« La culture des images et l’image de la culture » : c’était le thème du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) de Casablanca, qui a eu lieu du 29 mars au 7 avril. Autant le dire, elle a une drôle de tête, la culture, vue à travers les ouvrages présentés par des éditeurs venus des principaux pays du monde arabe. Cent-cinquante stands marocains, 30 libanais, 20 syriens, 10 égyptiens, 5 saoudiens, 2 palestiniens et 1 libyen ont proposé de saines et abondantes lectures, que l’on pourrait classer en trois catégories : livres défendant les thèses complotistes les plus débiles (tout est la faute du sionisme, de l’américano-sionisme, du complot judéo-maçonnique ou judéo-américano-maçonnique, etc.), ouvrages classiquement antisémites et négationnistes, « travaux » réhabilitant Adolf Hitler.
Personnellement, j’ai un faible pour La Malice des juifs, de Saïd Muhammad Sayd Al-Sanari et Les Règles des rabbins de Lucifer, de Majdi Kamel. Ça nous change un peu des éternels Protocoles des Sages de Sion et des titres du genre Le Grand Complot, d’Hasan Latsh, dont la couverture affiche une étoile de David sur une carte de l’Afghanistan. Sans parler des ouvrages savants comme Les Judéo-francs-maçons dans les révolutions et les constitutions, chez Madbuli Press, et L’Autre Visage de Hitler, tout cela côtoyant les classiques indispensables comme Mein Kampf.
On le voit, la culture rapproche les hommes. De ce point de vue, le beau « Printemps arabe » a tenu certaines de ses promesses : les pires. Dans les libertés conquises par les peuples renversant leurs despotes, on dirait que celle d’être antisémite figure en bonne place. Pour la quatrième année consécutive, le Centre Simon Wiesenthal a étudié les incitations à l’antisémitisme au SIEL. Dans son rapport, qui dénonce l’appel à la haine, il précise que tous les textes ont été approuvés par les autorités du Salon. Cela se passe dans le pays arabe que l’on dit le plus épargné par la haine des juifs…
*Photo : miskan.
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