Accueil Brèves Syrie : Jihad indique-t-il la voie de la raison ?

Syrie : Jihad indique-t-il la voie de la raison ?


Avec ses grandes oreilles, sa stature élégante, sa carte de diplomate et son anglais oxfordien, Jihad Makdissi avait tout du gendre idéal syrien.
Hier, l’ancien porte-parole de la diplomatie syrienne s’est exprimé pour la première fois depuis sa défection du 30 novembre, officiellement pour un « congé de trois mois ».
Désormais, Makdissi a délaissé la langue de bois baathiste au profit d’un discours de vérité aussi lucide que désespéré : « J’ai quitté un champ de bataille, je n’ai pas quitté un pays normal » explique-t-il en se disant « indépendant » de toute allégeance partisane, à la différence de l’ancien Premier ministre Riad Hijab passé l’an dernier du gouvernement à l’opposition anti-Bachar. Dans le communiqué qu’il a transmis à l’AFP depuis un lieu inconnu – les Etats-Unis nous dit The Guardian, qui disposerait d’infos exclusives prouvant sa collaboration active avec le département d’Etat – Mekdissi enchérit : « il n’y a plus de place pour la modération dans cette anarchie » provoquée par l’entêtement d’un pouvoir sourd et aveugle à ce qui était au départ un soulèvement non-violent : « le mouvement populaire aux revendications légitimes (…) a gagné les cœurs, car la société dans son ensemble se tient toujours aux côtés des faibles et (soutient) les revendications légitimes de la population ».
Et l’ex-diplomate d’ajouter : « je suis, comme tous les Syriens, en faveur d’un processus de changement pacifique, bâti sur le partenariat et le dialogue national » qui « devrait intervenir loin de la haine, de l’extrémisme et de l’intervention militaire étrangère ».
Preuve qu’on peut s’appeler Jihad, être issu d’une famille chrétienne damascène et prendre ses distances avec le clan Assad, Mekdissi esquisse ainsi une solution politique à la crise que Damas se contente de réprimer militairement depuis bientôt deux ans.
Si, sur le papier, cette formule constitue bel et bien la « meilleure des solutions », notre homme risque pourtant de prêcher dans le désert : bien que le chef du Conseil National Syrien Moaz al-Khatib se dise prêt à dialoguer avec le régime de Damas, ni les salafistes d’Al-Nosra ni le commandement loyaliste syrien ne l’entendent de cette oreille…

*Photo : Jihad Mekdissi (SANA).



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