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Finale du Top 14: les trois coups de pied qui ont fait le match

Toulouse - UBB 39-33


Finale du Top 14: les trois coups de pied qui ont fait le match
Thomas Ramos lors de la finale du TOP 14, Saint-Denis, 28 juin 2025 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Toulouse s’est imposé face à Bordeaux samedi soir et repart du Stade de France avec le bouclier de Brennus ! Statistiques d’un match mémorable.


A la 80ème minute, juste avant que l’arbitre ne s’apprête à siffler samedi au stade de France le glas de la finale de rugby du Top 14, le Stade toulousain avait match gagné. Quand, soudain, il commet une fatidique faute, mais une aubaine inespérée offerte à l’Union Bordeaux-Bègles (UBB) qui lui avait bravement tenu la dragée haute. Impavide, Maxime Lucu (dont le patronyme en basque veut dire bois), demi-mêlée et buteur de l’équipe, la passe et met les deux équipes à égalité à 33-33.

Finale d’anthologie

Du jamais vu depuis 20 ans[1], les deux finalistes se départageront au terme de deux prolongations de 10 mn chacune.

A la 95ème minute de celles-ci, Thomas Ramos, l’impérial arrière toulousain, donne l’avantage à son équipe alors que les deux parties faisaient jeu égal, et assez échevelé, transforme une pénalité, puis donne le coup de grâce à Bordeaux-Bègles, en en passant une autre à la 100ème, portant le score à 39 à 33, et mettant fin, le temps étant expiré, à un match « époustouflant », selon Sud-Ouest, le quotidien bordelais où les deux protagonistes « se sont rendu coup pour coup. ».

Ainsi, le sort de cette finale d’anthologie s’est décidé sur trois coups de pied dans un sport qui se joue essentiellement à la main, sans pour autant se résumer à ces derniers. Chacune des équipes a marqué trois essais. Leurs deux buteurs respectifs, Ramos et Lucu, ont eu 100% de réussite (9/9 tentatives pour le premier marquant 24 points sur les 39, et 7/7 pour le second inscrivant lui 18 points sur les 33). Ramos a été élu « homme du match ».

Les deux équipes méritaient la victoire, mais c’est la plus sereine, la plus maître de soi car la plus expérimentée qui s’est imposée. Jeune équipe qui va fêter ses 20 ans la saison prochaine, Bordeaux ne disputait que la seconde finale de son histoire et n’a décroché son premier titre il y a à peine un peu plus d’un mois en remportant la coupe d’Europe après avoir justement sorti Toulouse en demie.

Alors que Toulouse, sur les quinze dernières éditions, a empoché sept titres de champion de France. Cette victoire de samedi à l’arrachée est sa troisième consécutive en finale, sa cinquième sur les six dernières disputées depuis 2019. Le titre n’a pas été décerné en 2020 pour cause de covid. Elle a en tout emmagasiné vingt-quatre boucliers de Brennus dans son histoire. Elle a connu une saison exceptionnelle : en 27 matches de championnat, elle a inscrit 930 points, soit une moyenne de 36 par rencontre, un record, trois de moins que samedi, c’est dire le niveau de sa prestation ce soir-là.

Deux cartons jaunes pour les Bordelais

Les Toulousains ont imposé la suprématie de leurs avants qui ont neutralisé les trois-quarts bordelais, dits « la Patrouille de France », bien que la plus belle phase du match revienne à l’un d’eux. Sur une petite diagonale au pied rasante de Lucu, Damian Penaud, à la vitesse d’une flèche, a été déposé l’ovale entre les poteaux. « Un bijou de clairvoyance », l’a qualifiée le chroniqueur de Sud-Ouest Denys Kappès-Grangé. Mais réaliser des bijoux ne font pas la fortune d’une équipe en rugby.

Si l’UBB a perdu, c’est sa faute pour les avoir cumulées. Contre trois au Stade toulousain, elle en a commis treize ce qui lui valu deux cartons jaunes, autrement dit sur les 80 minutes du temps réglementaire, elle a joué pendant 60 minutes à 14 contre 15, ce qui est un substantiel avantage offert à la partie adverse.

 « Dur de battre Toulouse quand on concède deux cartons jaunes », a convenu l’entraîneur bordelo-blégois, Yannick Bru, surtout que les deux sanctionnés ont été des avants, Guido Petti et Pierre Bochaton, le point faible des Girondins, face une partie adverse dont les trois premières lignes sont justement sa carte majeure, avec bien sûr son arrière Ramos au pied d’or.

« La frustration est énorme, a concédé Lucu, le capitaine de l’UBB. On commet une petite faute sur un ballon haut. Le match se joue sur ça. On a un petit peu craqué à la fin ».

Justement, on laissera le mot de la fin Denys Kappès-Grangé qui écrit avec pertinence dans l’entame de son article de dimanche : « Il n’est pas interdit de se demander si la détresse ressentie par les Bordelais n’est pas plus grande aujourd’hui que celle qu’ils ont éprouvée il y a un an lors de leur humiliation à Marseille ». Pour sa première finale face déjà à Toulouse, ils avaient encaissé un magistrale dérouillée (59-3).

Oui, que vaut-il mieux ? Perdre par 6 points d’écart ou 56 ? Question presque métaphysique. En tout cas, avec Bordeaux-Toulouse se profile désormais un « clasico » de l’ovalie hexagonale…


[1] Le 11 juin 2005 le Biarritz olympique (BO) l’avait emporté sur le Stade français par 37 à 34, au terme des 100 minutes de jeu.



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écrivain et journaliste français.

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