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Rachid Nekkaz, le BHL algérien qui veut remplacer Bouteflika

L'ex-Français s'est fait connaître en payant les amendes des Françaises en burkini


Rachid Nekkaz, le BHL algérien qui veut remplacer Bouteflika
Rachid Nekkaz se fait porter en triomphe lors d'une manifestation anti-Bouteflika à Alger, février 2019. ©PPAGENCY/A.Belghoul/SIPA/SIPA / 00896690_000003

En 2010, il sortait son carnet de chèque devant les caméras pour régler les contraventions des Françaises qui refusaient de retirer leur niqab. Jamais à court d’idée, le millionnaire Rachid Nekkaz a décidé de quitter la France pour tenter sa chance à l’élection présidentielle en Algérie, son pays d’origine.


Il se verrait bien être le successeur d’Abdelaziz Bouteflika, en lice pour un cinquième mandat. Surnommé le « candidat de la jeunesse », Rachid Nekkaz espère remporter l’élection présidentielle en Algérie du 18 avril prochain. Il assure même avoir rendu son passeport français, condition nécessaire pour l’accès à la fonction.

« Je n’ai jamais soutenu ces femmes mais un principe »

En France, il avait connu le feu des projecteurs en proposant aux femmes en voile intégral – ou burkini – verbalisées de payer leurs amendes. « Soyons clairs, tient à souligner d’emblée le promoteur immobilier, je n’ai jamais soutenu ces femmes mais un principe, celui des libertés individuelles dans l’espace public. » Et lorsqu’il s’agit de voler au secours de nos droits fondamentaux, en court-circuitant au passage la loi de la République, Rachid Nekkaz ne regarde pas à la dépense. Avec plus d’un millier d’amendes payées, il aurait déboursé 230 000 euros prélevés sur un fond d’un million d’euros appelé « défense de la liberté et de la laïcité » et financé par ses soins. Sa femme, qu’il présente comme une Franco-canadienne catholique, n’est-elle pas à elle seule la meilleure preuve que Rachid Nekkaz est un homme ouvert et qui n’a rien à voir avec un quelconque rigorisme musulman ? « Je suis un militant des droits de l’homme », insiste-t-il.

Rachid Nekkaz, défenseur des opprimés

Né en 1972, de parents algériens, Rachid Nekkaz a grandi dans un quartier populaire de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), au sein d’une fratrie de 13 enfants. Après des études d’histoire et de philosophie, il monte une start-up informatique qu’il vendra par la suite pour investir dans l’immobilier. Cette opération lui aurait permis de s’assurer une jolie fortune sans que l’on puisse toutefois en connaître le montant. L’entrepreneur se montre en effet discret sur le sujet et préfère mettre l’accent sur ses nombreux, et très divers, engagements militants.

A lire aussi: L’Algérie, ce pays prisonnier de son président-fantôme

Habitué des sujets à forte valeur médiatique ajoutée, il est sur tous les fronts avec un penchant un peu plus prononcé pour les causes « controversées ». En 2008, par exemple, Rachid Nekkaz entame une grève de la faim pour obtenir la « libération immédiate » de l’ancien avocat Karim Achoui en prison pour complicité dans l’évasion du braqueur Antonio Ferrara. Deux ans plus tard, il change de registre et se prend de compassion pour les Roms. Il décide de leur offrir, « pour Noël », un terrain de 12 hectares en Auvergne, fief de l’ancien ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Le projet tombera à l’eau.

La France ou l’Algérie, quelle différence ?

Rachid Nekkaz, chevalier servant – envers et contre tous – des « libertés individuelles », multiplie les projets. En 2007, en France, il s’imagine un destin national et décide de se lancer en solitaire dans la bataille présidentielle. Il vend sa maison, fait la tournée des élus pour s’assurer les parrainages indispensables. Mais alors que Rachid Nekkaz est sur le point de se présenter aux suffrages des Français, il est victime, assure-t-il, d’un cambriolage à son domicile : les promesses de parrainages disparaissent. Les cambrioleurs restent introuvables… Qu’à cela ne tienne, il en faut bien davantage pour arrêter la marche vers les sommets de l’enfant de banlieue parisienne. Puisque son pays natal ne veut pas de lui, il demande à être déchu de la nationalité française dans le but de se présenter en 2014 à l’élection suprême algérienne. Au pays des généraux et de l’indétrônable Bouteflika, son programme est aussi réaliste qu’un conte de fée : éradiquer la corruption et rétablir un Etat de droit. Pas moins. Mais là encore, coup du sort. Cette fois ci, c’est le camion transportant les parrainages qui se volatilise.

Une cuillère pour Papa…

Sa prédilection pour les chemises blanches, sa chevelure abondante et son goût pour les plateaux de télévision l’amènent parfois à être comparé à BHL. Pas sûr que l’intéressé apprécie… Si le personnage au contact chaleureux et au parcours rocambolesque suscite une sympathie amusée, l’homme Rachid Nekkaz, par son ambiguïté, laisse en revanche perplexe. A quel moment faut-il l’écouter et le prendre au sérieux ? La réponse ne va pas de soi tant il s’applique à servir à ses interlocuteurs de tout bord ce qu’ils ont envie d’entendre. Ainsi, pour l’hebdomadaire de droite Valeurs actuelles, il se fait nostalgique de la France chrétienne en déclarant qu’il souhaiterait voir les églises se remplir à nouveau. Autre son de cloche sur le site d’information russe RT France, où il estime que nos élus rêvent certainement d’interdire l’islam dans la Constitution française… Après avoir fait de l’islam en France un étendard et un moyen de gagner un peu d’aura médiatique, Rachid Nekkaz, mi-aventurier mi-businessman, tente donc, une seconde fois, de conquérir les terres algériennes. Si son camion ne disparaît pas…

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