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La France rend hommage à ses 13 militaires tués au Mali


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Sur ce cliché fourni par le SIRPA, un militaire se recueille devant les cercueils des 13 militaires morts dans l'accident d'hélicoptères du 27 novembre 2019 Photo: James WILLIAM / SIRPA / AFP

Ce lundi, la France rend hommage à ses 13 militaires tués au Mali. Face à ses ennemis, la France a besoin de cohésion, de combativité et de fraternité.


Sidéré par la mort subite d’un proche ou à la suite d’une agression, un individu est tenté de se replier sur lui-même et de se convaincre que la vie n’a aucun sens. Mais il existe la résilience, ce mécanisme psychologique qui lui permet de supporter, d’accepter et de dépasser le traumatisme subi. Par la résilience, produit de l’optimisme et de la solidarité de ses semblables, la vie reprend peu à peu son cours. L’aphorisme de Nietzsche, « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » s’impose finalement comme la promesse d’une rédemption possible.

Depuis que des attentats islamistes sont perpétrés sur le territoire national, la résilience est devenue un enjeu politique, peut-être même un projet politique. Dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2017, la résilience de la nation est définie comme « la volonté et la capacité d’un pays, de la société et des pouvoirs publics à résister aux conséquences d’une agression ou d’une catastrophe majeure, puis à rétablir rapidement leur capacité de fonctionner normalement, ou tout le moins dans un mode socialement acceptable ».

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Cohésion, combativité, fraternité: voici ce qu’il faut maintenant parvenir à faire ensemble. Or, « le monde avance par ruptures, discontinuités et renversements », rappelle le général Vincent Desportes dans Décider dans l’incertitude. Aussi, la résilience de la nation exige d’abord la lucidité de chacun sur ce monde instable qui l’entoure.

Une menace diffuse, évolutive, déstabilisante

A l’échelle nationale, la menace terroriste demeure très préoccupante. Des projets d’attentats sont régulièrement déjoués par nos services de renseignement. En Europe, la France n’est certes pas seule à subir le terrorisme, loin s’en faut. Deux attaques au couteau, la première à Londres, la seconde à La Haye, ont été perpétrées vendredi 30 novembre 2019. Mais parce que la France sera toujours la « fille aînée de l’Église », parce qu’elle défend courageusement sa singularité politique, la laïcité, ainsi qu’un grand projet européen, l’Europe de la défense, mais aussi parce qu’elle intervient militairement en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient pour contenir l’hydre islamiste, nos ennemis, de l’intérieur comme de l’extérieur, veulent à tout prix nous affaiblir.

Sur le plan international, les ennemis de nos ennemis ne sont pas nécessairement nos amis. Désormais, les États-majors de l’armée française pallient toute éventualité. Dans le cadre du modèle « Au contact » développé par l’Armée de terre, des scénarios de conflits symétriques, c’est-à-dire des guerres opposant la France à une armée régulière complète, sont sérieusement envisagés. En outre, la remise en cause de l’Otan, en état de « mort cérébrale » selon le président Emmanuel Macron, a provoqué la colère de nos partenaires. Pays-membre de l’Otan, la Turquie ne cesse de nous provoquer. Les injures proférées le 29 novembre 2019 par le président Recep Tayyip Erdoğan à l’encontre d’Emmanuel Macron, en réaction à sa critique de l’intervention turque en territoire syrien contre nos alliés kurdes, corrobore le risque d’une escalade, à quelques jours du sommet de l’Otan, le mercredi 5 décembre à Londres.

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Malgré la complexité de la menace, malgré les pressions exercées qui visent à diviser, la France tient bon. La guerre civile n’a pas eu lieu. Cinq ans après les attentats de Charlie Hebdo, il est vrai que nous avons muri: peluches, bougies et slogans (#jesuischarlie, #jesuisenterrasse) ont fait leur temps. De nombreuses voix se sont depuis élevées pour désigner l’ennemi, sous toutes ses formes. Mais la résilience de la nation comme force de résistance est encore précaire ; tout peut se disloquer en un éclair.

La résilience par le silence

Lundi 25 novembre 2019, treize militaires ont péri dans le cadre de l’opération Barkhane; treize Français, morts pour leur pays dans une région où nos armées sont engagées depuis 2013 pour combattre l’islamisme et protéger les populations locales.

Or, il n’y a pas résilience quand on affirme sans honte que nos militaires sont déployés pour protéger nos intérêts économiques et énergétiques et que l’on remet en cause le bien-fondé de l’opération Barkhane.

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Il n’y a pas résilience quand on relaie avec complaisance la rumeur infamante selon laquelle la France intervient sur le continent africain pour rétablir la Françafrique.

Il n’y a pas résilience quand on trouve légitimes les railleries du président turc au président de la République française; à travers Emmanuel Macron, par-delà sa personne, c’est la France entière qui est insultée.

Charlie Hebdo caricatural

Il n’y a pas résilience quand un journal qui a pourtant connu le terrorisme dans sa chair fait le choix de se joindre à l’hilarité des traîtres en publiant une caricature de la campagne de recrutement de l’Armée de terre, à quelques jours d’une cérémonie nationale en hommage au sacrifice de nos treize combattants.

Pour nos soldats, pour les victimes du terrorisme islamiste et pour les survivants, la résilience de la nation exige d’observer plus d’une minute de silence.

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