police ?
Le 10 avril 2025, l’une des plus importantes forces de police britanniques s’est vu accuser de racisme antiblancs. Ce n’était pas un fantasme : une plainte a été déposée contre la police du West Yorkshire (WYP) par un candidat policier blanc, pour avoir bloqué temporairement les candidatures des Britanniques visiblement issus de la majorité. Pas d’amalgame : ce n’est pas du racisme, c’est de la discrimination positive.
La WYP empêcherait les candidats britanniques blancs de postuler à ses programmes d’entrée dans la police, car elle cherche à attirer des groupes « sous-représentés », ce que l’on nomme, de notre côté de la Manche, des « minorités visibles »[4].
Un ancien officier lanceur d’alerte a expliqué que cette politique visait à cibler certains groupes. Les policiers postulant étaient classés sur un podium virtuel qui délivrait les médailles de l’or au bronze, en fonction de leur origine ethnique : plus la peau du candidat était foncée et plus son classement se rapprochait de l’or. Idem pour la religion, l’or étant réservé à l’islam.
Sur son site web, la police du Yorkshire explique qu’en raison du manque criant d’officiers issus de minorités ethniques, elle doit accepter des candidatures « tout au long de l’année de la part de ces groupes sous-représentés », tandis que les autres candidats doivent attendre que le « processus de recrutement soit ouvert » : « Nous acceptons actuellement les candidatures de personnes issues de nos groupes sous-représentés pour les deux programmes d’entrée dans la police (uniforme et détective) … Si vous n’appartenez pas à l’un de ces groupes, veuillez continuer à consulter cette page pour connaître les futures opportunités de recrutement. »
Alors avis aux amateurs : « Si vous êtes issu(e) d’une minorité ethnique et que vous souhaitez en savoir plus sur ce que c’est que de travailler pour la police du West Yorkshire, envoyez-nous un courriel en utilisant ces coordonnées pour une discussion informelle :
positive.action@westyorkshire.police.uk »[5]
[1] www.telegraph.co.uk/news/2025/05/23/jewish-protester-arrested-mocking-terrorist-leader/
[2] En Angleterre, il existe un gouvernement bis, ou fantôme, dans lequel siègent les députés les plus influents du principal parti d’opposition. Il se réunit comme le gouvernement en place et il est tenu au courant de toutes les affaires courantes, afin qu’il existe une structure capable de gouverner en cas de changement brusque de majorité parlementaire.
[3] https://www.facebook.com/groups/1965857726900049/posts/3139814419504368/
[4] www.lbc.co.uk/politics/uk-politics/police-force-white-british-diversity-applications-discrimination-west-yorkshire/
[5] www.westyorkshire.police.uk/about-us/diversity-equality-and-inclusion/valuing-difference
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