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«L’Afrique du Sud fonctionnait mieux lorsque les Blancs étaient aux commandes»

Et ce n’est pas un nostalgique de l’apartheid qui le dit!


«L’Afrique du Sud fonctionnait mieux lorsque les Blancs étaient aux commandes»
Joseph Mathunjwa photographié en 2014 © Oupa Nkosi Mail-Guardian/AFRICA MEDI/SIPA

Pour les dix ans du massacre de Marikana survenu le 16 août 2012, le président de l’Association of Mineworkers and Construction Union (AMCU), Joseph Mathunjwa, a fustigé la politique du gouvernement sud-africain. Devant un millier de personnes, il n’a pas hésité à déclarer que «l’Afrique du Sud, en tant que nation, était plus fonctionnelle pendant l’apartheid qu’elle ne l’est actuellement».


Marikana est située dans la province du Cap-Nord. C’est une tâche indélébile qui continue à poursuivre le gouvernement du président Cyril Ramaphosa. Le 10 août 2012, 3000 mineurs sur les 28000 travaillant dans une mine de platine de cette ville ont déclenché une grève. Menacés de licenciement par la société Lonmin qui les emploie, faute de trouver un accord, les tensions ont fini par dégénérer six jours plus tard. Armés de lances, de machettes, de bâtons, rejoints par un groupe de femmes toutes aussi équipées, les mineurs ont refusé de se disperser, menaçant de déborder la police envoyée sur place. Pris de panique, les policiers ont tiré sans sommation, laissant derrière eux 34 morts. La presse s’empare de l’affaire, tire à boulets rouge sur le gouvernement de l’African National Congress (ANC) et évoque un massacre digne de ceux du régime de ségrégation raciale.

Avant 94, le pays fonctionnait

Dix ans après ces événements, l’Association of Mineworkers and Construction Union (AMCU) ne décolère toujours pas après Cyril Ramaphosa. D’autant que la commission mandatée pour établir le rapport d’enquête (lequel n’a désigné aucun coupable) a révélé un courrier envoyé par ce dernier à la direction de la compagnie minière où le président traitait les grévistes « d’odieux criminels ».

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Face à un millier de personnes, le leader de l’AMCU n’a pas mâché ses mots contre la situation économique et sociale qui prévaut en Afrique du Sud. « Vous pouvez aimer ou détester les Blancs qui étaient au pouvoir avant 1994, mais ils nous ont donné et laissé un pays qui fonctionnait. Le Parti Nationaliste était cruel, mais il nous a laissé un État qui marchait, puis l’ANC a pris le relais accompagné de sa corruption » a déclaré Joseph Mathunjwa. « Depuis que l’ANC est au pouvoir, notre situation n’a fait que se dégrader. Lorsqu’ils ont pris le contrôle du pays (…) ils sont arrivés avec juste des idées politiques en sachant qu’ils ne pouvaient offrir rien d’autre au pays et à son peuple » a-t-il poursuivi. Dans la foulée, il a fait remarquer que depuis l’instauration de la démocratie, aucun des présidents qui s’étaient succédé, « n’avait rien fait pour améliorer la vie des Noirs ». Joseph Mathunjwa n’a pas hésité à appeler à la dissolution du Parlement et au vote pour un parti qui « rendrait aux Noirs ce qui leur appartient et au pays ce dont il a besoin ».

Extrême gauche et extrême droite en hausse

Miné par la corruption jusqu’au plus haut sommet de l’État et les divisions internes, l’ANC ne séduit plus les Sud-Africains. En 25 ans de pouvoir, le parti de Nelson Mandela n’a pas réussi à réduire les inégalités sociales et raciales. Le pays est au contraire marqué par la montée de la violence et de la xénophobie, il affiche une croissance décevante et un chômage en augmentation, et est au bord de la guerre civile.

Lors des dernières élections législatives de mai 2019 et municipales de 2021, les partis d’extrême gauche (Economic Freedom Fighters du populiste Julius Malema) et d’extrême droite (Freedom Front de Pieter Groenewald) ont nettement progressé en terme de scores électoraux, devenant respectivement le deuxième et le quatrième mouvement d’opposition du pays.




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Journaliste , conférencier et historien.

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