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Fête chambriste à « Cortot »

Musikfest: un programme sous le signe de la guerre


Fête chambriste à « Cortot »
Liya Petrova © Marco Borggreve

La Musikfest, qui se tient cette année du 23 au 25 mai, à Paris, permet de marier l’architecture de Perret, constructeur de la Salle Cortot, à un programme de musique de chambre incarnant toute la richesse du répertoire du XXe siècle.


En 1929, le pianiste Alfred Cortot (1877-1962) sollicite l’architecte Auguste Perret pour construire la salle de concert de l’Ecole Normale de Musique de Paris – l’actuelle Salle Cortot de la rue Cardinet. Classée Monument historique et restaurée en 2015, c’est un joyau, tant sur le plan acoustique qu’architectural. Perret, ne l’oublions pas, n’est pas seulement le bâtisseur de la ville du Havre en béton armé suite à son bombardement en 1944, érigée dès lors selon les canons d’un classicisme paradoxalement enté sur le mouvement moderne. C’est à lui qu’on doit, bien avant cela, le sublime Théâtre des Champs-Elysées, cet édifice immaculé de l’avenue Montaigne qui, dès 1913, préfigure l’Art déco. Le palais d’Iéna (actuel Conseil économique, social et environnemental), entre Palais de Tokyo et Palais de Chaillot,  dans le 16ème arrondissement – c’est encore Perret !

Bref, il n’est pas indifférent que pour sa 4ème édition sous le patronage artistique de la jeune violoniste bulgare, Liya Petrova, La Musikfest se tienne, comme l’an passé, dans l’intimité de cet écrin mythique de la Salle Cortot qui vaut, en soi, le déplacement. Après un millésime 2021 à l’enseigne du répertoire chambriste de Brahms, puis une édition 2022 placée sous le signe de la Belle Epoque, on retrouve la quinzaine de jeunes musiciens de haut vol, bardés de prix – Alexandre Kantorov, Eric Le Sage, Adam Laloum et Théo Fouchenneret, Jean-Frédéric Neuburger au piano ; Clémence de Forceville, Charlotte Julliard et… Liya Petrova au violon ; Gregoire Vecchioni à l’alto ; Victor Julien-Laferrière, Ivan Karizna, Aurélien Pascal, Christophe Morin au violoncelle ; Paul Meyer à la clarinette ; ou encore le Quatuor Agathe à qui l’on doit cette année le coffret d’une intégrale des quatuors de Brahms.

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Mais cette fois, c’est par le prisme des partitions nées à l’ombre des conflits du XXème siècle que se décline le programme, sur trois soirées… Programme dont on lui souhaite, par les temps qui courent, qu’il ne revête aucun caractère prémonitoire en termes guerriers. De Chostakovitch à Messiaen, de Weinberg à Gideon Klein en passant par Stravinsky, de Maurice Ravel à Louis Vierne, de Respighi à Elgar, le spectre chambriste ratisse assez large, cette année, pour filer un programme d’une grande richesse, plus prometteur que jamais.

Et comme en France le niveau de l’éducation est carrément en berne s’il faut en croire les évaluations les plus récentes, il convient de saluer comme une sorte de miracle les trois mini-concerts offerts, le matin, aux classes d’école primaire du 11ème arrondissement. Les vocations, en musique « savante », n’attendent jamais le nombre des années, comme il serait bon qu’on le sache davantage, dans l’Education nationale.    


La Musikfest parisienne. 23, 24, 25 mai 2023. Salle Cortot, 78 rue Cardinet 75017 Paris. Programme détaillé et réservations sur : https://lamusikfestparisienne.com/ (Gratuit pour les moins de 18 ans et pour les étudiants).   




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