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Coronavirus: le fantasme de la barrière


Coronavirus: le fantasme de la barrière
La Une maladroite du Courrier Picard du 26 janvier 2020 a été très critiquée

Il y a quelques années, un jury ingénieux du CAPES d’Histoire-Géographie proposa, à l’oral, ce beau sujet : les murs. De la Grande Muraille au mur de Trump (qui vient de s’écrouler sous l’action du vent), en passant par celui de Berlin ou ceux de Palestine, aucun mur n’a jamais réussi à contenir ceux qu’il était censé refouler. Les Mongols ont conquis l’empire des Hans, les latinos passent toujours gaillardement le Rio Grande, Allemands de l’Est et de l’Ouest fraternisent (enfin, pas tant que ça…), et les Palestiniens creusent des tunnels sous les fortifications israéliennes. La Terre sainte est devenue un saint gruyère.

Ni le « mur de la peste », bâti à la va-vite lorsqu’il s’avéra que le Grand Saint-Antoine avait ramené d’Orient, avec ses balles de coton, quelques rats hantés de puces hantées du bacille de la peste. On eut beau, depuis Bouc-Bel-Air, tirer sur les Marseillais qui tentaient de fuir leur cité contaminée, on essaya bien de se réfugier dans des bastides fortifiées, la peste tua tout ce qu’elle voulait — jusqu’à satiété. Ainsi s’arrêtent les épidémies — faute de victimes. Ne subsiste de cette tentative dérisoire que des amas de pierres, et les touristes s’étonnent de ces saignées dans les garrigues.

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La littérature abonde en récits des temps de peste. Les conteurs du Décaméron passent le temps en se racontant des histoires salaces, pendant que la mort rôde au dehors, attendant l’ouverture fatale. Comme dit Boccace : « Combien de vaillants hommes, que de belles dames, combien de gracieux jouvenceaux, que non seulement n’importe qui, mais Galien, Hippocrate ou Esculape auraient jugés en parfaite santé, dînèrent le matin avec leurs parents, compagnons et amis, et le soir venu soupèrent en l’autre monde avec leurs trépassés. » Sic transit. En attendant, buvons frais.

Et ceux d’Edgar Poe, dans le Masque de la mort rouge, sont les convives de la toute dernière fête. Eros juste avant Thanatos. Et le conteur de conclure :
« On reconnut alors la présence de la Mort rouge. Elle était venue comme un voleur de nuit. Et tous les convives tombèrent un à un dans les salles de l’orgie inondées d’une rosée sanglante, et chacun mourut dans la posture désespérée de sa chute.
« Et la vie de l’horloge d’ébène disparut avec celle du dernier de ces êtres joyeux. Et les flammes des trépieds expirèrent. Et les ténèbres, et la ruine, et la Mort rouge, établirent sur toutes choses leur empire illimité. »

Nous en sommes là avec le dernier virus chinois — dernier d’une longue série. Cette fois-ci ce ne sont pas les chauves-souris, créatures de la nuit, mais les serpents, messagers des Enfers, qui en sont responsables. Ou Xi Jinping. Une xénophobie démente accompagne…

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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