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Monosourcil: bévue à Ricaneland

Éloge de la diversité, Quotidien a encore frappé


Monosourcil: bévue à Ricaneland
Stagiaire de la NASA, Wolf Cukier découvre une exo-planète à 17 ans. Image: Capture d'écran YouTube

Face à la starlette Selena Gomez, productrice de « 13 Reasons Why », l’animateur de TF1/TMC Yann Barthès est bien sûr d’accord pour affirmer que les moqueries et le harcèlement scolaire sont des comportements gravissimes. Quelques instants plus tard, son émission moque le physique… d’un étudiant.


Le 15 janvier dernier, en partance pour l’Alaska, via RMC Découverte canal 24, j’ai incidemment fait escale sur TMC canal 10, qui diffusait l’émission de Yann Barthes. Les propos de Selena Gomez,  relatifs à son engagement contre le harcèlement scolaire à l’école et sur les réseaux sociaux, sonnaient particulièrement justes. « L’objectif, c’est de dire réveillez-vous. Ça se produit chez des enfants de plus en plus jeunes et pour moi, ça ne va pas ». En bref, les moqueries sur le physique des enfants et des adolescents ont des effets désastreux à court, à moyen et à long terme.

Quoi ?  On pouvait donc être sérieux et faire autre chose que ricaner sur « Ricaneland », la planète du ricanage.

Hélas ! mon étonnement a été de courte durée. Je n’ai pas été déçue par la suite du voyage.

Wolf Cukier, une vraie tête de stagiaire, selon Quotidien

Le reportage sur Wolf Cukier, ce jeune Américain de 17 ans qui, le troisième jour de son stage à la NASA, a découvert une exoplanète, six fois grosse comme la Terre, m’a paru hallucinant. De quoi croyez-vous que Quotidien nous parlât ? Ou plutôt de quoi croyez-vous que Quotidien se moquât ? Mais, du physique du jeune homme bien sûr !

A relire: Humour jésuite pour les nuls (de Quotidien)

Celui-ci avait une « vraie tête de stagiaire à la Nasa ». Et surtout, « un magnifique monosourcil visible depuis la lune ». La planète qu’il avait découverte aurait dû s’appeler  « La planète des monosourcils ». Et  comble du raffinement : « Chapeau bas à NBC New York qui a osé le zoom sur la bête ». Oui, sur la bête, vous avez bien lu. Un commentaire digne du pire des terrains de foot. Pour finir en beauté et en finesse, notre maître de cérémonie, aux sourcils harmonieux, alla jusqu’à gesticuler ce que l’on pourrait pudiquement appeler un sourcil d’honneur à ce pauvre Wolf, qui n’en demandait sûrement pas tant.

Barthès: « Faites ce que Selena dit, pas ce que j’fais »

Mais Monsieur Barthes et consorts, qu’est-ce qu’on vous apprend dans vos séminaires pour comiques ? La rigolade, c’est quand on se moque de ce que fait quelqu’un d’autre, qui peut nous paraître insolite, inattendu, déplacé, en un mot risible. Mais, quand on s’attaque à ce que les autres sont, cela s’appelle au minimum de la méchanceté, au pire de l’ostracisme. C’est le B-A BA. Le faire oui, l’être non. Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre, ni à mettre en pratique.

On ne peut pas dire, non plus qu’à Quotidien, la culture générale soit votre fort. Il faut vraiment tout vous dire. Le monosourcil, c’était le top de la beauté féminine dans la Rome et la Grèce antiques. Ovide, oui essayez de vous rappeler, le poète latin, « L’Art d’aimer » et tout ça,  et bien, lui, il recommandait, aux belles de l’époque, de le simuler avec de l’encre, ce monosourcil, so chic.

Si l’antiquité n’est pas votre tasse de thé, aucun d’entre vous n’a jamais entendu parler de Frida Kahlo. De cette grande artiste peintre mexicaine et de ses magnifiques autoportraits dans lesquels justement elle affirme sa différence par son monosourcil.Et même pas besoin d’aller au musée, une formidable exposition est disponible sur internet grâce à Google Arts et Culture.

A lire aussi: La fureur de Yann Barthès contre Valeurs actuelles

Et, pour conclure ce redressage de bretelles, il faut quand même que vous sachiez que  le 12 mars dernier, Sophia Hadjipanteli, mannequin grecque synophridique, c’est-à-dire à monosourcil,  expliquait au Good Morning Britain de ITV, le « bodyshaming » dont elle avait été victime enfant à cause de cette particularité physique. Elle aussi signalait les commentaires haineux et menaçants que lui infligeaient certains internautes, pas franchement malins ni éduqués. Suivez mon regard.

En guise de soutien « à celle qui ose diffuser une autre forme de beauté » et d’encouragement à la diversité, toute l’équipe de l’émission affichait un faux monosourcil pendant l’émission.

C’est ainsi que le hashtag #unibrowmovement est né.


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