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Quand la science devient religion

Un phénomène propre à nos nations vieillissantes?


Quand la science devient religion
Didier Raoult Photo: Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

La crise sanitaire que nous venons de vivre est riche d’enseignements. Il en est un qui pose de nombreuses questions. Cette crise est révélatrice d’une croyance de plus en plus aveugle en la science, au point que celle-ci tend à se substituer au pouvoir politique et, dans le cas précis de cette épidémie, à remplacer la médecine même. 


On ne parle plus « des » sciences, mais de « la » science, preuve de cette déification en cours…

Alors que la venue d’un virus contagieux en France mais non mortel pour la majorité des malades impliquait de prendre des mesures sanitaires simples et efficaces, il a été principalement question de recherche, d’essais cliniques et d’études de toutes sortes!

Le pouvoir exécutif, s’appuyant sur un conseil scientifique nommé dans l’urgence, édicta deux décrets qui ne permirent pas au médecin traitant de délivrer un traitement précoce impliquant un antiviral connu (plaquénil) et un antibiotique banal (azithromycine) au seul motif que celui-ci n’aurait pas fait ses preuves scientifiquement contre ce nouveau virus… Des experts médicaux justifiaient cette décision hâtive et autoritaire en parlant d’essais scientifiques avec groupes témoins, placebos, études randomisées, sans se rendre compte de leur manque de décence : il ne s’agissait que de soigner au mieux des patients avec des médicaments connus. L’obsession d’une guérison immédiate et totale, couplée avec un principe de précaution poussé à l’extrême, conduisit à récuser les résultats observationnels de l’IHU de Marseille en les assimilant faussement à des essais cliniques dans le seul but d’invalider le traitement. Le malade était donc laissé à lui-même et n’avait plus qu’à « prier » que son système immunitaire ait la réponse juste contre l’attaque virale

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Notre déclin démographique

Durant cette crise, il y eut aussi le rôle joué par les prédicteurs-modélisateurs – notamment le Britannique Neil Ferguson – dans la recherche scientifique actuelle, prégnante en particulier dans l’étude de l’évolution du climat au point de fixer divers scénarios plus ou moins apocalyptiques. Une variable scientifique pourtant incontournable semble avoir été négligée pour affronter sereinement et au mieux une épidémie de cet ordre, touchant surtout les personnes âgées : la variable démographique. Car cette crise révèle surtout la faiblesse démographique de nos pays. N’en déplaise au président Macron qui avait fait la leçon à des étudiants burkinabés au début de son mandat pointant du doigt une trop forte natalité dans leur pays, l’Afrique est un continent armé contre ce type de maladie somme toute bénigne pour elle : ses habitants ont un système immunitaire robuste et, surtout, ils sont jeunes, alors que l’Europe est de plus en plus vieille. L’explosion démographique de la population mondiale, qui a débuté en Europe au XIXe siècle et qui se terminera au XXIe siècle avec l’Afrique, n’est pas le résultat d’une augmentation de la natalité mais d’une baisse de la mortalité, notamment infantile.

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Dans un pays vieillissant, l’hôpital doit être pensé en fonction de cette évolution démographique et doit donc être renforcé. C’est une faute politique que d’ignorer cette donnée fondamentale de notre société : la grippe de Hong Kong en 1969 n’eut guère de retentissement car la France était jeune ! Il nous faut prendre acte du choc de décroissance démographique qui nous attend et que deux auteurs canadiens décrivent dans leur tout récent livre (John Ibbitson, Darrel Bricker, Planète vide, éditions Les Arènes, 2020). La mortalité ne va pas cesser d’augmenter dans nos pays. Les gains démographiques liés à la progression de l’espérance de vie vont disparaître et nous laisser avec notre taux de natalité faible, même s’il est moins désastreux que chez nos voisins européens. Notre capacité d’innovation est de plus en plus remplacée par notre frilosité et nos peurs à cause de cette évolution inéluctable. Nous aurons besoin de migrants jeunes, notamment pour les former à la recherche en microbiologie et à la recherche médicale, comme c’est le cas à l’IHU de Marseille, en espérant qu’ils souhaitent pour nombre d’entre eux rester en France afin d’y faire carrière et de nous soigner. Car les jeunes très diplômés des pays vieux rêvent de vivre hors du monde, informaticiens dans la Silicon Valley ou trader à la City.

Il n’y a plus de jeunesse!

La science censée nous rassurer par sa rationalité produit paradoxalement de l’irrationnel comme certaines croyances religieuses d’antan en agitant les risques d’effondrement. Elle devient de plus en plus un discours, s’occupant de politique, de vie en société et finalement de morale publique. « La » science, ça n’existe pas, il y a des sciences et il ne faut en négliger aucune. La collapsologie n’est pas une science et l’anthropocène n’est qu’un concept plus idéologique que scientifique. Avec ce discours soi-disant scientifique, s’occupant de plus en plus de prédire un avenir immédiat ou assez lointain, nous nous complaisons dans le pessimisme le plus total. 

Or nous avons besoin de vitalité dans nos vieux pays, pas de confiner les jeunes, pas de se défier des enfants en leur inoculant notre angoisse de la fin. Greta Thunberg, jeune dans un pays vieillissant, est bien plus l’émanation de cette angoisse qu’un signe de vitalité de la jeunesse occidentale.

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