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Islamisme: les reculades françaises

L’État entend-il lutter ou composer avec l’idéologie frériste ?


Islamisme: les reculades françaises
Le ministre de l'Intérieur français Bruno Retailleau, Paris, 23 mai 2025 © Stephane Lemouton/SIPA

Selon un sondage CSA réalisé pour CNEWS, Le Journal du Dimanche et Europe 1, publié samedi, 71% des Français ne font pas confiance au président de la République pour lutter contre l’islamisation du pays. Le chef de l’État a présidé, mercredi matin, un conseil de défense consacré au séparatisme, fondé sur le fameux rapport gouvernemental consacré aux Frères musulmans. En réalité, ce rapport propose déjà des accommodements déraisonnables avec l’idéologie frériste, ce que la presse n’a pas relevé, trop occupée à commenter les querelles politiciennes supposées entre MM. Retailleau et Macron.


Lutter contre l’islamisme, en donnant des gages à la « rue arabe ». Telle est, en substance, la paradoxale capitulation à laquelle invite le rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » : un document qu’Emmanuel Macron gardait sous le coude depuis cet été et que Bruno Retailleau a fait fuiter.

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Arabe à l’école et carrés musulmans dans les cimetières

Dans cet appel aux accommodements communautaires, Israël est obliquement désignée en partie responsable du malaise qui traverserait les musulmans de France. Si la mise au jour de la subversion frériste est conforme aux alertes éparses lancées depuis les années quatre-vingt-dix, les auteurs se montrent (pages 60 à 62) perméables aux plaintes victimaires qu’ils dénoncent pourtant chez les stratèges du djihad. Afin de « lutter contre le sentiment de rejet qui irrigue les familles de confession musulmane » et de donner des signes de « considération », les auteurs invitent ainsi à ouvrir l’Ecole à l’apprentissage de l’arabe. Ce faisant, ils rejoignent les conclusions du rapport de 2003 du Groupe des Sages (page 31) cosigné par Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Jean Daniel et Malek Chebel. Dans ce texte, sensible au « poids de l’humiliation » musulmane, les signataires écrivaient : « Nous demandons un effort particulier aux Etats de la rive nord de la Méditerranée pour promouvoir au sein de leurs populations scolaires l’apprentissage des langues du sud de la Méditerranée, et notamment l’arabe ». Le rapport déclassifié par Retailleau invite, dans ce même esprit, à organiser des regroupements communautaires dans les cimetières et recommande, face à l’instrumentation d’une supposée islamophobie d’Etat, la reconnaissance d’un Etat palestinien pour « apaiser les frustrations ».

Les exigences de la Nouvelle France

En réalité, la lutte contre l’islamisme tient du faux-semblant. La macronie redoute les irritations de la nouvelle France arabo-musulmane. Conséquence : le combat existentiel contre cette idéologie anti-occidentale n’est déjà plus une cause commune à la France et à Israël, en dépit d’une communauté de destin de deux démocraties confrontées par le nombre à un totalitarisme conquérant. L’Etat hébreu, en guerre contre le Hamas terroriste depuis le pogrom du 7 octobre 2023, se voit lâché par Macron, soucieux de ne pas déplaire à un électorat présumé solidaire de la cause palestinienne.

A lire ensuite, Charles Rojzman: Les Frères musulmans et l’art du mensonge victimaire: l’exemple du Hamas

Si le chef de l’Etat soutient l’Ukraine au nom de la défense du monde libre, il se sépare d’Israël au nom d’un acquiescement au récit islamiste.

Certes, les critiques ne manquent pas d’arguments pour réprouver Tsahal dans les assauts militaires qui affectent indirectement la population gazaouie, qui vit l’enfer. Toutefois, les mêmes indignés ne s’attardent pas sur les méthodes du Hamas qui refuse de relâcher ce qu’il reste d’otages et qui dissimule ses combattants dans la population civile. Ce n’est pas seulement l’extrême gauche qui porte secours à l’islam conquérant ; un de ses militants antisémites a tué, jeudi à Washington, un couple d’israéliens en criant : « Free Palestine ![1] ».

La France serait aussi disposée, lit-on, à reconnaitre un Etat palestinien, alors que l’existence même des Juifs est contestée par le Hamas. Ces reculades et doubles discours officiels sont ceux d’un pouvoir craintif. Les islamistes ne peuvent que s’en réjouir.


[1] Relire Gil Mihaely, McCarthy reviens, ils sont devenus fous! : https://www.causeur.fr/psl-la-revolution-en-amerique-310217



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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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