Accueil Politique Bruno Retailleau: d’une présidence à une autre?

Bruno Retailleau: d’une présidence à une autre?

Le billet politique de Philippe Bilger


Bruno Retailleau: d’une présidence à une autre?
Emmanuel Macron serre la main de Bruno Retailleau lors d'une visite à l'État-major interministériel de lutte contre la criminalité organisée (EMCO), à Nanterre le 14 main 2025 © Christian Liewig-POOL/SIPA

L’élection de Bruno Retailleau à la présidence des Républicains symbolise l’espoir d’un retour au pouvoir d’une droite authentique – claire dans ses positions, lucide sur le séparatisme islamique, forte dans ses actes et fidèle à ses convictions. Dans un texte à la fois personnel et politique, notre chroniqueur Philippe Bilger salue ce choix des militants tout en réaffirmant sa position singulière: proche des siens, mais farouchement libre


La victoire de Bruno Retailleau a été éclatante et pour une fois que la réalité n’a pas déjoué mes pronostics, on me pardonnera de rappeler à ceux qui me font l’honneur de lire ou commenter mes billets mon article du 15 mai : « Bruno Retailleau : le jour J pour le futur de la droite… ». À vrai dire, il était difficile d’imaginer un tel écart entre les deux candidats. Quelle fierté pour ce peuple de droite qui a su faire si nettement le bon choix. Avec un vainqueur et un vaincu qui ont dominé, pour le premier, son triomphe et pour le second, sa déception.

À l’écart, mais pas indifférent

Ce n’est pas un hasard si ce sujet m’est venu en tête. D’abord, l’interrogation lancinante sur l’utilité d’être dedans ou dehors n’a jamais cessé au cours de ma vie intellectuelle, judiciaire, médiatique et politique (en tout cas civique). Et, pour les Républicains plus précisément, je me suis constamment questionné : de quelle manière mon influence, aussi modeste soit-elle, pourrait-elle être la plus efficace ? En étant dehors ou dedans ?

À deux reprises – bien avant sa victoire – j’ai consulté sur ce point Bruno Retailleau dont l’avis m’importe. Son conseil, se fondant surtout sur mon caractère, a été de m’inciter à demeurer là où j’étais, tout proche mais sans adhésion officielle à ce parti. C’est ma position actuelle. Mais j’avoue parfois ressentir une sorte de frustration quand je vois de loin ces rassemblements et ces enthousiasmes, comme le 18 mai au soir au Café Concorde et qu’ils me signifient que ma seule ressource est d’y participer du cœur et de l’esprit.

Je sais aussi que si j’avais été dans ce parti où j’ai des amis et quelques proches de qualité, par exemple, outre Bruno Retailleau, David Lisnard, Philippe Juvin, Jean-François Copé, François-Xavier Bellamy, Xavier Bertrand (y est-il d’ailleurs ?), je n’aurais pas manqué d’intervenir et qu’à force j’aurais succombé à cette pente d’éprouver du malaise même dans l’univers qui à l’origine avait ma dilection.

L’impossible discipline de l’esprit libre

Avec cette conséquence que cette magnifique pensée de Balzac – « Je suis de l’opposition qui s’appelle la vie » – qui est au coeur de mon être depuis toujours, m’aurait poussé aux pires extrémités de la sincérité en répudiant cette solidarité qui est à la fois la plaie et la force des partis.

Je suis persuadé que, si j’avais surmonté ma répugnance à l’égard du militantisme, du collectif et de l’obéissance obligatoire, je n’aurais sans doute jamais rué dans les brancards face à ce que le nouveau président de LR va mettre en œuvre, en privilégiant la consultation des adhérents. L’intégralité de ses projets et de son plan d’action me convient et probablement me serais-je tenu coi.

À lire aussi, Ivan Rioufol : Bruno Retailleau fera-t-il l’union des droites?

Mais, me connaissant, j’ai tendance tout de même à louer la sagesse de Bruno Retailleau à mon sujet. Il y a des expériences qui m’ont démontré que je suis incapable de la discipline intellectuelle, politique et médiatique que les responsables des mondes où je suis présent attendent de moi. Non pas, me semble-t-il, parce que je serais un irresponsable, un agité compulsif mais tout simplement, parce que plaçant au-dessus de tout ma propre liberté, je n’aurais jamais pris garde à sa rançon possible sur les univers concernés. Moi d’abord, mon épanouissement, mon envie de penser et d’exister, mon être illimité contre les contraintes même légitimes des structures. L’idée que mon « je » devrait se réduire parce qu’il engagerait dangereusement au-delà de soi me dérange.

Une droite qui peut enfin être fière

Aussi, faute de cette inconditionnalité qui rassure les chefs, comme dedans je suis trop vite en opposition, je vais rester tranquillement dehors.

J’éprouve une peur face aux jeux politiciens et aux choix ineptes des hiérarchies internes – qu’on ait par exemple pour le Sénat éliminé Pierre Charon au bénéfice de Francis Szpiner continue à me scandaliser – et cette crainte et mon éventuelle dénonciation peuvent s’exprimer de manière plus tranquille si je suis dehors. Je reste libre et ne crée ainsi aucune zizanie interne.

La droite n’a jamais été la plus bête du monde. Maintenant elle sera à la fois intelligente mais surtout fière et courageuse.

MeTooMuch ?

Price: 9,90 €

6 used & new available from 5,91 €



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Crépol: une cécité judiciaire
Article suivant Le paganisme expliqué à ceux qui pensent qu’il est mort
Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération