Accueil Politique Confrontation Attal/Bardella: derrière l’apparente victoire du Premier ministre…

Confrontation Attal/Bardella: derrière l’apparente victoire du Premier ministre…

Le Premier ministre a peut-être été bon, mais Valérie Hayer devrait quand même recevoir une avoinée aux élections


Confrontation Attal/Bardella: derrière l’apparente victoire du Premier ministre…
Gabriel Attal face à Jordan Bardella lors d'un débat télévisé arbitré par Caroline Roux, Aubervilliers, 23 mai 2024 © THOMAS SAMSON-POOL/SIPA

L’élégante Caroline Roux organisait hier un grand débat entre le locataire de Matignon et le favori des sondages pour les prochaines élections européennes. Ils ont bataillé pendant plus d’une heure, tels de jeunes coqs. Forcément, Causeur a regardé!


Jordan Bardella, 28 ans et tête de la liste RN pour les Européennes a débattu hier soir avec le Premier ministre Gabriel Attal venu au secours de Valérie Hayer, la tête de liste du parti présidentiel.

La joute orale,  organisée par le service public sur France 2, nous a semblé avoir pour but, non pas de confronter deux visions de l’Europe mais, comme l’a expliqué François-Xavier Bellamy (tête de liste Les Républicains pour les européennes) d’opposer le Bien – à savoir, la macronie européiste et progressiste – au Mal -le RN conservateur, souverainiste et suppôt de Satan.

Une Bérézina annoncée pour l’exécutif

Voici la situation au moment du débat : 55 % des électeurs qui ont voté en 2022 pour Emmanuel Macron affirment qu’ils ne voteront pas pour la liste conduite par Valérie Hayer, talonnée par la liste Glucksmann. La liste emmenée par Jordan Bardella, elle, est largement en tête des sondages.

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Face à cette Bérézina annoncée, la macronie a développé la stratégie suivante : minorisation de l’enjeu européen afin de faire comme si l’élection du 9 juin n’était qu’une formalité pour un gouvernement sûr de lui ; Valérie Hayer, inconnue et gaffeuse a donc été choisie tardivement par Emmanuel Macron pour conduire la liste du gouvernement. Il s’agit aussi de saturer l’espace médiatique pour faire oublier ces élections : arrivée de la flamme olympique à Marseille, célébrations du 6 juin à venir, organisation de Choose France, pour montrer que la relance économique est là. Et puis, on ne légifère plus que de sur des sujets consensuels sans pour autant, du reste, faire l’unanimité : loi sur la fin de vie ou élargissement du droit de vote en Nouvelle-Calédonie. Enfin, on joue sur l’angoisse des Français. La Russie est à nos portes ; Trump, s’il est élu abandonnera l’Europe ; quant au RN, il fomente un Frexit. Un seul rempart : la macronie !

Combat de coqs

Aussi nous attendions avec impatience la confrontation entre Jordan Bardella et Gabriel Attal. Las ! On n’a vu qu’un combat de coqs. Les ergots du locataire de Matignon étaient plus acérés que ceux de la tête de liste du RN et l’animatrice du débat, Caroline Roux, a bien veillé à l’avantager ostensiblement, coupant systématiquement la parole à Jordan Bardella. Nous avons eu droit à deux discours opposés que formataient les éléments de langage ; deux discours également nourris par une juxtaposition d’exemples concrets, censés étayer les démonstrations respectives, mais qui, au contraire, égaraient les spectateurs en ruinant toute vision d’ensemble. Gabriel Attal, maîtrisait d’évidence mieux ses dossiers que Jordan Bardella et a réussi à décrédibiliser plusieurs propositions du RN comme la double frontière et la préférence nationale et non européenne pour les entreprises françaises. Sur l’immigration, on attendait le surplomb de Jordan Bardella, mais il n’en fut rien. Attal a même eu cette formule : « Votre programme, c’est un banco on gratte et y’a rien derrière. »

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Pourtant, au-delà de l’apparente victoire de Gabriel Attal, il convient plutôt de voir un match nul ; Jordan Bardella a changé hier de dimension, débattant face au Premier ministre. Même s’il n’a pas pris la main sur le débat, il a montré qu’il avait achevé sa mue, s’imposant comme le chef de l’opposition au gouvernement Attal. Les chemins des deux hommes, qui incarnent le présent et l’avenir de la politique française, ne tarderont pas à se croiser de nouveau. Ils vont devoir supplanter leurs mentors et devenir incontournables pour leurs camps. On est à peu près sûr qu’ils occuperont la scène politique en même temps et face à face.



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est professeur de Lettres modernes

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