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Aimez-vous Brahms ?

6e édition du Festival Singer Polignac, ce week-end dans le 16e arrondissement de Paris


Aimez-vous Brahms ?
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Il faut saluer encore et encore le travail exemplaire de la Fondation Singer-Polignac – entre gens bien élevés, on prononce « singé-polignac », et surtout pas « singère » ! – sis dans l’écrin tout à la fois opulent et discret de l’hôtel particulier néo XVIIIème de l’avenue Georges Mandel, héritage, comme l’on sait, de Winnaretta Singer, princesse de Polignac (1865-1943). Créée il y a presque vingt ans, la résidence musicale soutient la musique de chambre et orchestrale, accueillant en outre au quotidien les répétitions des artistes mais leur donnant, surtout, la chance de se produire sous les ors du somptueux Salon de musique, dans le cadre du Festival Singer Polignac dont la 6ème édition s’achève ce dimanche 8 juin. 

 « Juin ton soleil ardente lyre/ brûle mes doigts endoloris… », chantait Apollinaire. Ce jeudi 5 juin, une pluie battante attendait plutôt les invités triés sur le volet venant assister au concert vespéral ouvrant les festivités, à l’enseigne de Vivaldi. L’essentiel étant que ce concert, tout comme tous ceux de la manifestation, filmés dans un grand raffinement de régie par le réalisateur Guillaume Klein, sont non seulement diffusés en direct et en libre accès sur la plateforme singer-polignac.tv, mais également retransmis en ligne et promis à rester disponibles en replay  sur la plateforme de streaming de medici.tv, partenaire de la maison, jusqu’à la fin de l’année 2025.  

Sous les ondées et sous le signe du Caravage – Il Caravaggio, nom de la formation orchestrale dirigée par la cheffe claveciniste Camille Delaforge – , un programme Vivaldi, joué sur instruments d’époque, réunissait quelques joyaux inégalement célèbres du compositeur vénitien, dont certains morceaux écrits pour le castrat Farinelli, et que chantait ici la superbe mezzo française Eva Zaïcik. Le week-end de Pentecôte s’ouvrait vendredi soir dans le jardin ensoleillé de l’hôtel de Polignac où un verre était servi avant un double concert d’exception, consacré, cette fois, à Brahms. Avec en hors d’œuvre le trio n°2 pour piano, violon et violoncelle, précédé de la sublime sonate pour violon et piano n°3 et, en guise de digestif, dans un adorable arrangement pour trio, une courte pièce de Mendelssohn extraite des Romances sans parole originellement écrites pour piano (au clavier, Arhtur Hinnewinkel, 24 ans, en résidence à la Fondation, Emmanuel Colley au violon, Stéphanie Huang au violoncelle). Le plat de résistance était, sans conteste, en deuxième partie de soirée, le célèbre Quintette pour clarinette et cordes opus 115, mais dans l’arrangement pour alto de Brahms lui-même, interprété ici à la perfection par le Quatuor Agate, formation spécialisée dans le répertoire brahmsien, avec l’altiste virtuose Adrien La Marca, associé à la Fondation, lequel donnait à ce chef-d’œuvre absolu une vibration, une intensité confondantes. En conclusion de ce second concert de vendredi, la sonate n°1 pour alto et piano était l’occasion de découvrir le talent de Jérémie Moreau, pianiste âgé de 25 ans, au physique de jeune premier, qui a pratiqué la danse classique et, associé à ses frères et sœurs au sein du « trio Moreau », est actuellement en résidence à la Fondation. 

On ne laissera pas de vous recommander de suivre à distance la suite et fin du Festival Singer-Polignac, ouverte à d’autres champs de la composition « savante » : l’ensemble Les Illuminations, voyage au long cours à travers les siècles autour du violoncelle, puis un programme éclectique réunissant Mendelssohn, Rafael Catala et Schumann, par le Trio Zadig ce samedi. Dimanche, Gérard Grisey, Tristan Murail, Imsi Choi, Philippe Hurel, musique spectrale donnée par l’Ensemble Ecoute sous la direction de Fernando Palomeque ; et enfin Bakthi, musique mixte signée Jonathan Harvey, concert dirigé par Maxime Pascal à la tête de la formation Le Balcon, concert retransmis en direct sur medici.tv   

Fondation Singer-Polignac. 43 avenue Georges Mandel 75116 Paris. 




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